« J’admets. » Confirma Camil, amusé. Il avait toujours aimé voir la nuance rosée, tantôt de gêne, tantôt de désir, colorer les joues de son interlocutrice. C’était bien simple : il ne s’en lassait pas, malgré les années passées ensemble. « Oublie Brody. » Répondit le politicien en secouant la tête, alors qu’elle revenait à la charge pour obtenir un semblant de réponse. Se montrer honnête et transparent n’était pas la meilleure des idées, à ce moment précis. Ils retrouvaient à peine une forme de complicité, et tâtonnaient encore pour voir où étaient les limites. Camil n’allait certainement pas prendre le risque de gâcher cette fragile proximité, en reconnaissant avoir des pensées peu catholiques à son égard depuis quelques semaines. « Je te dirai tout plus tard, si tu es sage. » Voilà la concession qu’il était prêt à faire, pour elle et ses beaux yeux. Ça ne lui servait, en réalité, qu’à gagner du temps pour s’extirper à l’instant même de ce qui aurait pu être un mauvais pas.


Les doigts de Camil avaient lentement et paresseusement caressé la peau de Deborah. Loin de vouloir la brusquer, et craignant que cet instant de félicité ne prenne fin trop vite à son goût, il était resté dans des limites raisonnables. Touché aérien, et ne défiant aucunement la décence : le politicien marchait sur des oeufs, et préférait obtenir peu que rien du tout. Et se faire draguer comme au premier jour n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire. « Arrête, ou c’est moi qui vais finir par rougir. » Plaisanta-t-il, avant que leurs lippes ne viennent se sceller dans un baiser chaste. Mais les deux individus n’avaient jamais été spécialement patients, et encore moins maîtres dans l’art du sous-entendu. Bientôt, la franchise reprit sa place naturelle, sur le devant de la scène. « C’est vrai. » Concéda-t-il à voix basse, avant d’ajouter : « Je me souviens de tout. » De ses formes à ses gestes, de ses mots à ses soupirs, de ses attitudes à ses caresses. Et si sa conscience le laissait parfois en paix, c’était ses rêves qui ne manquaient jamais de lui rappeler les souvenirs heureux. Impatient, il goûta à la peau laiteuse du cou de la brune, cajolant cette zone qu’il savait sensible chez elle. Contre sa peau, ses lèvres s’étirèrent en un sourire victorieux lorsqu’il sentit qu’elle se déplaçait légèrement pour lui donner un accès plus grand. Une première victoire pour lui, qui lui donnait une furieuse envie de mener d’autres combats pour obtenir davantage.


Mais la guerre à mener ne serait peut-être pas aussi difficile qu’il le supposait. Emprisonnant le corps de Debbie entre le sien et le matelas, Camil crut défaillir lorsqu’il l’entendit clairement énoncer son envie de s’unir à lui. Et la chaleur que son corps diffusait contre le sien ne l’aidait pas à garder les idées claires : il sentait qu’un rien pouvait le faire basculer. Les mots sonnaient comme une mélodie à ses oreilles, un chant agréable qu’il n’avait plus entendu depuis longtemps. Et l’idée de passer douze heures à batifoler dans les draps le fit ronronner de plaisir. Incapable de la moindre parole cohérente, il préféra se jeter sur les lèvres ourlées de Deborah, offertes et n’attendant que d’être maltraitées. Il savait déjà qu’il devrait faire preuve de la plus grande retenue pour ne pas se laisser aller trop vite. Haletant, il secoua vivement la tête en signe de négation, alors que son bassin se moulait au sien. Non, ça ne faisait pas d’elle une personne trop gourmande. « Cette fois-ci Brody, tu ne vas pas seulement passer à la casserole. » Admit le politicien avec un sourire goguenard, le visage toujours encadré par les mains délicates de l’Irlandaise. « Puisqu’il s’agit de filer la métaphore culinaire, sache que j’envisage de te bouffer toute crue. » Ricana-t-il, laissant l’imaginaire de la brune deviner le reste. Elle le connaissait trop bien pour s’offusquer d’être assimilée à un vulgaire morceau de viande ; car entre la parole et les actes, il y avait parfois un monde. Il se plierait à ses volontés, à ses besoins, à ses envies.


