Stop whining and do what I say

Thomas & Cian

Depuis quelques jours, nous sommes obligés de rester sur la base nuit et jours. Demain, nous partons pour une mission commando dans l’outback Australien et nos supérieurs souhaitaient que l’on soit constamment disponible la semaine avant notre départ. Ils nous ont fait le coup de nous réveiller en pleine nuit pour faire des exercices d’évacuations ou autre. Afin de pousser à bout ceux qui n’auront pas la force de rester à l’avenir. C’est une véritable phase de test. On est tous complètement mort, on ne dort pas beaucoup et l’exercice physique que l’on nous demande est de plus en plus intense. Hier, l’un d’entre nous à décider d’abandonner, il a tout simplement craqué ne se sentant pas capable de faire tout cela pour le reste de sa vie. Personnellement, je n’ai jamais été aussi motivé et sûr de moi. Cette compétition, cette demande de surpassement, c’est tout ce qui me fait vibrer dans la vie. J’ai clairement envie de donner le meilleur de moi-même. C’est dur, parfois, j’ai bien envie d’envoyer chier le Commodore, mais je me retiens. On sait tous pourquoi il fait cela, pourquoi on nous demande l’impossible. Alors, je ne dis rien et je donne le meilleur de moi-même. Je m’étais juré de ne rien refuser, de prouver que j’ai ma place ici. Enfin ça… C’était jusqu’à ce que je reçoive la convocation pour le départ. Pour ce genre de mission, nous devons absolument être en binôme et bien entendu, ce sont nos supérieurs qui constituent les groupes. Je prends cela pour une pure provocation. On m’a mis en binôme avec Beauregard. Pour ce genre de mission, nous devons absolument être en binôme et bien entendu, ce sont nos supérieurs qui constituent les groupes. En voyant le papier, il ne me faudra que quelques minutes pour décider d’aller me plaindre auprès du Commodore Williams. Je sais que cela ne fonctionne pas comme cela normalement. À l’armée, on ne conteste pas les décisions des supérieurs. Pour autant, je ne suis pas celui qui se plie bêtement aux règles. Jamais.

En chemin vers le bureau du Commodore, je sais parfaitement que je vais me faire remettre en place. Je me doute que je n’obtienne pas gain de cause, mais qui ne tente rien n’as rien après tout, non ? Je ne veux pas partir au fin fond du désert avec Thomas. Plutôt crever. On va être incapable de bosser ensemble, de s’entendre sur la moindre chose. On va clairement s’entretuer. Je peux pas juste accepter sans rien dire. Tel le chieur que je suis, je passe outre la secrétaire et entre dans le bureau de Williams en ayant à peine frappé sur le pan de bois. « Chef, j’ai besoin de vous parler. » Je n’en dirais pas plus en me rendant compte que Beauregard est déjà dans le bureau, son propre papier à la main. Je vois que je ne suis pas le seul à venir faire des réclamations. Au moins, ce sera rapide. « Je suppose qu’on est là pour la même chose ! » J’agite doucement mon papier et lorsque mon regard croise celui du Commodore, je comprends qu’il en a déjà marre de nous. Mais je ne compte pas me laisser faire. « Donc on peut changer rapidement et se préparer pour demain du coup ? »        

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Thomas & Cian

On nous avait prévenu que les missions commando n'allaient pas être de tout repos. Mais je crois qu'aucune mise en garde était assez forte pour nous montrer à quel point on devait être fort, physiquement mais surtout mentalement. Douche froide, réveil à 3h du matin pour un exercice d'évacuation, parfois ils nous tenaient éveillé pendant 24h et nous demandais de nous surpasser. Mais là où le mental s'arrête, le physique continu. Repousser nos limites est la phrase que le commodore ne cesse de nous rabâcher alors qu'on est notre 50e pompe ou notre 20e traction. Les muscles endoloris par l'effort mais aussi la fatigue, il n'est pas rare de voir les gens craquer. Ainsi, Théodore Wallis a abandonné hier. Il a prit ses affaires et je sais que nous ne le verrons plus. Parfois je me dis que je pourrais aussi choisir la facilité et faire comme lui, quitter la Navy et trouver un autre travail. Mais je pense que ma vie n'aurait plus aucun sens et que jamais mon père n'accepterais que j'abandonne au tout début de ma formation, alors que ma carrière n'a même pas encore commencé. Ainsi, je tiens bon, je repousse les limites de mon mental et de mon corps, je ne laisse rien paraître ….jusqu'à ce que je ne découvre mon binôme pour la dernière épreuve qui consiste à survivre dans l'outback. Lâcher dans la nature nous devons rejoindre un point précis sous 48h.

Tranquille, normal, motivant. Mais voilà. Williams m'a foutu avec Atwood. Il ne sait vraiment pas ce qu'il fait là, nous mettre ensemble pendant 48h ? J'ai juste envie de lui demander s'il a réellement envie de remplir toute la liasse de papier lorsqu'une de ses recrues meurt dans des conditions louches. Alors, je décide d'aller voir mon supérieur pour aller me plaindre. Je n'ai pas l'habitude de questionner ses choix, mais là je ne peux tout simplement accepter une telle chose.

Arrivé dans le bureau du commodore, je m'empresse de lui exposer le problème. Williams m'écoute pendant quelque instants avant que la porte ne s'ouvre sur ...Atwood. Nous nous scrutons longuement, avant qu'il ne se rende compte que nous sommes là pour la même chose. Je roule des yeux et me tourne vers Williams qui fini par soupirer lourdement.  «Atwood, Beauregard, taisez-vous» dit-il en se levant brusquement. Me redressant, je ferme la bouche près a surenchérir avant de déglutir  «J'en ai plus qu'assez de votre petite querelle de gamine ! » qu'il crache alors qu'il s'approche de nous  «Donc NON, je ne changerais rien. Vous allez faire cette mission ENSEMBLE ! » Il nous fixe, pointant un doigt menaçant sur nous  « Et vous allez me remercier plus tard» reprend-t-il en se reculant.  « Vous remercier ? Je vois pas p...»  «JE NE VOUS AI PAS AUTORISE A PARLER BEAUREGARD ! » hurle-t-il, me faisant faire un mouvement de recule.  « Donc maintenant vous allez partir, préparer vos affaires et rejoindre votre véhicule parce que vous partez dans 1h» reprend-t-il en se détournant.  « Et maintenant rompez !»

J'échange un coup d'oeil effaré avec Cian puis soupire discrètement et sort du bureau. J'attends le jeune militaire dans le couloir et me tourne vers lui après qu'il a fermé la porte derrière lui  «T'as pas intérêt à te comporter en connard et à faire rater cette mission, compris ? » dis-je froidement avant de me redresser  « Soit pas en retard» reprenais-je en tournant les talons, sans lui laisser le temps de répondre quoique ce soit, et prend la direction des dortoirs. Fort heureusement, nous ne partageons pas le même, ce qui me laisse au moins une bonne heure de répit sans Cian dans les parages.

J'arrive à l'heure au niveau du camion et jette mon sac à l'arrière avant de prendre place à l'intérieur au moment où l'irlandais arrive. Restant dans mon coin, je ne dis rien, ne croise pas le regard de Cian et reste simplement à fulminer contre Williams pendant tout le temps du trajet.         

