It's good to see you again!

Dean & Matteo

Le week-end a été plutôt mouvementé. J’avais Cami avec moi. Ce sont les moments que j’aime le plus dans ma semaine, avoir ma fille avec moi. Pourtant, je dois dire que j’ai été assez heureux de la déposer à nouveau chez sa maman ce matin. Je l’aime plus que tout au monde, mais je ne suis pas encore habitué à être papa. Je ne sais pas toujours tout gérer. Cami a été grognon tout le week-end et elle n’as pas beaucoup dormi. Cleo m’avait prévenu, elle a des dents qui sont en train de sortir et cela lui fait mal. J’ai tout fait pour la soulager, mais comme je ne suis pas habitué à tout cela, j’ai eu l’impression d’enchaîner les échecs. À un moment, ma fille hurlait et ne cessait de réclamer sa mère et j’ai failli craquer. Je me sentais incapable et je ne savais plus quoi faire. Heureusement, ma sœur à décider de nous rendre visite à cet instant précis et je dois dire qu’elle nous a sauvé la vie. Je ne savais même pas qu’il fallait donner quelque chose de froid aux bébés pour qu’ils puissent le mettre à la bouche et soulager leur gencive douloureuse. Heidi est restée un long moment à m’aider avec ma fille et lorsque cette dernière a finis par s’endormir, on a pu discuter un petit peu tous les deux. Je crois qu’Heidi avait besoin de se confier un peu. Je vois bien qu’elle est assez perturbée depuis quelque temps et je me doute que cela à avoir avec le retour de Dean en ville. Elle m’en avait déjà parlé, il y a de quelque temps, mais on a pu en discuter encore une fois et je crois que cela lui a fait du bien. J’étais tellement heureux de pouvoir passer du temps avec elle que j’ai même finis par l’inviter à dîner. Elle m’a encore donné de précieux conseils pour prendre soin de ma fille et j’ai fait de mon mieux pour la rassurer en ce qui concernait son ex compagnon. Je ne suis pas le meilleur quand il s’agit de donner des conseils matrimoniaux, mais pour Heidi, je serais capable de faire n’importe quoi. Le week-end a donc été assez mouvementer et après avoir déposé ma fille chez Cleo, la seule chose dont je rêve, c’est d’un bon café. Un café noir et une petite pâtisserie, ce serait parfait. C’est pour cela que je prends la direction du Death Before Decaf. Je ne travaille pas avant plus tard dans l’après-midi et je compte bien profiter de cette matinée de libre. Ne voulant pas prendre ma voiture, je la laisse garer devant le garage et me décide à faire le reste du chemin à pied, cela ne me fera pas de mal.

Il fait un peu frais aujourd’hui et je regrette de ne pas avoir pris un pull un peu plus chaud. Je me fais toujours avoir avec la météo. Le soleil brille tellement que l’on pourrait croire qu’une petite veste est amplement suffisante, mais il ne faut pas oublier que l’on est en hiver. J’accélère donc un peu le pas afin d’arriver plus rapidement au café. C’est cinq minutes plus tard que je passe le pas de la porte. L’endroit est quelque peu bondé et cela ne m’étonne pas. Ce café est toujours pleins en même temps, ils servent les meilleures boissons de la ville. Je prends ma place dans la file et remarque un homme juste un peu devant moi. Son visage me dit quelque chose, mais je serais incapable d’expliquer ou j’ai bien pu le voir auparavant. Je n’y fais pas plus attention et commence à regarder le présentoir à gâteaux afin de faire mon choix. Je suis en plein doute entre un muffin et un brownie, lorsque je sens un regard sur moi. Il s’agit de l’homme que j’avais remarqué tout à l’heure. On se regarde pendant un instant lorsque tout me revient d’un seul coup. « Dean ? Dean Maguire ? » dis-je un peu hésitant. Je me souviens de lui par ce qu’Heidi a pu me raconter, mais je n’ai pas revu son visage et ma mémoire me joue encore des tours, alors je préfère m’assurer que je ne fais pas de bêtises. « T’es vraiment de retour alors ? »  

Le vent frais frôlant la peau de Dean aurait sans doute pu le réveiller de quelque peu. Seulement, ce jour-là, ce fut loin d’être le cas. Le jeune Irlandais avait dû, ce matin-là, se réveiller assez tôt pour se rendre dans les périphéries de Brisbane, afin de rentrer une nouvelle clientèle rencontrant un souci avec son entreprise familiale. A première vue, ce n’était qu’une petite affaire sans importance, que Dean aurait pu caser en fin de journée dans son emploi du temps, juste avant l’heure de l’apéro, histoire de négliger l’affaire. Seulement, pour son patron, c’en avait été tout autrement. Il était assurément impossible de passer à côté de cette affaire, puisque la cliente était doté d’un large réseau social. Représenter cette personne était alors, pour Dean, une opportunité d’amener un nouveau client et de faire connaître les droits pour lesquels il se battait depuis son arrivée à Brisbane.

Seulement voilà, ce que cela pouvait être pénible de se lever si tôt ce matin-là, de se taper presque une heure de route pour rencontrer la femme qui ne faisait que cancaner à tout va et, en prime, avoir une gueule de bois suite à une soirée trop arrosée la veille. Les cernes se marquaient sur le visage du jeune homme, mélangé entre la fatigue et l’énervement. Revenir à Brisbane lui donnait l’impression que sa journée était déjà terminée, mais il n’était même pas les dix premières heures matinales. Baillant fortement et essayant tant bien que mal de prendre un grand bol d’air malgré cette cravate qui le serrait comme une laisse, il se dit qu’un petit crochet dans un café ne serait pas une mauvaise idée, puisqu’il était de passage à Logan City. Que connaissait-il de ce quartier, lui qui n’était même pas à Brisbane depuis une année entière ? A part le parc dans lequel il aimait encore courir tous les matins et le complexe sportif qu’il fréquentait à ses heures perdues, on ne pouvait pas dire qu’il y connaissait grand-chose. Même au niveau de ses fréquentations, seul son ami Matt McGrath se trouvait là, dans une maison assez sympathique et surtout pratique pour y faire de grosses fêtes.

Mais s’il y avait bien une chose à connaître sur ce quartier était le Death Before Decaf. C’était là l’un des meilleurs cafés où rien que l’odeur pouvait éveiller les papilles gustatives. Pour le jeune avocat, c’était notamment l’occasion rêvée de faire une pause, de prendre un café pour se réveiller un minimum mais aussi pour taper un compte rendu sur la rencontre de ce jour, via l’ordinateur qui se trouvait dans sa valisette, afin d’en informer son supérieur et ses collègues. Un énième bâillement franchit la barrière de ses lèvres et, cette fois-ci, il mit poliment sa main devant sa bouche pour tenter d’être discret. Au même moment, ses yeux se posèrent sur un visage familier, beaucoup trop familier que pour passer à côté. En face de lui, dans la file également, se tenait bien droitement Matteo Hellington. « Dean ? Dean Maguire ? ». Bon, Matteo l’avait reconnu, c’était au moins cela. Il n’allait pas paraître comme le mec inconnu alors que pendant des années, il avait déjà au bras de sa sœur. « Tiens, Matteo… » murmura-t-il d’un sourire gêné. Il se sentit devenir aussitôt nerveux, avant que ledit Matteo ne poursuive : « T’es vraiment de retour alors ? ».

Quelle question malaisante aux yeux du jeune homme ! Ainsi donc, la rumeur avait fait le tour du cercle d’Heidi. Quel culot avait-elle eu de sans doute tout raconter à qui voulait l’entendre, que Dean était de retour, qu’ils avaient tous les deux eu une discussion et que, une fois encore, elle avait fui avant de lui donner des explications concrètes. Le voilà à présent face à face avec Matteo. Allait-il lui coller une droite, pour une quelconque raison que Dean ignorait encore ? « Comme tu peux le voir ! Et toi aussi, visiblement ! » avait-il fini par lâcher sur un ton ironique, sa spécialité lorsqu’une situation le mettait mal à l’aise. Quel con ! Dire ça à quelqu’un de pas-si-mort, c’était comme prendre le plat soi-même pour mettre ses pieds dedans. Il afficha un sourire gêné, sachant que Matteo le connaissait depuis assez longtemps pour savoir que ça lui avait échappé. Entre-temps, la serveuse lui tendit un café à emporter quelconque, qu’il attrapa avant de donner une petite tape sur l’épaule de Matteo : « En tout cas, c’est bon de te revoir vieux ! ». Son sourire fut sincère. Finalement, il avait pas mal de choses en commun avec lui et voir qu’il avait bien voulu lui adresser la parole paraissait une bonne chose. Au moins, Heidi n'avait peut-être pas encore réussi à remonter toute sa famille contre lui. « Allez, tu as bien cinq minutes pour qu'on se pose ici tous les deux, non ? » lui dit-il avec tellement d'entrain qu'il aurait été difficile de lui refuser, tout en lui montrant une table basse non loin du comptoir. Ils avaient des tas de choses à se dire, d'après lui.

