Malgré des années passées dans le système militaire, Atlas n’avait jamais perdu son âme d’enfant. Sa première visite à la fête foraine avec Amos avait réveillé cette part de sa personnalité, cet Atlas qui aimait prendre le temps de s’amuser en compagnie de ses amis. Depuis l’accident, il avait eu cette sale habitude de se renfermer dans son coin. À rester à l’appartement pour mieux fixer l’écran de la télévision sans même réellement adresser la parole à sa colocataire, il évitait ses frères et sœurs et se tenait à l’écart de ceux qui le connaissait bien trop et qui avait la capacité de voir au-delà de cette carapace qu’il avait su se forger. Parmi ces gens, se trouvait Lucy. Atlas avait imposé une distance, il la tenait à l’écart, ne voulant pas réellement lui laisser entrevoir tout ce qui s’était retrouver brisé par son accident. Malgré tout, elle restait son amie. Celle avec qui il avait traversé bon nombre d’épreuves et qu’il ne souhaitait pas perdre dans son quotidien. Alors Atlas avait eu l’idée de faire l’effort de proposer une activité, pour la première fois depuis un long moment. Il savait parfaitement que le lieu n'allait pas complètement enthousiasmer la jeune femme, mais il avait bien l’intention de rendre l’après-midi amusante.

Enfin, c’était son idée premier avant que son regard ne tombe sur une Lucy qui traînait des pieds depuis l’arrêt de bus. « Oh, aller commence pas à bouder ! » Atlas dû se mordre la langue pour ne pas éclater de rire face au manque d’enthousiasme évident de son amie. Se dirigeant vers elle, il lui donna une étreinte avant d’embrasser sa joue. « T’as dit qu’il fallait que je sorte de ma grotte. » Bon peut-être qu’elle n’avait pas dit cela de manière exacte, mais sa lignée de pensée avait fait le chemin jusqu’à l’esprit du militaire. Atlas savait également comment l’attirer à coup de sucrerie et promesse de cocktail un peu plus tard dans la journée. « Je suis content de te voir Lucy. » Qu’il avoua en se défaisant de son sarcasme habituel pour s’élancer dans une franchise bien plus sincère.

@lucy cavanagh

« Fallait choisir une autre activité, alors ! » Il savait qu’elle allait passer son temps à râler, que la fête foraine était loin d’être un terrain de jeu pour Lucy, mais après tout, elle avait laissé à Atlas le choix de l’organisation de cette journée. « C’est le moment de l’année que je préfère à Brisbane. » Atlas avait grandi dans cette ville, il en connaissait chacune des traditions et il les appréciait toute à un certain degré, mais la fête foraine avait une valeur un peu plus précieuse à ses yeux. Il se souvenait des après-midi à flâner entre les allées en compagnie de Matilda, la première fois qu’il avait amené Samuel pour lui montrer comment toujours gagner au jeu de la carabine et toutes les fois où il avait vu les yeux des filles briller quand il avait réussi à gagner la peluche qui les faisait rêver depuis des jours. Ce n’était qu’une collection de bons souvenirs, ceux auxquels Atlas cherchait désespérément à se raccrocher depuis quelque temps. « Vrai ! Mais je pensais qu’on irait boire un verre, ou faire une balade en forêt… Pas qu’on viendrait ici, avec tous ces mômes gavés de sucre. » Le militaire se retint de lui rappeler que ce n’était pas réellement chose courante que de tomber sur une forêt dans les parages, préférant s’amuser à voir la tête dépitée de son amie. « Je savais que j’aurais dû emmener mon arme. » Les yeux d’Atlas s’écarquillèrent face à la remarque de Lucy. « Okay cowboy range ton habitude. » Il savait que la jeune femme n’aimait pas se défaire de cette image qu’elle avait bâtie autour d’elle, mais Atlas savait également qu’il se cachait bien plus qu’une femme sans cœur derrière la carapace. « Si je te promets qu’après on ira se prendre autant de cocktail que tu veux au bord de la rivière, t’accepte de me suivre un peu ? » Il avait enfin de faire le gamin, juste un peu, le temps de quelques heures et si possible en compagnie de Lucy.

