"Si t'arrivais sobre, peut-être que sur un malentendu ils te laisseraient partir, là j'crois que t'as mal choisi ta stratégie." "Trop tard pour choisir ta stratégie chiante à mourir, t’façons..." "T'as l'air d'avoir réussi en tout cas, il doit plus rester un gramme de coke dans tout Brisbane." Je me demande comment elles se supportent au quotidien Itziar et Ana. A en voir leurs échanges et la manière dont elles se parlent, je me doute que cela ne doit jamais être le grand amour entre elles. Je connais Itziar, je connais Ana et je dois bien avouer que je ne les aie jamais imaginé amies. Elles ont toutes les deux du caractère et si l’une est surement plus simple à supporter que l’autre, elles sont quand même bien différentes. "Ah non mais il n'était même pas au courant au début." Me répond Itziar alors que je leur demande comment elles en sont venues à vivre ensemble alors qu’elles n’ont pas l’air de spécialement s’apprécier. Il faut dire que même si, dans le fond, j’apprécie Ana, elle a vraiment un caractère de merde et elle ne doit vraiment pas être facile à vivre. J’admire d’ailleurs beaucoup Itziar de devoir la supporter, lorsque je le fais ce n’est que pour la durée de quelques heures, durant une soirée. Mais, en vrai, elle me ressemble Ana, un peu trop peut être et c’est d’ailleurs pour cela que lorsqu’on passe du temps ensemble on rend souvent les gens un peu fous, comme le jour où l’on s’est rencontrés d’ailleurs. Elle se tourne vers moi et me propose d’aller baiser, comme ca de but en blanc, comme elle sait si bien le faire et je lève les yeux au ciel. Elle ne perd pas le nord Ana, même avec tout ce qu’elle semble avoir enfiler ce soir. Elle en a d’ailleurs un peu trop pris, même si je ne suis pas le mieux placer pour en parler vu tout ce que je m’enfile en ce moment. "Putain, t’abuse, j’vais pas voir une bite pendant trois s’maines en rehab..." Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel. "Je t’en offre une fausse pour l’emmener si tu veux." Et puis, bizarrement, je suis persuadé qu’elle serait capable de coucher avec un des autres internés. Epuisé, et n’ayant pas trop envie de me prendre la tête avec qui que ce soit, je me tourne vers Itziar pour lui dire que je vais surement aller squatter son lit. "Oh non, me laisse pas seule, si elle se met à vomir ou j'sais pas quoi c'est toi qui va lui tenir les cheveux." "J’vois déjà bien assez de vomis en ce moment." Je lui réponds en parlant de moi bien sur. Elle a pourtant l’air blessé Ana, je vois bien son regard noir se poser sur moi. "Mais vous savez quoi ? Allez vous faire foutre !"

"J’t’ai dit d’aller t’faire foutre, t’es sourd ?" Surenchérit la camée. "Elle a pas d'autre mec à aller trouver, regarde sa tête là, même si c'était ma dernière nuit de liberté et qu'il restait plus qu'elle sur terre je la toucherai pas." Et ca semble être la phrase de trop pour Ana. Elle qui d’habitude aurait été du genre à répondre, du genre à trouver une réplique bien sanglante, elle ne dit rien. Ce n’est pas normal du tout et cela me fait automatiquement tiquer. Non ce n’est vraiment pas normal qu’elle ne réagisse pas, qu’elle ne trouve rien à répondre. Il y a quelque chose qui ne va pas, je connais assez Ana pour savoir qu’il se passe quelque chose dont elle ne parle pas. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, que je ne puisse même la charier un peu, une bouteille qu’elle balance vient s’éclater sur le mur derrière nous. Et puis elle sa lève, tenant à peine debout. "Passez une putain de bonne soirée !" Elle est vexée ? Vraiment ? Elle qui joue tout le temps les durs à cuire. Je l’entends claquer la porte de sa porte, le verrou se tourner et je me tourne vers Itziar. "J'sais pas c'qui passe, mais y a un truc qui va pas. J’vais lui parler." Je lui dis avant de me lever, un peu difficilement à mon tour, mais pas pour les mêmes raisons. Je me faufile dans le couloir et viens frapper à la porte de sa chambre. "Ouvre la porte Ana." Je dis, mais aucune réponse. "Allez ouvre cette putain de porte et arrête de faire ta tête de mule." Je me pince l’arrête du nez. "Je sais qu’il y a un truc qui va pas alors ouvre et dis-moi." Je remarque alors qu’Itziar m’a suivi.

Elle a l'air d'y tenir, Ana, à sa partie de jambes en l'air avec Knox. Elle n'est probablement pas tombée sur le bon jour pour faire quoi que ce soit avec lui. Elle n'a pas l'air de savoir qu'il est malade. Elle n'a même pas l'air de remarquer qu'il est pâle comme un cachet d'aspirine et qu'il pourrait clairement rivaliser avec elle pour le concours de la pire tête du jour. Il n'en démord pas lui. Il ne couchera pas avec elle. Pas ce soir. Il ne lui donne même pas d'explication. Il préfère lui proposer un godemiché pour compenser et ça fait pouffer Itziar. Elle ne sait même pas s'ils la laisseraient entrer dans l'établissement avec ce genre de choses dans son sac. Ils vont probablement la fouiller des pieds à la tête pour être sûrs qu'elle n'introduit pas de substance ou d'objet interdit. Itziar est certaine que la liste de ces objets et substances est longue comme le bras et ça lui fait un peu de peine pour Anastasia de savoir qu'elle va être enfermée là-dedans pendant plusieurs semaines sans réel moyen de se divertir. Elle l'avait peut-être cherché, c'était certain, mais tout de même. Elle était désolée pour elle. Surtout qu'il était clair que se soigner ne faisait pas partie des objectifs de la jeune femme. Cependant, elle a du mal à la cerner la Williams, elle a du mal à la comprendre aussi parce qu'elle lui fait plus penser à un animal sauvage qu'il faudrait apprivoiser pour approcher qu'une personne facile à aborder. Elle semble dresser des barrières infranchissables entre elle et les autres. Elle est surprise de voir qu'elle et Knox entretiennent une quelconque amitié, même si Knox n'a pas l'air d'humeur à la côtoyer ce soir. Elle le comprend un peu Itziar. Surtout qu'elle sait qu'il ne se sent pas bien et qu'Ana demande quand même beaucoup d'énergie. Elle ne veut pas qu'il la laisse seule avec elle dans le salon pour autant. Ca a beau être sa colocataire à elle, c'est son amie à lui, il en est donc responsable, en toute logique. "Raison de plus. Tu seras plus à ça près." Un peu plus, un peu moins, ça n'allait pas changer grand-chose. Il pouvait donc rester là et s'il s'occuperait de la jeune femme. Enfin, ça c'était si elle décidait de rester là. Elle n'avait pas l'air d'apprécier qu'ils se payent sa tête. Pas du tout même. Elle leur dit d'aller se faire foutre. À deux reprises. Elle en balance même sa part de pizza dans l'assiette, sans demander son reste. Elle aurait peut-être dû se taire Itziar. Elle n'aurait pas dû en rajouter une couche. Elle y est peut-être allée un peu fort d'ailleurs. Elle le regrette quasi instantanément. Elle n'avait pas besoin de dire ça. Le but n'étant pas de blesser Ana. Mais elle est comme ça. Elle ne réfléchit pas avant de parler. Elle ne connaît pas le principe de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de l'ouvrir. Il n'y a pas de filtre entre sa tête et ses lèvres. C'est toujours trop tard quand elle s'en rend compte. C'est la bouteille qui vole au-dessus de leur tête à elle et Knox qui lui fait réaliser qu'elle a peut-être dit le mot de trop. Qu'elle n'avait peut-être pas compris les intentions de Anastasia quand elle s'était installée devant la table basse pour manger une part de pizza. Puis elle se lève l'italienne, elle titube jusqu'à sa chambre en leur souhaitant une bonne soirée. Itziar essaye de lui attraper le bras au passage, mais en vain, elle est déjà dans sa chambre, la porte qui claque, le loquet qui se ferme et elle, elle se sent un peu conne. Elle se dit que si elle n'avait rien dit et avait pris la peine de l'écouter ou de l'inclure gentiment dans la conversation, ils n'en seraient pas là.

