what ? no !

 @Pénélope Danbury  

décembre 2023 « Exactement ! » Ils s’enfermaient ensemble, en duo dans leur nouveau déni. Une bonne équipe. « J’ai pas dit qu’il fallait zapper cette info, juste se donner quelques jours et voir ce que tu veux en faire. » « Évidemment », renchérit-il avec certitude alors que ce mot ne faisait que renforcer le déni dans lequel il se terrait. Se donner quelques jours. Bien sûr. De toute manière, ce n’est pas dans cette position, avec ses lèvres si proches des siennes qu’il allait avoir les idées claires.

« Je croyais qu’on regarderait Love Actually moi. » « Jamais de la vie. Tu m’as déjà eu trois fois, au moins trois fois avec ce film … j’ai atteint le quota d’une vie », réplique-t-il aussitôt avec entrain. Les revoilà, les amis de toujours. Ils se retrouvent comme ils étaient : complices, un peu puérils et surtout sur la même longueur d’onde. Son corps se presse contre le sien au cours de ce baiser auquel il ne voudrait plus donner fin. Attirés l’un vers l’autre, c’était à se demander comment ils avaient passé toutes ces années ensemble, sans jamais franchir la moindre barrière. Les doigts de l’aîné Lewis se fraient un chemin sous le tissu pour venir caresser la peau de ses hanches et finalement se plaquer dans son dos alors que son front vient se coller au sien avec gourmandise. « Qu’est-ce que tu penses d’un bain comme nouvelle tradition ? On laisse tomber Maman j’ai râté l’avion et on monte se faire couler un bon bain ? Toi, moi, des huiles essentielles, des bulles … et du jus d’ananas ? » Ses lèvres s’étirent en un large sourire gourmand. « A moins que tu préfères rester ici ? » Il se recule doucement, libérant ses mains par la même occasion et fait mine de réfléchir, le regard rivé vers le plafond. « Hm --- », dit-il pour accompagner son geste, « laisse-moi réfléchir, c’est assez compliqué comme choix … un choix plutôt cornélien même … » Sa voix le trahit, un rire au fond de la gorge alors que ses doigts pianotent sur les hanches de la jeune femme … il ne manquait plus qu’un jingle de jeu télévisé où le candidat réfléchit trop longtemps. Son regard finit par retrouver le sien, pétillant de malice. « je crois que tu fais un peu trop de concurrence à Kevin … bravo. » Un sourire complice.

Le papa noël a glissé un cadeau non prévu cette année
@Anthony Lewis ☆ Pénélope

« Jamais de la vie. Tu m’as déjà eu, au moins trois fois avec ce film … j’ai atteint le quota d’une vie » Je le regardais, outrée par de tels propos, « Quoi ? Retires tout de suite ce que tu as dit, ou je demande le divorce ! » m’écriais-je. Le divorce de l’amitié bien sûr … bien sûûûûr !! « Love Actually et le déhanché hyper-sexy de Hugh Grant ne peut pas avoir de quota, impossible ! » C’était puéril mais c’était ça notre amitié et ça me rassurait de voir que ça ne changeait pas, même après tout ce qu’on venait de se dire. Oh, ce n’était pas la solution. On ne pouvait pas rester entre deux eaux comme on le faisait mais ces instants de légèreté me faisaient un bien fou.

Et a contrario, j’avais besoin de cette proximité physique entre nous. Ce qui était à l’opposé de ce qu’on était il y a encore peu de temps. Je n’étais pas vraiment tactile avec lui … Pas vraiment. Bon, je l’étais peut-être… parfois… je l’avais peut-être été quand j’étais tombée sur lui quand il était avec l’une de ses exs. J’avais peut-être fait exprès de le prendre dans mes bras pour le saluer et peut-être que je l’avais gardé plus longtemps que nécessaire contre moi. Mais, jamais, jusqu’à présent, je n’avais ressenti ce besoin de proximité physique. Ça pouvait paraître dingue mais il n’y avait pas d’ambigüité avant alors qu’à nous regarder en cet instant – nos corps pressés l’un contre l’autre, nos lèvres se détachant à regrets de l’autre – on pouvait se poser la question sur le comment il ne s’était jamais rien passé de physique.

Tony passa sa main sous mon tee shirt de sport (que je mettais pour rester à la maison) et je sentis la chair de poule gagner tous mon corps tandis qu’il promenait sa main de ma hanche jusqu’à mon dos pour nous garder rapprochés, front contre front. Je fermais les yeux quelques instants et lui proposais un bain. Lorsque je rouvris les yeux, son sourire gourmand m’arracha un petit rire, Hm --- laisse-moi réfléchir, c’est assez compliqué comme choix … un choix plutôt cornélien même … » « N’est-ce pas ! » Je me reculais, pas vraiment pressée de me lever et attendis sa réponse. Y avait-il un vrai suspens sur sa réponse ? A voir sa mine espiègle et son éclat de rire, je savais que j’avais déjà gain de cause, « je crois que tu fais un peu trop de concurrence à Kevin … bravo. » « Bah ouai je suis carrément plus sexy que Kevin ! Peut-être même que je suis aussi plus drôle que lui ! » Peut-être pas … quoi que ! Ma maladresse était légendaire et il s’était souvent moqué de moi.

