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Clara & @Itziar Cortés de Aguilar

Son sourire ne faiblit pas alors qu’elle l’écoute parler depuis près de deux heures. Elle est en mode charmante Clara et ça marche comme à chaque fois parce qu’elle sait abuser de l’image de jeune fille sage qu’elle renvoi. Elle ignore si ça provient de son petit gabarit ou si c’est juste l’air qu’elle arrive à se donner mais le coup prend à chaque fois qu’elle se décide à rencontrer quelqu’un. Ses rencontres ne sont que très rarement intéressante et depuis le temps qu’elle faisait ça, elle avait appris à faire semblant d’être intéressée en ces mecs qui ne savait que parler d’eux et de tout ce qu’ils peuvent avoir qui dans leur esprit doit forcément faire craquer les filles. Clara, tout ce qu’elle relève, c’est que ces mecs-là, ils ne sont pas Nicolas. Ils n’ont pas cette façon de raconter des choses, ce trait de caractère qui révèle beaucoup de tendresse sans que ça ne soit apparenté à de la mollesse par la jeune femme. Il n’y a qu’un homme pour la captiver seulement ce dernier est loin et fatalement, Clara blessée s’est empressée d’en trouver un autre. Ça ne dure en général que quelques heures, ce pipeau que son cerveau se raconte à lui-même pour lui faire penser que son comportement est la solution. Parfois, c’est moins long, quand le mec est vraiment chiant par exemple et alors que son portable émet une alerte de l’autre côté de la planète lui rappelant l’existence de son petit ami, elle décide que non, pas ce soir et surtout pas avec ce type-là.  C’est pourquoi elle finit par quitter son siège après avoir bafouiller quelques mots servant de prétexte à sa fuite. Elle n’a pas l’envie de se prendre la tête ou même la considération pour inventer une réelle excuse. Elle est restée assise là à l’écouter déballer ses histoires, il devrait s’estimer heureux qu’elle ne s’improvise pas psy pour lui coller une note de frais. Alors qu’il comprend qu’elle le laisse là, son visage change tout d’un coup d’expression et sa main attrape vivement son bras fin pour le serrer et la retenir. « Quoi ? » ajoute t-elle, pas du tout encline à dialoguer. Il est tard. Elle a eu le temps d’en voir du monde quitter la boite. Ça commence à être l’heure où il ne reste que les gens alcoolisé. Même si Clara voulait repartir accompagnée, ça ne serait plus possible. « Tu peux pas partir, reste, je t’offre encore un verre si tu veux. » « J’ai assez bu. » dit-elle d’un ton neutre supposé l’amener à comprendre qu’une porte vient de se fermer définitivement et qu’il ne lui reste encore que peu de temps si lui veut toujours repartir accompagné. « Tu ne vas pas partir comme ça ! » « Si, regarde moi faire. » Elle reprend son bras, pas du tout ravie du geste qu’il a eu et prête à monter d’un cran s’il le faut. Seulement, lui était prêt à le faire et il s’avère que le cran au-dessus ne soit qu’insulte et autres remarques peu flatteuse alors qu’elle s’éloigne du bar et qu’il la suit.

Le bar est bondé ce soir. La soirée bat son plein. Elle ne compte même plus le nombre de verres qu'elle a servi ce soir. Ca faisait quelques temps qu'il n'y avait pas eu autant de monde d'un coup, elle avait presque perdu l'habitude même si au fond, elle adorait les soirs comme celui-là. Les soirs où elle n'a pas le temps de s'ennuyer. Où elle est tout le temps occupée et de ce fait, ne voit même pas le temps passer. Elle n'avait rien contre le fait d'être payée à ne rien faire, mais elle avait quelque chose avec le fait de s'ennuyer et de ne pas savoir comment s'occuper. Ce soir était donc un bon soir. D'autant plus qu'il n'y avait pas eu d'incident à déplorer. Ce qui était rarement le cas quand il y avait autant de monde. En général, plus le bar était bondé, plus il y avait de chance qu'une bagarre éclate. C'était le problème avec le monde et l'alcool. Les esprits s'échauffent, certains se vexent pour rien, d'autres se sentent pousser des ailes et s'autorisent des comportements plus que déplacés. L'équation parfaite pour se taper dessus. Ce soir, ça n'avait cependant pas été le cas et même si la soirée n'était pas encore finie, Itziar avait le sentiment que tout allait continuer sur la même lancée et que l'ambiance allait rester bon enfant. Il y avait toujours une part de doute, elle ne savait pas ce qui pouvait passer par la tête des mecs bourrés quand arrive la fin de soirée, mais elle avait un bon feeling pour ce soir. Surtout qu'elle finissait bientôt. C'était Josh qui faisait la fermeture et elle comptait presque les minutes qui la séparait de sa liberté. Elle avait hâte de retrouver son lit et de dormir jusqu'à pas d'heure. En revanche, pour l'heure, ça faisait bien une heure -en réalité vingt minutes seulement, mais pour elle ça semblait faire bien plus que ça- qu'un type au comptoir lui tenait la grappe. Le mec était complètement bourré, elle se demandait d'ailleurs comment il faisait pour bouger autant et ne pas tomber du tabouret, mais par-dessus tout, il lui racontait la même chose en boucle. Il n'articulait plus correctement, elle ne comprenait qu'un mot sur trois, mais elle prenait quand même la peine de hocher la tête de temps en temps, comme pour acquiescer. Il aurait pu lui dire qu'il avait tué sa femme de sang froid, elle aurait hoché la tête de haut en bas qu'il n'aurait même pas trouvé ça bizarre vu son état. Le type déraille complet. Selon elle, il lui raconte n'importe quoi et le fait est qu'en vingt minutes à l'écouter, elle avait eu le temps d'observer l'activité dans le bar. Elle avait pu remarquer qu'il s'était considérablement vidé et que les clients se contentaient de terminer leur verre sans en commander de nouveau à tel point que Josh hésitait à commencer à tout nettoyer pour prendre de l'avance. Itziar quant à elle, attendait simplement l'heure de la fin de son service pour rentrer chez elle.

Elle vient d'aller récupérer ses affaires et est sur le point de s'en aller quand elle voit un visage familier. Un visage qu'elle n'a pas vu ici depuis un bon moment, depuis la fois où elle avait clairement dépassé les bornes et s'était mêlée de choses qui ne la regardaient pas. Elle s'était excusée par la suite, mais n'avait jamais revu la jeune femme dans le coin. Soit elle ne l'avait pas remarquée, soit elle n'avait pas remis les pieds ici depuis. Il n'y avait aucun moyen de savoir. Cependant, elle était là ce soir et visiblement ça semblait tendu avec un homme. Elle n'entend rien de leur conversation. Elle est bien trop loin pour ça, en revanche, elle ne manque pas de la voir se lever avant de se faire attraper le poignet par le type en face ce qui a le don de l'interpeller. Elle n'a pas envie d'interférer, après tout, elle interprète peut-être mal ce qu'elle voit et elle avait bien dit à la jeune femme qu'elle ne se mêlerait plus des choses qui ne la regarde pas. Elle ne peut cependant pas faire comme si elle n'avait rien vu surtout que l'attitude de la jeune femme semble clairement exprimer le fait qu'elle n'a pas envie de rester avec ce type donc quand il se lève pour la suivre, alors qu'elle s'apprête à quitter le bar, elle se dit que c'est le moment d'intervenir. Il l'a talonne alors elle sort de derrière le comptoir rapidement et arrive à la hauteur du jeune homme. "Pardon !" lui lance t-elle en le bousculant légèrement pour passer devant lui. Quand elle arrive à la hauteur de la jeune femme elle passe son bras autour du sien. "Désolée je pensais finir plus tôt. Tu viens chez moi pour un dernier verre ?" Lui demande t-elle comme si c'était son amie de toujours, assez fort pour que le type derrière l'entende et comprenne le message. Elle l'entend soupirer derrière elle, n'ayant visiblement pas apprécié cette intervention de sa part. Elle ne sait pas s'il va se manifester plus que ça ou lâcher l'affaire, mais dans le doute elle entraine l'australienne avec elle jusqu'à l'extérieur du bar. "Désolée, j'espère que je t'ai pas cassé ton coup." Lui dit elle en lui lâchant le bras avant d'ajouter. "Il avait l'air de te souler, du moins ça ressemblait à ça de derrière le comptoir." Elle ne pensait pas avoir tort, mais dans le doute, elle trouvait plus judicieux de se justifier. Juste pour être sûre.

