2013

C'est l'affrontement de l'année d'après les plus grands spécialistes du milieu. Les têtes d'affiche du jour passionnent aussi bien les bookmakers que le public réunis pour assister à cette finale survoltée et sur les épaules du jeune Scar, la pression est totale. Barry lui rappelle l'enjeu de cette soirée dès qu'il le peut, comme s'il pouvait seulement oublier que ce combat est susceptible de changer sa vie. Reconnaissable à sa coupe en palmier, Mickey est déjà unique en son genre mais c'est bien sur ses poings qu'il devra compter cette fois encore pour se démarquer et s'imposer, fort de statistiques pour le moins impressionnantes dans une catégorie qu'il ne cesse de dominer car ses adversaires, jusqu'ici, Reeves n'en a fait qu'une bouchée. Il est le jeune prodige de la boxe, celui dont les débuts professionnels il y a quatre ans seulement font encore parler car si sa carrière n'a pas manqué de décoller de façon fulgurante, c'est parce qu'il a vaincu le vice champion WBA lorsqu'il venait à peine de mettre les pieds dans la cour des grands. C'est là que Scar est né, surnom tout naturellement trouvé à celui laissant de belles balafres à ceux qui se mesurent à ses gants et si ses exploits se sont rarement ébruités au-delà de l'État du Queensland, Barry prédit que ce soir tout pourrait changer. Car ce soir, c'est d'un titre de champion du monde dont Mickey se prend à rêver, et pas moins que ça. Il a travaillé bien trop dur pour ne pas décrocher le titre suprême à l'issue de cette finale, quand bien même son adversaire est annoncé comme particulièrement redoutable sur le papier : Frank « Merciless » Kelly, le sans pitié comme son surnom l'indique et quiconque oserait affirmer que ce combat est joué d'avance ne pourrait pas davantage se tromper. « C'est pas n'importe qui ce gars-là, tu sais. Heureusement que tu m'as écouté et que tu as fait une vraie nuit cette fois. » Le commentaire de son coach lui arrache un sourire car Barry lui a plus d'une fois reproché son rythme, et le fait qu'il ne s'accorde pas toujours le repos préconisé à l'approche d'un combat. S'il est vrai que Mickey n'en fait souvent qu'à sa tête, jamais il ne négligerait sa préparation avant une finale car offrir la victoire sur un plateau à son adversaire, très peu pour lui. « Respire Barry, on dirait presque que c'est toi qu'on attend sur le ring. » Et Mickey s'en amuse tant qu'il le peut encore, loin d'être pour sa part tiraillé par le stress alors qu'il joue sacrément gros, ce n'est pas faute de l'entendre à longueur de journée. Plus sérieux qu'il n'y paraît, le jeune boxeur se conditionne à sa manière et pour se booster comme jamais, c'est en coulisses que Mickey a besoin de faire un arrêt pour y retrouver ses tous premiers supporters.

Ils sont tous là, parés de leurs meilleures banderoles et de leurs plus grands sourires avant de se retrouver aux premières loges tout à l'heure face au ring. Jackson à qui il doit sa découverte de la boxe et toute l'évolution qui a suivi, pour ne pas nommer aussi sa descente aux enfers évitée de justesse. Rachel qui l'a élevé comme son propre fils et qui craignait tant qu'il ne parvienne jamais à faire un bon usage de sa colère. Lashana et Junior, présents eux aussi pour soutenir leur ainé même si le second ne comprend toujours pas ce qu'il peut trouver dans ce sport, ni l'utilité des coupes et des ceintures que Mickey peut collectionner. Et puis August, bien sûr, son allié de toujours qui n'a pas raté un seul de ses combats jusqu'ici et dont le sourire illuminerait à lui seul la pièce en entier. C'est vers lui que Mickey se dirige, quelques minutes seulement avant son entrée en piste alors que bientôt, c'est dans sa bulle que le boxeur devra s'enfermer pour se focaliser sur l'objectif de la soirée. C'est donc sa dernière occasion de recevoir des mots d'encouragement comme de s'imprégner du soutien de ceux croyant en lui. « Si tu souris comme ça maintenant, qu'est-ce que ce sera quand je vais gagner, hein ? » questionne-t-il à l'attention d'August, prenant au passage le risque de parler de sa victoire au futur et non au conditionnel tandis qu'il entoure son meilleur ami de ses larges bras. Sa présence est essentielle au même titre que celle de sa famille, et c'est aussi bien pour lire la fierté dans leurs yeux que pour ne pas décevoir Barry qu'il se jure de décrocher de fichu titre. « Mon coach est tendu comme un string, j'ai presque peur qu'il nous fasse une syncope à ce rythme. » Un