Malone ♣ Ghosts everywhere, everytime.

Ghosts everywhere, everytime.

@Malone Constantine ft. Maritza Gutiérrez

Était-elle en train de perdre la tête ? Son manque de sommeil jouait-il sur sa santé mentale ? Devenait-elle folle ? Des questions qui passaient en boucle dans sa tête depuis quelques jours désormais. Maritza ne savait plus si elle rêvait, si elle devenait paranoïaque ou si elle était totalement en train de perdre ses nerfs. Cela faisait en effet quelques jours que la mère de famille se sentait épiée. C'était parfaitement ridicule, elle en avait conscience mais elle n'arrivait pas à s'ôter l'idée de la tête. Tout avait commencé lorsqu'elle avait cru voir du mouvement derrière la haie de leur jardin. Elle s'était approchée de la fenêtre du salon et avait fixé l'extérieur. En la voyant faire, Alejandro lui avait dit qu'un chat avait dû passer et pour ne pas l'inquiéter Maritza avait approuvé. Pourtant, oui pourtant, elle aurait pu mettre sa main à couper qu'elle avait vu un morceau de tissu noir. Depuis quand les chats sauvages portaient-ils des vêtements ? Quelques jours plus tard, en allant acheter du pain, elle avait eu l'impression d'entendre quelqu'un marcher derrière elle. Elle avait ralenti la cadence et les bruits avaient ralenti aussi. Son cœur battant un peu plus vite, elle n'avait pas osé se retourner mais avait regardé dans le reflet d'une vitrine. Là encore, elle aurait pu juré avoir vu quelqu'un se cacher au dernier moment dans une ruelle perpendiculaire. Depuis ce jour, elle avait l'impression de sentir le regard de quelqu'un lui brûler la nuque. Elle n'avait osé en parler à personne. Personne ne l'aurait prise au sérieux, et pire, ils se seraient sans doute moquer à gorge déployée de ce qu'elle leur racontait.

Aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Le patron de l'hôtel pour lequel elle travaillait à mi-temps l'avait appelée pour savoir si elle pouvait exceptionnellement travailler la nuit. Mari avait hésité un peu mais avait fini par accepter. Elle avait besoin d'argent et toutes les propositions de travail étaient bonnes à être saisies. Elle savait que cela risquait d'être difficile pour elle. Levée depuis les quatre heures du matin, travailler de vingt-deux heures à six heures risquait d'être très difficile. Elle avait juste eu le temps de rentrer chez elle afin de préparer à manger à ses enfants, de dîner avec Alejandro en toute hâte et d'aller le coucher. Cesar avait promis qu'il passerait la nuit à la maison et la mexicaine avait choisi de le croire – après tout elle n'avait pas le choix – et sur les environs de vingt et une heure trente elle avait repris la route en direction de l'hôtel. A peine avait-elle démarré sa voiture, tourné à l'angle de la rue qu'elle avait vu dans son rétroviseur intérieur une voiture surgir de nulle part. Suspicieuse Maritza n'avait eu de cesse de la surveiller pour voir si elle s'arrêtait ou si au contraire elle continuait d'emprunter le même chemin qu'elle. Cela avait duré longtemps, et lorsque la mère de famille s'était garée sur le parking des employés elle avait constaté que la voiture n'était plus derrière elle. Elle aurait dû être rassurée pourtant elle ne l'était pas. La nuit était tombée et la brune sentait une certaine angoisse grandir en elle.

Elle prit son sac à main, sortit à la hâte de la voiture et se mit à marcher rapidement en direction de l'entrée. Elle entendit soudainement un craquement derrière elle et sans plus réfléchir se mit à courir. Maladroite et peu concentrée, elle ne vit même pas l'agent de sécurité qui se trouvait à l'entrée et lui fonça dessus. Lorsqu'elle le percuta, elle faillit tomber mais se raccrocha comme elle le pouvait à son bras. Elle releva le visage et fut soulagée de constater qu'il s'agissait de Malone. Cela faisait des années qu'ils travaillaient ensemble. Même s'ils n'étaient pas à proprement parlé « amis », Gutiérrez avait toute confiance en lui. Essoufflée et les traits tirés par la fatigue et la peur elle balbutia : « J'suis désolée Malone, je ne t'avais pas vu c'est que... » Elle s'arrêta de parler, et frémissante tourna la tête pour regarder d'où elle venait. Les sourcils froncés, elle essayait de voir dans la pénombre qui avait bien pu la suivre ainsi. Elle se pinça les lèvres en prenant conscience qu'il n'y avait personne et marmonna penaude : « J'ai entendu du bruit, j'ai eu peur. ». Elle se sentait ridicule et se maudissait de paraître si fragile aux yeux des autres. Elle acheva à l'attention du garçon : « J'espère que je ne t'ai pas fait mal. ». Il y avait peu de chance que cela soit le cas mais la mère de famille préférait s'en assurer.

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lieu: emerald hotel, bayside.

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Il releva un regard blasé en direction du responsable du jour. « Pour de vrai ? Deux jours de suite ? » Le quarantenaire haussa lassement les épaules, avant de reporter son regard sur le moniteur qui analysait faits et gestes du grand hall. Soupirant, le jeune homme tourna alors les talons en trainant quelque peu des pieds. S’il y avait bien un des endroits à l’hôtel où Malone détestait être posté et en même temps appréciait différemment, c’était l’entrée du personnel. Il ne se passait jamais grand chose, de ce côté-ci du bâtiment, cette porte ne laissant entrer malheureusement que trop de personnes au regard aigri et à la mine déconfite. De plus, il savait pertinemment que si James devait débarquer un jour, il arriverait de ce côté-ci de l’hôtel - et moins Malone le croisait, mieux il se portait c’était une chose certaine. En revanche, le point positif et qui était d’ailleurs le seul à ses yeux, c’était de pouvoir croiser les autres personnes travaillant au sein de l’Emerald, qu’elles appartient à l’équipe de sécurité ou non. Il pouvait, avec les années, presque mettre un prénom sur tous les visages qui passaient la porte, et même si ce n’était pas grand chose cela représentait une petite fierté personnelle.

Ce fut pour cette raison qu’il avait reconnu Maritza bien avant qu’elle ne s’approche complètement de lui. Cela faisait quelques années maintenant qu’ils travaillent tous les deux au même endroit, et même si l’hôtel n’était pas si petit que ça, il était aisé de tisser des liens et de croiser toujours les mêmes personnes. Si Constantine avait aperçu la mère de famille s’approcher de lui - cela voulait également dire qu’il était attentif et c’était plutôt une bonne nouvelle, car c’était là son poste du jour de faire attention à ce qu’il se passait autour -, cette dernière n’avait pas cependant fait autant d’efforts de son côté car elle lui rentra dedans de manière un peu précipitée une fois arrivée à hauteur de la porte. « Hey, hey ! » Bien sur qu’il avait ajouté une touche d’humour et de bonne humeur dans ces deux simples mots, alors qu’il attrapait à son tour Maritza par les épaules pour la stabiliser. « J'suis désolée Malone, je ne t'avais pas vu c'est que… » Quelque-chose dans la voix de la femme sonnait différent de d’habitude - il aurait pu parier que c’était un brin d’inquiétude qui était en train de percer. Le comportement qu’elle adopta dans les secondes qui suivirent corrélait avec cette idée, d’ailleurs; si bien qu’instinctivement, perdant toute trace d’humour sur son visage, fronçant les sourcils et regardant à son tour aux alentours, Malone s’était mis aux aguets sans savoir pour quoi c’était effectivement cette réaction que son corps lui dictait d’avoir. « Y’a quelque-chose qui va pas ? » - « J'ai entendu du bruit, j'ai eu peur. J'espère que je ne t'ai pas fait mal. » Sans attendre une seconde, Malone secoua quelque peu la tête pour lui affirmer que ce n’était pas le cas par les gestes dans un premier temps. Et avant de prendre la parole, il pivota sur lui-même pour que Maritza se retrouve entre la porte de l’hôtel et lui, et non que l’inverse soit de mise, pour en quelques sortes la mettre à l’abri - réflexes militaires, de ceux qu’il était impossible de perdre. « Je suis plus solide que ça, t’en fais pas. » Jetant un nouveau coup d’oeil par dessus son épaule, s’assurant qu’il n’y avait effectivement rien derrière lui, il posa par la suite avec plus d’attention son regard sur le visage de sa collègue. « J’ai l’impression que t’as vu un mort par contre, t’as l’air d’avoir plus peur que juste un bruit. » Il fit un petit signe de tête. « Je t’accompagne à l’intérieur ? » Il ne se passerait pas grand chose s’il détournait son attention un instant ou deux de la porte d’entrée; et puis, c’était aussi son rôle que de veiller aux employés qui faisaient des allers et venues à l’hôtel.