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Thomas & Cian

Les missions commando. J’attendais cela depuis le tout premier teaser que nous avait donner le Commodore Williams. C’est tout ce qui me fait vibrer ce genre de challenge. Je savais parfaitement que rien n’allait être simple, qu’ils allaient chercher à nous pousser à bout tant physiquement que moralement. Leur but étant d’éliminer ceux qui n’ont pas le mental pour continuer au sein de l’armée. J’aurais pu en faire partie, vu un début de classe assez catastrophique, pourtant, je ne me suis jamais senti aussi bien et aussi vivant que depuis que nous avons commencé. Être constamment sur le qui-vive me permet de laisser de côté les pensées qui me collent à la peau depuis bien trop longtemps. Je suis tellement épuisé que je n’ai pas fait un cauchemar depuis des semaines. Ce challenge, c’est véritablement ce qui me fallait. Je crois que j’avais ce besoin de me dépasser, d’aller au plus loin de mes capacités pour me prouver quelque chose. Alors, je ne rechigne à aucune des épreuves qui nous imposent. Oui on a mal de partout, oui parfois j’ai juste envie d’envoyer tout le monde se faire foutre quand on me réveille en pleine nuit, mais je me plie aux règles enfermé dans ma bulle pour ne pas échouer. Le dernier challenge allait être le plus important, lâché en binôme dans l’outback australien avec pour mission de suivre un itinéraire empli d’embûches le tout à boucler en moins de 48 h. Sur le papier, une aventure parfaite. Enfin… Jusqu’à ce que je reçoive ma convocation et le nom de mon binôme.

C’est en furie que j’arrive dans le bureau du Commodore Williams pour découvrir que Thomas m’a doublé pour une fois. On est tout les deux venus demander à changer de binôme, si ce n’est pas la preuve d’une erreur tout cela. Je veux bien faire des efforts, mais là, c’est littéralement trop me demander. Je veux réussir mon challenge et ne pas me traîner un boulet comme Beauregard. Il semblerait que Thomas soit dans le même état d’esprit que moi ce qui ne semble pas du tout plaire à notre chef. Je crois que l’on vient de le pousser à bout. « J'en ai plus qu'assez de votre petite querelle de gamine ! Donc NON, je ne changerais rien. Vous allez faire cette mission ENSEMBLE ! » Tel deux petits soldats parfaitement formater, on ne peut s’empêcher de se redresser en position de garde-à-vous lorsque le Commodore s’approche de nous avec son air menaçant. Le message a pour mérite d’être clair. Il a fait exprès de nous mettre ensemble et désormais, c’est à nous de lui prouver que nous sommes capables de passer au-dessus de nos querelles. Plus facile à dire qu’à faire… C’est sans nous laisser le choix que le Commodore nous demande de sortir de son bureau. Je vais donc devoir survivre à 48h en pleine nature sauvage avec mon pire ennemi. Et voilà qu’il me fait déjà des menaces celui-là. « Calme toi Beauregard, j’ai pas l’intention de foirer. » Il a ses petites habitudes de premiers de la classe, mais il n’est pas le seul à vouloir réussir. Sur ce coup-là, je risque même de le surprendre.

Je passe par ma chambre pour boucler mon sac et souhaite bonne chance à Sam qui se retrouve en binôme avec Thalia, le chien de garde de Beauregard. Nous allons tous nous faire larguer à des endroits différents, mais le point d’arrivée sera le même pour tout le monde. J’arrive près du camion qui m’emmènera au point de départ et Thomas est déjà là. Malgré moi, je lui souris un peu avant de venir m’asseoir près de lui. Il ne faudra pas longtemps pour que le camion démarre et qu’un recruteur rabaisse la bâche du camion nous empêchant de voir ou nous nous rendons. Désormais, les instincts prennent le dessus. Je compte chaque distance, chaque virage, essayant de les graver dans ma mémoire. Cela pourrait s’avérer utile. C’est au bout de quelques heures que le véhicule finis par s’arrêter et qu’on nous demande de descendre. Le recruteur nous adresse un dernier regard. « Vous avez 48h pour rejoindre le point d’arriver. Ne loupez aucune des épreuves notées sur votre carte sinon vous perdrez des points. Courage soldats ! » Et le camion s’en va. Nous voilà seuls au milieu de nulle part.

La chaleur est déjà écrasante alors qu’il est encore très tôt. On va clairement souffrir et il vaudrait mieux que l’on se mette à bouger. J’attrape mon sac à dos et passe mes bras dans les bretelles avant de me tourner vers mon binôme. « Tu prends la carte ou je le fais ? » Lire les cartes c’est pas vraiment ma passion, mais bon, il va bien falloir le faire. « On économise l’eau au max, on fait le moins de pause possible et on boucle se truc en 36/40h max. Ça te va ? » Je sais que ma proposition va le motiver. On veux la même chose tout les deux, finir premier et surtout finir avec excellence. « J’ai encore du mal avec les cartes, mais je me débrouille avec le reste. » finis-je par ajouter. On va tenter d’être civilisé et de réellement agir comme un binôme. Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’ajouter : « Tu me fais un coup de travers Beauregard, je te plante et je te laisse crever sous cette chaleur. Compris ?! » Je me laisserais pas faire par se petit con.         

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Thomas & Cian

Je soupire lourdement lorsque Cian s'installer à côté de moi et ne répond pas à son sourire. Je ne croise même pas son regard et m'enfonce d'avantage dans mon siège lorsque le conducteur baisse la bâche afin que nous ne voyons pas où nous allons être déposé étant donné que chacun commencera à un endroit différent. La seule règle est celle que nous devront tous arriver au même endroit sous 48h. Lorsque le camion stop, on nous jette dehors avec comme simple consigne de ne devoir oublier aucune épreuve au risque de perdre. Et aucun de nous n'a envie de perdre. Nous voulons tous les deux la même chose:gagner. Peut-être réussiront nous à nous entendre ?

Lorsque le Camion part, Cian se tourne vers moi pour me dire que je peux m'occuper de la carte puis continue les consignes que je ne peux qu'approuver.  « ça me va» dis-je en hochant la tête, épaulant mon sac à dos avant que Cian ne me menace ce qui me fait rouler des yeux et soupirer lourdement  «Relax mate » dis-je en ajustant mon sac  «Si je vois un serpent je te promet que je vais le caresser pour mourir devant tes beaux yeux » reprenais-je avec ironie en me détournant. Je sors la carte et l'observe longuement avant de m'orienter.  «par là » dis-je simplement en me mettant en route.

C'est en silence que nous marchons, traversons quelques gués, nous orientons dans les buissons jusqu'à arriver au canyon. Là, deux options s'offrent à nous : descendre en rappel et remonter de l'autre côté ce qui est plus dur et physique et qui nous prendre au grand maximum 2h pour le tout, ou alors contourner le tout et faire un détour de bien 10 km. Bien évidemment, je ne laisse pas le choix à Cian et, déposant mon sac sur le sol, je sors l'équipement pour la descente le long de la paroi et m'attelle à la fixation. Mon binôme n'est pas long avant d'en faire de même. Je l'observe faire tandis que je vérifie mes attaches puis me prépare au bord du précipice.  « C'est bon ? » demandais-je à Cian tandis qu'il prend, lui-même place à côté de moi.

Après avoir échanger un simplement hochement de tête, je commence à marcher le long de la roche. La descente se passe parfaitement bien. Nous progressons à un bon rythme bien soutenu. L'irlandais ne semble pas du tout souffrir de la fatigue musculaire et mentale engendré par la semaine de préparation et ça fait plaisir à voir. Non pas que je sois content pour lui, c'est surtout qu'il semble être assez en forme pour pouvoir réussir à maintenir le rythme. Je lance un coup d’œil vers le bas, essaie d'évaluer ce qui nous reste à parcourir, puis reprend le rythme, gagnant facilement du terrain.

Ce n'est qu'à 4 ou 3 mètres du sol que les choses se compliquent. Ma corde se bloque dans la poulie pour une raison qui m'échappe, m'empêchant de continuer le rappel. Soupirant doucement, je trouve un appuie sur un rochet et essaie, tranquillement, de trouver une solution. Je teste la poulie, tire légèrement sur la corde mais ne force pas, sachant qu'un seul faux mouvement peut s'avérer fatal. Au final, par je ne sais quelle raison, je parviens enfin à débloquer la corde et peu continuer. Mais juste sur un mètre ou deux avant que tout ne s'accélère soudainement. Je sens, comment la corde lâche. Littéralement. J'essaie, en panique de me rattraper à une pierre mais c'est déjà trop tard et l'instant d'après je tombe lourdement sur le sol.