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Clara & @Itziar Cortés de Aguilar

A force de jouer avec le feu, on se brûle. C’est un dicton que Clara devrait connaitre et avoir bien en tête à chaque fois qu’il lui prend l’envie de passer la porte d’un bar afin d’y rencontrer quelqu’un avec qui terminer la nuit. Au-delà du fait que cette activité à des mœurs questionnable, elle en oublie souvent qu’elle peut tomber sur des types peu recommandable et qui ne comprennent pas le sens d’un non dès qu’il est prononcé haut et fort. Clara s’était lassée et à force d’entendre la vie peu trépidante de son interlocuteur, toute envie de s’envoyer en l’air avec un total inconnu pour oublier le manque d’intérêt qu’a son petit ami pour elle s’est volatilisée ne lui laissant que l’opportunité d’une soirée netflix avant une grasse matinée bien méritée. Seulement, monsieur ne l’entend pas de cette oreille et alors qu’elle s’apprête à quitter le bar, il insiste. Clara le jette en faisant preuve d’une indifférence qui lui est propre et alors qu’il s’apprête encore à insister, passant la limite du gros lourd à celui d’harceleur, quelqu’un s’avance vers elle, un visage connu qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps bien qu’elle aurait pu s’y attendre en pénétrant les lieux. "Désolée je pensais finir plus tôt. Tu viens chez moi pour un dernier verre ?" Itziar a des airs de wonderwoman avec son apparition et Clara n’a d’yeux que pour elle avant de crier un « Oui ! » avant de se laisser saisir jusqu’à l’extérieur du bar comme si elle était une Loïs secourue par un brave Clark. Elle ne regarde même pas derrière elle si le type est là. Elle s’en fiche parce qu’elle se dit qu’elle est avec quelqu’un et que forcément être deux est plus rassurant qu'être seule. "Désolée, j'espère que je t'ai pas cassé ton coup." Excuse qui fait immédiatement rire Clara. Non, du tout, c’était carrément une mission sauvetage qu’elle vient d’entreprendre avec brio. "Il avait l'air de te souler, du moins ça ressemblait à ça de derrière le comptoir." « Tu es intervenue au bon moment. » lui confie Clara avant de reprendre. « Il ne voulait pas me lâcher et je suis vraiment contente que tu sois venue à mon secours. Je te dois totalement un verre. » Ou un bon pourboire la prochaine fois qu’elle s’aventura dans ces lieux, si prochaine fois il y’a. Clara tente toujours de ne pas être habituée à un seul lieu, ça éveille les soupçons. La preuve avec Itziar qui était parfaitement au courant de sa double vie. Une situation qui gêne moins Clara à l’heure où son couple n’a plus besoin de ses infidélités pour battre de l’aile. « En tous les cas, c’est vraiment sympa de ta part et surtout compte tenu de … Enfin, tu sais. » Compte tenu des conversations qu’elles avaient eu ? « Enfin, bref, merci. » ajoute t-elle en lui tendant la main faute de savoir quel geste adopter. « Tu avais prévu de rentrer chez toi ? Je peux t’offrir un verre pour te remercier, j’insiste. » Son ventre grogne à ce moment. « Ou te propose de manger quelque chose. Y’a encore des trucs ouverts à cette heure. » Et tout l’monde sait que la pizza de deux heures du matin, c’est la meilleure.

La jeune femme rit et Itziar se dit qu'elle a bien fait d'aller à sa rescousse. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne se justifie pas un peu plus, juste pour être sûre. Un peu comme si elle marchait sur des oeufs. Elle ne voulait pas reproduire les erreurs qu'elle avait pu faire par le passé et c'était bien la dernière de ses intentions que de froisser l'australienne. Elle avait déjà été exécrable avec elle pour une vie entière, voire plus et ce n'était vraiment pas son genre. Itziar sourit quand la jeune femme lui dit qu'elle est intervenue au bon moment. Son instinct et ses yeux ne lui avaient visiblement pas fait défaut sur ce coup-là. "T'inquiète, c'est normal, t'as pas besoin de me payer quoi que ce soit. Solidarité féminine ! J'aurai fait pareil avec n'importe qui d'autre." Lui répond-elle et elle dit la vérité. Elle n'aurait pas pu rentrer chez elle comme ça, faisant comme si elle n'avait pas vu que Clara avait sur le dos un mec qui semblait ne pas vouloir lâcher l'affaire. Certains n'avaient pas de soucis à jouer aux aveugles, ce n'était pas son cas. Elle n'hésitait pas une seule seconde, en partie parce qu'elle se disait toujours que si elle se trouvait un jour dans une telle situation elle aimerait bien que quelqu'un vienne à sa rescousse pour la sortir de là. Dans sa logique, ça passait par agir de la sorte avec les autres. Même avec quelqu'un avec qui elle avait eu quelques différents par le passé. Elle était passée à autre chose. Surtout que c'était elle la personne en tort dans cette histoire. Ce serait bête d'en vouloir à Clara pour des choses qu'elle avait dites. Quand bien même les rôles auraient été inversés, Itziar n'était pas rancunière et serait probablement venue en aide à sa pire ennemie s'il avait fallu. Il y avait des situations dans lesquelles il fallait mettre ses ressentis de côté et agir. Pour elle, il n'y avait rien de plus normal. Elle n'avait pas besoin de remerciement non plus. Elle hoche la tête pour acquiescer. Parce que oui, elle sait ce que Clara insinue, elle se sent presque un peu coupable qu'il y ait cette histoire entre elles, mais les voyages dans le temps n'existaient pas et il fallait faire avec. Elle savait que la jeune femme était en couple, ou tout du moins qu'elle l'était à l'époque et qu'elle avait pour habitude de papillonner. La fidélité ne faisant pas partie de son mode de vie. Elle ne cautionnait pas, mais elle avait bien compris que ça ne la concernait pas et qu'elle pouvait mettre ses jugements de côté. Elle l'avait compris un peu tard, certes, mais elle l'avait compris. "Comme je t'ai dit c'est normal. Je comprends pas que personne d'autre ne soit intervenu. J'suis certaine que je suis pas la seule à avoir vu que tu tentais de lui faire comprendre que c'était mort et qu'il insistait comme un gros lourd." Ou alors, les gens étaient soit trop bourrés, soit trop focalisés sur leur propre personne pour prendre quelques minutes de leur soirée pour aider quelqu'un. Elle avait effectivement prévu de rentrer chez elle, elle n'a pas forcément pour habitude de s'attarder quand elle sort du bar, pour la simple et bonne raison qu'après avoir passé la soirée debout à piétiner, elle n'a pas vraiment la foi à cavaler un peu plus et qu'elle est en général pressée de retrouver son lit. Cependant, elle se sent de faire une exception parce que quand on lui parle de manger quelque chose, elle peut difficilement dire non. "J'allais rentrer, mais je meurs de faim et je tuerai pour une pizza honnêtement ! Ou n'importe quel truc comestible en réalité !" lui répond-elle large sourire dessiné sur les lèvres avant d'ajouter. "Il y a une petite pizzéria ouverte juste au coin de la rue, c'est vraiment minuscule, il y a quatre tables qui se battent en duel, mais les pizzas sont bonnes." Elle pointe du doigt la direction de la pizzéria et commence à marcher sans réellement attendre la réponse de Clara. Après tout, à cette heure-ci, il n'y a plus grand-chose d'ouvert et c'est probablement la meilleure de toutes les options qui s'offrent à elles. "A moins que tu préfères un kebab ? Je pense qu'il y en a encore quelques-uns d'ouverts." Elle se stoppe un instant, laissant à la jeune australienne le choix cette fois-ci. Finalement, tant qu'elle peut manger quelque chose, à cette heure-ci, elle se fiche bien de ce que ça peut-être. "Comment ça se fait que t'as pas trouvé chaussure à ton pied ce soir ?" lui demande t-elle quand elles recommencent à marcher. "C'est pas un reproche, promis." Trouve t-elle utile de préciser, au cas où le ton de sa voix n'avait pas été clair à ce sujet.