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La manière dont il lui avait attrapé les épaules afin de la soutenir physiquement apaisa quelque peu la femme de chambre. La présence de l'agent à ses côtés la rassurait et intérieurement elle se disait qu'elle n'avait rien à craindre désormais. Son regard réconfortant, ses yeux souriants ainsi que sa voix joyeuse auraient dû suffire à totalement la calmer pourtant Maritza peinait à retrouver ses esprits. Tremblante, elle avait du mal à se remettre de ses émotions. Lorsqu'elle lui avait expliqué qu'elle avait entendu du bruit derrière elle, elle s'était attendue à ce qu'il se moque d'elle, ou qu'il prenne tout cela à la légère. Ce fut cependant le contraire qui se produisit. Son visage avait repris un air sérieux tandis qu'elle le vit scruter l'horizon à la recherche d'un éventuel intrus. Avec délicatesse et prévenance, il pivota en faisant de même avec elle et la plaça ainsi entre l'entrée de l'hôtel et son corps. Maritza remerciait sincèrement Dieu – avec qui elle était en conflit depuis quelques temps maintenant – d'avoir placé Malone sur son chemin et non Peter. Ce dernier faisait partie des employés qu'elle ne supportait pas. Prétentieux, hautain, beau parleur, il passait plus de temps à montrer ses bras musclés qu'à surveiller ce qui se passait autour de lui. A chaque fois qu'une petite jeune était engagée, il tentait de jouer de son charme afin de pouvoir la mettre dans son lit. Ce comportement débectait Maritza qui ne prenait même plus la peine de lui dire bonjour lorsqu'elle le voyait. A l'inverse, elle mettait en garde toutes les jeunes femmes qui débarquaient. Certaines l'écoutaient, d'autres l'ignoraient. Elle s'en fichait bien, après tout elles étaient libres de prendre leurs propres décisions. Avec Malone, c'était différent. Il y avait quelque chose de simple chez ce garçon, une gentillesse qui n'était pas feintée, un sérieux dans son travail qui n'était pas exagéré. Elle avait toujours apprécié l'agent et prenait parfois le temps de lui amener un café qu'ils buvaient alors que l'homme était toujours en poste.

Ce soir donc, la brune était soulagée d'être tombée sur lui. Nerveuse, elle attendait qu'il ait fini d'analyser la situation. Elle était persuadée que quelqu'un se cachait à l'orée des buissons, elle le sentait jusque dans le fond de ses tripes. « Je suis plus solide que ça, t’en fais pas. » La brune lui fit un petit sourire en acquiesçant. Malone continuait d'observer l'horizon puis ajouta : « J’ai l’impression que t’as vu un mort par contre, t’as l’air d’avoir plus peur que juste un bruit. » Par réflexe elle se mordit l'intérieur de la joue et baissa la tête mal à l'aise. Pouvait-elle lui dire qu'elle avait l'impression d'être suivie depuis quelques temps ? N'allait-il pas la croire folle ? Depuis la mort de Maria, la mère avait du mal à refaire surface. Son travail était toujours aussi efficace mais il était fait par habitude, mécaniquement. Son esprit était toujours ailleurs, son regard bien souvent dans le vide. « Je t’accompagne à l’intérieur ? ». Elle hésita quelques instants, se sentant coupable de déloger Malone de son poste mais accepta : « Je veux bien oui. ». Elle se dirigea alors jusqu'à l'entrée, suivie de l'agent. Une fois à l'intérieur du bâtiment, elle soupira longuement et se tourna vers le jeune homme. Elle accrocha son regard puis décida de lui avouer une partie de ses craintes : « Je... Y a une voiture qui m'a suivie depuis chez moi... » Elle choisit volontairement de ne pas s'étaler davantage, de ne pas lui parler de ce regard qu'elle sentait posé sur elle depuis des jours. Pas la peine de passer pour une hystérique ou une femme totalement paranoïaque. Elle finit par passer une main dans sa nuque et marmonna : « Enfin je crois. C'est peut-être mes nerfs qui me jouent des tours. » suggéra-t-elle. Si elle se montrait rationnelle, il n'y avait aucune raison pour que quelqu'un la suive. Elle n'avait pas de problèmes avec les gens, était loin d'être une personne aisée que l'on pourrait dérober. La seule explication possible était que Sergio avait eu des problèmes et que cela lui retombait encore dessus. A chaque fois que quelque chose allait mal dans sa vie, son ancien compagnon y était mêlé de près ou de loin. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre et dit à l'attention du garçon : « Merci de m'avoir accompagnée, mais tu devrais y retourner. Je ne veux pas que tu aies des ennuis. » Si quelqu'un se rendait compte de son absence, ils pouvaient tous les deux être sûrs que le jeune homme se ferait taper sur les doigts et Maritza ne souhaitait surtout pas que cela se produise.

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Même si une inspection rapide de la part de Malone ne lui avait pas permis de mettre le doigt sur quelque-chose d’inhabituel aux abords de l’entrée des employés, ce n’était pas pour autant qu’il n’allait pas croire Maritza sur paroles - surtout que cette dernière semblait être franchement perturbée par quelque-chose et qu’il n’était pas possible de feinter autant. Il compara même son attitude à celle de quelqu’un ayant vu un fantôme tant elle semblait comme dissociée de ce qui pouvait réellement se passer autour d’elle, Malone lui proposa de l’accompagner à l’intérieur du bâtiment, là où elle aurait davantage le loisir de se sentir en sécurité. « Je veux bien oui. » Hochant la tête pour accuser réception de cette demande, il lui indiqua d’une main la marche à suivre tout en se positionnant derrière elle pour fermer le passage. Au moins, si cette menace qui la mettait dans tous ses états se trouvait derrière eux, même s’il ne pouvait l’identifier pour le moment, il serait là en guise de parade.