Je ne sais pas comment je l'ai fais, mais j'ai réussi à ne pas me cogner la tête ni à perdre connaissance. Toutefois, je me laisse encore quelque instants pour reprendre mes esprits avant de me repousser du sol. Grave erreur. En prenant appuie sur ma main gauche, une violence douleur irradie dans mon bras et je me retenir un cris de douleur qui se fini en grognements indistinct tandis que je me penche vers l'avant, pressant mon bras contre mon corps, main droite agrippant mon épaule  « Putain» soufflais-je, le visage crisper de douleur.         

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Thomas & Cian

On vient tout juste de nous larguer à notre point de départ. On se retrouve au milieu de nulle part, en plein désert. Tout de suite, la chaleur nous écrase et je comprends qu’il va falloir gérer cela en plus du reste. Les prochaines 48 heures vont être réellement intense et ce sera le moyen de prouver qu’on est capable de tout. Repousser ses limites jusqu’au bout. Je ne connais pas Thomas si bien que cela, mais je suis persuadé qu’il n’abandonnera pas en cours de route. Il faut que l’on arrive au point de départ coûte que coûte. Au moins, on est d’accord sur un point : il faut que l’on finisse cela le plus rapidement possible. On a tous les deux un esprit très compétitif et je sais que c’est ce qui va nous faire avancer tout du long. Bien entendu, je ne serais pas moi si je ne menaçais pas un peu Beauregard. Juste pour la forme. Pour mettre les bases des prochaines 48 heures, quoi. Et bien évident, la réplique est pratiquement instantanée. Comme toujours. Je lève les yeux au ciel et prends le devant, mais avant de me lancer, je me tourne vers mon binôme. « Tu sais à force de faire des remarques sur mes beaux yeux, je vais finir par croire que t’en pince pour moi Beauregard. » Un léger rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je me mets à marcher dans la direction que pointe Thomas.

On avance avec un bon rythme. La nature autour de nous est plutôt sauvage et il nous faut faire attention ou on met les pieds, ce serait idiot de se blesser simplement en mettant le pied dans un trou. Aucun de nous ne fait la conversation, on se contente d’avancer, notre objectif en tête. Il fait tellement chaud que parler nous donnerait soif bien trop rapidement. Puis je me vois clairement pas tailler une bavette avec Thomas, il ne faut pas abuser non plus. C’est assez rapidement que l’on arrive à notre première épreuve. Descendre en rappel dans un canyon et escalader l’opposer pour en sortir ou faire un très long détour à pied. Sans même se concerter, on en vient à déballer notre matériel pour une belle descente en rappel. On peut le faire. On est fatigué, mais pas au point de ne plus tenir physiquement. On doit se ménager, mais ça devrait vraiment le faire. C’est en silence qu’on installe notre matériel et qu’on se lance dans la descente.

Tout se passait bien, on avançait à un très bon rythme. Jusqu’à ce que Thomas s’arrête subitement à côté de moi. « Ça va ? » Je le vois se débattre un peu avec sa corde et je me doute que sa poulie à dû ce coincé un peu plus haut. Je continue ma descente tout en surveillant d’un œil mon binôme. J’ai beau ne pas l’apprécier, on est ici en binôme et je compte bien arriver avec le jeune homme à mes côtés. Je suis descendu seulement quelques centimètres de plus que lui lorsque je l’entends lâcher un juron. D’un coup, tout va bien trop vite, je n’ai même pas le temps de réagir que Thomas passe en vitesse grand V à mes côtés avant d’aller s’écraser dans un bruit sourd au sol. « Shit ! » Je me contorsionne pour regarder ou as atterrit sur mon binôme, mais je ne veux pas trop tirer sur ma corde et me payer la même chute que lui. « Thomas ? T’es mort ? » Je tente de plaisanter un peu, mais honnêtement, il m’a fait peur et je m’empresse d’achever ma descente. Une fois les deux pieds au sol, je retire rapidement mon baudrier et laisse nos cordes en plan pour me précipiter vers Beauregard qui s’est relever, mais en se tenant l’épaule. « Ça va mec ? T’as tapé la tête ? » On n’a pas de casques et si sa tête à violemment frapper le sol, il pourrait avoir une concussion et ce serait la fin pour nous. Je l’aide à se redresser un peu, mais quand je vois la grimace qui barre son visage, je comprends qu’il s’est vraiment fait mal. Super… ça va nous retarder tout ça, mais je peux pas le laisser comme cela. « C’est le bras ? Le coude ? L’épaule ? » On a un pauvre petit kit de survie, mais rien pour lui bander le bras entier et l’immobiliser. Je suis déjà en train de m’imaginer lui créer une attelle avec des bouts de branches, mais il n’y a rien autour de nous. La galère commence. Je me demande s’il c’est pas simplement déboîté l’épaule, mais j’ai besoin de voir pour en savoir plus. « Enlève ta main Thomas, faut que je regarde. Si tu t’es, déboîte l’épaule, faut que je la remette en place. » Cela m’est déjà arriver adolescent et c’est tout sauf une partie de plaisir, mais on n'a pas le choix, il faut que l’on continue a avancer, on a même pas fait la moitié. « Je suis désolé ça va faire mal… » dis-je tout en approchant ma main de l’épaule de Thomas.        

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Thomas & Cian

Je roule simplement des yeux lorsque Cian me dit que vu les allusions régulières sur ses yeux, je dois en pincer pour lui. Il n'est pas dégueulasse à regarder, mais jamais je ne l'avouerais et en aucun cas je lui donnerais raison. Alors, décidant de ne pas répondre à ses paroles, je l'ignore et lui emboîte le pas, amorçant un rythme soutenu.

La nature sauvage ne nous fait pas de cadeau, mais chacun de nous est concentré de manière à ne pas se blesser inutilement. Très vite, la chaleur se fait sentir et devient de plus en plus écrasante. Toutefois, nous tenons bien et réussissons toutes les épreuves naturelles avant d'arriver à celle qui est indiquée sur notre carte. Traverser un canyon ou le contourner. Bien sûr, le choix est vite fait et notre matériel de rappel est tout aussi rapidement installé. Ensemble, nous nous élançons dans notre descente et progressons facilement et rapidement. Mais pas pour longtemps. Après avoir galérer un peu avec ma corde qui s'est bloqué dans la poulie un peu plus haut, reprend ma progession vers le bas … avant que la descente ne s'accélère brusquement. Sans que je ne puisse faire quoique ce soit -si ce n'est avoir le reflex de me protéger la tête- j'attérie lourdement sur le sol.

Après quelques instants à rester là sans bouger, essayant de savoir si tout va bien, j'entends Cian me demander si je suis mort. Grognant, je me tourne sur le ventre et prend appuie sur mes mains pour me redresser. Mais une violente douleur me paralyse le bras gauche et irradie de mon épaule jusqu'à mes doigts, m'arrachant un cri de douleur qui se fini en grognement. Le visage crispé, les yeux fermés, je ne remarque que Cian m'a rejoint seulement lorsqu'il m'aide à me redresser, ne faisant qu'accentuer la douleur.

 « Je ...je sais pas» grognais-je entre mes dents serrés lorsqu'il me demande où j'ai mal. Déglutissant, je me redresse d'avantage avant de me reculer contre la paroi du Canyon, sans lâcher mon épaule. Toutefois, lorsque Cian me dit qu'il a besoin de savoir si mon articulation n'est pas déplacé et, dans le cas contraire, il devra la remettre en place, je décide de coopérer, à contre cœur. Relâchant mon épaule, je ferme les yeux et hoche simplement la tête lorsqu'il me dit que ça risque de faire mal.

Et effectivement, à peine ses doigts effleure-t-il mon articulation, que la douleur ne reprend que de plus belle.  «AH PUTAIN ! » m'exclamais-je avant de serrer à nouveau les dents et fermer les yeux.  « Fait chier» Me rendant compte que bloquer ma respiration ne risque pas d'arranger les choses, je me pince l'arrête du nez avec la main de mon bras valide et m'efforce de prendre de profonde inspirations jusqu'à ce que les battements de mon cœurs reviennent plus ou moins à la normale.

