Il n'y avait pas à dire, tu avais réellement le sentiment de débarquer sur une nouvelle planète. Et franchement, cela signifiait beaucoup pour toi vu tes nombreux voyages en contrées variées et souvent diamétralement opposées. Le monde du jeu vidéo, des mangas, des animes et tout ce qui pouvait avoir attrait au "geek" t'était prodigieusement inconnu. Tu doutais néanmoins que Ginny se passionnait avec véhémence pour plusieurs de ces éléments et c'est ainsi que tu avais considéré judicieux que vous fassiez une virée entre cousins en un tel lieu. Au fil de quelques SMS, il avait été acté que vous y passeriez la journée et qu'elle t'y enseignerait les grandes lignes de l'art exposé dans ce salon du geek de manière à ce que tu ne conserves pas cet air surpris sur le visage pendant plusieurs heures.

Tu avais pénétré le salon avant elle, le vieux téléphone que Matt t'avait fait grâce reposant sagement dans la poche de ton pantalon. Rapidement, tu t'étais senti intrus dans cette marée de fans déguisés et au détour d'une première conversation, tu avais appris qu'il ne fallait surtout pas parler de "déguisement" mais bien de "cosplay". Dans tous les cas, une chose était sûre : tu demeurais admiratif du dévouement dont faisaient preuve ces participants. Certains "cosplays" étaient réellement époustouflants et devaient avoir nécessité des centaines d'heures de travail. Tu fourrais tes mains dans tes poches, totalement paumé, puis prenais une direction aléatoire pour découvrir les différents stands et activités. Il y avait des dessinateurs, des individus de tous les âges qui jouaient activement à plusieurs jeux vidéos qui semblaient provenir de différentes époques. Il y avait même une plateforme de danse où les gens imitaient les mouvements d'un personnage fictif ou tapaient sur des tapis en fonction de ce qu'affichait un écran géant. Un rictus épaté ne quittait plus tes traits : on n'arrêtait vraiment jamais le succès.

Tu te stoppais à côté d'une statut à l'effigie d'un personnage dont tu ignorais la nature lorsqu'un couple de "cosplayers" te sollicita afin que tu prennes leur photographie. « Pas de problème, juste, euh - » tu t'entendis prononcer, interloqué, alors que la jeune femme hybride te fourrait son Iphone dans les mains précipitamment comme si tu maîtrisais par définition l'outil de communication - et bien d'autres choses manifestement -. La créature gambada vers son amoureux pour prendre la pose et plein de bonne volonté, tu cherchais d'abord le sens dans lequel orienter la nouvelle technologie vers le couple et comment accéder à l'appareil photo sur cet engin. Vu le rire des deux tourtereaux, tu te demandais presque si vraiment tu pouvais effectuer des clichés avec cette machine ou s'ils te payaient juste ta tête.

Y’a une meuf qui t’a booké un shoot pour son cosplay aujourd’hui. Elle t’a payé l’entrée, le shoot a été plié en une heure, et voilà que tu peux profiter du reste de l’endroit à ta guise. Tu prends pas mal de photos parce que ça t’inspire un petit peu tout ça. Tu connais absolument rien à tous ces manga qu’ils reproduisent dans leurs déguisement mais y’en a qui ont grave de la gueule, tu peux leur donner ça. En plus y’a une meuf qui te tient la jambe un peu trop longtemps à un moment, t’expliquant tout en battant des cils que c’est elle qui a cousu tout son costume jusqu’à sa petite culotte. Ok message reçu. Mais non. You’re not in the mood for some pussy. Comme quoi ton art passe parfois avant le sexe. Mais si t’avais eu un gars qui t’aurais triggered à la place de cette chick, pas sûr que t’aurais tenu. T’es faible.

Et puis y’a ce gars. Ce gars que tu reconnais de la soirée où t’as rencontré Calvin en août dernier. Au début juste tu le mates parce qu’il est smoking hot et puis après tu te marres de le voir galérer avec le téléphone alors qu’il a été sollicité pour une photo. Tu peux pas t’empêcher d’aller à son secours parce qu’il a une trop belle gueule pour que tu passes à côté de cette occasion d’interagir avec. Et avant de faire quoi que ce soit, tu mets ton gros objectif devant ton nez et tu prends un cliché du brun qui a l’air complètement dépassé. Souvenir.