Ils ne firent que quelques pas, pas grand chose, simplement assez pour s’éloigner de la source du problème. Et puis, l’atmosphère apaisante de l’hôtel de toutes parts permettait de se sentir bien plus à l’abris ici que partout aux alentours. « Je... Y a une voiture qui m'a suivie depuis chez moi… » Ils avaient arrêté leurs pas, si bien que Malone put se tourner vers elle alors qu’elle prononçait ces paroles. « Pardon ? » C’était l’étonnement qui primait dans l’intonation de sa voix, car si c’était ce qui lui filait la frousse comme ça, c’était un tout autre niveau que simplement avoir entendu un bruit, une voix, un quelque-chose. « Enfin je crois. C'est peut-être mes nerfs qui me jouent des tours. » Le regard clair de Constantine se posa sur les traits du visage tirés, fatigués, de la mère de famille. Bien sur qu’il n’était pas sans savoir que les derniers mois n’avaient pas été de tout repos pour Maritza, et effectivement peut-être que ses nerfs lui jouaient des tours, ce n'était pas à mettre de côté. « Toujours autant compliqué de trouver le sommeil ? » Il n’y avait aucun jugement dans sa voix, mais une dose supplémentaire de compassion. Il n’avait pas eu le loisir de savoir ce que ça faisait de perdre un enfant, Dieu merci, mais il pouvait imaginer la peine que le coeur de sa collègue devait porter désormais. Il avait perdu des proches alors qu’il était lui-même encore trop jeune, et il devait faire face à la peine engendrée par ces pertes encore aujourd’hui.

« Merci de m'avoir accompagnée, mais tu devrais y retourner. Je ne veux pas que tu aies des ennuis. » Il secoua la tête en première instance. « Je vais pas avoir d’ennuis. » Il pouvait avoir des ennuis, il le savait, mais très honnêtement ce n’était pas quelque-chose qui lui faisait peur, pour plein de raisons. « J’aurais des ennuis s’il t’arrive quelque-chose alors que je suis là pour surveiller que ce soit pas le cas. » Il ajouta à ses mots un petit sourire qui se voulait rassurant. « Et puis, je connais la grande chef: je lui ferai les yeux doux si on me fait des reproches et qu’on menace de me montrer la porte pour avoir été présent pour une collègue. » Il n’aurait jamais le courage d’aller jusqu’à en parler à Cristina - cette femme semblait sans pitié et lui faisait peur depuis le premier repas de famille qu’elle avait pu partager avec eux, lui qui avait pourtant côtoyer les champs de bataille et les camps d’entraînement de l’armée -, mais l’idée était là: il n’hésiterait pas user de ses relations si jamais quelqu’un commençait à discuter de son comportement de ce soir. « Tu penses vraiment que t’as été suivie ? Parce-que c’est plus cette partie là de l’histoire qui m’inquiète que les ennuis que je pourras récolter, Maritza. » Il ne connaissait pas les détails de sa vie, n’avait en mains que le peu qu’elle avait partagé avec lui autour d’un café une fois ici et là, mais il était suffisamment perspicace pour comprendre que ce n’était pas le genre de chose anodine, et surtout que ce n’était pas le genre de choses qui se ressentait lorsque tout autour de nous allait bien. Il savait par exemple que durant une période de sa vie, il avait pu énerver quelques autres lorsqu’il trainait un peu trop dans la rue - d’autres personnes qui pourraient en être à toujours lui en vouloir à l’heure actuelle; si un jour il avait l’impression de se faire suivre, ce serait effectivement peut-être le cas. Il espérait simplement que ce ne soit pas quelque-chose de cet acabit là pour la brune face à lui, sur qui il posait désormais un regard inquiet.

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Lorsque Maritza avait émis l'hypothèse qu'une voiture la suivait, Malone n'avait pu cacher sa surprise et son étonnement. Elle avait baissé la tête, quelque peu honteuse d'affirmer une telle chose alors qu'elle n'avait pas la moindre preuve si ce n'était cette sensation d'être suivie. Elle avait rapidement tenté de se justifier en expliquant qu'il s'agissait peut-être de ses nerfs qui lui jouaient des tours, ce à quoi l'agent lui avait demandé : « Toujours autant compliqué de trouver le sommeil ? » Elle se pinça les lèvres tandis que sa poitrine se soulevait. Elle ne parvint pas à articuler le moindre mot mais hocha affirmativement la tête. Ce n'était pas la peine de mentir à Malone ou de minimiser la réalité, son visage parlait pour elle. Si elle tentait de garder bonne figure au travail – elle n'avait pas le choix à cause des clients – ses joues creusées ainsi que ses cernes prouvaient à tous que la mère de famille passait des nuits difficiles. Il lui arrivait par moments de ne dormir que quelques heures quand certains soirs elle n'arrivait tout simplement pas à fermer l'oeil.

Alors qu'elle venait de remercier Malone, ce dernier insista en lui disant qu'il n'aurait pas d'ennui. Maritza lui avait jeté un coup d'oeil qui laissait entendre qu'elle savait pertinemment qu'il était en train de lui mentir. Ils bossaient tous les deux pour le même employeur et tous les deux savaient donc à quel point il pouvait s'énerver lorsque le boulot était mal fait. Maritza n'avait pas souvent croisé Cristina et elle préférait que cela reste ainsi. Il y avait quelque chose chez cette femme qui lui glaçait le sang et la mettait mal à l'aise. La mexicaine n'aurait su dire pourquoi, ce qu'elle savait c'était qu'elle mettait tout en œuvre pour ne pas avoir trop souvent à faire à elle. « J’aurais des ennuis s’il t’arrive quelque-chose alors que je suis là pour surveiller que ce soit pas le cas. » Le petit sourire qu'il lui offrit ainsi que ses mots rassurants réchauffèrent quelque peu le cœur de la brune. Nerveusement, elle continuait de jouer avec l'une de ses bagues qu'elle faisait rouler sur son son doigt. « Et puis, je connais la grande chef: je lui ferai les yeux doux si on me fait des reproches et qu’on menace de me montrer la porte pour avoir été présent pour une collègue. » Maritza écarquilla les yeux face à cette promesse et se dépêcha d'ajouter : « Certainement pas ! » Elle marqua une petite pause afin de chercher ses mots. Elle savait que Malone avait plus ou moins un lien avec Cristina, mais elle ignorait de quoi il s'agissait réellement. Ne souhaitant pas tenir des propos déplacés, la femme de ménage hésitait puis finit par chuchoter : « Elle est terrifiante. » Un petit sourire taquin éclaira momentanément son visage. Elle donnait l'impression d'être soudainement redevenue une enfant qui avait peur de se faire gronder par un adulte.

L'agent de sécurité reprit son sérieux et ne souhaitant pas abandonner cette histoire de filature, il relança : « Tu penses vraiment que t’as été suivie ? Parce-que c’est plus cette partie là de l’histoire qui m’inquiète que les ennuis que je pourrais récolter, Maritza. ». La cinquantenaire se gratta nerveusement la nuque, hésita de longues secondes et puis finit par s'asseoir sur un fauteuil qui se trouvait à proximité d'eux. Ses jambes tremblaient tout comme ses mains, la nervosité qu'elle ressentait transpirait de tout son être. Elle prit une profonde inspiration et marmonna : « Quand je suis partie de chez moi, une voiture a surgi de nulle part et m'a suivie... J'en suis sûre, elle a emprunté les mêmes routes que moi. » Le dire à voix-haute s'avérait bien plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle se sentait parfaitement stupide et commençait elle-même à douter de ce qu'elle était en train d'avancer. Elle n'avait aucune preuve et le fait qu'une voiture roule derrière la sienne n'indiquait rien de particulier si ce n'était sans doute un itinéraire similaire. Elle se racla la gorge, et hésitante à nouveau poursuivit : « Mais c'est pas tout, depuis quelques jours il se passe des choses étranges... ». Ne tenant plus en place, Maritza se leva soudainement et commença à faire les cent pas. Incapable de soutenir le regard de Malone, elle préférait marcher et tourner en rond. Elle acheva, plus honteuse que jamais : « Y avait quelqu'un derrière la haie de mon jardin... ». Une nouvelle fois elle n'avait aucune preuve mais lorsqu'elle planta son regard dans celui de Malone, on pouvait voir qu'elle était sûre d'elle. Elle ne se trompait pas. Elle n'avait pas rêvé. Il fallait qu'il la croie. Si lui ne la croyait pas, alors personne ne le ferait.

