Il y avait un mois que cette éclipse, qualifiée de malédiction avait couvert Brisbane d’un voile noir. Un mois que les bruits que l’on pouvait entendre dans cette nuit qui n’en finissaient pas faisaient hérisser les poils des habitants de la ville. Ce serait mentir de dire qu’Itziar ne s’était pas inquiétée dans un premier temps. Tout ceci ne semblait être que mythe et légende. Une nuit qui n’en finit pas. Une malédiction probablement le fruit d’un mauvais sort lancé par des sorcières, maintenant bien cachées des yeux de tous. Dans sa tour d’ivoir, elle se sentait intouchable. Protégée. Bien qu’un sentiment d’insécurité régnait en permanence. Que les allers et venues à l’intérieur de la demeure étaient scrupuleusement contrôlées. Personne n’entrait sans montrer patte blanche. Les employés se relayaient vingt quatre heures sur vingt quatre pour éviter toute intrusion et toute mise en danger inutile. Itziar était en visite dans la demeure familiale quand l’éclipse s’était produite. Elle avait alors décidé de prolonger son séjour et cela faisait donc un mois qu’elle n’avait pas regagné ses quartiers à Canberra. Par prudence, par peur de ce qui se trouvait dehors, disait elle à sa famille. En réalité, elle restait par curiosité. Parce qu’elle avait envie d’en savoir plus. Elle voulait les voir, ces créatures de l’ombre. Celles qui ressemblaient à n’importe quel homme en apparence, mais la pleine lune venue se muaient en créature qu’on ne saurait classer ni chez l’homme ni chez l’animal. Elle voulait voir cette force surhumaine. Cette agilité sans pareil.  Ces autres créatures, qui, on le disait, se nourrissaient du sang de leurs victimes, ou encore, ces viles sorcières qui avaient conduit la ville dans cette pénombre.

Elle avait réussi à entrer en contact avec un chasseur, lui avait donné rendez-vous au bord de la rivière. Dans la pénombre, ce lieu permettait de garder un anonymat et une discrétion qui était appréciable. Il n’était pas la peine d’attirer les regards, d’attiser la curiosité quant aux raisons de leur rencontre. “J’espère que ce qu’on m’a dit de vous est vrai.” Déclare-t-elle quand une ombre s’approche d’elle. Elle n’attend personne d’autre. Les rues sont quasiment vides à cette heure tardive et les habitants ont perdu l’habitude de se mélanger depuis la malédiction. Ce ne peut être que celui qu’elle attend. “Si vous êtes bon, je peux vous payer très cher.” Au cas où il penserait avoir affaire à une amatrice. “Si vous n’êtes pas honnête, nous aurons un problème.” Qu’il soit prévenu. Sa famille avait le bras long et ce n’était pas une nuit sans fin qui avait changé cela.

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

Le majordome de la famille était venu le trouver en toute discrétion, alors qu’Arthur s’était aventuré dans les cuisines, pour lui remettre un message de la plus haute importance. Il avait trouvé, cela étrange quand, par habitude, la moindre communication se devait d’être transmise à son grand-père. Mais François avait insisté, la jeune demoiselle avait demandé après Arthur, semblant vouloir lui confier une mission qui lui revenait de droit. La méfiance était de mise depuis le début de l’éclipse, il n’était plus question de donner sa confiance au premier venu. Il ne connaissait rien du nom de famille communiqué par l’homme de service. Faisait-elle partie d’une famille de chasseur. L’avait-on convoqué lui, le benjamin, dans l’espoir inespéré de former une alliance par ces temps sombres ? Il se devait de tirer tout cela au clair.

