Les mains d’Aisling serpentent sur sa peau, longent sa colonne vertébrale et viennent se nouer dans ses cheveux. Il a l’impression qu’elle essaie de le retenir prisonnier tout contre elle. Trop content d’obéir à cette demande silencieuse, il laisse son regard errer à la rencontre de celui de la jeune femme. Il plonge dans ses grands yeux gris, hypnotisé par les volutes de désir et de plaisir qui se mélangent à la confiance et à la tendresse qui y tournoient. Elle vient à sa rencontre, ses hanches souples adoptant le même rythme lascif que les siennes. Le plaisir qui allait déjà grandissant explose violemment dans son bas-ventre, brûlant et délicieux tout à la fois. Les yeux fermés, la tête légèrement penchée, Sid se concentre sur les sensations enivrantes que la valse de leurs bassins fait naître dans son corps. Réfugié derrière ses paupières, il a l’impression qu’Aisling est partout à la fois : ses mains qui glissent et explorent son épiderme, ses doigts qui se contractent sporadiquement sur sa nuque ou ses épaules, son front qui vient s’appuyer contre le sien, ses lèvres qui caressent tendrement sa mâchoire, ses soupirs de plaisir qui lui font tourner la tête de désir. Mais rien de tout ça ne réussit à le satisfaire tout à fait. Il voudrait la sentir encore plus près de lui, sa peau nue tout contre la sienne, jusqu’à ce qu’ils se fondent l’un dans l’autre et ne fassent plus qu’un. Et pourtant, malgré la barrière de leurs vêtements et l’innocence relative de leurs explorations, il sent bien que c’est sans doute l’acte le plus intime qu’il a connu de sa vie. C’est dans leurs visages, si proches l’un de l’autre, dans leurs souffles qui s’entremêlent à chaque exhalation saccadée, dans cette volupté qu’ils partagent pour la première fois. « Oh mon… t’arrêtes surtout pas… » Le cerveau embrumé et le corps alangui, il ne saisit qu’à moitié ce qu’elle lui demande, mais en cet instant, il lui donnerait tout ce qu’elle désire sans hésiter une seconde. Il lui reste juste assez de présence d’esprit pour comprendre que leurs désirs s’alignent aussi bien que leurs hanches qui ne cessent d’onduler à l’unisson. Il est près, si près, de l’extase, il ne lui suffirait que de quelques mouvements de plus, mais il se retient de toutes ses forces de sombrer dans l’abîme de plaisir qui ne demande qu’à l’avaler, conscient qu’Aisling ne l’a pas tout à fait atteint non plus. Leurs lèvres se trouvent, maladroites mais sensuelles. Séduit par la caresse de sa langue, il gémit dans le baiser. J’tiendrai plus très longtemps… veut-il lui souffler à l’oreille comme une promesse. Brusquement, tout s’arrête. Ses hanches ne rencontrent plus que du vide et la délicieuse friction qui lui faisait tourner la tête a disparu. Hébété, il lui faut quelques secondes pour comprendre qu’Aisling s’est abruptement écartée de lui. Le souffle court, penché au-dessus du vide plutôt qu’au-dessus de la jeune femme, il jette un coup d’œil dans sa direction. Le sourire qui orne ses lèvres le rassure suffisamment pour qu’il se laisse tomber sur le ventre contre le matelas, la tête enfouie dans les coussins. Il écoute d’une oreille distraite la conversation à sens unique entre Aisling et Halloween en essayant de reprendre le contrôle de son corps. Il y arrive assez bien malgré le désir frustré qui a remplacé le plaisir dans ses veines. Quand elle revient s’étendre à côté de lui, le tissu ample de son pyjama réussit à camoufler le plus gros de la situation et, en l’invitant à se blottir contre son flanc, il n’a pas trop à se contorsionner pour éviter de plaquer ce qu’il reste de son érection contre sa hanche. Car ce qui lui paraissait hautement sexy deux minutes plus tôt l’est soudain beaucoup moins maintenant qu’un chat princièrement installé au pied du lit les observe de ses grands yeux verdâtres et semble les juger silencieusement comme seul un félin sait le faire. « Désolée pour ça. » Sid ne peut s’empêcher de la trouver adorable avec ses joues rouges et son air embarrassé. « Ça nous apprendra à l’ignorer toute la soirée… et surtout à ne pas fermer la porte de la chambre, » rétorque-t-il avec un petit ricanement. C’était une erreur de débutant… une erreur qu’il n’a certainement pas l’intention de reproduire à l’avenir.