 « Alors ? C'est grave comment Docteur ?» demandais-je, avec un certain humour dans la voix  «Dit moi que c'est pas déboîté s'il te plaît ...» le suppliais-je presque d'une petite voix. Parce que là, clairement, on est dans la merde. On a, certes, un talkie walkie pour les urgences, donc nous ne sommes pas non plus totalement livré à nous même. Mais j'aimerais réellement évité de l'utiliser. Pas maintenant alors que nous venons tout juste de commencer la mission !         

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Thomas & Cian

On gérait notre descente à la perfection. Véritablement. On veut gagner du temps, mais on n’en oublie pas tout ce que l’on a pu apprendre au cours de notre formation. On fait attention ou on va et notre progression se fait dans un rythme soutenu et régulier. Jusqu’à ce que Thomas décide que l’on allait trop doucement et que je le vois finir la descente dans une chute assez effrayante. Dans son malheur, la poulie à lâcher a seulement quelques mètres du sol. Cela aurait pu être bien pire, mais vu le bruit que son corps à fait en rencontrant l’asphalte, je commence à flipper pour lui. Ne voulant pas le rejoindre dans sa chute, je prends tout de même le temps de terminer ma descente. Une fois les deux pieds sur le plancher des vaches, je me précipite vers mon binôme qui se contorsionne de douleur. Je l’aide à se relever et je remarque rapidement qu’il ne fait pas semblant. Visiblement, la douleur irradie de son épaule et j’ai peur qu’elle soit déboîtée. En y allant tout doucement, j’aide Thomas à s’asseoir, le dos prenant appui contre la paroi du Canyon. Je n’aime pas spécialement jouer au docteur, mais là, je n’ai pas vraiment le choix.

Lorsque Thomas se met à hurler alors que mes doigts effleurent à peine sa peau, je comprends que c’est bien plus grave que ce que je pensais. « Je suis désolé, mec. » Je n’aime pas voir les gens souffrir. Ses hurlements me renvoient aux cris de l’accident et je prends quelques secondes pour respirer et ne pas me laisser entraîner dans mes vieux cauchemars. Ce n’est vraiment pas le moment. Une nouvelle inspiration et le plus rapidement possible, je dégage le col du tee-shirt de Thomas pour évaluer les dégâts. Lorsque je vois l’os de sa clavicule ressortir, je ne peux retenir une grimace. « Merde… » Il va souffrir le martyr si on continue. Putain fait chier. Il me demande de lui faire un rapport sur sa blessure et je prends le temps de m’agenouiller en face de lui. « Je suis pas médecin, mais a mon avis s'est cassé Thomas. » Je secoue quelque peu la tête et fait glisser mon sac à dos au sol pour en fouiller son contenu. Je trouve une poche de glace et la fait craquer entre mes mains pour que le gel froid se répartisse de partout avant de la poser sur la clavicule du soldat. « Garde ça dessus un petit peu, je vais voir ce qu’on a pour t’immobiliser le bras. » Il ne faut pas qu’il bouge de trop, cela pourrait aggraver sa blessure. Je n’y connais rien, mais j’aimerais bien ne pas être accusé de l’avoir poussé dans le vide, si je le ramène casser en deux. Je fouille nos deux sacs et trouve quelques bouts de tissu qui pourrait faire l’affaire. Je sacrifie un tee-shirt, ce n'est pas bien grave. « Maintenant, c’est à toi de voir. Je te rafistole vite fait et on continue, mais tu vas hurler pour la montée. Soit… Tu prends le talkie et on s’arrête là. » Autant dire que je n’ai pas du tout envie de m’arrêter là. Je suis prêt à le prendre sur mon dos plutôt que de m’arrêter là. « Enfin, tu t’arrêtes là. » finis-je par dire. Après tout, je peux bien finir tout seul.        

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Thomas & Cian

Tout commençait tellement bien. On avançait à un rythme soutenu, on passait rapidement les premiers obstacles et, sans même se concerter, nous avons décidé de faire cette partie de rappel puis d'escalade. Et voilà que le matériel à tout gâcher. Ma chute n'était la faute de personne, la corde n'aurait jamais dû lâcher. Ce n'était pas la première fois que je faisais cet exercice de rappel ni la première fois que je fixais moi-même le matériel. J'ai vérifié plusieurs fois avant d'entamer la descente étant donné que je sais à quel point une seule erreur peut être dangereuse -surtout dans ces hauteurs là. Je sais donc que l'erreur ne vient pas de moi. Peut-être que le matériel était usé ? Peut-être que la corde a déjà été utilisé plusieurs fois, rappant continuellement sur la roche et que c'était la descente de trop ? Pourtant j'avais vérifié aussi l'état de la corde... ?

Enfin peu importe, rien ne changera au fait que la douleur est très intense et qu'elle ne fait qu'augmenter lorsque Cian effleure la peau de mon épaule. Tandis que je me concentre sur ma respiration, les yeux fermés, je laisse le militaire dégager un peu mon col afin qu'il puisse avoir une meilleure vision de la chose, avant de lui demander si c'est grave, priant pour que l'épaule ne soit pas déboîtée. Mais au final, je crois que ce qu'il me dit est bien pire qu'une articulation luxée: c'est cassé, qu'il m'annonce. Mais quoi ? Le bras ? L'humérus ? Le coude ? Doucement, je tourne la tête et pose mon regard sur l'épaule. Grave erreur. En apercevant la clavicule cassée en deux, je lâche un soupire discret, refermant les yeux.

Je ne les ouvre que lorsque je sens une poche de glace se poser contre mon épaule. La maintenant en place avec ma main droite, je lève mon regard sur Cian qui me propose plusieurs options : il me rafistole vite fait et on continue quitte à ce que je souffre le martyr pour la monté ou alors j'utilise le talkie walkie et j'arrête là. Réfléchissant, je lève mon regard sur la paroi en face de nous et secoue doucement la tête  «La montée ça va pas être possible » m'avouais-je vaincu.  « la seule façon d'y arriver, c'est que toi tu monte en premier et que tu me tire jusqu'en haut» expliquais-je calmement avant de reporter mon regard sur mon binôme  « Je ne doute pas de tes capacités physique et je suis persuadé que tu y arriverais mais ça va te fatiguer bien plus qu'autre chose et les risques que ça tourne mal sont bien trop élevés» concluais-je alors que je me décale un peu pour laisser le soldat improviser une écharpe qui maintiendra mon bras serrer contre mon corps.  «File moi la carte » dis-je en désignant mon sac.

Une fois le papier en main, je le déplie et m'oriente rapidement.  «ok ...ok je crois que j'ai une idée» dis-je après quelques instants de réflexion  « on est ici» dis-je en posant mon doigt sur un point de la carte  « Le Canyon s'étire éternellement vers l'est mais semble s'arrêter à, je dirais 10 km à l'ouest. Notre prochaine épreuve est juste au nord ouest, donc il y a moyen de pouvoir rejoindre ce point en prenant ce chemin ici» je laisse mon doigt glisser sur une ligne de la carte  «Bien évidemment, ce chemin n'est pas balisé donc je n'ai absolument aucune idée de comment ce sera, ni ce qu'on y trouveras  » je lève mon regard vers Cian  « Mais je pense que ce sera plus faisable que de monter ici» dis-je  «Après … ça va nous faire perdre du temps, bien évidement et j'en suis vraiment désolé, mais ... » je grimace légèrement  «Enfin, tu peux aussi très bien monter ici et on se rejoint à ce point plus tard dans la journée, comme tu veux... » ça voudrait dire se séparer, donc risquer, littéralement, sa vie. Et aussi horrible que ça me semble, j'ai bien l'impression que je vais devoir me reposer sur Cian. 