Conscient du potentiel danger mêlé à cette rencontre, Arthur avait dissimulé plusieurs armes sur sa personne. Cela rendait son pas lourd, un brin reconnaissable, mais les rues de la ville se voulaient désespérément vides. Au loin, on pouvait entendre les hurlements usés de quelques loups affamés. S’en allant contre son instinct, il prit le chemin boueux qui menait aux berges du fleuve où une fine silhouette semblait l’attendre. « J’espère que ce qu’on m’a dit de vous est vrai. » Un fin sourire vint étirer ses traits. Les rumeurs allaient donc bon train. « Cela dépend de votre requête. » Elle n’avait rien précisé sur cette rencontre inattendue. « Si vous êtes bon, je peux vous payer très cher. » Ses yeux brillaient déjà d’une fière allure, attirée par la promesse d’une récompense. « Si vous n’êtes pas honnête, nous aurons un problème. » Un léger rire lui échappa. « Je n’ai pour réputation que de tenir mes promesses. » Il n’avait aucune réputation et n’était qu’un débutant dans la matière, mais il se devait de donner le change. « Qu’est-ce que vous attendez de moi exactement ? » Son sourire s’effaça pour laisser placer à une mine sérieuse. « Je ne m’allie pas avec le premier venu. »

Itziar annonce la couleur. Elle sait que l’argent est ce qui motive les êtres. Que ça avait le moyen de rendre serviable le plus malhonnête des hommes. Elle aurait misé gros sur le fait que l'argent avait également le don de motiver le jeune homme. On lui avait vanté les mérites de sa famille. Une longue lignée de chasseurs reconnus pour leur don. Lui, particulièrement. Le plus jeune, mais pas le moins bon. On lui avait également vanté sa discrétion. Il ne lui en avait pas fallu plus pour demander à le rencontrer. Elle n’était pas venue les mains vides. Un couteau, attaché à sa ceinture, on n’était jamais trop prudent depuis que cette malédiction s’était abattue sur la ville. Elle avait également une bourse, remplie de pièces d’or, qu’elle comptait bien offrir à Arthur s’il acceptait de travailler pour elle. Comme un acompte pour le service qu’il lui rendrait par la suite. Enfin, elle portait une besace à l’intérieur de laquelle se trouvait quelques documents, des croquis, principalement qu’elle tend à Arthur. “Je ne suis pas la première venue.” Dit-elle d’abord. “Je veux que vous me trouviez cette créature.” Déclare-t-elle. Ce n’étaient pas ses dessins. Elle n’avait pas ce talent. Elle n’avait pas non plus vu la créature de ses propres yeux. Ce n’était que des on dit, des murmures qu’elle avait entendu. Cette créature avait apparemment été vue il y a une dizaine de jours à rôder aux alentours de la mangrove. Elle aurait même tué quelqu’un. Peut-être une victime parmi tant d’autres. Peut-être une histoire pour faire peur aux habitants de la ville. Leur faire craindre un peu plus cette malédiction qui semble s'abattre sur eux depuis un mois maintenant. Elle ne savait pas Itziar, mais depuis dix jours, c’était sa curiosité qui avait été piquée. Cette créature était rapide, agile, capable de se mouvoir de manière animale. D’ailleurs, si on regarde attentivement les croquis, on y reconnaît le corps d’un homme, comme déformé. Des jambes longues, une gueule semblable à celle d’un loup. Comme si celui qui avait dessiné ça n’avait pas eu les yeux en face des trous et avait confondu un homme à côté d’un loup, comme s’ils n’étaient qu’une seule entité. “Il y a des poils aussi, trouvés dans la mangrove. Ils semblent ne correspondre à aucun animal connu.” Explique-t-elle, sortant de la besace, une touffe de poils gris noirs, longs et rêches. “Vous pensez que c’est dans vos cordes ?” Lui demande-t-elle ensuite. Il avait l’air jeune, peut-être qu’il était inexpérimenté et qu’elle devrait s’adresser à quelqu’un d’autre.

