I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Un dimanche en famille. Tout ce que je voulais éviter dernièrement. Depuis quelques mois, je trouve toutes les excuses du monde pour ne pas aller chez mes parents. Je devais leur présenter Niamh. On avait prévu cela quand j’ai appris que la jeune femme était enceinte. Je voulais lui présenter ma famille. Je n’ai jamais fait cela avec personne et pour finir, je n’en ai jamais eu l’occasion. Je crois que je n’oublierais jamais le regard empli de déception que m’a envoyé maman lorsque j’ai fini par lui dire que j’avais rompu avec la jeune femme. Son fils à trente-neuf ans et ne lui as jamais ramener qui que ce soit à la maison. Elle est déçue. Elle ne me le dit pas clairement, mais je le sais parfaitement. Ma mère aimerait que je sois marié et avec des enfants. Finalement, je suis célibataire et jamais vraiment là. Pas vraiment la vie qu’elle avait imaginée pour moi. C’est bien pour cela que j’ai tout fait pour éviter les repas de famille. Je n’ai pas besoin de leurs jugements. Erin prend toujours un malin plaisir à me faire des remarques sur mon célibat éternel et mon père m’as déjà fait comprendre qu’il serait temps que je me pose avec une femme. Toujours à juger la vie des autres, mais incapable de prendre conscience de ce qui se passe dans leur propre couple. Mes parents se parlent à peine et Erin a fini par divorcer, il y a de cela des années. On repassera pour les remarques et répliques cinglantes.

Pourtant, je n’ai pas pu échapper à ce repas-là. Je ne suis pas en mission et ma mère le sait parfaitement puisqu’elle m’a vu au Death, il y a de cela trois jours. Elle m’a d’ailleurs bien rappelé qu’elle m’attendait à la maison en ce dimanche midi et c’est pour cela que je me retrouve à table coincé entre mon père et ma sœur. Charlie est assise en face de moi et depuis dix minutes, elle pousse la nourriture de son assiette avec le bout de sa fourchette. Je sais à quel point elle déteste ce genre de réunion elle aussi. Lorsque j’étais en mission loin de la maison, elle avait pour habitude de m’envoyer des messages pour que je l’aide à trouver des excuses pour éviter ce genre de calvaire. Elle a bien grandi ma nièce et une chose est sure même si je n’ai pas toujours été présent physiquement pour elle, elle a grandi avec un caractère bien trop semblable au mien. Pour le plus grand désespoir de ma sœur et ma plus grande fierté. Néanmoins, je n’ai pas l’habitude de voir ma nièce aussi silencieuse. Elle est toujours la première pour placer des répliques cinglantes ou pour raconter ses frasques qui feront grincer les dents du reste de la famille. Un peu inquiet, je viens taper sa jambe du bout de ma chaussure. Elle relève les yeux vers moi et je lui souris tendrement, l’interrogeant du regard : cuisine ? Je sais que je n’ai pas besoin de parler pour qu’elle me comprenne. J’attrape le plat vide en face de moi et me lève tandis que ma mère en fait de même. « Reste assise maman, je m’en occupe. » Je souris à ma mère qui me remercie et prends le reste des assiettes. « Charlie tu m’aide ? » Je lui offre une échappatoire. On va aller dans la cuisine et on trouvera un moyen de se tirer de là avant le dessert. Nous en sommes qu’à la salade et j’ai déjà envie de fuir en courant. Je vois ma nièce attraper le saladier et entrer dans la maison. Je hoche de la tête lorsque ma mère m’indique ce que je dois prendre pour le reste du repas dans la cuisine. On verra ça plus tard, pour le moment, je suis ma nièce qui m’attends, appuyer contre le comptoir. « Ça va pas ma puce ? »       