rire franc lui échappe, conscient pourtant des sacrifices que Barry a pu faire pour lui et bien sûr, si la victoire doit être sienne tout à l'heure, Mickey ne manquera pas de lui dédier celle-ci. « Je compte sur toi pour retenir Rachel si elle tourne de l'œil aussi, tu sais qu'elle est un peu fragile. » August n'est autre que le petit protégé de sa grand-mère alors il ne doute pas qu'elle sera assise à ses côtés ce soir, ne pouvant même pas rêver d'un meilleur tableau pour le motiver. « Et si Junior se plaint encore qu’il trouve le temps long, ignore-le. » il reprend en formulant ces mots d'une voix un peu plus mesurée pour que son frère ne puisse pas les entendre, ce dernier trouvant toujours un moyen de juger ce qu'il peut entreprendre. Que cela lui plaise ou non, il devra bientôt composer avec un champion du monde dans la famille et tant pis si ça ne représente strictement rien pour lui. « Je suis tellement content que tu sois là putain. » Mickey ajoute, reprenant une nouvelle fois August dans ses bras alors que son frère de cœur l'a toujours bien plus soutenu que son frère biologique, quelle ironie. Avec le Constantine dans le public, il sait déjà où il viendra puiser son énergie pour terrasser Kelly.


@Jackson Mills tu as droit à ton petit tag aussi parce qu'il n'y a pas de finale sans le cousin dans les parages

Du coin de l’œil, son mentor lui fait déjà signe de ne pas trop s’éterniser en coulisses car dans une poignée de minutes, c’est sur le ring que Mickey devra briller avec l’objectif de décrocher son plus grand titre. Barry peut être dur parfois, le genre d’homme dont on dit même qu’il ne rigole que quand il se brûle, mais le jeune et incandescent Mickey a besoin de cette discipline sans laquelle cette finale n’aurait jamais pu exister avec lui. C’est parce que son coach a fait de lui un véritable athlète et un champion dans sa catégorie qu’il a évité les ennuis que l’on sait, promis à un destin nettement plus sombre s’il n’avait pas trouvé son salut dans la boxe sur l’impulsion de son cousin lorsque tous les voyants étaient encore au rouge. Les drogues et tout le reste, c’est terminé. Mickey a après tout la plus grande des carrières devant lui, pourquoi irait-il donc tout gâcher ? C’est de la fierté qu’il veut voir scintiller dans le regard de ses proches et certainement pas autre chose, tout comme faire sourire August aussi grandement n’a tout simplement pas de prix pour lui dès lors que son meilleur ami le voit déjà sacré. « Je vais jubiler et sauter de joie. J’ai déjà mis la bouteille de champagne au frais, elle n’attend qu’à être ouverte. » Et elle sera ouverte cette fichue bouteille, c’est autant une promesse qu'il voudrait lui faire qu’une chose qu’il veut personnellement se jurer, perdre ce soir n’étant pas une éventualité qu’importe la robustesse de son adversaire. Le défi n’en sera ainsi que plus grand, et la victoire encore plus belle. Et des réserves de bouteilles, nul doute que Barry a dû en faire lui aussi quand bien même il semble surtout frôler le malaise, à cet instant. « Il en fera forcément une parce que tu vas le remporter ce titre. » L’émotion ne tardera pas à gagner son mentor en cas de victoire, c’est une certitude car Barry mise énormément sur son protégé après l’avoir littéralement sorti de la rue. Combien de fois a-t-il répété à Mickey qu’il était une pépite et que des poings comme les siens ne pourraient l’amener qu’au sommet ? Ce sera le cas ce soir s’il ne fait qu’une bouchée de Frank Kelly, dont le palmarès est par ailleurs bien loin d’impressionner le jeune Reeves. Il n’a déjà plus vraiment les pieds sur terre et c’est bien ce qui le différencie de son coach, un peu trop conscient du monstre qui sera sous peu son concurrent. « Regarde-le, je l’ai jamais vu pâle comme ça. Et si je vais lui parler, je sais déjà qu’il me dira de ravaler ma salive et de rester concentré. » L’heure est après tout à la préparation mentale comme physique mais Mickey puise l’énergie dont il aura besoin auprès de sa famille et de son meilleur ami, certain que leur soutien le portera durant ce combat et que ses poings feront le reste. « Je peux me dévouer en attendant et aller lui faire un petit massage des épaules pour le détendre, si tu veux. » Il rend son sourire à August, bien loin de conseiller en vérité à celui-ci de se frotter à un Barry aussi nerveux. Le mieux est encore de le laisser décompresser dans son coin, avant qu’il ne soit lui aussi amené à donner de la