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Thomas & Cian

La blessure de Thomas n’est pas vraiment belle à voir. J’avais espéré n’y trouver qu’une épaule déboîter, bien plus simple à remettre en place et surtout à immobiliser. Finalement, il s’avère que la clavicule semble être cassée ou tout du moins bien abîmer. « C’est la clavicule, tu vas douiller. » Je fouille un peu dans nos sacs et tente de trouver quelque chose qui pourra aider Thomas. Il n’est pas mon meilleur ami, mais tout de même, je ne lui souhaite pas ce genre de chose. Une blessure alors que l’on vient tout juste de démarrer, je sais que ça va pourrir l’idée qu’il s’était faîtes du commando. On a beau se tirer dans les pattes tout les deux, c’est bien les mêmes choses qui nous animent. On a cette envie de gagner, ce feu qui nous fait avancer et surtout ce désir de bien faire. Je me sens vraiment mal pour Thomas. Je finis par trouver une poche de glace qui va tout de même un peu anesthésier la douleur même si ce n’est pas parfait. Je ne trouve aucune anti-douleur, bien entendu, on a été envoyé ici pour en chier, pas pour un parcours de santé. Je soupire et m’assois à même la terre battue en face de mon binôme. Je tente de lui faire une écharpe du mieux que je peux avec un tee-shirt et des compresses. C’est un peu le système D, mais on fera avec.

Il faut que l’on trouve une solution pour continuer. J’évoque rapidement le fait que Thomas abandonne, mais je vois bien dans son regard que ce n’est même pas une option envisageable et je le comprends. À sa place, je n’aurais qu’une seule idée en tête, continué coûte que coûte. C’est ce qui fait notre détermination après tout. Je ne peux qu’être d’accord avec lui lorsqu’il me fait comprendre que l’ascension va véritablement être compliqué avec sa nouvelle condition. « Clairement, j’ai pas envie de te balancer dans la vie et de te voir t’écraser contre la paroi. » C’est forcément ce qui va arriver si je le tire depuis le haut. J’ai beau avoir de la force dans les bras, je ne pourrais pas gérer le balancement. « Et je vais pas te prendre sur mon dos. » ajoutais-je en riant un peu. Très clairement, mon esprit de compétition est en train de hurler intérieurement, mais je ne vais pas hurler sur Thomas alors que clairement, il n’est pas responsable de sa chute et qu’il en souffre déjà assez comme cela. Je tends la carte à Beauregard et il se redresse pour regarder les options qui s’offrent à nous.

C’est avec attention que je suis le doigt de Thomas sur la carte, enregistrant ce qu’il est en train de me dire. On va clairement perdre du temps, mais c’est la seule option qui s’offre à nous. Même si on ne sait pas vraiment ce que l’on va trouver au bout du chemin, nous n’avons pas vraiment d’autres choix. Alors que j’allais accepter son plan, Thomas finis par me proposer de nous séparer et de se retrouver plus tard dans la journée. Surpris, je lève les yeux vers lui. Merde, c’est qu’il est sérieux en plus. « Okay… Je sais que je te fais la misère à la base, mais je vais pas te laisser seul avec une clavicule cassée mec. » Je ne suis pas comme cela. J’ai l’esprit de compétition certes, mais le binôme passe avant le reste. Je n’étais pas ravi de me retrouver avec Beauregard, mais maintenant que nous sommes là, on va pas commencer à se séparer. « Tu sais aussi bien que moi que Williams nous a coller ensemble pour nous pousser à bout, mais on va pas lui donner raison en abandonnant ! » Jamais de la vie. « On va lui prouver qu’on est capable de se supporter et de toute manière, je te laisse pas seul. » C’est mort ça. Je veux pas avoir sa mort sur la conscience. Non merci, j’ai déjà assez comme ça. Je me relève et commence à remettre nos affaires dans nos sacs. J’abandonne la corde de Thomas, on va laisser ça derrière nous, pas envie qu’elle nous lâche encore. Je récupère la mienne et la remets dans mon paquetage. Une fois tout remballé, je bloque en voyant les deux sacs. Merde, il va pas pouvoir porter le sien. « T’as vraiment besoin de tout ce que t’as dans ton sac à dos ? » demandais-je en me tournant vers Thomas. Il va falloir que l’on réduise un peu tout ça si je dois tout porter. « Si on pouvait en faire qu’un, ça serait plus simple pour moi à porter quand même. »          

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Thomas & Cian

Je remarque bien rapidement que Cian et moi sommes sur la même longueur d'onde : lui non plus n'a pas envie de risquer quoique ce soit en essayant de monter la paroi. Autant physiquement il serait sûrement capable de me tirer jusqu'en haut, mais ne pourra pas gérer le balancement et avec mes deux pieds mais un seul bras, ce sera impossible pour moi de contrôler la force de la gravité. Je me joins furtivement à son rire lorsqu'il dit qu'il refuse de me prendre sur son dos  « Tu ferais une très mauvaise maman Koala» dis-je avec humour avant de lui demander -ou plutôt ordonner- de me filer la carte.

Je m'oriente rapidement, l'observe attentivement puis commence à expliquer mon plan à Cian. Je fini toutefois en lui disant qu'on peut aussi très bien se séparer et qu'on se rejoindra à un autre point un peu plus tard dans la journée. Cette idée est très bien réfutée par le soldat qui refuse tout bonnement de me laisser seul avec une clavicule cassée. Je pose mon regard sur lui et l'observe quelques instants en silence avant d'hocher la tête  «Très bien, comme tu veux » mon ton est neutre, ni froid, ni chaleureux alors que je le laisse fixer mon bras, combattant comme je peux les vagues de douleur qui parcourent mon membre à chaque fois que Cian le bouge un peu, alors qu'il continue à parler, disant que je sais aussi bien que lui que Williams nous a foutu ensemble pour nous pousser à bout et qu'il ne faut surtout pas lui donner raison.

Je soupire doucement et hoche la tête  «T'as sûrement raison » dis-je, avant que Cian ne me demande si j'ai réellement besoin de tout ce qu'il y a dans mon sac. Me penchant en avant, je récupère le sac et étale le contenu sur le sol. Je réfléchis rapidement puis lui tend ce que je suppose être important : une deuxième paire de chaussettes, la nourriture, l'eau, une fourchette, moustiquaire, spray anti moustique , une couverture de survie qui ne prend vraiment pas de place et mon couteau qui j'accroche à ma ceinture. Je décide de laisser ici tout le reste : gamelle -on pourra s'en partager une- le sac de couchage -je ne suis pas frileux de base et ils annoncent du beau temps et des températures assez élevées pour ce soir- ainsi que les cordes. Je décide de garder mon harnais car on ne sait jamais ce qui nous attend.

Après que Cian ait put tout fourrer dans son sac à dos, il se redresse. Acceptant avec plaisir la main qu'il me tend, je me relève à mon tour. Une fois debout, je décide toutefois de ne pas le lâcher et referme même un peu plus ma main autour de ses doigts  «48h » dis-je en fixe Cian  «On met de côtés nos différents pendant ces prochaines 48h ok ? » j'avoue que je ne lui laisse pas forcément le choix, mais mon ton est bien plus agréable que ce dont il à l'habitude  «On a tous les deux envies de réussir et ...peut-être que Williams a eu raison de nous mettre ensemble» je souris doucement en le relâchant  «T'inquiète pas, dans 48h je t'enverrais une nouvelle dose de pepper spray dans la gueule» rayais-je en rigolant doucement, lui tapant l'épaule avec ma main droite avant de passer à côté de lui et me mettre en route.

