Mars 2023 | La jeune Américaine n’aurait pas cru que reprendre ses études seraient si prenant. Faut dire que deux ans après, se replonger dans un rythme pareil, ça l’avait achevée les premières semaines... Entre les aller-retours, les révisions, les devoirs, les cours, elle avait parfois l’impression de vivre à cent à l’heure. Au moins, elle n’avait pas le temps de songer à ses conneries et à leurs possibles conséquences ! Et si elle s’accorde un temps de pause ce soir, c’est pour partager un moment avec sa sœur qu’elle a l’impression de voir en coup de vent ces dernières semaines. Pourtant si elle est avec elle physiquement, l’avocate reste le nez plongée dans ses papiers, pas que ça dérange Meryl, elle sait que la californienne est sur une affaire importante dont elle n’a pas les tenants ni même les aboutissants, mais la blondinette ne peut s’empêcher de faire en sorte qu’elle puisse s’ôter d’une charge mentale dès lors qu’elle passe les portes de la villa. Elle sait aussi que Gabrielle n’aime pas vraiment ça, qu’elle joue à celle qui veille, mais la jeune femme ne peut s’empêcher de veiller, d’autant plus que Channing n’est plus vraiment dans l’équation. Alors ces petits moments partagés, Meryl les chérie et en profite autant qu’elle peut, un sachet de skittles pas loin, et un seau de pop corn sur la table basse. L’ombre vient de son téléphone quand elle aperçoit de prénom de son frère s’afficher et ses sourcils se froncent dès lors qu’elle comprend que sa sœur a reçu le même message. Alex revenu d’entre les morts après avoir fait voler en éclat les maigres espoirs qu’elle avait pu fonder après qu’il soit intervenu pour lui sauver la mise. Au dessus du message d’Alex, deux messages restés sans réponse et une putain d’amertume qui venait de remonter à la surface, à croire qu’elle était condamnée au même cycle sans fin.

Le moment des retrouvailles approchent et si elle a tenté d’écarter le sujet en s’occupant l’esprit autant que faire se peut, la blonde a ruminé une bonne partie de la journée au point qu’elle le sait, elle a été une piètre compagnie pour son entourage. « Ca va aller ? » Et maintenant qu’elles sont devant la porte et qu’elle entend la voix de son frère de l’autre côté de la porte, Meryl ne peut s’empêcher de regretter ce geste et de lever les yeux au ciel en soufflant. « C’est une idée de merde... » Si ça ne tenait qu’à elle, la blonde ferait demi-tour et se préserverait de ce qu’elle pressent être un carnage annoncé. La porte s’ouvre sur leur frère, le visage irradiant d’un sourire qui ne manque pas de faire monter la tension chez l’étudiante, à croire que la rancœur n’avait pas été digérée, loin de là. « Salut, vous êtes pile à l’heure ! » « Bonsoir Alex » A ça elle répond d’un simple signe de main en guise de salut, et un regard qui trahit le fait qu’elle voudrait finalement être ailleurs. Et l’état de l’appartement ne lui donne pas plus envie de rester tant elle a l’impression que leur venue n’était pas prévue, voir souhaitée. « Hm... une bière... ou une vodka ? » Elle jette un œil à Gabrielle, puis Alex pour voir s’ils réagiront ou non. La blonde fait fi de l’arme, ne pouvant s’empêcher de se demander s’il s’agit bien là de celle avec laquelle il avait menacé son agresseur. Elle feint l’indifférence quand ça réveille une angoisse et tout un tas de questionnement. « Vous allez bien ?» La benjamine ne peut s'empêcher de sourire un poil amère qu'elle est. « Bien et toi, pas trop fatigué par le voyage ? » L'ironie qu'elle ne peut s'empêcher de mettre dans ses mots la laisse pantoise tant elle se mettrait des baffes en temps normal. « C’est plutôt à nous de te demander ça, tu ne penses pas ? » Ne pas être agressive, ne pas passer pour une gamine hystérique. Elle laisse donc Gabrielle mener la barque dans un premier temps, ravalant sa fierté et son amertume. « On peut savoir où tu étais passé ? » Mais oui Alex, où tu étais passé au juste ?! « Y avait pas de réseau dans ton patelin ?! » Ok c’était peut-être un poil agressif, plus qu’elle ne l’aurait voulu en tout cas. Elle se tait, consciente que son attitude n’est en rien chaleureuse quand elle aurait voulu être simplement contente de le revoir et le remercier sans être imbibée par l’alcool qu’on l’avait poussée à consommer lors de leur dernière rencontre.