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Dean & Matteo

Il n’y a rien de mieux qu’un bon café pour continuer cette journée. Je ne suis pas du genre à abuser de la caféine. J’aime cela, mais pas au point d’en boire des litres durant ma journée. J’ai déjà assez de problèmes pour dormir alors si on rajoute une overdose de caféine par-dessus, autant dire que je ne fermerais même plus l’œil. Pourtant, de temps en temps, j’aime prendre le temps de déguster une bonne tasse de ce liquide noir. Des cafés, il y en a tout un tas en ville, a tous les coins de rue même, mais le meilleur restera à jamais celui de McGrath. Je ne porte pas spécialement le jeune homme dans mon cœur, mais je ne peux pas lui renier cela. Il vend les meilleures boissons dans ce coin de la ville et je dois dire que je ne crache jamais sur les pâtisseries proposer également. C’est donc afin de palier à mon niveau de fatigue que j’entre dans le café. Il y a un peu de monde, mais rien d’insupportable et je me mets donc dans la foule observant par avance le présentoir. Je suis en pleine hésitation lorsqu’en relevant la tête, je croise un visage plutôt familier. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive depuis mon retour. Il ne se passe pas une journée sans que j’aie l’impression de croiser quelqu’un qui aurait pu faire parti de mon passé. C’est souvent très déstabilisant, parce que j’ai encore tellement de trou dans ma mémoire que parfois, je me trompe et je pense connaître une personne alors que ce n’est pas le cas. Pourtant, ce visage-là, ce visage, je suis persuadé que je le connais. Il ne me faudra que quelques secondes pour associer un nom à ces traits familier. Dean. L’ex petit ami de ma sœur. L’homme que j’ai passé des heures à détester, je le détestais tellement au départ. Puis il est resté dans le coin, il s’est accroché de toutes ces forces et il a bien fait. Je ne suis pas sûr de me souvenir de tout le concernant, mais je sais que l’on était proche. Il semble assez surpris de me voir ici, presque déstabiliser même. « Tiens, Matteo… » L’espace d’un instant, j’hésite a en dire plus. Il n’a pas vraiment l’air heureux de me voir sur le coup. Et comme un idiot, je pose une question tout ce qu’il y a de plus déstabilisante. J’aurais mieux fait de me taire, surtout que je ne supporte pas que l’on me dise une chose pareil. Je me sens quelque peu mal à l’aise et commence a balancer mon poids d’une jambe à l’autre. Pourtant, Dean ne semble pas plus déstabiliser que cela et me lance sans aucun détour. « Comme tu peux le voir ! Et toi aussi, visiblement ! » Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres alors qu’il semble lui-même surpris de ces paroles. Au moins, on arrive à rire de tout cela. C’est déjà un bon début après tout. « Eh ouais… Pas si mort que cela au final. » dis-je tout en secouant quelque peu la tête. Je crois qu’il va falloir que cela commence à devenir une blague. Tout le monde me pensait mort et au final je suis bel et bien vivant. On pourrait presque croire à un scénario de série B non ? Je sais que mon histoire est assez folle, et même si cela est parfois douloureux aujourd’hui encore, je préfère en rire avec Dean plutôt que de commencer à l’engueuler. « En tout cas, c’est bon de te revoir vieux ! » Je sursaute quelque peu à sa main qui s’abat sur mon épaule, n’aimant toujours pas le contact depuis mon retour. Je me recule quelque peu, mais garde un sourire sur les lèvres pour ne pas paraître trop froid à son égard. J’ai juste beaucoup de mal avec les gestes brusques et surtout que l’on me touche sans prévenir. Parfois, j’ai des réflexes un peu violent à cause de cela et je n’aimerais pas que cela se produise en public. Je contrôle ma réaction et tout ira bien. « Allez, tu as bien cinq minutes pour qu'on se pose ici tous les deux, non ? » « Ouais, bien sûr, je vais juste me commander un café. » Je souris et me tourne vers la serveuse qui attendais ma commande. Je lui dicte rapidement et me mets sur le côté pour ne pas rester dans la file. Il ne faudra que quelques minutes pour que l’on me tende une tasse en carton accompagne d’un petit sachet qui renferme mon muffin. Je me tourne à nouveau vers Dean et le suis afin de prendre place à ses côtés à l’une des nombreuses tables présente dans l’échoppe. « Ca me fait plaisir de te revoir également, tu sais. J’aurais jamais cru. » Quand Heidi m’a fait savoir qu’elle avait rompu avec le jeune homme, je pensais ne jamais le revoir dans le coin. Visiblement, il a décidé de revenir faire un tour parmi nous et surtout d’entrer en contact avec ma petite sœur. J’ai promis à Heidi que je ne me mêlerai pas de tout cela, mais je ne peux m’empêcher de faire mon curieux. « Heidi m’a dit que tu étais de retour, c’est… Enfin, c’est pour ça que j’ai dit ça tout à l’heure. » Je ne veux pas paraître indélicat et il avait semblé surpris de ma remarque. « Je vais pas m’en mêler promis. J’essaye de pas jouer le grand frère protecteur, je te jure. C’est dur, mais j’essaye. » J’ai toujours été ultra protecteur avec ma petite sœur et cela n’es pas prêt de changer, mais je ne veux pas me mettre entre eux deux, plus maintenant. « Comment tu va depuis tout ce temps ? Fin pas que je me rappelle la dernière fois qu’on, ce soit vu. » Autant continuer à faire de l’humour sur ma situation après tout.  

Le jeune Irlandais avait bien senti la réticence du jeune homme lors de sa tape sur l’épaule, il avait tout simplement décidé d’ignorer cette réaction. Avait-il été trop amical avec lui ? Que pensait-il, qu’il allait le frapper ? « Ouais, bien sûr, je vais juste me commander un café. »

Par chance, les quelques minutes à attendre le retour du café de son ami ne furent pas longues. En voyant la commande arriver, Dean eut même une once de regret : lui aussi, il aurait dû prendre un truc à grignoter en même temps que son café. Mais d’un autre côté, il n’avait pas encore eu l’occasion de faire son petit jogging aujourd’hui, n’allait-il pas un peu de poids à perdre ? Tout en essayant de chasser des pensées qu’il aurait qualifiées « de gonzesse », il chercha une table pour que tous deux puissent discuter. « Ca me fait plaisir de te revoir également, tu sais. J’aurais jamais cru. » Il y avait quelque chose de calme dans la voix de Matteo, de bien trop calme pour quelqu’un qui avait été chamboulé et qui avait, surtout, été passé pour mort. « En effet, ça fait bien longtemps oui… » avait-il murmuré à la suite, se demandant quand était la dernière fois qu’il avait vu Matteo. A coups sûrs, la dernière fois qu’il l’avait vu, il était encore avec Heïdi, il baignait dans le bonheur et, surtout, dans l’ignorance d’une réalité qui allait finir par le rattraper.

Au fait, en parlant de cela, dans combien de temps le sujet « Heidi » allait-il débarquer entre leurs deux tasses de café ? « Heidi m’a dit que tu étais de retour, c’est… Enfin, c’est pour ça que j’ai dit ça tout à l’heure. Je vais pas m’en mêler promis. J’essaye de pas jouer le grand frère protecteur, je te jure. C’est dur, mais j’essaye. » Bingo, cela n’avait même pas pris une minute. Cela arrangeait pas mal l’Irlandais, qui se joua distraitement avec sa tasse de café, tout en l’écoutant : « Ah oui, Heïdi t’a dit ça ? Comme tu peux le voir, elle a raison, j’ai décidé de venir vivre à Brisbane moi aussi. D'après elle, il paraît que l’herbe est plus verte ici, alors je suis venu tester à mon tour ! » finit-il sur un rire jaune, montrant que visiblement, la pilule avait encore du mal à passer. Il haussa alors une épaule, reprenant tout naturellement : « Au moins, elle t’a parlé de moi ». C’est vrai qu’après tout, il n’était pas réellement au courant de ce qui se passait dans la vie de son ex-fiancée, ni même ce qu’elle faisait de ses journées. Les quelques maigres fois où elle avait daigné le voir, elle avait fini par fuir la discussion avant de fuir tout court, une fois encore.

