She’s a dark soul with a heart of gold

Charlie & Cian #5

C’est un coup de tête un peu fou, une envie soudaine de fuir, de prendre le large, de m’isoler qui m’ont fait acheter des billets d’avions sur un coup de tête. J’ai longtemps hésité à partir seul, pour me retrouver avec moi-même, pour me recentrer. Puis je me suis rappelé que je ne sais pas gérer la solitude, que c’est quelque chose qui me déstabilise encore plus. Je n’ai pas besoin de prendre des décisions hasardeuses et stupides dernièrement. Au moment où je me demandais si partir était réellement une bonne idée, Charlie a répondu à l’un de mes messages. Ceux que je lui envoyais régulièrement depuis ce fameux dimanche ou elle m’a annoncé sa grossesse. J’essaye de ne pas devenir l’oncle ultra protecteur, je la laisse vivre sa vie et une fois par semaine, on se retrouve tous les deux pour partager un moment. J’ai bien remarqué que parfois elle n’est pas réellement présente avec moi, qu’elle se perds dans ses pensées et qu’elle cache ses rondeurs grandissantes. J’observe en silence depuis quelques semaines prêt à la ramasser en plein vol, prêt à la protéger le jour où elle en aura réellement besoin. Et ce soir-là, le message de ma nièce m’a donné une idée. J’ai pris deux billets d’avions direction Christchurch en Nouvelle-Zélande pour Charlie et moi. On allait s’enfuir ensemble pour tenter de souffler durant quelques jours. Pour s’évader un peu.

J’ai réussi à ne rien lui dire, à garder la surprise pendant près de deux semaines. J’ose espérer que cela va lui plaire. La Nouvelle-Zélande tient une place toute particulière dans notre relation. Elle avait sept ans, la première fois où je l’ai emmené en vacances avec moi là-bas. Depuis nous y sommes souvent retourner rien que tous les deux, mais cela n’était plus arriver depuis des années. Je sais qu’il n’y a pas meilleur endroit pour que l’on se perde dans la nature rien que tous les deux. Je suis persuadé que cela va nous faire du bien. J’ai tout prévu pour notre séjour et attends juste que Charlie arrive chez moi. Je lui ai donné rendez-vous assez tôt pour que l’on n’est pas à courir une fois à l’aéroport. J’ai été obligé de lui demander de préparer un sac et j’espère que cela n’a pas complètement ruiné la surprise. On verra bien, car ma nièce vient tout juste de m’envoyer un message pour m’indiquer qu’elle serait là dans cinq minutes.

Lorsqu’elle franchie la porte de mon appartement, je suis heureux de la voir avec un sac à la main. Elle semble malgré tout plus que suspicieuse et cela me fait rire. « J’ai une petite surprise pour toi. » dis-je en essayant de ne pas tout lâcher d’un coup d’un seul. Je ne suis pas doué pour faire une surprise, mais je compte bien aller jusqu’au bout pour tenter de voir apparaître un beau sourire sur le visage de ma nièce. « On va pas faire une soirée ici, on va aller à l’aéroport. » Je la vois ouvrir la bouche et anticipe la moindre question. « Nope, je dirais rien de plus ! » Je lui souris et vais attraper mon sac qui était déjà prêt au bas des escaliers. « Je me suis arrangé avec Matt t’en fais pas. Il a dit que tu méritais des vacances. » Même si tout cela est parti d’un coup de tête irréfléchi, j’ai fini par m’assurer que Charlie pourrait partir avec moi. « Tu es prête ? »

@Charlie Villanelle     

Elle reprenait peu à peu goût en la vie grâce à ses dernières rencontres avec Tim et le sujet de sa grossesse devenait moins tabou, moins difficile à gérer aussi. Désormais Charlie se permet de rêver d’une vie de famille, d’une vie à construire, d’un nouvel être à élever qui grandira à ses côtés pour le restant de sa vie. Elle se permet beaucoup de choses, n’espère pas rêver de trop pour se retrouver à chuter lourdement ensuite. La drogue n’est pas oubliée, elle a circulé dans son sang et celui de son enfant et les conséquences, bien qu’inconnues pour le moment, seront certainement terribles. Charlie essaye de ne pas y penser pour le moment, d’avancer au jour le jour, de faire le décompte avant la prochaine échographie et le jour présumé de sa naissance. Pour la première fois depuis toujours, c’est le coeur léger qu’elle se rend chez son oncle pour donner de ses nouvelles et prendre des siennes. Elle a accepté ce rituel bien malgré elle au début, pensant troquer les repas dominicaux pour une autre sorte de souffrance mais désormais elle est heureuse de revoir cet homme à qui elle doit tant. Il a sacrifié beaucoup de lui pour la rendre heureuse et la protéger et elle espère qu’un jour elle saura lui rendre la pareille ou au moins lui montrer à quel point elle sait tout ce qu’il fait, et à quel point elle lui en sera éternellement reconnaissante.
C’est avec beaucoup de curiosité qu’elle a commencé à faire un sac rempli d’un peu de tout avant de se rendre chez Cian. Mille idées lui ont traversé la tête mais seul Tim était au centre de ses pensées, y trônant comme un roi, indélogeable. Elle n’en est arrivée à aucune conclusion, ne sait aucunement à quoi s’attendre alors qu’elle pousse la porte de l’appartemment, la bouche en coeur et rayonnante. Elle en est au second trimestre de grossesse, son ventre commence à s’arrondir de manière signifcative et le bébé se manifeste plusieurs fois par jour en tapant doucement contre la paroi de son ventre. Les nausées ne sont plus qu’un mauvais souvenir, tout comme ses erreurs du passé. Elle prend enfin la grossesse du bon côté du chose, comme une chance et non comme un fardeau. Elle redevient elle même, ce petit soleil de vie avec un optimisme à tout épreuve.
Cian maintient le suspens, avoue d’abord avoir une surprise pour elle - comme si elle ne l’avait pas déjà deviné, tiens - mais sans rien ajouter de plus. Elle vient passer un bras autour de ses épaules et l’embrasser sur la joue avant qu’il n’ajoute quoi que ce soit, un grand sourire sur son visage pâle. Ce dernier se referme peu à peu et elle ose un rire stressé alors qu’il parle d’aéroport, se prépare à lui poser un millier de questions avant d’être aussitôt coupée. Cian a déjà tout prévu, elle n’a aucun argument contre lui. Ce n’est pas comme si elle voulait se mettre en travers de son idée, de toute façon. Il lui propose de changer d’air et c’est quelque chose qu’elle ne peut pas refuser, surtout s’il a déjà tout prévu avec Matt. Soit, alors. Qu’ils s’envolent quelque part, qu’ils s’envolent loin. En famille. Juste eux deux, les deux maillons inséparables.