I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Lorsque j’étais plus jeune, j’adorais passer du temps en famille. J’étais le premier à proposer une soirée film tous ensemble et je ne cherchais jamais d’excuse pour échapper au repas du dimanche. Puis il y a eu l’accident et tout à changer. Notre famille a explosé en mille morceaux après cela. On a plus vraiment cherché à se comprendre et chacun à tenter de surmonter son chagrin à sa manière. Nous qui étions si proches, nous en étions presque devenus des étrangers. Une vingtaine d’années plus tard, rien n’a véritablement changé. Je n’ai plus vraiment la sensation d’être à ma place dans cette famille encore plus depuis que j’ai enchaîné les missions longues à l’étranger. Ils ont continué à vivre sans moi, comme ils ont continué à vivre sans Leah. Seule maman et Charlie n’ont jamais rompu le lien malgré la distance et parfois mon manque de possibilité de communications. Charlie d’ailleurs… Elle est étrangement silencieuse aujourd’hui et je ne peux l’interroger sans que toute la tablée m’entende. Depuis le jour de sa naissance, j’ai établi un lien très fort avec ma nièce. Un lien fusionnel que rien ni personne ne pourrait briser. Je la considère comme ma propre fille et contrairement à sa mère qui ne cesse de lui faire des remarques, je suis véritablement fier d’elle. La petite Charlie qui collait son tonton comme de la glue a bien grandie, mais elle est devenue une belle jeune femme avec du plomb dans le crâne. Je sais qu’elle déteste les réunions familiales. Cela a toujours été le cas. Pourtant, aujourd’hui, je la trouve bien trop silencieuse et je n’aime pas cela. Alors, je tente d’attirer son attention et en un simple regard, on se comprend.

On part se réfugier dans la cuisine comme on le fait bien trop souvent à chaque réunion familiale. Cette pièce de la maison connaît toutes nos confessions, nos soupirs et nos plans pour partir de cette maison le plus rapidement possible. Je me rapproche de Charlie, inquiet de la voir autant repliée sur elle-même et le visage aussi triste. Je n’ai pas l’habitude de voir ma nièce dans cet état. Je suis quelque peu surpris lorsqu’elle commence par évoquer Niamh, sans oser prononcer son nom. J’aurais aimé ne pas penser à elle aujourd’hui. Pourtant, je tente de ne pas me laisser emporter par mes pensées et fronce les sourcils en me demandant ou veux en venir ma nièce. « Je le pensais ouais… Bêtement. » dis-je un rire nerveux s’échappant d’entre mes lèvres. Lorsque Charlie sous entends quelqu’un se soit moqué d’elle, mon sang ne fait qu’un tour. Qui est le petit con qui ose lui faire du mal ? « C’est qui ce petit con ? » demandais-je un peu froidement. On ne touche pas à ma famille et surtout pas à Charlie, jamais. « Ou cette petite conne d’ailleurs… » Oui, parce que je suis au courant de la bisexualité de Charlie et ce n’est absolument pas quelque chose qui me dérange, loin de là. Tant qu’elle est heureuse, moi tout me va. Visiblement, pour le moment, ce n’est pas vraiment le cas. Je me rends compte que j’y suis allé peut-être un peu fort, surtout lorsqu’elle se met à parler de vodka. On va tout de même y aller doucement, ce n'est pas le moment de faire un scandale, on va en entendre parler pendant des jours et des jours. « Tu restes à l’eau encore… » Je regarde ma montre et relève les yeux vers Charlie. « Vingt minutes ? » Je sais que cela va paraître une éternité pour elle, mais c’est le temps que j’estime respectable avant de se faire la malle. « Et je m’occupe de nous faire sortir de là tous les deux, d’accord ? » Je m’approche de la jeune femme et passe mon bras autour de ses épaules pour la prendre contre moi et embrasser sa tempe tendrement. « Après, on se barre tous les deux, on discutera de ce qui te rends triste comme ça et peut-être que je t’offrirais un verre. »        