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

« Je ne suis pas la première venue. » Non, clairement, elle semblait appartenir à la bourgeoisie de ce monde. Sa toilette se voulait parfaite, sa coiffure sophistiquée, probablement travailler par quelques domestiques. Elle n’était pas née dans la rue, elle paraissait avoir le bras long. Est-ce qu’il devait se sentir impressionné par cela ? Arthur en avait clairement vu d’autres. « Je vous écoute. » Il lui accordait encore quelques minutes de son temps. Elle se devait de lui présenter son plan, il allait finir par se lasser autrement. « Je veux que vous me trouviez cette créature. » Le dessin qu’elle lui tendit lui paraissait plus que fidèle à ce qu’il avait pu croiser dans les allées sombres de la ville ces derniers temps. Une forme mi-humaine, mi-animal. Quelque chose que l’esprit ne pouvait réellement assimiler, mais qui grouillait désormais parmi eux telle de la vermine relâchée à l’air libre. « Ce sont vos dessins ? » Ils n’étaient pas tous parfaits, mais leur réalisme lui sautait aux yeux. Avait-elle croisé l’un d’entre eux ? Elle promettait de l’argent, avait-elle une vengeance à tirer ? Un membre de sa famille qui c’était fait décimer ? Arthur continuait à observer les croquis tandis que l’héritière poursuivait son récit. « Il y a des poils aussi, trouvés dans la mangrove. Ils semblent ne correspondre à aucun animal connu. » La mangrove, chef lieu d’un clan particulièrement connu des Coventry. Il ne pouvait s’aventurer là-bas sans préparation. Ces bêtes-là pouvaient reconnaître les odeurs et ils savaient parfaitement comment repérer l’un des siens à quelques kilomètres à la ronde. « Vous pensez que c’est dans vos cordes ? » Relevant les yeux vers la blonde, Arthur se souvint alors de ses premières paroles. « Vous m’avez demandé de vous en trouver un. » Trouver. Elle n’avait pas parlé d’en achever un, mais bien de lui trouver une de ces bêtes-là. « Vous voulez que je vous ramène un loup vivant ? » Il dut se retenir pour ne pas éclater de rire. « Qu’est-ce, une jeune femme de votre rang pourrait bien faire face à une telle créature ? » Avait-elle des souhaits morbides ?

Soudain, Arthur fut pris d’une toute nouvelle méfiance, ses doigts libres venant automatiquement s’enrouler autour de son poignard. « Qui êtes-vous exactement ? » Est-ce que désormais les loups utilisait les chasseurs pour faire le sale boulot entre eux ?

“Non, je n’ai pas la prétention de dessiner si bien.” Répond-elle au chasseur. L’art était pour elle un plaisir des yeux, avant tout. Elle n’avait pas de talent dans ce domaine et laissait volontiers cela aux autres. Ceux qui semblaient avoir de l’or dans les mains. Capables de reproduire sur un morceau de papier une image qu’ils avaient pu voir des jours auparavant avec une précision sans pareil. Ce n’était donc pas elle, l’auteur des croquis. Une connaissance les lui avait apportés. Pas étranger à sa fascination pour ces créatures aussi effrayantes que mystérieuses. Pour le reste, elle s’était débrouillée. Avait fait jouer les contacts de son père pour tirer les ficelles qui l’intéressaient et remonter jusqu’au clan Coventry. Pour le reste, c’était plutôt simple et cela reposait entre les mains du jeune homme qui se trouvait à côté d’elle. "Oui, vivant, de préférence.” Elle n’avait pas choisi ses mots au hasard. Si elle avait voulu un loup mort, elle l’aurait précisé. Là, elle lui demande de trouver un loup garou, de le capturer et de le lui livrer. Mort, elle n’y voyait pas vraiment d’intérêt. Certes, elle pourrait sans doute l’observer sous toutes les coutures, mais ce n’était pas seulement ça qui l’intéressait. Sa curiosité allait un peu plus loin. Ses idées aussi. Un sourire se dessine sur ses lèvres quand le jeune chasseur la questionne sur ses intentions et sur ce qu’elle pourrait bien faire face à une telle créature. “Beaucoup de choses. Observer pour commencer. Si les croquis sont corrects, ils ressemblent à s’y méprendre à de vrais hommes … à quelques détails près. D’autant plus que c’est bientôt la pleine lune.” Répond-elle. Cette malédiction jetée sur la ville n’avait pourtant pas empêché à la lune de suivre son cours. En revanche, elle avait rendu les gens méfiants. Un peu trop peut-être. Personne ne semblait plus faire confiance à personne. Le chasseur n’échappait pas à cela. Elle se dégage de son emprise, de sa poigne, tant bien que mal. Ses yeux croisent les siens. Elle lui jette un regard noir. “C’est comme ça que vous traitez tous vos clients ? En particulier ceux qui peuvent vous payer gracieusement ?” Lui demande-t-elle. Elle n’était pas particulièrement du genre à mettre en avant son statut, mais elle n’appréciait pas cette méfiance. Comme s’il ne pouvait pas imaginer que quelqu’un comme elle puisse s'intéresser à l’occulte. “Je ne suis personne, une citoyenne lambda avec un peu trop d’argent et de temps à perdre. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? Ce n’est pas un piège.” Si c’était de ça qu’il avait peur, il allait falloir lui faire confiance.