Fort heureusement, Matteo reprit la conversation : « Comment tu vas depuis tout ce temps ? Fin pas que je me rappelle la dernière fois qu’on, ce soit vu ». Dean acquiesça : « c’est vrai que je ne m’en souviens pas non plus, on était sans doute trop saouls ce soir-là ». Ses  yeux se posèrent sur ceux du jeune homme, avec un fin sourire complice. Les derniers mois en compagnie de Matteo avant que tout ceci arrive étaient agréables, il avait enfin eu l’impression qu’il était accepté par le frère de sa fiancée, avant que le drame n’emporte Matteo. « Sinon, tout va bien de mon côté. Je travaille comme avocat ici, je me fais ma place petit à petit, j’ai même fini par trouver une colocataire pour partager l’appartement que j’ai pris sur Spring Hills. Je n’ai pas vraiment à me plaindre à vrai dire » termina-t-il par déclarer, tout en haussant les épaules innocemment. Quelques secondes de silence tombèrent entre eux. Dean avait parlé comme si tout allait bien et qu’il était venu innocemment dans cette ville, mais mentir à Matteo aurait été, pour une victime de Tchernobyl, comme de cacher un troisième bras qui poussait au beau milieu du visage. « Enfin, je suis venu pour recoller les morceaux là où je peux… J’ai un peu tout perdu moi, là-bas, à Adélaïde ». Et il ne pensait pas seulement à son ex-fiancée, à qui il aurait tout donné jusqu’au bout et dont la bague se trouvait dans sa nouvelle table de nuit à présent, vidée de tout sens. Il parlait également de son ancien meilleur ami, Benjamin, avec qui il avait royalement merdé. A ces moments, il eut un petit sourire pour Matteo. Pourquoi irait-il se plaindre ? L’homme en face de lui avait vécu tellement pire que c’en était égoïste de sa part de s’annoncer peu heureux. Il but les premières gorgées avant de prendre : « Mais toi, comment tu vas ? Sois honnête, comment tu fais pour reprendre ta vie de tous les jours après ce que tu as traversé ? » La question méritait d’être posée.

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Dean & Matteo

Heidi m’avait prévenu du retour de son ex-compagnon dans le coin, je ne devrais pas tellement être surpris de le voir ici. Pourtant, je ne m’attendais vraiment pas a le croiser en allant chercher mon café matinal. Je ne m’étais pas vraiment préparé à cela, mais dans le fond, je suis content de le voir. Je ne sais pas s’il est véritablement au courant de ma situation, je ne sais pas ce qu’on a pu lui dire à mon sujet. Je me souviens de son visage, je sais qu’il est, mais le reste est encore partiellement flou. Bizarrement, comme Dean faisait parti de l’entourage de ma sœur, je n’ai pas trop de mal à me souvenir de lui. Après tout, il n’est pas lié à l’armée dans mon esprit et c’est probablement pour cela que je n’ai pas trop de mal à me souvenir de lui. Cependant, j’ai un peu peur qu’il me pose des questions ou qu’il veuille se remémorer de bons moments passer ensemble et que je sois incapable de m’en souvenir. On verra bien. Je n’aime pas spécialement parler de ma condition, si on peut dire cela comme ça. Après tout, pour le moment, nous sommes uniquement de vieux amis qui se retrouve autour d’un bon café. « En effet, ça fait bien longtemps oui… » Je hoche la tête suite à ses paroles. En même temps, j’ai été porté disparu pendant près d’un an et demi et je suis de retour depuis peu de temps. Alors oui, cela commence à dater. C’est en souriant que je prends place face à Dean. On va devoir rattraper le temps perdu.

Il ne faudra pas longtemps pour que j’évoque Heidi. Je me doute que Dean n’ait pas spécialement envie d’entendre parler d’elle avec qui tout ce qui a pu se passer entre eux, mais je veux juste pouvoir le rassurer. Il a besoin de savoir que je ne vais pas me mêler de leur histoire, c’est fini ce temps-là. J’aimerais juste qu’ils soient heureux, que ce soit ensemble ou séparément d’ailleurs. Alors je tente de le rassurer quant à mon implication, même si le sujet ne semble pas lui plaire du tout. « Ah oui, Heidi t’a dit ça ? Comme tu peux le voir, elle a raison, j’ai décidé de venir vivre à Brisbane moi aussi. D'après elle, il paraît que l’herbe est plus verte ici, alors je suis venu tester à mon tour ! Au moins, elle t’a parlé de moi » Je lui souris quelque peu, me sentant légèrement, mal à l’aise. J’évite quelque peu son regard et avale une gorgée de mon café, avant d’ouvrir mon muffin en deux. Sans rien dire, je tends un bout à Dean en souriant. Si je me souviens bien, il adore manger. « On a eu une longue conversation tous les deux et oui elle m’as parler de toi. » dis-je doucement en relevant la tête vers lui. « Laisse-lui un peu de temps Dean… Elle viendra te parler, j’en suis sûr. » ajoutais-je. Je ne suis pas là pour distribuer des bonnes nouvelles ou donner de faux espoirs, je veux juste lui faire comprendre qu’Heidi va finir par mettre sa fierté de côté pour lui parler. « Je sais que ma disparition a rien arranger entre vous et je suis vraiment désolé à propos de tout cela. » Je ne pouvais pas prévoir tout ce qui a bien pu m’arriver, mais je me sens responsable malgré tout. Ma disparition à complètement chambouler la vie de ma petite sœur et par la suite, elle a pris des décisions qui ont clairement blesser l’homme en face de moi. « Vraiment désolé. » ajoutais-je dans un léger murmure.

Heureusement, la conversation se tourne vers des sujets un peu plus joyeux. Une nouvelle fois, nous ne sommes que deux amis qui rattrapent le temps perdu. Ca ne fait pas de mal après tout ce temps, même si visiblement aucun d’entre nous ne se souviens de la dernière fois ou a bien pu se voir. « C’est vrai que je ne m’en souviens pas non plus, on était sans doute trop saouls ce soir-là » Je ris quelque peu. « J’ai plus de raison qu’un peu d’alcool pour ne pas m’en souvenir. Désolé. » dis-je sans vraiment savoir, une fois de plus, si Dean est véritablement au courant de toute la situation. On verra bien ce qu’il me dira, je ne veux pas non plus l’embêter avec ma vie privée. « Sinon, tout va bien de mon côté. Je travaille comme avocat ici, je me fais ma place petit à petit, j’ai même fini par trouver une colocataire pour partager l’appartement que j’ai pris sur Spring Hills. Je n’ai pas vraiment à me plaindre à vrai dire. Enfin, je suis venu pour recoller les morceaux là où je peux… J’ai un peu tout perdu moi, là-bas, à Adélaïde » Je grimace quelque peu à sa dernière déclaration. Donc il est vraiment blessé par sa rupture avec Heidi. Je ne peux que comprendre. Après tout, je suis le premier à me raccrocher à Cleo alors qu’il serait temps que je passe à autre chose. Je lui souris quelque peu, hésitant un instant sur quoi lui répondre. Je ne veux pas être maladroit. « C’est chouette pour le boulot et… Pour le reste… Ça finira par aller. » Mon dieu. Plus générique que cela, tu meurs. Après tout que puis-je lui dire de plus ? Alors je tente de faire un peu d’humour : « Après tout, si j’ai survécu alors que tout le monde me croyait mort, ça ira pour toi. » Faut voir le côté positif des choses. J’ai juste envie de rire après avoir dit tout cela et je me retiens comme je peux en cachant mon sourire derrière ma tasse de café. « Désolé, c’est hyper con ce que je viens de dire. » Cette fois, je ne peux pas retenir un rire de s’échapper d’entre mes lèvres. Je me redresse un peu et enfourne un bout de muffin dans ma bouche afin de ne pas continuer avec mes conneries. Je suis vraiment pas doué avec ce genre de conversation alors pour être honnête, je fais juste de mon mieux. Les conversations sentimentales pleines de bons conseils ce n’est vraiment pas ma tasse de thé et je pense que Dean est déjà au courant de tout cela. « Mais toi, comment tu vas ? Sois honnête, comment tu fais pour reprendre ta vie de tous les jours après ce que tu as traversé ? » Ah. La question à cent balles. Je dois avouer que personne ne me l’avais demander de cette manière jusqu’à présent. De but en blanc. Sans détour. Je ne lui en veux pas, je préfère que l’on soit franc l’un avec l’autre. « Je la reprends pas. » dis-je en soupirant. « Je ne sais même pas comment je fais Dean, je… Je vis au jour le jour clairement. Il me manque la moitié de mes souvenirs, je n’ai plus de fiancée, oh par contre j’ai gagné une fille. » Ce résumé est plus triste que jamais, mais c’est la réalité. « Ouais, je suppose que personne ne t’avait raconté tout cela. Ma vie est… C’est devenu un bordel sans nom et je ne sais pas comment je fais, tu vois. Je fais juste parce que j’ai pas le choix ? Faut bien survivre à un moment. » Je ris nerveusement. C’est pathétique tout cela.  

