Il faut que j’aille voir Myrddin. Ça ne peut plus durer comme ça. Je ne peux plus rester là à rien faire, à voir mon amour me filer entre les doigts et s’éloigner de plus en plus. Les appels se font bien trop rares à mon goût, les nouvelles me manquent autant que la compagnie de l’amour de ma vie. Depuis quelques temps déjà j’ai enclenché le pilote automatique, celui qui me réveil le matin, me guide machinalement à travers la journée et affecte mes capacités, autant professionnelle que sociale et me fait retourner chez moi le soir. Mes enfants, qui ont toujours été un rayon de soleil dans ma vie ont fini par devenir une source de stress trop importante. Ida, Elora et même Cian ont bien remarqué à quel point j’étais affecté et c’est sans jugements qu’ils m’aident comme ils peuvent. De mon côté, j’accepte assez facilement cette aide, me rendant assez facilement compte que je ne peux pas tout gérer seul.

Aujourd’hui en rentrant, comme a mon habitude, je me pose devant mon ordinateur, check mes mail et me fige brusquement en voyant un email de Myrddin. Le cœur battant à tout rompre, la déception est énorme lorsque je me rende compte que cet email est un envoie de masse. Toutefois l’information est précieuse : il joue à Dublin la semaine prochaine. Ni une ni deux et ce, sans réellement savoir pourquoi, je regarde les billets d’avions. Toutefois, avant de commettre l’irréparable, j’ai la présence d’esprit d’envoyer un message à Cian pour le prévenir de ce que je suis entrain de faire. Peut-être qu’inconsciemment espérais-je qu’il me retiendrait de faire ce qui risque d’être une sacré erreur ? Mais au final, non. Tout ce qu’il me répond c’est si j’ai besoin d’un support moral avant d’annoncer qu’il viendra avec moi.

Et c’est ainsi que, 72h plus tard, nous foulons ensemble le sol irlandais. Emmitouflé dans mon écharpe et mon bonnet, je sors sur le parking aux côtés de mon meilleur ami puis me tourne vers lui «On a 2 jours avant la représentation de Myrddin » dis-je sobrement, m’immobilisant à l’arrêt de bus « T’as une idée de ce qu’on peut faire entre temps ? Si tu me demande mon avis je resterais dans notre chambre d’hôtel et je bougerais pas, mais je sais parfaitement que t’accepteras jamais que je fasse une telle chose donc …» j’hausse les épaules et croise les bras, frissonnant « en tout cas, la première chose que je vais faire c’est m’acheter une veste plus chaude parce que putain il fait froid dans ce pays» soufflais-je, regrettant déjà la chaleur Australienne et me disant que je ne suis définitivement pas fait pour les températures inférieure à 15°c.

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Thomas & Cian #8

Depuis le départ, imprévu, de Myrddin, j’ai la sensation de voir Thomas sombrer petit à petit. Cela fait vingt ans que je le connais, il en a traversé des épreuves pendant toutes ces années et pourtant, je crois ne jamais l’avoir vu aussi mal. Il passe son temps à tout ressasser, à se demander pourquoi Myrddin est parti aussi rapidement, pourquoi-ci, pourquoi ça. Ils ont discuté tous les deux et pourtant, j’ai l’impression qu’un immense fossé ne cesse de se creuser entre eux. Je ne suis personne pour me mêler de leurs relations sentimentales, mais il est vrai que je suis de plus en plus inquiet pour Thomas. Il a du mal à gérer avec les enfants, alors je tente de l’aider à ce sujet même si je suis très probablement le pire des baby-sitter, toujours le premier a donné des idées de conneries aux gamins. Clara est assez affectée par le départ de son papa de cœur et je passe beaucoup de temps avec ma filleule et les garçons. Heureusement, je ne suis pas le seul à les soutenir, Ida est là, comme toujours, mais également Elora, une fille que Thomas estime beaucoup. À trois, on se relaye pour toujours être auprès du marin. Pour s’assurer que ça ira, qu’il ne va pas breakdown. Je garde toujours un œil sur lui, que ce soit au boulot ou en dehors. Il perd plus facilement patience, il est moins concentré, les cernes sous ses yeux deviennent de plus en plus prononcés. Je l’ai remarqué tout cela. Alors, lorsqu’il m’envoie un message pour me parler d’un voyage en Irlande afin de rejoindre Myrddin, je lui propose de l’accompagner sans même réfléchir. Je sais que je devrais le laisser aller voir son mari seul que ce ne sont pas mes histoires, mais j’ai aussi un mauvais pressentiment et s’il ressent le besoin que je l’accompagne, je le ferais les yeux fermés. La réponse ne fut pas longue à venir. On part en Irlande.

Je me suis promis de ne pas m’imposer, de le laisser gérer durant tout le voyage. On ira à son rythme, on fera comme il le sent lui et surtout, je saurais m’effacer lorsqu’il ira voir Myrddin. Il vaut mieux qu’il le voit seul car je sais d’avance que je vais avoir du mal à retenir toutes les remarques que je garde pour moi depuis des semaines. D’ailleurs, lorsque Thomas m’explique son programme tandis qu’on attend pour embarquer dans l’avion, je me contente de hocher de la tête en lui souriant. Le long voyage se déroule dans un silence presque lourd à supporter, mais je sais que Thomas en a besoin et je le respecte. Il semble tellement perdu dans ses pensées que j’ose à peine le déranger. J’espère honnêtement que tout se passera bien à Dublin. J’ai trop peur de devoir le ramasser à la petite cuillère. Et j’ai surtout peur de ne pas être assez fort en ce moment pour le faire. Pourtant, une chose est sûre, je ne le laisserai pas tomber. Jamais.

On arrive enfin à Dublin et dès nos premiers pas dehors, j’ai besoin de prendre quelques secondes pour réaliser que pour la deuxième fois en quelques mois, je suis de retour dans mon pays natal. J’ai appris à aimer l’Australie au fil des ans, mais l’Irlande restera à jamais mon chez moi. Je respire un bon coup l’air frais qui nous entoure et me tourne vers Thomas qui est emmitouflé comme jamais dans ses fringues. « Tu sais qu’on est pas au Pôle Nord, hein ? » Je ris un peu tandis que mon meilleur ami me demande ce que l’on va faire avant la représentation de son mari et je dois dire que je suis assez étonné de sa question. « Tu veux pas voir Myrddin tout de suite ? » demandais-je en posant mon regard sur lui. C’est ce que je pensais, mais il faut croire qu’il a une autre idée. Je veux rien imposer et encore moins le juger. Bien entendu, il ne me faudra pas longtemps pour trouver d’éventuelles activités qui feront qu’il ne passera pas les deux prochains jours à se morfondre dans une chambre d’hôtel. « 2h30 de voiture jusqu’à Galway ça te botte ? » Je parie que la réponse sera non, mais qui ne tente rien n’a rien après tout. J’aimerais lui montrer ma ville natale et pourquoi pas refaire une visite à ma petite sœur. « Sinon tournée des pubs ? Musée ? Un petit trip à Howth ? » Je plonge mes mains dans les poches de mon manteau et prends appui contre le poteau de l’abri bus en attendant la réponse de Thomas.