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

La demoiselle aux cheveux jaune d’or tels les blés flavescents se dressant vers le soleil, lui avait tendu quelques croquis étrangement fidèles à la réalité. « Non, je n’ai pas la prétention de dessiner si bien. » Elle n’avait donc, jamais croisé l’une de ses créatures. Ce qui remettait en question sa requête, laissant Arthur quelque peu pantois. Il n’était pas certain de comprendre ce qu’elle attendait de sa personne.

« Oui, vivant, de préférence. » La pauvre bonne femme avait donc doucement sombré dans la folie. Arthur ne put retenir son éclat de rire face à la détermination dont elle faisait preuve. « Il existe une bien plus douce façon de périr. » Il pouvait capturer l’une de ces bêtes. Son père l’avait déjà fait par le passé. Mais les loups n’étaient aucunement des créatures dociles, qui se laisseraient attacher sans rebiffer. « Beaucoup de choses. Observer pour commencer. Si les croquis sont corrects, ils ressemblent à s’y méprendre à de vrais hommes … à quelques détails près. D’autant plus que c’est bientôt la pleine lune. » Jetant un nouveau coup d’œil aux croquis, il finit par lui tendre à nouveau. « Vos croquis sont plutôt fidèles. » Elle aurait au moins la réponse à sa première interrogation. « Mais une telle créature ne se tient pas en laisse. » Arthur redoutait les loups. Monstre de son enfance, démon de sa vie d’adulte. Il savait les vaincre, les torturés également, mais jamais il n’avait pensé à les transformer en animal de cirque, pour amuser la galerie.

La démarche de la demoiselle lui paraissait fort étrange. « C’est comme ça que vous traitez tous vos clients ? En particulier ceux qui peuvent vous payer gracieusement ? » - « Veuillez excusez mes interrogations. » Celles-ci laissèrent place à une véritable méfiance. Soudainement, Arthur se demanda s’il n’était pas tombé dans un guet-apens. « Je ne suis personne, une citoyenne lambda avec un peu trop d’argent et de temps à perdre. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? Ce n’est pas un piège. » Elle lui paraissait sincère, étrangement. « Excusez ma méfiance madame, mais vous comprendrez que votre requête n’est guère habituelle. » Elle avait promis de payer pourtant et qui était-il pour refuser une bourse si aisément gagnée ? Peut-être pourrait-il isoler un des jeunes qui rôdait parfois en ville. Ceux qui manquaient encore d’habiliter. « Avez-vous un lieu pour maintenir une telle créature ? » Il devait tout de même s’assurer de sa sécurité. « Je vous préconise d’emplir la pièce avec de l’aconit. Pour votre sécurité. » Il se devait de l’informer de tous les dangers. « Que ferez-vous, une fois vos observations terminées ? »