voix comme tous les autres autour du ring. Et Rachel n’y manquera pas elle non plus, même si Mickey craint toujours que l’effervescence du moment puisse avoir raison d’elle. Elle n’est plus toute jeune, et il lui a déjà fait bon nombre de frayeurs. « Elle appréhende un petit peu mais je lui ai dit que c’est de toi dont il était question et qu’il n’y avait pas de souci à se faire. » August a sans doute épongé une partie de son appréhension et il apprécie que son frère de cœur prenne le temps de rassurer sa grand-mère, car ce n’est sûrement pas Junior qui s’en donnera la peine. « Je crois que j’ai réussi à la détendre mais, ne t’en fais pas, je vais rester à ses côtés tout le long du combat à veiller sur elle. » C’est un tendre sourire que cette image lui inspire, celle d’un August plus soudé que jamais à Rachel dont il n’entreprendra pas un seul instant de s’éloigner. Leur dévotion pour Mickey n’est depuis le temps plus à prouver, au même titre que leur merveilleuse complicité. C’est un peu comme si Rachel avait aussi adopté le Constantine, après tout. « Vous serez les meilleurs supporters ensemble, comme toujours. Et je sais qu’elle a vraiment envie de vivre tout ça avec toi. » C’est une chose qu’elle n’a même pas besoin de lui dire tant cela se devine, et Mickey ne pourrait pas mieux appréhender son combat qu’en voyant ses proches d’ores et déjà vibrer pour lui. Tous, à l’exception d’un Junior dont l’intérêt ne se trouve pas vraiment dans cette loge avec eux car que Mickey gagne ou perde ce soir, il n’en aura pas grand-chose à faire. « C’est préférable, en effet. » L’ignorer est encore la meilleure chose qu’ils puissent entreprendre l’un et l’autre car Mickey ne veut rien d’autre que de bonnes ondes, et ce n’est pas du côté de son frère qu’il risque de les trouver. August peut de toute façon y croire pour deux, c’est même en cela que sa présence lui est aussi précieuse. « Je ne pourrais pas être ailleurs, tu sais que je ne manquerai ça pour rien au monde. » Et Mickey, lui, n’aurait pas pu concevoir cette finale sans son meilleur ami aux premières loges pour lui hurler de dégommer Kelly. C’est aussi pour lui qu’il ira décrocher ce titre, le plus prestigieux qu’il lui soit aujourd’hui donné de remporter à l’aube de sa vingt-quatrième année. « Si tout va bien, toi et moi on ira bientôt acheter une nouvelle étagère pour mes coupes et mes ceintures. » Ses médailles aussi, celles-ci prenant une place considérable sur les murs de sa chambre. Il ne manque plus qu’un titre de champion du monde des poids moyens pour compléter sa collection, et August s’assure en un regard qu’il n’en soit pas autrement ce soir. « Je crois en toi, Mick’, ce titre il est pour toi et personne d’autres. Fais-lui voir de quel bois tu te chauffes à ce Merciless de mes deux. » Frank Kelly ne sera pas simple à vaincre mais Mickey a plus de rage en lui qu’il ne doit pouvoir en encaisser, prêt à déferler sur le ring comme une véritable tornade pour le détruire. Un KO ou rien, voilà ce qu'il se prend à viser. Le jeune Reeves frappe alors sur son torse avec entrain, l’air de dire que son concurrent n’est pas prêt pour tout ce qu’il lui réserve. « Compte là-dessus. Il va mordre la poussière, je l’ai promis à mon père alors j’ai pas d’autre choix que de gagner maintenant, sinon de quoi j’aurais l’air ? » Et dire que dans quelques années, Mickey fera un tabou de ce père qu’il désire rendre fier depuis le ciel. Pour l’heure, il est encore capable d’en parler sans être rudement confronté à son deuil mais il n’aura pas le temps d’y songer davantage, pas alors que son combat le plus important l’attend et que Barry montre déjà des signes d’impatience. « Défonces tout, champion. » Front contre front, c’est un dernier regard que les amis échangent et une dernière promesse, aussi, que Mickey lui adresse. « Juré. Et.. August ? » Tandis que son destin l’appelle, Reeves s’éternise auprès du Constantine pour quelques secondes supplémentaires qui changeront peut-être tout. « Embrasse mes gants, ça me portera chance. » Non pas qu’il ait réellement besoin de celle-ci, mais c’est surtout un bout de son meilleur ami que Mickey souhaite emporter avec lui sur le ring. C’est officiel : il faut y aller et Barry l’entraîne sans attendre hors de cette loge, bien décidé à profiter des tous derniers instants pour le recadrer. Ses conseils sont alors les derniers que Mickey assimile avant la fameuse montée, plus impressionnante qu’elle ne l’a jamais été.