C’est d’une manière tout à fait puérile que j’imite mon meilleur ami lorsque celui-ci me dit que nous ne sommes pas non plus au pôle nord. Grimaçant, je singe ses expressions de façon caricaturales puis enfonce mes mains un plus profondément dans mon manteau, laissant Cian me fournir ses propositions sur ce qu’on pourrait faire. Lorsqu’il emmet l’idée de faire 2h30 de route jusqu’à Galway je le regarde en coin en mode « tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? » et ce regard fait mouche car il se reprend bien rapidement, proposant des choses à faire à Dublin. Entre une visite de musée, un trip jusqu’à Howth –il croit sincèrement que je sais ce que c’est ?!- ou une tournée des bars, la réponse me semble tout à fait évidente. «Je pense qu’il va falloir que je vérifie si les bars Irlandais ont aussi bonnes réputations qu’on ne le dise » déclarais-je, me redressant lorsque le bus arrive.

Chose dites, chose faite. Après quelques minutes de route jusqu’au centre ville, plusieurs minutes de marches jusqu’à notre hôtel et après que je me sois pris la tête avec la femme de la réception qui nous a foutu dans une chambre avec lit double et non deux lits simples –réservation qui est impossible à changer, me contraignant ainsi à passer les nuits dans le même lit que Cian. Non pas que ça ne me dérange réellement, il est mon meilleur ami et les limites entre nous sont fixé depuis plus de vingt ans, mais nous n’avons jamais dormi dans le même lit –sauf une fois lorsqu’à 22 ans nous avons fêté Nouvel an lors de notre escale à New-york et que la tournée des bars a eu raison de nous.

Nous finissons, donc, par descendre dans la rue où nous nous baladons tranquillement, profitant du chemin vers le premier bar pour visiter un peu et nous imprégner de la ville. Nous longeons les ruelles, observons les devantures des magasins et les personnes qui croisent notre chemin avant que je ne lève mon regard vers le ciel pour voir des flocons de neiges qui commencent à tomber silencieusement sur les pavés. M’immobilisant, je tends la main et, au lieu de ressentir de la joie de revoir la neige après des années sans voir une seule goute blanche, c’est une profonde mélancholie qui enserre mon cœur. « Tu sais que la première que j’ai vu de la neige c’était à Londres il y a plus de dix ans ? C’était la seule fois où Sullivan nous a séparés et j’ai été basé à Brest pendant quelques temps. Avec deux collègues on a décidé de passé à Londres et …bref tu connais l’histoire.» C’est-à-dire l’histoire de comment j’ai rencontré Myrddin. Prenant une profonde inspiration, je secoue la tête puis désigne un bar «Allez on va là » dis-je brusquement afin de changer de sujet, ne voulant pas me noyer dans le mal être.

Une fois installé, je ne regarde même pas la carte et décide de commander un verre de Jameson. C’est sans doute une preuve ultime qui montre à quel point je me sens mal étant donné que j’ai toujours refusé de boire du whisky irlandais.

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Thomas & Cian #8

C’était un peu fou de proposer un voyage supplémentaire en voiture, mais au moins j’aurais tenté. De toute manière, je ne sais pas vraiment si j’étais prêt à y retourner. Je préfère rester de ce côté du pays, rester à Dublin et montre les merveilles de l’Irlande à mon meilleur ami qui ne semble pas bien presser de retrouver son mari. Je m’attendais à me retrouver complètement seul une fois que l’on serait arrivé, mais je ne vais pas pousser Thomas à retrouver Myrddin. S’il ne se sent pas prêt, il fera cela plus tard. On a deux jours avant la représentation et de toute manière, il va falloir que l’on prenne un peu de temps pour se remettre du décalage horaire. Alors, je laisse l’Australien décider de notre programme. Tournée des bars, ce sera.

Une fois à l’hôtel, on apprend que l’on devra partager un lit. J’aurais pu exploser de rire devant la réceptionniste, mais lorsque j’ai vu Thomas perdre patience, j’ai compris qu’il fallait plutôt que je m’occupe de gérer la situation. On a déjà partagé un lit. La bonne moitié de l’année, on partage une cabine si petite que l’on pourrait se heurter dans notre sommeil. Je pense que l’on va survivre. Je retiens Tom qui était prêt à hurler sur la jeune réceptionniste et m’excuse en gaélique. Lorsque l’on découvre la chambre, je suis un peu rassuré. Elle est véritablement grande et on pourrait mettre trois adultes dans ce lit sans aucun souci. Si Tom a besoin d’intimité, s’il a besoin d’être seul, je saurais me faire discret, voir même disparaître pendant un moment. Ce n’est pas un problème.

Lorsque l’on se retrouve en plein milieu de Temple Bar, la neige commence doucement à tomber. J’allais m’extasier comme un gamin, bientôt vingt-cinq ans que je n’avais pas vu la neige, mais l’expression de Tom me coupe en plein délire. Et ce qu’il dit me brise le cœur. Il ne va pas bien et je suis persuadé que dans sa tête, il est venu ici pour mettre fin à sa relation avec son mari. Je n’aime pas cela, mais je suis personne pour me mêler de tout cela. Alors, doucement, je pose une main sur son épaule et lui souris un peu. Je ne sais pas quoi dire et je déteste cela, mais plutôt que de dire une connerie plus grosse que moi, je l’entraîne directement dans le premier pub qu’il montre du doigt. Je sens que je ne vais pas aimer ce voyage.