Sans n’avoir aucune idée de leur destination, elle laisse tomber son sac au sol et ajoute son second bras autour des épaules de son oncle pour le serrer un peu plus fort encore. Son visage dans son cou, elle entend sa propre respiration s’accélérer significativement. “Merci.” Pour tout et pour rien, pour ce qu’il a déjà fait et ce qu’il s’apprête à faire. Merci pour bien plus que cette surprise, merci d’être là. Merci d’exister. Merci d’être toi. Elle se retire presque aussitôt, sentant déjà les larmes lui monter aux yeux et ne voulant absolument pas gâcher ce moment entre eux. Elle avait été si distante, ces derniers temps. Ils ont besoin de renouer leurs liens. “Je n’ai qu’une seule question : on mange quand ? Je meuuuurs de faim.” Peu importe où il compte l’emmener, elle sait qu’il ferra un très bon choix. Elle sait aussi qu’il aura pris toutes les mesures pour la femme enceinte qu’elle est et que rien de mal ne pourra se passer.

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Charlie & Cian #5

Lorsque Charlie passe le pas de ma porte, je vois bien qu’elle se demande pourquoi je lui ai demandé de préparer un sac. Elle semble curieuse et un brin méfiante. L’espace de quelques secondes, j’ai le sentiment de retrouver ma nièce quand elle était encore qu’une enfant et que sa curiosité primait sur tout. Elle était toujours partante pour une aventure et j’espère qu’aujourd’hui elle acceptera de partir avec moi. Il est vrai que je ne l’ai pas du tout prévenu, je voulais que cela reste une vraie surprise pour elle. Charlie vient embrasser ma joue alors que je lui annonce que notre soirée va plutôt se dérouler à l’aéroport plutôt que dans mon appartement. Elle ne discute même pas ou tout du moins, je ne lui en laisse pas réellement le temps. L’avantage, c’est que je connais très bien le patron de Charlie et que j’ai pu m’arranger avec lui. Cela m’avait confirmé l’idée que je prenais la bonne décision en préparant ce voyage un peu impromptu, mais finalement si nécessaire pour nous. Elle semble hésitante un instant, mais quelques secondes après je me retrouve avec ma nièce dans les bras. Elle serre ses bras autour de mon cou et me remercie tout doucement. J’enroule mes bras autour de son corps frêle et la serre un peu contre moi à mon tour. « Tu n’as pas besoin de me remercier. » répondis-je en venant embrasser son front tendrement. Je vois bien qu’elle est émue lorsqu’elle finit par se reculer doucement. Je passe une main sur sa joue en souriant. Sans rien dire. Juste pour la rassurer, pour lui montrer encore et toujours que quoiqu’il arrive, je serais là pour elle. Même si parfois la vie nous éloigne, même si on doit surmonter de longs obstacles. Je serais là.

Et alors que j’allais entraîner ma nièce vers l’extérieur pour que l’on parte en direction de l’aéroport, elle me demande ce que l’on mange. Oh. J’avais un peu omis ce détail-là. Je pensais prendre un sandwich un peu bateau avant de monter dans l’avion, mais je vais voyager avec une femme enceinte. Je n’ai pas beaucoup vécu la grossesse d’Eavan, mais la nourriture était sacrée pour elle le dernier mois avant son accouchement. « Je… » Trouve un plan et vite Cian. Je réfléchis aussi rapidement que possible et me rappelle qu’il y a plusieurs petits restaurants dans la zone d’embarquement de l’aéroport de Brisbane. « Si on part maintenant, on pourra manger un bout avant d’embarquer. Ça te va ? » dis-je doucement espérant que vraiment ça va aller, parce que je n’avais pas vraiment d’autre plan sous la main. « Notre vol est assez tard donc on devrait avoir le temps, je pense. Et pour ce soir, j’ai pris un hôtel juste à côté et on bougera demain matin. » Je souris et enfile mes chaussures comptant bien garder le secret de notre destination le plus longtemps possible. « Enfin j’ai tout prévu promis. » Je lui assure avant de prendre nos deux sacs. « On y va ? »

@Charlie Villanelle     

Elle rigole doucement, voyant Cian perdre toute contenance alors qu’elle demande déjà quand manger - femme enceinte oblige (la belle excuse). Elle souhaite manger tout le temps désormais et ses messages avec Kane se résument à des propositions de manger de la pizza et d’adopter un énième animal exotique. Rien de plus normal. Elle lui répond d’un sourire compatissant, hochant la tête alors qu’il se démène pour trouver une solution rapide à la fameuse question de la nourriture. Un restaurant avant de prendre l’avion semble être une excellente idée et la blonde ne leur fait pas perdre plus de temps, ressortant déjà de l’appartement à peine son oncle embrassé. Ils s’envolent, alors. C’est déjà un premier indice. L’Australie est un grand pays et il est souvent nécessaire de prendre l’avion pour le découvrir - ou alors cela n’a rien à voir avec l’Australie ? L’espace d’un instant elle se questionne à propos de sa grossesse et de la nécessite de réduire au maximum le temps passé dans les airs mais elle sait déjà que son oncle aura fait toutes les recherches qu’elle aurait pu faire.
Tout va bien se passer, Charlie. Seulement toi et ton oncle. Tout ira bien. Tout va toujours bien quand il ne s’agit que d’eux deux, ce n’est que quand on rajoute des participants au jeu que tout devient bien trop compliqué bien trop rapidement. ”On y va.” Elle assure, rassure. Ils y vont. Tout ira bien. Peu importe où ils vont, tout ira bien. Parce que Cian l’a dit, parce qu’il en a fait la promesse silencieuse “j’ai tout prévu”. Son oncle ne ment jamais alors elle le croit, elle sourit, elle pose naturellement sa main sur le bas de son ventre déjà rebondi à la suite des quatre mois de grossesse. Le temps passe vite, et dans quelques mois de plus un enfant aura pris la place des courbes sur son corps.