Mais la blague ne fait même pas sourire Aisling, et le tatoueur reprend son sérieux en comprenant qu’elle est préoccupée par autre chose. « Je… » Soucieux tout à coup, Sid fronce légèrement les sourcils. Du pouce, il caresse sa hanche, comme pour lui demander silencieusement de lui révéler ce qui la tracasse. « J’sais pas trop c’que je fais… j’ai jamais ressenti ça avant tu sais ? » Elle baisse la tête avant qu’il n’ait pu sonder son regard. Le doigt léger qu’elle fait courir sur sa poitrine ne le rassure pas du tout. Il la connaît assez pour savoir que c’est généralement quand elle essaie de camoufler ses inquiétudes qu’elle se laisse absorber par de petits détails de son environnement comme celui-là. C’est vraiment juste que tout ça, c’est nouveau pour toi ? Ou alors… c’est qu’on est allés trop loin et qu’tu regrettes ? Ses inquiétudes doivent s’afficher plus clairement qu’il ne l’avait prévu sur son visage car, lorsqu’elle relève la tête, elle croise à peine son regard avant de s’exclamer : « Je regrette rien, hein ! C’était tellement… wow. » Rasséréné par le sourire brillant de sincérité qui semble illuminer ses grands yeux de l’intérieur, Sid se détend et reprend les caresses délicates de son pouce sur sa hanche pour l’encourager à continuer. Car si elle ne regrette pas ce qui s’est passé entre eux, il y a clairement quelque chose qui la tracasse. « C’est juste que… euh… bah j’y arrive pas trop… à m’laisser aller. Et j’sais pas pourquoi. » Oh. Le mystère s’éclaire d’un coup, et il comprend mieux la source de l’embarras et du malaise qui s’affichait sur ses traits. « Mais toi, t’étais parfait. » Plutôt que de l’apaiser, le compliment lui arrache un froncement de sourcils qui échappe heureusement à Aisling, qui a à nouveau baissé les yeux. Il se doute qu’elle cherchait sûrement juste à le rassurer, mais la nuance cachée derrière ses mots n’échappe pas au tatoueur. Toi, t’étais parfait, mais moi j’étais pas à la hauteur. Et il refuse de lui laisser croire une chose pareille. Tandis que les lèvres d’Aisling effleurent son cou tatoué, il réfléchit à la meilleure façon d’aborder le sujet sans avoir l’air de vouloir la rassurer avec des paroles creuses. « Et d’ailleurs… c’était comment, de ton côté ? » Ses doigts qui suivent la délimitation de son pantalon de pyjama réussissent presque à le distraire en lui rappelant son désir pas tout à fait assouvi, mais il le repousse, conscient qu’il est plus important pour l’instant de dissiper les inquiétudes de la jeune femme que d’y succomber. Une moue songeuse aux lèvres, il fait mine de réfléchir à sa réponse comme si elle n’était pas totalement évidente. « Hmm… Voyons voir, c’était… » Se penchant vers Aisling, il lui vole un baiser chaste. « Sexy. » Il pose un deuxième baiser sur ses lèvres. « Très, très, très agréable. » Un sourire satisfait se dessine sur son visage avant qu’il n’embrasse la jeune femme une fois de plus. « Et parfait, » conclut-il en revenant poser sa tête sur l’oreiller. « Toi aussi, t’étais parfaite. » Aisling détourne les yeux, mais pas avant qu’il n’ait pu voir la lueur de doute qui s’y est allumée. Mais il s’y attendait et il ne se laisse pas déconcentrer. « Y’a rien qui cloche chez toi Leen. Y’a que dans les films que tout s’passe tout le temps exactement comme prévu. Dans la vraie vie, les chats débarquent au pire moment… » Il lance un coup d’œil amusé en direction d’Halloween qui s’est finalement désintéressée d’eux et s’est roulée en boule à leurs pieds. « Et parfois le corps veut un truc, mais la tête veut autre chose, et c’est pas grave. » Il glisse ses doigts entre ceux d’Aisling et laisse reposer leurs mains entrelacées sur sa poitrine. « On a tout notre temps, okay ? Et j’regrette rien de c’qu’on a fait non plus. C’était parfaitement imparfait. » Dans le silence confortable qui s’installe entre eux, Sid se demande si Aisling réfléchit à ce qu’il vient de lui dire ou non, s’il a réussi à la réconforter ou s’il l’a rendue plus perplexe qu’autre chose. Au fil de ses pensées, une idée se forme dans son esprit. Pendant un instant, il se demande s’il devrait en parler à Aisling ou non. C’est une question tout de même assez indiscrète après tout, même s’il se doute fortement de la réponse, et il ne sait pas trop comment elle réagirait s’il la lui posait. Après un instant de réflexion, il décide d’oser. Au pire, elle te prendra pour un pervers, songe-t-il avec une pointe d’amusement. « J’me demandais… J’sais que t’as jamais vraiment rien fait avec un partenaire, mais… t’as déjà essayé… toute seule ? » Après un court moment de flottement, la confusion qui danse dans le regard d’Aisling se mue en surprise. Elle ne l’observerait pas différemment s’il venait de lui demander si elle a déjà chevauché une girafe et il doit se retenir d’éclater de rire devant son air presque scandalisé. « Me regarde pas comme ça voyons ! C’est un très bon moyen d’évacuer le stress et puis c’est juste vachement agréable. C’est pas pour rien que c’est l’activité préférée de la plupart des mecs, » se justifie-t-il en haussant l’épaule sur laquelle Aisling n’est pas appuyée. « T’es pas obligée non plus, évidemment. C’est juste que j’me dis qu’ça pourrait peut-être t’aider. De connaître un peu mieux ton corps et c’qui te plaît. » Confronté au malaise évident et aux joues brûlantes de gêne d’Aisling, il n’est plus aussi certain de son coup. Regrettant à moitié d’avoir abordé la question, il s’éclaircit légèrement la gorge et tente de conclure le sujet. « Et puis c’est pas comme si j’étais contre l’idée de continuer à explorer tout ça avec toi. Au contraire… » précise-t-il en lui adressant un sourire à la fois tendre et coquin.