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Thomas & Cian

Est-ce que je viens d’éclater de rire à une blague de Thomas Beauregard ? Il semblerait bien. À croire que de se retrouver seul au milieu de nulle part nous as complètement transformer en quelques heures. Je ne l’ai pas laissé crever avec son épaule en miette et on vient d’échanger des plaisanteries. C’est le soleil qui doit me taper un peu trop fort sur le crâne. À cette pensée, je sors ma casquette de la Navy de mon sac et l’enfonce sur mon crâne. On va éviter de se taper une insolation, on a déjà un handicapé dans le binôme. « Je suis pas ta mère ! » lançais-je à Beauregard, juste pour la forme. On ne va tout de même pas se lancer des roses du jour au lendemain, ça me rendrait malade. Je crois que je me suis réellement habitué à me prendre la tête avec lui et à réfléchir aux meilleures piques que je peux lui envoyer. Je veux pas changer mes habitudes quand même !

Après avoir étudié la carte, on se met d’accord sur le chemin à suivre pour la suite. On abandonner l’idée d’escalader l’autre versant du canyon et on va faire un détour. Ce n’est pas idéal, on va clairement perdre du temps, mais il faut aussi penser au fait que l’on doit tous les deux terminés cette mission. Je ne veux pas que Thomas se blesse encore plus. Je ne cherche pas à l’inquiéter plus que nécessaire, mais sa clavicule n’est vraiment pas belle et je veux pas qu’il force et risque de mettre sa carrière dans l’armée en péril. On sait tout ce qui se passe lorsqu’un soldat se blesse gravement, il doit abandonner les missions et se retrouver relayer à des missions administratives. Je ne connais pas très bien Thomas, mais je me mets à sa place quelques minutes et je sais que ça le tuera. Alors, on va faire ça de manière intelligente et surtout, on va montrer à Williams qu’on est capable de s’entendre. Ça ne va pas être simple, mais je suis persuadé qu’on peut le faire. On a nos différents, mais ça ira. Enfin, j’ose l’espérer.

Comprenant que Thomas ne va plus véritablement pouvoir porter son paquetage, je lui demande de sortir que les stricts nécessaires pour les réunir dans un seul et unique sac. On va devoir se séparer de quelques trucs, mais je pense qu’on pourra s’en sortir avec le strict minimum, on n’est pas les premiers de notre promotion pour rien après tout. Je fourre tout dans mon sac à dos doublant presque le poids de ce dernier. Ça va rendre l’avancée un peu plus difficile, mais on va prendre cela comme un nouveau challenge. Je jette le sac sur mon dos et tends la main à mon binôme pour l’aider à se remettre sur pied. Je suis surpris lorsque Thomas retient ma main et l’espace de deux secondes, je me demande ce qu’il va me faire. Finalement, c’est son discours qui me surprend. Au moins, on est sur la même longue d’onde, c’est déjà ça de gagner, après tout. « 48 heures, Beauregard. Et on verra ce que ça donne à la fin. » Si on survit à 48h ensemble, je pense qu’on pourra envisager de calmer nos différends. Bien entendu, Thomas ne serait pas Thomas s’il ne me faisait pas une petite menace à la fin. Pour la forme. « T’es pas en position de négocier avec ton épaule en miette. » dis-je en riant un peu. Je remarque que sa main est toujours dans la mienne. « Tu veux que je te tienne la main tout le long. T’as peur ? » C’est plus fort que moi, il fallait que je le charrie là-dessus.

On reprend notre chemin, et même si Thomas est blessé, on continue à avancer dans un bon rythme comme durant notre départ. La chaleur se fait de plus en plus écrasante, mais il n’y a pas un arbre à l’horizon et aucune zone d’ombre. Pourtant, il faut que l’on continue et pour ne pas penser à la chaleur, je me décide à lancer la discussion. « T’as toujours voulu entrer dans l’armée ? » Autant tenter de faire réellement connaissance avec Beauregard, après tout.           

Lorsque Cian rigole, je suis, l'espace de deux secondes, un peu perturbé. Je l'avais déjà vu sourire plus ou moins sincèrement, je l'entend râler tous les jours et j'ai même eu l'occasion de ne voir réellement énervé à péter un plomb contre moi et contre quelqu'un d'autre, mais jamais, ô non jamais je ne l'ai entendu rigoler de la sorte. Ce n'est pas un rire duquel on ne s'en remet que difficilement et qui s'éternise pendant de longues minutes, mais ça reste un rire clair et sincère, comme s'il trouvait ma comparaison avec un koala réellement marrante. Souriant, je secoue simplement la tête, ne parvenant pas à me joindre à son rire, sans doute parce qu'il a jugé bon d'évoquer ma mère. Enfin, je ne vais pas lui en vouloir étant donné qu'il ne connaît rien de ma vie, mais c'est ce qui m'empêche de rigoler avec lui.

Après que nous nous soyons mit d'accord sur le fait de ne pas tenter la monter et qu'on ferait mieux de marcher pour rejoindre un chemin non balisé, nous décidons de mettre notre packtage dans un seul et même sac à dos, nous obligeons à abandonner le surplus. Une fois son sac épaulé, Cian me tend une main que j'accepte avec plaisir. Toutefois, une fois debout, je refuse de le lâcher et lui annonce que je décide de mettre nos différents de côté afin que nous puissions travailler correctement ensemble pendant 48h. Car, aussi horrible qu'est cette sensation, je sais que je vais devoir me reposer sur Cian et nous allons être obligé de réellement travailler en tant que binôme si nous voulons avancer. Le jeune soldat accepte, se demandant tout de même si nous seront toujours en vie. Je laisse alors échapper un léger rire avant de le menacer. Mes paroles sont toutefois très rapidement réfuté par Cian qui me fait comprendre que je ne suis pas en mesure de négocier, étant donné mon épaule en miette. Je soupire doucement en grimaçant avant de lui lâcher rapidement la main  « Vas-y, arrête de jouer au con et avance» dis-je en passant à côté de lui.

Cian a tôt fait de m'emboîter le pas et c'est sur un rythme assez soutenu que nous avançons. Les secousses de mes pas sur le sol réveillent instantanément les douleurs que je décide d'ignorer alors que mon binôme me pose une question. Sans doute la première approche un peu plus personnelle en presque 1 ans de compétition.  « ouais» avouais-je  « Mon père est dans l'armée de l'air, deux de mes frères ont commencé leur classe dans l'armée de terre et ma petite sœur veut devenir médecin dans l'armée. Elle n'a que 11 ans et sait déjà ce qu'elle veut » dit-je en secouant doucement la tête  « Mon grand père faisait parti de la cavalerie Française, son père avant lui était dans l'infanterie … bref,je crois que si on remonte l'arbre généalogique des Beauregard on en trouve au moins un ou deux par génération à avoir rejoint l'armée de leur pays » expliquais-je  «Je n'ai jamais été forcé d'entré dans la Navy par contre » précisais-je  « J'aurais très bien pu faire un autre métier du style comptable et graphic designer si je l'avais voulu, mais la marine a toujours été mon choix professionnel» je retire ma casquette et m'essuie la sueur qui perle sur mon front avant de remettre le couvre chef en place  « Et toi ? » lui retournais-je naturellement la question.

Nous continuons encore longtemps comme ça, a réellement discuter et se découvrir un certain nombre de points communs qu'aucun de nous aurait imaginer avoir avec l'autre, avant que je ne remarque que nous avons tous les deux ralenti le rythme. Sans doute que Cian se cale sur le mien car j'avoue avoir de plus en plus de mal à avancer aussi rapidement qu'avant. Des vagues de douleurs pulsent dans mon épaule, se répondant dans ma nuque, mon dos et ma poitrine, obstruant ma respiration qui se fait de plus en plus laborieuse. Je fini par m'immobiliser tout à coup et, penché en avant, m'appuyant sur mes genoux avec ma main droite, j'essaie de prendre de grandes et profonde inspirations malgré la douleur qui augmente à chaque fois que l'air gonfle mes poumons. Déglutissant, je fini par me redresser et lance un coup d’œil vers le ciel, le soleil haut dans le ciel me fait comprendre qu'il doit être midi ou au moins le début d'après midi. Soupirant, je reporte mon attention sur Cian  «Tu me files la carte s'il te plait ? Faut que je vérifie un truc » mais en vrai ce n'est qu'une excuse pour pouvoir me reposer un peu.