Tout en sachant très bien qu’il ne lâchera pas le mot sur leur destination, elle leur évite de longues minutes d’interrogatoire pour plutôt parler d’un sujet qui lui tient à cœur depuis quelques jours déjà. Elle attendait de l’avoir face à lui pour lui parler en personne. ”Cian, l’offre de venir chez toi si j’en ai besoin … y’avait une date de péremption ?” Je peux toujours venir ? Elle joue de ses mains, fait craquer ses phalanges, tord ses doigts dans tous les sens alors que son regard se pose sur la route qui défile face à eux et les fards des voitures qui les éblouissent. ”Je me dis que ça serait sans doute mieux pour le bébé que je reste chez toi au début … Le temps de trouver une maison pour nous deux.” Pour que Tim puisse venir les voir en terrain neutre, aussi. Pour ne pas avoir à infliger ses choix à Kane, aussi.

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Charlie & Cian #5

On y va. Plus le temps de faire marche arrière. Je compte bien lui faire profiter de cette petite escapade à deux. Tout se passera bien. Elle en a besoin, j’en ai besoin. Je n’avais juste pas réellement prévu que je partais avec une jeune femme enceinte de quatre mois et quelques. Autrement dit une blondinette pleine d’hormones et qui veux manger l’équivalent de mon poids toutes les deux ou trois heures. Heureusement, on ne vit pas dans un milieu recul et l’aéroport de Brisbane est plein de petits restaurants qui trouveront probablement merci à ses yeux. Elle semble accepter l’idée et je me sens tout de suite soulagé. On attrape nos sacs et on quitte mon appartement, cap sur l’aéroport. Je compte bien garder notre destination secrète le plus longtemps possible. Juste pour le plaisir, juste pour voir si elle va deviner ou pas. Je sais qu’elle le saura avant que l’on monte dans l’avion, mais c’est juste pour maintenir un peu le suspense.

Une fois sur la route, le silence s’installe entre nous. Rien de malaisant. Juste un silence apaisant, quelque chose qui fait du bien. Même si, du coin de l’œil, je vois bien que Charlie semble de plus en plus nerveuse. Comme si elle hésitait à me demander quelque chose. Je ne force rien, conduis calmement et finalement, c’est elle qui fait le premier pas vers moi. Je suis quelque peu surpris de sa question, comme si du jour au lendemain, j’allais refuser de l’héberger. Je la regarde véritablement surpris avant de m’empresser de lui répondre. « Tu sais que c’est une offre à vie hein ? » Je viens doucement poser ma main sur sa cuisse et lui souris tendrement avant de reposer mon regard sur la route. « Je serais ravi de t’avoir à la maison que ce soit toute seule ou avec ton bébé ma puce. » Vraiment. Je préfère la savoir chez moi que je ne sais où. Ce n’est pas que je ne fais pas confiance à ses amis ou pire à son petit ami, mais j’aimerais réellement la garder près de moi durant cette période. « Je peux aménager la chambre d’ami quand tu veux. » ajoutais-je pour lui rappeler que cela est effectif immédiatement ou quand elle le souhaitera, quand elle se sentira prête. « Tu seras toujours la bienvenue chez moi. Toujours. » Et sur ces paroles, je me gare au parking longue durée de l’aéroport.

On a tous les deux packs des bagages très léger qui vont passer avec nous dans l’avion alors on se dirige de suite vers la sécurité. On est vraiment en avance et on aura largement le temps de prendre un bon repas qui devrait satisfaire l’estomac de Charlie. Alors que je donne nos billets d’avions pour passer le cordon de sécurité, l’employé me les rend en souriant. « Bon voyage en Nouvelle-Zélande monsieur. » - « NON ! » C’est un cri du cœur qui surprend le jeune homme face à moi alors que ma nièce se marre. « Désolé, mais c’était une surprise pour ma nièce. » Il s’excuse et je lève les yeux au ciel tout en récupérant mes affaires. Je remets mes chaussures et me tourne vers Charlie. « Bon… Maintenant, tu sais où on va… Mais je dis rien de plus, parce qu’on reste pas ou on atterrit, juste cette nuit et après, on bouge. Rah, il a gâché ma surprise ! » J’attends la jeune femme et commence à regarder autour de nous. « Enfin… Notre porte est là-bas. » Je monte dans une direction générale sur notre gauche. « On a une heure avant le début de l’embarquement. Tu veux manger quoi ? »

@Charlie Villanelle     

Ouf. Il a dit oui. Il n’a pas fait de rétropédalage. Il pensait réellement ce qu’il disait avant. Il accepte toujours d’accueillir sa nièce chez elle, ce petit aimant à problèmes ambulant. Elle s’autorise à souffler après avoir retenu l’air trop longtemps dans ses poumons. Tout semble réellement aller mieux peu à peu, sa vie se range doucement mais sûrement. Tout va réellement bien aller alors. Sans ajouter un mot, elle lance un regard attendri vers lui alors qu’il continue de prendre garde à la route qui défile sous leurs yeux. Elle ne répond rien à aucune de ses douces phrases rassurantes, ne précise pas quand est ce qu’elle comptait occuper la chambre d’ami, ne précise pas de date limite, ne précise encore moins le nombre de personnes que cette demande engage. Elle a déjà toutes les réponses au fond d’elle mais la blonde a encore besoin de quelques minutes pour faire de l’ordre dans son esprit et le silence qui les enveloppe peu à peu est bien trop rassurant pour qu’elle ne le brise. Juste tous les deux, sans problèmes, pour un voyage surprise. Le décor digne d’une carte postale est plantée. Une carte postale au milieu des embouteillages d’un Brisbane à la tombée de la nuit, mais quand bien même. Cela ne lui importe pas du tout puisque de toute façon elle sera la bienvenue chez lui. Toujours. Il l’a dit. Et elle sait qu’il ne ment pas.