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Peut-être qu’elle commençait mal cette conversation en offrant à Itziar son rire graveleux sensé lui faire comprendre qu’elle a dit une bêtise. Clara ne peut réellement s’en empêcher et bien vite, elle répond afin que la demoiselle ne prenne pas mal son geste. C’est juste une façon maladroite de réagir alors qu’elle n’était pas très bien dans ses basques à l’idée de se voir forcée à terminer la soirée avec un gros lourd. Les demoiselles avaient eu leurs discussions et Clara n’a pas à cœur ce soir de reprendre ou de raviver quoi que ce soit. Les propos que l’espagnole lui avaient tenus étaient loins et oubliés, et s’ils étaient vachement culottés à l’époque, Clara n’en oublie pas que son comportement est inacceptable dans le fond. En tous les cas, elle ne tarde pas d’honorer ses devoirs et de proposer de remercier la jeune femme en lui offrant un verre et la remerciant avec de vrais mots aussi. "Comme je t'ai dit c'est normal. Je comprends pas que personne d'autre ne soit intervenu. J'suis certaine que je suis pas la seule à avoir vu que tu tentais de lui faire comprendre que c'était mort et qu'il insistait comme un gros lourd." Clara hausse les épaules. A dire vrai, quand elle est en soirée, elle accorde très peu de son attention aux autres et pourraient très bien ne pas remarquer qu’une jeune femme se fait suivre. En revanche, si elle venait à le voir, la solidarité féminine prime. «Je pense que tout le monde ne fait qu’attention à son petit nombril. » rétorque Clara avant d’ajouter, avec une honnêteté qui pourrait surprendre. « Moi la première. Une bonne chose que tu fasses attention aux autres. » Bon, c’est ce sens de l’observation qui lui avait valu d’être découverte en tant que femme infidèle mais elle était bien contente que les évènements se soient passés comme ça malgré tout. Surtout quand on sait où en est son couple aujourd’hui. "J'allais rentrer, mais je meurs de faim et je tuerai pour une pizza honnêtement ! Ou n'importe quel truc comestible en réalité !" Aaah bien, parce que Clara allait se sentir mal à l’idée de ne pas pouvoir payer sa dette, même s’il s’agit d’une invitation qu’elle propose avec sincérité. Elle est ravie de se voir épargner le sentiment d’insister alors qu’elle vient tout juste de dire non à quelqu’un qui faisait pareil avec elle. "Il y a une petite pizzéria ouverte juste au coin de la rue, c'est vraiment minuscule, il y a quatre tables qui se battent en duel, mais les pizzas sont bonnes." Et ça suffit à thumbelina pour être partante. Ça ne parait pas mais son petit gabarit est totalement capable d’avaler une pizza entière à cette heure. Après tout, il faut bien éponger les cocktails. Clara suit donc naturellement Itziar jusqu’à ce qu’elle ait une autre idée. "A moins que tu préfères un kebab ? Je pense qu'il y en a encore quelques-uns d'ouverts." Elle hoche la tête. « Pizza, c’est très bien. » assure t-elle, en reprenant la route que l’espagnole avait mis en pause le temps d’avoir sa réponse. Trop tard, elle lui avait vendu une pizzeria sympa, Clara ne demande maintenant qu’à connaitre et puisqu’elle a montré la direction, elle fonce un peu même si c’est délicat du haut des perchoir qui lui servent de chaussure. "Comment ça se fait que t'as pas trouvé chaussure à ton pied ce soir ?" Parlant justement de la chose. "C'est pas un reproche, promis." Dit-elle, sans doute de peur de provoquer un nouveau débat. Bonne question, parce que si Clara avait changé d’avis comme ça pouvait arriver, elle repart rarement seule. Elle soupire ne sachant pas quoi répondre à cette question parce que la réponse qui s’impose dans sa tête lui parait bien trop grosse. « Je crois que j’ai compris que ça ne sauvera jamais mon couple. » dit-elle lentement, réalisant au passage ses propres propos comme si elle n’y avait jamais pensé. Evidemment, tout ça la frappe juste. « Je sais, c’est pas ce qu’on pourrait appeler de la logique mais j’ai réalisé que, j’ai pas besoin de ça. »

Clara n'a pas tort, chacun ne fait attention qu'à sa propre personne. Surtout dans un contexte comme celui-là. Dans un bar, la soirée déjà bien avancée, l'alcool aidant, il est bien difficile de penser aux autres. Ou de réagir face à une situation qui pourrait sembler anormale. Itziar avait eu une place de choix, elle avait bénéficié de recul sur la situation, l'esprit parfaitement clair. Ca faisait partie de son job d'avoir les yeux partout et de prendre des décisions. En général, c'était principalement pour faire en sorte qu'il n'y ait pas d'altercation, mais ça ne se limitait pas à ça. Elle n'avait pas toujours été comme ça. Pendant longtemps elle se souciait bien peu des autres et beaucoup d'elle-même. C'était donc un peu comme sa façon de se rattraper. D'agir pour toutes les fois où elle n'avait pas prêté plus qu'un regard furtif. Ce n'était pas grand-chose, mais ce soir elle n'aurait pas pu quitter le bar, rentrer chez elle et se coucher sereinement sur ses deux oreilles si elle n'était pas intervenue. Intervenir était toujours un risque à prendre, il arrivait qu'il y ait des malentendus que certaines situations ne soient pas ce qu'elles semblent être. L'instinct n'est pas infaillible, mais il trompe rarement. Si on lui avait dit que ce soir, elle allait venir en aide à l'australienne et qu'en plus de ça, elle allait se retrouver à aller manger un morceau avec elle, Itziar aurait probablement ri. La même chose pouvait probablement être dite du point de vue de Clara. On ne pouvait pas dire que leurs rares échanges avaient été très cordiaux et il fallait donc le voir pour le croire. La réalité était pourtant bien là, Itziar marchait en direction de la pizzeria avec Clara à ses côtés. Elle s'était arrêtée brusquement le temps de lui offrir un autre choix et laissant la jeune femme décider. Itziar, tant qu'elle mange, elle se contenterait d'un malheureux sandwich triangle jambon beurre à cette heure-ci.

La question est un peu indiscrète, voire même extrêmement indiscrète, à la limite d'être déplacée, surtout si on prenait en compte leurs précédents échanges. Ca pouvait probablement paraitre un peu hypocrite de la part de la jeune espagnole. Elle qui n'avait pas hésité à faire des reproches à l'australienne quant à ses relations extra-conjugales, s'intéressait maintenant aux raisons qui l'avaient poussée à éconduire son prétendant du jour. La réponse de la jeune femme la surprend. Ce n'était pas ce qu'elle avait pu imaginer. Ca la surprend. "C'est assez étrange comme logique." Lui répond-elle. Tromper son partenaire pour sauver son couple, c'était une drôle de façon de voir les choses, elle avait bien du mal à comprendre le raisonnement derrière tout ça. "Pourquoi tu pensais que ça allait sauver ton couple ?" Lui demande t-elle. Elle n'est pas là pour juger, mais elle cherche réellement à comprendre, parce qu'il y a probablement une logique qu'elle ne comprend pas ou tout du moins, qui ne lui saute pas aux yeux. "Ton copain est au courant et il a pas réagit comme tu l'espérais ? Ou alors tu cherchais à attirer son attention en faisant ça ?" Ce n'était peut-être pas ça. Après tout elle ne connaissait pas la jeune femme et ne pouvait pas prétendre savoir ce qu'il se passait dans sa tête, mais elle pouvait émettre des hypothèses qui finalement, ne paraissaient pas si illogiques que ça à bien y réfléchir. "Enfin ça me regarde pas, t'as pas à me répondre si tu veux pas." Oui ça valait le coup de le dire aussi parce que ce n'était pas son amie et qu'elle n'avait pas à lui raconter toute sa vie.