Elle se tourne vers Knox, l'inquiétude se lisant sur son visage. Ils sont synchronisés sur ce coup-là. Elle n'a même pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu'il formule ce qu'elle a en tête. Elle s'en fiche du verre cassé juste derrière le canapé, elle n'y pense même pas. Elle pense à Ana, qui s'est enfermée dans sa chambre, alors qu'elle est dans un état déplorable. Elle ne veut pas avoir à appeler les pompiers ce soir. Elle ne veut pas de drame. Alors, Ana enfermée dans sa chambre, camée comme elle l'est, ça n'annonce rien de bon. Peut-être qu'elle se fait des films et que si elle ne faisait rien, il ne se passerait rien et Anastasia se réveillerait demain matin pour entrer en cure. Elle ne peut pas en avoir la certitude cela dit, alors, quand Knox se lève pour aller taper à sa porte, elle en fait de même. Elle le suit. Elle le laisse parler au début. Même si elle vit avec elle, elle a l'impression qu'il la connaît bien mieux qu'elle. Elle trouve cependant que ça ne bouge pas assez vite. Alors, elle tape à la porte elle aussi. "Anaaa ! J'suis désolée ! Ouvre la porte, s'il te plait. Déconne pas." Lance-t-elle en retapant un coup "Tu peux pas te foutre de notre gueule et te vexer quand on se fout de la tienne. Ça marche pas comme ça." Parce que c'était quand même elle qui avait débarqué en parlant de leur gueule d'enterrement non ? Pour Itziar, ça allait de soit que si quelqu'un se payait sa tête, elle était en droit d'en faire de même. "Anaaaa ! Allez, sort et vient regarder la télé avec nous. Si t'ouvres pas Knox va forcer la porte." Qu'elle dit, un peu au hasard, se tournant vers Knox en haussant les épaules. Sur un malentendu, ça pouvait peut-être fonctionner.

we smoked cigarettes man no regrets (ft. @Knox Baxton & @Itziar Cortés de Aguilar )

Knox refuse en bloc de lui offrir une dernière nuit de luxure avant qu’elle ne se retrouve enfermée dans un centre de désintoxication. Elle y voit bien trop flou, elle a l’esprit bien trop embrumé pour remarquer qu’il a l’air clairement épuisé et malade. Ana n’est déjà pas la personne la plus attentive ou observatrice, mais alors ce soir il pourrait y avoir un éléphant dans la pièce qu’elle ne le verrait pas. Elle est bien trop défoncée et préoccupée par sa situation personnelle qu’elle vit comme un drame. Elle s’agace contre Knox qui ne veut même pas lui donner un coup de… main, elle lui apprend qu’elle va entrer en rehab en se plaignant de l’absence prochaine de pénis dans sa vie pour les semaines à venir. "Je t’en offre une fausse pour l’emmener si tu veux." Il n’a vraiment aucune pitié d’elle ou de sa libido, elle ne veut pas d’un sex toy, elle veut juste sentir un autre corps contre le sien une dernière fois avant tout ça. Si tant est qu’elle soit capable de sentir quoique ce soit dans l’état où elle est.

Cette dernière soirée de liberté c’est un fiasco, la seule chose qu’elle a réussi à faire c’est s’exploser la tête avec mille et une substances, mais elle n’a personne avec qui passer la nuit. Ni même la soirée vu comment Itziar et Knox la mettent très vite hors d’elle. Elle n’a aucune idée de leurs problèmes à eux, de son problème à lui plus particulièrement, elle se sent simplement indésirable et c’est la fois de trop. Ana a beau faire la dure à cuire, ne jamais laisser couler aucune larme devant quiconque, tourner tout en dérision, elle a des émotions en elle, et bien trop puissantes pour prendre le risque de les laisser s’exprimer. A l’approche de le rehab, c’est la peur, la frustration, la colère et un sentiment déchirant de solitude qui la ravagent à l’intérieur. C’est pourquoi elle se défonce depuis des jours, pas seulement pour en profiter une dernière fois et faire la fête en grand, mais aussi parce que toutes ces drogues sont le rideau qu’elle tire quotidiennement sur ses émotions débordantes, pour les faire taire, pour nier leur existence même. Alors, elle s’énerve, jette la bouteille de verre et s’enferme dans sa chambre, prévoyant toujours plus de drogues à faire entrer dans son système, cherchant le cocktail qui l’engourdira pour la nuit.

Mais ça frappe à la porte. "Ouvre la porte Ana." lui intime la voix de Knox, mais elle ne répond rien, il ne voulait pas d’elle il y a trente secondes alors il peut bien s’échiner contre le battant qu’elle ne lui fera pas le plaisir d’ouvrir. "Allez ouvre cette putain de porte et arrête de faire ta tête de mule." qu’il s’énerve mais elle ne bouge pas. Elle est en train de sortir du sachet le petit papier buvard imbibé de LSD. Le petit carré présente le dessin d’un smiley qui sourit et s’il n’était pas destiné à finir sur sa langue, Ana aurait bien piétiné son sale sourire à ce smiley de merde. "Je sais qu’il y a un truc qui va pas alors ouvre et dis-moi." insiste-t-il à travers la porte et elle finit par lui crier en ne quittant pas du regard la dose de LSD qu’elle s’apprêtait à déposer sur sa langue : « Va. Te. Faire. Foutre. J’dois te le dire dans quelle langue ?! » Mais au lieu que le silence se fasse et qu’on la laisse en paix avec sa défonce, Itziar se joint au tapage nocturne. "Anaaa ! J'suis désolée ! Ouvre la porte, s'il te plait. Déconne pas." Il faut savoir ce qu’ils veulent ceux-là, elle était encore un putain de fardeau et une potentielle machine à gerbe à leurs yeux il y a de cela seulement quelques instants. Ils se renvoyaient la balle pour savoir qui allait devoir gérer ses conneries, comme un couple qui se sépare et dont aucun des deux ne veut la garde du chien indiscipliné qui détruit tout sur son passage. Elle ne répond rien, bien décidée à les ignorer jusqu’à ce qu’ils se fatiguent. "Tu peux pas te foutre de notre gueule et te vexer quand on se fout de la tienne. Ça marche pas comme ça." Mais elle ne peut pas se retenir en vérité, surtout quand Itziar sous-entend qu’elle est vexée. Ana n’est pas vexée, c’est un truc de collégienne d’être vexée, elle n’en a rien à faire de ce qu’ils pensent ou disent, ça ne l’atteint pas (mais en fait si). « J’suis pas vexée putain ! Z’êtes juste des connards et j’ai mieux à faire que voir vos tronches ! » s’énerve-t-elle à nouveau. Ils vont la faire chier longtemps comme ça ? Finalement, elle repose le LSD, elle n’est plus d’humeur à voir des éléphants roses, elle veut s’assommer maintenant et tout de suite pour ne plus les entendre. Alors elle commence à aligner un long rail de kétamine sur son bureau avec tout ce qu’il lui reste. "Anaaaa ! Allez, sort et vient regarder la télé avec nous. Si t'ouvres pas Knox va forcer la porte." Non, elle ne va pas aller regarder la télé avec eux parce qu’ils ont pitié, ou qu’ils se sentent cons. Non. Elle veut simplement éteindre son cerveau, le déconnecter et plonger dans un coma artificiel, ne plus penser à rien, n’être plus rien. « Mais putain, lâchez moi, barrez vous ! Je vais pioncer et vous m’faîtes chier là. » ment-elle, comme si elle était en pyjama à chercher le sommeil et que leurs cris l’en empêchaient. Elle va sombrer dans une sorte de sommeil, oui, mais uniquement lorsqu’elle aura sniffé cette ligne de K interminable. Elle cherche sa paille en soulevant le bordel entassé sur son bureau et finit par la retrouver, la kétamine agit assez rapidement, surtout dans l’état dans lequel elle est actuellement alors elle se penche sur le bureau, espérant que les deux derrière la porte la laissent tranquille et ne débarquent pas dans sa chambre en bordel. C’est une vraie porcherie ici, pas qu’elle en ait honte mais elle veut juste qu’ils tardent assez pour qu’elle ait le temps de tout se mettre dans le nez. Elle commence alors à aspirer la poudre avec empressement, une bonne dose d’anesthésiant pour cheval, il n’y a rien de mieux pour finir la soirée.

Je connais Ana, assez pour savoir qu’elle a du caractère, qu’elle est difficile à gérer des fois, mais je ne l’ai jamais trop connu à se vexer comme elle le fait à cet instant. Bien sur on a pas été super sympa, mais je ne suis pas de super humeur et je n’ai pas envie de me lancer dans une prise de tête avec elle. Elle se vexe, mais si je n’avais pas été malade, et si Itziar n’avait pas été là, j’aurais sûrement accepté son offre d’aller faire une partie de jambes en l’air. Cependant, j’ai la nausée, je suis épuisé et même si je lui avais dit oui, je ne suis pas sûr d’arriver à grand-chose. Elle finit par se lever la blonde et va claquer la porte de sa chambre, visiblement vexée par les remarquent qu’Itziar et moi venions de lui faire. J’ai beau connaître Ana depuis des mois, l’avoir vu défoncer et bourré, je crois que je ne l’ai jamais vu dans cet état-là. Elle dépasse un peu les limites et une partie de moi ne peux s’empêcher de s’inquiéter pour elle et pour ce qu’elle pourrait faire enfermer dans cette chambre. Je sais qu’elle va mal, je l’ai bien remarqué. Il y a quelques choses qui cloche et il suffit d’un regard échangé avec Itziar pour que l’on se lève pour aller frapper à la porte de la chambre de la junkie. Elle ne répond pas tout de suite. "Va. Te. Faire. Foutre. J’dois te le dire dans quelle langue ?!" Je soupire légèrement et viens me pincer l’arête du nez. Bien sur que ca ne va pas être si facile, on l’a connait Ana. "Anaaa ! J'suis désolée ! Ouvre la porte, s'il te plait. Déconne pas." Mais elle ne bronche pas, elle n’ouvre pas la porte et elle reste visiblement silencieuse. "Tu peux pas te foutre de notre gueule et te vexer quand on se fout de la tienne. Ça marche pas comme ça." "J’suis pas vexée putain ! Z’êtes juste des connards et j’ai mieux à faire que voir vos tronches !" Je lève les yeux au ciel, quel drama queen des fois celle là franchement. Je frappe une nouvelle fois à la porte, plusieurs fois, bien décidé à ne pas abandonner tant qu’elle n’aura pas ouvert cette porte. "Anaaaa ! Allez, sort et vient regarder la télé avec nous. Si t'ouvres pas Knox va forcer la porte." "Mais putain, lâchez moi, barrez vous ! Je vais pioncer et vous m’faîtes chier là." "Tout le monde sait très bien que tu vas pas dormir, alors ouvre cette putain de porte Ana. J’te jure je la péter sinon et après t’auras plus de porte pour faire chier ton monde." Je ne suis pas du genre à m’excuser, alors qu’elle ne s’attende pas à cela et puis elle le sait.