Tu te places tout à côté du corps de Levi et sans le déranger, ton gros appareil qui pend autour de ton cou, tu vas pianoter de ton index sur l’écran qu’il tient devant son visage. Tu sors des messages WhatsApp le plus naturellement du monde alors que how the fuck did he get there to start with ? Et tu ouvres l’appareil photo, tu enlèves le flash, tu gères la luminosité et tu finis en faisant focus sur les deux cosplayers qui posent.

« Plus qu’à appuyer sur le gros bouton blanc là. »

Avec ton accent chantant tu te moques. Un tout petit peu. T’es cool comme mec quand on y pense. T’es serviable. La preuve là tout de suite. Tu le fais gratos. C’est pas donné à tout le monde.

« Je suis sûr que tu peux le faire. »

Ok tu te moques carrément. Et tu lui souffles un baiser dans l’air parce qu’il le mérite. Parce que tu penses vraiment que ça va le réconforter. Toi ça te ferait kiffer qu’il te le fasse, alors tu penses que c’est aussi son cas. Un beau gosse pareil qui vient à ta rescousse et qui t’envoie des baisers, fucking Prince Charming am I right ?

« Je reste à côté. »

Au cas où il a besoin d’aide. T’essaies de garder ton sérieux mais impossible. Et t’es beaucoup trop beau avec ce sourire sur tes lèvres.

L'écran sur lequel tes yeux sont rivés te semble effectuer de réelles prouesses. En l'espace de quelques secondes il n'a cessé de t'afficher divers tableaux sans jamais te rejeter pour autant l'image du couple qui prend amoureusement la pose devant une statue représentant un personnage t'étant prodigieusement inconnu. Un rictus de concentration s'accentue sur ton visage ; il n'y a rien à faire, tu ne maîtrises absolument pas cet engin ultrasensible dont même l'orientation change si tu as le malheur de le pencher un peu trop vers la droite ou la gauche. Ça t'en donnerait presque le mal de mer - ce qui signifie beaucoup -, si bien que tu remarques le colombien qui saisit ton cliché seulement lorsque son corps effleure le tien.

Le doigt expert, le garçon te remet à l'écran que tu soupçonnes dit "d'accueil" puis enclenche le fameux appareil photo. La pulpe de ses doigts vint apposer quelques réglages dont tu ignores absolument l'utilité mais tu es persuadé que la photographie n'en sera que meilleure. Un soupire de soulagement file entre tes lippes, le parfum du jeune homme envoûte tes narines délicieusement. « Plus qu’à appuyer sur le gros bouton blanc là. » Tu laisses échapper un rire qui rencontre son écho tandis que le jeune homme te charrie, se fichant totalement de ton incapacité à contrôler un Iphone. Il t'envoie des baisers qui garantissent ce sourire en coin fendant sans merci ta joue. « Je reste à côté, » il persévère. Tu lorgnes son profil puis presses le bouton blanc d'un index assuré et décidé. Tant que tu as sans doute pris une centaine de fois le même cliché.

« Bonté et beauté, rare combo. Remarquable. » Tu commentes en abaissant le téléphone et appâtant par la même occasion les deux cosplayers. Le couple récupère leur bien, glousse devant le résultat puis repart sans demander son reste. Pour ta part, tu scrutes sans gêne de la tête aux pieds ton interlocuteur. Il est vêtu d'habits ordinaires - bien qu'habilement choisis pour mettre son physique en valeur -, ce qui te soulage en quelque sorte. Tu ne fais pas entièrement tache, ici. « Aucune reconnaissance. Ça doit être parce qu'on est pas des leurs. Ou qu'on a pas l'air des leurs. » Tu décris la réaction des tourtereaux tirés d'un autre univers sans exclure l'éventuelle passion du jeune homme. Tu désignes par la suite d'un geste du menton l'appareil photo pendant au cou de l'hispanique qui te paraît très sophistiqué. « C'est ton métier ? »

Tu le regardes prendre les photos. Les milliers de photos. Ca te fait trop rire. Le gars va saturer la mémoire du téléphone à ce rythme mais tu ne dis rien. C’est beaucoup trop drôle. Tu aimerais juste voir la tête du couple quand il se rendra compte de ça. Le gars termine son mitraillage et il te fait quelques compliments que tu prends sans ménagement. Tu l’aimes, c’est bon. Il a pas besoin d’en dire plus. Ce gars est un type bien. Le couple récupère leur téléphone et t’aurais presque envie de les suivre pour voir leur gueule devant les 544 clichés qu’il a prit. Et le gars il reste là, à te mater grave, de la tête au pied. T’aimes ce que tu vois ? Que tu penses en le regardant faire, le cramant mais captant en même temps qu’il ne se cache pas du tout. Ok tu l’aimes vraiment.

