Zelda s'est blottie contre lui, sa tête un poids agréable appuyé sur l'épaule du tatoueur. Elle répond de bonne grâce à la question du tatoueur. Elle lui parle de la routine, cette même routine qui lui pesait déjà à l’époque où ils se fréquentaient. « J'ai pu partir en Nouvelle-Zélande pour un shoot d'ailleurs, ça m'a fait du bien de rentrer à la maison. » Rentrer à la maison… Voilà bien un concept qui lui paraît étrange. Lui, il n'a jamais ressenti ce besoin de revenir sur les lieux de son enfance. En presque dix ans, il n’est retourné à Melbourne que deux ou trois fois et n’est jamais resté plus longtemps que nécessaire. Et, surtout, il n’a jamais mis les pieds sur la tombe de sa mère après les funérailles. Il se demande s’il devrait y aller, si ça ne lui ferait du bien, après tout ce temps, d'aller clore ce chapitre de sa vie une bonne fois pour toute.

Elle l’arrache à ses réflexions en poursuivant. « N'hésite pas à me rappeler si ça ne va pas ou juste pour se revoir. » Il a l’impression qu’elle lui fait un léger reproche, puis il se dit que c’est sans doute sa propre conscience qui le torture. Il n’est toujours pas tout à fait à l’aise avec l’idée de l’avoir appelée en catastrophe et de s’être imposé dans sa soirée alors qu’ils ne s’étaient pas parlés depuis plusieurs mois. « Promis, » répond-t-il avec un sourire contrit.

Zelda se remémore leur rencontre et le sourire de Sid s’agrandit, devient plus naturel. « J’étais certain que tu me racontait n’importe quoi! » Lui aussi se souvient très bien de cette soirée. Abandonnés chacun de leur côté par leurs amis, ils s’étaient retrouvés ensemble dans un coin de la pièce. Ils étaient plongés dans une discussion animée lorsqu’elle lui avait révélé son nom. Il était certain qu’elle le prenait pour un type un peu lourd qui s’intéressait à elle juste parce qu’elle était mannequin et que c’était pour cette raison qu’elle refusait de lui donner son vrai nom. Presque fâchée, elle était sur le point de s'éloigner à grandes enjambées lorsqu'il avait enfin compris qu'elle s'appelait réellement Zelda. Il s'était excusé, elle était restée et ils avaient fini par passer la nuit ensemble. Le souvenir de leur rencontre lui remonte le moral, lui rappelle qu'Harley n'était pas la première femme à lui faire tourner la tête et qu'elle ne serait certainement pas la dernière. La conversation se poursuit, légère et naturelle, jusqu'à ce qu'ils s'endorment finalement, épuisés. Pour la première fois depuis le départ d'Harley, Sid s'endort comme un bébé.