Ana ne bronchant pas de l’autre côté, et visiblement têtue et décidée à ne pas lâcher l’affaire, je finis par donner un coup d’épaule un peu fort pour ouvrir la porte. Heureusement pour moi, et pour mon épaule, la porte n’est pas super solide et cède assez facilement, sans pour autant que je me doute bien que j’aurais un bleu d’ici quelques minutes. "Bon, qu’est ce qui se passe ?!" Je lui dis avant de venir me laisser tomber sur son lit à côté d’elle. Je ne me sens pas bien de rester debout alors autant en profiter pour me poser. Je tourne la tête vers elle. "Et me dit pas que t’es comme ca juste parce que tu veux baiser, j’te croirais pas." Parce qu’il y a quelque chose d’autre, quelque chose que je n’ai jamais trop vu chez la blonde. Elle a l’air d’avoir peur. "Et puis, t’es pas la seule qui va devoir te passer de sexe un moment." J’ajoute sans vraiment réfléchir à ce que je dis. Ana ignore que je suis malade, parce que je ne le cris pas vraiment sur tous les toits.

La réaction de Ana quand Knox frappe à la porte ne se fait pas attendre. Elle est plutôt vigoureuse aussi. Elle réitère les propos balancés à leur figure quelques instants plus tôt quand elle a quitté le salon en trombes. Ça n'arrête pas Itziar. Ça ne lui fait pas peur non plus. Elle n'a que faire de l'agressivité de sa colocataire. Ça ne l'impressionne pas. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Elle n'hésite pas une seule seconde avant de tambouriner à son tour sur la porte de la chambre. Elle s'en fiche que ça l'énerve un peu plus. Si ça peut lui faire ouvrir la porte et éviter de faire une connerie, elle serait contente de sa manœuvre et ça n'aurait pas été un échec complet. "Toi aussi t'es une connasse et il y a trois secondes t'avais rien à faire alors, ouvre nous et on se fera une soirée entre connards." Qu'elle lui lance de nouveau à travers la porte. Elle n'est pas sûre d'avoir la bonne technique, l'espagnole. Elle n'est pas douée pour ce genre de choses. Elle n'a pas l'habitude de côtoyer des gens aussi instables que la Williams. Elle semble avoir un sacré bagage l'italienne et Itziar, elle ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec elle. Est-ce qu'elle doit être sur l'offensive, rendre coup pour coup ou est-ce qu'elle ferait mieux d'y aller en douceur, la caressant dans le sens du poil pour la faire réagir. Elle choisit plutôt de résoudre la violence par la violence, à sa façon, parce qu'elle a l'impression que c'est ce qui fait réagir sa colocataire. Alors, non, elle ne la lâchera pas. Elle restera devant cette porte à tambouriner toute la nuit s'il le faut, s'assurant qu'Ana a toujours la force de répondre. Elle compte même sur Knox pour entrer de force s'il le fallait. Un coup d'épaule bien placé et ça suffirait sans doute à faire céder la porte de la chambre. Il semble plutôt d'accord avec cette idée d'ailleurs puisqu'il ne perd pas de temps avant de mettre en garde la jeune femme sur ses intentions. Lui non plus n'est pas dupe. Elle ne s'est pas enfermée là pour aller dormir et attendre tranquillement le petit matin avant de partir pour sa cure. Elle a surement encore des restes de drogues dans un fond de tiroir et c'est ce qui inquiète Itziar. Elle n'a aucune envie qu'Ana aille trop loin. Elle n'est pas la jouer les moralisatrices. Si la jeune femme veut se bousiller la santé en se défonçant H-24 avec tout ce qui pouvait lui passer sous la main, c'était son choix, mais l'espagnole, elle ne pouvait pas la laisser faire dans un tel état sans s'inquiéter un minimum. L'overdose était vite arrivée et le drame n'était jamais bien loin avec ce genre de choses. Elle n'était pas bien à l'aise avec tout ça, Itziar, il fallait bien l'avouer aussi.

Mais elle n'a pas l'air de réagir de l'autre côté de la porte, Ana. Ça n'a pas l'air de la faire tiquer, la mise en garde de Knox. Comme si elle ne la prenait pas au sérieux. Comme si elle s'en fichait et avait décidé d'ignorer les nuisances dans le couloir devant sa chambre. Alors, il met un coup d'épaule, Knox. Il tape dans la porte avec suffisamment de force pour la faire s'ouvrir et il ne leur reste plus qu'à s'engouffrer dans la chambre d'Anastasia. Itziar n'en avait pas vu l'intérieur depuis que la jeune femme s'était installée. Elle reconnaît à peine l'endroit. Elle ne voit que le bazar. Que le chaos qui se cache-là sans qu'elle ne l'ait vu plus tôt. Elle a du mal à imaginer comment Ana s'y retrouve là-dedans. C'est le foutoir. Et elle pèse ses mots.Elle est loin d'être une fée du logis, Itziar. Ana, elle, est à un tout autre niveau. Quand il entre dans la pièce, il fait comme chez lui et va s'allonger sur le lit de l'italienne. Itziar, elle, préfère s'asseoir au pied. Sans toucher à quoi que ce soit. Elle ne sait pas comment Ana va réagir face à leur intrusion dans sa chambre. Elle ne veut pas abuser plus que ça en envahissant un peu plus. "Elle rentre en désintox' demain, c'est pour ça qu'elle est comme ça." Qu'elle indique à Knox. C'est peut-être une réponse un peu rapide. Un raccourci pour rendre simple quelque chose de complexe. Surtout qu'elle ne sait probablement pas tout. Elle en sait cependant un peu plus que l'australien qu'elle laisse pourtant faire la conversation. Il a l'air plus à l'aise qu'elle avec la situation. Elle, elle ne sait pas trop ce qu'elle peut lui dire de plus à Ana. Si elle veut se défoncer la gueule jusqu'au point de non retour, elle n'est pas certaine d'avoir les arguments pour l'en empêcher.

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Ana s’est enfermée dans sa chambre, frustrée, en colère. Il s’agit de sa dernière soirée et nuit de liberté et elle va finalement la passer avec son amie de toujours, celle qui ne l’a jamais déçue ou abandonnée : la came. Et tant pis si elle donne raison à Auden en crevant étouffée dans son vomi, elle leur donnera raison à tous, ceux qui s’attendent à la retrouver morte dans un ravin et ils seront probablement très fiers de dire au dessus de son cercueil qu’ils savaient que ça finirait par arriver. En attendant, derrière la porte de sa chambre sa colocataire et son pote ont visiblement des remords et ils cherchent à lui faire ouvrir la porte. Ils peuvent aller crever eux aussi, elle ne les laissera pas entrer. Itziar la pique en sous-entandant qu’elle est vexée et l’Italienne répond par l’offensive en les insultants. "Toi aussi t'es une connasse et il y a trois secondes t'avais rien à faire alors, ouvre nous et on se fera une soirée entre connards." Bien joué, elle aurait pu marcher celle-là, elle aurait même fait vraiment rire Ana en temps normal. Une brochette de trois connards c’est probablement ce qu’ils étaient. Mais Ana n’est pas dans son état habituel, elle est d’une humeur bien plus sombre qu’à l’ordinaire, elle a l’impression que son monde s’effondre et il faudra bien plus que ce genre de remarque pour la faire sortir de sa spirale. Elle ne répond rien, préparant la kétamine qu’elle compte s’enfiler dans narines, jusqu’à ce qu’Itziar menace de se servir de Knox comme d’un bélier. Elle tente de les convaincre qu’elle essaye simplement de dormir, mais qui va croire cela ? "Tout le monde sait très bien que tu vas pas dormir, alors ouvre cette putain de porte Ana. J’te jure je la péter sinon et après t’auras plus de porte pour faire chier ton monde." Qu’il fasse ce qu’il a à faire, Ana a fini d’aligner la poudre et elle est déjà en train de sniffer la substance anesthésiante. La porte cassée ne lui posera pas de problème dans l’immédiat, ce sera le souci d’un futur lointain qu’elle n’envisage même pas, d’un futur où elle aura tenu pendant trois semaines privée de son libre-arbitre et de sa came, sa seule véritable alliée. Ana a sniffé la moitié de sa ligne de kétamine quand elle  entend le coup sourd contre le battant de la porte et le bois de merde en contreplaqué se fendre et céder. Elle relève la tête, lâche la paille et par réflexe, tire un papier encombrant son bureau pour recouvrir et dissimuler les quelques précieux grammes restants. "Bon, qu’est ce qui se passe ?!" « Mais rien putain ! » se défend-t-elle en voyant les deux envahisseurs débarquer dans son antre. Elle voit le tronçon de porte arraché au niveau du verrou et commente : « Le proprio est un connard, il va t’péter les g’noux… Et ce s’ra bien fait pour ta gueule... » Un connard qu’elle connaît intimement jusque dans ses accès de violence. Sa mâchoire en a fait les frais. Elle sait aussi qu’il n’en aura rien à foutre que la porte soit cassée, tout au mieux mettra-t-il cela sur la liste de reproches facilement réutilisables pour blâmer la benjamine de la famille de tous les malheurs du monde.