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Thomas & Cian

Pour la toute première fois depuis que l’on se connaît, j’accepte de faire une trêve avec Thomas. On va devoir finir cette mission et qu’on le veuille ou non, on est dans la même merde. Pour une fois, notre esprit de compétition va devoir s’allier avec celui d’un autre. L’exercice est loin d’être facile, mais avec un peu de bonne volonté, je suis persuadé que l’on peut y arriver. Juste durant 48 heures. On verra comment cela va évoluer par la suite, mais pour le moment, on doit s’entendre pour avancer ensemble. Pourtant, je sais parfaitement que l’on va être incapable de se retenir en ce qui concerne les piques que l’on s’envoie constamment. Je crois qu’on ne sait pas ce parler autrement de toute manière, on a toujours besoin de placer une petite réplique sanglante. Après tout, on ne, c’est adresser la parole que de cette manière depuis que l’on se connaît, pourquoi changer aussi rapidement ?

On se remet en route après cette petite mésaventure. On a perdu du temps et la blessure de Thomas va rallonger notre temps de marche, il ne faut pas que l’on perde plus de temps. Je me tape un sac à dos bien plus lourd, et même s’il tente de ne rien montrer Thomas va forcément être ralenti par sa blessure. J’imagine déjà le Commodore me lancer un regard noir lorsque je vais lui ramener mon binôme légèrement abîmé. Je vais me faire accuser, j’en suis certain, mais pour une fois, je suis véritablement responsable de rien.

Ne voulant pas réellement marcher dans un silence complet pendant deux jours, je me tente à lancer une question. Je ne sais pas vraiment si les efforts évoqués par Thomas comprenaient l’option "apprendre à se connaître", mais qui ne tente rien n’as rien. Je commence assez soft, en lui demandant s’il avait toujours envisagé d’entrer dans l’armée. Je ne m’attendais pas à une telle réponse. Enfin… Je comprends un peu mieux pourquoi il est aussi sérieux avec tout cela. Tradition familiale et tout cela. En plus de cela, il semble avoir une grande famille. L’espace d’un instant, j’imagine plusieurs Thomas Beauregard et j’en ai un frisson. Non il ne vaut mieux pas imaginer ce genre de chose, ça se transforme en cauchemar ce genre d’histoire. Comme à son habitude, Thomas ne peut s’empêcher de faire tout un laïus alors que je lui posais une simple question. Je comprends donc que la famille entière semble formatée à l’armée, mais qu’il avait tout de même eu le choix. « Vous collectionnez les médailles chez toi ou quoi ? » Je ris un peu. J’imagine bien un mur empli de récompenses de l’armée et des déjeuners de famille avec tous les hommes en uniforme. Clairement pas ma tasse de thé. Bien entendu, Thomas me retourne la question et soudainement, je ne sais plus vraiment comment répondre à cela. « Long story short, j’ai fait ça pour partir de chez moi. » L’armée n’est en aucun cas une vocation. Il y a encore de cela un an, je séchais constamment les cours et j’avais raté mes examens de fin d’année. Rien de bien glorieux en soit. « C’était pas une vocation, clairement pas mon premier choix, mais… Disons que j’ai croisé le chemin de l’armée et je crois que c’était pas une si mauvaise idée que cela. » Je hausse les épaules et regarde Thomas. « Je suis né en Irlande et depuis que je suis tout petit, j’étais passionné par l’Océan. C’est pour ça que j’ai choisi la Navy, parce que je me sens probablement mieux sur l’eau que sur la terre ferme. »

Finalement, ma question a eu le don d’ouvrir la conversation. C’est donc en discutant de tout et de rien que l’on continue notre chemin sous un soleil écrasant. Si notre rythme était plutôt bon au départ, je remarque que Thomas ne cesse de ralentir depuis quelques minutes. Il ne dit rien, mais son souffle est de plus en plus erratique. Il finit par me demander la carte et on fait une pause près d’un rocher assez haut pour nous offrir un peu d’ombre. « T’es sûr que tout va bien ? » Il faudrait pas qu’il tourne de l’œil non plus, c’est clairement pas le moment. « Si t’as besoin d’une pause dit le. » Je jette un coup d’œil à ma montre. « On a bien avancé on peu prendre cinq minutes. De toute façon, on devrait boire un peu. » Je pose mon sac sur le sol et me penche afin de sortir une des bouteilles d’eau. Il faut que l’on fasse attention à ne pas trop en consommer d’un coup, mais il ne faut pas que l’on se déshydrate non plus. Je bois une longue gorgée et tends la gourde au brun. « On est pratiquement sorti du canyon non ? » J’aimerais réellement que l’on se dirige vers notre prochaine étape. On ne sait pas ce qui nous attend et avec la blessure de Thomas, il est clair que tout va nous prendre un peu plus de temps. Je regarde un peu à l’horizon, mais tout semble s’étendre à l’infini. On ne va jamais s’en sortir de ce truc. Je me tourne à nouveau vers mon binôme, mais manque de faire une syncope lorsque j’aperçois une araignée énorme pendre à son fil depuis le haut du rocher. Mon pire cauchemar. « Thomas… » S’il reste ou il est, la bête va finir par venir se taper un petit squat sur son épaule. « Bouge mec, y a un MONSTRE qui t’arrive dessus ! »            

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Thomas & Cian

Notre duo ne serait pas un duo si on mettait absolument tout de côté pendant 48h. On peut très bien ne pas se cracher dessus et rester courtois, ça ne veut pas dire qu'on soit obligé d'oublier les menaces ! Bien évidemment, celles-ci sont fausses et dites sur le ton de l'ironie -il est clair et net que plus jamais je ne viderais une bouteille de pepper spray dans sa gueule- mais les menaces fonctionnent un peu quand même. Après s'être envoyé deux ou trois piques à la figure, nous nous remettons en route sur un rythme soutenu, bien décidé de rattraper le temps perdu.

En marche, nous décidons de parler un peu. Non pas pour s'engueuler, mais bel et bien pour apprendre à se connaître. Ainsi, j'explique à Cian que servir son pays dans l'armée est quelque chose de normal chez les Beauregard, que chaque génération compte au moins un ou deux -voire trois- militaires, mais que ce n'est pas une obligation. Mon père ne m'a jamais forcé à intégrer l'armée, encore moins la marine, mais j'ai envie de dire que j'ai ça dans le sang et que c'était tout naturellement que j'ai décidé de faire mes classes.  « J'avoue que mon père en a pas mal des médailles » haussais-je les épaules  « Mais bon, il a l'âge et l'expérience qui va avec quoi » reprenais-je avant de retourner la questions à mon binôme.

Sa réponse ne m'étonne pas : l'armée n'était pas son premier choix et encore moins une vocation, elle a simplement croisé son chemin et il s'est dit que c'était une bonne idée. J'hoche doucement la tête, compréhensif : Il n'est pas le premier et encore moins le dernier. Sa dernière déclaration, elle, m'arrache un sourire. Je ne me reconnais que trop bien dans ses paroles, ayant moi-même grandit à Sydney, passionné de surf comme tout Australien qui se respect, la navigation a très rapidement été mon passe temps favoris.  « Je comprend» dis-je, hochant la tête, montrant ainsi que Cian et moi venons de se découvrir notre premier point commun -mis à part celui d'avoir envie d'être premier- avant que je ne pose mon regard sur lui  «L'irlande, tu dis ? » reprenais-je, rhétorique  « J'y ai jamais mis les pieds ...parle moi un peu de ce pays » l'encourageais-je, bien décidé d'essayer d'en apprendre encore plus sur lui.