Qui avait parlé de périr ? Cette malédiction, qui s’abattait sur la ville, n’était pas déjà un malheur suffisant ? Pourquoi imaginer le pire ? Elle ne voulait pas de mort. Pas pour l’instant en tout cas. Elle avait d’autres projets pour cette bête. Tout au plus, quand elle en aurait fini, elle repartirait avec quelques touffes de poils. Quelques égratignures, si vraiment elle n’est pas prudente, mais c’est tout non ? Il suffira de bien l’attacher. C’est pourtant simple. “Je ne compte pas périr.” Précise-t-elle. Comme si ça avait de l’importance. Comme si cela allait faire changer d’avis le chasseur. Cependant, son avis, elle s’en fichait bien. Elle ne lui avait pas demandé de venir ce soir pour avoir son avis. Elle lui avait donné rendez-vous pour lui proposer une chasse. Pas n’importe laquelle. Elle ne voulait pas n’importe quelle bête. Non, elle voulait cette créature dessinée sur les croquis qu’elle avait dans sa besace. Elle était novice, dans un sens, en matière de créatures surnaturelles et de malédiction, mais elle n’était pas complètement idiote. “Je m’en doute. J’aurais cherché un caniche si j’avais voulu le tenir en laisse.” Lui répond-elle. Marquant une courte pause avant d’ajouter. “Des chaînes devraient faire l’affaire, cela dit, pour une bête de cet acabit.” Elle ne comptait pas laisser la bête déambuler librement.

Elle ne s’attendait pas à la méfiance du jeune homme. Lui qui avait dû rencontrer des personnes bien plus étranges qu'elle. Elle se sent un peu attaquée. Elle ne s’attendait pas à devoir se justifier. Elle qui ne se justifiait jamais. C’était étrange de se voir relayer au même rang que tout le monde. “Pourquoi est-elle inhabituelle ? Je croyais que vous étiez chasseur.” Répond-elle ne comprenant pas trop pourquoi il disait ça. “J’ai un lieu sécurisé pour l’enfermer, si ça peut vous rassurer. Il ne s’échappera pas par inadvertance.” Au sous-sol de la demeure familiale, se trouvait une cave. C’était là qu’elle comptait l’enfermer le temps de ses expériences. “Je prends note de votre conseil pour l’aconit.” Elle n’était pas totalement inconsciente, quoi que, mais elle accordait de l’importance à ce que pouvait dire l’homme qui en savait bien plus qu'elle. “Je n’y ai pas encore réfléchi. Tout dépendra de ce qui ressort de mes expérimentations, si j’ose dire. Si besoin, je pourrai faire appel à vous de nouveau… Pour terminer le travail.” C’était ce qu’il faisait de toute façon, non ?

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

« Je ne compte pas périr. » La demoiselle ne se laissait pas abattre par un simple commentaire, elle démontrait un caractère qui aurait tendance à lui plaire. Il appréciait ceux qui se voulaient de sortir du carcan imposer par leur origine sociale. Même si la mission qu’elle venait de lui confier s’apparentait à un suicide de sa part. « Je m’en doute. J’aurais cherché un caniche si j’avais voulu le tenir en laisse. » C’est qu’elle possédait une répartie sans faille en plus de cela. Décidément, Artur allait apprécier la blonde. « Des chaînes devraient faire l’affaire, cela dit, pour une bête de cet acabit. » Il hocha la tête en signe d’approbation. « Un collier de force ne serait pas de trop également. » Il en possédait quelques prototypes qu’il s’était amusés à forger lui-même. « Je peux vous fournir cela. » Il n’avait pas idée à se faire de l’argent sur ce type d’invention, mais s’il pouvait en faire une utilité à quoi bon s’en priver ? « Création personnelle. » qu’il ajouta comme pour convaincre un peu plus la jeune femme.

