Sincère, je confiais à Noor ma première expérience lorsque j'avais quitté le nid festif familial pour emménager dans mon premier studio. Les premiers jours avaient été rudes, l'animation du bar où j'avais toujours habité me manquant horriblement en comparaison diamétralement opposée au silence parfait - que j'avais longuement qualifié de morbide - de mon nouveau logement. Plus d'une fois, j'avais songé à résilier mon bail et revenir dans ma chambre d'enfant afin d'être entouré de proches et des clients habituels me manquant plus que je n'oserais jamais l'avouer. Puis, j'avais persévéré, égo aidant, jusqu'à élaborer de nouveaux repères. Désormais, j'étais fier de mon parcours et de posséder mon propre domicile, d'avoir bâti ma vie au rythme de ma carrière et de mes rencontres tout en m'ayant forgé mon indépendance.

« Oui. Ca a un côté rassurant et réconfortant parce qu'il est toujours dans les parages et il attend toujours mon retour. Il est indépendant mais il n'est jamais bien loin. » Patronus menait sa propre vie, trépignant d'aller vagabonder à l'extérieur et me causer ponctuellement des frayeurs. Cependant, il y avait également ces moments plus tranquilles où il venait se blottir contre moi ou lors desquels il me toisait en attente que je lise dans ses pensées. Une certaine complicité s'était développée entre nous.

Noor regorgeait de projets intéressants pour orner Fortitude Valley d'appréciations positives lorsque mon humeur massacrante de déménager contre mon gré l'avait terni sans ménagement. Je me risquais à considérer la voisine tel un signe indiquant que ma vie empruntait une nouvelle tournure mais que ce n'était pas forcément pour le négatif, bien que je m'étais promis d'en tirer tous les avantages possibles lorsque j'avais accepté le marché des hommes du gouvernement suite à mon arrestation. Danser dans mon salon avec la jeune femme constituait un délicieux imprévu et je me plaisais à contempler son portrait, à dégager son regard pétillant d'une mèche rebelle de ses cheveux, à effleurer de mon pouce sa joue hâlée. « Hâte de découvrir tes capacités secrètes ! Je peux en avoir un avant goût ? » Je ris doucement. « Tu pourrais, oui. C'est tentant, en plus... » Je flirtais, malicieux, mon attention glissant de son regard à ses lèvres. Je me réjouissais ensuite de la promesse d'un second rendez-vous que me dédiait mon interlocutrice. « Ca tombe bien, j'ai toute une éducation à faire, » j'avouais concernant Bollywood, mon intérêt néanmoins présent, bien que la jeune femme m'attirait plus que le cinéma dans ce contexte. « J'espère que ton colocataire ne va pas s'inquiéter de ne pas te voir rentrer, » je soumettais en haussant légèrement les sourcils, espérant fortement que Noor me réponde par la négative ou qu'elle m'annonce l'absence de celui-ci, ce qui nourrirait mon fantasme qu'elle passe la nuit en ma compagnie.

Le concept que le manège que je mène avec Noor rime avec danger s'immisce sournoisement dans mon esprit mais je n'en fais que fi, me contentant de mordre discrètement ma lèvre inférieure en caressant suavement du pouce la joue de la trentenaire. Ce soir, je me plais à me livrer aux jeux du destin ; opportuniste, je considère que l'architecte se soit trompée d'appartement et se retrouve sur mon canapé relève d'une raison particulière que je me dois de saisir. Je chasse rapidement mes méfiances et ma rancune envers la gente féminine que m'a laissé amèrement Nadia en souvenir pour me plaire à l'idée d'une histoire sans attache avec ma voisine. L'inconnu qui l'enveloppe me charme : j'aime autant découvrir peu à peu l'identité de mon interlocutrice que de me réfugier derrière l'absence de sentiment pour flirter sans vergogne.