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Lorsqu’il lui posa la question à savoir si le sommeil était toujours aussi compliqué à trouver, Malone n’avait en réalité pas réellement besoin d’entendre la réponse, malheureusement - cela se voyait sur les traits de Maritza que ce n’était pas tous les jours aussi simple. Après tout, elle avait perdu sa fille, ce n’était pas là une épreuve qui avait vocation à vous laisser tranquille. Mais il était quelqu’un d’attentionné malgré tout, Constantine, alors quand elle évoqua la possibilité que ce soit ses nerfs qui soient responsables de visions de choses qui n’existaient pas, il ouvrait la possibilité que ce soit du à un manque de sommeil. Comme ça, même si ce n’était pas le cas, elle pouvait toujours prendre cette porte de sortie là sans avoir à trouver d’autre justification - si telle était sa volonté d’agir face à Malone. Lorsqu’elle se contenta d’hocher légèrement la tête pour confirmer ses dires, il pinça ses lèvres en une petite moue, sans ajouter le moindre commentaire; cela n’était pas nécessaire, et il n’était en rien à sa place pour le faire.

Plutôt, il pouvait se permettre de rebondir sur l’idée qu’il pourrait avoir des ennuis à donner un coup de main à sa collègue de la sorte - ce qu’il réfuta tout d’un bloc. Il ne lui arriverait rien, parce-qu’il n’arriverait rien il en était persuadé. Et puis, il avait l’avantage de connaitre celle qui occupait le poste ultime dans cet hôtel: même s’il ne s’entendait pas plus que cela avec Cristina et qu’il faisait tout pour l’éviter le plus possible, il saurait trouver le courage de lui parler si jamais elle venait lui faire le moindre reproche. A la façon dont Maritza écarquilla les yeux à la mention de la femme Weatherton, Malone ne sut retenir un petit rire malgré lui. « Certainement pas ! » Il secoua quelque peu sa tête, de façon amusée cette fois-ci; juste avant qu’elle ne s’approche un peu de lui pour évoquer les prochains mots d’une voix plus basse. « Elle est terrifiante. » Et là où elle se contenait d’un petit sourire en coin, bien sur que Malone exagéra le trait en laissant aller un petit rire de son côté. « Elle est même effrayante. Mais promis, je saurais être courageux. » Oh, il n’avait aucune idée si Maritza connaissait la nature du lien entre l’homme face à elle et la jeune héritière, ou si seulement elle était amie avec cette dernière; il n’en avait que faire, car qu’importe la situation dans l’un ou l’autre des cas, il dirait la même chose sur sa belle-soeur. Ce n’était pas une surprise, et ce n’était pas non plus nouveau, qu’elle foutait les jetons à bien des gens dans le coin et même en dehors de l’Emerald.

Malone aurait pu continuer longtemps à critiquer Cristina, cependant ce n’était pas ce qui allait résoudre les soucis de la femme de chambre à ses côtés, et surtout qui allait apaiser ses craintes. Certes, cela était marrant le temps d’un instant, mais guère plus. Alors il se permit de relancer le sujet qu’elle avait tenté de mettre de côté quelques minutes plus tôt, à savoir le fait qu’elle avait eu l’impression d’être suivie pour arriver jusque sur son lieu de travail. Un petit silence s’installa entre eux, alors qu’il pouvait clairement voir qu’elle pesait le pour et le contre de l’idée de formuler à haute voix ses inquiétudes. « Quand je suis partie de chez moi, une voiture a surgi de nulle part et m'a suivie... J'en suis sûre, elle a emprunté les mêmes routes que moi. » Croisant ses bras sur son torse, fronçant quelque peu les sourcils, le regard de Malone fait un trajet circulaire autour d’eux pour être sur que personne n’avait une oreille qui trainait dans leur direction avant de reporter son attention entière et complète sur Maritza. « Mais c'est pas tout, depuis quelques jours il se passe des choses étranges… » Parler de ces mésaventures mettait la femme dans tous ses états, si bien que là où elle s’était assise une poignée de temps plus tôt, elle se relevait déjà pour faire les cent pas. « Y avait quelqu'un derrière la haie de mon jardin... » Les yeux de Malone n’avaient lâché le corps en mouvement de sa collègue, alors qu’un sourcil se haussa en cet instant d’étonnement, de surprise - mais en rien dans le bon sens du terme. « C’est plus inquiétant que simplement être suivie sur la route jusque ton travail ça, Maritza. Quelqu’un de l’autre côté de la haie, qui regardait chez toi par exemple ? Qui observait ce qui se passait ? » Il ne remettrait en aucun instant la version des faits qu’elle lui donnait, ou ce qu’elle pensait avoir vu. Pour lui, l’inquiétude transparaissait des traits de Gutiérrez et il n’avait aucune raison de douter. Simplement, il était étonné de la tournure de cette discussion: quelqu’un qui vous suivez dans la rue, avec une voiture, pouvait être quelqu’un d’un peu agressif et quelque peu dérangé par votre conduite. Quelqu’un qui observait chez vous depuis l’autre côté des buissons… Ce n’était pas le même enjeu. « C’est la première fois que à ça t’arrive ? » Et puis finalement enfin, la question logique qu’il aurait surement du poser dès le début en réalité: « T’en as parlé à quelqu’un d’autre ? A la police ? C’est plus grave qu’une simple crise de nerfs. » Parce-que ce n’était pas son imagination qui lui jouait des tours, pas vrai ? La perception des choses était bien trop ancrée dans le regard de Maritza, qu’il avait du mal à attraper du sien alors qu’elle semblait éviter ses prunelles comme la peste.

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@Malone Constantine ft. Maritza Gutiérrez

Maritza avait dû faire une tête vraiment bizarre voire effrayée lorsqu'ils avaient évoqué la directrice puisque Malone n'avait pu s'empêcher de rire en l'observant. Elle ne le prit absolument pas mal, elle savait qu'il n'y avait aucune moquerie derrière le rire du garçon. « Elle est même effrayante. Mais promis, je saurais être courageux. » La mexicaine roula des yeux et lui donna un petit coup dans l'épaule pour lui signifier qu'il était vraiment bête. Par son attitude il parvenait l'exploit de la détendre et de la faire sourire, ce qui était plutôt rare ces derniers temps. Cela relevait presque du miracle. Elle n'insista pas davantage sur l'éventualité selon laquelle il pourrait avoir des ennuis. Si Malone lui assurait que cela ne serait pas le cas ou qu'il saurait se sortir de l'embarras, la brune préférait lui faire confiance. Elle n'avait de toutes manières aucun autre choix puisque l'agent de sécurité ne semblait pas décidé à passer à autre chose. Au contraire, il était revenu sur ses craintes et sur l'angoisse qui l'habitait. Quitte à passer pour une folle, pour une hystérique, la femme de chambre avait choisi de jouer cartes sur table en lui disant tout ce qu'elle avait l'impression de vivre, et tant pis si par la suite il n'arrivait plus à la regarder sans un brin de pitié au fond de la rétine. Dès qu'elle avait commencé à parler, le jeune homme qui lui faisait face avait retrouvé une attitude sérieuse, les bras croisés contre le torse, il l'écoutait avec attention, captant le moindre détail de ses paroles, fronçant par moments les sourcils. Il semblait vraiment concerné par ce qu'elle lui racontait et cela lui enlevait un sacré poids de la poitrine. Elle s'était sentie si soulagée qu'elle avait osé lui parler de l'homme derrière la haie de son jardin. Ses propos pouvaient paraître totalement incohérents, voire paranoïaques mais la conviction avec laquelle elle les avait formulés montrait à quel point elle croyait en ce qu'elle avançait. « C’est plus inquiétant que simplement être suivie sur la route jusque ton travail ça, Maritza. Quelqu’un de l’autre côté de la haie, qui regardait chez toi par exemple ? Qui observait ce qui se passait ? » Les lèvres de la brune se pincèrent tandis qu'elle regardait avec désespoir l'agent. Elle n'était pas sûre de ce qu'elle avançait, peut-être était-ce simplement un voisin qui passait non loin de là, pourtant elle avait la désagréable sensation que la silhouette était restée terrée dans l'ombre assez longtemps pour pouvoir regarder chez elle. Il n'avait fui que lorsqu'elle s'était approchée de la vitre. « Je sais pas ce qu'il faisait, mais il était là... J'en suis sûre Malone. » Tout en elle lui criait de faire marche arrière, d'arrêter de s'enfoncer dans sa spirale de paranoïa mais son estomac se serrait dès qu'elle s'apprêtait à atténuer la situation. Elle passa une main sur son visage afin de retrouver ses esprits et de se concentrer sur la scène qu'elle avait vécu. Alejandro lui avait dit qu'il devait s'agir d'un chat, mais il n'était qu'un enfant, il ne parvenait pas encore à concevoir que le monde pouvait être dangereux.

