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Ari & Cian

Je pensais pouvoir passer une soirée tranquille chez moi à ne rien faire après avoir supervisé mes recrues pendant plus de 24 heures. C’était sans compter sur mon ami Matt qui m’a appelé alors que je sortais tout juste de la douche. Dès que j’ai décroché et entendu son petit ton mielleux, j’ai compris qu’il avait besoin de mon aide. J’ai cru qu’il allait encore me parler de ses travaux, mais non il semblerait qu’il manque un des serveurs ce soir, que ma nièce a enfin eu le droit à un jour de repos et que donc je suis son super héros et qu’il a besoin de moi. Parfois, je me dis que Matt va vraiment trop loin pour demander une simple faveur à un ami. Au moins, il m’a fait rire et bien entendu, il a réussi à me faire accepter de venir au café pour le début de soirée. Je sais parfaitement que je vais y rester tard, heureusement, je n’ai pas besoin d’aller sur la base demain. C’est donc en soupirant et en râlant quelque peu contre Matt que j’enfile de nouveau un jean et un haut propre. Après tout, il paraît que j’ai besoin de sortir de chez moi ces derniers temps, alors le DBD semble l’endroit parfait pour cela. Il est grand temps que je me change les idées.

Lorsque j’arrive dans l’établissement de mon ami, c’est quelque peu la débandade. Matt m’accueille comme le Messi. « T’es enfin là mon sauveur. » Je lève les yeux au ciel et soulève le comptoir en bois pour passer de son côté. Cela fait un long moment que je n’ai pas servi, mais il faut croire que les habitudes ne se perde pas. Il me faudra quelques minutes pour trouver ma place et enchaîner les commandes afin de gérer l’afflux des clients. Entre deux verres, je prends le temps de discuter un peu avec mon ami qui ne cesse de faire le clown comme toujours. Quoiqu’il arrive, qu’importe l’heure du jour ou de la nuit, Matt est toujours monté sur ressort, cela pourrait vraiment devenir épuisant, mais j’adore cette partie de sa personnalité. Et alors que j’étais en train de servir un cocktail et clairement, j’étais en train d’en foutre de partout, une rousse vient s’installer en face de moi. Son visage me dit quelque chose alors qu’elle me fixe avec un sourire presque idiot sur le visage. Il me faudra quelques secondes avant d’avoir une vague idée de son prénom. « Ariane, c’est ça ? » Je ne la connais pas vraiment, juste de nom, parce que je l’ai déjà vu avec Levi et Matt une fois ou deux. Elle continue à me fixer et je commence à trouver ça un brin dérangeant. « Tu veux quelque chose ? McGrath est trop occupé à amuser la galerie. » dis-je tout en faisant un signe de tête en direction de mon ami un sourire aux lèvres.  

Ça a l'air bien pire que ce que c'est : mais bien sûr, avec Matt qui joue à la perfection le rôle assumé et peaufiné de la poule pas de tête, bien sûr que ça a l'air d'être le chaos. Y'a eu un match de j'sais plus quel sport, quelle ligue en carton qui s'entraîne juste à côté, et le DBD est rempli de douchebags. Ils puent la cologne d'après-douche, ils parlent de scores et de points, ils se montrent leurs muscles en mode bras de fer, ils m'ennuient à puer la testostérone et à rire de leurs blagues qui prennent un neurone à concevoir, et un autre à comprendre. Ils s'auto-saturent, donc.

J'ai tenté le tout pour le tout - nah, juste défoncé quelques côtes au passage - pour venir réclamer mon dû en tant tabouret réservé implicitement à la famille élargie. Y'a fallu que je pousse un Karl et que j'insulte un Pete, mais le Steeve et son bestie Josh ont fini par me laisser me faufiler sans plus de drame au bar. La paix que je voulais, la seule et unique tranquillité de boire un verre à juger la faune humaine le sourire dédaigneux aux lèvres, mon activité favorite depuis les 30 dernières années. « Ariane, c’est ça ? » mais on me parle, et on m'accoste par mon prénom, et on me fixe aussi, alors je fixe en retour. Ouais, Ariane, et alors? « Tu veux quelque chose ? McGrath est trop occupé à amuser la galerie. »

Je laisse un rire franc glisser le long de mes lèvres, mes prunelles acérées qui filent vers Matt, quittant le dude que je connais pour l'avoir déjà vu rôder ici, pas assez pour savoir son prénom. Mais comme il a mémorisé le mien mon orgueil s'en sort bien. « Un soir comme les autres alors. » Matt qui m'énerve encore et toujours, rien de nouveau ici. Matt qui parle trop, Matt qui ri trop, Matt qui prend trop de place, Matt qui m'épuise ; et qui fait majoritairement souvent exprès.