« Moi aussi. Tu m’as manqué. » C’est avec un sourire aux lèvres qu’il la laissa venir à lui. Atlas avait perdu bon nombre de souvenirs sur ces dernières années, mais tous ses instincts lui disaient que cela sonnait juste, qu’ils avaient toujours été ainsi tous les deux. « Bon, par quoi tu veux commencer ? » Oh, il n’avait pas réellement pensé à tout cela. Atlas avait déjà estimé que trouver Lucy dans cet endroit serait un exploit, il n’était pas allé plus loin que cela. « Ça ? Tu aimes ça ? » Il suivit le doigt de la jeune femme pour que son regard atterrisse sur la maison hantée. « Pourquoi pas ?! » Le jeune homme en était sûr, il allait pouvoir s’amuser là-dedans. « Je te préviens, si tu cries comme une mauviette, je te laisserai avec l’acteur avec la tronçonneuse. » L’espace d’un instant, Atlas prie un air outré. « Tu viendrais même pas me sauver ! » Il déposa une main sur son torse, l’air plus choquée qu’autre chose, avant d’éclater de rire. « J’avais plus dans l’idée de terroriser les autres Cavanagh ! » Avait-elle oublié qu’ensemble, ils devenaient le pire cauchemar des autres ? « Pour qui tu me prends, franchement ? »

Le manoir se parcourait à pied, seul ou à plusieurs, et Atlas était ravi de voir quelques bandes de jeunes entrer dans le labyrinthe juste avant eux. « Aller vient grumpy on va s’amuser ! » Il attrapa la main de Lucy et l’entraîna à l’intérieur avec lui, de suite plongé dans cette semi-ambiance glauque. « T’en fais hurler un ou deux de peur, je te paie tous les verres de la soirée. » qu’il balança dans la pénombre.

« Pourquoi ? » Atlas haussa des épaules comme si la réponse se devait être une évidence la plus totale. « Je sais pas, ça me rappelle de bons souvenirs. » Ce n’est pas réellement une explication qui allait venir en plusieurs chapitres et avec tout un tas de raisons différentes, il aimait simplement ce moment et les sensations que pouvait lui rappeler la fête foraine. « Tu sais que j’adore les enfants, je fais toujours beaucoup de baby-sitting pour mes amies, mais… Quand je garde leurs mômes, ça veut dire un ou deux enfants, et beaucoup moins excités que ça. » Il ne put s’empêcher de ricaner à nouveau face à l’air outré que pouvait lancer son amie tout en observant les différents bambins qui couraient tout autour d’eux. « Personne ne nous oblige à rester prêt des groupes de gamins tu sais Lucy. » Il y avait une partie de la foire qui était bien plus réserver aux adultes à la recherche de sensations fortes et même si Atlas ne se sentait pas d’aller se perdre dans un grand huit, il pouvait bien traîner la jeune femme dans cette direction. Il savait surtout comment s’y prendre pour capter l’attention de Lucy. « Si tu me tiens par les sentiments. » - « Toujours, tu devrais le savoir depuis le temps ! » Il avait oublié des moments de sa vie, mais il faut croire qu’Atlas savait encore comme mener la danse avec la brunette.

Atlas avait déjà bien des idées pour pimenter un peu leur après-midi, mais le train fantôme restait ce qui allait le plus les amuser, il en était certain. « Ouhhhh, intéressant ! Tu crois qu’on peut faire peur aux acteurs ? » Une fois encore, il haussa les épaules. « Probablement ? » Après tout, un petit coup de peur ça arrive à tout le monde, surtout s’ils sont capables de se faufiler dans la pénombre pour surprendre les différents protagonistes. Avant tout, Atlas avait bien envie de taquiner le groupe qui était entrer juste avant eux. « C’était pas déjà ça, le deal ? Je supporte la fête foraine, et tu m’invites ? » - « J’avais dit un verre, là je te propose de rien payer de la soirée. » Ce n’était pas le même deal et il n’était pas toujours aussi généreux le militaire. « A vos ordres, capitaine, mais un ou deux, c’est petit joueur. » - « Commence déjà avec ça avant de te faire taper dessus. » Parce qu’il était persuadé que les demoiselles allaient avoir des réactions plutôt exagérer et que Lucy allait devoir esquiver certains coups. « Je reviens de suite ! » C’est avec un sourire amusé sur les lèvres qu’Atlas recula de quelques pas, pour observer le spectacle qui allait s’en suivre. Elle se faisait assez discrète pour débarquer dans le dos du groupe sans se faire repérer et de là, il fut trop simple d’effrayer les demoiselles et Atlas éclata de rire sans même s’attarder à être discret. « Je te l’avais dit : trop facile ! » Il lança sa main pour qu’elle lui fasse un high five digne de deux adolescents trop fier de leur petit coup bas. C’est ce qu’ils étaient tous les deux, juste des gamins toujours prêts à s’amuser d’un rien. « Ok, je renchéris : si tu fais hurler le jeune qui n’a pas crié avec moi, je paie toutes les attractions de la soirée, ainsi que le bus pour rentrer. Deal ? » - « Deal ! » Il n’avait clairement pas l’intention de prendre le bus pour rentrer, mais bon Atlas n’allait pas refuser ce genre de défi. « Watch me ! »