There's no good way to say goodbye. We got everything to lose,
nothing to hide, got to give and take and give and take. It's best
to save all you crave for the stage. We get so tired and lonely, we
need a human touch, Don't want to give ourselves away too much.

Pando

I wanna taste love and pain, wanna feel pride and shame. I don't wanna
take my time, don't wanna waste one line. I wanna live better days,
never look back and say it could have been me.

Pando

Le commentaire léger de Sid a raison du désarroi d’Aisling. Un certain soulagement l’envahit quand il la sent se détendre contre lui. « Alors ça tu vois j’m’en doutais pas. du. tout. » Un ange passe tandis qu’ils se regardent droit dans les yeux. Ceux d’Aisling flambent d’une affection qui lui donne des papillons dans l’estomac. Un petit rire, mélange de joie et de tendresse, enfle dans sa gorge. Il se mord la lèvre pour l’empêcher de s’échapper, sans pour autant réussir à camoufler entièrement l’amusement qui s’est peint sur ses traits. Le sourire patient d’Aisling disparaît en même temps que sa main se pose sur le visage de Sid pour l’effleurer délicatement. Le tatoueur voudrait s’en emparer, embrasser affectueusement sa paume. Mais elle réfléchit, et il ne veut pas troubler le cours de ses pensées, alors il se retient de le faire. « Toi tu sais ce qui me plait. Tu m’fais ressentir de ces trucs… j’savais même pas qu’c’était possible. » Elle évite son regard, mais ça n’empêche pas Sid de scruter son visage, ému par la candeur de sa confession qui le flatte et le rassure tout à la fois. Normalement, il est plutôt confiant de pouvoir satisfaire ses partenaires au lit, mais avec Aisling, la situation est différente. Car il a douloureusement conscience que tout est nouveau pour elle, que tout ce qu’ils font ensemble, elle l’expérimente pour la première fois. Il tient absolument à ce que ces explorations sensuelles soient aussi agréables pour elle pour que pour lui et elle vient de lui confirmer que c’était le cas ce soir de la façon la plus naturelle qui soit. Distrait par ses lèvres qui se posent sur les siennes, il lui rend son baiser. Déjà, elle s’esquive et s’échappe pour revenir se blottir contre lui. Il enroule un bras autour de ses épaules pour la serrer contre son flanc. « Toute seule… ça m’ferait trop bizarre j’crois. J’pense pas que j’en aurais envie… Genre… j’vois pas trop l’intérêt ? J’sais pas. » Il pourrait lui parler des avantages, lui dire que ça permet d’explorer ses envies et ses désirs, d’apprendre à mieux se connaître, de se laisser aller en sachant qu’on a le contrôle sur tout ce qui se passe et qu’on n’a personne d’autre à satisfaire que soi-même. Mais il ne le fait pas. Parce que ce n’est pas à lui de lui dire quoi faire avec son corps, peu importe s’il pense sincèrement que ça pourrait lui être bénéfique ou pas, et parce que le malaise que sa question avait provoqué s’est finalement évaporé. Il n’a aucunement envie de le ranimer en ramenant le sujet sur le tapis. Il se plonge donc dans la tendresse tranquille du moment, savoure la chaleur du corps d’Aisling contre le sien et le poids réconfortant de sa tête appuyée sur son épaule, convaincu que la discussion est close. Cependant, la jeune femme semble d’un autre avis. Au bout d’un court moment de silence, elle reprend la parole : « Mais euh… Sid ? » Pour toute réponse, il laisse échapper un hmm ? curieux. « Tu le fais, toi ? » Il hausse un sourcil vaguement interrogateur. Mais oui. J’pensais que c’était assez évident après mon petit discours enthousiaste… Ce n’est que lorsqu’elle lui pose sa prochaine question qu’il comprend vraiment ce qu’elle cherche à savoir. « J’veux dire… tu l’as déjà fait… en pensant à moi ? » Une vague d’incertitude déferle sur lui. Il ne sait pas quoi dire. Ce n’est pas qu’il ignore la réponse. Au contraire, sa question a fait