Je reste encore plus sur le cul lorsqu’il commande un whisky irlandais. « Deux s’il vous plaît. » dis-je au serveur avant de reporter mon regard sur mon meilleur ami. Je m’étais promis de le laisser tranquille, mais là je m’inquiète juste un peu trop pour que cela soit bon. « Thomas… » Il relève la tête vers moi et je lui souris à nouveau. « Tu… Pourquoi on est venu ici ? » Je sais qu’il va me répondre pour voir Myrddin et je plonge mon regard dans le sien. « Je veux dire, vraiment. » Je sais qu’il va comprendre où je veux en venir et j’espère qu’il sera sincère avec moi. « On va établir une petite règle pour le séjour, d’accord ? Si a un moment donné t’as besoin d’être seul, tu me le dis et je disparais de ta vue, d’accord ? Trouve un mot code si tu veux, comme tu le sens, mais je suis pas là pour te faire chier, juste t’accompagner. » Et j’espère sincèrement que tout ira bien.

La neige qui tombe sur Temple Bar fait remonter les vieux souvenirs qui ont toujours été merveilleux mais qui, aujourd'hui, me brise encore un peu plus le cœur. Jamais je n'aurais pensé que le moment de ma rencontre avec Myrddin puisse me faire vivre de tels sentiments d'incompréhension et d'ignoble mélancolie. Et le pire c'est que je suis avec Cian et que je le met mal à l'aise à être aussi mal. Rien que pour lui je devrais au moins essayer de me montrer enjouer. Mais rien y fait. Je n'y arrive pas.

Alors que nous entrons dans un bar, je commande un verre de whisky irlandais et Cian me suit dans ma démarche. Après quelques instants de silence, il fini par reprendre la parole et me demande, sur un ton totalement incertain, pourquoi je suis ici, quels sont mes réelles raisons. Je l'observe, pince les lèvres puis soupire et hausse les épaules  « J'ai envie de reconquérir Myrddin» dis-je en déviant le regard, ignorant la serveuse qui nous apporte nos verres.  « je ...je crois que dans le fond je suis venu ici dans le but de repartir avec lui à Brisbane» je ferme les yeux et soupire, me passant une main sur le visage  « Mais en fait j'en sais rien. Je veux dire, je veux pas lui gâcher le bonheur de cette chance inouïe, mais je veux pas non plus être en reste et...-» j'attrape mon verre  «Peut-être que j'ai même plus envie de retourner à Brisbane et que je vais rester avec lui, que je vais le suivre dans sa tournée » j'hausse les épaules  «Je sais que c'est impossible ça, mais c'est juste pour dire que j'ai absolument aucune idée de ce que je veux faire. Ni même comment je réagirais lorsque je ... » je me tais subitement, mon verre s'abaissant à mi chemin  « ...le verrais» finissais-je dans un souffle, mon regard braqué sur l'entrée où la porte s'est ouverte sur de nombreuses personnes.

Dont Myrddin. Je reconnais sans problème ses cheveux que j'ai si souvent caressés, son corps élancé que je connais par cœur et cette voix qui m'a répété à plusieurs reprise combien il m'aimait et combien il était heureux de nous avoir, moi et Arthur dans sa vie. C'est lui, cet homme, ce jeune adulte que j'ai tant aimé et que j'aime toujours autant qui vient d'entrer dans ce bar et qui se dirige vers une table sans me remarquer.  « c'est pas vrai» soufflais-je en baissant le regard, me pinçant l'arrête du nez et essayant de reprendre le contrôle sur ma respiration.  «Qu'est-ce que je fais Cian ? » murmurais-je en reportant mon attention sur mon meilleur ami  « C'était pas prévu ça ! Je devais pas le voir aujourd'hui ! Je ...» je lance un coup d'oeil vers Myrddin qui, de dos, commande sans doute des bières pour la table  « je devais le voir demain ! Demain après sa pièce je devais aller dans les coulisses pour le surprendre et ...» je prend une profonde inspiration, essayant de calmer les battements de mon cœur  «Je peux pas aller le voir maintenant. Putain» grognais-je en prenant une longue gorgé de mon whisky qui me brûle la gorge.

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Thomas & Cian #8

Je savais que ce voyage n’allait pas être un moment très fun. Je ne m’attendais pas à ce que cela commence quelques heures après notre arrivée en Irlande. Thomas est nostalgique, il a le cœur lourd. Je voulais le laisser tranquille. Je voulais que l’on passe une première soirée vraiment tranquille. Pourtant, je sens bien qu’il a besoin de discuter, qu’il va falloir l’aider à extérioriser tout ce qu’il garde pour lui depuis bien trop longtemps. Alors attabler à cette table minuscule d’un pub, je pose la question ultime. J’aurais aimé parler d’autre chose, mais j’ai aussi besoin de savoir ce qu’il attend de ce voyage. Je me dois d’être prêt à parer à toutes les possibilités. Je suis venu avec lui en soutien moral, je me dois de jouer ce rôle parfaitement. Les choses ont été assez tendu entre nous ces derniers temps, je ne veux pas me rater sur ce coup-là. Je dois être là pour lui. Les meilleurs amis sont faits pour ça. Alors, lorsqu’il commence à m’expliquer la raison de notre présence ici, je l’écoute avec attention. Lorsqu’il évoque le fait de vouloir suivre Myrddin pour le reste de sa tournée, je me mords violemment la lèvre pour ne pas lui livrer le fond de ma pensée. Très honnêtement, je ne veux pas qu’il suive son mari. Instant égoïsme : je veux qu’il reste à Brisbane avec nous. Pourtant, je suis mal placé pour dire quoique ce soit. Alors, je hoche la tête, simplement. Je retiens ce que je veux dire. Il fera ce qui semble être le mieux pour lui. Pourtant, je me dois de lui dire quelque chose. Un simple conseil issu de ma propre expérience. « Tu sais… » Je me racle un peu la gorge. « Le seul conseil que je peux te donner, c’est de parler… » J’ai fait les frais d’un manque de communication et je ne veux pas que Thomas soit victime de cela. « Il faut que tu lui dises ce que tu penses vraiment de la situation, que ce soit une opportunité de fou pour lui ou pas. Tu sais pas… Il pourrait vraiment regretter plus tard. » Et je sais qu’il va comprendre la comparaison et qu’il va entendre quelque chose que je ne lui avais jamais dit jusqu’à présent.