Puis, retour au programme principal, et à l'offre d'un verre. Je prends pour acquis qu'il sait que je suis team McGrath et que donc, j'ai pas à m'inquiéter de débourser un rond pour quelque verre que ce soit. Du menton, je pointe l'étagère la plus haute derrière lui, moqueuse au possible. « T'as accès aux bouteilles d'adultes ou t'es encore en training? » qui sait, peut-être que Matthew le teste ce soir et m'a vue me poster devant lui le sourire aux lèvres l'oeil curieux, le test de la chieuse ultime pour voir si son pote peut graduer haut la main. « D'habitude, t'es pas de ce côté-là du bar. » j'explique, pas capable de trouver un moment dans ma mémoire où il servait, le revoyant plutôt bien plus souvent à gober des bières en mode client avec le proprio.

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Ari & Cian

Il suffit d’un match de rugby en ville pour que le DBD se retrouve complètement noyé sous les clients. Pourtant, l’établissement de mon ami n’est en rien un bar sportif. Il faut croire qu’ils se sont tous passé le mot pour se retrouver ici à la fin du jeu. Je suppose que Matt ne va plus s’en plaindre lorsqu’il fera les comptes en fin de soirée, mais pour le moment, il se retrouve complètement dans le jus et mas appelé pour donner un coup de main. Heureusement pour lui, je ne suis pas d’astreinte ce soir et demain je n’ai pas spécialement ordre de me pointer à une heure précise à la base. Je peux donc venir passer le reste de ma soirée à ses côtés pour lui donner un vrai coup de main. On n’a pas vraiment le temps de discuter, je dois directement me mettre au travail. Je ne traîne pas, enchaîne les verres et tente de ne pas perdre le fil. Matt fait son show et tel le bon public que je suis, je ris à ses blagues. Une bonne soirée en perspective.

Il est bien plus tard lorsque je finis par repérer une tête un peu plus connue que les autres. Une rousse au sourire ravageur et à la réplique cinglante de ce que je me rappelle. Il me faudra quelques secondes pour retrouver son prénom et elle semble réellement surprise. Je lui souris quelque peu et voilà qu’elle se moque de ma taille. Elle connaît Thomas, ou pire, c’est lui qui l’envoie ? Je me tourne et remarque qu’en réalité l’étagère n’es pas si haute que cela et que je ne devrais pas me vexer pour un rien aussi rapidement. « J’ai dépassé le training depuis longtemps ma chère. » Je lui souris et me rapproche d’elle pour ne pas hurler notre conversation. « D’habitude, il ne m’appelle pas en urgence parce qu’il n’a pas assez de monde de ce côté du bar. » dis-je tout en désignant Matt du pouce. « Il a même utilisé sa petite voix mielleuse, tu vois le genre ? » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je prends appui contre le comptoir en bois. « Tu voulais boire un truc de grande, il paraît ? » Petit sourire vainqueur. « Je t’écoute du coup… »   

Cian qui de suite se sent obligé de bomber le torse sous mon sourcil arqué. « J’ai dépassé le training depuis longtemps ma chère. » il se penche sur le bar, s’assure que j’entende ce qu’il confirme le sourire aux lèvres. « Picture me impressed. » ma voix est piquante, bien sûr que je me moque, mais faut dire que ce soir je suis particulièrement in a good mood depuis que j’ai réussi à m’installer au bar et que j’entends les armoires à glace en périphérie râler de pas pouvoir passer de chaque côté de ma silhouette pour commander. Oups.