Il commente sur le couple qui s’est barré et ça te fait marrer, une fois de plus.

« On est bien au dessus d’eux. En toute objectivité. »

Bien sûr. Tu lui en décroches un clin d’oeil avec ton sourire en coin. Celui qui te vient quand tu veux faire le beau. Celui que t’as presque tout le temps quoi. Il capte ton appareil photo qui est finalement dur à louper et tu hoches la tête.

« Ouais. T’as un peu de temps devant toi ? Je t’embarque pour un shoot. »

Et tu n’attends pas vraiment qu’il te réponde que t’es déjà en train de marcher pour aller dans un coin que t’as trouvé un peu plus tôt. Un endroit assez fun, avec une bonne lumière surtout, car c’est ça le plus important dans l’affaire.

« T’es un pote d’Ariane c’est ça ? Je me souviens de toi à une soirée du DBD. »

Y’a tout le salon à traverser alors tu en profites pour faire la conversation au passage. Autant découvrir un peu plus sur ce charmant jeune homme. Tu le mates en marchant, you have no chill. Mais il est beaucoup trop agréable à regarder et il a l’air d’apprécier ça autant que toi, alors pourquoi se priver quand c’est offert comme ça ? Ca fait trop plaisir.

Tu scrutes sans merci ton chevalier des temps modernes, armé de la volonté de mémoriser son minois ainsi que son physique. Ce genre d'homme ne se croise absolument pas à tous les coins de rue, alors tu préfères tirer tout l'avantage du spectacle tant qu'il se détient devant toi. Tu commentes par la suite le comportement du couple de geek, prenant soin de ne pas les critiquer si jamais le photographe se considère des leurs. De toute évidence non, puisqu'il vous proclame sans scrupule au-dessus d'eux. Un sourire taquin étire en coin tes lèvres, il t'adresse un clin d’œil charmant.  

Tu remarques véritablement qu'ensuite son appareil photo pendu à son cou. Il te semble cohérent que l'hispanique ait si bien maîtrisé le gadget de tout à l'heure pour capter l'image du couple s'il en fait son métier. Il valide tes conjectures et t'embarque pour un shoot. T'en déduis qu'il veut user de son appareil mécanique ou numérique, t'en sais fichtrement rien ; mais dans les deux cas, ce n'est pas comme si tu pouvais refuser une telle invitation. Tu emboîtes son pas, avide d'en élucider davantage sur le mystère dessiné par le brun et son art. « T’es un pote d’Ariane c’est ça ? Je me souviens de toi à une soirée du DBD. »

La soirée du DBD. Tu as passé plus d'une soirée au bar/café de ton cousin et bien qu'il ne soit pas le lieu favoris d'Ariane qui a failli à en faire son domaine - difficile de se mettre un McGrath dans la poche, Matt n'échappe pas à cette règle -, elle t'y accompagne souvent. « « Pote » est pas vraiment le terme que j'utiliserais, mais ouais, on est assez proche. » Surtout quand vous voulez vous faire du mal. Surtout quand elle te menace de t'éborgner ou te couper ta tignasse que t'aimes tant ou dénigrer ton hygiène impeccable en te reniflant bruyamment. T'es sûr qu'elle est jalouse ou envieuse de ton parfum en vrai, parce que tes trois ans dans la Royal Navy en plus de ton éducation bourgeoise ont déteint sur toi et t'es juste un modèle de propreté. Certes, ton bateau abrite une vrai pagaille tant il y a de choses mais tout a sa place et la poussière ne s'invite pas. « Tu la connais comment ? » Tu questionnes ton interlocuteur, tes yeux rivés sur une plateforme de Guitar Hero où deux joueurs entament un morceau de hard rock. « Pourquoi ils utilisent pas de vraies guitares ? » Ça t'échappe.

Il est assez proche d’Ariane.

« Je lui en veux qu’elle m’ait jamais parlé de ton existence. Je veux dire… Hello you. »

Il est hot. Tu le lui fais comprendre une fois de plus. T’as clairement envie de plus avec lui si jamais c’est aussi son truc. Il a l’air très réceptif et du coup t’as un bon feeling. Le gars te regarde trop et putain ces yeux. Il a l’air bien foutu aussi. T’essaies de voir au travers de ses fringues. C’est pas évident mais ton imagination fait un beau boulot. Souvent t’es déçu parce que tu idéalises bien trop. Tu sais que c’est pas parce que toi tu passes des heures à la salle de sport que tout le monde en fait autant. Et c’est vraiment dommage. Tu penses trop à l’apparence Andy.