apparaître devant ses yeux le fantôme des images sulfureuses auxquelles il a succombé lors de soirées un peu trop solitaires. Non, son dilemme est tout autre. Devrait-il dire la vérité ou mentir ? Les sourcils légèrement froncés, il soupèse ses options. Depuis le début de leur relation, il a tendance à censurer ses fantasmes et ses désirs, à n’en laisser paraître qu’une parcelle à la fois pour ne pas effrayer Aisling. Mais ce soir, après tout ce qui s’est passé entre eux, il ignore sincèrement ce qu’elle souhaite entendre, même si son instinct lui souffle qu’il devrait privilégier la vérité. C’est le souvenir de la façon dont elle a réagi aux propositions osées qu’il lui a soufflées à l’oreille à quelques reprises au cours de la soirée qui le convainc finalement. Après avoir inspiré longuement, il se lance. « Oui, ça m’arrive de penser à toi. » Il s’éclaircit la gorge, étonné par la boule d’embarras qui vient de s’y loger sans crier gare. « Même que ça… euh… m’arrive assez… souvent ces derniers temps. » En se mordant la lèvre, il se risque à lancer un coup d’œil en direction d’Aisling. Il a du mal à interpréter l’expression sur son visage. Tout ce qu’il sait, c’est que ça ne semble pas en être une de répulsion comme il le craignait et que la caresse délicate de son pouce sur son ventre n’a pas cessé. Il suppose donc que c’est bon signe et que sa franchise ne l’a pas horrifiée. Encouragé et curieux, il pousse un peu plus loin sa réponse. « Je m’imagine que t’es là, avec moi. Nue. » Il déglutit, un peu intimidé par la vulnérabilité que ces confidences font naître chez lui. Le regard collé au plafond blanc, il laisse se dessiner sur cet écran neutre les images qui ponctuent ses fantasmes. Parfois, c’est lui qui la déshabille, ses doigts frôlant sa peau douce tandis qu’ils se glissent sous ses vêtements. Souvent, c’est elle qui s’exécute en s’avançant vers lui d’une démarche féline, le regard joueur et amoureux quand elle se penche pour l’embrasser. « Que mes mains explorent ton corps. » Il est assis sur le rebord du matelas. Elle est debout devant lui. Ses mains se posent sur ses hanches, courent sur sa poitrine et dévalent la cambrure de son dos. Il l’attire contre lui, pose sa bouche sur son ventre, enroule ses bras autour d’elle, la fait basculer sur le lit. Leurs jambes s’entremêlent, leurs corps nus se pressent l’un contre l’autre. « Que ma bouche te découvre. » Agenouillé à ses pieds, il soulève sa jambe, la pose sur son épaule. Il trace une chaîne de baisers lascifs sur sa peau brûlante, remonte lentement le long de sa cuisse, s’approche dangereusement de son intimité, feinte jusqu’à ce qu’il en ait assez de faire durer l’attente. Alors seulement il la goûte et la cajole jusqu’à ce que son corps se cambre d’extase. « Que tu trembles de plaisir sous mes mains. » Elle frémit et ondule dans son étreinte. La mélodie de son souffle hachuré, saccadé, haletant se transforme en soupirs de volupté, en murmures d’encouragements, en gémissements jouissifs. « Que la main qui me caresse est la tienne. » Elle le surplombe. Ses mèches corbeau effleurent son visage puis sa poitrine tandis qu’elle se fraie un chemin sensuel sur son torse. La chaleur de sa bouche remplace l’étreinte de sa paume et le plaisir explose derrière ses paupières. Ses doigts se nouent dans la chevelure sombre, suivent à tâtons le rythme languissant de sa tête, l’implorent silencieusement de continuer sa douce torture. Brusquement, l’image s’évapore devant ses yeux. Catapulté dans la réalité, il reprend conscience de l’endroit où il se trouve, de la vraie Aisling qui est toujours blottie contre sa poitrine. Il tourne la tête vers elle, croise timidement son regard. « Bref, ouais, j’pense à toi, » conclut-il maladroitement, les joues rosies de gêne de s’être laissé emporter et d’avoir révélé ainsi ses fantasmes.