Je me levais et attrapais un élastique qui trainait sur la table basse pour attacher ma longue chevelure blonde en un chignon désordonné. « Je te laisse préparer le ravitaillement ? » Ce n’était pas comme s’il ne connaissait pas la maison ni la cuisine hein ? « Tu peux amener de quoi grignoter ? J’ai envie de gâteaux d’apéro, j’ai laissé le paquet à côté de l’évier. » Lui dis-je alors que je lui tendais ma main pour qu’il se lève. « Et moi je vais préparer le bain … » expliquais-je avec un sourire séducteur.

Je fonçais à la salle de bain et fis couler l’eau dès que j’y entrais. Je retirais mon tee-shirt que je jetais dans la panière à linge puis sortis les huiles que je versais dans l’eau du bain. La pièce fut immédiatement embaumée d’une odeur apaisante. J’allumais également quelques bougies qui donnerait, à coup sûr, une ambiance tamisée à la pièce. Je fus surprise de sentir mon chat, Hercule, entre mes jambes et le pris dans mes bras pour l’embrasser sur la tête : « Pas ce soir mon beau, maman va être occupée à la salle de bain » je déposais le matou ronronnant sur mon lit après une dernière caresse et revins à la salle de bain. Ma salle de bain n’était pas immense mais j’avais la chance d’avoir une douche et une baignoire. Baignoire que j’utilisais peu mais ce soir, j’étais vraiment vraiment contente d’en avoir une.

Je me déshabillais complètement et, sans attendre le retour du beau brun, je me glissais dans la baignoire, soupirant d’aise. L’eau tiède détendit mes muscles et je fermais les yeux en soupirant longuement. C’était exactement ce dont on aurait besoin ce soir. Je me fis alors la réflexion que j’avais pris la meilleure des décisions en achetant cette maison. La baignoire, les deux autres chambres de libre … C’était exactement ce qu’il me fallait pour accueillir les jumeaux. C’était évident que mon esprit n’allait pas me laisser tranquille sur ce sujet. Je pensais aussi à tous les travaux de rafraichissements que j’allais devoir faire dans les chambres, de les meubler aussi … Même si j’allais les garder dans ma chambre les premiers mois … peut-être même leur première année de vie ? Mon esprit partait vraiment très loin, si loin que je mis quelques secondes à m’apercevoir que Tony était arrivé avec nos mets et qu’il me regardait, le regard interrogateur. « Ah t’est là ! T’attends quoi pour venir ? » Changes de sujet Pénélope ! Comme si ça allait l’empêcher de te poser des questions …

what ? no !

 @Pénélope Danbury  

décembre 2023 « Bah ouai je suis carrément plus sexy que Kevin ! Peut-être même que je suis aussi plus drôle que lui ! » Il plisse les yeux, peu convaincu. Juste pour le spectacle. « Naaan, ne te mets pas en concurrence avec Kevin, vraiment, naaaan » et il ponctue sa phrase par un éclat de rire complice et taquin.

« Je te laisse préparer le ravitaillement ? » Comme pour se donner de l’élan et de la motivation, il tape sur ses cuisses pour se relever. « Tu peux amener de quoi grignoter ? J’ai envie de gâteaux d’apéro, j’ai laissé le paquet à côté de l’évier. Et moi je vais préparer le bain … » « Okay boss » dit-il avec un large sourire, se dirigeant déjà vers la cuisine alors qu’elle avait disparu. Il connaissait l’endroit pour l’avoir aidée à emménager et à s’installer. Anthony se mit alors à chercher un peu partout à la recherche de snacks. Un sérieux sujet pour les deux amis. Et, au fur et à mesure qu’il se met à préparer une petite assiette, il se perd dans ses pensées … sans doute à l’instar de la blonde qui est en train de préparer la baignoire. Sa meilleure amie, il avait toujours pris soin d’elle ; c’est son truc à Anthony. Il a été là pour les plus grandes étapes de sa vie. Il a toujours été acteur de sa vie, pas dans les premiers rôles mais pas très loin non plus … donc ce serait tout à fait normal d’être là quand elle serait en train de se « battre » avec les challenges d’une grossesse gémellaire. Il serait là. Dans quel rôle ? Celui de l’ami ? de l’amant ? Est-ce qu’il est un ami ou est-ce qu’il est un amant ? Ils n’avaient pas désigné les règles de ce petit quelque chose en plus, ni même parler de ce que cela impliquerait dans leurs vies privées. La grossesse gémellaire allait peut-être les y obligées. Et c’est comme ça qu’il se met à dodeliner de la tête, en train d’avoir une conversation avec lui-même … en silence.

Les minutes passent.