« Il est barmaid et il est pas prêt de rentrer, » m'annonce Noor en lorgnant sur sa montre et mon sourire se fait sincère, satisfait de comprendre que son meilleur ami ne se souciera guère de son absence ni que la brune opte pour renter de peur de l'en inquiéter. « Pourquoi, tu as hâte que je débarrasse le plancher ? » « Oh non, du tout, » je réplique spontanément et suavement. Je me mouve sur le canapé de manière à lui faire face, posant mon bras sur la tête du canapé. « J'ai pas de chat pour me tenir compagnie et m'éviter d'avoir peur dans ce grand appartement. Je peux rester ici avec vous deux ? » « Ce serait cruel de ma part de te laisser repartir vu ces conditions... » Je fais, joueur. « Patronus s'est déjà investi de sa mission, en plus, » je remarque en désignant du menton le félin, fidèle co-pilote avec les femmes. « Par contre, je te préviens que si tu décides de passer la nuit ici, ce pour quoi tu es la bienvenue, tu dormiras dans mon lit. » J'ose, audacieux. « Je peux même te prêter un t-shirt et tu pourras continuer de faire comme chez toi... Utiliser la douche si le coeur t'en dit. » Je saisis mon verre sur la table basse et en bois l'une des dernières gorgées qu'il contient. « Je fais partie de la catégorie de personnes qui a une télé dans leur chambre. Je trouve ça particulièrement plaisant de pouvoir regarder quelque chose, prêt à dormir, et n'avoir qu'à éteindre l'appareil pour rejoindre Morphée. Si tu veux, je t'invite à cette expérience et je peux même te laisser le choix du film. » Vu les traits tirés de Noor, je doutais qu'elle reste éveillée jusqu'à la fin, ainsi, le risque était moindre. Cependant, l'avantage restait entier de dormir possiblement sur le même matelas qu'elle, aussi aventurier cela soit-il vu la quantité d'étapes brûlées que cela représentait. « Promis, je serai sage. Je t'ai montré être réglo, de toute façon, » j'affirmais pour réduire à néant quelconque étiquette de psychopathe que je pourrais insinuer malgré moi. La dernière chose que je souhaitais était d'être trop avenant et de faire fuir l'architecte, même si celle si ne me paraissait pas être réticente ou craintive.

Noor avait pénétré l'enceinte de mon appartement sans invitation, en plein coeur de ma mauvaise humeur, et je ne pouvais que me congratuler d'avoir su conserver mon sang-froid lors de nos premiers échanges car sans cela, probablement que la scène actuelle ne se jouerait pas sur mon canapé, belle conséquence d'autres partages au cours de cette soirée inattendue.

Vif d'esprit, j'avais exploité mes arguments pour présenter l'ébauche d'une nuit agréable pour ma voisine, soulignant le fait qu'elle restait la bienvenue chez moi et enchérissant sur son aveu de ne pas désirer rentrer à son domicile. J'enchaînais les arguments, téméraire, et un sourire entendu prit possession de mes lèvres tandis que Noor répliquait : « Donc tu me veux habillée dans ton lit ? » « Je te veux dans mon lit, » je confirmais en évitant soigneusement la notion des vêtements, bien que ceux-ci me paraissaient cruellement superflus depuis notre danse improvisée. « Je suis pas très fan des écrans dans le lit » « Ah non ? » Je faisais, toisant sa mine boudeuse, mes doigts caressant distraitement son bras. « Mais je peux te proposer quelque chose pour te faire oublier la télé ? » « Avec plaisir, » je soufflais en dardant mes pupilles dans le regard sombre de mon interlocutrice. Je remarquais une de ses mains s'agripper au canapé alors que sensuellement, sa jumelle se glissait derrière ma nuque, insufflant de délicieux frissons qui coururent irrémédiablement le long de mon échine. Puis, un sentiment de douceur absolue contre ma bouche, ses lèvres chaleureuses joignant suavement les miennes dans un baiser qui inocula derechef une effervescence au creux de mon être. Lorsque la jeune femme se distança de quelques millimètres, assez pour que son souffle se coupe sur ma peau et que son nez caresse le mien, je levais les yeux vers les siens avant de glisser ma main dans ses cheveux, derrière mon oreille, conquérant ses lèvres avec envie. « En effet, c'est plutôt réussi pour oublier la télé, » je consentais avec une pointe d'insolence. « C'est peut-être même un sacrifice auquel je pourrais obliger... » Je poursuis en contemplant, entendu, le portrait de Noor. « Tu m'attires déjà, tu sais. T'es audacieuse, indépendante, intelligente... » Basé sur nos échanges du soir, je n'avais pas envie que nous nous quittions si tôt. Je glissais précautionneusement une mèche rebelle derrière son oreille, mourant d'envie de goûter de nouveau à ses lippes - désir que je m'appliquais à concrétiser lorsque je pressais de nouveau mes lèvres contre les siennes, réduisant sans scrupule la distance entre nous deux. Puis, je positionnais discrètement mon bras sous ses jambes de manière à la surprendre lorsque j'entreprenais de la hisser du canapé pour la déposer sur mon lit, comme précédemment nommé.

Il n'avait fallu que de quelques échanges sensuellement audacieux et un geste éloquent de la part de Noor pour que je succombe totalement à ses charmes. Le goût de ses lèvres contre les miennes se fit rapidement trop bref et profondément envoûté, j'étais désormais enquis d'un passionné désir de conquérant. Un de mes bras se glissa sournoisement sous les jambes de la jeune femme que je hissais du canapé pour l'entraîner dans la chambre, vers le lit que nous avions évoqué avec multiples sous-entendus. Le rire que mon entreprise lui arracha me fit sourire en coin, satisfait, et la température augmenta progressivement au sein de mon organisme, à mesure de l'emprise possessive de l'architecte sur mon t-shirt.