Elles arrivent ensuite devant la pizzeria qui est ouverte comme l'avait prévu Itziar et peu fréquentée, ce qui est probablement normal à cette heure-ci. "On y est ! J'sais pas dans quels genre de restos tu vas en général, mais t'arrête pas à ce que tu vois, ils misent tout sur leurs pizzas ici et j'crois qu'ils se fichent du reste." Lui dit elle. La pizzeria a des allures de vieux diner où les tables se battent en duel. Il n'y a pas de décoration, seulement un menu accroché au mur derrière le comptoir. Elle ne connait rien de Clara, peut-être qu'elle a pour habitude de fréquenter les restaurants cinq étoiles et les plus grandes tables, ce genre de restaurants pouvaient peut-être la rebuter. La Itziar d'il y a deux ans n'aurait probablement pas mis un seul pied là-dedans et elle aurait eu tort, cette pizzéria étant le parfait expemple du 'il ne faut pas juger un livre à sa couverture. "En bref, prends pas tes jambes à ton cou et fait moi confiance, je te promets que tu en ressortiras pas malade." C'était toujours bon à préciser aussi.

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Clara & @Itziar Cortés de Aguilar

Elle reconnait elle-même de ne jamais trop faire attention aux autres. Qui sait combien de nana ont eu des ennuis alors que Clara leur est passée à côté sans se soucier d’autre chose que de sa petite personne. Elle n’a pas de honte en le disant à Itziar, elle n’est pas mieux que tous ceux qui l’ont entouré mais la fin de sa phrase est une reconnaissance du fait que son interlocutrice soit bien plus bienveillante qu’elle envers les autres. Tout ce que Clara peut faire dans cette situation, c’est être honnête avec son comportement et ne pas chercher à s’en dédouaner bien que la conversation ne file pas du tout vers le sujet et qu’elles ne perdent pas de temps à souligner le nombrilisme humain comme si elles en avaient toutes les deux connaissances sans espérer inutilement que ce fait change. Au lieu de ça, elles prennent la direction d’un endroit où manger, le tout en changeant de sujet. "C'est assez étrange comme logique." Répond Itziar après avoir posé la question à un million de dollar soit les raisons du refus de Clara de finir sa soirée avec l’inconnue alors qu’elle a donné l’habitude de ne jamais dire non malgré qu’elle soit en couple. Elle ne saurait dire si sa vie a réellement changé depuis leur conversation de l’an passé et s’il y’a vraiment une raison ayant motivé le refus de Clara. Elle n’avait jamais trompé dans le but de tromper mais plus pour combler un manque. Un manque qu’elle ressent toujours. Seulement, est-il judicieux de continuer à le masquer avec des relations sans lendemain en attendant que son petit ami soit près d’elle ? En cherchant une réponse, elle soulève une autre question et bien d’autres encore dont elle ne trouve pas de réponse immédiate. Elle lui concède l’étrangeté de sa logique en haussant simplement les épaules. Est-ce que c’est présomptueux de sa part d’assumer qu’elle ne pense pas comme tout le monde ? "Pourquoi tu pensais que ça allait sauver ton couple ?" Elle hausse une seconde fois les épaules mais là, pour dire autre chose. C’est vrai que sa réponse n’est pas logique, pas plus que  son comportement. L’explication est là et ne demande qu’à sortir, elle en a un nœud à l’estomac mais est-ce qu’Itziar comprendra ? Est-ce qu’il faut qu’elle le dise à haute voix ? Que va-t-il se passer quand elle le fera alors qu’elle a déjà peur de la conséquence de tout ce qu’elle peut réaliser ? "Ton copain est au courant et il a pas réagi comme tu l'espérais ? Ou alors tu cherchais à attirer son attention en faisant ça ?" Itziar essaie de deviner et reste assez loin du compte. La première réaction de Clara serait de se vexer parce que l’espagnole la ferait presque passer pour une gamine capricieuse mais alors qu’elle tourne sa langue sept fois dans sa bouche pour ne pas dire de connerie – une avancée dont on peut être fière – elle réalise que quand on a pas les clés en main, c’est à ça que ça peut ressembler son histoire et que dans le fond, c’est pas totalement faux. Elle cherche désespérément à capter l’attention d’un Nicolas qui ne voit que ce qu’il cherche à voir et rien d’autre. "Enfin ça me regarde pas, t'as pas à me répondre si tu veux pas." Conclue Itziar devant le silence d’un Clara qui jongle entre l’écoute et ses réflexions personnelles. Elle avait choisi de ne pas pouvoir le chemin classique parce qu’il fallait mettre une fin à son pattern. Elle devait briser cette boucle mais avant tout, elle doit comprendre comment celle-ci s’est formée.

"On y est ! J'sais pas dans quels genre de restos tu vas en général, mais t'arrête pas à ce que tu vois, ils misent tout sur leurs pizzas ici et j'crois qu'ils se fichent du reste." Annonce Itziar alors qu’elles arrivent devant une devanture qui n’aurait pas attiré l’attention de la blonde dans une autre situation, à part peut-être si elle s’était sentie d’humeur à critiquer quelque chose sur le moment. Mais Clara pense et se fout bien de l’endroit où elle peut foutre les pieds. C’est même mieux comme ça car elle est assurée de ne pas y rencontrer une personne connue et de ne pas avoir à expliquer un jour ou l’autre les raisons qui l’ont amené à se poser ici. « Je ne m’arrêterais pas à ce que je vois, sauf si c’est un gros cafard. » dit-elle, fidèle à son attitude bitchy alors qu’à dire vrai, elle se fiche de ce qu’elle pourrait bien trouver là. Elle se sentait juste l’obligation de placer une réflexion qui collerait avec ce qu’elle est alors que dans les faits, elle est la première à clamer la règle des trois secondes dès qu’elle fait tomber un aliment et à se moquer royalement des dates de péremption sur les produits qu’elle achète. Mais ça, c’est pas son elle d’extérieur. "En bref, prends pas tes jambes à ton cou et fait moi confiance, je te promets que tu en ressortiras pas malade." Elle acquiesce doucement avant de s’asseoir sur la première table qu’Itziar pointe. Elle ne prend pas vraiment le temps de regarder le menu, sachant qu’elle prendra ce qu’il y’a sans sourciller. Elle ne dit rien alors qu’elles attendent le service. Ses pensées sont tournées vers les questions que la serveuse lui a posé plus tôt. C’est silencieux entre elles. De ces silences qu’ont les gens quand ils se rendent compte qu’ils n’ont pas grand-chose à se dire. Pourtant, Itziar connait son secret. Itziar connait aussi personne d’autres dans son entourage. Ce qui fait d’elle la personne toute trouvée pour vraiment parler sans avoir peur de représailles et c’est ce qui amène Clara à finalement répondre. « Je ne suis rien de la femme qu’il lui faut. » dit-elle pour couper le silence avant de poursuivre dès que l’attention de la jeune femme lui revient. « Nicolas, il me voit comme il a envie de me voir mais jamais réellement et avec les années, je me suis façonnée pour être ce qu’il veut, n’étant ce que je suis vraiment quand il est absent. » C’est-à-dire une vrai libertine. C’est quelque part un soulagement que de le dire à voix haute et une véritable épreuve parce qu’elle craint le jugement. « Je l’aime tellement que je veux être comme il veut pour être avec lui. » Parce que l’amour n’a jamais été le soucis dans leur couple. Ils s’aiment, c’est la seule chose vraie mais Clara tend à se rendre compte qu’il n’aime pas la vraie elle. « Mener une double vie permettait que tout le monde soit content. Mais, je réalise que ce n’est plus possible. » conclue t-elle, admettant enfin qu’elle ne pouvait plus être elle-même que quelques soirs et qu’elle devait arrêter la comédie.