« Vas-y champion !!! » Les commentateurs sont aussi exaltés que le public dont les cris retentissent avec ferveur à l’arrivée des deux concurrents sur le ring, car tout le monde sait déjà que les murs de l’arena vont trembler. On annonce dès lors le grand duel de cette finale : Frank « Merciless » Kelly contre Michael « Scar » Reeves, acclamés l’un et l’autre avant que les choses sérieuses ne débutent très vite. Mickey balaie une dernière fois la salle du regard, captant aussi bien les encouragements de son coach que ceux de ses proches, même s’il ne peut pas se permettre de s’y attarder au risque de perdre de vue son unique objectif : dérober à son adversaire toute chance de victoire et assurer ainsi son plus gros titre. Les deux boxeurs paraissent prudents en ce début de combat mais ce n’est qu’une illusion car bientôt, chacun démontre une approche différente dans cette compétition. Kelly boxe sobrement mais avec efficacité, quand Reeves se montre plus puissant mais pas moins appliqué. Il contre chaque attaque et délivre ses frappes avec précision et sang-froid, sans trembler face à la montagne qui se dresse devant lui car Mickey ne demande même qu’à s’y frotter, lui. Le rythme du combat s’avère déjà effréné, au point de ne pas laisser respirer grand monde dans la salle, et Kelly parvient à contrôler les attaques fougueuses et bouillonnantes de son rival… pour quelques temps toutefois. Car face à lui Reeves impressionne par sa hargne, son énergie et ses réflexes lui conférant l’avantage tandis qu’il esquive et bloque tout ce qu’il peut avec ses gants, sans oublier de placer ses meilleurs coups. Son crochet droit est si bien amené qu’il envoie son adversaire au tapis pour la première fois de la soirée, mettant ensuite en échec les offensives de Kelly en les contrant sans flancher. Son mental de champion fait de lui le favori d’après les premiers pronostics tandis que Mickey ne tempère pas ses ardeurs, plaçant un direct du bras arrière qui sonne son adversaire et offre à cette finale des images déjà mémorables. S’il ne fait aucun doute que Kelly ne démérite pas, c’est bel et bien Reeves qui domine ce premier round avec un score de 4/1, en se montrant plus que jamais à la hauteur de l’enjeu. Deux rounds à venir encore, et déjà une victoire que certains se plaisent à lui attribuer par principe. Barry est quant à lui un peu plus sur la réserve, craignant que son combattant ne s’épuise et parce qu’il ne faudrait pas non plus enterrer Kelly trop vite. Sur le papier, en tout cas, il ne reste déjà pas grand-chose du soi-disant sans pitié.