On avait mis les choses à plat et je pensais tout faire pour lui changer les idées. Je m’apprêtais à lui proposer une partie de billard ou de fléchette quand soudainement Thomas se met à flipper comme jamais. Il panique en voyant Myrddin entrer dans le pub. Il faut croire que le destin à décider de les réunir bien plus tôt que prévu. Voyant Thomas perdre ses moyens, je me lève et me pose devant lui afin de lui bloquer la vue. « Respire Tom. » Je lui laisse deux secondes pour vider son verre, mais également pour retrouver ses esprits. « Tu veux qu’on s’en aille ? » Je suis prêt à activer le mode commando. Je pourrais ramper par terre rien que pour lui, pour l’aider à sortir de ce bar sans que son homme nous voie. Je me penche pour attraper ma veste libérant la vue pour Thomas. Au moment où je me retourne, Myrddin est en train d’échanger ses microbes avec un mec. Un mec qui n’est pas Thomas. L’espace de deux secondes, je prie pour qu’il n’est rien vu de tout cela, mais lorsque mon regard se tourne vers mon meilleur ami, je comprends que c’est trop tard. « Thomas… » Trop tard… Il est déjà parti et je ne compte pas le retenir. Je le laisse faire et après, c’est moi qui vais tuer Myrddin. Je vais en faire de la charpie, on le reconnaîtra plus. Il va payer.

Le seul conseil que Cian puisse me donner c'est le conseil qu'il me donne depuis le début : parler, que je dise réellement et sincèrement à Myrddin ce que je pense de la situation.  « Mais qu'est-ce tu crois que je suis venu faire ici ?» m'exclamais-je durement, bien plus froidement et sèchement que je ne l'aurais voulu.  « Tu crois que j'ai fait 24h de voyage pour me tourner les pouces et pour boire du whisky de merde ?» je ne sais même pas pourquoi je m'énerve. Encore moins contre le pauvre Cian qui n'a rien demandé et qui a juste envie d'aider. Alors, profitant de finir mon verre pour souffler et essayer de me calmer, je remarque bien trop rapidement que c'est peine perdue.

Car Myrddin lui-même débarque dans le bar. De tous les bars qui existent à Dublin -et dieu sait qu'il y en a des millions- il a été obligé de choisir celui-ci. Et si plusieurs mois auparavant j'aurais vu ça comme une douce coïncidence qui mettrait en avant notre lien particulier où, même a l'autre de la planète, nous réussirons toujours à nous retrouver, je suis maintenant totalement déboussolé. Perdu, ne sachant pas quoi faire à part paniqué car ce n'était pas prévu dans mon plan (quel plan?), je sens que ma respiration se fait plus saccadée. Cian, lui, remarque bien à quel point je me sens mal actuellement et, se décalant, essaie ainsi de se mettre entre Myrddin et moi. Mais il n'est pas assez rapide et c'est ainsi que je tombe sur cette vision que je qualifierais d'horreur.

Myrddin, mon mari, l'amour de ma vie, qui rigole et embrasse amoureusement un autre homme. Je me fige, alors que le monde semble s'écrouler autour de moi tant je ne m'attendais pas à cela. Je fini toutefois par réagir et me lève brusquement. Ignorant si Cian veuille ou non me retenir, je me dirige promptement vers les deux hommes.  « Tom …. ?» j'entends le choc dans la voix de Myrddin mais je ne lui accorde aucune attention et envoie simplement mon poing dans la gueule du mec qui l'accompagnait. J'ai tout juste le temps de l’attraper par le col pour réitérer l'attaque visant cette fois-ci la mâchoire, qu'un des vigiles ne m'attrape, m'intime de me calmer et m'attrape fermement par le bras pour me tirer derrière lui. Voyant que je me débat, mon envie de continuer à mettre la raclée au mec, le vigile use de ses connaissances en première défenses pour réussir à me tordre le bras derrière le dos. Dans cette position d'infériorité, mon esprit rationnel se remet enfin à nouveau en route et je cesse toute tentative d’échappé.

Une fois dehors, après que l'homme ait vociféré que je n'ai plus le droit de me pointer et après avoir refermé la porte du bar derrière lui, j'enclenche à nouveau le pilotage automatique afin de rejoindre l'hôtel, oubliant que Cian est dans le bar encore, lui et que je devrais sans doute l'attendre.

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Thomas & Cian #8

« Tu crois que j'ai fait 24h de voyage pour me tourner les pouces et pour boire du whisky de merde ? » Easy tiger. Habituellement, je lui serais rentré dedans en quelques secondes. Habituellement, j’aurais démarré au quart de tour, pour lui rappeler que je ne suis coupable de rien, pour défendre mes origines comme un idiot chauvin. Mais aujourd’hui tout est différent… Thomas n’est pas dans son état normal. Ce n’est pas mon meilleur ami qui parle, c’est son stress, c’est l’angoisse aussi. Il est dans un état pas possible. Je ne l’avais pas vu comme cela depuis des années et ce n’est pas franchement quelque chose qui me plaît. Au fond de moi, j’espère que tout se déroulera bien avec Myrrdin. J’espère qu’ils vont trouver un terrain d’entente, que Myrddin va comprendre sa détresse. Il le faut… En attendant, je ne lui réponds pas. Je le laisse s’énerver. J’accepte de devenir son punching-ball et je vois bien que mon manque de réponse, le laisse quelque peu sans voix. Tant pis… S’il veut s’énerver contre moi, il en a tous les droits. Aujourd’hui, de manière exceptionnelle.     

En quelques secondes, Thomas se met à paniquer comme jamais et je comprends que Myrddin vient de rentrer dans le bar. Hasard ou coïncidence ? Je n’en sais trop rien, je me fiche de l’autre homme, j’ai besoin de canaliser Tom. C’était l’idée initiale. Avant que son mari embrasse un autre à pleine bouche. J’aurais aimé être assez rapide pour traîner le militaire dehors. J’aurais aimé lui cacher cela, le sauver, l’épargner. J’ai été trop lent à réagir. Thomas a tout vu… Et il part tête baissée pour aller abattre son poing sur la tronche de l’autre. Je le suis sans jamais l’arrêter. Il en a tous les droits. Bien entendu, un vigile s’en mêle et je profite de la cohue générale pour attraper Myrddin et le coller dans un coin. « Tu ne l’approche plus jamais. » Mon ton est plus froid que jamais. Je le fusille du regard et tremble presque sous la colère. Je pourrais le tuer tandis qu’il bafouille devant moi. « Il vit plus depuis que tu es parti, il est venu à l’autre bout du monde pour toi et… Toi tu t’en tapais un autre ?! T’es qu’une merde Myrddin ! » Et c’est plus fort que moi, mon poing s’abat sur ses côtes. Je le lâche avant que le vigile se jette sur moi et me précipite à l’extérieur.