Matt est en mode multifonction, il m’étourdit à faire des arabesques d’un bord et de l’autre du DBD, sa voix porte dans tous les sens et il finira sûrement par recevoir un malheureux coup de coude de ma part s’il continue à sprinter comme une poule pas de tête. Mon regard noir l’aura averti. « D’habitude, il ne m’appelle pas en urgence parce qu’il n’a pas assez de monde de ce côté du bar. » « Ouais, c’est vrai que vous pourriez remplir une équipe de rubgy avec tous les stray cats qu’il ramène ici. » je joue distraitement avec un sous-verre, laisse mes prunelles glisser sur les autres membres de l’équipe qui s’accumulent au comptoir, et qui se perdent dans la foule entre la salle et la terrasse au moment où on se parle. Y’en avait pas un seul ici que Matt n’avait pas l’impression d’avoir sauvé, peu importe sa misère et son niveau. Mère Teresa McGrath en puissance, au moins il était cohérent (et chiant) dans tous ses gestes. « Il a même utilisé sa petite voix mielleuse, tu vois le genre ? »  il éclate de rire, je vois que je suis pas la seule à me moquer, pouffe à sa suite. « Ugh. La pire. » c’était pas une surprise pour personne que Matt et moi on était pas les plus grands fans l’un de l’autre, encore moins quand il se la jouait moue piteuse.

« Tu voulais boire un truc de grande, il paraît ? Je t’écoute du coup… » son sourire auquel je réponds d’office, pointant une seconde plus tard du menton la tablette où il trouvera exactement ce que je veux. « Scotch, double, pas de glace. La bouteille qu’il garde derrière les autres parce qu’il sait que je paie pas depuis que je suis officiellement de la famille. » l’alliance que je nargue sous les yeux du barman, en attendant qu’il me serve un verre – me demandant d’office s’il s’en servira un lui aussi. Pas que ça me dérange de boire seule, juste je reste curieuse de voir s’il prévoit rester dans les parages ou s’il va se volatiliser à la seconde où je serai servie.

Mon verre qu’il me met sous le nez, mes paumes qui l’encerclent d’emblée. « C’est vrai les histoires qui disent que t’es dans la navy? » j’ai pas eu l’intérêt plus tôt de poser des questions sur lui, pourtant entre Matt qui jacasse de tout et de rien et Levi qui a des souvenirs communs mettant Cian en vedette, j’ai pas trop eu le choix d’être bombardée de fun facts au sujet d’Atwood. « T’as des traumatismes ou des sujets dont on doit absolument pas parler ou je peux te poser n’importe quelle question sans avoir peur que tu vires en mode PTSD? »

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Ari & Cian

Les clients s’enchaînent sans que je n’aie réellement le temps de discuter avec qui que ce soit. Les visages ne me reviennent pas, ils sont lambdas, bateau. J’enchaîne les verres. Tente de ne rien briser dans la danse qui s’effectue en équipe de ce côté du bar. Je ne viens pas toujours donner un coup de main, je suis bien trop souvent accaparé par mon propre travail, mais c’est un plaisir de venir ici. Je vois du monde, je sors de chez moi, je me change les idées. Finalement, au milieu de cette foule, se détache un visage unique et que je reconnais. Une rousse flamboyante qui dégage une aura rayonnante. Elle s’impose, elle fend la foule pour venir trouver sa place dans un coin du bar. Un tabouret, une attitude qui détonne. Ariane Parker. Je ne connais pas réellement la jeune femme, mais sa rumeur la précède. Le McGrath en parle parfois, des histoires toujours rocambolesques. On s’est déjà croisé ici et là, mais nous n’avons jamais réellement eu le temps d’entamer une réelle conversation. Pourtant, elle ne s’arrête devant rien. Elle me taquine, vérifie ma légitimité à être présent derrière le bar. Je me vante quelque peu avant que l’on se moque du McGrath qui ressemble à un poulet sans tête tellement il court dans tous les sens. « Il sait comment m’amadouer, cet idiot. » Je lève les yeux au ciel en riant quelque peu. J’avais tout de même prévu de rester chez moi ce soir et pourtant, je suis là. Pour les beaux yeux de mon ami.