Mars 2023 | Si Meryl devait illustrer son état d’esprit, elle utiliserait sans la moindre hésitation les petits personnages qu’elle avait pu voir dans le film d’animation Vice-Versa... Et celui qui prédominait actuellement n’avait rien à voir avec la couleur jaune, bien au contraire. Aux manettes, c’est Colère qui préside et si elle arrive un minimum à le contenir à l’aide de sarcasme et d’ironie, la blonde sait que sa tête risque de s’enflammer incessamment sous peu. Elle provoque, c’est certain, elle aurait pu laisser couler, bouder dans son coin et se contenter de jouer les petites filles calmes et ravie de retrouver son frère aîné... Mais soyons honnête, les chances pour que ça arrive étaient infinitésimales et déjà elle sent son sang bouillir dans ses veines. “Je suis en vie … enfin je crois. Le décalage horaire m'a épuisé ! Je ne savais pas que je devais vous rendre des comptes sur mes déplacements, si j’avais su !” Inspire, expire... c’est ça souffle et détend-toi ! La blonde le dévisage avec toute l’amertume du monde quand elle prend les mots pour des attaques. « Ce n’est pas une question de comptes à nous rendre, plus d’éviter à tes sœurs de s’inquiéter inutilement » « A moi non c’est certain, mais à Gabrielle tu aurais pu au moins... » Parce que toi et moi on sait que ça n’existe pas ! Elle prend sur elle pour ne pas se montrer trop agressive tant l’amertume lui brûle la gorge, elle n’a d’ailleurs même pas touché à son verre, pas certaine d’en avoir envie. Au final c’était plus pour la provocation qu’autre chose qu’elle avait opté pour un alcool fort. Du coin de l’oeil, elle suit ses gestes et ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel en secouant la tête lorsqu’il a le malheur d’évoquer ses remboursements de frais après sa folle escapade européenne. Elle ne relève pas non plus l’évocation de Finn, curieuse certes, mais finalement bien extérieure à tout ça. “ça coûte très cher les communications à l’étranger !” « C’est vrai que répondre à UN message t’aurait clairement mis sur la paille... A croire qu’on a l’habitude de s’appeler tous les jours en passant des heures à se raconter nos journées ! » Puisqu’il use d’ironie, elle peut bien le faire elle-aussi. Par là, elle laisse sous-entendre à Gabrielle qu’elle a tenté de communiquer avec lui, ses messages étant resté lettres mortes ruinant le semblant d’espoir qu’elle avait pu mettre dans leur relation après son agression.

“Je sais, je suis parti sans rien dire, je n’ai pas donné de nouvelles, vous vous êtes inquiété, bla bla bla, ne vous en faite pas pour moi, je vais bien et je n’ai jamais été aussi bien de ma vie ! J’avais besoin de vacances tout simplement, j’ai donc sauté sur l’occasion d’avoir un vol intéressant pour rejoindre l’Europe.” Besoin de vacances après leur discussion ?! La temporalité de la chose était follement ironique elle-aussi quand on se penchait un peu sur la question. « Tu aurais dû nous prévenir, ne serait-ce que par principe, et tu sais très bien pourquoi. On ne te demande pas de nous énumérer ton itinéraire précis et de nous tenir informer toutes les heures de tes moindres faits et gestes. Juste de nous garantir que tu vas bien et que tu reviendras » Elle a l’étrange sensation de se voir dans les paroles de son aînée et ça la peine. Instinctivement, elle vient chercher le regard de sa sœur à défaut de pouvoir avoir un contact physique avec elle.