Aucune trace de Thomas à l’extérieur, je tente son téléphone, mais rien. Affolé à l’idée de le laisser seul, je ne réfléchis pas vraiment et commence à descendre la rue en jetant un œil dans tous les pubs qui croisent mon chemin. Je lui envoi plusieurs messages et comme un fou, je cherche sans plan. Je cherche. Il faut que je le trouve, il ne doit pas être tout seul, pas maintenant. Il me faudra plus d’une heure pour avoir une illumination et pour penser à l’hôtel. À force de tourner en centre-ville, je me suis rapproché de ce dernier et c’est en courant que je débarque dans le hall. L’ascenseur n’allant pas assez vite à mon goût, je prends les escaliers et le monte quatre par quatre. J’entre précipitamment dans la chambre et trouve Thomas allongé sur le lit, en train de fixer le plafond comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde. « T’es là… » Le soulagement. Je l’ai trouvé. Je me débarrasse de mes chaussures, de ma veste et m’approche de mon meilleur ami. Maintenant que faire ? Je ne sais pas faire ce genre de chose. Encore moins avec Thomas qui a toujours été si fort pour tout. Du coin de l'oeil, je remarque les miniatures de whisky un peu entamé et sa main qui semble bien trop rouge pour avoir simplement rencontrer le visage d'un pauvre type. Mais on verra plus tard... Pour le moment, je viens m’allonger à côté de lui, mon bras frôle le sien, juste pour lui faire savoir que je suis là. Mon regard ne lâche pas le plafond, je respire comme un bœuf d’avoir couru et surtout encore un peu sous la colère. Les minutes s’écoulent et je me sens mal à l’aise… « Tu… Tu veux en parler ? » Quitte à mettre les pieds dans le plat, quitte à ce qu’il s’énerve sur moi. C’est pas grave. Il faut qu’il parle, il va se rendre dingue sinon. « Je l’ai frappé… » Ne pas lui mentir, il finira par le savoir de toute manière.      

Marchant dans la rue froide et enneigée, déserte aussi, l'image de Myrddin, mon mari, l'amour de ma vie, l'homme que j'ai tant désiré et tant aimé, entrain d'embrasser un autre être humain ne quitte pas mon esprit. De la haine, je passe à l'incompréhension puis à la rage -pendant laquelle j'envoie mon poing dans un mur, m'éclatant les phalanges- puis à la profonde tristesse et finalement l’apathie lorsque j'arrive à l'hôtel. Je referme la porte derrière moi et me dirige vers le mini frigo duquel je sors deux mini bouteille de whisky. J'en enfile une cul sec puis la deuxième et allait en attraper une troisième, hésite, puis la prend toutefois en main et la vide, elle aussi avant de me laisser tomber sur le lit.Je me passe une main tremblante sur le visage, ignorant la douleur procurée par la peau écorchée et fixe le plafond.

Je ne sais pas trop combien de temps de suis là, allongé sur le lit sans bouger d'un pouce, mais je prend tout à coup l'ouverture de la porte en compte. Ne réagissant pas, je laisse Cian s'allonger à mes côtés et secoue doucement la tête lorsqu'il me demande si je veux en parler. Et en l'entendant me dire qu'il a frappé Myrddin, c'est un sentiment de soulagement qui me prend les tripes  « T'as bien fait» soufflais-je.

Je dévie ensuite le regard du plafond et me lève tout à coup. Je me dirige à nouveau vers le frigo et en sort une autre bouteille, de vin cette fois-ci. L'ouvrant, je regarde autour de moi et verse un peu de liquide dans un des mug qui sont, en vrai,prévus pour le café ou le thé. Je le vide d'un coup puis le rempli à nouveau  «Pourquoi ? » demandais-je finalement en posant le mug sur la table  «pourquoi il a fait ça ? » je prend une profonde inspiration puis me tourne et pose mon regard sur Cian  «Qu'est-ce que j'ai fait ? » j'attrape ma tasse et commence à marché en long et en large dans la chambre  « J'aurais du être plus attentif aux signes, j'aurais du plus l'écouter, m'intéresser à lui et ...» je me fige  «non mais je le faisais tout ça ! » je m'insurge en prenant une longue gorgé du vin bas de gamme  «Je l'écoutais, on se parlais, on communiquait. Putain s'il y avait eu un problème entre nous il me l'aurait dit, hein ?  »je secoue la tête  « Non, il ne me l'aurait pas dit. Il ne m'aurait pas dit qu'il me trompait. Il faut avoir un putain de courage pour l'annoncer. Mais je ...je sais pas, on aurait pu en discuter, on aurait pu voir ensemble comment régler ça, peut-être qu'on aurait pu tout arranger? Peut-être que ça aurait tout changer ?» je reprend une gorgé de ma boisson et retourne vers le lit  « Je l'aime tellement putain ...comment est-ce qu'il a put me faire ça... il sait très bien que je suis ouvert à la discussion, on aurait pu en parler, on aurait pu tout arrêter plus tôt, il ...je ...» ma voix se bloque dans ma gorge tandis que je fini mon vin et que je me relève dans le but de me resservir.

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Thomas & Cian #8

Comme un idiot, j’ai cherché de partout avant de revenir à l’hôtel. J’aurai pu le retrouver, il y a plus d’une heure déjà. Il a eu le temps de descendre trois petites bouteilles de whisky, une marque qu’il n’aime même pas. Et maintenant il fixe le plafond dans un silence qui me fait flipper. Je m’avance sur la pointe des pieds pour lui laisser le temps de se rendre compte de ma présence. Je m’allonge à ses côtés, incapable de savoir quoi faire pour l’aider. Il va avoir besoin de soutien. Je le sais, je suis passé par là avant lui. Pourtant, je suis incapable de trouver quoique ce soit de censé à dire. Je vais pas pouvoir le réconforter avec quelques mots, ce serait bien trop simple. Alors, je lui demande si lui voudrais dire quelque chose. Un simple hochement de tête pour me dire que non. Tant pis. Je m’en doutais dans le fond. J’attends qu’il réagisse, il va avoir besoin d’un peu de temps pour digérer l’information. L’entendre me dire que j’ai bien fait de frapper Myrddin me laisse sans voix. Il n’aurait jamais laissé passer cela, il y a encore quelques heures. Je ne regrette pas de l’avoir fait. C’est tout ce que le comédien méritait. Je frissonne en y pensant de nouveau. J’aurai dû frapper plus fort.