There's no good way to say goodbye. We got everything to lose,
nothing to hide, got to give and take and give and take. It's best
to save all you crave for the stage. We get so tired and lonely, we
need a human touch, Don't want to give ourselves away too much.

Pando

I wanna taste love and pain, wanna feel pride and shame. I don't wanna
take my time, don't wanna waste one line. I wanna live better days,
never look back and say it could have been me.

Pando

Un sourire indulgent flotte sur les lèvres d’Aisling. « Bien. » Légèrement étonné, Sid essaie de ne pas se laisser perturber par cette réponse plutôt laconique, sans toutefois y arriver totalement. Après avoir dévoilé ses fantasmes de la sorte, il se serait attendu à une réaction plus marquée que celle-là, en bien ou en mal, et il ne sait pas trop quoi penser de la désinvolture avec laquelle elle a prononcé ce « bien ». Cependant, un éclat d’amusement s’allume déjà dans ses grands yeux gris. « Non parce que ça m’aurait franchement froissée qu’tu donnes le rôle principal de cette scène à une autre nana ! » Aussi surpris que séduit par sa candeur, il la dévisage un instant, puis se laisse entraîner par son rire taquin et pouffe à son tour. Leurs doigts s’entrelacent avec aisance. Il enveloppe Aisling d’un regard tendre en sentant ses lèvres se poser sur sa main, comme pour lui souffler qu’elle n’a aucune raison de s’inquiéter. Après avoir combattu ses désirs tellement longtemps, il en profite maintenant qu’il peut y succomber sans éprouver de crise de conscience. J’ai envie de personne d’autre que toi dans ma tête et dans mon lit. Quant à son cœur, elle le possède déjà depuis longtemps. « C’était… super sexy. » Malgré la timidité qui teinte sa confession, sa voix vibre de sincérité. Sid note avec intérêt qu’elle semble effectivement plutôt allumée par ce qu’il lui a raconté. De toute évidence, elle aime quand il lui décrit les gestes qu’il a envie de poser. Avec une certaine curiosité, il songe que c’est peut-être parce que ça lui donne l’occasion de les visualiser et de les apprivoiser avant de les vivre. Guidée par Aisling, la main du tatoueur vient se nicher dans le creux de sa taille. Comprenant sa demande silencieuse, il se tourne légèrement pour faire face à la jeune femme. Leurs regards s’accrochent et le cœur de Sid s’emballe dans sa poitrine. Les doigts d’Aisling se sont posés sur sa nuque. Obéissant à la pression délicate qu’ils y appliquent, il courbe la tête et effleure ses lèvres sans pour autant cueillir pleinement le baiser qu’elle lui offre. Il savoure sans hâte la sensualité et l’intimité tranquille de ce rapprochement. C’est elle qui franchit finalement la distance minime qui les séparait encore pour l’embrasser. Tandis que leurs langues se cherchent et se caressent, elle se presse contre lui. Une main posée au centre de son dos, il la retient contre son torse. Les doigts d’Aisling se nouent dans les mèches sur sa nuque. Sa jambe remonte lentement celle du tatoueur, jusqu’à venir effleurer son bas-ventre tendu. Il pousse un soupir intéressé dans le baiser, mais elle brise déjà leur étreinte. Il la laisse s’écarter en se demandant si c’est de sentir son excitation qui lui a donné envie de reculer. Les sourcils légèrement froncés, il scrute son visage. Au lieu de l’inquiétude qu’il s’attendait à voir, il perçoit plutôt de la confusion et un léger malaise. Sa propre inquiétude se transforme en étonnement. Il l’interroge silencieusement, mais la question doit être assez évidente sur son visage pour la convaincre de parler : « J’me demandais juste… Ça va p’t-être te sembler un peu bizarre hein mais… » Elle hésite, cherche ses mots. Il ignore ce qu’elle veut savoir, mais elle semble suffisamment perturbée pour que la curiosité se mette à ronger Sid de l’intérieur. « C’est normal que… euh… qu’ça m’a donné envie d’te voir faire ? » Oh. Surpris tout à la fois par la demande et par le fait qu’Aisling ait osé la formuler, il retire sa main de sa taille pour venir effleurer la courbe de la lèvre inférieure de la jeune femme. « T’as envie d’me voir faire… » répète-t-il d’un ton légèrement songeur dans lequel perce néanmoins une bonne dose d’intérêt. Car l’idée lui plaît. Beaucoup. Un sourire coquin s’étire sur ses lèvres pleines avant qu’il ne se penche légèrement vers elle pour lui souffler à l’oreille : « Ça tombe bien, j’ai plutôt envie d’te montrer. » Pour conclure, il pose un baiser juste en dessous de son lobe et se redresse.