“Qu’est-ce que j’ai loupé ?” « Rien d’important de mon côté » Meryl fronce les sourcils, hésite sur quoi répondre, se terrer dans le mutisme à son tour est une idée, mais elle a une folle envie de jouer. « Hm... Et bien figure-toi que je vais me marier parce que je suis tombée enceinte d’un type rencontré dans un bar ! Un gars très bien il a environ deux fois mon âge. » Elle balance les mots tout en portant son verre à ses lèvres, une grimace sur le visage dès que le liquide entre en contact si bien qu’elle le repose dans la foulée. C’est définitif, elle déteste la vodka. « Je déconne, pas besoin de me regarder comme si j’étais la bête noire ! » Elle doute du fait qu’il puisse vraiment s’intéresser à ce qu’elle devient, pour être franche l’Américaine ignore s’il se souvient de ce vers quoi elle souhaitait s’engager professionnellement parlant. « J’ai repris mes études... » Ca c’est plus par fierté qu’elle le dit, comme pour lui prouver qu’elle n’est pas qu’une ratée, même si elle ne cherche en rien son approbation pourtant.

Mars 2023 | Il lui en faut du sang froid pour ne pas lui rentrer dedans à la blonde. Elle aimerait savoir se taire, encaisser, ne rien dire pour éviter que la soirée ne tourne au drame familial. Mais le brun n'y met pas du sien à ses yeux. Son attitude est un appel à tester sa patience déjà plus que limitée tout le monde le sait. De la patience elle en a lorsqu'il s'agit de ses études, ses patients quand elle est en stage... Pour lui la tâche est difficile et elle aimerait ne pas avoir accepté cette mascarade. Si elle se contient de lui claquer ses quatre vérités, c'est pour ne pas mettre Gabrielle dans une situation plus inconfortable encore. Elle sent bien la brune nerveuse et elle s'en veut d'agir comme une enfant trop capricieuse. « Je suis bien présent face à vous, entier et je ne suis même pas passé par la case prison  ! Un miracle ! «  "Tu dis ça comme si... C'était un lieu de villégiature... Tu connais ?" Elle tique Meryl, l'évocation de la prison, les bribes de souvenirs de ce soir dans la ruelle, la violence, la crainte dans le regard du type qui l'avait agressée... Ce prénom qui l'avait fait tiquer d'autant plus et dont elle peinait à se souvenir. Elle a l'impression que certaines informations lui échappe et ce n'est pas les échanges de regards  et de paroles qu'ils s'échangent qui viennent la contredire. Ca l'agace plus encore sans qu'elle ne mette de mots dessus. Encaisse Meryl...prend sur toi.

Chassez le naturel, il revient au galop avec une vitesse déconcertante, si bien qu'elle ne peut s'empêcher de sortir une connerie cent fois plus grosse qu'elle... Et vu la réaction d'Alex, elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel dans un soupire exaspéré. Une preuve de plus qu'il ne la connaît pas, une preuve de plus qu'il ne s'intéresse pas à elle malgré seslmots bourrés d'hypocrisie lorsqu'il lui demande la nature de ses études. Parce qu'elle lui a déjà dit ça, lorsqu'elle était venu le voir la toute première fois. "Je termine ma dernière année d'infirmière... Et puis je me spécialiserai. " “C’est jamais trop tard pour changer de vie, je suis content pour toi.” Une fois encore elle lève les yeux au ciel. "Te sens pas forcé de faire comme si ça t'intéresse..." Je sais que si je suis là c'est uniquement parce que je vis chez Gabrielle et que tu te sens obligé de me montrer de l'intérêt...ou au moins de faire semblant. Elle aimerait qu'il soit sincère, mais sa non réponse de l'autre jour elle ne l'a pas oubliée, elle sait qu'il la déteste, alors à quoi bon faire semblant encore et encore. Elle sourit en sentant la main de Gabrielle sur son épaule, vient y déposer la sienne. « Je suis fière de toi, Meryl » Et pour le coup, elle y croit et ne met nullement en doute la sincérité de son aînée. Elle note les sous entendu, les reproches à peine dissimulés sans pour autant en saisir tout le sens et ça contribue à l'impression qu'elle se fait que quelque chose lui échappe... Alors plutôt que d'en rajouter une couche, elle ronge son frein la blonde, s'empêcher de terminer le verre devant elle.