Knox a l’air un peu chancelant, il aurait abusé de la bière ? Elle le voit s’avancer et se laisser choir sur son lit. Désormais assis à ses côtés, il la cherche son regard. "Et me dit pas que t’es comme ca juste parce que tu veux baiser, j’te croirais pas." Elle n’est pas dans cet état seulement pour cela, non, c’est un ensemble de facteurs, mais en résumé elle est simplement putain de terrifiée par ce qui l’attend. Sous son crâne c’est une tempête d’émotions et de pensées que tout ce qu’elle s’est enfilé ne suffit toujours pas à faire taire. Elle sait que la Kétamine ne va pas tarder à faire son effet, ce ne sera peut-être pas suffisant pour qu’elle sombre dans l’inconscience mais au moins, elle n’aura bientôt plus rien à cirer de tout ça. « Crois c’que tu veux... » balance-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains, se frottant les yeux frénétiquement. Pendant ce temps Itziar est venue se poser à  l’autre bout du lit. "Elle rentre en désintox' demain, c'est pour ça qu'elle est comme ça." Ana soupire, bien sûr que c’est à cause de la rehab, elle se barre pour trois semaines et c’est pas en colonie de vacances qu’elle se rend. « Bravo Sherlock ! Maintenant qu’ce fait est établi... » souffle-t-elle d’une voix lasse avant de reprendre un ton agressif et catégorique pour ajouter : « … vous pouvez foutre le camps d’ma putain d’piaule ?! » Puisque visiblement, ils n’ont pas défoncé la porte pour lui proposer un plan à trois, ce qui aurait probablement réussi à lui changer les idées, même si elle ne tenait pas franchement à voir Itziar à poil. "Et puis, t’es pas la seule qui va devoir te passer de sexe un moment." Le visage d’Ana émerge enfin de ses mains et elle jette un regard interrogateur à Knox en s’enfonçant dans le lit, assise en tailleur à l’emplacement de l’oreiller, le dos contre le mur, les chaussures sur ses draps. Ce n’est pas son genre à Knox de se priver de conquêtes sexuelles, Knox c’est son double masculin à Ana. « Qu’est-ce t’as ? Vas-y dis moi qu’c’est pas une MST à  la con et qu’tu viens en rehab avec moi ! » Ca ça serait la nouvelle du siècle, pas qu’elle souhaite à son ami de se retrouver dans la même situation qu’elle, mais égoïstement ça serait super de ne pas se retrouver seule dans ce centre de désintox. Avec Knox à ses côtés, elle est sûre que ça serait mieux, ou moins pire en tous cas, et ils pourraient probablement se trouver un placard pour baiser à l’occasion. Ils se foutraient de la gueule de tout et tout le monde et ça pourrait presque être fun.

Quelques instants plus tard, Ana sent une vague de chaleur qui commence à l’enrober et sa tête dodeline sans qu’elle ne le réalise tout de suite. La Kétamine est en train de faire effet, Ana commence déjà à avoir l’impression que son corps est en coton. Elle sait bien que mixer alcool et cet anesthésiant pour cheval est dangereux mais elle n’en a plus rien à faire de ce genre de détail. « Ah… Coma is coming… Si j’tombe dans les vapes au milieu d’une phrase, s’normal... » lâche-t-elle avec un rire étrange, comme si elle sortait de chez le dentiste avec la bouche à moitié anesthésiée.

"Toi aussi t'es une connasse et il y a trois secondes t'avais rien à faire alors, ouvre nous et on se fera une soirée entre connards." Sur ce point-là, elle n’a pas tord la blonde, et si les circonstances avaient été un peu différentes j’aurais sûrement ris. Une soirée entre connards, Je trouve que cela nous correspond plutôt bien. Trois connards en train de se bourrer la gueule à regarder des films ou des émissions débiles, c’est exactement ce qu’il m’aurait fallu ce soir plutôt que cette prise de tête pour laquelle je ne suis pas du tout d’humeur. J’aurais vraiment aimé une soirée calme pour une fois que ce soit avec ou sans la compagnie d’Ana, mais elle a bien sur décidé de faire sa difficile alors on se retrouve comme deux cons de l’autre côté de sa porte de chambre à essayer de lui faire ouvrir. Si elle est têtue la blonde, il faut croire que nous aussi on est têtu avec Itziar. N’ayant pas envie que la situation ne dure pendant encore des heures, je finis par donner un coup d’épaule dans la porte pour pouvoir entrer dans la chambre de la camée. Je viens me poser rapidement sur son lit, n’ayant clairement pas envie de finir par tomber dans les pommes et je lui demande ce qu’il se passe. Pourtant évidemment elle ne me répond pas, elle n’est pas aussi facile Ana. "Mais rien putain ! Le proprio est un connard, il va t’péter les g’noux… Et ce s’ra bien fait pour ta gueule..." Je lève les yeux au ciel. "Ouais, ouais. Il me fait pas peur." Il m’en faut bien plus que cela.

C’est encore à mon tour de finir par insister, même si je sais bien qu’elle n’avouera rien. Elle est trop comme moi Ana, on n’aime pas parler de nos sentiments, on n’aime pas parler de ce que l’on ressent, surtout si pour avouer qu’on flipper pour quelque chose. "Crois c’que tu veux..." Je soupire une nouvelle fois. "Elle rentre en désintox' demain, c'est pour ça qu'elle est comme ça." Je comprends un peu mieux les choses. Je comprends pourquoi elle agit comme ca et surtout pourquoi elle nous envoyer chier de plus belle à chaque phrase. "Bravo Sherlock ! Maintenant qu’ce fait est établi… vous pouvez foutre le camps d’ma putain d’piaule ?!" Je jette un regard à Itziar, mais elle semble d’accord avec elle, elle ne compte pas quitter la chambre d’Ana. "Non." Je lui répond simplement en venant m’adosser contre le mur près de son lit. Je ne bougerais pas et je lui avoue d’ailleurs que moi non plus je n’aurais personne avec qui coucher pour les semaines à venir. Je rentre à l’hôpital et je ne sais pas si lequel, de l’hôpital ou de la rehab, est le pire en réalité. "Qu’est-ce t’as ? Vas-y dis moi qu’c’est pas une MST à la con et qu’tu viens en rehab avec moi !" Je laisse échapper un léger rire. Rien de drôle pourtant, mais je crois qu’au final j’aurais préféré simplement entrer en rehab avec elle. "Ni l’un ni l’autre, même si, crois moi, je crois que j’aurais préféré finir en rehab avec toi." Parce que la vérité c’est que je vais devoir arrêter l’alcool et la drogue, je m’en doute, j’en suis même sur. "Chimiothérapie, ce genre de merde, c’est plutôt ca que je vais devoir supporter moi." Pas besoin d’être devin, ou d’avoir bac +5 pour comprendre que j’ai un cancer.

"Ah… Coma is coming… Si j’tombe dans les vapes au milieu d’une phrase, s’normal..." Finis par dire la blonde assise à côté de moi alors que je remarque bien que la drogue qu’elle a prise il y a quelques minutes comme à faire son effet. "T’es tellement une drame queen." Je ne peux m’empêcher de dire avant de regarder Itziar. "Vous voulez pas qu’on se fasse une soirée chill à boire dans le canapé tous les trois et à critiquer des films débiles, plutôt que d’se prendre la tête ?" Je demande plus par principe. "Au moins t’seras pas toute seule pour ta dernière soirée princesse." J’ajoute en regardant Ana, sachant qu’en temps normal ce surnom me vaux un coup de poing sur l’épaule.