La jeune femme commande sa boisson, un scotch. Visiblement, elle a ses habitudes dans le bar. Sa bouteille attitrée même. Elle me colle son caillou sous le nez, preuve tangible d’un accès sans limite au fond du bar. Un rire s’échappe d’entre mes lèvres. « Levi ou Jill ? » Ça ne peut clairement pas être Matt, il est trop foufou, trop idiot pour se poser avec une femme. Ça ne peut pas être Ginny non plus, je ne la connais pas beaucoup, mais je ne la vois pas en couple avec une femme. Il ne reste que deux membres de la famille McGrath qui pourrait, éventuellement, correspondre à la situation. « Félicitation d’ailleurs. » Je lui souris un peu et attrape la fameuse bouteille afin de lui en servir un verre et de le faire glisser vers elle. Un jeune homme attire mon attention, je prends le temps de lui servir une bière, mais bien rapidement mon regard se pose à nouveau sur la belle rousse. Sa question me fait sourire et je passe mes doigts sous le col de mon tee-shirt pour en sortir la chaîne sur laquelle pend la plaque qui prouve mon appartenance au corps de l’armée. « La rumeur dit vrai. » Je souris et range rapidement ma chaîne. « Mais aucun PTSD a déploré, je te rassure. » On en a vu des horreurs parfois, mais rien qui ne m’a fait chuter. Je suis souvent bien loin du conflit dans les airs ou même sur le porte-avion. On se bat, parfois, mais d’une manière bien différente. « Je suis pilote. » dis-je tout en me servant un fond de whisky irlandais, juste pour le plaisir. « Quand je suis pas dans mon avion, je m’amuse à terroriser des jeunes recrues. Un pur bonheur ! » Je croise le regard de la jeune femme en souriant. « Et toi ? Je n’ai aucune rumeur à faire confirmer à ton sujet malheureusement. »     

Ma bague que je fais danser sous ses yeux, je rêve encore du jour où je la portais au majeur, c'était beaucoup plus fun de la montrer au plus offrant. Là, depuis que McGrath avait sa propre alliance, fallait que je joue le rôle du real and right, chiant dans des occasions comme celles-là. « Levi ou Jill ? » et je hausse le sourcil, joueuse, avant de poursuivre avec une voix de mystère approximative. « L'un est l'amour de ma vie l'autre le fantasme de mes nuits ; devine qui est qui et tu gagnes un shot. » je prépare déjà le matériel, m'allongeant sur le bar pour attraper deux verres à shooters sous le comptoir, et la première bouteille de vodka qui traîne au passage également. « Félicitation d’ailleurs. » « J'attends toujours ton cadeau de noces. Et celui du boss. » mes paupières battent la mesure, la pression que je mets en élevant un peu le ton au moment où Matt erre à mes côtés pour qu'il puisse entendre bien comme il faut ma demande.

« La rumeur dit vrai. » qu'il clarifie, sans laisser de suspens, lorsque je le questionne sur son boulot. Ses doigts qui se perdent sous son t-shirt et mes yeux qui lâchent pas les siens, ma main s'étire pour attraper le collier sans douceur aucune et lire la suite gravée qu'il garde pour lui. « Atwood. » ça me dit un truc son nom de famille mais je dénote pas, trop ravie d'avoir un verre plein du scotch qu'on me rationne habituellement. Le gobelet que je cheers sur celui d'Atwood, et lui qui renchérit. « Mais aucun PTSD a déploré, je te rassure. » « Boo, hoo. » presque désolant, faut dire.  « Je suis pilote. » « Woo, hoo. » presque excitant, faut dire. « Quand je suis pas dans mon avion, je m’amuse à terroriser des jeunes recrues. Un pur bonheur ! » c'est qu'ils savent comment vendre du rêve à l'armée pour que les jeunes gens comme moi aient envie de piquer son boulot rien que pour crier sur des gamins boutonneux. « Et toi ? Je n’ai aucune rumeur à faire confirmer à ton sujet malheureusement. » j'hausse nonchalamment l'épaule, bats des cils à foison. « C'est parce que y'a pas de rumeurs - tout est vrai. »  

« Ah non, attends, j'ai mieux. »  je me replace sur mon banc, tabouret inconfortable comme toujours, mon dos que j'étire et mes coudes que je pose sur le bois vernis pour caler mon menton contre l'intérieur de mes paumes. « J'te dis un truc que j'ai "peut-être" fait, tu dis si c'est vrai ou inventé. Tu bois si tu rates, je bois si tu gagnes. » la vodka toujours à portée avec laquelle je remplis les deux shots toujours entre nous, mon attention qui remonte vers Cian ensuite. « Un facile pour commencer : j'ai une poupée voodoo de la poule pas de tête. » du menton, je désigne Matt, le volatile de service illustré ici.