Le café commençait à être bondé. C’était visiblement l’heure choisie pour que tout le monde débarque et c’en était normal. C’était toujours ainsi, pendant l’heure de pointe. En prime, avoir quelques touristes pendant les vacances d’été n’arrangeait rien. Par moments, Dean devait tendre l’oreille pour mieux écouter ce que le jeune Hellington avait à lui dire. « On a eu une longue conversation tous les deux et oui elle m’as parler de toi. Laisse-lui un peu de temps Dean… Elle viendra te parler, j’en suis sûr. Je sais que ma disparition n’a rien arrangé entre vous et je suis vraiment désolé à propos de tout cela. Vraiment désolé. ».

Hein ? Avait-il bien entendu ? Était-ce une caméra cachée ? Alors que Matteo continuait à parler mine de rien, Dean lâcha aussitôt un léger rire, un rire assez nerveux à vrai dire. « Mais enfin, Matteo ! ». Il but quelques gorgées bien bouillantes de son café de manière accélérée, comme s’il fallait absolument qu’il se réveille un peu plus, avant de secouer la tête à cause de la sensation. « Mais tu t’entends ? Tu n’es pas en train de dire sérieusement que tu es désolé pour ça ? Mec, on te croyait mort et crois-moi, je suis bien content de voir que ce n’est pas le cas ! Et pas seulement parce que tu es le frère d’Heidi ! ». Comment Matteo pouvait se sentir coupable ? Dean n’avait jamais pensé un seul instant à cela. Il se consola en mangeant timidement le bout de muffin qu’il lui avait donné quelques instants plus tôt, mimant un merci sur ses lèvres, avant de reprendre, avec une bouche limite encore pleine : « Ca n’a rien avoir avec ta disparition. Ca n’a même rien avoir du tout avec toi, rassure-toi ! C’était juste entre nous, j’étais un peu con, tu sais, comme on peut tous l’être à un moment ou à un autre. Tu penses que tout va bien, que tout est acquis, tu te reposes sur tes lauriers, tu passes en mode métro-boulot-dodo et, du jour au lendemain, la réalité revient comme une baffe en pleine gueule. Je pensais tout lui donner, je pensais qu'elle m'aimait. Tu sais, les interprétations, les non-dits et les impressions... ça peut vite varier, quand tu y penses. Pourtant, je l'aimais moi, ta soeur... ». Il haussa alors les épaules, ne pouvant pas être plus sincère. « Alors ce n’est pas ta faute… tu disais ça pour rigoler hein ? » tenta-t-il de se rassurer lui-même.

Le silence tomba entre eux pendant quelques instants. Sans se rendre compte, il avait resserré fortement ses doigts autour de sa tasse de café. Penser à Heidi, après tout ce temps, n’était pas une mince affaire, encore moins quand son frère se trouvait face à lui. Et dire qu’il était à deux doigts d’être son beau-frère officiel… Un soupir s’échappa de ses lèvres. Il s’était tellement excité qu’il en avait oublié tout ce que Matteo avait entre-temps essayé de dire à propos de lui. Quelques paroles lui revinrent en tête : « J’ai plus de raison qu’un peu d’alcool pour ne pas m’en souvenir. Désolé. (…) C’est chouette pour le boulot et… Pour le reste… Ça finira par aller. (…) Après tout, si j’ai survécu alors que tout le monde me croyait mort, ça ira pour toi. (…) Je ne sais même pas comment je fais Dean, je… Je vis au jour le jour clairement. Il me manque la moitié de mes souvenirs, je n’ai plus de fiancée, oh par contre j’ai gagné une fille. (…) ». Toutes ces paroles résonnaient alors que le sujet d’avant était encore en train de bourdonner dans ses oreilles. Visiblement, il n’était pas le seul à se morfondre sur des fiançailles. En cherchant bien, Matteo et lui avaient quelques points en commun. Malheureusement. « Ouais, je suppose que personne ne t’avait raconté tout cela. Ma vie est… C’est devenu un bordel sans nom et je ne sais pas comment je fais, tu vois. Je fais juste parce que j’ai pas le choix ? Faut bien survivre à un moment ». Dean releva alors la tête, jusqu’ici baissée par tout ce qu’il pouvait lui dire. « Survivre ». C’en était triste et il aurait bien aimé apporter son aide à ce jeune homme, surtout qu’il l’appréciait fortement et que l’idée qu’il ait eu penser un seul instant que son « retour des morts » avait pu l’embêter, le rendait malade. « Un bordel sans nom ? Les gens te cherchent des noises à cause de cela ou tu as l’impression de vivre dans une quatrième dimension ? ». Dean n’avait jamais vraiment réussi à se mettre à la place de Matteo. Comment pouvait-il ? Comment pouvait-on imaginer sa mort pour ensuite revenir à la vie ? Ce qu’il vivait était exceptionnel et le jeune Irlandais se retrouvait bien pauvre en conseils, pour le coup.

La seule chose qu’il put faire à ce moment-là fut de se lever, de retourner au comptoir et de montrer du doigt tout l’étalage de cookies maison qui se trouvait là : « Mettez-moi le tout, mademoiselle ». Un peu sceptique, elle finit par lui mettre les dix énormes cookies dans un sac avec un grand sourire, ayant fait son chiffre d’affaires de la journée. Fièrement, Dean revint vers Matteo avec le paquet et l’ouvrit au milieu de la table : « Allez, raconte-moi tout, c’est ma tournée ! » finit-il par murmurer, en manquant de rire.

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Dean & Matteo

Je ne suis pas quelqu’un d’égoïste et loin de moi l’idée de tout ramener a moi. Ce n’est vraiment pas mon genre et pourtant, je ne peux m’empêcher de me sentir quelque peu responsable face à la séparation de Dean et Heidi. Je sais que ma disparition a complètement chamboulé ma petite sœur. C’est normal après tout, elle avait déjà perdu son père à cause de l’armée et désormais cette dernière venait de lui voler son grand frère. Je n’ose imaginer ce qui a bien pu traverser l’esprit d’Heidi quand on lui a annoncé ma disparition. Je me doute que son monde en ait été complètement chamboulé. Par conséquent, tout cela a eu un impact sur sa relation avec Dean. Alors je ne dis pas que tout cela est entièrement de ma faute, mais si je n’avais pas disparu, je me dis que les choses n’auraient pas été faites de la même manière pour eux. Mon beau-frère semble complètement outré de m’entendre parler comme cela. « Mais enfin, Matteo ! » Je le regarde, haussant quelque peu les épaules. Je le pense et cela va être dur de me l’enlever de la tête, mais bon. « Mais tu t’entends ? Tu n’es pas en train de dire sérieusement que tu es désolé pour ça ? Mec, on te croyait mort et crois-moi, je suis bien content de voir que ce n’est pas le cas ! Et pas seulement parce que tu es le frère d’Heidi ! » Je souris quelque peu à ses paroles, au moins il a l’air sincèrement heureux de me voir de retour. Je me doute que je n’aie pas toujours été très tendre avec lui, mais je pense que vers la fin, on avait établi une vraie relation tous les deux. « Ca n’a rien avoir avec ta disparition. Ça n’a même rien avoir du tout avec toi, rassure-toi ! C’était juste entre nous, j’étais un peu con, tu sais, comme on peut tous l’être à un moment ou à un autre. Tu penses que tout va bien, que tout est acquis, tu te reposes sur tes lauriers, tu passes en mode métro-boulot-dodo et, du jour au lendemain, la réalité revient comme une baffe en pleine gueule. Je pensais tout lui donner, je pensais qu'elle m'aimait. Tu sais, les interprétations, les non-dits et les impressions... Ça peut vite varier, quand tu y penses. Pourtant, je l'aimais moi, ta sœur... Alors ce n’est pas ta faute… Tu disais ça pour rigoler hein ? » Je ne peux que comprendre ce que Dean est en train de me dire. On finit toujours par prendre pour acquis ce que l’on a dans la vie depuis des années. J’ai quelque peu fait la même chose avec Cleo. Certes, la situation est loin d’être la même, mais je me retrouve dans ce qu’il me dit. Tout simplement. « Je comprends Dean. Comme je t’ai dit je vais pas m’en mêler et tu dois te douter que le bonheur de ma sœur passe avant tout pour moi, mais j’espère que vous arriverez à parler de tout cela. » Je lui souris quelque peu portant ma tasse encore brûlante à mes lèvres. « Et je ne rigolais pas spécialement. Je m’en veux énormément d’avoir fait subir ça à ma mère et à ma sœur, tu sais. Alors je me sens responsable. » Une nouvelle fois, je hausse les épaules. Je ne saurais vraiment l’expliquer, mais c’est comme cela.

