tw: une seule phrase de langage sexuel cru, c'est tout.

ft. @Mickey Reeves

Le rideau de fer du garage s’abaisse bruyamment pour dissimuler les voitures à la gomme encore chaude du go fast qu’elles viennent de réaliser avec succès.

Le succès d’un contrat de transport accompli ainsi que la nostalgie d’une amitié qui n’existe plus me fait regretter de ne pas pouvoir célébrer cet accomplissement avec l’occupant de la voiture qui a démarrée en trombe en faisant encore plus de bruit pour quitter le parking privé du BB-8. C’est Mickey, qui aussitôt le contrat terminé prend le large au volant de sa voiture personnelle aussi rapidement qu’il n’a rien envie d’avoir à faire avec moi en dehors du business de la chasse sauvage.

Je fixe la Dark Horse qui elle m’appartient en me demandant où la conduire. L’ange sur l’une de mes épaules me conseille de limiter le nombre de péchés dont je suis coupable et de rentrer chez moi pour également rattraper le sommeil dont je manque. Le démon sur l’autre susurre que ce dont j’ai besoin c’est d’au moins 40% par volume. Je sais déjà que je ne trouverai pas le sommeil cette nuit et je sais aussi que si je cède à la facilité et que je décide de passer la nuit dans le fief dont j’ai hérité pour boire à volonté, une des filles qui travaille au Cherry Bomb va jouer à la reverse cowgirl throwing it back jusqu’à ce que le patron lui envoie 18 ans de child support dans la chatte.

De ces deux options, je n’ai envie ni de l’une ni de l’autre. Je sais pour sûr que je n'arriverais pas à dormir et que contrairement à Mickey qui semble savoir où aller je n’ai pas la moindre idée d’où passer la nuit sans compromettre mon âme que j’espère encore sauver d’un péril quasi irréversible.

Une fois monté à bord de ma Mustang au lieu d’entrer dans la Ruche je suis au moins sûr que je ne vais pas rentrer chez moi pour tourner dans mes draps de lit comme une âme en peine et si j’hésite à me rendre dans ce bar dont je connais l’existence qui pourrait me servir l’alcool dont j’ai envie sans que personne ne me reconnaisse, c’est parce qu’eux-même ne me connaissent pas, et que je ne sais même pas si je pourrais y entrer.

Le Blind Tiger.

Bien sûr que j’en ai entendu parler. Et à mes yeux, l’attrait de cet endroit me plaît d’autant plus que je n’en ai pas entendu parler parce que je suis le chef la Ruche mais parce que je suis The Son of Flynn, le surnom qui m’a été donné dans le milieu des courses illégales de Brisbane. Problème ? C’est plus compliqué d’être invité à entrer dans le Blind Tiger qu’à un barbeque de Dominic Toretto.

J’en ai l’adresse, où j'ai finalement décidé de me rendre sur un coup de tête après avoir quitté les prémices du BB-8 et de la Ruche. Pour moi, trouver l’indic capable de m’en donner l’adresse était un jeu d’enfant et ça fait déjà un moment que j'hésite à m'y rendre alors que je n'ai pas été invité. Y entrer et plus spécifiquement obtenir le mot de passe actuel pour pouvoir y entrer est une autre paire de manches et je ne suis pas en possession de ce dernier. Un aller et retour à la vitesse réglementaire autorisée devant l’adresse ne me permet qu’une seule chose: me garer à proximité et réfléchir. L’indic m’a déjà informé - averti - que je ne pourrais pas entrer sans le mot de passe, alors je n’essaie même pas.

Ce que je sais, c’est que personne n’ignore le propriétaire de la Dark Horse bleue nuit Dark Knight Rises des courses illégales de Brisbane et que Mickey fait partie de ce cercle exclusif. Quoi qu’il ai décidé de faire de sa nuit j’imagine qu’il n’est pas encore en train de dormir et puisqu’il n’y a pas si longtemps que nous nous sommes dispersés, dans l'habitacle de ma voiture, j'ose envoyer un texto à son téléphone portable:

le Blind Tiger, ça te dit quelque chose ?

Comme un connard - ce que je suis et la première à le savoir tkt - je me retrouve à poireauter dans ma bagnole en tapotant sur les palettes au rythme de la musique que j’écoute pour passer le temps et plus il passe ce temps, plus je sens monter la nervosité. Parce que j’ai envoyé un message à Mickey. Dès lors, la question de savoir si je vais réussir à trouver le moyen d’entrer dans le Blind Tiger est reléguée au second plan: bien que je sois intéressé par cet endroit, le fait de pouvoir m’y rendre m’importe moins que de recevoir une réponse de sa part. C’est cette incertitude plus que celle de pouvoir entrer dans cet endroit qui est en train de me préoccuper car je le crois capable de lire mon message et de me laisser dans le vent comme quand il me dépasse sur la route car nos échanges devraient uniquement concerner les affaires de la Chasse Sauvage, en aucun cas dépasser ce cadre qu’il a lui même fixé: on est plus amis, il ne me doit rien de plus que d’être un bon pilote et garder le secret de nos trafics en bande de conducteurs organisée. J’ai bien essayé de réprimer l’espoir que cette collaboration illégale entre nous puisse nous rapprocher de nouveau mais cette idée est en train de remonter à la surface dans l’attente d’une réponse de sa part et quand j’entends la notification d’un nouveau message reçu sur mon téléphone j’espère qu’il s’agit bel et bien d’une réponse de sa part.

bien possible.