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Ari & Cian

Son caillou qu’elle fait doucement tourner autour de son doigt alors que je me demande ce que cela pourrait bien donner sur la main d’Eavan. Je secoue la tête et me concentre à nouveau sur la rousse qui se la joue si mystérieuse. Il y a quelques années, cela aurait tellement fonctionné sur moi. J’aurais passé ma soirée à jouer au chat et à la souris avec elle. On aurait pu y rester pendant des semaines. Aussi têtu l’un que l’autre, il me semble, aucun de nous n’aurais céder le premier. Ça aurait pu être drôle. Je tente de deviner à qui son cœur appartient et sa réponse est à la hauteur de mes attentes. Toujours plus de mystère. Je fais semblant de réfléchir alors que la réponse est si évidente. « Jill c’est le fantasme. » J’ai déjà aperçu la jeune femme et je dois dire qu’elle dégage quelque chose de complètement envoûtant. « Marié à un marin alors. » Je hausse les sourcils en souriant. « J’ai travaillé un moment avec ton cher mari. » Levi. Je ne l’ai pas vu depuis si longtemps que je ne suis même pas sûr de pouvoir le reconnaître dans une foule, mais je me souviens parfaitement de lui. On détestait nos familles ensemble et il passait son temps à parler de musique et de son amour pour l’Océan. On avait cela en commun, un amour démesuré pour cette étendue si vaste et si sauvage. Lorsqu’elle me parle de cadeau, je pousse la bouteille vers elle sans même jeter un regard vers Matt. « Cadeau de la maison. » Je me demande si elle va la prendre. La réponse est bien évidemment oui.

On parle de mon métier. Ses expressions me font rire. Pas de PTSD à déclaré et cela semble bien l’attrister. Le reste semble néanmoins lui plaire. « Je t’aurais bien proposé qu’on s’envoie en l’air, mais je fricote pas avec les femmes mariées. » Je hausse les épaules. La pun était bien trop simple. Bien trop implicite. Je bois une gorgée de ma boisson tandis qu’Ariane s’agite un peu sur son siège. « Mais si un baptême de l’air te tente… » Je laisse ma phrase en suspens. Lui laisse le choix. La porte entrouverte. On s’amuse simplement. Rien de méchant.

Elle lance un petit jeu, elle semble fière de son coup. Heureusement, le rythme s'est considérablement ralenti au niveau du service. Je prends tout de même la commande de l’habitué tandis que ma rouquine impose les règles du jeu. Devinettes, ce sera. Je la trouve encore plus intéressante subitement. Elle veut me faire boire et ce n’est clairement pas un problème. Pas sûr que le McGrath apprécie, mais on s’occupera de lui plus tard. Première affirmation. Vrai ou faux. « Vu le surnom employé, je dirais vrai. » Je ris un peu. « T’as l’air weird enough for it. » J’attends sa réponse, mes doigts déjà autour du premier shot que je nous ai servi. « D’ailleurs, je peux jouer aussi ? »     

« Cadeau de la maison. » « J'te mérite pas. » bien sûr que je le prends le verre, bien sûr que j'en bois une longue et savoureuse gorgée. Parce que tout ce que je fais, c'est prendre ce qu'on me donne, avant de m'être grossièrement assurée qu'on me le donne. La vie qui est juste un gros jeu d'échecs à mes yeux, des marionnettes au fil fragile que j'active, et lui, il a tout d'un Deklan que je pourrais manipuler une soirée de temps.