La blonde se fait petite et sage comme au premier jour - ce qu’elle n’a en réalité jamais été. Elle devient l’ombre de son oncle, le suit à travers l’aéroport bondé en ce début de week end, tente de regarder les écrans pour deviner leur prochaine destination. En réalité elle est seulement bien trop heureuse de savoir où elle et son enfant pourront dormir qu’elle n’arrive à se concentrer sur rien d’autre. Tout ira bien. Peu importe où est ce qu’ils iront, tout ira bien.

Un éclat de rire franc et singulier s’échappe de sa gorge quand l’employé divulgue par inadvertance leur prochain lieu de vacances. Bien sûr. C’était si logique qu’elle ne s’y attendait même pas. La Nouvelle Zélande. Là où tout a commencé et, elle continue de le croire, là où tout se terminera aussi. Si jamais elle devait quitter l’Australie, c’est là bas qu’elle irait vivre. Elle s’excuse à son tour auprès de l’employé, lui assure que son oncle n’aurait pas su garder la surprise de toute façon. ”Je ne sais pas encore dans quelle ville est ce qu’on va, on peut dire que c’est là tout la surprise du week end ?” Elle tente de concilier le tout, lance un clin d’oeil assuré à son oncle. La maman en elle cherche déjà à trouver un problème à toutes les solutions et user de compromis pour chaque parti. Et peu importe s’il n’y a pas de surprise, de toute façon, parce que tout ira bien.

”Je n’ai plus faim, finalement.” Ah la voilà, la casse pied est de retour. A défaut d’avoir une place sur les sièges devant les portes d’embarquement, elle se laisse doucement tomber au sol en faisant glisser son dos le long du mur. Ses yeux bleus se relèvent vers son oncle une dernière fois. ”On emménagera tous les deux. Quand il sera là. Je n’en ai pas parlé à Kane encore, on doit y aller doucement.” Et elle sait qu’il ne lui mettra pas la pression alors elle le remercie déjà silencieusement à ce propos. ”Le premier voyage du bébé sera en Nouvelle Zélande, on est obligés. On ira tous les trois et on le prendra en photo partout. Comme ça il aura honte de nous quand il regardera tout ça dans plusieurs années.”

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Charlie & Cian #5

Je vois à quel point elle est surprise de me voir dire oui. Comme si je pouvais lui refuser une chose pareille. Je n’ai jamais été du genre à faire des promesses en l’air. Surtout pas à ma nièce. J’ai toujours tout fait pour tenir mes promesses auprès de la jeune femme. C’est quelque chose de réellement important pour moi. Alors, lorsque je lui ai proposé d’emménager chez moi, j’étais plus que sérieux. Je vois bien qu’elle ne souhaite pas en parler tout de suite et je respecte cela. Elle a probablement besoin de temps pour prendre en compte tout ce qui prochainement changera dans sa vie. Je me doute que tout cela n’est pas simple pour elle surtout étant donné sa situation actuelle. Alors, je me contente de lui sourire et de poser ma main sur sa cuisse. Assurance silencieuse que tout ira bien, que je serais là pour elle et qu’elle peut compter sur moi qu’importe l’heure du jour ou de la nuit. Une promesse entre nous. Une de plus.

On finit par arriver à l’aéroport et alors que tout se déroulait comme je l’avais prévu, il a fallu qu’un employé donne notre destination à voix haute me faisant légèrement crier. Je ne voulais effrayer personne, mais il a gâché ma surprise et tel un grand enfant, je suis vraiment déçu. Cela a au moins le don de faire rire Charlie. Au moins, elle ne semble pas déçue par la destination. C’est déjà cela de gagner. Et telle une maman, elle tente de me rassurer, me lance un clin d’œil et m’assure que tout n’est pas gâché. « Oui, c’est vrai. » Je hausse les épaules et récupère nos sacs afin de rejoindre le hall des départs. Comme avant chaque voyage, je sens une certaine excitation. Je connais la destination par cœur, mais je ne me lasserai jamais d’aller là-bas, jamais. C’est un peu mon sanctuaire, ma safe zone. Et je sais que Charlie aime réellement cet endroit aussi. On sera bien là-bas pendant quelques jours. C’est tout ce dont a besoin.

Soudainement, Charlie annonce qu’elle a plus faim. Je retiens un rire en me tournant vers elle. « On devrait prendre un petit truc à grignoter quand même, non ? » A me speeder de vouloir manger, je dois dire que je commence à avoir un petit creux moi. Il me faudrait peut-être un café aussi. Je regarde autour de moi, mais sentant que la future maman n’est pas réellement dans le mood, je finis par m’asseoir à côté d’elle nos sacs entre nous. Un instant, on se perd à regarder le ballet des gens autour de nous. Lorsque j’étais gamin, j’adorais inventer une vie aux passants, je le faisais toujours avec Leah. Penser à ma sœur me serre toujours autant le bide, mais heureusement Charlie me ramène bien vite à la réalité. Elle parle d’emménager à la maison plus tard quand elle sera prête. « Bien sûr, quand tu veux. La place sera toujours libre. » Je souris à nouveau pour lui assurer une énième fois que tout ira bien et qu’elle viendra quand elle le voudra. « Tu dis il… C’est un petit mec ou tu sais pas encore ? » On utilise toujours le prénom masculin au début d’une grossesse, habitude de parler d’un bébé. Je tente juste de savoir si ma nièce en sait un peu plus sur sa grossesse. Je ne veux pas la presser de question alors je tente de faire ça en douceur.