Malgré la proposition alléchante, la méfiance restait de mise. Arthur n’était pas né de la dernière pluie. « Pourquoi est-elle inhabituelle ? Je croyais que vous étiez chasseur. » Et ? Cela devait-il, automatiquement, faire de lui un insouciant uniquement attirer par la traque. « Justement madame, je chasse. » Pour tuer, pas pour ramener des animaux de compagnie à une riche héritière en manque de sensations fortes. « J’ai un lieu sécurisé pour l’enfermer, si ça peut vous rassurer. Il ne s’échappera pas par inadvertance. » - « C’est avec votre vie que vous jouez, je vous laisse la seule juge de ce qui est rassurant ou non. » Arthur n’allait pas rester dans les parages pour assister au massacre qui pourrait avoir lieu, mais il se devait de distribuer quelques conseils. « Je prends note de votre conseil pour l’aconit. » Au moins, elle semblait assez avisée pour ne pas prendre les choses à la légère. Il n’allait donc pas avoir de choix que de donner suite à sa requête. « Je n’y ai pas encore réfléchi. Tout dépendra de ce qui ressort de mes expérimentations, si j’ose dire. Si besoin, je pourrai faire appel à vous de nouveau… Pour terminer le travail. » Il se demandait bien ce qu’elle cherchait tant à expérimenter sur la créature. Pour ce type de bête, il n’avait aucune pitié. Elle pouvait bien le torturer jusqu’à la mort, il viendra l’aider à se débarrasser du cadavre. « Vous pouvez compter sur moi. » Il se ferait un malin plaisir d'achever la bête des enfers.

Ne restait qu’un détail à mettre en place. « Souhaitez-vous participer à la traque ? » Il avait bien une cible en tête, mais il se devait d’agir de manière réfléchie et posée. « Je peux sans aucun doute mettre la main sur un jeune pas trop farouche. » Les anciens n’auraient aucune hésitation à tuer la scientifique en herbe et Arthur se voulait tout de même de lui assurer un minimum de protection. « Ou bien, dois-je vous l’amener sur le lieu directement ? »

Elle hoche la tête. Un collier de force. Elle n’avait jamais entendu parler de ça. Cependant, comme elle essayait de le démontrer, elle n’était pas totalement inconsciente et était donc prête à appliquer tous les conseils avisés du chasseur. Cette malédiction tombée sur la ville était déjà un fardeau suffisant pour qu’elle ne vienne pas rajouter un boulet à sa propre cheville. «Vous avez pu tester l’efficacité d’un tel objet ? » demande-t-elle. Loin d’elle l’idée de douter de lui. « Je suis prête à suivre tous vos conseils, après tout, j’imagine que vous connaissez ces bêtes à poils mieux que moi. » Elle, elle n’en avait jamais côtoyé. Lui, elle espérait qu’il n’en était pas à sa première fois. Cependant, il parlait de création personnelle et donc, à moins qu’il ne soit savant fou dans l’âme, il y avait fort à parier qu’il savait de quoi il parlait.

Elle, elle était complètement inconsciente. A tel point qu’elle ne se rendait pas compte de la lucidité du chasseur. Peut-être sous-estimait-elle le danger. Peut-être sous-estimait-elle la cruauté de ces créatures qui n’avaient en commun avec les animaux de compagnie que les poils. Peut-être qu’elle le regretterait. Peut-être qu’elle n’aurait pas le temps pour ça. Qu’elle se ferait tuer dans d’atroces souffrances avant d’avoir pu faire quoi que ce soit. Elle prenait ce risque. Persuadée d’être bien préparée. Le collier, l’aconit. Il lui donnait des conseils, ne semblant plus vouloir la dissuader. Sans doute avait il compris que c’était peine perdue et qu’il valait mieux pour lui de prendre l’argent.

Elle n’avait pas pensé à la possibilité de participer à la traque. Peut-être parce que ce n’était pas très académique. Elle doutait qu’il propose cela à tous ceux qui faisaient appel à ses services. « C’est possible ? » Demande-t-elle. Il était évident qu’avec l’inconscience dont elle faisait preuve, c’était quelque chose qui l’intéressait. Toujours plus près du danger, du frisson. « Un jeune me semble très bien pour commencer. Ça n’a pas réellement d’importance. Si je peux vous accompagner alors je le ferai. » lui répond-elle avant d’ajouter « Dans combien de temps penser vous pouvoir avoir une piste ? Ou peut être en avez vous déjà une ? » Elle ne savait pas comment ça fonctionnait. Est-ce que cela allait prendre du temps ou est-ce que ces bêtes à poils étaient bien plus communes qu’on ne le penserait ?

