Plusieurs minutes déjà que Zoya s'est éclipsée et qu'il trouve le temps terriblement long au beau milieu de cette soirée masquée, à tel point que Mickey n'a à ce stade même plus l'envie d'arborer le moindre loup sur ses yeux. Jouer le jeu a de toute évidence ses limites et sa motivation ne semble même tenir qu'à un fil lorsque la Lewis trouve le moyen de lui fausser compagnie, laissant un boxeur qu'un rien parvient désormais à ennuyer. Il pourrait passer le temps du côté des jeux d'argent, grand habitué qu'il est de la roulette et de tout ce qu'un casino peut renfermer, mais il faut croire que Mickey n'est là non plus pas franchement d'humeur à s'y frotter. S'amuser semble être pour les autres, une fois de plus, alors que la soirée a pourtant le mérite d'avoir bien commencé avant qu'il n'en soit ramené à sa bonne vieille morosité. Son regard guette alors l'ensemble de la pièce à la recherche d'une Zoya qui daignerait enfin revenir vers lui, seule personne dont il réclame la présence puisque c'est elle, après tout, qui se donne depuis quelques temps pour mission de lui alléger l’esprit. Mickey doit admettre que cela fonctionne quand elle se tient à ses côtés mais dès qu'il se retrouve seul, le refrain n'est pas le même et ses sombres pensées ne sont quant à elles pas loin de revenir le hanter. L'appel de la poudre pourrait lui aussi devenir très fort et il le sait, voilà pourquoi le boxeur aligne des pas de plus en plus nerveux à l'intérieur du casino tout en luttant contre un manque un peu trop présent. Celui de la cocaïne ou de Zoya, il ne sait pas vraiment mais le laisser seul n'était manifestement pas la chose à faire.

Et celle qui paraît tout autant se demander ce qu'elle fiche là, c'est cette jeune femme que Mickey remarque du coin de l'oeil pour la simple raison qu'elle est aussi peu masquée que lui. L'occasion de reconnaître ce visage et cette silhouette sur lesquels ses yeux se sont plus d'une fois attardés, mais aussi de raviver en lui l'amertume d'avoir vu cette ancienne habituée de son bar disparaître un beau jour. Il l'a encore en travers de la gorge, oui, et cela risque fort de s'entendre à sa voix tandis qu'il profite de leur proximité pour se déplacer très légèrement vers elle. « Tiens, une revenante. » Jiyeon est encore vivante, c'est au moins ce que cette soirée lui aura permis de découvrir mais au cas où celle-ci en douterait, il n'est pas forcément le plus heureux de la retrouver ici. « C'est nouveau, t'es blonde toi maintenant. » Elle ne l'était pas dans ses souvenirs, et il ne sait pas s'il aime ou non ce changement chez elle. Peu importe, dirait-il. « Et donc tu désertes les bars pour trainer du côté des bals masqués. C'était plus assez bien pour toi, c'est ça ? » Il remarque en tout cas que Jiyeon n'a pas le moindre verre à la main et il doit avouer que ça l'étonne, pour l'avoir connue très portée sur la boisson autrefois. Lui l'est par ailleurs toujours, en témoigne celui dont il vient de s'emparer sans avoir quelqu'un avec qui trinquer. Qu'importe là encore, sa sobriété n'en sera pas moins vite délaissée. « Remarque, je m'en fiche pas mal. Ça m'arrangerait juste si tu pouvais trainer un peu plus loin. » Et c'est en l'ayant abordée le premier que Mickey se permet cette remarque, parfaitement. La vérité c'est qu'il n'a aucune envie que sa cavalière pour la soirée s'interroge sur la présence de cette blonde près de lui, et peut-être aurait-il mieux fait de ne pas initier cet échange, en l'occurrence.