S’il y a bien une chose qui jouait à son avantage, c’était qu’Atlas avait passer vingt ans de sa vie à apprendre à se faire discret en toute circonstances. Profitant de la pénombre, il se fit silencieux, le pas léger, pour mieux suivre le groupe sur quelques mètres. Plus leur pas les menaient au cœur de l’attraction, plus l’ambiance devenait pesante et était donc propice à ce genre de moment tendu. Atlas en profita pour se jeter devant eux en hurlant, faisant crier tout le monde dans la précipitation. « Haha gagner ! » Il était fier de lui cet idiot, c’était bien cela le pire. « Je suis meilleur que toi ! » Atlas était fier de lui comme un gamin de trois ans, mais le groupe de jeunes n'avaient pas réellement apprécier leur petit tour et maintenant on les pointaient du doigt. « On recommencera pas! » Cela le démangeait un peu, auprès de Lucy, il arrivait à retrouver son âme d'enfant bien trop facilement et cela pouvait être déconcertant pour ceux qui l'avait toujours connu comme le militaire parfois un peu trop psycho rigide. « Tu devrais aller par là... » Il pointa du doigt une direction, Atlas avait remarquer du coin de l'oeil qu'un des acteurs semblait les attendre tous les deux en particulier. « Aller fait pas ta chochotte ! » Et il offrit son plus beau sourire à Lucy, espérant bien lui faire un peu peur à son tour.

Se lancer des défis plus stupides les uns que les autres avaient toujours faits partie de leur dynamique. Atlas n’était pas du genre à reculer facilement et Lucy pouvait avoir certaines tendances à la folie, surtout lorsqu’elle avait décidé que l’activité ne lui plaisait guère et qu’elle se devait de pimenter un peu les choses. C’est ainsi qu’un simple tour dans le manoir fantôme pouvait se transformer en un véritable cauchemar pour certaines personnes et un fou rire ininterrompu pour les deux comparses. Faisant preuve d’une certaine agilité Atlas pu, sans le moindre mal, effrayé le petit groupe de jeunes qui s’étaient aventurés dans l’attraction juste avant eux. S’ils étaient venus à la recherche de quelques sensations fortes, ils étaient gâtés. Probablement trop, car le Siede reçu un regard noir de l’un des garçons ayant les ongles de sa copine enfoncés dans son avant-bras. Atlas lui offrit un léger hochement de tête en guise d’excuse tandis que Lucy n’en avait pas fini de rire à ses côtés. « Dans tes rêves ! Ils sont simplement plus impressionnés par le décor et l’ambiance. » Il leva les yeux au ciel face à la mauvaise foi dont elle faisait preuve. « Toujours aussi mauvaise perdante à ce que je vois. » Il le savait, elle n’en démordrait pas. Lucy pouvait être capable de trouver toutes les excuses de la terre pour justifier le fait qu’elle serait capable de faire aussi bien que lui voir même mieux, Atlas avait su l’accepter avec le temps et il ne rentrait plus dans son petit jeu.

À défaut de pouvoir obtenir le dernier mot, il était tout de même capable de lui jouer un tour et de la faire tomber dans son piège. Le caractère de la jeune femme amenait tant de facilité, il suffisait de lui parler sur un ton de léger défi pour qu’elle fonce droit dans le mur sans même se poser de questions. « Tu crois vraiment que tu pourras m’avoir aussi facilem… ! » Le hurlement qui stoppa la fin de sa phrase, vint prouver à Atlas qu’effectivement, il était encore facile de l’avoir. Il n’avait, néanmoins, pas anticipé le saut de cabri de Lucy qui venait d’atterrir dans ses bras. Enfin… Elle venait plutôt de s’enrouler sur son côté droit tel un paresseux à sa branche. « Aaaawh t’a eu peur ? » Il ne pouvait se retenir de se moquer tandis que les bras de la brunette étaient sur le point de légèrement l’étranglé avec la force qu’elle était venu mettre dans l’étreinte. « Ok ok, c’était bien joué. Je capitule ! » Parce qu’il aimait jouer au plus malin, Atlas vint frapper dans la main de l’acteur qui semblait particulièrement fier de son coup lui aussi. Restant un gentleman, il vint offrir son bras à Lucy pour continuer le parcours de l’attraction. « Aller vient, je vais te protéger des grands méchants. » Elle allait en entendre parler pendant des années de sa petite frayeur.