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

« Vous avez pu tester l’efficacité d’un tel objet ? » Pas réellement, mais avait-il besoin de tout lui conter dans les moindres détails ? Elle ne paraissait pas vraiment douter de ses capacités, exhibant plutôt une curiosité sans faille sur le sujet. « Je suis prête à suivre tous vos conseils, après tout, j’imagine que vous connaissez ces bêtes à poils mieux que moi. » Pour les connaître, ils les connaissaient plutôt bien. Toute sa vie, on lui avait appris à reconnaître les faiblesses de ces êtres pour mieux les maîtriser. « Vous ne serez pas déçue. » Dans le fond, c’est bien tout ce qu’il pouvait lui promettre. Une expérience unique en son genre, pour donner un peu d’adrénaline dans la vie si fade d’une femme de bonne famille.

D’autres aurait continuer à la mettre en garde. Beaucoup auraient usé de sexisme pour rappeler à cette charmante demoiselle, la place dans la femme au sein de la société, encore plus depuis que le jour avait cessé de se lever. Arthur n’était pas de cette trempe-là. Elle voulait avoir un loup-garou pour animal de compagnie et en plus lui donner de l’argent pour cela ? Qui était-il pour lui refuser cela ?

« C’est possible ? » Bien sûr qu’elle allait être intéressée par sa demande. Il venait vraiment de se demander si elle n’était pas un peu folle, la jolie blonde. « Si vous le souhaitez. » Après tout, il pouvait bien s’arranger. « C’est vous qui payez. » Lui ne voulait que le résultat, obtenir la recette et ne plus jamais entendre parler d’elle. « Un jeune me semble très bien pour commencer. Ça n’a pas réellement d’importance. Si je peux vous accompagner alors je le ferai. » Voilà donc une affaire rondement menée. « Je vous demanderais par contre, ne rien tenter d’extrême si vous m’accompagnez. » Elle devra lui obéir aux doigts et à l’œil sans quoi tout pourrait très rapidement tourner au pugilat. « Dans combien de temps penser vous pouvoir avoir une piste ? Ou peut-être en avez-vous déjà une ? » N’était-elle donc au courant de rien concernant les chasseurs en ville. « J’ai une piste. » Plusieurs mêmes, mais il en avait une bien particulière en tête. Dangereuse, mais qui lui paraissait utile. Capturer le fils de l’un des ennemis de sa famille. Petite vengeance après une vile attaque. « Je pourrais même vous y conduire dès à présent. » A quoi bon perdre du temps ? Il était armé et sa cachette, renfermant quelques armes supplémentaires, n’était qu’à quelques rues de là. « Ou préfériez-vous reporter cela à plus tard ? » Il eut un sourire pour son interlocutrice. « Quand dites vous madame ? »

C’était donc aussi simple que cela ? Puisqu'elle payait, elle pouvait choisir de le rejoindre dans sa chasse ou pas ? Il me faut admirer aussi le pouvoir de l'argent. Que ne peut-il réaliser lorsqu'il est bien employé ? Et quel mal il peut faire dans le cas opposé ! Écrivait Bram Stoker et il fallait croire qu’il avait bien compris la manière dont fonctionnait la société. “C’est vrai. Mais peut-être que vous avez des règles qui vous sont propres et auxquelles vous ne souhaitez pas déroger.” Après tout, elle ne connaissait rien de ses méthodes, ni même de sa manière de procéder. Peut-être que ce n’était pas très académique. Ni même très légal. Bien que depuis le début de cette malédiction, le principe de légalité avait été revu et réinterprété déjà à de nombreuses reprises. Ce qui aurait sans doute relevé du crime quelques semaines en arrière n’était maintenant ni plus ni moins que la norme que tout le monde acceptait. Par nécessité ou par convenance. “Je saurai me fondre dans le décor. Je peux même observer de loin si vous préférez.” Répond-elle. Elle avait besoin de cette adrénaline, de ces aventures dans sa vie si rangée. Quand on y pense, c'est quoi la vie, sinon espérer autre chose que c'qui on est en train d'faire ? D’autant plus quand on se retrouvait sous l’emprise d’une malédiction qui ne permettait pas de prévoir ce qu’il en serait dans les prochaines semaines.