Ce n'était pas forcément de force qu'elle s'était imaginée rentrer un jour dans la chambre d'Anastasia. Cependant, la fin justifiait les moyens et selon elle, c'était une situation qui nécessitait un tel acte. C'était Knox qui avait mis le coup d'épaule pour ouvrir la porte. Finalement, ça passait sans doute mieux passé que si c'était elle. Si elle et Knox étaient amis, elle y verrait peut-être moins d'inconvénients que si c'était quelqu'un d'autre. De toute façon, dans l'état dans lequel elle se trouvait, elle n'était pas bien effrayante. Non pas qu'elle le soit plus d'ordinaire. Elle y va tout de même avec des pincettes, Itziar. Elle a mis de côté l'ironie et les vannes. Le souvenir de la bouteille de bière ayant fait un vol plané au-dessus de sa tête un peu plus tôt bien ancré dans son esprit. Elle marchait sur des oeufs et elle préférait laisser Knox gérer la situation. D'eux deux, il était probablement celui qui la connaissait le mieux. Il était donc bien plus légitime qu'elle à se trouver là, assise sur le lit, comme si on l'y avait invitée. Elle n'est d'ailleurs ni invitée, ni même voulu à cet endroit précis. Ana le signifiant une fois de plus. Autant à son attention à elle qu'à celle de Knox. Elle demande pourtant quelque chose de simple : qu'ils sortent et la laissent tranquille. Elle ne répond pas, l'espagnole. Elle se contente de tourner la tête vers Knox. Une conversation silencieuse entre eux prenant place en l'espace de quelques secondes. Il n'y a pas besoin de débattre. Ni lui, ni elle ne compte bouger. Pas quand la Williams est dans un tel état. Itziar fait à peine un signe de tête en direction du jeune homme, lui laissant tout le loisir de répondre pour eux deux. Il ne s'embarrasse pas dans sa réponse. Un simple non. Catégorique. Un non qui laisse entendre qu'il n'y a pas de discussion possible. Que ce n'est pas négociable. Elle regarde avec un peu de recul l'échange qui suit. Elle laisse Knox dévoiler ce qu'il a envie de dévoiler à Anastasia concernant sa leucémie. Elle espère que la jeune femme ne tournera pas ça en concours de celui qui a la vie la plus compliquée. Ce n'est pas comparable. Certes la cure de désintox' sera une épreuve, mais dans quelques semaines, elle pourra sortir et reprendre sa vie là où elle la laisserait demain. Ce n'était pas le cas de Knox et elle espérait réellement qu'Ana, dans l'état dans lequel elle se trouvait, aurait quand même la décence de ne pas minimiser les choses.

Itziar se demande d'ailleurs si Ana est encore réellement là. Son corps l'est. Son esprit, c'est moins sûr. Cette certitude est d'autant plus grande quand elle annonce le coma. Signe qu'elle sent la dose de drogue qu'elle vient de consommer faire son effet. Elle prévient qu'elle risque de partir dans les vapes. Ça ne rassure pas l'espagnole qui n'est pas certaine de la marche à suivre dans un cas comme ça. Knox, lui, ne semble pas déstabilisé. Il n'a pas l'air de s'inquiéter outre mesure. Bien au contraire. Il la traite de drama queen comme si c'était banal. Comme si c'était une autre de ses frasques. Des paroles en l'air en somme. "T'es sûr qu'il va rien lui arriver si elle tombe dans les pommes ?" Qu'elle demande quand même. Pour être sûre. Parce que, elle, la drogue, elle ne connaît pas. Les doigts d'une main suffisent pour compter le nombre de fois où elle en a consommé ne serait-ce qu'un tout petit peu. Elle s'en remet donc à Knox qui a l'air serein. Pas une once d'inquiétude chez lui. "C'est ce que je propose aussi. T'as pas à me convaincre moi. Vois ça avec la têtue là, avant qu'on la perde totalement." Déclare-t-elle avant de se tourner vers sa colocataire. "T'arrêtes de bouder et tu profites de ta dernière soirée à peu près potable ?" Parce qu'ils ne proposaient clairement pas la soirée du siècle avec Knox, mais c'était non seulement mieux que rester seule dans sa chambre, mais aussi mieux que toutes les soirées qu'elle allait passer ces trois prochaines semaines.

we smoked cigarettes man no regrets (ft. @Knox Baxton & @Itziar Cortés de Aguilar )

Ils sont dans sa chambre, un seul coup d’épaule leur aura ouvert la porte sur son lieu de vie bordélique. Ils se fraye un chemin jusqu’à son lit et malgré toute l’agressivité dont elle fait preuve et les ordres qu’elle leur lance de déguerpir de sa chambre, Knox est intraitable : "Non." Non, il ne va pas partir, non il ne va pas l’abandonner à son sort. Elle lève les yeux au ciel, ça c’est son move à lui habituellement et soupire. Ils ne vont donc jamais la laisser tranquille, ils vont lui coller aux basques toute la nuit ?

Knox lui avoue qu’il ne risque pas de pouvoir s’envoyer en l’air de si tôt non plus, Ana l’interroge avec le vain espoir qu’il finisse en rehab avec elle. "Ni l’un ni l’autre, même si, crois moi, je crois que j’aurais préféré finir en rehab avec toi." « Ouais parce que c’est le putain de Club Med là-bas... » raille-t-elle, sentant petit à petit la énième dose consommée faire effet et interagir avec tout le reste de manière explosive dans son organisme. "Chimiothérapie, ce genre de merde, c’est plutôt ca que je vais devoir supporter moi." L’attention d’Ana qui n’est déjà pas bien centrée lorsqu’elle est relativement clean était en train de se détacher de tout, de partir voguer vers des horizons imaginaires. Mais le mot « chimiothérapie » agit comme un électrochoc et la raccroche au moment présent, au moins temporairement. « Quoi ? » Son cerveau embrumé, appesanti par tout ce qu’elle a consommé, fonctionne au ralenti mais elle n’est pas devenue conne pour autant. Les connexions se font dans son cerveau et elle scrute le visage creusé de son ami, elle cligne des yeux comme pour faire le point dans sa vision déformée par l’alcool et les drogues. Elle voit les cernes, sa pâleur, il a une tête de zombie, c’est flagrant dans l’éclairage merdique de sa chambre, comment a-t-elle pu ne pas le remarquer. « Putain de merde... » souffle-t-elle un peu choquée. Elle voudrait avoir une connerie à balancer, un truc marrant pour dédramatiser ce moment, un truc blasé aussi, pour ne pas montrer que ça lui met un vrai coup d’apprendre ça. Elle l’aime bien Knox, c’est son pote, bien plus qu’une bite à disposition comme elle a pu en donner l’impression plus tôt. « Tu vas crever ? » demande-t-elle sans filtre mais sans aucun sourire non plus, elle est directe mais visiblement inquiète, même au milieu de son flirt avec l’overdose.

Les minutes s’égrainent et elle sent l’inconscience venir à nouveau l’appeler, l’agripper. Elle a envie de l’accueillir mais maintenant qu’elle vient d’apprendre cela sur l’état de santé de Knox, elle ne peut s’empêcher d’essayer de s’accrocher à l’instant. Et s’il mourrait pendant qu’elle est en rehab ? Et si c’était la dernière fois qu’elle le voyait ? Elle les prévient qu’elle risque tomber dans l’inconscience, cependant. "T’es tellement une drama queen." plaisante Knox alors qu’Ana essaye de lutter pour ne pas fermer les yeux au risque de perdre aussitôt sa connexion avec le réel. "T'es sûr qu'il va rien lui arriver si elle tombe dans les pommes ?" La voix d’Itziar s’élève dans la pièce, et Ana avait presque oublié qu’elle était là, toute concentrée qu’elle était sur Knox pour ne pas se laisser sombrer. Elle répond d’une voix de plus en plus monocorde, n’arrivant pas à articuler tous ses mots correctement : « Appelez pas une putain d’ambulance, au pire si je m’endors, faîtes moi gerber… Mais pas d’ambulance, okay ? J’vais pas crever... » S’ils appellent une ambulance, les flics et le juge seront prévenus et ils risquent la foutre en rehab à vie à ce rythme là. Si la laisser dans son coma les traumatise, la faire régurgiter réglera une partie du problème et au moins, elle ne s’étouffera pas dans sa propre gerbe, même si elle a pris l’habitude de se mettre en PLS toute seule dans ces moments-là, quand elle sent qu’elle va perdre connaissance. "Vous voulez pas qu’on se fasse une soirée chill à boire dans le canapé tous les trois et à critiquer des films débiles, plutôt que d’se prendre la tête ?" "C'est ce que je propose aussi. T'as pas à me convaincre moi. Vois ça avec la têtue là, avant qu'on la perde totalement." Ana lâche un ricanement faiblard, comme si elle allait tenir plus de deux minutes devant un film alors que sa vision est totalement floue et anarchique actuellement. Elle est vraiment en train de décrocher là. "Au moins t’seras pas toute seule pour ta dernière soirée princesse." Dans sa demi-conscience, son cerveau fait des raccourcis, des courts circuits et ne sait plus vraiment où elle se trouve pendant un bref instant. « Ta gueule Elon ! » marmonne-t-elle en lançant dans le vide un poing mollasson qui n’atteint rien ni personne et vient juste lourdement s’écraser sur sa cuisse. Elon c’est son père, celui qui a persisté bien tard à la surnommer princesse, même quand il ne voyait plus depuis longtemps sa fille sous cet angle là, mais juste car il savait pertinemment que ça la faisait enrager. "T'arrêtes de bouder et tu profites de ta dernière soirée à peu près potable ?" C’est la voix d’Itziar à nouveau qui la ramène à la réalité, elle cligne des yeux et se gifle elle-même sans préavis pour essayer de se réveiller. « Ouais vas-y, j’suis chaude. » Elle ne sait même plus à quoi elle a dit oui, une partouze ou un film et elle essaye de se lever maladroitement du lit avec son corps qui lui donne l’impression d’avoir été remplacé par du coton. « On va où déjà ? » demande-t-elle juste avant de s’effondrer sur le sol, face contre le sol, finalement les vêtements sur le sol ont au moins amorti sa chute. « Aïe » commente-t-elle simplement en restant là immobile.