I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Je me souviendrais toujours du jours où j’ai vu ma nièce pour la première fois. À l’époque, j’en voulais à la terre entière et notamment à ma famille. J’étais encore au Lycée, je passais mon temps à sécher les cours. Pas vraiment un modèle. Puis ma sœur a eu sa fille et dès le premier jour, au bout de quelques minutes seulement, elle m’a mis son bébé dans les bras et les choses sont devenus différentes. Je n’avais plus ma petite sœur à protéger, j’avais d’ailleurs échoué dans mon rôle auprès d’elle. Je me suis promis que je n’échouerai pas auprès de ma nièce. Les premières années de sa vie, j’étais toujours là à me proposer pour faire un peu de baby-sitting. Je n’ai pas vraiment été présent quand Charlie à réellement commencer à grandir toujours en mission à l’autre bout du monde. Pourtant, à chacune de mes permissions, je m’assurais de passer plusieurs jours en compagnie de ma nièce. C’est sans doute comme cela que nous avons construit une relation si fusionnelle. Il n’y a rien que je ne ferais pas pour Charlie, alors quand je la vois aussi triste à table, je trouve la première excuse pour l’embarquer dans la cuisine avec moi. Bien entendu, je n’ai pas à la forcer pour qu’elle me parle.

Je me suis toujours promis de ne jamais me mêler de la vie amoureuse de ma nièce. J’ai toujours détesté au plus haut point que ma mère et ma sœur se mêle de mes fréquentations, je ne voulais pas être cet oncle lourd pour Charlie. Pourtant, je m’assure toujours qu’elle est heureuse. Si ce n’est pas le cas, j’ai très souvent du mal à garder mon calme. Alors, lorsque la rouquine me fait savoir qu’un certain John est responsable de son air tout triste, mon sang ne fait qu’un tour. Surtout, rester calme. « C’est vraiment un prénom de petit con. John. » dis-je en crachant un peu le prénom. Dire que j’avais un ami au Lycée qui se prénommais comme cela. Je secoue la tête et me concentre à nouveau sur la jeune femme en face de moi. Je vois bien qu’elle est sur le point de craquer. Elle n’a pas besoin de subir un repas de famille interminable. Je lui demande de rester irréprochable encore quelques minutes et je nous trouverais une excuse pour partir. Je suis devenu un expert pour trouver des plans de fuite. Dieu merci, mon métier m’offre l’excuse la plus probable du monde. Avant de repartir vers le reste de la famille, je prends Charlie contre moi. Un petit câlin pour l’aider à tenir encore un peu. Lorsque ses paroles chuchotées me parviennent, je resserre mon emprise autour de ses épaules. « Ne pense jamais que tu me déranges. » Je me recule un peu pour croiser son regard et lui sourire. « Je serais toujours là pour toi Charlie. » C’est une promesse que je lui ai faite le jour de sa naissance et je compte bien la tenir jusqu’à la fin de ma vie. En souriant, je donne un plat à ma nièce et la tourne en direction de la sortie. « Aller file, je me charge de l’excuse. » Je la laisse partir en première et sors rapidement mon téléphone pour envoyer un message.

Bien entendu, notre petite escapade dans la cuisine n’est pas passée inaperçu et les reproches pleuvent. Je crois, dans le fond, que ma sœur jalouse la relation que j’ai réussi à tisser avec sa propre fille. Comme si j’étais responsable de quoique ce soit. Ne voulant pas échauffer les esprits, je clos rapidement la conversation et lance mon père sur le sujet du sport. On va en avoir pour un moment comme cela. Les minutes semblent s’écouler à une lenteur infinie jusqu’à ce que la sonnerie de mon téléphone coupe les conversations. Je sors mon portable de ma poche et souris en voyant le nom de Thomas s’afficher. Toujours avoir un meilleur pote pour vous sortir de la guerre. « Excusez-moi. » Je me lève de table et réponds à l’appel. Bien entendu, je me fais engueuler par mon ami tandis que j’invente une conversation sérieuse autour du boulot de mon côté sachant que des oreilles m’écoutent. « T’es con Cian, je te jure. » Je me retiens de rire et réponds avec sérieux. « Je suis là dans 15 minutes. » Je raccroche au nez de Thomas et me tourne vers la table, un air un peu désolé sur le visage. « Je vais devoir aller à la base, un petit souci avec les jeunes recrues. » Je vois Charlie subitement se relever à table et c’est maintenant à elle de jouer. « Tu viens avec moi Charlie ? Je te montrerais le bateau de ma prochaine mission. » Du coin de l’œil, je vois ma sœur prête à protester et c’est plus fort que moi, je ne peux pas me retenir. « Oh ça va Erin, c’est chiant à mourir pour elle. Et je vais pas la voir pendant des mois encore, laisse-moi l’emmener avec moi. » Voilà. Comme ça, je serais le méchant de l’histoire et Charlie n’aura pas de souci avec sa mère.