« Tu sais que je pourrais te renverser en une fraction de seconde ? » Demanda Camil en arquant un sourcil, alors que Deborah s’obstinait à vouloir le maintenir de ses deux mains contre le matelas. Il n’allait pas se plaindre des initiatives qu’elle prenait ; il y avait bien longtemps qu’ils n’avaient plus été dans une pareille situation, et il mentirait s’il disait que cela ne lui avait pas manqué. Ils avaient toujours été très fusionnels, très passionnels, très complices. « Là maintenant, ce que je veux vraiment ? » Répéta l’Américain en arquant un sourcil, alors qu’un sourire malicieux faisait s’étirer ses lippes. Ses mains posées sur les hanches de l’Irlandaise pour s’assurer de son bon maintien, il fit tapoter ses doigts sur sa peau laiteuse et encore dissimulée à sa vue. « J’aimerais vraiment que tu retires mon tee-shirt. » Déclara-t-il, en insistant soigneusement sur le pronom possessif. Et s’il n’avait jamais eu la moindre objection quant au fait de lui prêter ses affaires pour qu’elle puisse se couvrir, aujourd’hui, ce vulgaire bout de tissu lui semblait de trop. Tout comme le reste, d’ailleurs : la simple idée de se retrouver peau contre peau avec Deborah le faisait frissonner d’impatience et de désir. Et ce n’était pas cette ligne de baisers enflammés qui allaient arranger son cas, bien au contraire. « Je pensais que tu voulais… » Ses mots restèrent bloqués dans sa gorge, quand il sentit les lèvres de la brune se déposer à l’orée de son nombril. Son torse se souleva de quelques centimètres dans un soupir d’aise, alors que son regard s’obscurcissait au fur et à mesure que les baisers de Deborah se faisaient de plus en plus ardents. « … prendre ton temps. » Termina-t-il dans un murmure, alors qu’il portait sa main droite à sa bouche pour étouffer un son guttural qui en disait long sur ses envies. Mais si voir l’Irlandaise disparaître sous le drap était très tentant, ce n’était pas de cette façon que Camil envisageait leurs retrouvailles. Il voulait vivre un moment de partage, un moment d’union, et il ne l’imaginait pas autrement qu’en s’unissant à elle. « Attends, Debbie. » Dit-il se redressant précipitamment sur ses coudes. Elle releva les yeux vers lui, sans doute surprise d’être interrompue à un moment aussi critique. Il tendit une main pour l’attirer à lui, et souffla contre ses lippes : « Réserve tes moments de torture pour plus tard. » Ses mains s’agrippèrent au tee-shirt de la brune, qu'il fit remonter par-dessus ses hanches. Il ne s’éloigna d’elle que pour laisser passer le tissu entre leurs deux visages, et le balancer dans un coin de sa chambre. Il déposa ses mains sur les hanches de la brune et se laissa retomber sur le matelas, l’entraînant dans sa chute. « L’adolescent qui sommeille en moi est bien trop impatient pour prendre son temps. » Confessa le politicien, amusé, alors que ses paumes repoussaient la dernière barrière de tissu qui couvrait encore la brune pour se poser sur ses fesses. Ses lèvres grignotaient la peau de son cou avec gourmandise, lapant ensuite l’endroit brutalisé la seconde d’avant. « Debbie ? » Murmura Camil avec un sourire malicieux, alors que ses doigts pinçaient légèrement la peau de son fessier rebondi. « C’est vrai que t’as le boule qui chamboule. » Admit-il dans un rire sincère, avant de plaquer ses lèvres contre les siennes, heureux de cette complicité retrouvée.