Quand il pousse la porte de la salle de bain, ses lèvres s’étirent en un tendre sourire. Une scène surréaliste. S’attendant à ce qu’elle se redresse et l’aperçoive en l’entendant arriver, il s’amuse à la voir toujours enfoncée dans l’eau, les paupières closes et la tête reposée sur le rebord de la baignoire. Encore une fois, il l’a perdue dans ses pensées et la scène est encore plus attendrissante. « Ah t’es là ! T’attends quoi pour venir ? » Un éclat de rire. « Je sais pas, je voulais pas trop te déranger … » réplique-t-il en haussant les épaules, amusé. Et faisant une petite révérence comme si elle était la reine, il dépose les snacks à portée de mains. « Madame » dit-il pour accompagner son geste. « T’as pas peur de mettre le feu à ta maison ; ce serait con quand même » L’humour pour ne pas rendre la scène trop romantique. Il laisse échapper un éclat de rire avant de commencer à s’éplucher de ses vêtements, les laissant tomber sur le sol : un petit signe de son côté bordélique. Et finalement, il finit par lui tapoter le genou du bout des doigts pour qu’elle lui laisse un peu de place. Coincés dans cette baignoire, aucune issue de secours.

« Alors, on va devoir se mettre d’accord sur le film de ce soir si j’ai bien compris ? ah mais oui, j’ai toujours prévu de me vautrer dans ton canapé pour mater un film … on change pas une équipe qui gagne. »

Le papa noël a glissé un cadeau non prévu cette année
@Anthony Lewis ☆ Pénélope

J’étais loin d’imaginer la bataille que j’allais mener ces prochains mois. En fait, si, je savais que ça allait être dur mais j’étais loin d’imaginer à quel point. Une grossesse c’était déjà compliqué, deux ça l’étais deux fois plus mais quand on rajoutait dans l’équation la parentalité solo, je savais que j’allais en baver. Peu importe, je crois que j’étais prête à être mère. Je m’étais toujours dit que je le serais lorsque je serais stable financièrement … Aujourd’hui, je l’étais et c’était seule que j’allais assumer cette grossesse. Avoir besoin d’un homme c’était surfait. J’étais – et je suis toujours – une femme indépendante et forte, je savais bricoler et j’avais des amis avec lesquels je pourrais vider mon sac quand je serais au bord du burn out. Est-ce que je mettais Anthony dans la catégorie « ami » ? Je ne savais plus trop à présent. Ami … Amants c’était aussi ce que l’on était. Ma situation était délicate et il le savait à présent. Il était une constante dans ma vie mais ça, ce que nous vivions depuis un mois, ce n’était pas prévu. C’était arrivé c’est tout et il n’était pas question de retourner en arrière ;

Ma grossesse mettait en péril cet équilibre précaire dans lequel on se trouvait. On ne savait plus ce qu’on était l’un pour l’autre et la chose la plus intelligente à faire aurait été de mettre clairement des mots dessus. Mais non, pourquoi faire simple lorsqu’on pouvait faire compliqué ? J’étais autant effrayée que le beau brun par ce qui se passait, aussi perdue … Trop abîmée par ce que j’avais vécu ces derniers mois : une grossesse surprise suivi d’une fausse couche tardive et le père ce bébé, lâche qui n’aurais pas été, je pense, apte à assumer cette responsabilité. Aujourd’hui, ma situation était différente, j’ignorais qui était le père biologique de mes bébés mais j’étais prête à assumer ce tourbillon. Prête à affronter la tempête. Ça allait être effrayant mais j’allais y arriver.

C’était ce que je n’arrêtais pas de me répéter et j’avais un peu perdu la notion du temps. J’ouvris distraitement un œil et vis Tony me surveiller. Qu’est-ce qu’il attendait pour venir ? « Je sais pas, je voulais pas trop te déranger … » « Aller, viens idiot ! » lui intimais-je en me relevant légèrement. Il déposa les snacks et les boissons sur le rebord de la baignoire. « T’as pas peur de mettre le feu à ta maison ; ce serait con quand même » Je lui adressais un regard en biais et pris une petite saucisse avant de lui répondre : « Ahah mais t’es trop drôle toi ! » ironisais-je avant de lui tirer la langue, réaction très adulte j’en conviens, « Je n’ai jamais mis le feu chez moi et la lumière est beaucoup trop forte alors je préfère mettre des bougies et puis, elles sentent super bon ! » j’ajoutais tout en le regardant se déshabiller avec gourmandise. Je me poussais légèrement pour lui permettre de rentrer dans la mémoire. Je lui laissais une place entre mes jambes de façon à ce qu’il puisse poser sa tête contre ma poitrine. « Alors, on va devoir se mettre d’accord sur le film de ce soir si j’ai bien compris ? ah mais oui, j’ai toujours prévu de me vautrer dans ton canapé pour mater un film … on change pas une équipe qui gagne. » Je ris doucement à sa remarque puis déposais un rapide baiser dans son cou. « Ce soir, je te donne gain de cause mais crois bien que tu n’échapperas pas à Love Actually ! »

Pour l’instant, on – oui lui et moi – échappait à cette discussion qu’il allait bien falloir avoir.