Lorsque la jeune femme m’assure que le premier voyage de son bébé sera en Nouvelle-Zélande mon sourire ne cesse de s’agrandir. « On fera des photos de bébé à la sortie du bain, les fesses à l’air sur un lit d’hôtel et comme ça, là, il aura bien honte de nous. » Je ris de bon cœur. Ce sera bien. Je ne sais pas ce que l’avenir va donner, mais je sais que tout se passera bien et qu’on formera notre famille à nous. À notre manière. Quoique les gens disent. « Et je lui raconterai tout un tas d’histoire sur sa maman. » Je prends appui sur mon sac à dos et me tourne un peu pour croiser le regard de ma nièce qui semble de plus en plus détendu. Je suis réellement heureux de la voir comme cela et surtout de parler de son bébé de manière aussi simple et légère. « D’ailleurs, faut qu’on reparle de cette idée de surnom. Je refuse un truc moche. » Et surtout, je refuse le terme papi, pas que ce ne sera pas réellement mon statut auprès de cet enfant, mais juste parce que cela me ferait sentir comme un vieux croulant. « Tu es sûre que tu n’as pas faim ? » ajoutais-je tout en jetant un coup d’œil à ma montre.

@Charlie Villanelle     

Le changement d’attitude déstabilise Cian et elle sourit tendrement face à sa mince décontenancée. « On devrait prendre un petit truc à grignoter quand même, non ? » Sa réponse se résume à un simple rire avant que l’employé de l’aéroport ne fasse voler en éclat la surprise de son oncle, cette même la qu’il avait dû préparer avec tant d’amour et d’attention. La surprise s’envole mais la joie de la blonde reste bien présente, celle tant de passer un week-end en seule compagnie de son oncle que de le passer dans un pays qu’elle apprécie particulièrement. Elle anticipe déjà qu’il a prévu de les emmener dans leurs endroits préférés et que leurs journées sont quadrillées à la seconde près.
Ils passent sous soleil attentif de la sécurité et d’un nombre incalculable de machines de nouvelles générations - oui, promis, la seule chose qu’elle porte en elle se résume à un enfant. L’élan de faim de Charlie les avait poussé à quitter l’appartement plus tôt mais maintenant ils se retrouvent à attendre à même le sol de l’aéroport puisque leur avion n’est pas prêt de s’envoler vers une autre île. La blonde fait passer son sac devant elle, le pose entre ses jambes tant pour s’en faire un coussin que pour le surveiller. « Tu dis il… C’est un petit mec ou tu sais pas encore ? » Elle plonge ses yeux bleus dans ceux de son oncle, les mêmes, et sourit à nouveau. Elle ne répond pas pendant plusieurs secondes, toujours ridiculement émue qu’il s’implique tant dans sa grossesse alors qu’elle l’en avait volontairement évincé (lui et le reste de l’humanité) depuis la première heure. ”On ne peut pas encore savoir, à la prochain échographie peut être … Mais … J’en sais rien. J’ai l’impression que ça sera vraiment un petit gars.” Qu’elle ait raison ou tort, cet enfant sera aimé au même niveau. Elle ne reproduira pas les erreurs que la mère de Tim a commis sur lui. Elle ne sera pas celle qui demandera à son enfant de changer. Jamais. Il sera aimé quoi qu’il se passe, quoi qu’il puisse arriver à partir de maintenant.

Le thème de la soirée et des jours à venir semble lancé, ils oscilleront donc entre Nouvelle Zélande et le bébé. La tête de la blonde, apaisée, se laisse peu à peu glisser le long du mur pour venir se poser sur l’épaule de son oncle. Ils n’avaient pas été dans un état d’esprit aussi apaisé depuis une très longue période. Ils avaient besoin de connaître ce retour au calme puisque ce rythme infernal n’aurait jamais pu continuer. Ils sont humains, eux aussi. « On fera des photos de bébé à la sortie du bain, les fesses à l’air sur un lit d’hôtel et comme ça, là, il aura bien honte de nous. » ”La honte totale.” Les mêmes photos que la grand mère de Charlie prenait d’elle à l’époque, qui la font encore quelque peu sourire aujourd’hui et qui la rendaient immensément gênée à l’époque. « Et je lui raconterai tout un tas d’histoire sur sa maman. » Leurs regards se croisent à nouveau, elle rigole de cette idée sans s’en offusquer. Il saura choisir les histoires les plus drôles et les plus rocambolesques tout en évitant soigneusement celles faisant allusion aux moments noirs de son existence. ”Aucune qui ne lui donnera de mauvaises idées, j’espère.” Des mauvaises idées d’enfants, elle en avait eu des milliers mais fort heureusement que peu étaient parvenus jusqu’à réalisation. Elle lui fait comprendre qu’elle ne parle de rien de bien sérieux en gardant toujours cette mine enjolivée et ce même sourire sur son visage. Ce même visage qui a su recouvrer bien des couleurs, depuis le temps. « D’ailleurs, faut qu’on reparle de cette idée de surnom. Je refuse un truc moche. » Nouveau rire franc, appuyé. ”Quoi ? Tu désapprouves déjà “papi Sissi” !?” Oh le coup de vieux, passer ainsi de grand frère à tonton puis grand père. Papi. Elle n’aurait pas cru avoir un enfant aussi jeune mais au moins est-elle largement heureuse de savoir qu’il aura le meilleur vrai faux papi de l’univers. ”Et puis depuis quand les gens ont-ils quoi que ce soit à dire à propos du surnom qu’on leur donne ? Hm ?” Elle lui choisira le pire surnom de l’univers et l’appellera ainsi jusqu’à la fin des temps pour que son enfant en fasse de même ; c’est obligé. Il lui dit en rigolant de faire tout l’inverse alors elle va prendre un plaisir immense à faire tout le contraire.