Ana ne sait pas. Elle ne sait pas que je suis malade, tout comme Itziar ne le savait pas non plus avant aujourd’hui, mais ce n’est pas vraiment quelque chose dont j’aime parler. La vérité, c’est que je suis terrifié à l’idée de devoir retourner me faire traiter, à l’idée que cela ne marche pas. Je suis terrifié à l’idée de voir le regard de ma mère se poser sur mon lorsqu’elle apprendra que les traitements n’ont pas marché, parce que je sais bien que les chances de guérir d’une deuxième leucémie dans sa vie ne sont pas les meilleurs. Alors, fidèle à moi-même et plutôt que d’en parler avec quelqu’un, je me barricade derrière ma façade, celle qui prouve juste que je n’en ai rien à faire et que je préfère vivre à cent à l’heure plutôt que de passer les deux années suivantes entre l’hôpital et chez moi. Je préférerais même me retrouver en cure de désintoxication avec Anastasia à vrai dire je crois. "Ouais parce que c’est le putain de Club Med là-bas..." Ce n’est pas le club med non, mais est ce que ca ne serait pas plus simple que de devoir subir des chimios et ce genre de conneries qui vont me rendre plus fatigué et plus malade qu’autre chose. C’est d’ailleurs ce que je finis par avouer à la blonde assise à côté de moi. "Quoi ?" Son regard change, et je vois bien que l’annonce lui fait presque l’effet d’un électrochoc. Ouais, on s’aime bien avec Ana dans le fond et si c’est elle qui avait été malade j’aurais surement réagi pareil. "Putain de merde..." Je ne dis rien, échangeant un regard avec Itziar. "Tu vas crever ?" Demande alors la blonde et je repose mon regard sur elle en haussant les épaules. Je n’en sais rien. Je ne sais pas si je vais suivre, combien de temps je vais survivre ou si le traitement ne servira à rien. "J’sais pas Ana." Je lui réponds sérieusement. C’est bien rare que les conversations soient aussi sérieuses entre nous d’ailleurs. "J’suppose qu’on verra." Oui, on verra.

Les minutes passent et ce qu’à pris Ana commence à lui faire effet et elle commence à être complètement ailleurs. "T'es sûr qu'il va rien lui arriver si elle tombe dans les pommes ?" Non, il ne lui arrivera rien parce qu’elle n’est pas seule. Ana a tendance à dramatiser un peu les choses c’est vrai, elle aime bien ca, mais je vois bien qu’elle est en train de partir un peu trop. "Appelez pas une putain d’ambulance, au pire si je m’endors, faîtes moi gerber… Mais pas d’ambulance, okay ? J’vais pas crever..." Je laisse échapper un soupir. J’aurais vraiment voulu éviter ca ce soir, mais bon, visiblement ca ne sera pas le cas. Je tente quand même de proposer une soirée tranquille, dans le canapé, devant un film débile ou il n’y a pas besoin de réfléchir. "C'est ce que je propose aussi. T'as pas à me convaincre moi. Vois ça avec la têtue là, avant qu'on la perde totalement." Je me tourne à nouveau vers Ana et pour tenter de la faire réagir je l’appelle princesse, ce surnom qu’elle n’aime pas et que je prends toujours soin d’utiliser pour l’énerver. "Ta gueule Elon ! " Qu’elle me répond en tentant de me taper mais son poing ne vient même pas toucher mon épaule. Je crois qu’il va falloir employer les grands moyens. Elle est tellement défoncée qu’elle me prend pour son père. "T'arrêtes de bouder et tu profites de ta dernière soirée à peu près potable ?" "Ouais vas-y, j’suis chaude." Elle se redresse difficilement. "On va où déjà ?" Elle se lève à peine du lit qu’elle se prend les pieds dans une pile de fringue et se retrouve par terre. "Aïe." Je pousse un nouveau soupire.

Je me lève à mon tour et m’approcher d’elle pour aller l’aider à se relever avant de me tourner vers Itziar. "Aide moi à l’emmener dans la salle de bain." Je l’aurais fait seul d’habitude, mais là je ne suis pas très en forme et on aurait l’air con si on se retrouve tous les deux par terre. Arrivé dans la salle de bain, je l’entraine vers la douche et l’aide à s’asseoir par terre sous le pommeau de douche. "Ca va la réveillé. Si tu veux pas être mouillé tu devrais reculer Itzi." J’ajoute en jetant un coup d’œil à mon amie avant d’allumer l’eau. Elle est froide, et Ana va surement hurler et me détester un peu plus pour ca, mais je sais que c’est une recette plutôt efficace. Je viens mettre l’eau sur la camée, me trempant un peu à moitié au passage. "T’as repris tes esprits ?"

La seule chose qu'elle se dit sur le moment, Itziar, c'est qu'elle a l'air bien sûre d'elle l'italienne quand elle déclare qu'elle ne va pas crever. Elle semble tenir à ce qu'aucune ambulance ne soit appelée si jamais elle venait à s'endormir. On dirait presque que c'est l'expérience qui parle et elle ne sait pas quoi en penser, Itziar. Est-ce qu'elle devrait trouver ça rassurant parce que ça prouverait que Anastasia avait l'habitude de se mettre dans ce genre d'états et qu'elle savait comment son corps allait réagir. Est-ce qu'elle devait trouver ça pathétique, au contraire ? Voire même tout simplement triste que la jeune femme qui ne flirtait même pas encore avec la trentaine foutait sa vie en l'air de la sorte sans paraitre avoir une quelconque envie d'en changer ou de s'en sortir. Peut-être même qu'elle devrait penser à toutes ces choses en même temps. Parce que rien n'était tout blanc ou tout noir et qu'il n'y avait jamais qu'un seul facteur dans une équation. C'était sans doute un mélange de tout. C'était peut-être pour ça qu'elle ne savait pas trop. "Si tu le dis !" qu'elle lui répond, Itziar, en haussant les épaules. Il ne faudra clairement pas compter sur elle pour aller mettre ses doigts au fond de la gorge de la Williams pour la faire vomir si elle tombe dans les vapes. Elle compte sur Knox pour le faire. Elle compte sur Knox pour faire beaucoup de choses pour ce qui est de Ana. Elle décide d'office qu'il est bien plus qualifié qu'elle. Bien plus à même de gérer la situation. Même s'il est malade. Même s'il n'est pas au top de sa forme. Préposé à jouer l'infirmière, qu'il le veuille ou non.

Elle a l'impression qu'elle commence à dérailler l'italienne. Qu'elle semble bien moins consciente de la situation de ce qu'elle aurait pu laisser penser quelques instants plus tôt en les sommant de ne pas appeler d'ambulance s'il arrivait quoi que ce soit. Elle balance un nom qu'Itziar n'a jamais entendu. Ce n'est clairement pas celui de Knox. Encore moins un des surnoms dont il pourrait être affublé. Elle tente même de lui mettre un coup de poing. Un coup de poing des plus pitoyables. Qui n'envoie aucune poigne et qui n'attend même pas sa cible avant de finir mollement sur sa cuisse. Elle n'a pas le souvenir de l'avoir vue comme ça une seule fois, Itziar. Elle a l'impression de découvrir une toute autre personne. C'est presque effrayant d'ailleurs. Ça ne s'arrête pas là. Elle finit par accepter leur petite soirée improvisée. Soirée sans grande prétention. Elle se lève du lit, pour s'étaler face contre terre quasiment instantanément. Ça parait surréaliste. Tout droit tiré d'un film et pourtant c'est bien réel. Itziar ne peut s'empêcher de chercher Knox du regard. Anastasia par terre, elle attend qu'il lui dise quoi faire. Il ne perd pas de temps. Il a l'air de savoir comment procéder. Elle, elle se contente d'aller attraper Ana, passant son bras sous son aisselle pour la relever avec l'australien avant de l'emmener jusqu'à la salle de bain. Elle laisse Knox entraîner l'italienne sous la douche. Elle s'exécute quand il lui dit de reculer avant de faire couler l'eau. Froide, en prime. "T'es sûr que ça va suffire pour la sortir de son trip ?" Qu'elle demande, pas forcément très convaincue par la façon de faire. Elle avait du mal à croire que ce soit si simple, mais après tout, elle n'y connaissait rien. Peut-être que ça fonctionnait comme l'alcool et qu'un bon choc thermique comme celui-là pouvait remettre les idées en place. "Dans tous les cas, elle va te tuer." Ajoute-t-elle avant de sortir de la pièce. Elle s'éclipse quelques instants. Juste le temps d'aller chercher une serviette de bain dans la chambre. Quand elle réapparaît dans la salle de bain, l'australien est en train de demander à la Williams si elle a repris ses esprits. Elle va déposer la serviette sur les épaules de la jeune femme avant de jeter un oeil à Knox. "T'en veux une aussi ?" demande-t-elle remarquant que la jeune femme n'avait pas été la seule à profiter de la douche froide.

we smoked cigarettes man no regrets (ft. @Knox Baxton & @Itziar Cortés de Aguilar )

Ana se sent sombrer mais la révélation de Knox lui donne un choc suffisant pour la raccrocher à la réalité encore un peu. Il a un cancer, même s’il n’a pas prononcé le mot, Ana sait bien ce que chimiothérapie signifie. Elle perd ses moyens pendant un instant, ainsi que le contrôle de ses émotions, elle l’aime bien Knox et apprendre ça lui fissure ce cœur qu’elle jure ne pas avoir. Elle jure, c’est sa seule façon de réagir, mollement car le cocktail alcool et kétamine est sérieusement en train de s’abattre sur elle et de menacer de lui faire perdre conscience à tout moment. Tout ce qu’elle arrive à lui demander c’est s’il va mourir, sans tact ni tendresse, mais pour qui la connaît il est aisé de voir son inquiétude transparaître. "J’sais pas Ana. J’suppose qu’on verra." Elle ressent la gravité et l’incertitude dans ses paroles, alors que ses propres yeux clignent, luttant contre l’inconscience.