Quelques minutes plus tard, on se retrouve dans ma voiture garé un peu plus loin dans la rue de mes parents. Un rire s’échappe d’entre mes lèvres alors que je croise le regard de ma nièce. « Bon en vrai, j’ai pas à aller à la base. » J’agite mon portable entre mes doigts. « Merci Thomas pour le coup de fil. » Je me mets à rire de nouveau. « Puis y a pas vraiment de prochaine mission, enfin pas pour le moment. Mais si tu veux aller faire un tour à la base ça me va aussi. » ajoutais-je tout en attachant ma ceinture de sécurité. On ne va pas trop s’attarder dans la rue, mes parents pourraient vouloir s’assurer qu’on est bien parti ou je ne sais quoi. « Et c’est toi qui me dois un verre, parce que maintenant, ta mère va me haïr et elle va me faire des reproches pendant des semaines pour lui avoir répondu devant toi. »         

I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Trouver des excuses pour échapper aux repas de famille interminables est devenu une de mes spécialités. C’est bien pour cela que j’avais tout prévu de A à Z. Une excuse que mes parents ne pourront pas questionner et surtout un meilleur ami en or qui, même si je le soûle bien trop souvent, fera toujours quelque chose pour m’aider dans ce genre de situation. Je sais d’avance que dès notre départ, mes parents et ma sœur se feront un plaisir de lister tout ce qui ne va pas chez moi. C’est devenu leurs sujet discussion favorite depuis quelques années. Je suis un exemple de part mon métier, mais ça s’arrête là pour eux. Je vais bientôt avoir quarante ans, je ne leurs jamais ramener qui que ce soit, je n’ai pas pour projet de me marier ou de fonder une famille. Je suis un raté sur ce plan pour eux. Ma mère n’avait pas hésité à me le faire comprendre lorsque je lui avais parlé du mariage de Thomas. Mon meilleur ami en est à son deuxième mariage, je n’ai jamais eu de petite amie sérieuse. Puis il y a eu Niamh et tout est parti en vrille. Clairement, je ne suis pas prêt à me lancer dans une nouvelle relation sérieuse et je finirais probablement seul au plus grand désespoir de ma mère. Alors qu’ils parlent sur moi, je m’en fiche. Je préfère être le vilain petit canard de la famille plutôt que ce soit ma nièce qui se prenne les reproches. C’est bien pour cela que je prends la peine de répondre sèchement à ma sœur. Charlie sera tranquille, elle n’aura fait que suivre cet oncle qu’elle adore un peu trop, mais rien de plus.

Une fois installer dans ma voiture, ma chère nièce me fait remarquer que je ferais mieux de remercier Thomas. Bien entendu, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. « Mais il sait que je lui serais éternellement reconnaissant pour faire des trucs comme ça, pas besoin d’épiloguer. » Insupportable, vous avez dit ? De toute manière, cela a toujours été comme cela entre nous et ce n’est clairement pas prêt de changer. Puis, je sais que nos petites querelles font rire, Charlie depuis son enfance. Visiblement, elle ne s’en lasse toujours pas. La rouquine me répète son envie de se retrouver dans un bar et soudainement, je me demande ce qu’elle va bien pouvoir me raconter sur ce fameux John pour avoir tellement envie de boire. Je sens que je ne vais pas apprécier tout cela… Pourtant, je me retiens de faire une quelconque remarque pour le moment. « Bon dans un bar alors. » Je démarre la voiture et jette un regard à ma nièce. « Cap sur Fortitude alors ? » Je la vois hocher de la tête et ne peux m’empêcher de rire en entendant la remarque sur sa mère. Clairement, je m’attends à recevoir un coup de fil dès demain matin. J’y suis habitué et Erin finira par s’en remettre. « T’en fais pas, je sais comment gérer les choses avec ta mère. » Nous n’avons jamais été très proches avec Erin et c’est bien pire depuis le décès de Leah, mais nous n’en parlons jamais. On se contente de quelques pics bien lancer et cette bataille autour de Charlie.