Bien entendu, tout au long du reste du parcours, Lucy tenta de l’effrayer à son tour. Atlas pouvait l’entendre ruminer son complot et il joua presque le jeu sans jamais réellement tomber dans le panneau. Le tour fut fini bien plus vite qu’il ne l’aurait cru et la lumière du jour vint les accueillir un peu violemment pour les pupilles clairs du blond. « Bon aller… Avant que tu te transformes en monstre, tu veux manger un truc ? » Après tout, il lui avait demandé de le rejoindre ici pour passer un bon moment avec elle, pas pour l’entendre râler tout du long. Atlas avait soudainement envie de nourriture de stand de fête foraine, le genre de truc bien gras qui pouvait se marier parfaitement avec l’alcool qu’ils allaient probablement ingurgiter pour le reste de la soirée. « Ça va toi en ce moment ? » Ils faisaient souvent les idiots ensembles, mais cela n’empêchait jamais Atlas de s’inquiéter du bien-être de son amie.

« Ouais ouais, c’est bon, n’en rajoute pas … » Il était venu la titiller et comme toujours Lucy fonçait tête baissée. Atlas ne se lasserait jamais de la faire tourner en bourrique, il était bien trop simple de jeter quelques pièces pour voir l’automate s’animer d’une rébellion qui n’était propre qu’à la personnalité de Lucy. « Mouais, c’est juste que tu t’y attendais trop… Ça me donnerait presque envie qu’on revienne pour que je prenne ma revanche ! » Sa mauvaise foi lui déclencha un éclat de rire non dissimulé. Atlas pouvait se moquer, il en avait toujours pris la liberté et elle le lui rendait bien, à sa manière, par des coups parfois traîtres. « Oh ça va, j’ai pas entaché ta réputation t’en fais pas. » Lucy n’avait rien d’une demoiselle en détresse, de ces jeunes femmes qui avait besoin qu’un homme les valorise. Elle était à des années-lumière de cela, profondément indépendante et désireuse de s’en sortir par elle-même, avec une soif de la victoire qui parfois devait en effrayer plus d’un. Atlas aurait pu jouer le jeu en lui laissant l’avantage, mais elle aurait fini par le taxer de machisme et cette discussion ils l’avaient déjà eu à de trop nombreuses reprises pour la reprendre à nouveau.

A défaut de lui offrir le plaisir d’un second tour, Atlas avait bien plus en tête d’attirer Lucy vers les stands de fast-food et où ils n’auraient aucun mal à se dégoter un verre. « Ça va, la routine, le boulot… Beaucoup de boulot. » Atlas laissa échapper un soupire tandis que son regard s’attardait sur le profil de la jeune femme. « Un jour tu vas me dire autre chose que le boulot ? » Il ne se souvenait peut-être pas des dernières années, mais Atlas avait ce sentiment persistant que Lucy ne vivait que pour son travail et rien d’autre malheureusement. Est-ce que c’est ce qui lui suffisait ? Il voulait bien le croire, après tout cela a été son cas également, mais tout de même, est-ce qu’elle ne rêvait pas d’ailleurs ? Elle cachait son regard dans sa barquette de frites et Atlas se permit de piquer dans l’assiette de la brunette, l’air de rien. « Je n’ai même pas eu le temps de naviguer le week-end dernier. Ça te dirait qu’on y aille ensemble, ces prochains jours ? » Il fut pris d’un pincement au cœur, conscient que cela se devait d’être leur activité de prédilection avant qu’Atlas ne soit cloué dans un lit. « Je… Je suis pas vraiment sûr de pouvoir Lucy. » Il n’avait pas spécialement à cœur de lui mentir, mais il ne comptait pas non plus s’étaler sur les raisons durant des heures. « Je suis plus aussi stable qu’avant sur mes jambes. » Et l’idée même d’une nouvelle blessure venait à lui serrer l’estomac. « Et toi alors ? Comment tu vas ? » La question à cent dollars. Il aurait dû la voir venir pourtant. « Ça va. » Ce n’était pas réellement un mensonge en soi, juste une part de la vérité. « J’irais toujours pas courir un marathon et on m’a pas encore réellement autorisé à reprendre le boulot, mais ça va. » S’il mettait de côté les difficultés rencontrées lors de sa rééducation et ses cauchemars, Atlas pouvait presque dire qu’il allait bien au final.