« C’est la première fois que ça t’arrive ? » A nouveau le regard de la mexicaine accrocha celui de Constantine. Elle hésita quelques instants et alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre il poursuivit : « T’en as parlé à quelqu’un d’autre ? A la police ? C’est plus grave qu’une simple crise de nerfs. » Instinctivement elle fit un pas en arrière et s'empressa de répondre : « Pas la police ! ». Sa réaction pouvait paraître plus que suspecte et Maritza donnait très certainement l'impression d'avoir des choses à cacher et à se reprocher mais cela avait été plus fort qu'elle. A l'évocation des forces de l'ordre, elle avait senti des frissons parcourir son échine. Non, il n'était pas question qu'elle les contacte. Personne ne la croirait et elle n'avait aucune confiance en eux. Elle n'oubliait pas qu'ils avaient enfermé Rudy, son fils aîné, et même s'il avait été condamné parce qu'il avait vraiment commis des erreurs, Maritza refusait de remettre les pieds dans un commissariat quand bien même elle était innocente. Elle finit par lui dire : « J'en ai parlé à personne, je ne veux pas inquiéter les enfants. » sa voix avait été ferme et sans appel. Ils avaient vécu assez de choses dramatiques ces derniers temps pour se faire du souci pour leur mère. Après tout, peut-être qu'il n'y avait rien. Elle aurait pu contacter Sergio mais elle avait bien trop peur qu'il la prenne pour une folle ou qu'il l'envoie balader. Leurs relations étaient trop instables pour qu'elle n'ose réellement appeler son ancien mari. Non, dans cette histoire elle était seule. Enfin... « Je ne l'ai dit qu'à toi... » avoua-t-elle en baissant à nouveau le regard. La mexicaine se sentait un peu pathétique et était incapable d'expliquer pourquoi elle s'était sentie assez à l'aise et en confiance pour parler à Malone mais c'était arrivé. Elle finit par repenser à ce qu'il lui avait dit un peu plus tôt et grimaça en ajoutant : « Je crois... Quelques jours après l'histoire de la haie, j'ai senti une présence dans la rue quand j'allais acheter le pain. » Une présence n'avait rien d'anormal ou de surprenant c'est pourquoi elle se sentit obligée de se justifier : « Y a un homme qui me suivait dans la rue. J'ai fait comme dans les films, j'ai ralenti le pas, et les bruits ont ralenti aussi. Après j'ai regardé dans le reflet d'une vitrine. J'pense qu'il m'a vue puisqu'il s'est précipité dans une autre ruelle. » Elle aurait pu sourire en parlant de film, comme si sa vie était digne d'un long métrage d'espionnage, pourtant la boule qui s'était formée dans sa gorge l'empêchait de le faire. Elle poussa un long soupir et prenant conscience que le temps passait à une allure folle et qu'elle n'avait toujours pas commencé son travail elle dit à Malone : « Je ne veux pas t'embêter plus avec mes histoires. Merci de m'avoir écoutée Malone. », elle lui offrit un doux sourire et alors qu'elle commençait à se diriger vers la porte qui menait dans les couloirs de l’hôtel, elle hésita, s'arrêta et se retournant pour lui faire face osa lui demander : « Si t'as pas fini ton service à la fin du mien... Tu pourras... Tu pourras me raccompagner jusqu'à ma voiture ? » Elle avait la désagréable sensation d'avoir perdu toute dignité, mais humiliée pour humiliée, autant aller jusqu'au bout.

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« Je sais pas ce qu'il faisait, mais il était là... J'en suis sûre Malone. » Il ne remettait, en aucun cas, la parole de Maritza: si elle avait vu que quelqu’un rodait autour de sa maison, d’une façon ou d’une autre car qu’importait la façon dont cette action était réalisée, il la croyait. Mais apparement, c’était là une façon de réagir de la part du jeune homme qui n’avait pas été anticipée par sa collègue car elle semblait presque étonnée qu’il puisse apporter une telle importance à ses paroles alors qu’il y avait pourtant mille et une raison de le faire en cet instant. Ce que Malone ne savait pas en revanche, désormais, c’était ce que la brune désirait qu’il fasse en étant désormais en possession d’une telle information; il n’était pas dans la nature de Constantine de ne pas s’inquiéter, même si son comportement avait assez régulièrement montré le contraire durant ses années d’existence. En sachant que la sécurité de sa collègue était potentiellement mise à mal, alors, forcément allait-il au moins proposer la première solution qui lui semblait la plus évidente, et celle la plus simple à mettre en place: appeler la police pour les mettre au courant de ce qui pouvait se passer à l’adresse de Maritza. « Pas la police ! » Le pas en arrière et la façon précipitée qu’elle prit pour répondre au plus rapide au jeune homme pourrait paraitre suspicieux, c’était vrai; Malone décida de ne pas répondre de façon brusque à cette façon de faire, levant tranquillement les mains devant lui, à mi-hauteur de son visage pour montrer qu’il n’était pas en train d’appeler la police mais que c’était là une idée qui pourrait être utile, mise en place plutôt facilement et surtout qui était une réaction logique à ce qu’il se passait. « C’était une suggestion. » Il n’agirait pas de son plein gré. « J'en ai parlé à personne, je ne veux pas inquiéter les enfants. Je ne l'ai dit qu'à toi… » - « Oh. » La surprise put se lire autant dans les mots, que dans les gestes et la voix de Constantine: il ne pensait pas que pas la police s’étendait en réalité à personne, puisque ce n’étiat pas uniquement aux forces apparemment qu’elle ne souhaitait pas se confier. Avec un petit soupire, Malone pinça ses lèvres; il ne pouvait pas prétendre ne pas comprendre dans le fond pourquoi elle agissait de la sorte, ayant toujours fait en sorte de son côté également pour ne pas alerter son fils, Oscar, du moindre soucis qui pouvait traverser sa vie - et pourtant, cela impliquait qu’il n’ait pas été présent à ses côtés pendant de longues années. Il comprenait pourquoi Maritza souhaitait garder ça pour elle et ne pas partager ses inquiétudes avec ses progénitures - mais Malone n’était peut-être pas le mieux placé pour recevoir ces confessions.