« Vous voulez que je vous fasse visiter ?  Le repas est bientôt prêt, ça nous fera passer le temps.” « C’est toi l’hôte, ce soir. On te suit. Tu as cet appartement depuis longtemps ? » L'échange est lunaire pour la blonde alors qu'elle dévisage ses ainés, pas certaine de pouvoir garder son calme et de prendre sur elle plus longtemps.  "Vous êtes sérieux ?! Donc on fait comme si de rien ?! On va jouer les hypocrites toute la soirée et se regarder dans le blanc des yeux ?! Vraiment ?! " Elle lâche un rire amer avant de tremper ses lèvres dans sa vodka avant de grimacer, définitivement elle n'aime pas ça ! Elle bouillonne l'américaine, et si elle fumait, c'est le momçent qu'elle choisirait pour s'éclipser. Histoire d'aller griller une cigarette pour faire redescendre le feu qui lui brûle les veines. "Désolée mais je vais pas réussir à faire comme si t'avais pas dit que tu me détestais. " Quoi il ne l'a pas dit ?! Justement il est bien là le problème.

Mars 2023 | “Tout va bien c’est l’essentiel non ?”  « C’est l’essentiel » L’américaine sent que derrière ses paroles aux allures anodines, les non dits sont plus que présents. Il n’y a qu’à voir les regards entre ses deux aînés pour comprendre que tout ça n’est qu’une façade et qu’on la tient à l’écart d’une chose qu’elle ne saisit pas. Elle se retient de soupirer et de lever les yeux au ciel, mais l’envie est plus que présente. Au lieu de ça, elle préfère montrer qu’elle n’est pas qu’une imbécile paumée qu’on récupère derrière un bar. Elle vaut mieux que ça, ça fait des années qu’elle essaie de s’en convaincre, alors oui elle aimerait qu’il l’entende, peut-être même qu’il lui dise qu’il est fier d’elle, mais même là, ses mots sonnent faux à son oreille, comme prononcés mécaniquement histoire d’assurer le service minimum. “Je ne me force pas, je suis réellement content pour toi.” C’est sûrement une idée qu’elle se fait, peut-être qu’il le pense réellement après tout. Elle se contente d’un hochement d’épaules en détournant la tête, à défaut de vouloir en découdre dans une argumentation qui n’aurait pas de fin. Elle préfère se taire, au moins un temps, regarder ses aînés ‘discuter’ le regard plein de sous entendus là-encore ce qui ne manque pas de faire bouillir son sang. La blonde soupire, agacée face à la scène qui se joue et devant cette hypocrisie ridicule.