Il lui était tout de même plus simple de se goinfrer de cochonneries avec une bière, plutôt que prétendre avoir une forme Olympique. Lucy semblait ne pas s’en soucier, peut-être lui faisait-elle confiance contrairement à ceux qui ne voulaient que couver Atlas ces derniers temps. « Un nouveau défi au stand de tir ? » - « Tu sais que tu vas perdre. » Il avait peut-être quelques problèmes de mémoire et une jambe en miettes, Atlas n’avait tout de même rien oublié de sa formation de militaire. « Après tu vas faire la tête et je vais devoir te payer un verre pour que t’arrête de bouder. » Il était persuadé que ce manège, les deux le connaissaient par cœur, mais Lucy savait se débrouiller avec une arme et si elle voulait en découdre il n’allait tout de même pas lui refuser cela. Il donna quelques dollars au forain et vint se placer à côté de Lucy qui était devenue bien trop sérieuse à son goût. « Me tire pas dessus hein. » Il laissa échapper un rire avant de se concentrer à son tour sur la cible en face d’eux. « Je vais t’avoir Cavanagh! » Et une fois encore, ils étaient prêts à redevenir deux grands enfants.

« Je ne sais pas. C’est peut-être mieux que de te dire qu’on m’aurait à nouveau brisé le cœur, ou qu’on aurait mis fin à mon job … Je ne sais pas, Atlas, mais c’est juste plus facile pour l’instant. » Atlas a su lire l’hésitation dans le regard de son amie sans en reconnaître l’origine. Elle lui cachait quelque chose ou plutôt il semblerait qu’Atlas n’ait pas en carte tous les souvenirs qui lui auraient aidé à être plus présent dans la conversation. Mal à l’aise, ne sachant réellement que répondre, Atlas observa le fond de son verre dans un silence qui en disait long sur la situation. Il détestait ce genre de malaise flottant qui venait à lui rappeler que sa mémoire lui jouait des tours et que ses proches ne voulaient pas réellement venir le contredire. « Je comprends… » Après tout, il avait été le premier à privilégier sa carrière plutôt que sa vie privée, il n’avait aucune leçon à lui donner. « Fais attention à toi quand même. » Atlas n’avait pas pu s’empêcher de rajouter ces quelques mots, parce qu’il avait à cœur que Lucy ne se tue pas au travail, qu’elle prenne le temps aussi de souffler parfois. C’est ce qu’il cherchait à lui proposer depuis leur arrivée sur les lieux aussi enfantins que cela puisse paraître au vu des activités proposées.

Leur amitié ne s’était pas fondée que sur des coïncidences et si Atlas n’avait pas spécialement envie de s’étaler sur sa vie privée, Lucy utilisait la même stratégie d’évitement que lui, ramenant le sujet de leur conversation vers une tout autre destination. Ils partageaient leur amour pour la navigation et si Atlas avait toujours apprécié partager ce genre de moment avec Lucy, ce n’était clairement plus la même chose désormais. « Oui, bien sûr, désolée. » Elle était gênée et Atlas commençait à ne plus savoir sur quel pied danser dans cette conversation, mais il ne voulait pas décevoir son ami. « Mais on pourrait déjà se faire une soirée non loin des côtes si tu veux. » Il leur arrivait souvent de sortir un bateau de la marina pour juste aller boire quelques verres loin de la ville avec juste l’Océan à perte de vue. « Ça fait longtemps ça aussi, non ? » Atlas le savait, qu’ils n’avaient pas pris le temps de se poser et qu’ils allaient devoir renouer un peu plus.