Après un léger silence, bien entendu la conversation se dirige vers mon cas. Je ne sais pas trop ce que Dean connaît de la situation, je suppose qu’Heidi lui avait tout de même raconter quelques trucs les premiers temps de ma disparition, mais je ne sais pas si quelqu’un lui a dit quoique ce soit sur mon retour. C’est un cas un peu particulier. Alors, je lui raconte un peu tout sans forcément entrer dans les détails. Juste pour essayer de répondre à sa question au mieux. Je ne suis pas sûr qu’il comprenne tout parce que j’ai tendance à me perdre un peu lorsque je me mets a raconter des choses comme cela, mais bon… C’est tout de même un peu compliqué de faire un résumé de ce bordel qu’est ma vie actuellement. « Un bordel sans nom ? Les gens te cherchent des noises à cause de cela ou tu as l’impression de vivre dans une quatrième dimension ? » Visiblement, on se connaissait vraiment bien tous les deux, parce qu’il a encore une fois mis le doigt sur ce que je pensais. « C’est plutôt que j’ai l’impression de vivre dans une quatrième dimension. » Parfois, je n’ai plus vraiment l’impression d’avoir ma place à Brisbane et surtout auprès de mes proches. Ils ont continuer leur vie pendant mes deux ans d’avance et par conséquent ils avaient bien entamer le chemin de leur deuil… Je n’ai donc plus vraiment ma place ici. Tout le monde me pensait mort et tout le monde a tenter de continuer à vivre sa vie sans moi. Par conséquent, rien n’est vraiment facile actuellement. Cependant, je n’ai pas le temps d’évoquer tout cela avec mon ex beau-frère, car ce dernier se lève sans rien dire pour se diriger vers le comptoir. Je le regarde faire un petit sourire aux lèvres et me retiens de ne pas exploser de rire en le voyant dévaliser les cookies du présentoir. Il a toujours aimé la bouffe. C’est quelque chose dont je me souviens, un de ses petits traits de personnalité. Il revient tout sourire avec sa réserve de sucrerie et reprends place en face de moi. « Allez, raconte-moi tout, c’est ma tournée ! » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres alors que je lui pique un cookie pour finir mon café. Je ne sais pas vraiment par ou commencer pour être honnête, mais bien entendu, très vite je pense à ma fille. « Déjà, je suis papa. » J’ai toujours du mal à le réaliser lorsque j’en parle. C’est complètement dingue. « C’est complètement dingue comme situation, mais je suis fan de ma petite princesse. Elle s’appelle Cami. » Je souris pensant à mon petit bébé. Elle a déjà bien grandi depuis que je suis rentré et j’ai hâte de continuer le reste de ma vie avec elle. « Puis… Bon avec Cleo, c’est le néant complet et j’essaye de tourner la page, tu vois même si c’est pas vraiment facile. Enfin.. Tu vois de quoi je parle, je suppose. » On n'a pas vraiment la même situation amoureuse, mais je sais que Dean souffre de tout cela alors on se retrouve un peu sur ce point-là. « Sinon je fais un métier pas très… Enfin c’est pas mon truc, mais ça paie le loyer. Je bosse au garage d’Ezra, le Mecanor, tu sais en ville. J’aimerais faire un truc avec un peu plus d’action, mais si je dis ça a Heidi, elle va vouloir me couper la tête, je crois. » Je ris un peu même si je suis plus que sérieux là-dessus. « Je veux pas reprendre l’armée, je suis pas dingue, mais… J’ai besoin d’un peu plus d’adrénaline ou un truc comme ça, enfin de l’action ou quoi. Tu vois ? » Je ne sais pas si Dean va me comprendre, j’ai l’impression de ne pas être très clair quand je parle parfois. Un peu les conséquences de tout ce qui a pu m’arriver physiquement. « Enfin, j’essaye de reprendre ma vie en main, tu vois, ça prends juste un peu de temps pour certaines choses. » Je ris un peu et croque dans mon cookie, le sourire aux lèvres. « Je parle trop désolé. »  

A chaque fois que Matteo ouvrait la bouche, le jeune Irlandais avait les pensées qui partaient dans son passé, dans ces moments où il était toujours avec Heidi, quand il allait dans sa famille, participer à leurs fêtes et leurs événements importants. Il ne pouvait qu’en garder de bons souvenirs. La mère de Matteo et d’Heidi avait été une crème avec Dean. Toujours à parler de ses enfants comme s’ils avaient gagné cinq prix de Nobel de la Paix chacun pendant cinq années consécutives, elle n’hésitait pas à raconter des anecdotes à la fois valorisantes que drôles sur ses deux enfants. Le timbre de voix de Matteo ne pouvait que lui rappeler ces moments envolés à tout jamais. « Je comprends Dean. Comme je t’ai dit je vais pas m’en mêler et tu dois te douter que le bonheur de ma sœur passe avant tout pour moi, mais j’espère que vous arriverez à parler de tout cela » - « Va plutôt lui dire ça à elle, elle me fuit à chaque fois que je tente d’avoir une discussion calme avec elle. Pour être honnête, j’ai un peu abandonné les explications. Je me suis fait larguer comme un con, ça arrive ». A ces mots, il avait imité son ami en buvant à nouveau quelques gorgées de ce café qui ne refroidissait pas. « Et je ne rigolais pas spécialement. Je m’en veux énormément d’avoir fait subir ça à ma mère et à ma sœur, tu sais. Alors je me sens responsable. » Comment pouvait-il se sentir autant responsable de ce qui lui était arrivé ? Bien que la famille Hellington eut été touchée par le drame d’une nouvelle perte, jamais à un seul instant Dean n’avait entendu ni la mère, ni la fille, maudire Matteo pour ce qui lui était arrivé. Mais comme il ne faisait plus partie de la famille depuis maintenant trois ans, peut-être que les choses avaient changé. Après tout, que connaissait-il encore d’eux ? « Ne t’en fais pas, mec. Je ne sais pas ce qu’il en est pour ta sœur, ou ta famille, mais de mon côté, ce n’est pas moi le premier à en vouloir pour tout et n’importe quoi ! Encore moins dans ton cas… faudrait être sacrément déglingué pour t’en vouloir, non ? ». Rien ne tournait rond à Brisbane, visiblement. Depuis son arrivée en novembre de l’année dernière, Dean avait l’impression que cette ville était à part, que les gens n’étaient pas normaux. « C’est plutôt que j’ai l’impression de vivre dans une quatrième dimension. » disait Matteo, alors que Dean était revenu avec les cookies. Au moins, ils étaient d’accord là-dessus visiblement et avaient la même impression. « Déjà, je suis papa. C’est complètement dingue comme situation, mais je suis fan de ma petite princesse. Elle s’appelle Cami ». Ah bon, Matteo aussi était papa ? Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous à devenir parents en ce moment ? Dean avait parfois du mal à se dire que, comme la plupart de son entourage avait passé la barre de la trentaine, devenir parents devenait une norme, un chemin traditionnel à suivre. Et sans doute que si Dean avait encore été avec Heidi, le sujet aurait été sur le tapis et peut-être que les choses auraient suivi leur cours. « Tu es.. papa ? ». Les mots s’échappèrent à peine de sa bouche, il avait beaucoup de mal à y croire et, malgré tout, cela lui mit un coup au moral. Lui n’était nulle part à ce niveau-là. « Puis… Bon avec Cleo, c’est le néant complet et j’essaye de tourner la page, tu vois même si c’est pas vraiment facile. Enfin.. Tu vois de quoi je parle, je suppose ». Dean hocha aussitôt la tête, voyant très bien de quoi il parlait. Matteo devait sûrement être aussi crétin que Dean pouvait l’être, à continuer à mettre sa main sur la taque chaude, tout en sachant pertinemment que celle-ci était bouillante. « Sinon je fais un métier pas très… Enfin c’est pas mon truc, mais ça paie le loyer. Je bosse au garage d’Ezra, le Mecanor, tu sais en ville. J’aimerais faire un truc avec un peu plus d’action, mais si je dis ça a Heidi, elle va vouloir me couper la tête, je crois. Je veux pas reprendre l’armée, je suis pas dingue, mais… J’ai besoin d’un peu plus d’adrénaline ou un truc comme ça, enfin de l’action ou quoi. Tu vois ? ». De nouveau, Dean hocha la tête, comprenant parfaitement. « Oui, je vois. » - « Enfin, j’essaye de reprendre ma vie en main, tu vois, ça prend juste un peu de temps pour certaines choses. Je parle trop désolé » - « Non, non, ne t’excuse pas mec ». C’en aurait été absurde de s’excuser pour si peu. Après avoir bu quelques nouvelles gorgées de son café, Dean prit un cookie pour en croquer un morceau. « Je pourrais très bien te dire que j’imagine, mais ce serait te mentir. Tu vis tellement quelque chose hors du commun que peu de situations se rapportent à la tienne ». Maia tout aussitôt, Dean se rapprocha de son ex beau-frère, pour lui parler plus sérieusement, dans la confidence : « Mais laisse-moi te dire une chose. Autant j’adore Ezra et je souhaite que son garage pète des confettis de succès, autant je trouve que t’enfermer ainsi dans son garage juste pour faire plaisir à ta sœur est l’idée la plus ridicule qui soit. C’est sûr qu’on ne te demande pas d’aller jouer avec ta vie une seconde fois mais mec, sérieusement… Tu ne fais quand même pas ça uniquement pour faire plaisir à ta famille quand même ? » A ces mots, il croisa ses bras sur son torse et se laissa aller contre le petit fauteuil dans lequel il s’était assis quelques secondes plus tôt. « Et votre mère, dans tout ça, elle dit quoi ? Elle est quand même de retour avec son enfant et un petit enfant en plus, ça doit être la folie ! » finit-il par déclarer sur un ton plus léger, pour ramener un peu de détente dans leur discussion.