Elle pose ses questions, comme si elle était totalement légitime. Comme si ça la regardait. Pourtant, il n'en était rien. Elle était curieuse. Trop curieuse même et elle le savait, pourtant ça lui brûlait les lèvres. Elle avait connu Clara dans une situation bien différente. Elle avait eu l'occasion de l'observer à plusieurs reprises au bar. Elle arrivait seule, elle repartait accompagnée. C'était aussi simple que ça. Ce soir était bien la première fois qu'elle la voyait repousser un type avec qui elle avait pourtant passé une bonne partie de la soirée à discuter et boire un verre. Quelque chose était différent. Que ce soit chez elle ou dans sa façon de penser aujourd'hui, il y avait quelque chose de différent de d'habitude, quelque chose qui lui avait fait vraisemblablement changé d'avis. Clara ne lui accorde cependant que des haussements d'épaules. Après tout, elle ne lui doit aucune explication. Elle n'a pas à s'ouvrir à elle et elle n'a pas non plus à lui répondre. D'ailleurs Itziar prend bien soin de lui préciser, par politesse, parce qu'elle est curieuse, mais qu'elle a quand même reçu une certaine éducation quand elle était jeune. Elle n'insiste pas plus. Elle prend les haussements d'épaules comme une réponse suffisante, une réponse qui peut vouloir dire plusieurs choses, mais une réponse quand même. Si Clara avait été l'une de ses amies, elle aurait probablement insisté un peu plus, l'aurait poussée à cracher le morceau. Parce qu'elle sait qu'avec ses amies, elle peut se permettre un peu plus de questions, parce qu'au fond, si elle vient à parler de ce genre de choses avec ses amies, c'est qu'il y a une réelle volonté de se confier. Avec Clara c'est différent. Elle ne la connait pas et de ce fait la frontière entre ce qui est trop personnel ou ne l'est pas est plutôt floue pour la jeune espagnole.

Cependant, elles arrivent finalement devant la pizzéria, l'occasion de changer de sujet et de passer à autre chose. La nourriture à le don de rapprocher les gens probablement en raison de la notion de partage que tout cela implique. Elle invite Clara à entrer, la sommant de ne pas s'arrêter sur la décoration plus que minimaliste des lieux. Ca ne ressemble pas à un restaurant trois étoiles et ça se rapproche plus du plan de secours. Le genre de restaurant où on met les pieds seulement à une heure avancée de la nuit parce que l'alcool ingurgité durant la soirée commence à sérieusement faire son effet e ouvrir l'appétit. En bref, le genre d'endroit dans lequel on va quand on n'est plus vraiment en état de prendre des décisions censées. "S'il y a un gros cafard, crois moi que je serai la première dehors." Lui répond-elle en riant. Elle ne demandait pas une propreté impeccable quand il s'agissait de manger, elle se fichait bien de ça, tant qu'elle ne finissait pas malade elle n'en avait pas grand-chose à faire de l'état de la cuisine ou de la fraicheur des aliments, en revanche, elle avait une sainte horreur de toutes les bestioles rampantes, volantes, ou les deux ans même temps. Alors, autant dire que si elle voyait un cafard du coin de l'oeil, elle serait à prendre ses jambes à son cou avant que Clara n'ait le temps de dire quoi que ce soit. La jeune espagnole s'assoit avec l'australienne à l'une des tables vides et attrape un des menus pour le parcourir. C'est le silence qui s'installe entre elles. Ce n'est pas forcément pesant comme silence. Du moins, pas pour Itziar. Elle n'est pas de ces personnes qui se sentent mal à l'aise quand la conversation s'arrête. Elle a beau être une bavarde, le silence ne la dérange pas. Ca lui permet de lire le menu, de décider ce qu'elle va bien pouvoir commander. Ca ne dure pas si longtemps que ça d'ailleurs, puisque Clara finit par reprendre la parole. Itziar ferme le menu, le repose à sa place et lève la tête en direction de la jeune femme en face d'elle, lui accordant toute son attention. Elle ne la coupe pas dans ses explications, elle se contente de hocher la tête, signe qu'elle l'écoute et qu'elle entend ce qu'elle est en train de lui raconter. "T'étais vraiment heureuse comme ça ? Avec cette double vie ?" lui demande t-elle d'abord, parce que même si Clara lui dit que tout le monde était content comme ça, elle en doute un peu. Une double vie amène son lot de stress et de soucis qui n'en valent pas forcément la peine et finissent à être pesant. "Tu as déjà essayé d'en parler avec lui ? Pas de la double vie, mais de qui tu es réellement, je veux dire. Après tout s'il t'aime, en théorie je vois pas pourquoi il aimerait seulement l'image qu'il veut se faire de toi tu vois ce que je veux dire ?" Elle n'est pas forcément la mieux placée pour la conseiller, elle tente d'analyser la situation du mieux qu'elle peut. "Etre avec quelqu'un qui est exactement comme on le voudrait, c'est sympa un temps et après je sais pas, ça devient lassant, il y a pas de challenge, rien. Toi par exemple, tu préfèrerais qu'il soit comme il est ou qu'il se plie en quatre pour correspondre à la vision que tu te fais de lui ?" Ajoute t-elle. Elle ne sait pas trop si Clara voit ce qu'elle veut dire avec ses explications, mais l'idée lui semble plutôt simple. "Il a jamais rien soupçonné d'ailleurs ?" demande t-elle. Peut-être que l'australienne arrivait à gérer ses deux vies d'une main de maître, peut-être qu'il était un peu naïf ou peut-être qu'il avait des doutes, mais ne laissait rien paraitre. Tout était possible.