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Il n’est heureusement pas doté d’une boule de cristal Mickey, car rien ne lui ferait plus de mal que de savoir ce que deviendra son amitié avec August d’ici quelques années. Pour l’heure, il est encore cet allié que le boxeur a le sentiment d’avoir toujours eu à ses côtés, présent pour l’encourager sur ses premiers combats bien avant qu’il ne soit question du moindre titre de champion. August a toujours cru en lui, parfois même plus que sa propre famille, et Mickey n’a qu’à plonger dans son regard pour y lire qu’il est déjà son champion à lui, qu’importe la tournure que devra prendre la finale de ce soir. C’est dans de tels moments qu’il réalise que cette vie-là aurait pu ne jamais être la sienne s’il n’avait pas suivi les conseils avisés de Barry, en préférant à la place poursuivre sa lente dérive comme ce qui était originellement écrit pour lui. Sans les grandes ambitions de son coach et l’indéfectible appui de son meilleur ami, Mickey chercherait sûrement encore un sens à cette colère qu’il peut aujourd’hui transformer en réussite, et cela en brillant à chaque fois un peu plus sur le ring. De quoi alléger aussi les soucis de Rachel en lui montrant qu’il sait enfin à quoi il aspire, et qu’elle n’a ainsi plus à s’inquiéter de le voir aussi férocement se détruire. Son frère dirait que ses addictions ne seront jamais loin mais Mickey entend bien démontrer le contraire en poursuivant glorieusement sa route dans le monde de la boxe où bientôt, le jeune Reeves revendiquera peut-être même le statut de légende. Et avec des supporters comme sa grand-mère et son plus fidèle ami, il ne peut que croire à la puissance du soutien qui le portera ce soir. « Je vivrai ces instants avec personne d’autre qu’elle. Rachel, c’est mon âme sœur, tu sais. » Comment en douter alors qu’August et Rachel sont comme les doigts d’une seule main, soudés au point que le Constantine semble avoir été adopté par les Reeves. Le petit protégé de sa grand-mère en mérite bien le statut aux yeux de Mickey, conscient que ces deux-là sont inséparables et rassuré de savoir que si l’un de ses combats devait un jour tourner mal, August serait en mesure de veiller sur elle. Les âmes sœurs, il n’y a jusqu’ici jamais cru mais si celles-ci existent, il ne fait aucun doute que leur relation les illustre. « Juste, je suis pas né à la bonne époque. » Son rire fait écho à celui du Constantine avant qu’il ne vienne couver Rachel d’un regard prévenant, bien loin de réserver le même traitement à son frère en revanche car avec lui, Mickey n’est plus capable de faire semblant. Il restera avec Jackson ce soir, le seul que Junior ne dénigre pas par principe mais s’il ressentait finalement l’envie de partir, ce n’est pas lui qui s’empresserait de le retenir. Ce n’est de toute façon pas pour son frère que Mickey ira décrocher la victoire, réaliste quant au fait qu’il n’en sera même pas fier car si ses coupes et ses ceintures ne sont jamais parvenues à l’émouvoir, qu’est-ce qu’un titre de champion du monde pourrait donc y changer ? Une récompense de plus pour le boxeur qui ne saura bientôt plus où les entreposer, au rythme où ces choses-là peuvent aller. « Ce serait un honneur, bro’, que de t’accompagner chez Ikea pour te trouver cette nouvelle étagère pour ton titre de ce soir. » C’est déjà fait si on se fie aux paroles de son meilleur ami, ce titre est techniquement déjà le sien alors Mickey peut remballer son si tout va bien, lui-même convaincu d’anéantir son concurrent ce soir. « T’es le meilleur, tu le sais ça ? » Il ne doutait pas de sa réponse, pas plus qu’il n’est surpris par les mots d’August au sujet de son père, que le boxeur s’est juré de rendre fier. Si quelqu’un peut le comprendre c’est certainement lui, et chaque jour qui passe fait un peu plus regretter à Mickey que Clancy n’ait pas eu le temps de connaître le Constantine. Nul doute qu’il l’aurait adoré, lui aussi. « Tu peux être sûr qu’il veille sur toi de là où il est et qu’il est fier. » C’est bien son souhait le plus cher, espérant que de là-haut son père goûte au plus serein des repos tout en appréciant celui que son fils devient. Un battant prêt à tout pour tracer son propre destin et pour faire retentir comme il se doit le nom Reeves, quand bien même il n’y aura jamais qu’un seul héros dans cette famille. Sa dernière volonté avant de monter sur le ring consiste à tendre ses gants vers August pour que celui-ci lui porte chance, comme une bonne étoile qui l’accompagnera tout au long de son combat. « Je t’aime, bro. » Ces mots-là sont déjà forts quand ils lui sont adressés en temps normal mais à quelques instants d’écrire une toute nouvelle page de son histoire, Mickey est touché au cœur comme il l’a rarement été. « Allez viens là. » Elle n’était pas prévue cette étreinte, il doit même se défaire de Barry pour prendre une dernière fois August dans ses bras et même si le soupir de son coach est bruyant au possible, ça ne l’empêche pas d’en profiter jusqu’à la dernière seconde. Cette fois Mickey lève son poing en l’air avant de le porter à son cœur, signe que le Constantine s’y trouvera ce soir.