Avant que je n’aie le temps de penser à quoique ce soi de plus, Thomas se lève. Et je comprends que tout va sortir d’un coup. Je me redresse sur le lit tout en lui laissant de l’espace. Il attaque encore une fois le mini bar. La note va être salée. Tant pis… S’il a besoin de ça. Et visiblement, il en a besoin. Il boit une longue gorgée, se garde la bouteille pour lui et commence à tourner en rond. Il va tellement vite qu’il me donne le tournis. Ses questions me font mal au cœur. L’espace d’un instant, j’ai la sensation d’entendre mes propres interrogations il y a un an de cela. Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Pourtant, tout allait bien non ? Des questions que je me pose aujourd’hui encore et qui me rende si faible face à la détresse de mon meilleur ami. Je me perds dans mes pensées, je me revois le jour où j’ai compris qu’elle m’avait compris. Mon cœur qui se serre, l’air que je cherche. Thomas frappe sa bouteille sur la table et je reviens sur l’instant présent. Merde. C’est pas le moment de penser à moi. Ce n’est pas le moment de me remettre en question. Je dois être là pour lui. Rien que pour lui. Je secoue la tête, remonte rapidement les barricades dans mon esprit et autour de mon cœur. Mon attention toute entière se dirige vers le militaire qui continue de boire tout son soûl. « Je sais pas. » Pourquoi lui mentir alors que je suis incapable de répondre à ses questions ? Je me mords la lèvre, putain c’est pas le moment d’avoir les larmes aux yeux Cian. Mais la situation me paraît bien trop familière. Ça frappe trop près du cœur. Bienvenu dans le club des cocus Thomas…

Je m’assois sur le bord du lit, passe une main sur mon visage et tourne le regard vers mon ami. « Tu n’as rien fait de mal Tom. » Non clairement pas. « Tu l’as laissé réaliser son rêve. T’a tout sacrifié pour lui. » Je retiens mes insultes envers Myrddin. Je les retiens parce que je ne suis pas persuadé que Tom veuille entendre cela. « Tu sais quoi… J’en suis venu à la conclusion qu’il n'y avait pas de réponse à ce genre de questions. » Même si je me sais fautif dans ma relation, même si je sais que mon boulot y était pour quelque chose. Même si je me doute que le manque de communication a tué le couple de mon meilleur ami. Pas un manque de sa part, mais du côté de Myrddin. « Il savait pas te le dire, j’en sais rien. » Non je sais pas. C’est ce qu’elle m’a dit, mais est-ce que ça justifie tout ? Non. Absolument pas. Ça fait même bien plus mal. « Tu n’as rien fait de mal Tom. » Je reste persuadé de tout cela et si je le répète assez souvent, il me croira. Non?      

Et c'est là, alors que Cian arrive dans la chambre et se couche à côté, que l'alcool commence tout doucement à faire effet, que je sens réellement le vide en moi. Le trou béant créé par l'infidélité de Myrddin est immense, c'est un gouffre sous marin, des abysses dans lesquelles je risque de me plonger si je ne fais rien. Alors, au lieu de rester là, allongé à ne pas bouger, je me lève et ouvre une nouvelle bouteille. Je sais bien que l'alcool n'est absolument pas la solution idéale pour tout ça et pourtant me voilà à vider une tasse quasi complète de vin en trop peu de temps tout en exprimant à haute voix les questions que je me poses tout bas.

Bien sûr Cian n'aura aucune réponse concrète à m'apporter étant donné que lui-même est passé par là. Et lui ne s'est jamais remis de la trahison d'Eavan. Est-ce que je finirais pareil ? Est-ce que que je serais hanté toute ma vie par la vision de ce baiser ? Est-ce que moi aussi je me morfondrais et serais incapable de faire un travail sur moi-même pour passer à autre chose ? Je n'en ai absolument aucune idée. M'installant sur le bord du lit, je soupire et fini par me taire, attendant de savoir si Cian réagit. Je ne lui en voudrais absolument pas s'il reste murer dans un silence car cette situation le touche sans doute autant que moi.

Pourtant je le sens qui se déplace sur le lit avant qu'il ne me dise de sa voix douce que je n'ai rien fait de mal. Qu 'au contraire, j'ai tout sacrifié pour lui car je l'ai laissé réaliser ses rêves mais il fini par m'avouer qu'il est venu, lui-même, sur la conclusion qu'il n'y a absolument aucune réponse à toutes ces questions. Je ferme les yeux et hoche doucement la tête.  «Tu dois avoir raison » soufflais-je avant de prendre une profonde inspiration lorsqu'il m'assure dit que ce n'est pas de ma faute.

C'est alors que j'entends mon portable -qui était resté dans ma veste- sonner. Lentement, je m'y dirige, le prend en main et me fige en voyant le nom de Myrddin. J'hésite longuement, avant de décrocher et faisant signe un signe d'excuse à mon meilleur, je sors dans le couloir, ne revenant que quelques minutes plus tard.  « Ce … ça te dérange si on mange pas ensemble demain ? » demandais-je à Cian  «C'était Myrddin et on est venu sur la conclusion qu'on devrait vraiment parler en face à face. Mais pas ce soir, je crois que je serais bien capable de lui encastrer la tête dans le mur  » je me passe une main dans les cheveux puis me dirige vers le mini bar et attrape une tasse propre que je rempli de vin avant de m'installer sur le lit face à Cian. Je lui donne la contenant et reprend la mienne en main pour en prendre une longue gorgé de mon breuvage  « on quitterait pas Dublin demain ?» demandais-je finalement après quelques instants de silence  « On se loue une voiture et on part je ne sais où après que je sois revenu » je pose mon regard sur l'irlandais  « J'ai pas envie de rester ici pendant tout le reste du séjour et je … on pourrait se louer un petit truc au bord de mer pour noël et faire notre truc tranquillement sans rien ni personne pour venir nous emmerder » je propose en espérant sincèrement que Cian répondra positivement.

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Thomas & Cian #8

J’aimerais pouvoir répondre aux questions de Thomas. J’aimerais pouvoir lui offrir une solution sur un plateau d’argent. J’aimerais lui assurer que tout ira bien, que la douleur va s’atténuer rapidement, qu’il finira par trouver un sens à tout ça. J’en suis tout simplement incapable. Je n’ai jamais réussi à trouver les réponses par moi-même et je suis dans cette merde depuis bien plus longtemps que lui. Alors je me contente d’être présent pour lui, de lui assurer qu’il n’est responsable de rien. Il n’a pas forcé Myrddin à le tromper, bien au contraire. Il a tout fait pour aider son mari, pour lui apporter tout son soutien et c’est comme ça que l’autre le remercie. En réalité, je me sens incapable de tenir une conversation sérieuse, parce que je serais prêt à quitter cette chambre d’hôtel pour aller fracasser la gueule de son mari, pour le forcer à s’excuser auprès de Thomas. Je soupire quelque peu et relève la tête vers mon meilleur ami qui ne cesse de faire les cent pas dans la chambre. Je n’ai pas le temps d’en dire plus que son téléphone sonne et qu’il disparaît dans le couloir en quelques secondes.