S’arrachant à l’étreinte d’Aisling, ils se laisser couler hors du lit. Une fois debout, les jambes appuyées contre le matelas, il accroche le regard de la jeune femme avant de faire courir ses doigts à la lisière de son pyjama. Il dénoue la boucle et retire le vêtement, qui s’échoue sans cérémonie sur le sol. Seulement vêtu de son boxer noir, il remonte sur le lit mais plutôt que de s’étendre à nouveau, il s’assoit au milieu des coussins, le dos appuyé contre la tête de lit, les jambes étendues et légèrement écartées devant lui. Aisling s’est redressée sur un coude et l’observe en silence. Un peu nerveux tout à coup, il lui tend la main et l’attire vers lui pour l’inviter à s’asseoir à ses côtés. Dans l’espoir de chasser le trac étrange qui lui remplit l’estomac de papillons, il lui vole un baiser. C’est loin d’être la première fois qu’il s’exécute, mais l’idée de le faire devant sa copine lui paraît aussi troublante qu’excitante, peut-être parce qu’il craint que le spectacle ne soit pas tout à fait à la hauteur de ses attentes. Il se recule pour revenir s’adosser à la tête de lit et libère la main d’Aisling. Du bout des doigts, il trace approximativement le contour des ailes de l’aigle tatoué sur sa poitrine, comme s’il reproduisait l’exploration prudente d’Aisling tout à l’heure dans les loges. Son autre main descend lentement la pente de ses abdominaux et s’arrête en frôlant l’élastique de son boxer. « Si t’as envie d’m’embrasser ou… euh… d’me toucher, te gêne pas, » propose-t-il un peu timidement en essayant de ne pas laisser paraître à quel point il espère qu’elle le fera. Car même s’il a véritablement envie de répondre à sa demande, il aurait l’impression d’être moins vulnérable s’il la sentait tout près de lui, comme une participante plutôt qu’une spectatrice. « Mais si tu préfères juste regarder, ça va aussi. J’sais me débrouiller. » Un sourire légèrement crâneur au coin des lèvres, il appuie sans plus hésiter sa paume contre la bosse qui tend son sous-vêtement. La pression qu’il y applique du plat de la main fait aussitôt naître une tension agréable dans son bas-ventre. D’abord, il se sent un peu maladroit. Devrait-il croiser le regard d’Aisling ou, au contraire, l’éviter ? Il se fixe éventuellement sur un point juste au-dessus de sa clavicule. Distrait par le plaisir naissant, il finit par oublier ses questionnements et se concentre plutôt sur le rythme lent et léger qu’il imprime par-dessus le tissu. Il ne cède à l’envie de se libérer de son boxer que lorsque son bassin se met à onduler, comme mu d’une volonté propre, pour accentuer les sensations délicieuses qu’il s’inflige. Ses doigts se glissent sous l’élastique, se recourbent pour tirer le vêtement vers le bas, au-delà de ses hanches qu’il soulève légèrement. Vite oublié, le boxer rejoint le pyjama sur le sol. C’est la première fois qu’il se retrouve complètement nu en compagnie d’Aisling. Malgré le désir fiévreux qui circule dans ses veines, il scrute un instant son visage. Elle semble curieuse, presque fascinée. Enhardi, il enroule ses doigts autour de son membre tendu et entame un lent mouvement de va-et-vient aussi agréable que lancinant. La tête renversée vers l’arrière, il s’abandonne à la volupté qui l’envahit. Réfugié derrière ses paupières par habitude, il n’a pourtant pas envie d’invoquer son fantasme. Il n’en a pas besoin. Pas quand elle est là, juste à côté de lui, si près qu’il sent son parfum à chaque inspiration. Il ouvre les yeux et laisse son regard errer sur le corps d’Aisling sans but précis. Il observe les mèches noires qui caressent les épaules délicates, la courbe de sa poitrine que la dentelle de son débardeur accentue joliment, les tétons qui tendent sous le tissu fin. Leurs regards s’entrechoquent. L’intensité qui brille dans ses iris bleu-gris envoie une décharge de désir le long de sa colonne vertébrale. Un gémissement rauque s’échappe de ses lèvres. Le souffle court, il la supplie du regard. « Embrasse-moi ? » Il a besoin de sentir ses mains et sa bouche sur lui. Il voudrait laisser ses caresses et les siennes se fondre ensemble jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien que la jouissance ardente qu’il sent poindre à l’horizon. S’il te plaît.

There's no good way to say goodbye. We got everything to lose,
nothing to hide, got to give and take and give and take. It's best
to save all you crave for the stage. We get so tired and lonely, we
need a human touch, Don't want to give ourselves away too much.

Pando

I wanna taste love and pain, wanna feel pride and shame. I don't wanna
take my time, don't wanna waste one line. I wanna live better days,
never look back and say it could have been me.