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Elle n’a pas encore décidé de si répondre aux questions d’Itziar serait un choix judicieux ou non. La jeune femme n’avait pas manqué par le passé que de faire valoir son opinion quant à la double vie de Clara alors que celle-ci n’était pas demandée. Cependant, les choses avaient évolué et compte tenu du peu de monde au fait de la double vie de la jeune femme, elle commence à se dire qu’une opinion extérieure peut être la bienvenue. Jusque lors, les seules réponses qu’elle offre son un haussement d’épaule, elle-même doit encore trouver les mots à mettre sur son ressenti et les raisons qui l’ont poussé à agir comme elle l’a fait. C’était finalement une bonne chose que d’être tombée sur l’espagnole ce soir car Clara pouvait se saisir de l’occasion d’obtenir un avis sur la situation qui ne serait pas biaisée en sa faveur. Le tout, c’était de savoir si elle accepterait d’entendre une vérité difficile, elle qui ne supporte pas qu’on lui dise que quoi que ce soit puisse être de sa faute. Elle prend le temps d’y penser alors qu’elles avancent silencieux vers cette pizzeria de quartier dont l’extérieur doit certainement attirer l’œil des services d’hygiène. Elle tente de ne pas faire la fille un peu précieuse en exigeant d’aller ailleurs. De toute façon, à cette heure-ci, les ailleurs ne dérogent pas de cet endroit alors autant prendre la chose à la rigolade et prier pour que le lendemain soit propre et sans accident suite à une mauvaise digestion. "S'il y a un gros cafard, crois moi que je serai la première dehors." Assure Itziar, ce qui fait sourire Clara qui n’aura pas à rougir de son comportement si elle en vient à son tour à une telle extrémité. Elle tente de ne pas juger la chose à la devanture et se rappelle qu’il y’a quelques années, elle aurait pu manger ici sans se poser la moindre question. L’adolescente qu’elle était ne faisait pas de chichi de ce genre et surtout, elle ne se serait pas embourbée sur un tel terrain. Cette insouciance lui manque. C’est une fois qu’elles sont attablées, avec les yeux sur le menu que Clara finit par cracher le morceau au sujet de sa relation et de tout ce qui capote dans ce domaine. C’est expéditif. Itziar l’écoute et la conseillère poursuit son dialogue, profitant certainement de l’occasion pour justifier son comportement vis-à-vis de lui. "T'étais vraiment heureuse comme ça ? Avec cette double vie ?" Clara hausse les épaules. Si elle était d’humeur à philosopher, elle répliquerait qu’être heureux, c’est pas possible et qu’à défaut de, le mieux valait de faire en sortie d’être le mois malheureux possible et curieusement, ce compromis lui réussissait, elle avait le beurre et l’argent du beurre. Toutefois, elle dresse le constat que quatre ans plus tard, sa relation n’est rien de ce qu’elle parait et elle semble être la seule à s’en apercevoir. « Je dirais satisfaite. Comme avec un compromis. » justifie t-elle en se rendant compte que déjà là, y’a un problème dans ses propos. "Tu as déjà essayé d'en parler avec lui ? Pas de la double vie, mais de qui tu es réellement, je veux dire. Après tout s'il t'aime, en théorie je vois pas pourquoi il aimerait seulement l'image qu'il veut se faire de toi tu vois ce que je veux dire ?" Elle soupire. Elle s’était très longtemps prêtée au jeu d’être une autre pour lui plaire et il est vrai que jamais elle lui avait mis les points sur les i sur ses opinions (enfin, sauf en ce qui concernait sa mère, là, Clara se lâchait à chaque fois) mais elle avait en mémoire cette conversation qu’ils avaient eu sur les enfants, sa non-volonté d’en avoir et ça avait été charnière avec sa réaction à lui : ce serait toujours à elle de faire l’effort pour être avec lui. "Etre avec quelqu'un qui est exactement comme on le voudrait, c'est sympa un temps et après je sais pas, ça devient lassant, il y a pas de challenge, rien. Toi par exemple, tu préfèrerais qu'il soit comme il est ou qu'il se plie en quatre pour correspondre à la vision que tu te fais de lui ?" ajoute Itziar, qui n’a pas tort sur son propos mais avec lequel Clara ne que très peu là où elle veut en venir. Elle sait comment est Nicolas avec elle et à voir, mais elle doute que ce soit lui qui se plie en quatre pour elle. Elle avouerait que parfois, elle aimerait qu’il se mette à sa place mais elle préfère malgré tout qu’il soit lui-même. "Il a jamais rien soupçonné d'ailleurs ?" Elle hoche la tête. « Non, jamais. » En même temps, elle contrôlait tellement chaque partie de sa propre vie et était tellement à l’affût de quoi que ce soit. « Il ne voit que ce qu’il veut voir et fatalement, rien ne lui a jamais mis la puce à l’oreille. » dit-elle avec fatalisme. Quelque part, elle aurait préféré qu’il l’apprenne, celui lui aurait évité la conversation à suivre. « Je suis pas prête à lui dire la vérité mais je prends conscience qu’il faut que ça s’arrête. C’est juste tellement dur de savoir que ce sera fini. Je suis folle rien que de penser au fait qu’il puisse trouver une autre qui lui donnera tout ce qu’il veut, alors que dans les faits, c’est aussi tout ce que je lui souhaite. J’arrive pas à me détacher. »

Itziar se fiche pas mal d'être indiscrète. De poser des questions que ne la regarde absolument pas. Surtout à cette heure-ci dans un restaurant qui lui aurait probablement fait tourner les talons avant même d'être installée il y a quelques années de ça. Clara ne l'arrête pas, alors elle continue avec ses questions. Qui ne dit mot consent, comme on dit et pour Itziar, tant que l'australienne le lui dira pas qu'elle dépasse les bornes, elle considérera que ses questions sont tout à fait légitimes. La jeune espagnole hoche donc la tête quand son interlocutrice lui répond. Un compromis, voilà comment elle qualifierait sa double vie. C'est assez étonnant, d'autant plus quand elle dit qu'elle est simplement satisfaite. Ca ne la rend pas heureuse pour autant, ça ne la rend pas plus malheureuse non plus, mais ça reste curieux, être constamment sur le fil pour au final être simplement satisfaite. Rien de plus, rien de moins. Si Itziar devait peser le pour et le contre d'une situation comme celle-ci, les points négatifs prendraient probablement le dessus sur les points positifs et il y avait sans aucun doute bien plus à perdre qu'à gagner dans tout ça. “Un compromis un peu ‘dangereux' quand même non ? Les deux parties sont pas censées se mettre d'accord dans un compromis ?” commente t-elle. Elle ne juge pas cette fois-ci, pas comme lors de leur première interaction. Elle ne saurait pas expliquer ce qui lui avait pris ce soir-là et elle avait clairement laissé son humeur du jour empiéter sur son travail et son savoir-être. Elle s'était excusée cependant, reconnaissant sans aucun problème qu'elle avait eu tort et veillait à ne plus reproduire le même schéma. Il n'y avait donc aucun jugement ce soir. Elle essayait simplement de comprendre. De se mettre dans la peau de Clara. Elle est surprise d'apprendre que le petit ami de la jeune femme n'a jamais rien soupconné. Selon elle, il n'y avait pas trente-six explications possibles, soit il était naïf, soit il se voilait la face parce qu'il aimait bien trop la jeune femme pour penser qu'elle puisse être tout sauf parfaite. “C'est fou. T'as des mecs qui se font des films, alors qu'il y a rien du tout et qui deviennent complètement parano, mais le tien il s'est jamais rendu compte de rien ? T'es tombée sur le bon quand même, j'sais pas si t'es au courant.” Lui répond-elle. Elle ne plaisante même pas en disant ça. Le type a tout d'un saint … ou du dindon de la farce. Peut-être même les deux en même temps d'ailleurs.

Itziar trouve la jeune femme en face d'elle extrêmement paradoxale. Elle n'est pas là pour la juger, mais le fait est qu'elle ne comprend pas réellement ce qui peut bien se passer dans sa tête. Elle semble coincée au milieu de cette double vie. Coincée dans une situation qui a bien trop duré pour revenir en arrière sans que ça n'est d'importantes conséquences pour son couple. Conséquences qu'elle ne semblait pas prête à affronter même si elle semblait réaliser qu'il n'y avait pas d'autre issue. “Plus t'attends plus ce sera dur.” Comme avec tout mensonge. Plus on attend, plus ça prend de l'importance et plus ça prend de l'importance, plus il est compliqué de faire demi-tour ou de le cacher. “Après, je te dis pas de tout lui balancer à la figure demain, là comme ça. Ce serait un conseil complètement idiot parce que même si je peux pas comprendre, j'entends bien que c'est bien plus compliqué que ça.” Lui répond-elle. Ce serait hypocrite de sa part de prétendre quoi faire. Elle ne s'était jamais retrouvée dans une telle situation. Elle avait toujours été fidèle en amour et même si elle était plutôt du genre volage, quand elle se mettait en couple elle mettait instantanément un terme à tous ses batifolages et amourettes. Elle ne pouvait donc pas comprendre et elle pouvait encore moins se mettre à la place de la jeune australienne. En revanche, elle était loin d'être blonde et elle n'était pas là pour servir le cliché de la belle blonde sans cervelle. Elle sait que rien n'est ni tout blanc, ni tout noir et qu'il ne suffit pas simplement de faire éclater la vérité au grand jour pour régler le problème. Ca ne fonctionne pas comme ça. ce serait bien trop facile. “Mais si au fond de toi tu sais qu'il faut arrêter. Commence peut-être par là ? Ca sauvera peut-être pas ton couple, mais ce serait sans doute un bon début. Rien que pour toi, si tu te retrouves plus dans tout ça, tu peux pas continuer ou tu vas finir par péter un câble.” Déclare t-elle, marquant une courte pause avant de prendre la parole une fois de plus. “Après qui sait, peut-être que c'est même quelque-chose qu'il pourrait te pardonner.” Elle termine en haussant les épaules. Elle n'en savait rien. Elle n'était pas vraiment convaincue, mais il y avait des couples qui étaient toujours ensemble après l'adultère, alors même si ce n'était pas la majorité, ce n'était pas complètement improbable non plus.

