(DÉCEMBRE 2023 - EVENT NOEL SOLIDAIRE) | Le rythme de Tess était reparti sur les chapeaux de roue depuis la fin de la tempête. Incapable de rester en place à attendre, elle contribuait tant bien que mal à l’effort de guerre, même si par moment elle sentait qu’elle tirait un peu sur la corde. Elle se garde bien de le clamer haut et fort pourtant, que parfois le soir, elle s’écroule dans son canapé et qu’elle est juste trop épuisée pour rejoindre son lit. Elle sait trop bien que ses proches lui diront de lever le pied et Tessa n’a pas envie, ni besoin de l’entendre, elle le sait.

Les cartons stockés dans le hall de son entrée, la vétérinaire se charge d’y ranger les dons qu’elle a pu recevoir ici et là de par la clinique et les voisins. Dans le quartier, tout le monde sait que Tessa est en lien direct avec le refuge animalier et c’est tout naturellement que les gens s’étaient tournées vers elle pour donner ceux dont ils pouvaient se séparer. De son côté, elle a regroupé ce dont elle n’avait plus besoin, que ça soit des griffoirs, des jouets, des couvertures, coussins trop étroits pour Hemingway, elle compte bien se délester de tout ça comme elle aurait déjà dû le faire il y a un moment. Ce n’est qu’une fois le coffre chargé et Hemingway à l’arrière du véhicule qu’elle se rend jusqu’au refuge. Le jour n’est pas choisi par hasard, rendez vous avait été pris avec le nouveau patron de Lincoln afin qu’il puisse ramener lui aussi quelques affaires. Abraham, elle l’avait rencontré lors de la tempête, Lincoln ayant insisté pour la rapatrier loin de Brisbane le temps que tout se tasse. Et il avait fallu qu’il débarque devant chez elle pour la mettre au pied du mur pour qu’elle se résigne à quitter sa maison, son voilier sans savoir ce qu’elle retrouverait une fois Olga passée. Il avait eu raison bien sûr, elle avait été bien plus sereine en sa compagnie que derrière les murs de sa maison face à la mer.

Lorsqu’elle arrive, habituée des lieux, elle ne peut s’empêcher de faire un tour du propriétaire pour prendre un peu la température. Les sourires sont là et même si le travail reste important, les émois des premiers jours sont passés pour laisser place à l’entraide et la reconstruction progressive. « Tess, je crois qu’il y a un homme qui a demandé à te voir. » La jeune femme acquiesce avant d’embarquer Hemingway à sa suite. « C’est sûrement le patron de mon frère, il a dit qu’il passerait aujourd’hui pour déposer deux ou trois trucs. D’ailleurs j’ai des cartons plein le coffre, si l’un de vous à quelques minutes pour m’aider tout à l’heure, ça ne serait pas de refus. » Elle se chargerait de ça après avoir rencontré Abraham, chaque chose en son temps. Quand elle l’aperçoit, la vétérinaire affiche un sourire sur ses lippes. « Bonjour, j’espère que vous n’avez pas trop eu de mal à arriver jusqu’ici. C’est encore un peu le chaos par endroit. » Les routes sont dégagées pour la plupart, mais il reste des endroits peu praticables. « C’est en tout cas vraiment sympa de votre part de vous être déplacé jusqu’ici. » Parce qu’elle aurait très bien pu faire la route de son côté ou s’arranger avec Lincoln en cas de besoin.

Abraham Taylor & @Tessa Mulligan

And after the storm I run and run as the rains come, and I look up, I look up on my knees and out of luck, night has always pushed up day, you must know life to see decay but I won't rot, ot this mind and not this heart, I won't rot. ☆☆

gifs @maurawrites & @keetika

R.S.P.C.A. SHELTER – EVENT NOËL SOLIDAIRE

Le gris du ciel et la valse accélérée des nuages continuaient de menacer les habitants du Queensland et de leur faire jeter vers le ciel des coups d'œil inquiets, mais les bulletins météo quant à eux se voulaient rassurants ; Olga était passée, le plus dur était derrière eux désormais. Et si à Brisbane on faisait encore le compte des dégâts et des pertes diverses, du côté de Kilcoy le coup de vent n’avait fait voler que quelques tuiles et arraché quelques arbustes déjà fragilisés par le passage du temps. Plus de peur que de mal, donc, quand bien même le poulailler d’Abraham avait subi quelques dégâts minimes, qu’il s’était empressé de rafistoler à peine Milena retournée à son imposante demeure de Bayside, laquelle avait miraculeusement survécu au passage de la tempête malgré sa position plus que compromise – un soulagement (pour elle) saupoudrée sans doute d’un brin de déception (pour lui). Chacun retournait depuis à ses moutons, en somme, au sens le plus strict du terme pour Abraham, qui s’était empressé d’aller récupérer ses deux bêtes mises à l’abri dans le ranch familial, où les dégâts ne se comptaient aussi qu’en broutilles qu’un peu d’huile de coude et de ménage suffiraient à effacer. Amos n’avait rien d’autre à déplorer que la perte de son voilier, Chad et son camion de pompier ne s’étaient pas envolés malgré la manie de son cadet à vouloir toujours jouer les héros, quant à Samuel … Samuel était égal à lui-même et tout semblait toujours lui glisser, y compris les ouragans.