« Tu es sûre que tu n’as pas faim ? » Le sujet revient, entêtant, alors qu'il jette un œil presque inquiet à sa montre. Conciliante, la jeune femme souffle doucement avant de se relever, intimant son oncle à en faire de même en pointant les restaurants du bout du menton. Il continuera à s'en faire pour elle tant qu'il ne l'aura pas vu avaler quelque chose alors autant rapidement mettre fin à son supplice tant que leur avion ne décolle pas encore. "Il faut qu'on mange des burgers du pays avant d'en oublier le goût." Elle ajoute, dramatique, comme s'ils s'en allaient à l'autre bout du monde pour le reste de leurs jours.
Ses pas la mènent au restaurant le plus proche et ils se retrouvent rapidement tous deux autour de la même table, un sourire franc sur le bout des lèvres. Sa tête sa perd dans le creux de sa main, elle boit chacune des paroles prononcées par son aîné. "Tu as eu une bonne idée. La blonde finit par avouer au bout d'un moment, se battant pour arriver à couper sa pièce de viande. "Je ne pensais pas que Matt aurait été capable de garder la surprise. Tu comptes m'en dire plus sur le programme ou je dois compter sur la gaffe du personnel douanier encore une fois ?" Il leur reste la frontière néo-zélandaise à franchir, l'espoir est encore présent !

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Charlie & Cian #5

J’avais compris que parler de sa grossesse n’était pas quelque chose d’aisé pour Charlie. Je pense qu’elle avait besoin de temps pour prendre conscience de ce qui l’attend dans les prochains mois. Visiblement, les choses ont changé depuis la dernière fois que l’on s'est vu. Je suis heureux de la voir bien plus détendue, bien plus souriante. Elle parle un peu plus facilement de sa grossesse et du futur bébé. Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsqu’elle évoque un instinct maternel, persuadée que c’est un petit garçon qui se cache sous son nombril. « Tant que vous allez bien tous les deux. » dis-je en embrassant sa joue. « Un mini Charlie, ça va vraiment être drôle. » ajoutais-je en levant les yeux au ciel. Je ne connais pas le père de son enfant, mais j’ai connu Charlie dès le premier jour de sa vie. Je l’ai vu grandir et je me souviens parfaitement de la petite terreur qu’elle était. D’ailleurs, je ne me gêne pas pour lui donner des idées de photos qui embarrasserons son futur enfant lorsqu’il sera plus grand. Visiblement, la future maman semble plutôt d’accord avec mes idées. « Voilà et comme ça moi, je lui montrerais les tiennes en échange. » Je me mords la lèvre pour ne pas exploser de rire fasse à son expression. Je vais bien m’amuser moi, je sens, surtout à raconter des histoires sur Charlie. Après tout, j’en ai tout un tas en stock. « Oh, je lui raconterais juste tes petits exploits. » J’ai des millions de souvenirs en compagnie de ma nièce et parfois cela me manque les moments ou elle m’accueillait en criant et en me sautant dessus, les moments ou elle me suppliait de lui raconter des histoires avant d’aller au lit. Nos premiers voyages, les fois ou elle venait chez moi et que l’on passait le week-end à construit des châteaux avec tous les coussins et les couvertures de mon appartement. Cela me manque un peu et j’ai comme hâte de recommencer avec son enfant. « Je lui dirais juste à quel point sa maman adorait les histoires d’aventures, que ton doudou préféré était une peluche de requin, que tu n’aimais pas les petit pois trop cuits et que tout ce que j’ai pu faire avec toi, j’espère pouvoir le faire avec lui. » Je souris un peu et m’empresse d’ajouter. « Ou elle. » Et alors que j’allais plaisanter à nouveau, voilà que Charlie m’appelle papi. Je sors mon meilleur jeu d’acteur et porte une main à mon cœur feignant une attaque. « Argh. Comment m’achever en un mot. » Je suis clairement pas prêt à me faire appeler papi même si l’intention me touche énormément. « Je te jure je suis pas prêt pour papi… Je veux bien le rôle et tout ce qui va avec sauf le nom. » Je ris un peu en secouant la tête. Et bien entendu, Charlie ne veut pas lâcher l’affaire aussi facilement. Pour elle, je n’ai pas le droit de choisir mon propre surnom et forcément, je crains le pire. « T’as passé les premières années de ta vie à m’appeler Sissi, je te jure que j’ai donné là-dessus. » Et pourtant, je sais que je pourrais rien lui refuser et encore moins à son bébé. « Mais pour vous, j’accepte n’importe quoi je crois. » Je souris et attends donc que tombe la décision du surnom.

En attendant, je l’oblige à repenser à cette idée de manger quelque chose. Je sais qu’elle m’a assuré de ne pas avoir faim, mais je serais un peu plus rassuré si on avait un truc dans le ventre avant de partir. On finit par se prendre des burgers et on se retrouve sur une petite table dans un coin pas loin de notre porte. On a un peu de temps devant nous, mais je dévore mon sandwich comme si je n’avais pas mangé depuis des mois. Il faut croire que c’est moi qui avais réellement trop faim. Bien entendu, Charlie ne reste pas silencieuse et m’interroge sur le reste de notre programme. « Sache que j’ai légèrement fait du chantage à Matt et faut croire que ça à fonctionner. » Le barman est un ami depuis des années et je sais très bien comment m’y prendre pour lui demander de garder sa grande bouche fermée. J’hésite un instant à tout lui dire, mais je vois bien qu’elle ne lâchera pas l’affaire avant d’en savoir un peu plus. « Ce soir, on dort à Christchurch. Demain, on prend une voiture et on part vers Lake Pearson. » Je mange quelques-unes de mes frites et hausse les épaules. « J’ai loué une petite cabane au bord du lac. J’ai mis autant de kilomètres possibles entre nous et les voisins, je te promets. » Parce que je sais qu’elle en a besoin et surtout, c’est moi qui en ai besoin dernièrement. « Y a qu’un seul grand lit, mais si c’est un problème, je dormirais sur le canapé. Enfin, on s’arrangera. » Je hoche un peu la tête, persuadé que tout se passera bien. « Et l’idée, c’est juste qu’on profite du lac et du silence. La mamie que j’ai eue au téléphone m’a dit qu’il y avait pleins de balades à faire, elle a des jeux de société dans la maison, et même un kayak sur le ponton. Je… Enfin, je pense que ça va être cool. »