Il le faisait tout de même, presque religieusement, parce-qu’il n’était pas question à ses yeux de laisser la femme toute seule dans son coin alors qu’elle demandait silencieusement son aide, mais il ne se sentait peut-être pas autant légitime qu’elle désirerait qu’il le soit. « Je crois... Quelques jours après l'histoire de la haie, j'ai senti une présence dans la rue quand j'allais acheter le pain. Y a un homme qui me suivait dans la rue. J'ai fait comme dans les films, j'ai ralenti le pas, et les bruits ont ralenti aussi. Après j'ai regardé dans le reflet d'une vitrine. J'pense qu'il m'a vue puisqu'il s'est précipité dans une autre ruelle. » Il avait, de son côté, croisé les bras sur son torse et froncé légèrement les sourcils, écoutant les détails de l’histoire. « Je ne veux pas t'embêter plus avec mes histoires. Merci de m'avoir écoutée Malone. » Et ce n’était pas parce-qu’il était ennuyé avec ses histoires, qu’il s’était positionné de la sorte bien au contraire, il était concentré sur les dires de Maritza pour essayer de voir s’il était possible de son côté de lui apporter une aide quelconque. Alors, il secoua doucement la tête lorsqu’elle se mit à faire quelques pas dans la direction qu’elle aurait prise d’ordinaire si elle n’avait pas été interrompue en chemin par Malone. « Tu m’ennuies pas voyons. Je… » Il haussa légèrement les épaules. « Je sais pas si peux t’aider, en vrai, c’est surtout ça le problème. » Et ce n’était pas pour s’extirper de la situation qu’il disait ça, mais simplement parce-que hormis appeler la police il ne savait pas s’il était en capacité de quoi que ce soit d’autre. « Mais apparemment, c’est sérieux ton affaire, alors laisse la pas de côté comme ça. Pour être sure qu’il t’arrive rien et qu’il arrive rien aux enfants. » Parce-que si elle n’avait pas envie d’intervenir par rapport à elle, il savait pertinemment qu’elle ferait quelque-chose si c’était pour le bien de ses enfants. « Si t'as pas fini ton service à la fin du mien... Tu pourras... Tu pourras me raccompagner jusqu'à ma voiture ? » Reposant son regard sur le visage de Maritza, Malone tenta de défroisser ses traits s’étant crispé au fur et à mesure de l’échange qu’ils avaient. Il hocha doucement la tête, une douceur revenu dans le regard. « Bien sur. Tu veux même que je t’attende avant de partir ? Je suis pas pressé aujourd’hui. » Il était toujours pressé en réalité, attendu ici et là pour un million de raisons qui le concernaient même pas lui en particulier, mais il savait faire la part des choses et revoir l’ordre de ses priorités quand cela était nécessaire. « Je peux te ramener chez toi pour aujourd’hui aussi. Histoire d’être sûrs. » Ce n’était pas une solution pérenne, mais si cela pouvait lui permettre au moins d’avoir une soirée avec un poids en moins sur les épaules, ce n’était pas à négliger. Et puis: il pourrait regarder de ses propres yeux pour être sur que personne n’interagisse avec elle sans que cela soit nécessaire ni bienveillant. Juste aujourd’hui.

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Maritza s'en voulait un peu de s'être confiée de la sorte à Malone. Au sentiment de honte se mêlait désormais une sensation de culpabilité. Elle voyait bien que cela perturbait le jeune homme que désormais il s'inquiétait et se faisait du soucis pour elle. Elle aurait voulu lui dire que ce n'était pas grave, qu'elle s'en sortirait toute seule et qu'elle trouverait par elle-même une solution mais ce serait mentir et cela se verrait sur son visage. Désormais l'agent semblait à la fois concerné et embêté. Elle s'était livrée à lui parce que la peur l'avait faite parler, elle n'attendait pas du garçon qu'il se transforme en super héros ou en sauveur, elle ne lui avait pas parlé pour qu'il agisse ou qu'il règle le problème, elle l'avait fait pour vider son sac, pour enlever le poids qui pesait dans sa poitrine. Elle avait naïvement cru qu'en disant tout cela à voix haute elle allait se rendre compte de l'absurdité de ce qu'elle avançait mais l'inverse s'était produit. Malone n'avait pas pris l'histoire à la légère ou à la rigolade, bien au contraire, la menace semblait réelle à ses yeux, et cela ne faisait que conforter Maritza dans son mauvais pressentiment. Lorsqu'il lui dit qu'il n'était pas sûr de pouvoir l'aider, elle lui fit un petit signe de la main indiquant que cela n'était pas grave, elle avait juste eu besoin d'une oreille attentive et elle l'avait trouvée en sa personne. Lorsqu'il parla de sa sécurité, elle haussa les épaules mais se crispa lorsqu'il mit en avant ses enfants. Qu'il lui arrive quelque chose à elle passait encore mais que l'on s'en prenne à ses enfants n'était pas envisageable. Son cœur se mit à battre plus vite alors qu'elle cherchait à se rassurer. Il devait s'agir d'un cambrioleur qui rodait n'est-ce pas ? Personne n'attaquerait ses enfants... Elle en mourrait s'il leur arrivait quelque chose par sa faute. Elle se pinça les lèvres, cherchant à dissimuler son trouble. C'était dans tous les cas trop tard. En parlant de sa progéniture, Malone avait planté une graine dans son esprit et la mexicaine savait bien que cette graine n'aurait de cesse de pousser jusqu'à la rendre folle d'inquiétude. Il fallait qu'elle agisse, elle n'avait désormais plus le choix. Soucieuse de ne pas attirer d'ennuis à Constantine et de le laisser reprendre son poste, la femme de ménage s'apprêta à aller travailler mais demanda un dernier service au jeune homme. Elle sentit un soulagement la gagner lorsqu'il lui dit : « Bien sur. Tu veux même que je t’attende avant de partir ? Je suis pas pressé aujourd’hui. » Elle joua nerveusement avec ses doigts alors qu'elle hésitait quelque peu puis finit par murmurer : « Je veux bien... Je suis vraiment confuse... » Son regard fixait à nouveau ses pieds. Elle avait la désagréable impression de profiter de la gentillesse de l'agent et cela pesait sur son moral. Elle aurait voulu repousser son offre mais elle ne s'en sentait pas la force. Lorsqu'il lui proposa de la ramener chez elle, elle releva le visage, les sourcils froncés. Pourquoi était-il si gentil et si serviable ? Ce genre d'hommes existait donc encore ? Elle lui fit un tendre sourire et répondit : « On verra en temps voulu. Je ne veux pas abuser de ta générosité. ». Elle finit par lui tourner le dos et par partir.