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Dean & Matteo

Discuter de ma petite sœur avec son ex compagnon n’est peut-être pas la meilleure des idées. Je vois bien qu’il n’est pas à l’aise avec le sujet, mais il fallait bien en parler. Nous sommes amis certes, mais Heidi est ma petite sœur et je prendrais toujours son parti quoiqu’il arrive. Certes, je ne cautionne pas spécialement son attitude envers Dean, mais elle sera toujours ma petite sœur et je serais toujours là pour la protéger. « Va plutôt lui dire ça à elle, elle me fuit à chaque fois que je tente d’avoir une discussion calme avec elle. Pour être honnête, j’ai un peu abandonné les explications. Je me suis fait larguer comme un con, ça arrive. » Je sais que ma sœur ne cesse de le fuir, elle me l’a avoué elle-même. Il faut encore qu’elle travaille sur elle avant de pouvoir offrir une véritable explication à Dean. Pourtant, ce n’est pas à moi de lui dire tout cela. « Sois encore un peu patient. » me contentais-je de dire un petit sourire aux lèvres. J’ai le sentiment que tout pourrait s’arranger entre eux, il faudrait juste qu’Heidi prenne conscience de certaines choses. Je n’oublie pas tout ce qu’elle a pu me dire il y a de cela quelques jours. Elle n’est pas sûre que Dean soit l’homme de sa vie. Elle a besoin de temps pour mettre ses idées aux claires, mais il faut aussi qu’elle pense un peu à cet homme qui semble toujours l’aimer comme un fou. Je me fais une petite note mentale d’appeler ma petite sœur en fin de journée. Je ne lui parlerais pas forcément de ma rencontre avec Dean, mais j’essayerais de parler un peu avec elle de tout cela. Sans vraiment trop savoir j’en viens même à m’excuser, ce qui semble quelque peu choqué mon ami. C’est plus fort que moi. Je me sens responsable. Cela peut paraître idiot, mais je ne cesse de me répéter que si je n’avais pas disparu aucun d’entre nous n’en serait là. La culpabilité fait parti de ma vie désormais et il va me falloir du temps avant que cela ne change. « Ne t’en fais pas, mec. Je ne sais pas ce qu’il en est pour ta sœur, ou ta famille, mais de mon côté, ce n’est pas moi le premier à en vouloir pour tout et n’importe quoi ! Encore moins dans ton cas… Faudrait être sacrément déglingué pour t’en vouloir, non ? » Je sais bien que personne ne m’en veut. Il a bien raison, il faudrait avoir un sacré probable pour m’en vouloir d’être tombé dans un piège. « Non, je sais, mais je m’en veux quand même un peu, faut pas chercher. » dis-je en riant nerveusement afin de détendre un peu la conversation malgré tout.

Très rapidement, la discussion se tourne vers moi. Comme beaucoup de monde, Dean veux savoir ou j’en suis depuis mon retour. Pour tout le monde la vie a continuer pendant deux ans, ils ont continuer leur chemin sans moi. J’essaye de ne pas trop en dire ne voulant pas non plus monopoliser la conversation, ce n’est pas vraiment mon genre. Pourtant, il y en a des choses à dire. Alors je reste dans les grandes lignes, cela suffit pour lui faire écarquiller des yeux sous la surprise de ce que je lui raconte. « Tu es.. papa ? » Un petit rire s’échappe d’entre mes lèvres. Celle-là, elle surprend tout le monde à chaque fois. « Et oui, je suis papa. » Comme le père fier que je suis, je sors mon téléphone de la poche de mon bombers et cherche rapidement le dernier cliché pris avec ma petite puce. Cami a bientôt trois ans et elle adore prendre des selfies avec papa. Il y a quelques jours, on a passé une heure à s’amuser a essayer tous les filtres présent sur SnapChat. Elle rigolait tellement que je ne pouvais pas me résoudre à lui dire qu’on arrêtait. Ce fut un véritable bon moment. « Tiens regarde. » Je tourne l’écran vers lui en souriant un peu comme un niait. Je suis véritablement gaga de ma fille et je ne le cache pas. Jamais. « Elle va bientôt avoir trois ans t’y crois toi ? » J’ai vraiment du mal à réaliser que ma fille va voir trois ans. Je finis par expliquer à Dean tout ce qui se passe avec Cleo, mais également avec mes envies de réorientation professionnelle. C’est rare que je parle autant de moi, mais je ne sais pas avec Dean tout me viens facilement. « Non, non, ne t’excuse pas mec. Je pourrais très bien te dire que j’imagine, mais ce serait te mentir. Tu vis tellement quelque chose hors du commun que peu de situations se rapportent à la tienne » Il a bien raison sur ce point, il serait difficile de trouver deux situations comme la mienne. Ma vie est devenue le scénario d’un mauvais téléfilm honnêtement. Je ne sais plus trop quoi en penser. « Je pourrais vendre mon histoire pour en faire une série. » dis-je en riant quelque peu même si le cœur n’y est pas franchement. Du coin de l’œil, j’observe Dean s’installer un peu plus confortablement dans son siège, sans doute prêt à me donner son point de vue sur la situation. Pour me tenir prêt, je croque dans un bout de mon cookie. Un peu de sucre ne me fera pas de mal. J’en profite également pour finir mon café tout en écoutant le jeune homme. « Mais laisse-moi te dire une chose. Autant, j’adore Ezra et je souhaite que son garage pète des confettis de succès, autant, je trouve que t’enfermer ainsi dans son garage juste pour faire plaisir à ta sœur est l’idée la plus ridicule qui soit. C’est sûr qu’on ne te demande pas d’aller jouer avec ta vie une seconde fois, mais mec, sérieusement… Tu ne fais quand même pas ça uniquement pour faire plaisir à ta famille quand même ? Et votre mère, dans tout ça, elle dit quoi ? Elle est quand même de retour avec son enfant et un petit-enfant en plus, ça doit être la folie ! » Des fois, je me dis que je dois vraiment mal m’exprimer. Dean n’est pas le premier à penser que je me bloque complètement pour ne pas vexer les femmes de ma vie. C’est un peu le cas, mais je n’en ai jamais parlé avec elles alors je me fais peut-être de fausse idée dans le fond. Je n’en sais rien. Je me dis juste que mon envie de nouvel horizon ne vas pas forcément leur plaire. « J’en ai jamais parlé avec elles, mais je veux pas… Enfin, je veux pas qu’elles passent encore leurs temps à s’inquiéter pour moi. J’ai vu ce que m’a disparition leur a fait. » Parfois, Heidi m’appelle sans raison juste pour se rassurer, maman débarque chez moi à l’improviste pour me prendre dans ses bras et repart dix minutes après. Elles ont peur de ne plus jamais me revoir et je ne peux pas leurs en vouloir. « Elles ont du mal à croire que je sois de retour, tu sais. Heidi m’appelle sans raison, maman me colle comme si j’étais un enfant de six ans. C’est dur pour elles. » Peut-être que je me cherche des excuses, mais j’ai besoin de prendre soin d’elles. Après le décès de papa je suis devenu l’homme de la maison et j’ai un peu failli à mon rôle. « Mais après maman est une grand-mère complètement gaga. Elle passe beaucoup de temps avec Cami et elles s’adorent toutes les deux. » Je souris quelque peu en pensant à tout cela. Je termine mon cookie et pose mes coudes sur la table. « Mais je sais que je devrais leur parler de mes envies de nouvel horizon pro. Faut juste que je me décide déjà parce que j’ai une nouvelle idée tous les jours et ça va du truc assez simple, a des trucs assez dingue qui se rapproche un peu trop de l’armée à mon goût. Je sais pas. C’est vraiment le bordel là-haut. » Je pointe mon doigt contre ma tempe. « Déjà, que je me souviens pratiquement de rien et ça, ça me gonfle. »   