Elle est plaisamment surprise quand il lui annonce avoir une piste. D’autant plus surprise quand il lui propose de l’emmener dès maintenant. Si elle avait été totalement idiote ou inconsciente, elle aurait sans doute accepté, mais elle avait encore quelques restes de lucidité. Cela devenait concret, un peu trop vite peut-être. “Je redoute les événements à venir, non en eux-mêmes, mais dans leurs résultats.” Lui répond-elle d’abord. Honnêtement. Marquant une courte pause avant de reprendre la parole. “Si ça ne vous dérange pas, je préférerais prendre quelques jours pour me préparer. Si vous le souhaitez, je peux même vous payer un peu plus pour l’attente, afin de compenser les potentiels contrats que vous ne pourrez obtenir durant ce laps de temps.” Elle comprenait bien que pour vivre sa vie, il devait chasser des créatures surnaturelles et qu’il n’était donc pas payé à attendre que sa cliente soit prête. Ce qu’elle lui proposait lui semblait être un bon compromis. Elle ne se lancerait pas dans cette chasse sans un minimum de préparation et lui, de son côté, serait tout de même rémunéré.

(c) dailylittlemix & behindfairytales

haunting in the moonlight

@Itziar Cortés de Aguilar & ARTHUR

Cette rencontre ne faisait que peu de sens. Cela allait au-delà de ce qu’Arthur avait pu imaginer possible depuis le début de cette fichue éclipse. Mais il n’allait pas questionner les motivations de la jeune femme. Elle cherchait un peu d’adrénaline, il était prêt à lui offrir. « C’est vrai. Mais peut-être que vous avez des règles qui vous sont propres et auxquelles vous ne souhaitez pas déroger. » Il existait tout un tas de règles qu’un chasseur se devait de suivre dès lors qu’il commençait une traque, mais il n’allait pas embêter la jolie demoiselle avec des détails futiles. « Rien qui n’est réellement son importance pour vous. » Il n’allait surtout pas partager les secrets et rituels de sa famille avec une simple inconnue. Arthur aimait peut-être un peu trop l’odeur de l’argent, mais il n’était pas né de la dernière pluie. Elle devrait se faire discrète et ne pas rester dans ses pattes, un point, c’est tout. « Je saurai me fondre dans le décor. Je peux même observer de loin si vous préférez. » Il hocha la tête. « Ce sera sûrement plus prudent. » Il ne voulait pas gérer une victime supplémentaire. « Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose. » Il se démontrait prudent tout de même.

« Je redoute les événements à venir, non en eux-mêmes, mais dans leurs résultats. » Fronçant les sourcils, il lui accorda au moins le droit à un quelconque doute. Elle était probablement en train de prendre pleinement conscience du danger qui allait suivre dans une telle aventure. « Si ça ne vous dérange pas, je préférerais prendre quelques jours pour me préparer. Si vous le souhaitez, je peux même vous payer un peu plus pour l’attente, afin de compenser les potentiels contrats que vous ne pourrez obtenir durant ce laps de temps. » Il eut un sourire franc. « Je comprends tout à fait, vous avez le temps. » Après tout, les loups étaient nombreux dans la périphérie, il aurait toujours de quoi lui ramener. « Une avance ne serait de refus, que je m’assure aussi que vous comptez toujours avoir besoin de mes services. » Elle était honnête avec lui, il en ferait de même avec elle. « Vous savez comment me contacter. » Elle avait su le faire une première fois, il ne doutait pas qu’elle serait capable de reproduire le même schéma.