Il a tout, sauf qu'il me fait rire ; et d'office je le fais passer dans la colonne des potes plutôt que des chiens servants. Sorry Dek, tu restes seul là pour une soirée de plus, apparemment. « Je t’aurais bien proposé qu’on s’envoie en l’air, mais je fricote pas avec les femmes mariées. » ma tête se secoue de la négative avec désolation, je l'imagine étampé sur son front, le compteur qui stipule qu'il en est à la millième fois cette semaine où il fait une blague du genre, il en serait presque cute t'sais. « Mais si un baptême de l’air te tente… » « En avion j'suis une horreur au décollage et à l'atterrissage. » je statue les faits, immense sourire aux lèvres, probablement en grande partie généré par le verre qu'il m'a si gentiment donné - et la bouteille avec. Faut pas rigoler. « Sauf si t'es into les morsures et les griffures, je pense pas qu'on aurait été un bon match. » j'hausse de l'épaule, refuse des avances qu'il ne m'a pas faites, et ça y est, on est friends for life. How cute.

« Vu le surnom employé, je dirais vrai. » il s'est donné le temps d'y réfléchir en plus Cían, faut lui donner. Il a pris le temps de se demander si j'étais ce genre-là, et apparemment il est venu à la conclusion que « T’as l’air weird enough for it. » good boy. « Je le prends comme le plus beau compliment qu'on m'ait dit aujourd'hui, ça. » ma paume vient se lover sur ma poitrine, j'exagère l'air de celle qui est émue quand au final, c'est la confidence quand je m'étire sur le bar pour lui chuchoter à l'oreille qui vaut le reste. « Bien sûr que c'est vrai. La prochaine fois qu'il sent une claque à l'arrière de son crâne, à gauche sous l'oreille, c'est cadeau. » Matt grogne je sais pas quoi et je sais pas pourquoi dans l'angle, mon majeur fait écho à ses paroles, et la seconde d'après je reprends sagement ma place sur mon siège.

Y'a des shots maintenant, intéressant. « D’ailleurs, je peux jouer aussi ? » je fais mine d'y penser, même si y'a absolument aucune chance que je refuse si en plus j'ai droit à ses secrets additionnés des miens à la clé. « Tu peux si t'as un vrai truc secret à dire. » la mise en garde est nécessaire, quand je prends mon shot après avoir poussé avec une maigre délicatesse le sien entre ses doigts, l'encourageant à me suivre dans mon mouvement. « Je suis pas là pour entendre des p'tites histoires délicates. Je veux du vrai glauque. » les enfants sont couchés, les adultes peuvent maintenant jouer.

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Ari & Cian

« J'te mérite pas. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tendis que je remplis son verre. Je note qu’un peu d’alcool présente un bon départ avec la rousse. Elle est curieuse, elle cherche à comprendre, à mieux cerné. Son regard rieur circule dans la salle, mais retombe toujours sur moi. Je tente de rentrer dans son jeu, de taquiner un peu. Toujours dans la mesure, toujours avec un peu de distance. Je lui parle de ma profession, elle semble intriguée. Toujours l’effet escompté, je ne vais pas le cacher. Longtemps, je me suis servi de mon rang dans la navy pour plaire. Ce n’est plus véritablement le cas aujourd’hui, mais il faut croire que c’est quelque chose qui fonctionne encore. Enfin… Il semblerait que cela possède quelques limites, malgré tout. « En avion, j'suis une horreur au décollage et à l'atterrissage. Sauf si t'es into les morsures et les griffures, je pense pas qu'on aurait été un bon match. » - « Ca me déplaît pas. » Du tac au tac. Elle a tendu la perche et c’était bien trop simple de ne pas l’attraper en vol. Je rougi malgré tout. Je me surprends avec mes propres mots. « Enfin… » Ouais tu sais pas vraiment comment te rattraper Cian. C’est clairement pas le moment de dire que mon meilleur ami est du genre à hurler tel une fillette « Enfin t’a compris quoi. » Oui bien sûr. Enfonce toi Cian. Creuse ta propre tombe.

Heureusement, la conversation change rapidement de trajectoire. On en revient à se moquer de Matt. C’est tellement simple, tellement distrayant surtout. On ne s’en passera jamais, je crois. Elle me fait rire la rousse. Elle a un esprit singulier, un tranchant qui pique, qui n’hésite pas. Elle est piquante dans sa manière d’être. Quelques années en arrière, j’aurais pu tomber sous son charme. Sans aucun doute. « Bien sûr que c'est vrai. La prochaine fois qu'il sent une claque à l'arrière de son crâne, à gauche sous l'oreille, c'est cadeau. » Il grogne le McGrath et bien entendu une connerie me traverse l’esprit. « Tu veux dire… » Je me rapproche du brun alors qu’il est en pleine discussion avec un client. Je me glisse derrière lui et prépare mon coup. À gauche, sous l’oreille. Je claque ma main à l’arrière de son crâne. Pas trop fort, juste comme il faut. « Comme ça ? » Et nos rires se mêlent en un seul éclat. C’était bien trop simple. Bien trop amusant.