Le premier round lui appartient, marquant aussi bien sa dominance que son aisance mais les deux qui suivront peuvent encore redistribuer les cartes, Mickey ne doit donc sous aucun prétexte baisser sa garde. Et c’est tambour battant qu’il attaque le second round, porté par une détermination qui n’a certainement pas faibli tandis que face à lui, Frank Kelly tente une remontée susceptible de porter ses fruits. Mickey laisse alors venir son adversaire pour le contrer avec agilité, économisant son énergie par moment mais jamais bien longtemps car le moindre manque de vigilance peut être fatal, même avec une telle avance. C’est cette dernière que Reeves ne veut pas perdre, esquivant alors un crochet droit et quelques coups plus confus avant que sa riposte ne se fasse pas attendre. Kelly est touché par son uppercut droit et manque d’y perdre son équilibre, les commentateurs s’accordent quant à eux sur le fait que Reeves enfonce le clou et ce n’est alors pas une surprise s’il ressort avec l’avantage, cette fois encore. Son temps de récupération dans un coin du ring n’est pas une raison pour perdre sa concentration alors Mickey reste aussi focus que silencieux, ne prêtant même qu’une oreille aux paroles de son coach. « Continue comme ça sans rien lâcher, okay ? Il est à bout, t’as de quoi l’achever pour la décrocher, cette foutue coupe. » Il ne reste en effet que des miettes de son adversaire au moral miné par ces deux rounds perdus, comme si la victoire était déjà garantie au volcanique Reeves. Et même si plus personne ne doute vraiment de l’issue de cette finale, Mickey compte bien offrir jusqu’au bout un véritable show en éclaboussant toujours plus le combat de toute sa rage. Il domine le dernier round, bien sûr, rendant Kelly de plus en plus impuissant face à lui. Si son concurrent ne renonce pas, il est à présent acté que Reeves est intouchable et ce n’est alors pas qu’une suite logique et attendue des choses si son concurrent démontre de sérieux signes de fatigue. Kelly manque même d’y perdre son protège-dents, déstabilisé par une droite et un crochet gauche que Mickey signe à la dernière reprise. C’est presque une faveur qu’il lui fait de ne pas l’envoyer au sol, Kelly n’ayant pas besoin de ça pour s’incliner face à plus fort que lui alors que Reeves place ses dernières cartouches pour assurer la victoire et un titre. Le sort en est scellé, les deux concurrents n’ont pas démérité mais le favori du premier round ne l’était pas pour rien, tout le monde en est témoin. Pas de KO mais une performance qui restera dans les mémoires, rendant alors le verdict d’autant plus évident. « Sur décision unanime de nos juges tombés d’accord sur une victoire elle-même indiscutable, veuillez applaudir le nouveau champion du monde des poids moyens, Mickey « Scar » Reeves ! » L’arbitre le déclare grand vainqueur de ce combat sous la ferveur d’un public comblé par le spectacle, plus que jamais au rendez-vous au cours de cette finale. Mickey reçoit alors sa toute nouvelle ceinture décernée par la WBA, brandissant fièrement celle-ci sans réaliser totalement tout ce qu’elle entraînera pour lui. Il joue maintenant dans la cour des grands, écrasant le vice champion du précédent titre et montrant à qui en doutait encore que la relève est assurée, et la légende désormais créée. « Vos premiers mots de champion ? » – « La prochaine fois, je le ferai par KO. » Et c’est tout ce que Mickey consent à formuler dans le micro de l’arbitre, un champion dont la soif de victoire reste manifestement grande mais qui, avant tout, a besoin de se ressourcer auprès des siens. Peut-être qu’ainsi, au moins, il gardera les pieds sur terre. « Je l’ai fait putain ! » il s’écrie en bondissant hors du ring pour sauter dans les bras de ses premiers supporters, son meilleur ami en tête de liste. « Mate un peu cette ceinture, elle pèse une tonne ! Mohamed Ali et Mike Tyson l’avaient aussi gagnée, celle-là. » Dans la catégorie des poids lourds, certes, mais ils n’en sont pas moins des dieux que Mickey vénère depuis toujours, terriblement fier de pouvoir dire qu’à son tour, il a touché le sommet. « Dis-moi que Rachel s’est pas évanouie au moins. » il reprend dans un rire un peu plus nerveux, incapable de percevoir sa grand-mère dans l’agitation du moment mais certain qu’August a su en prendre le plus grand soin.

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