Ainsi, notre marche est rythmé par des discussions diverses et variées, jusqu'à ce que celles-ci ne s'estompent au fur et mesure que la fatigue se fait sentir. Si ça ne concernait que mes jambes, ça irait sans problème, je peux marcher des kilomètres et des kilomètres sans me fatiguer, mais c'est la respiration qui met à mal mes capacités. Chaque inspiration augmente mes douleurs dans l'épaule. De ce fait, ma respiration devient plate et de plus en plus laborieuse, si bien que je suis obligé de m'immobiliser. Penché en avant, je tente d'étendre à nouveau ma capacité pulmonaire avant de me redresser et demander à Cian de me passer la carte.

Mais au lieu de le faire, il me demande si je vais bien et qu'il me suffit de demander si je veux prendre une pause.  «N...non, ça ira. Je ... » commençais-je mais Cian a déjà posé son sac sur le sol pour en sortir deux bouteilles d'eau. Soupirant doucement, j'attrape la bouteille qu'il me tend et l'ouvre tant bien que mal avant de prendre une petite gorgé en m'appuyant contre la paroi du canyon. Je secoue doucement la tête, montrant bien à mon binôme que je suis incapable de répondre à sa question -j'ai moi-même l'impression que ce canyon s'étend à l'infini devant nous- avant que son ton paniqué ne m'interpelle. Tournant un regard interrogateur vers le jeune soldat, je l'écoute me parler, stressé au plus haut moins que 'si je reste ici, un MONSTRE m'arrivera dessus'. Avec une certaine panique -et parce que je sais qu'en Australie un 'monstre' peut être mortel- je me décale de quelque pas et lève mon regard.

Et lorsque mes yeux se pose sur l'énorme araignée, je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire  « Cian, cian, Cian ...» dis-je doucement en secouant la tête  « quand tu dis 'monstre' moi je pense à cobra, serpent à sonnette, Mygale, veuve noire ou scorpion» expliquais-je, calmement et m'approchant du rocher  «et pas à une inoffensive Huntsman ! » je tend la main vers l'animal qui ne bouge pas  « Elles sont super gentilles et protègent ta maison des rongeurs, autre insectes venimeux et ta belle mère arachno-phobe» reprenais-je alors que j'observe l'araignée qui, sentant ma main s'approcher un peu trop, se laisse tomber sur le rochet et déguerpie rapidement dans un trou de la paroi.

Je me tourne à nouveau vers Cian, prend une dernière gorgé de mon eau et lui redonne la bouteille  «Tu t'y connais en animaux/insectes dangereux en Australie ? Ou tu veux un petit cours de soutient » demandais-je, moqueur. Il n'y a vraiment qu'un étranger qui puisse être aussi flippé par ces bestioles  «En gros, une araignée ou un scorpion, plus c'est gros, moins c'est dangereux » dis-je en me remettant en route.

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Thomas & Cian

Jamais je n’aurais pu imaginer avoir une conversation civilisée avec Thomas. Depuis que l’on se connaît, on a passé plus de temps à s’envoyer des piques et des insultes qu’autre chose. On se détestait par principe et il semblerait que cela commence doucement à changer. Enfin… N’allons pas trop vite non plus. Pour le moment, il m’explique que toute sa famille est plus ou moins lié à l’armée et je comprends un peu mieux pourquoi il prend tout cela autant au sérieux. Honneur de la famille et tout le tralala. Autant dire que cela démontre encore une fois à quel point nous sommes différents. Il dit avoir eu le choix, mais sa famille entière a dû lui parler de l’armée depuis qu’il est tout petit. Ce n’était clairement pas le cas chez moi. Je suis entré dans la Navy par pur hasard et je ne sais pas vraiment si j’ai un avenir là-dedans. Pour le moment ça me plaît vraiment. On verra bien ce que l’avenir me réserve. Thomas finis par m’interroger sur l’Irlande et comme toujours je ne peux m’empêcher de me demander s’il va se moquer de moi. J’ai un accent très prononcé, je passe mon temps à parler gaélique juste pour les énerver tous autant qu’ils sont. Je m’attends à la moquerie. Pourtant, il à l’air sérieux. « Sans vouloir te vexer, c’est le meilleur pays du monde. » Je ris un peu et repense un instant à l’Irlande. « Galway me manque tellement, même la pluie me manque. » Je ne sais même pas pourquoi je lui raconte tout cela, mais quand on me lance sur l’Irlande j’ai du mal à m’arrêter parfois. « C’est vraiment différent, c’est tout… Je suis pas vraiment fan de l’Australie. » Je hausse les épaules sans véritablement vouloir en dire plus. Notre conversation aura eu le mérite de faire paraître la marche un peu moins longue. Pourtant, je vois bien que Thomas a de plus en plus de mal à suivre le rythme. Il ne se plaint pas, mais son allure à bien ralentit et j’entends sa respiration qui deviens plus difficile et bruyante. Il doit avoir mal à l’épaule, mais je sais qu’il ne me dira rien et pour ne pas blesser son égo, je préfère ne rien lui dire. Alors, même s’il prétend que tout va bien, je lui fais croire que moi aussi, j’ai besoin d’une pause. De toute manière, un peu d’eau ne nous fera pas de mal. J’ai l’impression que l’on marche sans fin depuis tout à l’heure et j’espère vraiment que l’on va sortir de ce canyon assez rapidement. Je n’ai pas envie de perdre plus de temps et il faudrait quand même qu’on soit en forme pour la prochaine épreuve. J’allais questionner Thomas, mais je ne peux tout simplement plus réfléchir lorsque je prends conscience du monstre d’araignée qui est en train de se diriger tranquillement vers l’épaule de mon binôme. Je tente de rester calme, mais c’est véritablement tout ce que je déteste. Je préviens Thomas qui sursaute quelque peu avant de se mettre à rire. Il a quoi l’abruti ? Inoffensive ? Mais il est sérieux lui ? Elle est énorme, toute noire et velue. Beurk. « Bitch please, c’est pas inoffensif ça ! » Et voilà qu’il me fait une petite leçon sur les araignées du coin. Comme si j’allais en approcher une de près. Il ne veut pas que j’en fasse mon animal de compagnie aussi pendant qu’il y est ? « Je veux pas d’araignée près de moi, c’est tout. » Je n’ai pas peur de grand-chose, mais les araignées, c’est vraiment ma phobie. Je ne saurais pas l’expliquer, mais c’est plus fort que moi, je déteste ces animaux. Et voilà que Beauregard me demande si j’ai besoin d’un petit cours sur les monstres qu’abrite l’Australie. « Pays de dingue là avec vos bêtes bizarres. » Il n’y a que dans ce pays que l’on peut trouver des scorpions dans son jardin ou des serpents aussi grand qu’un gamin de trois ans. « J’ai besoin de leçon ça ira ! » En fait, je ne devrais probablement pas dire cela. Je n’y connais absolument rien et ce serait bien de savoir les reconnaître, mais bon… On fera cela peut être une prochaine fois. « Aller, on y retourne avant de se faire bouffer par Aragog. » Je range les bouteilles d’eau et remets le sac sur mon dos près à partir bien loin de la maison de cette affreuse araignée.

Il nous faudra encore une bonne demie heure pour sortir de ce foutu canyon et encore une autre demie heure pour atteindre le point de notre prochaine épreuve. Autant dire que mon visage a quelque peu changer de couleur lorsque j’ai vu ce qui nous attendait. Un beau parcours du combattant. Impossible de contourner l’épreuve, le chemin est minuscule, piéger entre des rochers. Autrement dit on n’a pas le choix. Je peux le faire facilement, mais pour Thomas ça va vraiment être autre chose. « On as pas le choix mec, je suis désolé. » Il va vraiment souffrir et ça m’embête pour lui. Je ne sais même pas pourquoi. « Tu… Tu veux faire ça comment ? » Déjà au loin, je remarque que l’on va devoir escalader à quelques endroits, il va falloir que l’on trouve une technique pour l’aider. Il ne faut pas qu’il aggrave sa blessure non plus. « On se lance et je t’aide en cours de route ? » Cela va probablement nous prendre du temps, mais on va bien finir par y arriver. « Enfin, tu te sens de le faire ? »