Pando

Aisling s’avance lentement vers lui. Du bout des doigts, elle chasse les mèches rebelles qui tombent sur son front avant de frôler timidement sa lèvre. Ces caresses prudentes torturent Sid. Elle lui paraît si près et si loin à la fois, à la limite de l’inatteignable. Et puis sa main s’appuie fermement contre sa nuque, et la jeune femme se penche enfin vers lui. Dès que leurs lèvres se touchent, une vague de soulagement et de désir renouvelé traverse le corps du tatoueur. Sa langue va à la rencontre de celle d’Aisling, s’engage dans un ballet enivrant et passionné qui lui fait tourner la tête. Il proteste d’un gémissement rauque quand elle brise l’étreinte, vaguement inquiet à l’idée qu’elle cherche à s’écarter. Mais elle ne s’éloigne pas vraiment, à peine assez pour lui glisser une réassurance tendre à l’oreille. « J’suis là. » Et elle est bien là, partout à la fois. Les paupières à demi-fermées, il s’abandonne entre ses mains. Il savoure la chaleur de ses caresses et la chatouille de ses mèches qui effleurent sa peau sensible tandis qu’elle trace une chaîne de baisers brûlants sur sa mâchoire et le long de sa gorge. Assailli de sensations, il renverse la tête sur les coussins quand la bouche d’Aisling s’égare sur sa poitrine. « Mais qu’est-ce que t’es beau. » Un frisson de fierté le transperce et il arque légèrement le dos pour s’offrir pleinement à son regard. Baladeuse, la main d’Aisling descend vers sa hanche. Elle contourne habilement la zone où il concentre toute son attention et poursuit sa course. La respiration du tatoueur se saccade sous la caresse effilée de ses ongles à l’intérieur de sa cuisse. La sensation fait naître une image particulièrement électrisante dans son esprit surchauffé. Les ongles d’Aisling s’enfoncent dans la peau tendre de son dos, laissent dans leur sillage un mélange de douleur-plaisir enivrant. Son corps souple se cambre sous celui de Sid, ses jambes se resserrent autour de lui pour l’attirer un peu plus profondément en elle. Un mouvement à côté de lui le ramène au présent. Il se redresse légèrement et croise le regard de la jeune femme. Dans sa tête, le fantasme et la réalité se mélangent. Habitué à la voir s’évanouir dans l’obscurité dès qu’il se concentre un peu trop sur son image, il est presque étonné qu’elle soit toujours là. Ses grands yeux bleus-gris ne le quittent pas tandis qu’elle se penche vers lui. Ils brillent d’une lueur sensuelle et joueuse qu’il n’avait vue qu’en rêve et qui lui rappelle un peu l’expression qu’elle affiche parfois sur ses photos. Sauf que sur les photos, Ivana fixe toujours l’objectif d’un regard un peu trop vide, un peu trop éteint. Comme si elle était absente dans sa propre tête. Mais en cet instant, c’est bien Aisling qui joue avec lui et elle pourrait difficilement être plus présente tandis qu’elle le tente impunément. Sa bouche est si proche de lui qu’il sent presque son souffle sur sa peau. Malgré ses pensées confuses, il est certain qu’il n’a jamais autant désiré quelque chose que ce qu’elle fait miroiter silencieusement devant lui. Enfin, elle pose ses lèvres sur sa poitrine. La caresse humide de sa langue lui arrache un soupir discret qui se transforme en gémissement sourd lorsqu’il sent ses dents se refermer délicatement sur son téton sensible. En réponse au plaisir qu’elle lui procure, le va-et-vient de sa main, qui s’était quelque peu ralenti pour lui permettre de savourer les explorations lascives d’Aisling, reprend de la vigueur. La jeune femme remonte lentement, jusqu’à ce qu’elle le surplombe légèrement. Le visage tourné vers elle, il se perd dans son regard. « T’es terriblement sexy comme ça mon Sid, » susurre-t-elle d’une voix enveloppante, caressante, séduisante. Il se rapproche de plus en plus de l’extase, frôle dangereusement le point de non-retour. Il va perdre pied, il va tomber. Il craint et désire tout à la fois cette délivrance. Le souffle haletant, il tend le cou pour venir cueillir le baiser qu’elle lui offre dans l’espoir d’y noyer la timidité qui l’envahit. Il n’y arrive pas vraiment. Alors il s’écarte légèrement, fouille le regard d’Aisling. Il y a de la tendresse dans ses grands yeux, et une affection tellement pure qu’il en est troublé. Brusquement, l’intimité du moment lui paraît suffocante. Il n’est pas prêt à s’abandonner, à perdre totalement le contrôle de cette façon devant elle. Paradoxalement, il craint qu’elle ne s’éloigne et se volatilise au dernier moment. De son bras libre, il entoure la taille de la jeune femme pour la retenir contre lui. Satisfait, il se replie derrière ses paupières, espérant retrouver dans l’obscurité la paix d’esprit qui lui permettra de pourchasser son plaisir jusqu’à son apogée. Cependant, il n’y arrive pas. Il se sent trop vulnérable, trop exposé. Instinctivement, il se réfugie contre Aisling et enfouit la tête dans son cou. « Leen… » souffle-t-il contre sa peau. Comme si elle comprenait la supplication cachée derrière son murmure, elle glisse délicatement ses doigts dans sa chevelure. Il se sent à sa place, presque à l’abri, et il s’autorise enfin à s’abandonner complètement. La cadence de sa main sur son membre s’accélère et se désordonne en même temps qu’il resserre sa prise sur la taille d’Aisling. Il ne lui faut que quelques mouvements supplémentaires pour que son corps éprouvé par la tension sexuelle à laquelle il a été soumis n’atteigne la jouissance. L’orgasme le fauche comme une lame de fond qui le paralyse et lui arrache un long gémissement qu’il étouffe contre l’épaule d’Aisling. Il surfe tant qu’il le peut sur les vagues de plaisir que lui procurent les dernières caresses langoureuses qu’il s’inflige jusqu’à ce qu’il se libère, étourdi de volupté, le corps alangui et tremblant. Pendant de longues minutes, il essaie de reprendre ses esprits et son souffle. Quand il est à peu près convaincu d’arriver à former une phrase cohérente, il se lance : « J’t’aime. » Attends... quoi ?! Comme un homme un peu saoul qui dégrise d’un coup, il prend abruptement conscience de la révélation qu’il vient de laisser échapper et qu’il n’avait pas du tout prévu d’articuler. P’t-être qu’elle a rien entendu ? Pétrifié, les muscles tendus, il cherche frénétiquement quelque chose à ajouter, mais son esprit fonctionne toujours au ralenti. Une seule possibilité finit par s’imposer péniblement : nier. Ou au moins atténuer la portée de ses paroles. Sauf qu’il se rend compte qu’il n’en a pas envie. Au-delà de l’inquiétude qu’il ressent par rapport à la réaction d’Aisling, il ne regrette pas ce qu’il a dit. Fort de cette réalisation, il se détend à nouveau dans l’étreinte. Pour la première fois de sa vie peut-être, il est totalement prêt à assumer ses sentiments, peu importe ce qu’elle pourrait penser de son aveu. Car même s’ils ne sont en couple que depuis quelques mois, il y a longtemps, au fond, qu’il a apprivoisé cette vérité. Malgré l’incertitude et la gêne qu’il ressent après tout ce qui vient de se passer, il s’écarte et se redresse pour chercher le regard d’Aisling. « Bon, c’est pas tout à fait comme ça que j’voulais te le dire, mais… » Il n’ose pas répéter ce qu’il a dit, pas tout de suite, mais il laisse le sourire en coin qui s’étire sur ses lèvres et l’affection qui brille dans ses yeux le faire à sa place. Je t’aime.