« Tu as réellement dis ça, Alex ? » Elle le dévisage, amère qu’elle est en souvenir de cette nuit où elle avait bêtement cru que quelque chose de positif aurait pu ressortir de ce carnage. “C’est toi qui le dis et le pense, je n’ai jamais rien dit de tel ” A ça, elle répond par un rire forcé, blessée qu’elle est dans son for intérieur. « JUSTEMENT, t’as rien dit ! Je t’ai posé la question... Et t’as rien dit ! » Et c’est peut-être ça qui la heurte le plus, le silence qu’il a imposé à cette question est plus blessant que tous les mots qu’il aurait pu prononcer à son égard. “Pourquoi penser que je te déteste ?” La posture de l’américaine se ferme face à son frère, le regard qu’elle lui lance trahissant ce qu’elle peut ressentir. Ose dire le contraire surtout ! C’est ce qu’elle se retient de dire, non contente d’avoir lancé les hostilités, elle craint le débordement émotionnel si elle ouvre trop les vannes. Ses émotions à fleur de peau déjà bien trop présentes. “Tu penses que je la déteste ?(…) Autant avoir l’avis de tout le monde non, on devrait appeler Finn pour lui demander son avis là-dessus aussi !” Sa réaction ne fait que la braquer un peu plus, déjà à fleur de peau. Pourquoi réagir de manière aussi virulente s’il n’a rien à se reprocher ?! « Arrêtes un peu, tu veux, Alex ? » Son regard se porte sur Gabrielle, Meryl n’attendait pas spécialement une prise de position de la part de sa sœur, Pour autant, elle ne crache pas sur son intervention. « Tu ne peux pas lui en vouloir de penser ça. Tu ne t’ai jamais intéressé à elle, tout comme tu ne t’ai jamais intéressé plus à moi lorsque toi et Finn êtes partis de Vegas.  Arrêtes un peu de prétendre que ce n’est pas le cas, ose au moins pour une fois reconnaitre que tu n’as pas agi comme le grand frère que tu aurais du être pour nous. Que ce soit envers Meryl, envers Finn ou envers moi » Et ça l’américaine ne s’y attendait pas vraiment, elle avait sûrement idéalisé leur relation de ses yeux d’enfant. Faut dire que du haut de ses cinq petites années, ils avaient l’air proches et les souvenirs qu’elle garde de cette époque sont bien trop flous pour qu’elle puisse les détailler avec certitude - à l’exception de la mort de leur père étrangement. « Tu as peut-être raison, peut-être qu’on devrait appeler Finn pour lui demander ce qu’il en pense lui aussi. Mais plus sur ton rôle d’ainé que sur le fait que tu détestes ou non Meryl. J’ai tout autant envie que toi qu’on redevienne cette fratrie qu’on a pu être enfant, en incluant Meryl comme elle mérite de l’être. Mais, arrêtons de nous leurrer un peu, Alex… Ca n’arrivera jamais » Les reproches sont amers et Meryl ne peut nier le fait que sentir Gabrielle aussi remontée contre Alex la conforte dans son ressenti. Elle ne devrait pas rebondir, non, le mieux serait encore de faire profil bas et laisser se tasser le feu qu’elle a elle-même allumé. « Y a visiblement pas que moi que tu as déçu... » Celle-là n’était pas indispensable, mais les mots avaient fusé plus vite que ses pensées. « Je suis la pièce rapportée n'est-ce pas Alex ? Tu m'as jamais vue comme ta sœur, j'en avais pas conscience jusqu'ici mais je le vois maintenant... »  Là encore les mots sortent sans qu’elle ne prenne le temps de les peser. « Au début, j'ai cru que tu étais trop occupé, que peut-être il t'arrivait de penser à moi... Que je te manquais, même un petit peu, mais la vérité c'est que t'en as jamais rien eu à faire de moi... » Son sourire n’est qu’une façade pour cacher sa peine qu’elle tente de dissimuler sous une colère refoulée depuis des années. « T’as jamais été là pour moi... » C’est presque vrai...

Mars 2023 | Tout aurait été plus simple pour l’américaine si elle avait eu la chance de faire le deuil de cette relation fraternelle fantasmée. Meryl avait toujours souffert de cette indifférence et du silence de ses aînés. Elle avait jalousé la relation entre Gabrielle, Alex et Finn, s’imaginant des liens qui de toute évidence n’étaient rien. Elle lui en veut Meryl, de rester loin d’elle, de ne pas l’aimer, de ne pas savoir combler ce vide qu’elle ressent à chaque fois qu’elle tente une approche. Elle lui en veut d’être distant, de ne pas lui avoir juste dit qu’elle avait tort. Ses réactions sont puériles elle le sait, elle n’y peut rien, c’est plus fort qu’elle, parce qu’au fond c’est l’enfant blessée et abandonnée qui parle. L’adolescente qu’on a laissée pour compte qui ne demande qu’à être acceptée quand elle n’a jamais eu de place, vraiment ni auprès d’eux, ni auprès de leur tante. Elle n’avait pas fini en foyer, elle ne devrait pas se plaindre, elle le sait, mais là encore la maturité lui fait défaut. “On devrait écrire des bouquins sur notre famille, je serai le méchant, Gaby tu serais la fille droite dans ses bottes, Alec lui … oh pardon je voulais dire Finn, il serait quoi lui ? Le suiveur ? Et toi Meryl tu serais la victime de la famille. Combo parfait, succès assuré !” « Arrêtes, Alex ! » Mais il ne s’arrête pas non, trop lancée pour se taire, la jeune femme encaisse, non sans claquer la langue, piquée à vif par les allégations de son frère. Elle bouillonne, d’un trop plein d’émotion alors qu’elle lui lance des regards assassins. « Va te faire foutre Alex... » Qu’elle lance sans même écouter les justifications qu’il peut bien donner. Elle aurait voulu un frère présent plutôt que de l’argent, elle aurait voulu une famille.