Itziar et Knox discutent de son état et Ana s’efforce de rester connectée à l’instant, elle leur interdit d’appeler une ambulance. Puis son esprit vagabonde, commence déjà à dériver, elle pense à la mort, à celle de Knox, à celle de son père et quand le sobriquet de « princesse » franchit les lèvres de Knox, elle ne sait plus où elle est, ni qui lui parle. Elle ordonne à son père décédé de fermer sa gueule, frappe l’air, accepte la proposition d’une soirée sans reconnaître la voix de sa coloc. Son corps se déplie mais s’effondre comme un château de cartes sur le sol de sa chambre, la douleur dans son visage qui vient de heurter la surface dure du sol lui redonne un regain de conscience. Elle entend la voix de Knox, sent les deux amis la soulever du sol alors que son corps ne semble plus vouloir répondre à aucun des ordres que son cerveau lui envoie. Tout juste arrive-t-elle à bredouiller en articulant aussi mal que si elle sortait de chez le dentiste, la bouche anesthésiée : « Ça va, j’peux marcher... » Mais non, elle ne peut pas marcher et elle ne comprend même pas ce qu’il est en train de lui arriver, elle  n’identifie pas la surface dure et froide où on la dépose. Elle entend les voix d’Itziar et de Knox très loin comme s’ils étaient séparés par une vitre insonorisée, elle peine à garder les yeux ouverts et n’y voit qu’un paysage flou et mouvant.

Puis, le froid. Le froid glacial qui vient agresser son corps déjà fragilisé par l’abondance de drogues ingérées. Elle crie sous l’effet du choc thermique et se recroqueville comme si on venait de la brûler au chalumeau, son esprit peinant à se reconnecter à son corps. Elle est subitement frigorifiée, grelottante en position fœtale dans le fond de la douche, elle entend la voix de Knox, plus proche cette fois : "T’as repris tes esprits ?" Elle relève les yeux vers son ami et sa coloc qui lui dépose une serviette sur le corps et elle reconnaît la salle de bain et comprend plus ou moins ce qu’il est en train de se passer. Elle a envie de les insulter, de leur demander s’ils essayent de la tuer mais elle n’en a pas la force, tout ce qu’elle sent c’est son corps qui proteste, qui semble se congeler de l’intérieur et qui la secoue de spasmes et de nausées. Alors tout ce qu’elle arrive à dire est un constat autant qu’une mise en garde : « M’sens pas bien... » Et dans un réflexe inconscient pour ne pas se vomir dessus, elle agrippe le rebord de la douche et y hisse son visage avant de régurgiter sur le carrelage, le tapis de sol ou les pieds de Knox, elle ne sait pas bien. Son corps semble avoir retrouvé le mode survie après cette douche froide ou alors c’est le  choc thermique qui l’a rendue malade. Mais en tous cas, chaque spasme lui fait évacuer des quantités impressionnantes d’alcool, elle a l’impression que cela dure une éternité et elle peine à reprendre son souffle, mais finalement son corps frigorifié n’est plus que secoué par sa respiration saccadée. Elle se redresse pour s’asseoir dans la douche, grelottante, essayant de s’enrouler dans la serviette. Elle fait peur à voir, le teint cireux, les cernes violettes, le maquillage qui a coulé sous la douche, mais elle semble de nouveau faire partie du monde des vivants. « Brrrr, j’ai froid putain... » se plaint-elle d’une voix tremblante.

Quelques minutes plus tard, elle est changée, sèche, enroulée dans un plaid et calée sur le canapé entre Knox et Itziar. Elle est loin d’être sobre mais l’overdose a été évitée de peu, les interactions entre l’alcool et la drogue ont été limitées par ses régurgitations. Elle est cependant encore largement assez défoncée pour se foutre totalement de s’être montrée aussi vulnérable face à Itziar et Knox et pour avoir oublié pourquoi elle leur faisait la gueule au début. Elle n’est pas sûre que ce soit vrai, elle se demande même si elle l’a rêvé, mais elle se souvient d’une histoire de cancer qui concerne Knox. Elle laisse tomber sa tête qui pèse trop lourd pour ses cervicales sur l’épaule de Knox, puis le regard fixé sur la télévision sans prêter aucune attention au programme qui y est diffusé, elle lui dit : « T’as pas intérêt d’crever… On a encore trop d’monde à emmerder... » Une pensée fugace la traverse. Est-ce que c’est la drogue qui l’a rendu malade ? Est-ce que finalement ils ne sont pas si invulnérables qu’elle le croyait ? Mais elle chasse cette idée de son crâne, Ana n’a jamais été du genre à  anticiper quoique ce soit ou à réfléchir aux conséquences de ses actes, elle ne vivait que dans le présent. Et pourtant, cette cure de désintoxication, cette annonce de cancer, tout cela devrait mettre les choses en perspective. Elle se tourne alors vers sa colocataire, celle qu’elle connaît finalement si peu mais qui a toujours été bien plus indulgente avec elle qu’elle n’aurait dû. Celle qui l’a acceptée dans la coloc malgré son entrée fracassante, celle qui a accepté de cacher son existence au propriétaire des lieux, son frère, celle qui a supporté ses excentricités, ses conneries et ses retards de paiement du loyer. Elle devrait probablement la remercier et s’excuser. Elle devrait. Mais ce sont des mots qu’elle n’a que très rarement prononcés dans sa vie, par fierté et parce qu’elle se refuse à tout prix à admettre qu’elle se soucie des sentiments des autres. Alors elle lui met un coup de coude : « T’es pas si chiante comme coloc en fait… Même si tu regardes de la merde à la télé... »

Spoiler:

Je sais gérer Ana lorsqu’elle a trop bu, lorsqu’elle a touché à un peu trop de drogue, et même si je n’aime pas la voir comme cela, je sais ce qui peut aider. Je vois bien que si on ne la fait pas réagir les choses peuvent devenir un peu compliqué. J’ignore quelle dose de cocaïne elle a sniffé, ou quelle dose d’alcool elle a ingurgiter, mais je vois bien que c’est assez pour qu’il y est un risque qu’elle nous fasse un coma. En général Ana s’arrête avant, juste avant, connaissant sa limite, mais il faut croire que ce soir ce n’est pas dans ses intentions. Faisant signe à Itziar, nous finissons alors tous les deux par la trainer vers la salle de bain. "T'es sûr que ça va suffire pour la sortir de son trip ? Dans tous les cas, elle va te tuer." Me dit la blonde alors que l’on dépose doucement Ana dans la baignoire. Si je n’avais pas été malade je l’aurais porté tout seul, cela n’aurait pas été la première fois, mais je ne suis pas vraiment en grande forme ces derniers temps alors l’aide d’Itziar est la bienvenue. "Ouais, j’sais bien." Je réponds simplement avant d’attraper le plumeau de douche et d’allumer l’eau froide lorsque qu’Itziar s’est reculé de quelques mètres. Le jet entre à peine en contact avec la peau de la junkie que celle-ci pousse un cri. Elle se redresse alors que je lui demande si elle a repris ses esprits et elle me regarde quelques secondes, un peu trop pâle à mon gout. "T'en veux une aussi ?" Je secoue doucement la tête, n’étant pas concentré sur moi pour le moment. A ma plus grande surprise, Ana n’est pas encore en train de me traiter de connard, de salaud ou de tout autre chose. Au lieu de cela, elle se rapproche doucement du bord de la baignoire et s’y accroche. "M’sens pas bien..." Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle se met à vomir, a moitié sur moi et à moitié sur mon jean et mes pieds. Je grimace, essayant de retenir à mon tour un haut-le-cœur. "Brrrr, j’ai froid putain..." C’est à ce moment-là que je laisse Itziar prendre la relève pour s’occuper d’Ana.