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Elle peine à croire les mots qui sortent d’entre ses lèvres et pourtant, c’est bien son ressenti qu’elle verbalise pour la première fois depuis longtemps. Sa relation à Nicolas, sa façon d’être avec lui, ce n’était qu’un compromis, elle agissait d’une certaine pour lui plaire et qu’il continue à vouloir d’elle. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a qu’en faisant semblant qu’elle pouvait l’avoir lui. Complexe. Elle en ignore même si cela fait sens auprès de beaucoup de monde qu’elle se soit mise à aimer quelqu’un tout en prétendant en être une autre. Le sacrifice était peu, elle l’avait lui et maintenant qu’elle ne l’a plus, qu’elle réalise qu’il a d’autres priorités, elle voit que se renier n’était pas la solution à leur couple. “Un compromis un peu ‘dangereux' quand même non ? Les deux parties sont pas censées se mettre d'accord dans un compromis ?” Elle penche la tête sur le côté réfléchissant à ce qu’elle pourrait répondre à Itziar. Ce sujet de conversation est encore bien trop neuf dans a tête pour qu’elle en ait toutes les réponses et là, elle ne sait quoi dire parce que Nicolas n’a pas vraiment fait de compromis et il a toujours été lui-même. « Ce n’était peut-être pas le mot le plus précis à employer en effet. » convient-elle en jouant machinalement avec ses cheveux. “C'est fou. T'as des mecs qui se font des films, alors qu'il y a rien du tout et qui deviennent complètement parano, mais le tien il s'est jamais rendu compte de rien ? T'es tombée sur le bon quand même, j'sais pas si t'es au courant.” Elle lève les yeux, touchée par la réflexion qui ne l’aide pas à se sentir mieux et en même temps, retenue de s’énerver par la pensée qu’elle l’a bien méritée et qu’elle doit apprendre à encaisser ces remarques qui seront quotidienne dès qu’elle parlera. « Je le sais, j’aurais jamais autant cherché à lui plaire si ça n’avait pas été le cas. » Et fatalement, elle ne se sentirait pas aussi mal aussi. Comme quoi, elle aurait dû continuer à s’en tenir à sortir avec des mauvais garçons.

“Plus t'attends plus ce sera dur.” Lui signale Itziar, ce qui constitue encore l’une de ces remarques qu’elle sait intérieurement mais qu’elle refuse d’entendre parce que ça précipite encore plus sa relation vers la fin. Elle aurait tellement voulu revenir dans le passé, dire à la Clara d’il y’a quatre ans qu’elle doit être elle-même, au risque de ne pas plaire autant qu’elle voudrait à Nicolas, lui dire que c’est le pire de ce qu’elle pourrait faire que de le laisser tomber amoureux d’une femme qui n’existe pas et qu’elle s’en voudrait toute sa vie. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Pourquoi n’a-t-elle pas réfléchi à cette conséquence ? “Après, je te dis pas de tout lui balancer à la figure demain, là comme ça. Ce serait un conseil complètement idiot parce que même si je peux pas comprendre, j'entends bien que c'est bien plus compliqué que ça.” Oui, ça l’est parce qu’elle sait qu’elle pourrait poursuivre cette double vie si elle le voulait, que les absences encore plus récurrentes de Nicolas lui permettrait. Seulement, elle ne veut plus mentir. Quelque chose a changé. « Oui. Il faut que je décide de le laisser partir, parce que c’est le mieux pour nous, alors que ni l’un ni l’autre ne veut ça. Je sais que je peux être la pire, il m’aimera toujours et ça, c’est le pire. » Avant elle, il avait déjà connu une histoire difficile dont il avait eu énormément de mal à se remettre. Elle s’en veut d’avance de le replonger là dedans. « Je sais, j’aurais du y penser avant de jouer un double jeu avec lui. J’étais jeune et stupide quand je l’ai rencontré, je voulais être avec lui et la situation m’a échappé des mains. » Pour résumer parce qu’Itziar n’a probablement pas non plus toute la nuit pour écouter ses lamentations. “Mais si au fond de toi tu sais qu'il faut arrêter. Commence peut-être par là ? Ca sauvera peut-être pas ton couple, mais ce serait sans doute un bon début. Rien que pour toi, si tu te retrouves plus dans tout ça, tu peux pas continuer ou tu vas finir par péter un câble.” Elle a raison. Et parce que ça reste dur à entendre, Clara s’empresse de saisir un breadsticks qu’elle enfourne dans sa bouche pour ne pas avoir à répondre à Itziar qu’elle marque un point. “Après qui sait, peut-être que c'est même quelque-chose qu'il pourrait te pardonner.” Mais est-ce qu’elle veut ? Qu’il lui pardonne, qu’ils restent ensemble dans une relation qui ne lui ressemble pas, ou bien qu’ils restent amis à se torturer de ne pas être ensemble justement. « Il en serait capable, mais je crois que je préfèrerais qu’il ne le fasse pas. » A bien y réfléchir.

Soit elle était tombée sur le meilleur parti d'Australie, soit elle était tombée sur le mec le plus naïf qui puisse exister. Ou au contraire, c'était sa naïveté qui faisait de lui un si bon parti. Parce qu'il ne suspectait rien, n'avait pas l'air de s'inquiéter de quoi que ce soit et lui laisser la possibilité de vivre sa double vie sans trop de difficultés. Le rêve de toutes les femmes qui devaient supporter un homme jaloux au possible qui agit plus comme un enfant que comme un mec mature. Peut-être que tout n'était pas que lui non plus, après tout, la jeune femme était peut-être une actrice très convaincante qui savait parfaitement quoi dire pour ne rien laisser paraître et ne pas laissait au doute le moyen de s'installer. Peut-être qu'ils s'étaient bien trouvés tous les deux finalement. Sa crédulité lui permettait à elle de passer habilement de partenaire en partenaire sans qu'il ne se doute de rien et son attitude à elle lui permettait probablement de ne pas se douter de quoi que ce soit, s'imaginant que sa relation n'avait rien de plus normal. Aussi dysfonctionnel que cela pouvait paraître à Itziar, peut-être que ça avait très bien marché jusqu'à maintenant et que les deux parties étaient aussi épanouies l'une que l'autre. Qui était elle pour juger de toute façon ? Le fait de ne pas comprendre ne lui donnait pas ce droit pour autant. C'était d'ailleurs plutôt tout le contraire. Alors, elle hausse les épaules Itziar, parce que Clara a l'air bien au courant de tout ça, elle n'est pas aveugle, elle se rend bien compte de ce qu'elle a. “Je le connais pas, je te connais pas non plus, mais je suis sûre que tu lui aurais tout autant plu en étant toi-même.” Lui répond-elle quand même. Parce qu'elle ne pouvait pas croire que tout ce qu'elle montre ne soit qu'une façade. Dans ce qu'elle offrait à son copain, il y avait forcément une part d'elle-même. De la vraie Clara.