Maritza avait perdu un temps fou à discuter de ses problèmes personnels avec Malone. Pendant qu'elle bavardait, le travail ne s'était malheureusement pas fait tout seul. Les tâches s'accumulaient et la brune savait qu'il fallait qu'elle mette les bouchées doubles si elle voulait terminer dans les temps. Prendre du retard dans ce genre d'établissement était très mal vu. Maritza avait déjà vu certains de ses jeunes collègues se faire réprimander parce qu'ils n'avaient pas terminé les missions qu'on leur avait confiées. Certains avaient même vu une partie de leur salaire prélevée. La mère de famille ne pouvait pas se permettre ce genre de choses, pire, elle ne pouvait pas tenter le diable en risquant de se faire renvoyer. Elle s'activa donc, se montrant concentrée, minutieuse mais extrêmement efficace. Les heures défilèrent sans qu'elle ne s'en rende réellement compte. Elle ne prit aucune pause, ne prit même pas le temps de se rendre aux toilettes. Chaque chambre était passée au peigne fin, chaque salle de bain était récurée de fond en comble. Finalement le soleil se leva enfin et lorsqu'elle termina sa dernière chambre, Gutiérrez se rendit compte qu'elle avait dépassé son temps de travail de dix petites minutes, rien de bien grave en soi. A force de nettoyer et de se concentrer sur son travail, la mexicaine en avait presque oublié sa conversation avec Malone. Ce ne fut qu'au moment de repartir qu'elle sentit sa poitrine se serrer. Allait-on l'attendre tapi dans l'ombre d'un buisson ? Y aurait-il quelqu'un sur le parking à côté de sa voiture ? Elle prit une profonde inspiration, récupéra ses affaires et retourna à l'arrière de l'hôtel où se trouvait l'agent de sécurité. Elle se sentait un peu pathétique de lui demander son aide mais n'avait pas le courage de se rendre seule jusqu'à son véhicule. Lorsqu'elle croisa son regard elle lui offrit un sourire et demanda : « La nuit n'a pas été trop longue ? ». Elle savait que les agents n'aimaient pas spécialement occuper ce poste. Le temps était souvent interminable et il se passait rarement quelque chose. Ils attendaient donc en silence, seuls, que les heures s'écoulent et que leur journée de travail se termine. Tentant une petite plaisanterie elle questionna : « Tu ne t'es pas fait percuter par une autre hystérique ? ». Elle revoyait parfaitement son arrivée au travail quelques heures plus tôt et la surprise qu'elle avait lu sur les traits de Malone. Il y avait peu de chance qu'une autre employée soit arrivée dans le même état qu'elle mais après tout, plus rien ne pourrait la surprendre...

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Il avait vu une certaine détresse autant dans le comportement que dans les paroles de la brune, et il n’était pas question selon lui de laisser cette détresse sans réponse, sans retour. Elle exprimait une certaine crainte qu’il ne pouvait effacer, autant parce-qu’il ne pouvait pas l’identifier que parce-que peut-être n’était-ce pas là son rôle, mais il pouvait peut-être tenter de lui donner un petit coup de main pour que cela aille mieux, au moins sur les quelques heures à venir. Alors, évidement qu’il accéda à sa requête, lorsqu’elle lui demanda s'il était possible qu’il soit présent pur la raccompagner à sa voiture lorsqu’elle sortirait de sa journée. Il pouvait l’atteindre, cela n’était en rien un problème pour lui; pour une fois qui plus était, il n’avait pas Oscar à aller emmener à l’école le lendemain matin alors il n’était pas pressé. Si son fils était entré en jeu, il n’aurait surement pas pu lui proposer aussi facilement, mais puisque ce n’était pas le cas autant profiter de l’opportunité. « Je veux bien... Je suis vraiment confuse... » Fronçant les sourcils, il secoua quelque peu son visage. « Pas besoin. Je te propose de le faire c’est que je peux. » Il était serviable et aidant, mais certaines choses passaient avant d’autres et s’il n’avait pas pu se permettre cet écart de temps, il lui aurait indiqué. Même, si elle le désirait: il pouvait la raccompagner chez elle pour être sur que cette page de cauchemar soit derrière elle et qu’elle réussisse à repartir un peu plus sereine, un peu plus confiante le lendemain matin. Il vit bien que sa proposition décontenança Maritza pendant un instant, sourcils un brin froncés à l’appui. « On verra en temps voulu. Je ne veux pas abuser de ta générosité. » Il hocha quelque peu la tête. « On verra demain matin, oui. » Elle avait toute la nuit pour réfléchir à la possibilité et voir si c’était quelque-chose dont elle pensait avoir besoin. « Je t'attends à la porte demain matin de toutes façons. » Et il ne manquerait pas à l’appel.

Et ce n’était pas les quelques minutes de retard de la part de sa collègue qui changeraient quoi que ce soit, car comme il l’avait expliqué plus tôt en soirée: il n’était pas pressé. Même: il avait eu le temp d’aller dégoter quelques muffins et deux cafés auprès de la personne s’occupant des petits déjeuners au réfectoire de l’hôtel - il savait que cela lui couterait un service à un autre moment, mais ce n’était pas bien grave, il survivrait à une telle chose. Surtout que de toutes façons, il passait tellement de temps au sein de l’établissement qu’un service rendu à un collègue au même endroit ne lui changerait pas grand chose. Finalement, alors qu’il lissait le journal déposé à l’entrée des artistes comme il s’amusait à l’appeler par l’une des femmes de chambre arrivée pour la journée, il entendit pas se diriger dans sa direction; il releva son visage pour tomber sur Maritza, comme attendu et comme convenu. A son sourire, il répliqua en miroir par réflexe. « La nuit n'a pas été trop longue ? » Il plissa quelque peu du nez. « Elles me donnent l’impression d’être toutes longues, tu sais. Alors je fais plus trop attention. » Il préférait largement lorsqu’il pouvait se permettre de faire des heures de journée, mais ces derniers temps étant donné les problèmes financiers dans lesquels sa famille se trouvait être malgré leurs efforts combinés, il se devait de faire également des efforts - les horaires de nuit s’étaient donc imposées seules à lui. « Tu ne t'es pas fait percuter par une autre hystérique ? » A ces quelques mots là, puisqu’il put voir qu’une certaine patte d’humour était mise dans ses propres mots de la part de sa collègue, il se permit de laisser échapper un petit rire. De paire avec, Malone secoua un brin la tête. « J’ai peu eu deux fois cette chance là non. » Il aurait presque été ravi que ce soit le cas: cela aurait rendu un peu d’énergie à sa longue nuit. Ce qui pouvait rendre de l’énergie également, c’était les cafés qu’il avait avec lui - il en tendit un à Maritza. « Pour tenir jusqu’à ton lit. Et oh, j’ai pris des muffins aussi. Myrtille. » Il lui tendit de paire le petit sachet où sa part était fourrée; bien sur, il avait déjà englouti la sienne depuis de longues minutes, la pâtisserie n’ayant pas eu le temps d’arriver jusqu’à son poste de surveillance.

« J’ai passé un bon moment aussi cette nuit à regarder aux alentours de l’entrée d’ici. Pour, tu sais, voir si y’avait pas quelqu’un d’un peu louche qui trainait dans le coin. » Après tout, c’était à cause de ce sujet là et pour cette raison qu’ils se trouvaient être tous les deux à discuter sur le pas d’une porte qu’ils pourraient franchir comme leur quart de travail était terminé. Même si cela ne plaisait pas véritablement à Constantine de remuer le couteau dans la plaie, il savait cela être un passage obligatoire pour le moment. « J'ai rien vu. Soit la personne a senti que c’était pas bon pour elle d’être dans le coin et est partie, soit elle est bien tapie quelque part, je sais pas. » Il existait toujours une troisième option mais il ne l’évoqua pas à haute voix - celle où elle avait imaginé être suivie; mais cette dernière lui semblait peu probable tant la peur s’était faite voir dans son regard. Finalement, buvant une gorgée de café, il se tourna vers sa collègue. « Tu veux pas que je te ramène par précaution ? Pour aujourd’hui ? » Il haussa un de ses sourcils sur son visage. « Ou que je te suive avec ma voiture jusque chez toi au moins ? » Comme il lui avait formulé en début de poste de travail: il n’était pas pressé. Et comme le montrait ses faits, gestes et paroles: il était inquiet de voir cette histoire être bien plus vraie que nature. Alors, il soulignait que son offre tenait toujours et que ce n’était pas des paroles en l’air qu’il avait eu, plusieurs heures plus tôt.