There's no good way to say goodbye. We got everything to lose,
nothing to hide, got to give and take and give and take. It's best
to save all you crave for the stage. We get so tired and lonely, we
need a human touch, Don't want to give ourselves away too much.

Pando

I wanna taste love and pain, wanna feel pride and shame. I don't wanna
take my time, don't wanna waste one line. I wanna live better days,
never look back and say it could have been me.

Pando

Comme une tortue qui ose sortir de sa coquille, elle émerge timidement de sous sa frange. Ses yeux bleu-gris s’accrochent à ceux du tatoueur. Son regard perçant semble fouiller le sien. Sans savoir exactement ce qui lui passe par la tête, il devine qu’elle est à la recherche de doutes ou de regrets. Il la laisse chercher, confiant qu’elle ne trouvera rien d’autre que l’affection pure qu’il éprouve pour elle et la sérénité tranquille qui l’a envahi dès qu’il a cessé de croire qu’il pourrait se battre contre ses sentiments. Il est témoin de l’instant où l’inquiétude qui rongeait le regard si expressif d’Aisling se dissout finalement. « Tu… » Le reste de sa phrase ne franchit jamais ses lèvres, mais Sid a tout compris. Il hoche lentement la tête, acquiesce silencieusement à sa question muette. Les bras de la jeune femme viennent se nouer derrière sa nuque et elle se presse contre lui. Poitrine contre poitrine, cœur contre cœur. Il la sent fébrile, fragile, quand il l’étreint. Sans mot dire, il lui offre un cocon de tendresse pour se mettre à l’abri de la tornade d’émotions qui l’a envahie. La tête légèrement penchée, il respire son parfum. De temps à autre, il laisse errer une main réconfortante dans son dos. Profitant du silence pour se plonger dans ses pensées, il songe que ce moment ne ressemble à rien de ce qu’il avait imaginé. Au-delà de l’aveu spontané qui a chamboulé tous les scénarios qu’il avait en tête, il avait toujours cru qu’il attendrait avec angoisse de recevoir la réponse à son aveu d’amour. Il se voyait suspendu à ses lèvres, espérer un retour réconfortant et sécurisant sans oser le quémander autrement qu’avec un regard chargé d’espoir pour ne pas l’influencer. Il n’osait jamais tout à fait imaginer la fin. Pourtant, il ressentait parfois l’appel dérangeant du gouffre béant qui allait immanquablement s’ouvrir dans sa poitrine si le silence s’éternisait entre eux. Et, plus rarement, il se permettait de rêver au cocktail grisant d’émotions qui exploserait dans sa poitrine si elle lui donnait une réponse positive. Mais étrangement, il ne ressent rien de tout ça en cet instant. Ni malaise, ni désespoir. Ni bonheur, ni euphorie. Qu’une assurance tranquille, nourrie par la puissance du lien qui les unit et qu’il ressent plus fortement que jamais auparavant. Elle n’a pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu’il sache qu’elle partage ses sentiments. C’est dans ses regards en coin et ses sourires complices, la façon dont son corps répond à l’appel du sien sur scène et ailleurs, la confiance inébranlable qu’ils ont l’un envers l’autre, les confidences émotionnelles qu’ils s’échangent et la tendresse qu’ils partagent. Au fond, ses bras qui le retiennent tout contre elle en disent bien plus long que n’importe quel serment solennel. Et quand, au bout d’un petit morceau d’éternité, elle s’écarte et croise son regard, il est foudroyé par la certitude de se trouver exactement là où il doit être, d’avoir enfin trouvé ce qu’il cherchait depuis si longtemps sans même le savoir. « T’es tout ce dont j’ai toujours rêvé. » Ému, il se laisse happer par le baiser qu’elle lui offre pour camoufler les larmes insolentes qui viennent lui piquer les yeux. Car si, en apparence, elle ne vient pas de lui murmurer la réponse qu’il attendait, Sid, lui, ne comprend que trop bien la signification réelle de ses paroles. Je t’aime moi aussi.

There's no good way to say goodbye. We got everything to lose,
nothing to hide, got to give and take and give and take. It's best
to save all you crave for the stage. We get so tired and lonely, we
need a human touch, Don't want to give ourselves away too much.

Pando