Il ne nous faudra pas bien longtemps pour finir par atterrir dans l’un de nos bars préférés à Fortitude Valley. Je n’ai même pas le temps de m’installer que Charlie a déjà commander deux whiskys et m’as demandé de lui promettre de ne pas m’énerver. Je sens que je ne vais vraiment pas apprécier. « Je promets rien du tout. » J’ai toujours été très cool avec, mais on ne fait pas de mal à ma nièce, jamais. Je ne veux pas passer pour l’oncle chiant qui surprotège la petite dernière de la famille, mais pourtant, c’est bien ce que je suis. C’est bien pour cela que je ne peux rien lui promettre. Si elle a fait une connerie, je me ferai un plaisir de lui remettre les pendules à l’heure. Si c’est son mec le fautif… Well… Il ne lui restera pas très longtemps à vivre. Et il ne me faudra pas longtemps pour comprendre que c’est lui le fautif dans cette histoire. Pour la première fois de sa vie, Charlie évite clairement mon regard et mon esprit commence à imaginer les pires choses. Si ce petit con lève la main sur ma nièce, il va souffrir comme jamais. Finalement, Charlie me parle de mensonge et enchaîne avec le mot prostitué. Mon cœur manque un battement avant que je ne comprenne que c’est son petit ami qui s’était payer les services d’une prostituée. Mon sang ne fait qu’un tour et si Charlie ne me semblait pas aussi triste, je crois que j’aurais déjà retourné toute la ville pour retrouver ce fameux John. D’abord ma nièce et après, je m’occuperais de son cas. Je tente de rester calme même si clairement mon ton devient beaucoup plus dur. « Okay… » C’est tout ce que je trouve à dire sur le coup. Une gorgée de whisky et je viens poser ma main sur celle de Charlie. Lorsqu’elle finit par ajouter timidement que ce n’est pas le seul coup qu’il lui a fait, je me retiens réellement de hurler. Tout mon corps est tendu et je prends un instant pour trouver mes mots. « Rassure-moi et dis-moi que tu ne le fréquentes plus. » Je vais faire un meurtre sinon. Pour elle, j’en suis plus que capable. « Je sais pas où tu la connus celui-là, mais tu mérites bien mieux que ça, Charlie ! » Je vais le chercher ce mec. Il va tellement le regretter. Elle lui a pardonné un coup pareil… Un cœur en or ma nièce. Je n’ai pas été l’homme le plus fidèle qui soit durant ma vingtaine et je ne suis peut-être pas le mieux placé pour faire des remarques, mais être en couple avec ma nièce et partir aux putes ? Il se prend pour qui celui-là ? « Tu as dit que c’était que le début… Il a fait quoi ensuite ? » Soudainement, j’ai peur de ce qu’elle va bien pouvoir me dire. « Et me demande pas rester calme, j’ai déjà envie de le faire souffrir. » dis-je en soupirant. Reste zen malgré tout Cian. « Parle-moi ma puce… Il a pas été violent avec toi, hein ? » demandais-je avec bien plus de douceur. C’est ce qui m’effraye le plus, qu’un homme soit capable de lui faire du mal physiquement.          

I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Elle m’a demandé de ne pas m’énerver et je fais de mon mieux pour rester calme face a ses aveux. Je ne veux pas être ce cliché de l’oncle hyper protecteur, mais parfois, c’est tout simplement plus fort que moi. Je n’ai jamais été très protecteur avec ma grande sœur, la mère de Charlie, mais avec Leah, c’était quelque chose de différent. Sans le vouloir, j’ai transposé ce côté grand-frère protecteur sur ma nièce qui est née alors que je n’étais encore qu’un Lycéen mal dans sa peau. En grandissant, je n’ai cessé de la prendre sous mon aile malgré mes absences à répétitions. Je veille sur elle sans jamais ne lui faire la morale ou utiliser un ton moralisateur et supérieur avec elle. C’est un point d’honneur que j’ai depuis des années.Sa mère est déjà constamment sur son dos et je m’en voudrais à mort que ma nièce ne veuille plus me parler parce que je me suis mêlé de ce qui ne me regardais pas. Notre relation est basée sur la confiance et c’est bien pour cela que Charlie sait qu’elle peut se confier à moi. Pourtant, je suis obligé de retenir toutes mes remarques assassines envers son petit ami. En particulier, lorsque la rouquine me fait savoir qu’elle est toujours avec lui. Surtout ne pas s’emporter. Au moins, elle à la décence de ne pas me mentir. « D’accord… » me contentais-je de dire simplement. Surtout ne pas lui faire remarquer que c’est une erreur. Je ne dois pas la juger même si j’ai très clairement envie d’aller secouer cet abruti qui s’amuse à la tromper. Pour me calmer un peu, j’avale une longue gorgée de mon verre.