Alors comme ça, Matteo était papa lui aussi. Cela faisait allait pourtant faire un an que Dean se trouvait à Brisbane et, visiblement, il n’était pas au bout de ses surprises. Peut-être allait-il apprendre que Heidi était maman, elle aussi ? « J’en ai jamais parlé avec elles, mais je veux pas… Enfin, je veux pas qu’elles passent encore leurs temps à s’inquiéter pour moi. J’ai vu ce que ma disparition leur a fait. » Matteo n’imaginait pas à quel point sa disparition avait, en effet, causé bien des tourments dans la vie de sa sœur et de sa mère. Pour en avoir fait les frais, Dean pouvait témoigner en première ligne que cela avait été un calvaire sans nom, d’essayer de se remettre de la mort de Matteo. Même lui, qui avait fini par l’apprécier et à rire avec lui sur les derniers mois, s’était surpris à ce que Matteo lui manque. « Elles ont du mal à croire que je sois de retour, tu sais. Heidi m’appelle sans raison, maman me colle comme si j’étais un enfant de six ans. C’est dur pour elles. » Dean hochait la tête tout en écoutant le jeune homme, tantôt en buvant une gorgée de son café qui devenait tiède, tantôt en grignotant l’un des cookies qu’il avait posé sur la table basse entre eux. « Mais après maman est une grand-mère complètement gaga. Elle passe beaucoup de temps avec Cami et elles s’adorent toutes les deux. » - « J’imagine bien... Je ne vais pas te demander de me montrer une photo parce que je vais paraitre stupide, mais j’espère te croiser un jour avec ». Et il était sincère. « Mais je sais que je devrais leur parler de mes envies de nouvel horizon pro. Faut juste que je me décide déjà parce que j’ai une nouvelle idée tous les jours et ça va du truc assez simple, a des trucs assez dingue qui se rapproche un peu trop de l’armée à mon goût. Je sais pas. C’est vraiment le bordel là-haut. » - « Mec, n’abuse pas ». Cela le faisait doucement rire. Après tout, ils étaient tous un peu dérangés à leur façon dans son entourage. Mais, à la réflexion, près ce que Matteo avait vécu, dire qu’il devenait fou ou que ses frites n’étaient plus dans le même sachet, était déforcer tout le travail de réhabilitation qu’il avait réalisé jusqu’ici. Dean voyait bien qu’il était fatigué. Avec ce que Matteo lui disait et avec les situations similaires qu’il avait déjà vues passer dans la presse, il pouvait imaginer vaguement ce qu’un militaire revenu de guerre pouvait vivre. Mais là, le côté pas-si-mort ne devait pas améliorer la chose. Enfin, dans ce genre de situations, Dean pouvait relativiser. Même s’il voyait sa vie comme un bordel sans nom, discuter avec Matteo lui faisait rendre compte qu’il y avait bien pire dans la vie et que son côté nombriliste allait devoir le quitter rapidement s’il ne voulait pas à nouveau perdre des proches, comme Matteo qui commençait à en faire partie. « Déjà, que je me souviens pratiquement de rien et ça, ça me gonfle. » - « Ah bon ? » Dean le grand ignorant, partie deux. C’était fou à quel point il avait pu être égoïste ces dernières années. Du moins, son égoïsme l’avait plutôt amené à être égocentrique, à toujours tout ramener à lui. Et cela commençait à lui coûter cher, à commencer par le fait qu’il ignorait bien des choses sur un entourage qui l’importait aujourd’hui. « Pratiquement de rien ? Genre rien du tout ? ». Son air ahuri ne pouvait que faire rire une personne extérieure. Pourtant, lui, hallucinait complètement. « Et comment tu fais au quotidien pour arranger ça ? Et comment tu fais pour essayer de te souvenir ? Arf la galère... ». Il posa ses yeux sur le paquet de cookies qu’il avait ouvert bien des minutes plus tôt et l’avança vers Matteo, parce qu’il n’en reste plus qu’un. « Allez, tu mérites bien le dernier cookie » déclara-t-il dans un léger rire, un rire plutôt gêné d’encore faire de l’humour là où ce n’était peut-être pas le meilleur moment. Quant à lui, son café se finissait tout doucement. Il sentait qu’il allait devoir bientôt partir travailler, mais ce petit moment partagé avec Matteo lui donnait l’impression que le temps s’arrêtait pour retourner en arrière, avec beaucoup de nostalgie, puis revenait en avant pour le ramener durement à cette réalité qui le taquinait. « En réalité, je ne sais pas quoi te dire... Parce que finalement, c’est tellement spécial comme situations que je ne suis pas certain qu’il existe un mode d’emploi tout fait ». Il haussa les épaules, assez bêtement, avec des mots qui ne pesaient pas lourds sur la balance. « Je trouve que tu t’en sors plutôt bien, si j’en crois ce que tu me dis. Tu reprends une vie normale, ta famille t’entoure, tu es papa, bon sang, tu es père ! J’aurais jamais cru le dire un jour ! Vous finissez tous Papa, sérieusement ! ». Et il rit, tout bonnement parce que dans ce genre de situation-là, il ne savait pas quoi dire d’autre. Lui n’était certainement pas prêt de l’être. Après avoir terminé son café, il plia assez nerveusement la tasse en carton pour jouer nerveusement avec. Quelques secondes de silence s’installèrent, avant qu’il ne reprenne : « Tiens, tu reveux quelque chose ou tu passais juste quelques minutes avant le travail ? ». Il balança de la tête avec un sourire en coin. « Sinon ici, le soir, c’est assez bonne ambiance, on pourrait toujours s’y retrouver ! Puis si ça peut te permettre, comme moi, de voir autre chose que le métro-boulot-dodo... » Un de ces quatre. Après tout, pourquoi pas boire un coup avec Matteo dans d’autres circonstances ? Cette idée ne pouvait que le ravir.

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Dean & Matteo

Parler de ma famille avec Dean est quelque chose d’assez simple. J’ai bien conscience que cela ne doit pas vraiment l’enchanter d’entre le prénom d’Heidi a tout bout de champs, mais il m’a questionné alors autant que je lui réponde. Au moins, je sais qu’il connaît la situation. Après tout, il a vécu ma disparition aux côtés de ma sœur, il a même été sur la première ligne. Pour autant, il n’a pas l’air au courant de la suite. C’est là que je comprends qu’Heidi a véritablement coupé les ponts avec lui après leur rupture. Elle n’as même pas cherché à le tenir informer de quoique ce soit ou peut-être qu’il n’avait pas demandé après tout. Je ne sais pas. Je ne suis au courant de rien, simplement les petites choses que Heidi a bien voulu me raconter la dernière fois. « J’imagine bien... Je ne vais pas te demander de me montrer une photo parce que je vais paraître stupide, mais j’espère te croiser un jour avec. » Je lève quelque peu les yeux au ciel et attrape mon téléphone portable dans la poche de ma veste. S’il y a bien une chose que je me retiens jamais de faire, c’est de montrer des photos de ma fille a tout le monde. Je suis ce genre de papa complètement gaga qui est en admiration devant ses enfants. Je n’ai pas besoin d’aller chercher très loin puisqu’une photo de Cami s’affiche comme fond d’écran. « Regarde. » dis-je tout en mettant l’écran sous le nez de Dean. « Ma princesse qui va avoir trois ans très bientôt ! » Mon dieu. Je vais jamais m’en remettre de son anniversaire. « Je suis un papa gaga et je l’assume totalement. » Je sens qu’il va se foutre de ma gueule.