Finalement, j’ai envie de prolonger l’expérience. Je voudrais jouer à son jeu. « Tu peux si t'as un vrai truc secret à dire. Je suis pas là pour entendre des p'tites histoires délicates. Je veux du vrai glauque. » - « Exigeante. » dis-je en riant. Et déjà, je suis en train de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir lui dire. Je suis militaire, des histoires interdites, j’en ai tout un tas. Du glauque, un peu moins. « Tu définis quoi par glauque ? » demandais-je doucement. Tout va trop vite dans ma tête. Je fouille dans ma mémoire et je pense à l’une de mes dernières confessions auprès de Thomas. « La plupart du temps, je comprends pas les données géographiques qu’on me donne pour piloter. » Pour elle ça paraît probablement banal. Pour moi… C’est un truc que je ne devrais même pas avouer. « Désolé, j'ai pas de poupée voodoo même si je déteste pas mal de monde parfois. » ajoutais-je en riant.     

« Tu veux dire… Comme ça ? » et il file le gars, il file sous mon regard médusé, fascinée, quand je le vois qui gifle Matt avec assurance et aucune retenue. « T'es qui et pourquoi t'arrives dans ma vie que maintenant? »  je soupire, rêveuse, exagérément pâmée avant d'éclater de rire autant que lui. Ce serait mentir de dire que d'avoir quelqu'un à disposition pour cogner McGrath quand je veux et sans même que je demande n'est pas un rêve éveillé soyons honnêtes.

De mes histoires, on passe aux siennes.

« Exigeante. »
« Trouillard. »

Mes cils battent la mesure et il cherche le gars, il cherche et c'est long et je baille presque, non, pas presque, je baille, j'attends. « Tu définis quoi par glauque ? » encore heureux que la bouteille soit à nous et que je m'en serve à nouveau parce que sinon on serait encore là à m'entendre râler pendant qu'il se perd dans sa tête. « La plupart du temps, je comprends pas les données géographiques qu’on me donne pour piloter. » i'm bored now.

« Désolé, j'ai pas de poupée voodoo même si je déteste pas mal de monde parfois. » ouhhhh, nothing's boring anymore.

« T'inquiètes, on t'en fera une custom. » je me redresse sur ma chaise, le regard brillant la bouche en coeur. « Ou j'te prête la sienne si besoin. » du menton je pointe Matt qui fait j'sais pas quoi mais qui m'énerve comme jamais de le faire. « Quand tu dis pas mal de monde, c'est genre assez pour faire une liste? » mon bras s'allonge autant que ma silhouette par-dessus le bar pour attraper son calepin à commandes et le crayon qui y est attaché à même la poche de son jeans, reprenant place sur le tabouret en plongeant à nouveau mes yeux dans les siens. « Qui on fait chier en premier? » le stylo en l'air, la feuille blanche à barbouiller, je suis prête à m'inclure sans lui laisser le choix dans le travail d'équipe le plus cool de l'univers.