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Alors que Maritza venait de demander à Malone si la nuit n'avait pas été trop longue, elle ne put qu'hocher la tête lorsqu'il lui répondit : « Elles me donnent l’impression d’être toutes longues, tu sais. Alors je fais plus trop attention. » Elle savait ce qu'il entendait par là. Si de son côté la femme de ménage avait déjà l'impression que les siennes étaient interminables, elle n'osait pas imaginer ce que vivait l'agent. Le travail de ce dernier devait être plutôt monotone, surtout la nuit, surtout au poste qu'il occupait. Elle supposait que lorsqu'il se trouvait à l'accueil c'était un peu plus varié. Il pouvait voir les clients arriver, sortir, rentrer. Il devait d'ailleurs parfois assister à des spectacles bien étranges. Lorsque Mari entendait certaines femmes de ménages commérer sur ce qu'elles voyaient, elle se disait qu'elle préférait fermer les yeux. Elle se fichait de savoir que tel homme était venu un soir avec sa secrétaire, le lendemain avec sa femme et le surlendemain avec la nourrice. Cela ne la regardait pas et ne l'intéressait pas. Malone qui devait rester poster à l'entrée pour s'assurer qu'aucun incident n'ait lieu devait savoir énormément de choses sur les vies privées de chacun. De son côté, son travail était redondant au possible. Nettoyer les salles de bain, laver le linge, refaire les lits, passer l'aspirateur, des tâches toutes plus ingrates les unes que les autres mais néanmoins indispensables au bon fonctionnement de l'hôtel. Parfois la mexicaine avait des surprises – et elles étaient rarement bonnes – des sous-vêtements oubliés, des traces suspectes dans des draps, des préservatifs usagés qui traînaient. A cette pensée elle frissonna et finit par reporter son attention sur le jeune homme qui avait tenu parole en attendant la fin de son service. Pour détendre l'atmosphère et aussi parce que leurs services étaient terminés, Mari l'avait questionné avec humour ce qui avait entraîné un petit rire de la part de l'homme. « J’ai pas eu deux fois cette chance là non. » Elle lui offrit un large sourire et taquine ajouta : « Tant mieux, je préfère être unique dans mon genre. » Il y avait bien assez d'une hystérique au sein de cet établissement. L'hôtel ne pouvait pas se permettre d'avoir plusieurs employés totalement paranoïaques dans son effectif. Soudain Malone lui tendit un café ainsi que des muffins. Surprise elle haussa un sourcil et prit le tout. « Pour tenir jusqu’à ton lit. Et oh, j’ai pris des muffins aussi. Myrtille. » Gênée par la gentillesse et la prévoyance du garçon, elle sentit ses joues s'empourprer quelque peu. « Il ne fallait vraiment pas Malone... » balbutia-t-elle avant de néanmoins humer avec délectation l'odeur du café. Elle en but une longue gorgée puis ajouta : « Mais j'avoue que c'était une excellente idée. Merci. » Un nouveau sourire offert et la brune croqua dans son muffin. Lorsqu'elle commença à manger la pâtisserie elle se rendit compte que son estomac criait famine et qu'elle mourait de faim. Bien trop préoccupée par son histoire de filature et par son boulot, la cinquantenaire ne s'en était même pas aperçu plus tôt.

Alors qu'elle savourait les douceurs qu'il lui avait apportées, il reprit : « J’ai passé un bon moment aussi cette nuit à regarder aux alentours de l’entrée d’ici. Pour, tu sais, voir si y’avait pas quelqu’un d’un peu louche qui trainait dans le coin. » La matriarche se crispa alors que médusée elle attendait qu'il poursuive. Elle n'osait même pas lui demander s'il avait vu quelque chose ou non. La vérité était qu'elle ne savait même plus quelle réponse elle espérait. Soit il n'y avait personne et elle était donc en sécurité mais risquait réellement de passer pour une folle soit il y avait bien un type louche qui lui tournait autour et donc autour de l'hôtel et dans ce cas-là la situation serait plus qu'inquiétante. « J'ai rien vu. Soit la personne a senti que c’était pas bon pour elle d’être dans le coin et est partie, soit elle est bien tapie quelque part, je sais pas. » Bien, il n'y avait personne. La mexicaine constata que Malone n'avait pas évoqué la possibilité qu'elle ait totalement halluciné. L'agent de sécurité semblait prendre son parti et semblait la croire sur tout ce qu'elle lui avait raconté ce qui la rassurait grandement. La possibilité que l'homme soit caché quelque part lui arracha une grimace. Etait-ce possible ? La personne qui la suivait pouvait-elle réellement avoir passé la nuit derrière un buisson ? Cela semblait totalement fou mais pas impossible pour autant. « Je suppose que c'est une bonne chose » souffla-t-elle à voix basse, bien peu convaincue par ce qu'elle avançait. Elle était totalement perdue et déstabilisée par la situation. Elle continua à manger son muffin, ses pensées divagant à droite à gauche avant qu'il ne lui proposa une nouvelle fois de la raccompagner chez elle. Elle secoua la tête de gauche à droite. Non, ce n'était pas envisageable. S'il la ramenait, sa voiture resterait sur place et elle serait coincée pour la journée. « Ou que je te suive avec ma voiture jusque chez toi au moins ? » Elle releva le visage, croisa son regard et se pinça les lèvres, après quelques secondes d'hésitation elle finit néanmoins par lui dire : « Si vraiment ça ne te fait pas un trop gros détour ou que ça ne te met pas en retard... Je veux bien que tu me suives en voiture. » Elle s'était précipitée sur lui, lui avait déballé sa vie et ses problèmes, à quoi bon le repousser désormais alors qu'il lui proposait son aide ? Elle but une nouvelle gorgée de son café et tous les deux se mirent en direction du parking. Ses yeux n'avaient de cesse de balayer autour d'elle à la recherche d'un quelconque individu. Au moindre bruit elle sursautait. « Je suis ridicule » soupira-t-elle. Ils arrivèrent enfin jusqu'à leurs véhicules. Après avoir fini son café, elle jeta le gobelet dans une poubelle à proximité et se glissa derrière son volant. Elle démarra le contact, jeta un coup d'oeil dans son rétroviseur et constatant que Malone était bien derrière elle, se mit en route jusqu'à chez elle. Tout le long du trajet, elle n'avait de cesse de s'assurer qu'il était bien à proximité d'elle. Finalement elle arriva devant chez elle, gara sa voiture et en descendant se diriger jusqu'à la vitre de Malone. « Je ne sais pas comment te remercier Malone, mais je saurai m'en souvenir... » Maritza était une femme de parole qui aimait aider les autres. Jamais elle n'oublierait le geste qu'il avait eu envers elle et à la moindre occasion elle lui rendrait la pareille. Elle lui fit un petit sourire et poursuivit : « Je t'aurais bien proposé de boire un café mais... » elle jeta un coup d'oeil à sa montre. « Alejandro se lève dans dix minutes. Il va falloir que je l'amène à l'école. » Un sourire désolé naquit sur ses lèvres alors qu'elle sentait peu à peu la fatigue la gagner. « La prochaine fois, c'est moi qui offre le café et les gâteaux. Rentre bien... Et encore merci pour tout. ». Elle lui fit un signe de la main et l'observa tourner au coin de la rue avant de rentrer chez elle s'enfermer à double tour. Sans doute n'avait elle pas été très discrète puisqu'elle entendit Alejandro s'agiter à l'étage. Dans une heure elle pourrait dormir, mais pour le moment il fallait qu'elle prépare le petit déjeuner. La mexicaine se mit à la tâche, oubliant momentanément cette histoire abracadabrante d'espionnage.

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Cry me a river ♛

You don't have to say, what you did,
I already know, I found out from him
Now there's just no chance, for you and me, there'll never be

❝Cry me a river ; Justin Timberlake❞

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