La conversation continue tout simplement, cela fait un moment que je n’avais pas eu une discussion aussi fluide avec quelqu’un de mon passé. Je dois avouer que c’est plutôt plaisant et c’est lorsque je me plains de ma perte de mémoire que je comprends pourquoi les choses étaient aussi simples. Dean ne sait rien de tout cela. « Ah bon ? Pratiquement de rien ? Genre rien du tout ? » Je me retiens de rire face à son air ahuri. « On va dire que j’ai un gros trou de mémoire. Vraiment gros. » J’ai juste zappé près de quatorze de ma vie, c’est presque rien après tout non ? J’ai juste envie rire désormais, je ne sais juste plus comment réagir face à tout cela. « Et comment tu fais au quotidien pour arranger ça ? Et comment tu fais pour essayer de te souvenir ? Arf galère... Allez, tu mérites bien le dernier cookie. » Cette fois, je ne peux m’empêcher de rire. Il a l’air tellement gêné que ça en deviens drôle. « C’est gentil ça. » Je croque dans le gâteau et me cale un peu mieux dans mon siège. « Je t’ai pas vraiment reconnu tu sais tout à l’heure, enfin… Pas de suite. C’est comme ça, je m’y suis fait maintenant. » dis-je en haussant quelque peu les épaules. « Alors j’essaye de me souvenir, mais en vrai je sais plus comment t’as débarquer de nos vies, je me souviens juste de quelques petits trucs comme ça. Bizarre hein. » Je ris à nouveau avant de finir ma tasse de café. J’ai bien conscience que toute cette histoire est particulière et vu la tête que tire Dean, il ne sait pas quoi dire. « En réalité, je ne sais pas quoi te dire... Parce que finalement, c’est tellement spécial comme situations que je ne suis pas certain qu’il existe un mode d’emploi tout fait. Je trouve que tu t’en sort plutôt bien, si j’en crois ce que tu me dis. Tu reprends une vie normale, ta famille t’entoure, tu es papa, bon sang, tu es père ! J’aurais jamais cru le dire un jour ! Vous finissez tous Papa, sérieusement ! » Je hoche la tête pour approuver ses dires. Je comprends son léger malaise face à la situation et de toute manière, il n’y a pas grand-chose à dire là-dessus. Comme il dit, je m’en sors plutôt bien malgré tout et je suis heureux de la vie que je mène même si parfois, je souhaiterais pouvoir me souvenir de tout. Ou d’une grande partie tout du moins. « On devient vieux qu’est-ce que tu crois ? » Après tout, j’ai trente-cinq ans alors rien de fou dans le fait d’être papa. Il me manque juste une compagne, mais bon, ça, c’est un autre sujet.

Nos cafés terminés la conversation retombe quelque peu. Le silence s’étire un instant alors que je jette un coup d’œil à ma montre. « Tiens, tu reveux quelque chose ou tu passais juste quelques minutes avant le travail ? » « Je vais devoir aller bosser… » répondis-je en lui souriant quelque peu. L’envie n’est pas vraiment présente, mais j’ai déjà eu mon début de matinée de libre et je vais bien devoir me pointer au garage. « Sinon ici, le soir, c’est assez bonne ambiance, on pourrait toujours s’y retrouver ! Puis si ça peut te permettre, comme moi, de voir autre chose que le métro-boulot-dodo... » J’aime plutôt bien cette idée. Après tout, certes, Dean n’es plus en couple avec Heidi, mais cela ne nous empêche pas de nous fréquenter. Comme je lui ai promis tout à l’heure, je ne vais pas me mêler de leur histoire, ils sont grands. Je peux très bien revoir le jeune homme, juste entre amis. « C’est une bonne idée ça. Ca ferait pas de mal ! » Je ne sors plus vraiment de chez moi ces derniers temps, j’ai adopté un train-train quotidien qui me dépite de plus en plus. Lorsque je n’ai pas Cami, mes soirées se ressemblent un peu toutes. Je rentre du boulot et je me pose sur mon canapé pour faire la larve en regardant des films sur Netflix. Il y a plus passionnant après tout. « Tu me files ton numéro et on s’organise ça prochainement ? » Il doit aussi avoir du travail et je me doute que nos chemins vont devoir se séparer alors autant, prévoir une prochaine soirée ensemble. « Ca changera du quotidien comme tu dis. » Je ris un peu et finis mon cookie avant de lui tendre mon téléphone.    

Cela avait été un début de matinée assez particulier. Jamais en ce beau jour du mois de juillet Dean se serait attendu à tomber nez-à-nez avec Matteo. Tout simplement parce que le savoir « à nouveau » vivant l’étonnait déjà, mais le revoir dans sa vie le ramenait malgré lui à Heidi. Il fallait sans doute qu’il tourne la page par rapport à elle. Après tout, il passait pour le pire des cons à attendre une fille trois ans plus tard, alors qu’elle avait été claire sur ses attentions. Mais perdre Heidi voulait-il dire qu’il allait perdre Matteo aussi ? Vu la sympathie de ce dernier, cela risquait de l’embêter autant que de perdre tous leurs amis en commun, tout comme Benjamin, qui avait visiblement fait son choix entre son ancien meilleur ami d’enfance et elle, la fille qui s’est pointée par après. En prime, Matteo avait changé, mûri même. Ce fut cette pensée qui l’avait traversé lorsqu’il sortit son portable pour lui montrer une photo de Cami. « Regarde. Ma princesse qui avoir trois ans très bientôt ! ». Trois ans. Forcément, trois années passées n’étaient pas vécues de la même manière pour tout le monde. Mais en voyant cette petite bouille sourire innocemment à l’appareil, le jeune Irlandais n’avait pu s’empêcher d’étirer un fin sourire sur ses lèvres. « Je suis papa gaga et je l’assume totalement » - « Elle est très jolie, gros » lui avait-il répondu. Au moins, ce genre de bonne nouvelle, de petite fille jolie jouant à la poupée avec toute la naïveté d’enfant ne devait que ravir le jeune Hellington. Parce que lorsqu’il entreprit d’expliquer à Dean tout cet épisode de trou de mémoire, il se sentit peiné pour lui, tout en s’efforçant de ne pas non plus montrer de la pitié. « On va dire que j’ai un gros trou de mémoire. Vraiment gros » lui avait déclaré, avant de poursuivre avec quelques aveux : « Je t’ai pas vraiment reconnut u sais tout à l’heure, enfin... Pas de suite. C’est comme ça, je m’y suis fait maintenant. Alors j’essaye de me souvenir, mais en vrai je ne sais plus comment t’as débarqué dans nos vies, je me souviens juste de quelques petits trucs comme ça. Bizarre hein ? » - « Bizarre, oui » lui avait-il répondu, avant de lui rappeler par seulement quelques mots explicatifs qu’il avait rencontré sa soeur à l’université, au moment où Benjamin et lui étaient à la faculté de droit, à Sydney. Par après, ce petit trio infernal était parti à Adelaïde, où Ben et lui avaient pu poursuivre leur formation en droit. A la réflexion, Heidi avait beaucoup suivi les deux jeunes hommes parce qu’elle aimait Dean et il s’en rendait compte, mais sans doute était-ce trop tard. Après tout, qui aurait aimé suivre une personne aimée encore longtemps ? Pendant que Dean brillait en droit et décrochait de beaux postes dès le départ, Heidi, elle, avait renoncé à ses rêves et finissait par ne plus se reconnaitre. Dean ne pouvait que comprendre cela, mais ne pouvait accepter le fait de tout plaquer sans avoir cherché à lui en parler avant. Peut-être auraient-ils trouvé une solution tous les deux. « On devient vieux, qu’est-ce que tu crois ? » et le jeune avocat avait ri à cette phrase, ramené à la réalité. Matteo l’avait suivi dans sa lancée, lorsqu’il s’était levé pour s’apprêter à partir. « Je vais devoir aller bosser » - « Avec ce bel étalon qu’est Ezra, hm ? » lui dit-il sur un ton rempli d’humour, ne connaissant trop bien son ami que pour se permettre une telle réflexion. A y réfléchir quelques instants, travailler avec Ezra ne l’aurait pas dérangé, tout comme travailler avec Matt non plus, quitte à changer d’orientation professionnelle. Pour lui, faire son job en compagnie de ses amis ne pouvait que changer tout le sens au travail, au point peut-être que Dean aurait pris ses responsabilités trop à la rigolade. Comme quoi, visiblement, il n’était pas prêt de grandir. « C’est une bonne idée ça. Ca ferait pas de mal ! Tu me files ton numéro et on s’organise ça prochainement ? » - « Avec plaisir ! Compte sur moi pour t’appeler et te sortir de ton quotidien ! Tu me sortiras bien du mien, ce sera donnant-donnant ! » dit-il assez sincèrement, alors qu’il enfonça ses mains dans ses poches de sa veste pour chercher s’il n’avait pas une carte de visite qui trainait encore quelque part. « Tu me files ton numéro et on s’organise ça prochainement ? Ca changera du quotidien comme tu dis » - « Ah ça oui et crois-moi, rien de tel que de sortir de son quotidien de temps en temps, sinon on finirait fou ici, j’ai l’impression ». Il finit par trouver une carte pour lui sortir, en même temps que Matteo lui avait dégainé son portable, ce qui le fit rire légèrement. « Tiens, voilà ma carte ! » avait-il répondu avant une expression bien pompeuse et exagérée, pour rire de lui-même. Cette carte d’avocat au bureau du procureur était design et sobre, mais surtout bientôt périmée. D’ici le mois de septembre, Dean allait être engagé au cabinet Grimes & Hartman, ce qui l’enchantait au plus haut point. « Allez ! A bientôt du coup ! Et n’hésite pas à me montrer Cami un de ces quatre, histoire que je sois aussi gaga que toi ». Tonton Dean, ça pourrait bien lui aller, non ? A ces mots, il fit un petit geste de la main pour saluer Matteo, avant de tourner les talons, de dire au revoir au serveur et de partir travailler.