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Ari & Cian

« T'es qui et pourquoi t'arrives dans ma vie que maintenant ? » Mon rire redouble en intensité alors que je pique l’équivalent d’un shooter dans sa bouteille. Matt me foudroie du regard et je hausse les épaules. Je pourrais me faire pardonner en disant que c’est la rousse qui m’a poussé à le faire. Je suis persuadé qu’il me croira. Mon regard se pose à nouveau sur le visage de la jeune femme. « Je peux distribuer des claques quand tu veux. » que je lui fais savoir avant d’y ajouter un clin d’œil. « Ça défoule. » Puis ça a toujours été une certaine passion de cogner pour évacuer la colère, pour tout évacuer même. Mais je ne lui parlerais pas de ça maintenant. Non, elle veut connaître des histoires bien plus fantasques Ariane, elle ne veut pas connaître les détails de ma vie et encore moins mes problèmes de gestion de la colère. Je tente de lui donner un truc qui pourrait l’intéresser. La tentative est pitoyable. Je peux pas vraiment divulguer des histoires de militaire. J’ai pas une vie très excitante en dehors de mon métier. Je pense avoir perdu son attention. Je tente à nouveau sur la poupée voodoo. Faut croire que c’est son truc ce genre de chose. « T'inquiètes, on t'en fera une custom. » Clairement, c’est son truc. Peut-être que je vais me développer une nouvelle passion en sa compagnie. « Ou j'te prête la sienne si besoin. » Elle me montre Matt et je ris en secouant la tête. « Ouais, mais moi, je l’aime bien, lui. » Matt est mon ami. Il est souvent paumé. Un brin lourd parfois, mais il est mon ami. J’ai pas spécialement envie de passer ma colère sur lui. Il y en a d’autres qui mérite cent fois plus. « Quand tu dis pas mal de monde, c'est genre assez pour faire une liste ? » « Assez pour une petite liste. » En réalité, elle est immense la liste, je crois. Mais on pourrait déjà réduire au principal. Ce serait bien non ? Elle s’agite la rouquine, elle pique mon calepin prêté pour la soirée. Elle veut vraiment faire une liste. « Qui on fait chier en premier ? » Je m’éloigne un instant pour servir deux clients qui me fusillaient du regard depuis cinq bonnes minutes déjà. Je m’assure que personne n’attend et reviens me planter face à Ariane. Elle est intéressante, un brin mystérieuse et bien trop déterminé à ruiner le monde. « On commence par Monsieur O’Brien. » Je passerai ma vie à détester cet homme. « Même s’il est mort. » Il est celui qui m’a pris ma petite sœur, il est probablement celui qui mérite le plus la colère. « Si on tape dans le vivant… » Je soupire. « Ian, Mara. » Le père d’Ailis. Ma propre sœur. « Ça expie les pêchés ce genre de liste ? » Je me sers un nouveau verre. « On se sent mieux après ? »

C'est qu'il redevient intéressant, bien plus que qui que ce soit dans ce bar - sauf p't'être Matt une fois qu'il se rapprochera et que j'aurai la possibilité de lui claquer la tête moi aussi. Tout est relatif. « Assez pour une petite liste. » « Go on. » he's the gift that keeps on giving, et si j'arrive à mettre le doigt sur tous les gens qu'il hait ça sera avec le sourire aux lèvres que je leur dédierai une place de choix sur la death list que je suis à même de lui concocter.

« On commence par Monsieur O’Brien. » on commence par lui donc, maintenant que ma calligraphie est parfaite lorsque je retranscris, ajoutant un dessin approximatif de couteau à la suite du nom écrit. « Même s’il est mort. » je souffle, roule des yeux, exagère la déception d'un « Surtout s'il est mort. Connard, il nous laisse même pas nous amuser. » qui n'apporte absolument aucune once d'humanité à mon discours. Mais si on me dit que j'ai pas de coeur, promis, je lui mettrai la faute sur les épaules l'oeil brillant la bouche en coeur.

Ma paume vient se lover sous mon menton pendant qu'il s'affaire à réfléchir le gars. « Si on tape dans le vivant… » je presse pas parce que je m'amuse maintenant à tracer de la plus immature des façons des majeurs autour du nom de sa première victime. « Ian, Mara. » le bruit du crayon qui gratte le papier au fil des lettres, camouflé par les conversations de plus en plus fortes qui annoncent que la soirée risque de commencer à devenir plus chargée là. « Ça expie les pêchés ce genre de liste ? On se sent mieux après ? » j'éclate de rire à nouveau, finissant mon boulot de secrétaire.

« À toi de me le dire. » que je pouffe de plus belle, le quittant deux secondes. Je file chercher les dards et le jeu qui va avec, avant de passer par-dessus le bar pour coller la feuille dessus et accrocher le tout sur l'un des seuls espaces disponibles sur le mur derrière lui. Les dards que je pose dans ses mains et ma silhouette qui s'installe bien confortablement en tailleur sur le comptoir malgré McGrath qui rage, prête à l'admirer rager lui aussi, mais pas contre moi. Contre ses nemesis autant de temps qu'il lui faudra.