Mais tout le monde n’avait pas eu autant de chances, et si Abraham était plutôt du genre à se tenir loin des bulletins d’information, déjà suffisamment occupé à gérer ses propres problèmes sans avoir en plus à s’encombrer l’esprit avec ceux du monde entier, il ne vivait pas non plus sous un rocher. Les informations lui arrivaient de diverses manières, et à divers rythmes, à l’image de cette mention faite par Lincoln alors qu’ils prenaient une pause café de la montagne de travail sous laquelle croulait le refuge pour lequel travaillait sa sœur depuis le passage d’Olga. Du temps, Abe n’en avait pas beaucoup à donner, mais du matériel, du surplus qui méritait mieux que de s’entasser au ranch Taylor, il y en avait toute l’année … Et voilà comment, quarante-huit heures plus tard, son père l’aidait à charger l’arrière de son pick-up, et il profitait d’un aller-retour en ville pour vaquer à ses obligations et faire un crochet par le R.S.P.C.A. de Redcliffe. « Bonjour, je peux vous renseigner ? » Arrivée à sa hauteur, ce qu’il supposait être l’une des bénévoles de l’association lui avait offert un sourire engageant, et lui rendant le même ne retour Abe avait répondu « Je cherche Tessa ? Je viens de la part de son frère. » avec une incertitude feinte – il était au bon endroit, il n’avait pas besoin qu’on le lui confirme, et espérait simplement que la sœur de Lincoln serait bien présente comme le lui avait assuré le jeune homme la veille. « Vous avez de la chance, elle vient d’arriver. Attendez ici je vous l’envoie. »

Un bref instant, Abe avait presque regretté de n’avoir emmené avec lui aucun de ses trois chiens, mais déjà suffisamment sollicités au jour le jour par leur vie au grand air ils n’avaient probablement pas besoin d’être surstimulés par les aboiements en pagaille qui s’élevaient de l’autre côté du bâtiment. Il n’avait de toute façon pas eu le temps de s'appesantir plus longtemps sur la question, car déjà la vétérinaire arrivait à sa rencontre. « Bonjour, j’espère que vous n’avez pas trop eu de mal à arriver jusqu’ici. C’est encore un peu le chaos par endroit. » Tendant une main polie en guise de salutation, Abe avait secoué la tête « Non ça va, ce bolide en a vu d’autres. » Habitué à rouler dans la boue, sur la rocaille et sur ce que personne n’oserait parfois qualifier de “route”, ce n’était pas celles un peu cabossées de la grande ville qui en viendraient à bout. « C’est en tout cas vraiment sympa de votre part de vous être déplacé jusqu’ici. » Certain qu’ils ne tarderaient pas à en venir au fait, à savoir décharger le contenu du pick-up, le garagiste avait répondu tout en abaissant le hayon à l’arrière du véhicule « Aucun problème, j’avais des choses à faire en ville, ça m’a permis de faire d’une pierre deux coups. » A ses pieds, un chien s’était empressé de venir renifler le bout de ses chaussures et avait arraché à Abraham un sourire attendri « C’est le vôtre ? Je peux ? » Le couvrir de caresses – c’était là le sens de sa question, et déjà le bonhomme posait un genou à terre pour se mettre à hauteur de l’animal et flatter son encolure avec habitude. « Pardon, je ne sais plus me tenir dès qu’un chien est dans les parages. » s’était-il finalement excusé en réalisant qu’il n’était pas venu pour copiner avec les boules de poils d’autrui. « Comme vous voyez, y’a un peu de tout. Lincoln n’a pas su me dire précisément de quoi vous aviez besoin, alors je me suis dit que vous prendriez ce qui vous intéresse et que je repartirais avec le reste. Y’a du fourrage, des couvertures, un gros sac de croquettes que mes chiens ont subitement décidé qu’ils n’aimaient plus comme les grosses divas qu’ils sont … Ah, et un lot d’antibiotiques, aussi. On a perdu le cheval pour lequel ils étaient destinés, et ils sont presque en fin de validité alors je me suis dit que vous sauriez sûrement mieux quoi en faire. » Tu parles beaucoup, Abe, lui avait comme souvent signalé la petite voix dans un coin de son crâne.