J'inspirais profondément entre deux baisers pulsant de concupiscence, l'effervescence exponentielle en mon être. Lorsque Noor susurra une nouvelle insinuation à mon oreille, une pulsion digne d'une décharge électrique sévit dans mon corps. « Tu ne seras pas déçue, » je faisais, la tête déjà noyée dans les sensations de plaisirs et de désirs et faisant davantage référence à la présence de préservatifs dans ma table de chevet qu'à une performance sexuelle que j'espérais imminente. Néanmoins, le caractère tendancieux de ma réplique, aussi involontaire soit-il, me plaisait bien avec le recul et je ne la reprenais donc pas, savourant plutôt le souffle de Noor contre mon cou.

Je surplombais la jeune femme, ses doigts s'immisçant sous mon t-shirt invoquèrent une nuée de frissons délectables. Son désir de proximité, ses ongles contre mon épiderme, sa bouche contre mon torse, ses doigts se glissant dans mes cheveux ; mon coeur se transforma en réel tambour et mes veines en brasiers ardents. Ma respiration se faisait plus profonde et alors que la distance devenait histoire complètement révolue entre nos deux silhouettes, je l'embrassais avec fougue. Entre deux baisers, je me redressais pour retirer totalement mon t-shirt que je lançais à l'extérieur du lit. Dans mon mouvement pour retourner contre Noor en vue de me délecter à nouveau de sa bouche, je tirais sur le dernier tiroir de la table de chevet pour en sortir un préservatif que j'abandonnais ensuite sur le matelas, libérant ma main pour la glisser sournoisement sous le haut de la trentenaire, avide de découvrir son corps afin de le marquer de mes caresses comme de mes baisers chauds. Indépendante, intelligente, impétueuse ; réellement, la liste de caractéristiques que j'accordais à Noor s'amplifiait proportionnellement à ma volonté de la fréquenter sur une base régulière et intime.

L'ébat terminé, un sourire de plénitude voguait sur mes lèvres et je m'installais aux côtés de Noor. Mes doigts glissèrent tendrement sur son ventre plat, mon corps délecté, puis je me redressais. Je saisissais le drap malmené à nos pieds pour le ramener jusqu'à nos tailles respectives. « Passe la nuit ici, » je l'invitais, rictus entendu, regard soutenu, mes doigts continuant d'effleurer sa peau, mes lèvres insatiables des siennes.

Sous le drap qui nous recouvrait désormais finalement, mon souffle et mon rythme cardiaque se stabilisaient progressivement. Mes muscles décontractés, encore épris du désir, s'enfonçaient dans le matelas avec plénitude. Néanmoins, l'esprit insatiable, mes mains continuaient de chérir doucement la peau hâlée de Noor, parcourant du bout de mes doigts ses bras. Je lui dédiais un regard satisfait quand elle obligea à ma demande en rétorquant qu'elle ne comptait pas partir, ce à quoi je rétorquais avec répartie : « Tu vas continuer de faire comme chez toi ? » Je m'humectais les lèvres, un rictus malicieux étira la commissure de mes lèvres. Jusque là, ma voisine avait démontré un certain talent pour imprégner généreusement de ses traces mon nouvel appartement.

Je glissais mon bras sous l'oreiller puis faufilais sournoisement mes lèvres dans son cou pour baiser tendrement sa chaire, m'enivrant de nouveau par la même occasion de son parfum. Noor exposait les avantages de son lieu de résidence qui lui permettait de revenir chez moi aisément et j'entourais son buste de mon bras avant de répéter : « Je t'ai fait tomber dans mes bras ? » Je souris fièrement et je me redressais sur mes coudes, toisant mon interlocutrice. « Et dans mon lit... » Je commençais à lister, déposant longuement des baisers sur sa poitrine dénudée. « Et dans le plaisir... » J'enchérissais, pressant sensuellement ses lèvres entre les miennes. Je me positionnais pour surplomber un peu plus l'architecte, caressant doucement son ventre plat. « Je ne suis pas sûr de pouvoir te résister de nouveau très longtemps... » J'avouais, embrassant de nouveau les lèvres de la jeune femme. « Je ne pense même pas vouloir te résister, en fait... » Je déclarais, sincère et joueur, contemplant son corps dévoilé. Je remontais ma main jusqu'à sa joue que je venais effleurer avec précaution.