Je me doutais que l’appel provenait de Myrddin, je m’attendais un peu moins à ce que Thomas revienne et me demande presque l’autorisation de voir son mari. « Tu fais ce que tu veux, Tom. » dis-je doucement. Je suis un grand garçon, je peux bien me débrouiller seul demain matin et trouver un endroit où déjeuner. Je vais me faire un petit tour de la ville. Enfin, je trouverais bien. Je pense que c’est plus que raisonnable que Thomas aille discuter avec lui. Je sais que je vais devoir le ramasser à la petite cuillère après cela donc autant avoir un peu de répit avant le pire. Je ne sais pas vraiment ce que Myrddin va lui dire, mais je me doute que Tom lui pardonne aussi facilement. Tout du moins, je l’espère. Enfin, il fait bien comme il veut après tout. « Prends tout le temps dont t’as besoin d’accord ? » Thomas finis par me proposer que l’on se tire d’ici. Je comprends qu’il n’est pas réellement envie de rester dans cette ville en sachant que le scénario de ce soir pourrait se répéter. Je l’écoute plus vraiment et suis déjà en train de réfléchir où l’on pourrait aller pour Noël. Je pense immédiatement à mes cousins et surtout à la maison du grand-père à Galway. Je sais qu’ils continuent de l’entretenir, mais que personne ne vit dedans. Ce serait un bon point d’ancrage pour nous. « Tu me fais confiance ? J’ai une idée. » Je croise son regard et comprends qu’il me laisse carte blanche. « Je m’occupe de tout. »

On n’a rien dormi de la nuit, l’un comme l’autre. On c’est lever tôt pour aller prendre le petit-déjeuner puis Thomas est remonter dans la chambre pour se doucher et partir à son rendez-vous. J’ai pris le temps après qu’il soit parti pour traîner un peu dans la chambre avant de descende au check out. J’ai réussi à me faire rembourser la moitié de la somme que Thomas avait verser pour la réservation et j’en ai profité pour nous louer une voiture. Je suis allé faire un tour en ville, je nous ai achetés de quoi grignoter pour le voyage en voiture et un énième paquet de cigarette. Un peu avant quatorze ans, j’ai fini par envoyer un message à Thomas. « J’ai une voiture, je suis garé en face de l’hôtel. Je t’attends. » Et après cela, je prends mon courage à deux mains pour appeler mes cousins que je n’ai pas vu depuis bien trop longtemps. Ils sont surpris de mon appel, mais n’hésitent pas à m’offrir la maison pour les fêtes et nous invite au dîner. Je crois que je passe une bonne heure au téléphone avec eux, jusqu’à ce qu’un coup contre la vitre me fasse sursauter. J’aperçois la petite tête de Tom et déverrouille la porte. « Hey… Ça va ? »       

Dix minutes. C'est le temps que j'ai passé en tout à dormir cette nuit. Et encore, ces minutes n'étaient pas l'une après l'autre mais éparpillée pendant les longues heures du moment où j'ai raccroché avec Myrddin jusqu'à une heure digne pour se lever. Cian était pareil,sans doute à cause de moi. Alors, au lieu de rester chacun dans son coin, nous avons engager des discussions qui nous ont menées vers des débats qui eux nous ont menés vers d'autres sujets de conversations. Légers, passionnés et tranquilles, voilà la nature des ces échangent. Nous avons continué au petit déjeuné et j'ai essayé tant bien que mal de lancer Cian sur un autre sujet, mais le temps me manquait. J'ai donc abandonné mon meilleur ami à notre table et je suis parti me doucher afin d'être un peu plus présentable pour mon rendez-vous avec Myrddin dans son appartement.

Ce même rendez-vous qui s'est déroulé exactement comme je l'imaginais. Ça a commencé avec douceur, il m'a proposé un thé et nous avons blagué un peu avant que je n'évoque le baiser. Et là, ça a dégénéré. Le ton est monté, les cris et les hurlements ont plut jusqu'à ce que les larmes ne viennent s'en mêler. Sept heures de discussions, sept heures de rage, de désespoir et de tristesse à en crever les cœurs. Éreinté par les émotions, l'issu de ce rendez-vous était inévitable : nous allons divorcer. Les enfants -dont Arthur- resteront avec moi jusqu'à son retour en Australie -car il compte bien rentrer dès la fin de sa tourner- et je m'occupe des papiers du divorce. Ainsi, à 13h30 et après une dernière enlaçade, nous nous quittons.

Au moment même où je sors du bâtiment, je reçois un message de mon meilleur ami qui m'indique qu'il est garé juste en face de l'hôtel. Sans prendre la peine d'y répondre, je me met en route et arrive une petite dizaine de minutes plus tard. Toquant à la fenêtre de la voiture rouge, j'attends que Cian ouvre la porte pour m'installer sur le côté passager. Dans un soupire, je ferme la porte tandis que l'irlandais me demande si ça va  «Aussi bien que quelqu'un qui, à l'aube de la quarantaine, s'est marié deux fois et va divorcer une seconde fois » haussais-je les épaules  « Enfin bon, c'est comme ça hein » reprenais-je en tournant la tête vers Cian  « On en parle plus tard, ok ? J'ai besoin d'accuser un peu le coup mais … il y a des rires, des larmes, de la douceur, des cris et j'ai brisé un ou deux verres » je me passe une main sur le visage, espérant sans doute pouvoir ainsi chasser la fatigue. Mais celle-ci est bien plus morale que physique et ne disparaît pas aussi rapidement.

 « Bon, qu'est-ce qu'on a là» changeais-je de sujet en attrapant le sachet de provisions.  « OOH ouah ! » m'exclamais-je en sortant le paquet de chips onion cream  « Parfait» approuvais-je le contenue du sachet (qui se résume à chips, barre chocolaté, bière et energy drinks, comme les adolescents que nous sommes)  «Et du coup, tu sais où on va ? Ou on se laisse porter par le flow ? » je reporte mon attention sur Cian  « Et t'as au moins préparé une bonne playlist » d'une extrême importance, la playlist.