Rapidement, la bonne humeur est revenue entre les deux amis sous la forme d’une compétition enfantine qui représentait parfaitement leurs deux mentalités. Ce n’était qu’un jeu de foire, mais aucun des deux n’avait envie de perdre et Atlas avait bien l’intention de mettre ses capacités en œuvre. Visiblement Lucy avait exactement la même idée en tête. « Si tu m’offres la peluche que tu auras gagnée, je promets d’essayer de rester bonne joueuse ! » Un rire lui échappa face à la mine boudeuse de son amie. « Deal ! » L’enjeu était tout ce qu’il avait de plus simple après tout. Et les voilà, les deux idiots, à s’aligner face à la table, arme factice en main pour jouer une partie qui allait être serrée. Atlas prit une seconde pour souffler, pour se placer et enchaîna les tirs avec quelques échecs tandis que Lucy enchaînait les victoires. Il creva le dernier ballon alors que Lucy sautillait déjà sur place. « Aha ! Je t’ai battu ! » Atlas s’apprêtait à bougonner, il était du genre à être mauvais perdant, mais Lucy semblait bien trop heureuse à choisir sa peluche telle une grande enfant. « Heureuse ? » qu’il demanda en cherchant à se retenir d’éclater de rire face au regard pétillant de la brune. « Je suppose que je dois le porter ? » Il allait être malin à se trimballer avec un énorme ours en peluche. « Bon on arrête les conneries, non ? » Comment ça Atlas était mauvais perdant ? Soudainement, il n’avait plus trop envie d’entendre les gamins hurler et il voulait s’en aller. « Tu veux venir à l’appart ? » Il savait qu’Autumn ne serait pas pour le reste de la soirée, elle était partie chez l’une de ses amies. « On sera plus tranquille. » Et ses mots avaient été prononcés sans la moindre arrière pensée.

« Ça fait longtemps ça aussi, oui. » Atlas avait conscience que quelque chose sonnait différemment. C’est comme si Lucy ne savait plus trop sur quel pied danser avec lui. Elle paraissait déçue de l’entendre refuser une sortie en mer, mais il ne pouvait tout simplement pas affirmer être le même. Il avait essayé durant un temps, mais cela n’avait pas porté ses fruits et aujourd’hui Atlas se devait de faire face à une certaine réalité. Il n’était plus capable des mêmes choses désormais et forcer son corps déjà affaibli ne l’aiderait jamais à guérir pleinement, il l’avait un peu compris désormais. Au moins, il pouvait tout de même profiter de l’instant avec son amie et rien ne l’empêchait de conserver son esprit de compétition, il connaissait les limites de son corps, mais rien ne pouvait réellement l’arrêter quand il s’agissait de se défier. Enfin… Jusqu’à la défaite. « Mon chevalier servant ! » Atlas leva les yeux au ciel, marquant sa désapprobation. Il n’avait plus vraiment envie de traîner dans le coin désormais. Il venait de perdre et le bruit ambiant venait de jouer lentement sur ses nerfs. « Si j’avais su qu’il suffisait de te battre pour que t’aies envie de rentrer, je t’aurais proposé ce jeu plus tôt dans la journée ! » - « Haha très drôle. » Atlas mauvais perdant ? Il n’aimait simplement se faire rappeler à sa défaite et avait bien l’intention d’entraîner Lucy loin de la fête foraine.

***

« Ta coloc n’est pas là ? » Atlas retira ses chaussures avant de rejoindre son amie dans le séjour. « Non, elle s’est absentée pour le weekend. » qu’il répond tout en se dirigeant vers la cuisine dans l’intention de sortir deux bières du frigo. Atlas appréciait le calme de son appartement, bien plus propice à une conversation que le bruit ambiant qui résidait à la fête foraine. « On peut faire ça en vitesse mais j’dormirai pas ici, je dois me lever tôt demain. » Quelque peu perdu dans ses pensées et surtout concentrer sur la tâche qu’il s’était donnée à faire, Atlas n’entendis pas pleinement les propos de Lucy. « Qu’est-ce que t’as d… » De retour dans le salon, Atlas perdit ces mots, choqué de trouver une Lucy à moitié déshabillée face à lui. Soudainement, c’est comme s’il avait parfaitement entendu ce qu’elle avait cherché à lui dire. Elle venait de lui proposer de faire ça rapidement et Atlas se mit à voir flou. « Quoi ? » Lucy paraissait aussi surprise que lui, mais pour une toute autre raison. Il fallut une minute supplémentaire pour qu’Atlas semble connecter les points les uns avec les autres. « Oh non… » Il se sentit horrifié tout en ramassant le tee-shirt de Lucy pour le coller sur la poitrine à l’air de son amie. « Me dis pas qu’on a fait ça… » Est-ce qu’ils en étaient réellement venus à coucher ensemble ? « Sérieux ? En vitesse ?! » Atlas ne savait plus où donner de la tête.