(UA GOTHIQUE) -- « Tu sais quoi maman ? J’ai rêvé d’un oiseau la dernière fois, il était tout rouge, on aurait dit qu’il était en feu ! Tu crois que ça existe ? » Je relève la tête alors que Samuel s’adresse à moi, curieux d’avoir mon avis sur la question. « Je ne sais pas... Tu penses que c’est possible ? » Le petit garçon me regarde avec son air songeur, réfléchis une minute ou deux ce qui ne manque pas de me faire sourire. « C’est un Phénix. Un oiseau majestueux, sûrement l’une des créatures que je préfère, même si je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier s’ils existent encore. On dit qu’il a le pouvoir de guérir les blessures d’une simple larme et que ses plumes sont un don pour les potions et autres artefacts magiques. On dit aussi que lorsqu’il sent la mort arriver, il se consume et qu’il renaît de ses cendres ne trouves-tu pas ça fascinant Samuel ?! » Le petit garçon m’écoute avec une attention toute particulière. « Il symbolise la lumière du soleil et il est unique, c’est pour ça qu’il est si rare. Quand j’étais petite, je rêvais d’avoir un phénix pour compagnon de voyage. J’ai malheureusement dû me contenter de notre bon vieux Mister Pickles ! Il n’a pas la prestance de l’oiseau de feu, mais il a le mérite d’être là. » J’aurai encore pu lui parler des heures de cette créature fascinante, mais la cloche de la porte finit par me tirer de ma rêverie et le visage qui passe le pas de la porte m’est familier.

« Bonjour. » Je ne pensais pas qu’elle reviendrait par ici après la façon dont je l’avais traitée la dernière fois. « Je tiens à vous présenter mes excuses pour l’autre jour.  Je n’ai pas pour habitude de malmener mes clients, j’espère ne pas vous avoir fait peur... les circonstances étaient particulières, je me devais d’agir pour la protection de tous. » Est-ce qu’elle avait eu le temps de remarquer les signes de magie ? Peut-être, ce jour-là, protéger mon secret avait été le cadet de mes soucis. « Je suis contente de voir que vous êtes en bonne santé. » Et par là j’entends toujours en vie.

(UA GOTHIQUE) -- « Rien n'était de votre faute. Grands dieux, je suis même ravie de vous voir en un seul morceau, vu votre dernier client » Je lui adresse un sourire, je me sens forcée de m’excuser pour la dernière rencontre que nous avons eu. Je l’ai mise à la porte, virée comme une malpropre et même si c’était pour nous protéger, j’ignore comment elle a pu prendre la chose. « Ravie de vous revoir vous et votre fils. Récemment, avec tout ce qui arrive ici, je m'attends toujours au pire dans ce genre de circonstances... » Je laisse Samuel s’avancer, désireux de vouloir voir ce qui se trame dans la boutique. « Vous avez raison de vous montrer prudente. On ne sait jamais ce qui peut se tapir dans l’ombre. » Je baisse un instant le regard, ça me blesse de devoir parler d’Abraham comme ça. Je sais qu’au fond il n’est pas mauvais, mais je me garde bien de défendre le jeune vampire en ce lieu.

« On m'envoie du couvent pour récupérer quelques plantes, mais je dois avouer que je n'y connais rien en botanique » Je m’avance pour venir me saisir du bout de parchemin qu’elle gardait jusqu’à présent. La liste des plantes est assez basique, rien de bien extravagant pour un couvent cela dit. « Samuel tu veux bien te charger de préparer la commande de cette dame ? » Je confis la tâche à mon fils, le petit garçon voit son visage s’illuminer alors que je lui confis le bout de parchemin griffonné. Samuel s’éloigne, je lui fais assez confiance pour ça alors que de mon côté je reporte mon attention sur la visiteuse. Elle semble angoissée, anxieuse peut-être, je peux le percevoir dans l’énergie qu’elle dégage. « On ne risque plus rien, hein ? »
Je grimace légèrement. « Dans cet instant, non. Pour le reste je ne peux pas vous le garantir... Je peux cela dit vous offrir quelques protections. Cela ne vous protégera pas totalement, mais ça pourrait repousser un peu les choses qui tapissent vos nuits. » Est-ce qu’elle rêve de ce qui s’est passé l’autre nuit ? Sûrement. « La belladone est un excellent répulsif, tout comme l’aconit... Quant à la verveine, elle rendra votre sang indigeste et donc moins attirant. »

(UA GOTHIQUE) -- Repenser à la venue d’Abraham ne me perturbe pas plus que ça, je n’en rêve pas la nuit et dans le fond ce qui me préoccupe le plus, c’est l’avenir. Samuel se pose déjà tout un tas de questions et je sais que je ne pourrais pas l’empêcher de se montrer curieux, tout comme je ne pourrais pas lui faire oublier Abraham en un claquement de doigts. Il connaît le monde qui nous entoure, mais du haut de ses six petites années, j’ose espérer qu’il puisse garder un peu d’innocence encore tout en le regardant grandir. Le voir s’enhardir de sa petite liste, bourré de responsabilité ça me rend fier et j’ose espérer qu’il le sait. Samuel écarté, j’engage la discussion avec la brune. « Oh, je n'ai pas les moyens de prendre plus que ce qui est sur cette liste » Je lève la main en guise d’apaisement. « Ne vous souciez pas de ce genre de détail. » Non je n’offre pas à tout va mes services, sans quoi je serais sur la paille, mais contrairement à d’autre, je me charge de protéger mon prochain dès que j’en ai l’occasion. « Il faut les ingérer ? Tous ? Est-ce qu'il n'y a pas des poisons dedans ? » Je souris, loin de vouloir me moquer alors que je viens me saisir de quelques plantes avant de l’inviter à me suivre jusqu’au comptoir. « C’est précisément pour ça qu’elles sont redoutables. La belladone et l’aconit sont en effet toxiques, voir mortelles lorsqu’elles ne sont pas utilisées à bon escient. Je vous déconseille de la consommer, même à petites doses, les risques sont trop grands pour une néophyte. En revanche... Infusées, elles feront un excellent répulsif contre les créatures de la nuit. Ca ne les tuera pas, mais la brûlure que cela leur infligera vous permettra de fuir. » Gagner du temps n’est jamais perdu. « Et si vous y trempez une lame, elle deviendra toxique pour le vampire ou le loup qui en sera victime. La blessure ne cicatrisera pas tout de suite et la douleur sera grande. » Je sais qu’elle doit se dire que ma réaction est cruelle, elle la fille de dieu, mais j’ai tendance à donner les armes pour qui veut se défendre, je n’incite en rien à les utiliser.

« La verveine, on en a au couvent... Pas vraiment à mon goût, mais si vous pouvez m'assurer que ça aide vraiment... » Là encore, je ne peux m’empêcher de laisser passer un rire légèrement amusé. « Mettez donc quelques feuilles de roses, ou même quelques baies. Je ne vais pas vous promettre monts et merveilles, mais disons que les vampires n’apprécient pas trop croquer la verveine. Cela dit, certains se fichent pas mal tant ils sont aveuglés par la soif. La malédiction les a rendu sourd à toute raison. » Je viens emballer les quelques plantes dont je viens de lui parler. « Ne vous baladez pas seule. Ca fait de vous une proie facile. » Je réalise que mes mots peuvent aisément l’effrayer. « Désolée, je ne cherche pas à vous terroriser. »