@Charlie Villanelle     

Cian joue de leurs années de vie passées l’un près de l’autre pour se moquer de sa nièce et en retirer les moments les plus gênants pour elle, amusants pour lui. Loin de s’en offusquer, la blonde s’en amuse à son tour non sans oublier de lui faire passer un coup de coude dans les cotes à chaque fois qu’il fait une nouvelle remarque à propos de son enfance. Elle se replonge dans tous ces souvenirs là en même temps que lui, un sourire au coin des lèvres. Il use de toutes ses forces pour ne pas avoir à être affublé du surnom de “papi” pourtant toutes les deux savent qu’il ne pourra pas y échapper. Même si elle avait réellement voulu l’en sauver, Charlie aurait gaffé instinctivement et il y a fort à parier que ce soit le nom qu’aurait aussitôt retenu son enfant. Ce sera papi Cian, tout le monde le sait. Il sera un super papi Cian, à n’en pas douter.

Le moment nostalgie passé, son oncle lui avoue avoir usé de chantage sur le pauvre Matt et, à nouveau, Charlie sourit tendrement. Elle n’a aucune raison en particulière de le faire, bien trop de petites spécifiques. Elle sourit parce qu’elle est avec Cian, elle sourit parce que tout va bien, elle sourit parce qu’ils vont en Nouvelle Zélande et que son oncle a été jusqu’à en parler à son patron pour que le voyage entier se passe sans encombres. Et par dessus tout, Matt n’a rien gaffé. Tout se passe merveilleusement bien et rien ne saurait gâcher ce moment ; pour preuve, elle a mis son téléphone en silencieux pour être certaine de se voiler la face pendant quelques jours encore. "J'ai appris à rester de mon côté du lit et ne pas faire l'étoile de mer, tout ira bien." Kane dirait le contraire, Kane se serait étouffé dans un horrible rire moqueur. Mais fort heureusement, il n’est pas là pour rétablir la vérité et elle peut très bien berner son oncle en lui faisant miroiter une nuit de sommeil réparatrice. Mensonges : elle va lui voler la couverture, le pousser au bord, faire des mouvements brusques. Il y a fort à parier que lui n’osera rien dire, rien lui reprocher. A croire que l’enfant sans son ventre excuse tout. "Je pense aussi que ça va être cool. Et tu sais quoi ? Même que j’en suis certaine." Les balades, les jeux de société, l’immense lac silencieux, le cabane près de la forêt. Ca a tout du début d’un mauvais film d’horreur mais ça a aussi tout des parfaites vacances en famille. Avec le seul membre de sa famille qui compte réellement, le seul avec lequel elle aurait voulu passer ces vacances. "Je peux même émettre l’hypothèse qu’il n’y aura pas de réseau, hm ?" Et ce n’est pas une critique, loin de là. Elle n’est pas adepte de son téléphone ni même de la télévision dont elle n’arrive de toute façon jamais à se servir. Tout ce que souhaite la blonde, c’est se détendre pendant quelques jours. Et tout ira bien.

She’s a dark soul with a heart of gold  

Charlie & Cian #5

C’est autour d’un burger bien graisseux que je partage, enfin, le programme de notre escapade à ma nièce. Je n’ai rien prévu de dingue en soit. Juste le moyen de pouvoir s’échapper rien que tous les deux, dans un lieu au cadre idyllique et surtout solitaire. Je sais que là-bas, rien ne pourra nous atteindre, rien ne pourra venir nous déranger. On s’échappe en nouvelle Zélande comme on le fait depuis son enfance, parce qu’elle avait choisi ce pays sur la carte. On aurait pu aller ailleurs, ouvrir nos horizons, mais je crois que ce pays nous offre un sentiment de sécurité, quelque chose de connu et de rassurant. Alors, j’explique que j’ai loué une sorte de cabane au bord d’un lac. Un petit havre de paix où l’on passera les prochains jours. Cela semble plaire à la future maman et je dois dire que je me sens plutôt rassuré. « J’en suis tout aussi persuadé que toi. » Je lui souris tendrement avant de mordre dans mon burger, histoire de le terminer avant que l’on soit appelé pour l’embarquement. Ma nièce me questionne sur le réseau et je hausse les épaules ne pouvant lui donner une réponse précise. « J’en sais trop rien, je me suis pas vraiment préoccupé de cela. » Eavan et Thomas savent que je suis avec Charlie, j’ai clairement fait comprendre qu’il fallait me laisser tranquille pour les prochains jours. Je sais que personne ne va vraiment chercher à me contacter. « Si tu dois prévenir quelqu’un fait le avant demain matin. » ajoutais-je tout de même. Je me doute qu’elle va devoir prévenir son copain ou le père de son enfant. Enfin, je veux pas me mêler de tout cela, mais il est vrai qu’il y a des chances pour que l’on se retrouve sans contact avec le monde extérieur un petit temps.

On a tout juste le temps de finir notre repas que l’embarquement pour notre vol commence lentement. Après un peu d’attente, on finit par s’installer à nos sièges au fond de l’avion. On en a un vol d’un peu plus de 3h et si on en profite pour discuter un peu au départ, Charlie finis par venir poser sa tête sur mon épaule pour se reposer. Je l’imite et ferme les yeux un instant profitant de cette douce sensation de liberté qui est en train de m’envahir. J’avais réellement besoin de m’échapper de Brisbane.