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Thomas & Cian #8

«

J’ai passé la matinée à tenter de m’occuper pour ne pas penser à Thomas. Je sais parfaitement que la discussion avec Myrddin ne va pas être simple, mais je ne peux m’empêcher de me demander ce que va être le résultat. Est-ce qu’il va lui pardonner ? Est-ce qu’ils vont rester ensemble ? Est-ce que je vais devoir gérer un Thomas qui divorce pour la deuxième fois ? Un million de questions qui ne quitte pas mon esprit, malgré le fait que je ne reste pas immobile plus de dix minutes. Qui aurait cru que je m’inquiéterai tellement pour cet idiot un jour ? Mais Thomas ne mérite pas cela. Il avait enfin trouvé le bonheur avec Myrddin. Merde, ils étaient censés être mon exemple tous les deux… Je sais pas. Un truc concret et stable à admirer. Un exemple. Il faut croire que les relations qui durent dans le temps n’existe plus vraiment pour notre génération. Je soupire et préfère m’assurer de prendre tous les snacks que Tom aime. Mon seul rôle désormais, c’est de lui changer les idées, de l’aider à passer un Noël pas trop pourri et de revenir en forme en Australie près de ses enfants. C’est le plus important.

Lorsque Thomas me rejoint la première chose que je remarque sont ses yeux rouges. Il a pleuré… Je m’y attendais, mais ce n’est pas aussi simple de le voir dans cet état. C’était censé être un bon voyage. J’avais prévu de me moquer d’eux et de leur amour dégoulinant, j’avais prévu d’être le gamin chiant, de ne pas me prendre la tête, de laisser les responsabilités derrière moi. Il faut croire que ce sera pour une prochaine fois. Je ne peux m’empêcher de lui demander comment il va. J’ai un million de questions en réserve, je sais que je dois les garder pour moi, celle-là, je me devais de la lui poser. La réponse ne m’étonne pas vraiment… Ils vont divorcer. Un rêve qui s’écroule, encore une fois. Je vois bien qu’il n’a pas envie d’en parler et je ne vais pas insister. Pourtant, je peux pas m’empêcher de me pencher au-dessus de l’accoudoir qui nous sépare pour passer mes bras autour de ses épaules. Rien de plus. Un bref câlin. Juste pour lui faire comprendre que je suis là. Toujours.

Bien entendu, il change de sujet très rapidement. « J’ai pris tout ce que t’aimais. » dis-je en souriant un peu. « Tu bouffe pas tout, de suite ! On a bien 2h30/3h de trajet, mais on fera des pauses. » Il est vrai que je lui impose un peu la destination et l’espace d’un instant, je me demande si c’est véritablement okay, mais je connais Thomas et je suppose que pour le moment, il ne veut pas réfléchir. Il n’a pas besoin de se prendre la tête pour ça. « Je me suis fait rembourser la moitié de la somme pour l’hôtel. Et on va à Galway. » Aucune réaction de sa part, je suppose que c’est plutôt bon signe. « Vingt ans qu’on se connaît, je t’ai jamais emmené chez moi. J’ai appelé mes cousins, ils nous invitent à dîner demain soir et on va prendre la maison de mon grand-père. » Je tourne la tête vers lui tout en allumant le moteur. « Et je te laisse gérer la playlist. » Autant dire que la situation est grave… Parce qu’on est toujours en train de se prendre pour la musique. Aujourd’hui, je suis prêt à supporter 3h de rock juste pour sa belle gueule.        

Même si j'avais espéré que mes vacances ici en Irlande se déroulent autrement, qu'une partie de moi partait pour renouer avec Myrddin, l'autre partie, elle, savait parfaitement l'issue inévitable de notre dernière discussion. C'est peut-être pour cela que j'arrive assez facilement à accuser le coup ? Peut-être est-ce justement parce que, dans le fond, j'étais plus ou moins certain que je rentrerais célibataire, que je ne me sens pas si triste que ça ? Je suis vidé d'énergie et exténué, mais c'est normal. Et au moins, maintenant que je suis au clair sur ma situation amoureuse, je sais que je vais pouvoir aller de l'avant.

Alors, refusant d'expliquer maintenant la situation à Cian, lui faisant un simple et bref résumé des émotions par lesquelles nous sommes passer Myrddin et moi, je fini par changer de sujet en m'intéressant au contenu du sachet de provisions. C'est là que je me rend compte que mon meilleur ami me connaît vraiment parfaitement. Exit mes résolutions de manger healthy, ces prochains jours je m'en fou des calories et de ce que j'offre à mon corps. Mais, alors que j'attrapais le premier paquet de chips, Cian me retient en me disant de ne pas tout manger car on en a pour au moins trois heures de routes sans compter les pauses.  «Bien chef » ironisais-je en remettant le tout en place alors que l'amiral démarre la voiture pour s'engager dans le trafic, m'informant en même temps que nous nous rendons à Galway pour rejoindre ses cousins qui nous invitent à manger demain soir et que nous habiterons dans la maison de son grand père  «parfait, ça me va » dis-je en m'installant confortablement.

Lorsqu'il me dit ensuite qu'il me laisse gérer la playlist, je sors directement mon portable et spotify. Après avoir galérer un peu à connecter mon appareil avec la voiture, je fini par augmenter le volume lorsque la voix de Tommy Shaw se fait entendre  «Bon, on va s'écouter un peu de Styx » commentais-je  « J'suis bien dans le mood là» reprenais-je, bougeant légèrement ma tête au son de renegade.Je tente bien de rester éveillé, mais le mouvement régulier de la voiture et la conduite agréable de Cian me bercent et mes yeux se ferment bien rapidement alors que nous ne sommes pas encore sorti de Dublin.

Ce n'est qu'une heure plus tard que je me réveille et, après m'être demandé un instant où je suis et quel jour nous sommes, mon regard se pose sur l'auto radio puis sur Cian et j'incline légèrement la tête sur le côté, las  «Ainsi donc on profite de mon moment de faiblesse pour mettre sa propre musique ? » je secoue la tête et m'étire pour attraper mon portable  «Putain, j'ai de la musique de merde sur mon spotify maintenant ! T'aurais au moins pu utiliser ton compte … il va maintenant croire que c'est de la bonne musiqueça !» il y a un peu d'ironie dans ma voix, mais en vrai je pense exactement ce que je dis. S'il y a bien deux choses sur lesquelles on ne tombera jamais d'accord lui et moi, c'est la musique et le whisky. Toutefois, je repose mon portable sans toucher à la musique et baisse simplement un peu le volume  «On ferait pas une pause ? Et après je prend le volant si tu veux dormir un peu » proposais-je. C'est la moindre des choses.