Elle ne veut pas improviser des conseils, elle ne veut pas non plus dire à la jeune femme ce qu'elle doit faire. Ce n'est pas son rôle. Elle n'est personne pour elle, elle n'a donc aucune légitimité à faire ça et loin d'elle l'idée de reproduire les erreurs qu'elle avait pu commettre avec l'australienne par le passé. Elle essaye de rester neutre, elle n'a pas d'avis à donner, parce que ça ne la regarde pas, d'une part et que l'autre, elle ne comprend pas très bien la situation. La seule chose qu'elle peut faire c'est écouter, faire de son mieux pour tenter de comprendre sans juger. “Je pense que t'as pas à t'en vouloir. Tu pouvais pas savoir les proportions que ça allait prendre. T'aurai pas pu y penser non plus. C'est comme ça et c'est tout. Dans tous les scénarios possibles il y aura forcément quelqu'un qui souffrira.” Que ce soit elle ou son compagnon, voire tous les deux d'ailleurs. Ce n'est pas parce qu'elle a tendance à aller batifoler à droite et à gauche qu'elle ne l'aime pas, au contraire, Itziar peut voir qu'elle tient à lui. C'est sûrement ce qui rend la situation encore plus complexe. S'il n'y avait pas de sentiment et pas d'attache, ce ne serait finalement pas si compliqué que ça d'y mettre fin. En revanche, quand l'amour s'en mêle, c'est d'autant plus compliqué. “Je peux pas te dire ce que tu dois faire, il y a que toi qui peux décider, mais si t'as besoin de boire un coup pour une quelconque raison, tu sais ou me trouver. Je ferai en sorte que ton verre soit toujours plein.” Qu'elle propose avec un sourire. Elle ne veut pas enfoncer le couteau dans la plaie plus que ça, elle ne veut pas non plus s'imposer un peu plus et l'agacer avec ses questions un peu trop personnelles et pas du tout appropriées pour quelqu'un qu'elle connait à peine. Surtout qu'à la base, son but était simplement d'envoyer sur les roses le mecs un peu trop lourd qui ne semblait pas comprendre que non ne veut pas dire oui. “Tu veux quoi comme pizza ? Ce sera probablement pas la solution à tes problèmes, mais ça devrait te mettre un peu de baume au coeur ou au minimum, ça te remplira l'estomac, ce qui est un bon début.” Annonce t-elle en poussant le menu imprimé sur une feuille cartonnée sous les yeux de l'australienne, la laissant choisir ce qui lui faisait le plus envie. Elle, elle se contentait d'à peu près tout, elle n'était pas difficile. Du moment que c'était mangeable, ça lui allait très bien. “J'ai pas goûté toutes les pizzas à la carte, mais j'ai jamais été déçue.” Elle s'arrêtait là régulièrement avant de rentrer chez elle après ses shifts, elle changeait souvent de commande et elle est toujours satisfaite du résultat. Il n'y avait que deux possibilités pour cela, soit elle avait toujours vraiment très faim et n'était donc pas très objective, soit toutes les pizzas étaient bonnes et il n'y avait donc pas de mauvais choix. C'était libre d'interprétation.

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Clara & @Itziar Cortés de Aguilar

Maintenant, il ne lui reste plus qu’à comprendre les motivations et raisons qui l’ont poussé à agir comme elle l’a fait. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi s’était-elle imposé le rythme d’une double vie pendant aussi longtemps ? Pourquoi Nicolas ? D’aussi loin qu’elle se rappelle, Clara n’avait pas été le genre à s’imposer la fidélité ou même à souhaiter de l’exclusivité dans une relation. Elle vivait au jour le jour et c’est cette façon de faire qui lui avait manqué pendant leur première année de relation et ce vers quoi elle aspire à revenir depuis que son couple a commencé à se dégrader. Elle n’est simplement pas faite pour vivre en couple, ce qui ne veut pas dire qu’elle aime moins, mais juste qu’elle a besoin d’autre. Seulement, la fidélité était la condition sinéquanone pour avoir Nicolas. “Je le connais pas, je te connais pas non plus, mais je suis sûre que tu lui aurais tout autant plu en étant toi-même.” Mais il n’aurait pas été à elle… C’était peut-être là toute la source du problème : l’égoïsme de vouloir l’autre pour soi. Clara ne répond rien. Son silence cache ce qu’elle ne peut avouer, ce qu’elle ne veut pas s’admettre. Elle avait joué un double pour le tromper, parce qu’elle le voulait mais qu’elle ne pouvait pas faire le sacrifice de sa personne, ou plutôt parce qu’elle n’était plus capable de le faire, elle a choisi le mensonge à l’honnêteté.

C’est une écrasante culpabilité qui s’empare d’elle. Et comme elle retardait depuis des années les effets de ce sentiment sur elle, c’est un tsunami qui se déverse et auquel elle doit faire face. Elle ne se cherche pas d’excuse et d’en parler avec Itziar lui permet de confronter son ressenti à quelqu’un qui ne lui en trouvera pas. Du moins, pas comme le fait Romy. Ce que Clara doit comprendre, c’est qu’elle a merdé mais que rien ne sert plus que de regretter mais d’avancer, de retenir la leçon et surtout de rendre à Nicolas sa liberté. Elle lui avait pris beaucoup trop de temps. “Je pense que t'as pas à t'en vouloir. Tu pouvais pas savoir les proportions que ça allait prendre. T'aurai pas pu y penser non plus. C'est comme ça et c'est tout. Dans tous les scénarios possibles il y aura forcément quelqu'un qui souffrira.” C’était très sympathique de la part d’Itziar que de minimiser la chose mais Clara était déjà une adulte en commençant à mentir et donc déjà en âge de comprendre qu’en empruntant ce chemin, c’était l’issue vers laquelle elle se dirigeait. Elle ne pouvait pas prétendre de ne pas savoir parce que si elle s’attendait à une chance que tout aille dans son sens, elle n’aurait pas menti. “Je peux pas te dire ce que tu dois faire, il y a que toi qui peux décider, mais si t'as besoin de boire un coup pour une quelconque raison, tu sais ou me trouver. Je ferai en sorte que ton verre soit toujours plein.” Et ça, c’était malheureusement tout ce que l’espagnole pouvait faire pour elle. Proposition qui vient droit au cœur de la blonde qui ne s’attendait pas à ce qu’une presque inconnue lui offre de l’écouter s’épancher sur ses problèmes de cœur. A dire vrai, que cette conversatoin soit allée aussi loin en dit beaucoup d’Itziar et de la patience qu’elle doit avoir pour autrui car en dehors du côté scandaleux, Clara donnerait de sa personne à très peu de monde si elle s’était placée de l’autre côté de la situation. « Merci, j’en prend bonne note ! » assure t-elle, se disant malgré tout qu’elle avait sûrement gaspillé assez du temps de la serveuse et que cette dernière ne méritait pas d’écouter les faux problèmes d’une gamine pleurnicharde et trop gâtée dans son genre. “Tu veux quoi comme pizza ? Ce sera probablement pas la solution à tes problèmes, mais ça devrait te mettre un peu de baume au cœur ou au minimum, ça te remplira l'estomac, ce qui est un bon début.” Oui, elle a raison et en l’écoutant, Clara se saisit du menu sachant de toute façon déjà l’avance, ce qu’elle va prendre : du fromage à la pizza. C’était jamais bien compliqué chez la demoiselle. “J'ai pas goûté toutes les pizzas à la carte, mais j'ai jamais été déçue.” « Je te fais confiance alors ! » glisse t-elle dans un sourire, mettant de côté ses pensées pour tenter d’aller vers quelque chose de plus léger et afin d’amorcer une réflexion d’arrière plan et non pas une qui bousille le moral. « Itziar ? » dit-elle après un instant de silence pour reprendre une fois qu’elle a l’attention de celle qui semble être devenue une amie. « Merci de m’avoir écouter, j’apprécie énormément. » Et c’était sincère, un gros retournement de situation quand on repense à leur première rencontre.