Alléluia est ma première réaction au fait qu’il ait pris la peine de me répondre. Cela me rassure tant que je ne prends pas tout de suite conscience du sous entendu sa réponse. Pendant une minute je suis juste soulagé qu’il ne m’ait pas ignoré ou qu’il ne m’ait pas répondu pour me demander de lui foutre la paix maintenant que la mission est terminée, ou qu’il me demande de me mêler de mes affaires comme nous l’avions convenu. La deuxième minute je la consacre à réaliser qu’il m’a avoué avoir connaissance de l’existence du Blind Tiger. Cette confidence élusive me laisse délibérément en suspend. "bien possible" est une réponse qui ne me surprend pas tant que ça je me dis que s’il à des informations à ce sujet et qu’il reste vague, ce n’est peut-être pas entièrement pour m’emmerder personnellement mais parce que le Blind Tiger est un endroit mystérieux dont les informations au sujet de son existence ne se livrent pas aussi facilement qu’on a réussi à livrer la cargaison du contrat qu’on a effectué ensembles aujourd’hui.

– two minutes later –

bouge pas.

Recevoir ce deuxième message me plonge en pleine confusion. Au moment de le recevoir je réfléchissais à ce que je pourrais répondre à son premier texto pour gratter des informations plus ou moins subtilement mais il me prend de cours. Comment ça "bouge pas" ? Qu’est-ce que cela pourrait vouloir dire d’autre à part qu’il sait où je suis en ce moment même et comment saurait-il que je suis précisément garé près du Blind Tiger ? Si je croyais tomber de haut du fait qu’il ait daigné me répondre, j’ai presque l’impression d’avoir été lâché du haut de la tour infernale d’un parc d’attraction quelconque quand mon regard quitte l’écran de l’appli Telegram - l’infamous app for all kinds of terrorists and messed up individuals que nous utilisons pour communiquer entre personnages impliqués dans des affaires cheloues c’est le moins qu’on puisse en dire - parce que j’observe du mouvement à l’entrée du Blind Tiger.

C’est bien lui qui en sort, ce qui révèle immédiatement qu’il n’a pas menti: plus que "bien possible" non seulement il connaît le Blind Tiger mais en plus de ça il me révèle que lui y a déjà accès en sortant pour venir me rejoindre. Il me connaît trop bien pour vraiment faire comme si on ne se connaissait pas, sait comment je fonctionne à bord de mon véhicule et que les portes sont toujours fermées à moins qu’on doivent y monter ou en sortir: d’un simple signe une fois arrivé à hauteur de ma voiture il me demande de déverrouiller les portes, ce que je fais pour qu’il puisse monter côté passager.

"C'est plus safe comme ça."

J’imagine. Enfin, en pleine confusion donc, en vérité je ne sais quoi penser du fait que Mickey vient de prendre place à côté de moi dans ma voiture pour la première fois depuis mille ans alors que je pensais qu’il y avait une forte probabilité pour qu’il me laisse dans le vent, qu’il y avait une forte probabilité pour que lui non plus n’ai pas plus d’infos au sujet du Blind Tiger que les infos que j’avais moi-même glané dans les rues à bord de nos bolides de course respectifs. What now ? Son regard est aussi fuyant que j’ai essayé de fuir mon envie de reconnecter avec lui à un niveau plus profond que le simple business.

Alors, tu m'expliques ?

Me demande-t-il des comptes une fois installé à la place la plus privilégiée que je puisse attribuer à qui que ce soit la dernière personne à s’y être installée étant Lou. J’attendais que lui m’explique ce qu’il sait du Blind Tiger et éventuellement qu’il m’explique comment il a su que j’en avais trouvé l’adresse et que je m’y étais rendu à l’improviste mais avant que je pose la moindre question, c’est lui qui me fait comprendre que les questions, c’est lui qui posent:

"T'as vu, j'ai pas menti."

Effectivement, abasourdi entre le fait qu’il soit sorti de l’endroit même au sujet duquel je lui posais des questions et le fait qu’il se soit donné la peine de me rejoindre, j’essaie de capter son regard comme si les yeux étaient le reflet de l’âme et que j’ai plus de compétences pour obtenir des réponses en sondant le regard des autres qu’en entendant ce que les gens ont à dire qui ne sont pas nécessairement le reflet de la réalité, n’est-ce pas ?

"Je vois ça."