Voyant Charlie aussi hésitante, mais surtout perdant son sourire au fur et à mesure de ses explications, je commence à réellement me poser des questions. Elle m’assure qu’il n’a jamais levé la main sur elle, cela me rassure et je souffle un bon coup. Elle me demande de la laisser finir et je lève les mains en l’air en me reculant dans le fond de ma chaise. « Je t’écoute. » Je bous de l’intérieur, mais je l’écoute avec attention. Mon sang ne fait qu’un tour lorsque j’entends que ce fameux John n’a pas trompé ma nièce pas une fois, mais deux. Enfin non, à multiples reprises même. Il se prend pour qui celui-là. Une erreur, une fois, j’aurais pu comprendre. Je l’ai fait par le passé. Je n’en suis pas fier, mais voilà les erreurs de jeunesse ça arrive. Mais alors à répétition, c’est tout simplement non. Je me retiens réellement de dire quelque chose, laissant Charlie finir son histoire. Ma petite nièce qui n’est plus si petite et si innocente que cela. Lorsqu’elle m’apprend qu’il a encore couché avec une femme différente, je ne peux plus vraiment me retenir. « Charlie ! » Elle est plus intelligente que cela. Je ne connais pas ce garçon, mais visiblement, il sait très bien manipuler son petit monde ce connard.

En quelques minutes seulement, j’apprends donc que ma nièce est en couple avec un homme qui se moque littéralement d’elle et qui semble avoir pour objectif de se taper la ville entière. Il est tellement malin qu’il a réussi à la faire culpabiliser en lui faisant croire qu’il a besoin d’elle. Ma Charlie au grand cœur, c’est bien entendu attaché à lui et chercher par tous les moyens possibles de l’aider. Au moins, elle s’est confiée à moi, mais je ne sais pas comment gérer le flot d’informations qu’elle vient de me délivrer. Mon instinct protecteur me hurle de trouver ce mec et de lui faire payer tout le mal qu’il a pu faire à Charlie. C’est la seule pensée qui domine. Je n’arrive pas à réfléchir autrement pour le moment. Je suis un impulsif et c’est compliqué pour moi de trouver une réaction rationnelle. Je termine mon verre et soupire un peu. « Je… Je vais aller fumer une clope et on en parle après. » C’est tout ce que je trouve à faire pour ne pas hurler, avoir une réaction disproportionnée ou autre. « Tu m’as demandé de pas m’énerver, je suis au maximum de mes capacités-là, ma grande. » Je me lève calmement et sors du bar pour aller me planter contre le mur à l’extérieur. Il faut que je me calme.