Comment tu connais Ariane qu’il te demande. Le voilà bien curieux. T’aimes bien voir qu’il s’intéresse aussi.

« Mon boulot est à côté du sien. Et elle a réussi à m’avoir quelques projets avec GQ… Ca fait très sérieux dit comme ça mais notre relation se résume surtout à bitcher sur tout nos collègues de boulot. »

Et vous passez devant un stand de guitar hero. Le gars te demande à propos des guitars et tu hausses une épaule. T’en as un peu rien à cirer de ce jeu. Pas ta came. Bizarre qu’il pose cette question aussi. Le gars il a du mal avec un iphone, il se questionne sur Guitar Hero, c’est un mormon ou quoi ?

« C’est un jeu. »

Et tu lui montres l’autre stand à côté qui est un « just dance ». Ton amour pour la danse ne se remarque peut être pas au premier coup d’oeil, mais il suffit qu’on te croise en soirée pour que ça soit chose faite. Tu te demandes comment il est en mouvement, en musique. Un mec qui danse ça te fait tourner la tête bien comme il faut.

« Ca c’est plutôt mon truc. Je te prends ? »

Le sous entendu dans ta question n’est pas du tout subtile. C’était fait exprès. Tu le regardes grave intensément pour encore plus de compréhension de sa part au cas où. On sait jamais.

Ariane n'est jamais bien loin dès que tu poses un pied à terre. Y'a que les mouettes et les poissons qui te causent pas d'elle. Andy te fait part de sa déception envers la rouquine quant au fait qu'elle ne lui ait jamais évoqué ton existence. Ça te fait doucement rire, avant que tu ne commentes : « Si tu veux l'enflammer, t'as qu'à prononcer le prénom Levi. Ça marche à tous les coups. » Un vrai antidote à déstabiliser la jeune femme dans une situation délicate ou la déconcentrer prodigieusement. T'imagines trop la scène, si bien que t'as un sourire carnassier sur tes lippes. Mais comment il connaît la Parker, cet Apollon ?

Une connexion grâce au boulot. Tu l'écoutes avec un rictus entendu. C'est pas demain la veille que t'auras des connaissances par un quelconque boulot toi. Ta vie se résume à ton bateau et ta musique et tu sympathises pas avec les marins pêcheurs ou les riches polluant la planète sur leur jet privé infecte. « J'en déduis que t'as une langue bien musclée et un œil de lynx. » Pour bitcher au même niveau qu'Ariane, il faut en avoir sous la pédale. T'attends même pas de réponse de sa part, inutile qu'il te confirme tes a priori ou pas, de toute façon, t'es pas là pour dresser le portrait du photographe ou rédiger son autobiographie. Tu lui réponds ce que tu penses et vis le moment présent.

D'ailleurs, ton regard se perd sur des individus pianotant une guitare en plastique devant un écran affichant des points et des flèches. C'est quoi ce délire ? L'hispanique t'indique que c'est un jeu. T'affiches une mine peu convaincue devant ce sacrilège. Il y a de vrais instruments, pourquoi perdre son temps sur des machines comme ça ? Tu comprendras jamais le moderne. Il te pointe ensuite un autre stand où cette fois-ci des joueurs reproduisent les mouvements d'un personnage virtuel. Tu hausses les sourcils. Est-ce que les gens utilisent vraiment ces mouvements de danse après en boîte de nuit ? « T'aimes bien ça ? » Tu questionnes, curieux. Le type te répond que c'est plutôt son style et te demande s'il te prend. Un sourire en coin s'affiche derechef sur tes lippes. T'aimes sa manière de s'exprimer, surtout avec cet accent et cette gueule. Il scrute ton corps, tu le laisses faire avant de rétorquer sur un ton de défi, le regard pétillant, appâté par le jeu : « Quand tu veux. » Tu te prives pas pour le reluquer, c'est pas ses pupilles sur ta personne qui vont te décontenancer. « Pour t'en montrer davantage. » Tu précises, pour un max de confusion et une participation accrue à ce plaisir des sous-entendus. Une partie, une photo, t'es ouvert à plusieurs distractions.