Je prends quelques minutes pour aller me changer à mon tour, en profitant pour laver le vomi d’Ana avant de revenir m’installer dans le canapé. Ana et Itziar sont déjà toutes les deux installés et je me laisse tomber aux côtés de camée, me sentant soudainement épuisé. Je crois que je pourrais pendant des heures. Plongé dans le film qu’on lancé les filles, et ne suivant en réalité qu’à moitié ce qu’il se passe, je sens la tête d’Ana venir se poser sur mon épaule et je viens doucement déposer ma joue tout contre. "T’as pas intérêt d’crever… On a encore trop d’monde à emmerder..." Je ne peux retenir un sourire avant d’échanger un regard avec Itziar. "J’compte pas crever de suite. Mais j’suppose qu’on a tous les deux des trucs à gérer avant de d’emmerder du monde." Elle sa cure de désintox et moi mon traitement contre le cancer. "T’es pas si chiante comme coloc en fait… Même si tu regardes de la merde à la télé..." Ajoute la jeune femme à mes côtés et je ne peux retenir un léger rire en relevant la tête vers l’Espagnole. "J’crois que tu devrais noter cette date dans ton calendrier parce que t’es pas prête d’entendre ca de nouveau." Je dis pour taquiner Ana avant de reposer ma tête contre la sienne. "Si j’m’endors, réveillais moi dans deux heures." J’ajoute avant de bailler légèrement, et me laissant glisser un peu plus bas dans le canapé.

L'eau froide sur Ana a un effet immédiat. Elle semble soudain regagner son corps et retrouver un peu de vigueur. Son cri est un signe qu'elle est encore en vie et qu'elle ne va pas s'évanouir d'un instant à l'autre. Ou tout du moins, c'est ce que Itziar en déduit. C'est comme cela qu'elle se conforte. Ça ne dure pas bien longtemps cela dit. Elle remarque la pâleur sur le visage de sa colocataire, elle l'entend annoncer ne pas se sentir bien et elle se recule, machinalement juste avant que la jeune italienne ne se mette à vomir. Knox est baptisé. L'espagnole, elle, retient un haut-le-cœur. Elle préfère la vue du vomi à la vue du sang, mais ce n'est pas ça pour autant. Elle n'aurait jamais pu travailler dans le médical ou tout ce qui s'y approcherait de près ou de loin. Elle était un peu chochotte et précieuse sur les bords, elle devait bien le reconnaître. Cependant, ce soir, elle ne pouvait malheureusement pas rester passive. Elle ne pouvait pas rester en retrait de la scène et laisser Knox tout gérer. Ce ne serait pas juste pour lui. Lui qui était venu se reposer. Lui qui était loin, très loin d'être en forme. Elle n'avait pas de problème, elle et ce ne serait vraiment pas correct de sa part de ne pas relever ses manches. Alors, elle laisse Knox sortir de la salle de bain pour aller se changer, c'est lui qui a tout pris. Elle, elle s'approche de la douche, hésitante. Elle ne sait pas y faire, mais elle n'a pas vraiment le choix. Elle aide Ana à s'enrouler un peu plus dans la serviette avant d'humidifier un gant et de lui passer sur le visage. Elle prend toutes les précautions du monde pour l'emmener de la douche à sa chambre et la faire asseoir sur le lit. Elle se permet de fouiller dans ses placards, elle se dit qu'elle ne lui en voudra probablement pas. Elle ne va tout de même pas rester dans ses fringues trempées toute la soirée. Elle récupère un tee-shirt et en jogging qu'elle lui fait enfiler puis elle l'installe sur le canapé l'emmitouflant dans le plaid posé sur un des fauteuils.

Elle s'installe à son tour, Itziar, récupère un morceau de pizza froid qu'elle avale en quelques bouchées, juste le temps qu'il faut à Knox pour réapparaître lui aussi, des habits propres sur le dos. Finalement, sans la pique de trop, ils auraient pu se trouver dans cette exacte position bien plus tôt. Ils se seraient épargnés la frayeur d'une catastrophe évitée de justesse. Tout ça pour se retrouver à regarder une télé réalité médiocre sur des inconnus enfermés dans une villa pour trouver l'amour. Knox a l'air un peu mieux lui aussi, moins défaitiste, semble-t-il. Il ne compte pas crever tout de suite comme il dit et ça la fait sourire. Elle ne se plaint pas de ce changement de cap. Elle espère qu'il va se battre et qu'il s'en sortira. Il en a les moyens, elle en est persuadée. Elle ne saurait dire si c'est l'eau froide qui fait cet effet-là, mais la Williams aussi semble avoir fait un virement à 180°. Elle semble s'être transformée en agneau et Itziar a presque du mal à croire qu'il s'agit bien de la même personne que celle avec qui elle partage l'appartement depuis quelques mois maintenant. Le rire qu'elle laisse échapper est franc, cristallin. Elle ne se moque pas. Elle est seulement prise de court. Surprise par l'aveu de la jeune femme, pourtant teinté d'un reproche. "Attend je mets une note sur mon téléphone pour me rappeler de ce moment." Qu'elle déclare d'abord en plaisantant, faisant mine de pianoter sur son écran tactile. "Sinon, d'un je regarde pas ces émissions-là, je faisais du zapping jusqu'à ce que Knox arrive." Rendons à César ce qui était à César, elle n'était pas vraiment télévision, encore moins ce genre d'émissions abrutissantes qui n'avaient pas grand intérêt. "Sinon toi non plus t'es pas si chiante que ça comme coloc ... si on fait abstraction de ta mauvaise humeur." Parce que finalement à part quelques petits désagréments, Itziar ne pouvait pas dire qu'Ana soit si invivable que cela. Elles se croisaient bien trop peu pour pouvoir la trouver réellement insupportable et ça marchait très bien comme cela. "Mais comme je suis vraiment gentille, tiens, je te laisse choisir ce qu'on va regarder, de préférences, un truc qui n'endormira pas Knox trop vite. Même si je crois qu'on l'a déjà perdu." Qu'elle déclare en jetant un oeil au jeune homme s'étant enfoncé encore un peu plus dans le canapé.

we smoked cigarettes man no regrets (ft. @Knox Baxton & @Itziar Cortés de Aguilar )

A travers les vapeurs d’alcool et de drogue qui embrument son cerveau, Ana se raccroche à des petits éléments de réalité. Knox qui est malade. Knox qu’elle ne veut pas voir crever. Knox à qui elle interdit tout simplement de crever, la tête calée sur son épaule. "J’compte pas crever de suite. Mais j’suppose qu’on a tous les deux des trucs à gérer avant de d’emmerder du monde." Oui, lui il doit guérir d’un putain de cancer et elle, elle doit gérer ses propres merdes. L’idéal serait qu’elle gère son problème de drogue, mais l’idée qu’elle se fait sur le moment de ces trucs à gérer c’est surtout de trouver un moyen d’écourter sa cure et de tromper les tests d’urine à la sortie. Elle n’a aucune intention d’arrêter ses conneries, elle n’en sera pas capable de toutes façons, elle est une cause perdue. « On va botter des culs ouais... » marmonne-t-elle mi-avachie. Pour l’instant, elle est juste bien, joue contre joue avec Knox, enveloppée dans un plaid et en compagnie tolérable d’Itziar. Elle adresse même à sa coloc un demi-compliment suivi d’une critique, parce que sinon ça ne serait pas Ana. Elle sent Knox rire de bon cœur. "J’crois que tu devrais noter cette date dans ton calendrier parce que t’es pas prête d’entendre ca de nouveau." "Attend je mets une note sur mon téléphone pour me rappeler de ce moment." « Ah. Ah. T’habitues pas trop. »

Sur le sujet de ses goûts télévisuels, Ana est assez peu intéressée par sa réponse. "Sinon toi non plus t'es pas si chiante que ça comme coloc ... si on fait abstraction de ta mauvaise humeur." « T’dis n’imp, dans l’milieu on m’surnomme Sunshine ! » Pas du tout, évidemment, mais les colocs se chambrent et blaguent presque comme si elles avaient une relation normale, étrange mais rafraîchissant. Il faut dire qu’Ana n’a plus ni la force ni aucune raison de chercher la merde, elle a juste envie de finir cette nuit sur ce canapé au lieu de seule dans sa chambre. "Si j’m’endors, réveillais moi dans deux heures." « Y a quoi dans deux heures ? Oh putain, dis pas qu’c’est déjà l’matin dans deux heures... » Mais si, elle arrive à distinguer les chiffres lumineux sur la box de la télé, dans deux heures Knox devra se rendre à l’hôpital et elle au centre de désintox. Quelle merde. "Mais comme je suis vraiment gentille, tiens, je te laisse choisir ce qu'on va regarder, de préférences, un truc qui n'endormira pas Knox trop vite. Même si je crois qu'on l'a déjà perdu." Elle attrape la télécommande que lui tend Itziar et se met à zapper sans vraiment prêter attention à l’écran, baillant aux corneilles avec un Knox qui a déjà l’air d’être parti au pays des songes. Finalement, son regard est capté par une retransmission d’un concert de rock. « Voilà, parfait, ça c’est nickel. Même pas b’soin d’garder les yeux ouverts. » Tenir Knox éveillé ou elle-même est le cadet de ses soucis, elle sent le poids de l’alcool et de la came qui la rend de plus en plus lourde et elle aura beau lutter, elle va sombrer dans peu de temps. Elle écoute la musique et un nouveau morceau est lancé « Ah ! J’adore cette mu… sique... » On n’est pas à la moitié de la chanson qu’elle s’assoupit. C’est probablement un de ses records personnels de vitesse d’endormissement.