C’est comme un forcené que je tire sur le mégot de ma cigarette, les paroles de Charlie tournant en boucle dans mon esprit. Habituellement, je lui dirais de faire ce qui semble être le mieux pour elle. C’est ce que j’ai toujours fait, mais aujourd’hui je m’en sens incapable. Je soupire longuement et du coin de l’œil observe ma nièce qui n’a pas bouger et c’est même commander un nouveau verre. Cet homme la rend malheureuse et je ne peux pas laisser passer cela. Je me dois d’être là pour elle. Me sentant idiot de l’avoir abandonné aussi rapidement, je tire une dernière fois sur ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier afin d’entre à nouveau dans le bar. Je reviens m’asseoir en face de Charlie et lui souris un peu. « Charlie… » Je soupire et tente de trouver les mots juste. « Je ne vais pas te faire la morale, tu sais très bien que je ne suis pas comme ça. Mais… Pense à une seule chose Charlie… Protège toi. » Il faut qu’elle pense à elle dans tout cela, c’est le plus important. « Tu veux l’aider… D’accord. Il ne le mérite clairement pas, mais d’accord. » Je n’en reviens pas de dire une chose pareille alors que cette envie de lui défoncer la tronche et toujours aussi violente au fond de moi. « Mais tu dois penser à toi. Il te rend malheureuse et ça je vais pas pouvoir l’accepter bien longtemps. » Je pose ma main sur la sienne tout en continuant à lui sourire pour la rassurer, je ne veux pas qu’elle pense que je suis en colère après elle. « C’est malsain comme relation Charlie, tu… Tu t’en rends compte hein ? »      

I'd walk a million miles, just to see you smile

Charlie & Cian

Je n’aurais jamais pu imaginer autant garder, on clame face aux révélations que me fait Charlie. Je n’ai jamais été du genre à lui faire la morale ou pire lui dicter ses moindres mouvements, mais je reste son oncle et quoiqu’il arrive, je serais toujours protecteur envers elle. C’est mon rôle d’être présent pour elle et de la soutenir dans les épreuves de la vie. Je ne m’attendais juste pas à une telle histoire… Charlie a toujours eu un sacré caractère et elle n’a jamais été du genre à se laisser faire. Pourtant, il semblerait que cet homme ait réussi à s’infiltrer dans sa vie à un point ou elle ne se voyait plus faire sans lui. Savoir que ma nièce se retrouve dans une relation aussi malsaine me rends tout simplement dingue. Si je n’écoutais que mon instinct, je demanderais à Charlie plus d’informations sur ce John avec pour objectif de le réduire en miette. C’est la seule idée que j’ai en tête, tellement que je suis incapable de formuler une phrase cohérente. J’ai besoin d’aller prendre l’air pour ne pas devenir méchant ou émettre un avis qui ne fera que la blesser. Je ne veux pas perdre la confiance qu’elle a en moi et je lui avais promis de ne pas m’énerver. Alors, je décide juste de sortir à l’extérieur pour fumer et rassembler mes idées avant de ne lui dire quoique ce soit.

Lorsque je finis par revenir dans le bar, je remarque immédiatement que Charlie a lâché quelques larmes. Elle fait de son mieux pour me le cacher, mais je ne suis pas aveugle. Alors, avant de m’asseoir, je passe de son côté et passe mon bras autour de ses épaules pour venir embrasser sa tempe. « Je t’aime. » Je crois que sur l’instant, c’est tout ce dont elle a besoin d’entendre. Je n’ai jamais été du genre à étaler mes sentiments, je n’ai pas le "je t’aime" facile, mais avec ma nièce ça a toujours été différent. Je lui souris un peu avant de reprendre ma place en face d’elle pour lui dire le fond de ma pensée de manière calme et posé. Je n’émets aucun jugement, mais lui demande de faire attention à elle. Je ne veux pas avoir à la ramasser à la petite cuillère, pas elle. « Au moins tu te rends compte de tout cela maintenant. » dis-je doucement. Elle aura mis un peu de temps, mais il vaut mieux tard que jamais. Je comprends que c’est un processus qui va encore prendre quelque temps et que je vais tout de même devoir garder un œil sur tout cela. De manière discrète bien entendue. Je ne peux m’empêcher de lui faire une dernière petite remarque : « Je préférerais ne plus le savoir chez toi quand même. »

Ne voulant pas voir ma nièce pleurer plus longtemps, je lui commande un autre verre et fait tout pour faire dériver la conversation. Bien entendu, on en vient rapidement à parler de mon métier et je lui raconte encore quelques histoires de mes différentes missions autour du monde. Voyant bien que la rouquine est encore un peu fragile, je finis par lui proposer de venir passer la soirée chez moi. Elle dort souvent à la maison et honnêtement, je préfère la savoir avec moi plutôt qu’auprès de ce connard. J’ai promis de ne pas m’en mêler, mais je vais quand même le chercher ce petit con.

the end