“Si j’en avais tellement rien à faire de toi j'aurais laissé ce type faire de toi ce qu’il voulait dans cette ruelle, mais non, rappel moi, je t’ai sauvé !” Le coup qu’elle se prend, Meryl ne l’avait pas vu venir, ça la laisse un instant sans voix, le souvenir de cette soirée se rappelle à elle, la sensation des mains qui courent, l’impuissance face à l’agression et maintenant, la trahison d’un frère qui venait de rompre sa promesse. « Attendez, une seconde. De quoi il parle ? »  Elle dévisage Alex, blessée, alors qu’elle n’ose même pas croiser le regard de Gabrielle. « T’avais promis... » Sa voix se serre à mesure que les mots passent ses lèvres. « Qu’est-ce qu’il s’est passé Meryl ? » Là encore, elle détourne le regard, ravale ses émotions, même si elle déborde à outrance et qu’elle voudrait pouvoir hurler pour tout expulser. Elle n’arrive pas à le dire Meryl, pas là qu’elle est si exposée. Il l’a mise à nue en balançant ce secret et Meryl lui en veut. “Il va falloir revoir ta définition de “je n’ai jamais été là pour toi, car c’est faux !” Le silence pour seule défense, elle n’a qu’une envie : fuir d’ici, courir aussi loin qu’elle le peut. “Mais vu qu’on joue la partie ou je suis le méchant et que vous êtes toutes les deux contre moi, je vais faire comme si j’étais d’accord avec vous (…) Gabrielle a raison, ça n’arrivera jamais. Nous ne serons jamais cette famille et tu as peut-être raison Meryl, je ne t’ai jamais considéré comme ma soeur, à vrai dire tu ne devrais même pas être parmi nous vu l’enfoiré qu’était notre père, ou devrais-je dire TON père, puisque je ne le considère pas comme tel.” Les mots sont rudes à entendre et l’acide qui lui couvre la gorge lui refile une nausée monstrueuse. Elle peut sentir la pointe dans sa poitrine, son coeur se serrer dans sa cage thoracique. « Au moins c’est clair maintenant... » Et ça lui fait un mal de chien de l’entendre, de le comprendre et surtout de le réaliser. Ses doigts viennent effacer les traînées humides qu’elle n’a pas pu refouler. « Notre père était une ordure, c’est un fait, mais tu n’as pas le droit de lui reporter la faute sur elle. Elle n’y ait pour rien et elle aussi à tout autant subi que nous l’indigne père qu’il a pu être. Tu es injuste ! » En retrait, elle écoute à peine les mots de Gabrielle, son instinct de protection lui hurle de partir d’ici, de cesser de se battre puisqu’il ne veut pas d’elle dans sa vie. « J’ai jamais demandé à naître... Je voulais juste... faire partie de votre famille. » Elle s’exclue volontairement de leur famille, elle a bien compris le message et ce ne sont pas les mots de Gabrielle qui compenseront la peine qu’il vient d’inscrire en elle au fer rouge, validant tous ses ressentis accumulés depuis près de vingt ans. « On ferait mieux de partir » Elle n’irait pas la contredire, elle a trop mal pour ça. « J’ai compris le message ne t’inquiète pas... T’auras plus à faire semblant... Elle est déjà levée Meryl, elle ne lance même pas un regard à cet homme qui l’a ouvertement rejetée, avec ou sans Gabrielle, elle ne comptait pas rester dans un lieu où elle n’était clairement pas la bienvenue. L’instant qui suit, elle a déjà passé la porte, le poids sur son estomac refusant de la quitter. Elle n’attend pas spécialement Gabrielle, en cet instant elle n’a envie que d’une chose : plonger dans les bassesses et oublier l’humiliation qu’elle vient de subir. L’américaine a juste envie d’être seule pour encaisser.