Et lui s’il me regardait, il verrait de la reconnaissance basée sur le fait qu’il ne m’ai pas basé, ignoré. Basée sur le fait qu’il ait en plus accepté de dévoiler le fait qu’il peut entrer dans cet endroit que je convoite, basée sur le fait que malgré les tensions qu’il peut y avoir entre nous, on se connait plus que lui a envie de revenir sur le sujet de feu notre amitié. Je m’autorise un sourire - timide car il ne va pas lui plaire - car cette dernière à un caractère bien défini: indestructible. Comme nos caractères respectifs. Mickey a été et sera toujours champion de boxe, je suis un champion muni d’une épée. Casse nous sept fois on se relèvera une huitième fois, et neuf, et dix, et onze, et douze, et treize, et ainsi de suite jusqu'à ce que la mort nous sépare.

"J’ai besoin de prendre un verre."

Ma première réponse - superficielle -  à sa demande d’explications à ce que je fais ici. Tout comme Mickey m’a répondu qu’il sait peut-être des choses à propos du Blind Tiger et qu’il en est sorti pour me rejoindre, ma réponse cache des choses qu’il attend que je lui révèle avant que lui puisse révéler le moyen d’entrer là d’où il est sorti. Il est évident que si j’avais besoin de prendre un verre je pourrais le faire dans bien des endroits auxquels j’ai accès: les lieux de consommation ouverts au tout commun des mortels venant, des lieux ouverts à une clientèle exclusive il sait aussi que je peux y avoir accès The Soho House par exemple, ne peut que rêver de m’avoir comme client. Il n’y a rien d'anodin dans le fait d’avoir envie de prendre un verre dans un endroit aussi mystérieux que le Blind Tiger. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il y a tout un établissement dont je suis le patron qui pourrait me servir des verres à volonté gratuitement en plus et c’est là que le bas blesse: autant que je ne sais pas comment Mickey a eu accès au Blind Tiger il ne sait encore pas que derrière le business de la Chasse Sauvage il y a un gang dont je suis à la tête alors que comme dirait Jon Snow: I didn’t want it . Et cette carte - celle de chef de gang - étant donné que notre amitié soit disant indestructible est loin d’être au beau fixe, je n’ai pas envie de la jouer dans l’espoir que cela m’ouvre la même porte de laquelle il est sorti, par mesure de précautions.

"Et de me planquer."

Entrons à pas feutrés dans le vif du sujet. Le besoin d’une planque fiable c’est que j’ajoute pour commencer à lui faire comprendre que je ne peux pas me permettre de faire taire les émotions liées au fait d’être chef de gang n’importe où: je suis surmené, en stress permanent, complètement parano, énervé, armé, toute une recette qui ne peut mener qu’à la catastrophe et à ma propre perte. En l’état dans lequel je me trouve je peux passer du temps à l’église si je veux, les démons qui sont après moi me rattrapent aussi vite que je peux rouler avec ma batmobile. Si ma narratrice en avait les moyens elle se demanderait si elle achèterait la même que moi où la Fastback de son grand père bleu nuit elle aussi et dans laquelle elle a en partie grandit plaque d'immatriculation: 1965 California NPJ371  

"Dans un endroit sûr."

Et certain. Je le précise avec une emphase sur la notion de sécurité. Je suis en sécurité au bar du bowling qui sert de couverture à la Ruche tout comme Los Polllos Hermanos sert de couverture à Gustavo Fring. Judge a book by its cover and I’m going to slash you down into oblivion, MY love.

Bien que je n’en dise rien, le poid de mes responsabilités flotte dans l’habitacle de la Dark Horse et l’atmosphère qui y règne en devient pesante avec l’espoir que sans avoir à en dire vraiment d’avantage, Mickey comprenne que j’ai besoin d’un échappatoire où on me considèrera tel que j’ai besoin d’être considéré: comme quelqu’un qui porte lourd sur ses épaules - la croix pour ceux qui ont pas suivis - quelqu’un qui n’a pas spécialement envie d’en parler.

"J’ai besoin de repos."

Repos entre guillemets. Au sens propre, j’aurais grand besoin de rentrer chez moi et d’aller dormir. Au sens figuré, j’ai besoin d’un endroit où je peux être moi-même - péchés tels que boire plus que de raison inclus et d'autres dont vous ne voulez rien savoir - sans que personne ne vienne me confronter à ce sujet, sans que personne ne sache qui je suis.

"Et de protection."

Solas demande protection, c’est que c’est grave. De la protection, au BB-8 j’en ai et en dehors de la Ruche, je devrais être en mesure d’assurer ma propre protection. Sauf quand je faute et que je laisse mes péchés tels que l’alcool prendre le dessus sur mes sens autrement affutés autant que mon Katana l’est. J'ai besoin de lâcher prise et de pouvoir baisser ma garde sans que ma vie soit en danger.

"J’ai du poids sur mes épaules."

Je le confesse à Mickey qui sait très bien que tout comme la sienne, j’ai une carrure hors normes et que ma vie est pesante. A demis-mots, je confesse qu’en plus de la Chasse Sauvage dont il fait parti qui n’est déjà pas piqué des vers, je suis investi dans des bails qui me rendent complètement fou et dont j’ai besoin de m’échapper parfois, et le Blind Tiger est l'endroit idéal pour ça.