Levi. Il s’appelle donc Levi. Tu vas essayer de t’en souvenir. Et très clairement tu vas le mentionner la prochaine fois que tu verras Ariane. Le sourire qui est sur tes lèvres quand il te dit ça le lui confirme amplement. Tu ris quand il dit que ta langue est musclée. T’avais jamais entendu cette formulation avant.

« Ouais ma langue est très musclée. »

Encore plein de sous entendu qui ne le sont pas tant que ça. T’es pas subtile Andy. I don’t want to be. Ouais ouais, on a tous remarqué. Tu le veux dans ton lit le Levi. He is too hot. He is. He really is. Il te demande si ça te fait kiffer le Just Dance et tu hoches la tête.

« C’est marrant. »

Rien de ouf mais ouais, tu kiffes. Tout ce qui concerne la danse tu aimes de toute façon. Et il te prend au défi. Et tu sourit un peu plus du coup. Surtout qu’il te mate grave. Oh you are so going in my bed sooner or later. Tu vas trop vite dans ta tête, comme toujours. Mais la vérité c’est que n’importe qui que tu rencontres tu penses juste à quand et comment tu vas les baisers. Même si ça se fait pas. Même si c’est juste un ami. C’est ce qui te vient en tête en premier. T’es grave. On sait. Mais lui il est à fond. Il te provoque en retour en mode chill et ça te plaît.

Et tu montes sur la plateforme et tu lances une partie et tu slayyyyyyyy. T’es trop doué. A la fin quand t’as fait un max de point, tu regardes Levi.

« Pas ma meilleure performance. Ca faisait longtemps que j’avais pas joué. »

Oh t’es tellement humble avec ton score qui s’affiche en haut du tableau de la journée. Le sourire sur tes lèvres veut tout dire aussi. Tu te la pètes tellement Andy.

« T’as encore beaucoup de trucs à voir ici ou on peut aller chez moi ? »

Ouais t’es comme ça.

« Pour te prendre. »

Tu marques une pause.

« En photo. »

Bien sûr. A poil les photos ouais. Ouais.

T'inscris l'hispanique à ta liste d'individus intéressants que tu as rencontrés à Brisbane. De plus, il fréquente Ariane, ce qui ajoute une dimension pimentée au jeune homme. Le sourire qu'il affiche lorsque tu l'invites à agacer la Parker en prononçant ton prénom est significatif. Le photographe n'est pas quelqu'un avec qui tu t'ennuierais, c'est confirmé. D'ailleurs, tu te plais à lui lancer quelques jeux de mots et lire cette confuse malice qui fait pétiller ses yeux de manière si attrayante.

« Ouais ma langue est très musclée. » Tu hausses les sourcils en guise de réponse, n'en doutant aucunement. Puis, une plateforme de jeu où les gens tapotent des pieds selon des flèches qui défilent sur un écran t'interpelle. Tu comprends pas vraiment l'intérêt, mais manifestement, ton interlocuteur extrait du plaisir à se livrer à de telles pratiques. Forcément, tu te dois de le défier et à ta grande satisfaction, le voilà qu'il se livre devant public et inscrit son nom sur le tableau des records du jour. Le triomphe sportif-geek d'Andy.

« Pas ma meilleure performance. Ça faisait longtemps que j’avais pas joué. » « Faut te dérouiller, » tu rétorques, provocateur, plongeant tes yeux dans les siens sans aucun scrupule. T'as observé son corps sous toutes ses coutures ; désormais, tu t'intéresses un peu plus à ce qui se trame au sein du mental du jeune homme. T'arrives à soutenir son regard, ça te plaît, il n'a pas l'air d'être le genre de mec qui traîne des casseroles ou se laisse marcher sur les pieds. Un fort de caractère. Tu pouffes de rire quand il te questionne sur l'éventualité que tu aies encore beaucoup de "trucs" à voir ici. « Pour te prendre. » qu'il argumente instantanément. Tu croises les bras, peu impressionné, attendant la suite, parce que tu le vois bien à la gestuelle qu'il retient sa langue si musclée. « En photo. » « En photo... » Tu répètes, sourire en coin étirant tes traits. Tu balayes les lieux du regard avant d'attirer de nouveau ton attention sur l'artiste. « J'ai encore beaucoup à apprendre, apparemment, ouais. Mais pas besoin d'être ici pour ça. » Nouveau haussement de sourcils, lueur de défi adressée au basané. Puis tu tournes les talons, direction la sortie du salon du geek.