À notre arrivée, on récupère la voiture que j’ai louée pour le temps de notre séjour et je conduis jusqu’à notre hôtel. Il est assez tard, c’est pour cela que j’ai préféré rester en ville ce soir et ne prendre la route que demain matin. On sera bien reposé et plus disposer à faire quelques heures de voiture pour enfin atteindre notre destination finale. Une fois dans la chambre, je me laisse lourdement tomber sur le lit. « Aaaah parfait ! » Je m’étire comme un chat et me redresse sur mes coudes pour croiser le regard de Charlie. « Maintenant je fais plus rien, je te préviens. » Je ris un peu avant d’ajouter. « Papi a besoin de se reposer. » Autant rentrer dans le jeu du surnom maintenant. Peut-être qu’à force de le répéter, je serais prêt pour la naissance de ce petit bébé. Faut pas trop rêver, je suis clairement pas prêt d’accepter l’idée d’être un papi pour qui que ce soit, mais bon… Un peu d’humour n’a jamais tué personne. Je vois que Charlie ne m’a pas lâché du regard et j’ajoute avec un sourire en coin. « Me dis pas que t’as faim… » Je me plains un peu, mais au fond elle doit pertinemment savoir que je me plierais en quatre pour elle et que si elle me dit avoir besoin d’aller quelques parts, je le ferais sans hésiter un demi second. « Eh, sinon je crois qu’y a une immense baignoire dans la salle de bain. » Je me lève rapidement et pars vérifier mes dires. « Oh shit ouais, on pourrait rentrer à quatre là-dedans. » Je passe la tête par l’entrebâillement de la porte. « Si tu veux prendre un bain. » Je me dis que ça pourrait l’aider à se détendre un peu où je ne sais quoi. Je veux tellement que tout soit parfait pour elle que je dois, légèrement, commencer à devenir chiant. « Si je deviens chiant, tu me le dis. » Et je ris à nouveau.

@Charlie Villanelle     

« Si tu dois prévenir quelqu’un fait le avant demain matin. » En même temps qu’elle entame un nouveau croc dans son burger, elle se redresse vers son oncle, les cheveux à moitié sur son visage et l’expression figée. Elle a l’impression de vivre une de ces expériences dans lesquels ont teste l’affinité des personnes et leur premier réflexe. Cette fois ci, même si ce n’en est pas un, elle aurait aisément pu corroborer la thèse selon laquelle dans une situation de panique, la première personne à laquelle on pense est celle la plus chère à nos yeux. Elle le sait parce qu’elle a aussitôt pensé à prévenir Tim et non pas Kane, pourtant son petit ami officiel. Cian n’a d’ailleurs donné aucun détail sur les personnes à prévenir, il sait déjà que la situation est assez complexe pour que personne d’autre ne s’en mêle et au fond elle le remercie pour ça aussi. Il a beau s’inquiéter constamment, il sait quand même encore lâcher du lest et c’est quelque chose qu’elle apprécie.

Finalement elle sort son téléphone pour envoyer un message à Tim, un autre à Léo et enfin un dernier à Kane. Ils sont sa dream team écliptique, les trois mousquetaires sur lesquelles elle sait qu’elle peut compter malgré tous les problèmes qu’il peut y avoir.

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L’air sent bon l’océan, le renouveau, le frais. Ils n’ont pas traversé beaucoup de kilomètres si on y repense, mais c’est en tout cas largement assez pour que la blonde puisse penser à autre chose, pour qu’il en soit de même avec son oncle. Il ne le dit pas mais s’il s’est fait aussi urgent dans sa demande c’est sûrement parce que lui aussi à des démons à enterrer. C’est peut être un secret pour beaucoup mais pas pour Charlie. Il refuse que sa cadette prenne soin de lui et elle continue de refuser qu’il soit encore et toujours le seul à supporter les poids des maux de tout son entourage. Alors finalement aucun ne dit rien, chacun se contente d’avancer à tâtons et faire au mieux.

Les yeux posés sur l’horizon, la main de la jeune femme joue avec l’air en passant le bras par la fenêtre, créé des vagues imaginaires comme elle n’a jamais cessé de le faire depuis qu’elle est petite. Ses cheveux volent au vent, l’air s’engouffre dans la voiture de location au parfum de bois synthétique ; elle est heureuse. Ici, maintenant, rien de mal ne peut se passer.

Cian s’exprime tel un ours, il grogne avec joie, s’étale sur le lit avec le même sentiment. Elle est rongée par l’envie de faire comme lui, de seulement abandonner son sac et courir sur le matelas sans doute trop moelleux pour seulement devenir une étoile de mer par dessus. L’enfant en elle l’en empêche, tant pis, elle se ravise, elle joue la voie de la sagesse. « Me dis pas que t’as faim… » Le rire est franc, tout sauf calculé. Son oncle serait sûrement prêt à aller des sushi au Japon si c’est ce qu’elle lui demandait - et même si le poisson cru lui est très fortement déconseillé. Cependant elle l’a déjà assez tourmenté pour une vie, lui aussi a besoin de son temps de repos bien mérité. Son estomac est encore loin de crier famine. ”Si quatre toi peuvent rentrer dans la baignoire, un moi et demi devraient pouvoir s’y faire une place.” Elle exagère, a un sourire en coin entendu en direction de son aîné. Tout ce qu’elle a besoin, c’est vraiment d’un bain. De la mousse, beaucoup de mousse. De l’eau chaude, beaucoup trop chaude, fumante. Et ne rien faire, ne pas avoir à gérer aucune problème de Brisbane, seulement oublier - égoïstement - leur ville pendant un temps. ”Mince j’étais supposée te tenir au courant de ce genre de choses ? Dans ce cas tu as commencé à devenir chiant … Il y a dix sept ans je dirai, quand tu n’as pas voulu faire le Tomahawk avec moi à la fête foraine de la ville !” Soit disant que Charlie aurait trop peur.