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@AUGUST CONSTANTINE & JAMES

Il y a encore quarante-huit heures, James aurait trouvé qu'on en faisait franchement tout un foin, de cette histoire de tempête. Il aurait levé les yeux au ciel de voir combien les bulletins météo pouvaient tout dramatiser, pour quelques rafales de vent un peu plus vigoureuses que d'habitude. Il aurait insisté pour honorer chacun des rendez-vous annotés dans son agenda, et ce malgré les alertes conseillant à la population de rester sagement chez eux. Il aurait même sans doute reproché à quiconque se serait barricadé chez lui de prendre tout ça trop au sérieux, lui à qui il en fallait beaucoup plus pour être déstabilisé. Seulement, en quarante-huit heures, la donne avait quelques peu changé. Sa maison tenait toujours debout et n'avait même subi aucun dégât majeur, à l'exception de la véranda que quelques branches d'arbre avaient partiellement éventrées, tout comme Weatherton et le Emerald n'avaient été que moindrement impactés et devraient être à nouveau opérationnels dans les prochains jours. Mais une présence depuis toujours essentielle à son quotidien manquait subitement à l'appel, elle. Son père, avec qui James avait échangé pour la dernière fois dans l'après-midi avant l'arrivée de la tempête, était en effet aux abonnés absents depuis que celle-ci avait frappé Brisbane. Une absence de nouvelles qui ne l'aurait pas interpellé d'ordinaire mais qui le laissait songeur dans de telles circonstances : son père devrait savoir que même quelqu'un d'aussi hermétique que lui à toute cette panique aurait besoin de s'assurer que ses proches allaient bien. Qu'il se retrouve sans batterie ou qu'il juge simplement avoir d'autres priorités que de donner des nouvelles, ça jouait dans tous les cas avec ses nerfs de voir qu'il n'avait même pas le bon sens de répondre à ses coups de fil. « Mon père est inconscient. Il n'y a vraiment que lui pour se dire que le moment est bien choisi pour oublier de répondre au téléphone. » A ses cotés, August était resté plutôt silencieux depuis qu'ils étaient montés dans sa voiture avec l'idée d'arpenter une partie de la ville à la recherche d'une trace de Norman, qui tel que James le connaissait s'était sans doute réfugié chez un vieil ami avec qui il buvait en ce moment même un whisky hors de prix. « Je te jure qu'il va m'entendre quand je lui aurai mis la main dessus. » Un rictus nerveux au coin des lèvres, James s'efforçait de dompter son mécontentent, ne souhaitant pas en plus imposer une ambiance infernale le temps du trajet. Après un passage chez Norman en compagnie de Flora suivi d'un aller-retour dans le bureau de son père à Weatherton, son cousin et lui pouvaient maintenant barrer deux pistes sur la liste des lieux susceptibles d'avoir accueilli l'homme d'affaires pendant la tempête. Et quand on connaissait le tempérament parfois insouciant de Norman, on savait que la liste était encore longue.

« Désolé de vous avoir embarqué là dedans. » Il reprit après plusieurs secondes, tournant cette fois complètement son visage en direction d'August, les lèvres légèrement pincées entre elles face à l'évidence que tout ça n'avait rien d'amusant ni pour son cousin ni pour lui. « Flora et toi, vous aviez sûrement mieux à faire que de m'accompagner dans mes recherches. » Surtout après qu'une tempête ait frappé la ville et alors qu'ils avaient eux aussi des proches sur lesquels veiller, quand bien même Norman était probablement l'unique personne qui les liait tous les uns aux autres depuis leur enfance, le seul pour qui ils seraient probablement tous capables d'arpenter Brisbane et ses moindres recoins. N'empêche, August n'avait pas hésité à lui proposer son aide lorsqu'il avait sans doute compris que la situation ne le laissait pas aussi serein qu'il le prétendait, et c'était une chose qui avait surpris le créateur. Leur relation avait connu son lot de turbulences et ça n'était pas exactement un secret qu'August et lui avaient toujours eu le plus grand mal à se comprendre, et pourtant c'est bien son cousin qui symboliquement lui avait tendu la main dans ce moment particulier pour lui. Peut être l'avait-il avant tout fait pour Norman – c'était même probable – mais ça n'avait que peu d'importance face à la situation. A deux, ils prêteraient plus facilement attention au moindre détail et auraient plus de chance de retrouver son père où qu'il ait bien pu se planquer. Cette idée n'était pourtant qu'à moitié rassurante, lorsque les premiers endroits où il se serait attendu à le trouver n'avaient rien donné. « Je crois qu'ils ont installé un poste de secours à cinq minutes d'ici. Je serais tenté d'aller y jeter un œil au cas où... » Il n'avait pas envie de le dire, mais ça ne l'empêchait pas de le penser. Tout au fond de lui, James voulait croire qu'il l'aurait senti si quelque chose avait du arriver à son père, alors c'était une éventualité qu'il mettait de coté depuis le départ et qu'il ne voulait surtout pas énoncer. Mais il était bien forcé de se rendre à l'évidence que ça aussi, ça faisait partie des possibilités. Qu'étant donné les circonstances, et cette absence de nouvelles de plus en plus étrange, il arrivait forcément un moment où toutes les pistes se devaient d'être écartées. Même celles qu'on aimait un peu moins considérer. « Tu sais, juste histoire de nous rassurer. » C'était la première fois qu'il l'admettait tout haut depuis que son père était aux abonnés absents, ressentant le besoin de faire bonne figure malgré l'incertitude qui lui grignotait pourtant l'estomac de minute en minute. Il avait besoin d'être rassuré, besoin d'être certain que si son père ne lui donnait aucune nouvelle, ça n'était pas parce que son état l'en empêchait.

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De tous les représentants de la fratrie Constantine, August n'était pas celui qui avait toujours partagé les rapports les plus complices et privilégiés avec son oncle, si bien que ça avait quelque chose de véritablement précieux qu'il ait été le premier à lui proposer son aide pour entreprendre ces recherches. Si James avait toujours été convaincu que son cousin était loin d'avoir un mauvais fond, qu'ils avaient simplement raté pas mal d'occasions de véritablement se comprendre tous les deux, c'était forcément riche de symbolisme aux yeux de celui qui ne comptait pas partager ce fardeau avec qui que ce soit au départ, simplement parce qu'il avait le sentiment que ça n'était pas entièrement juste, quelque part, d'en attendre autant d'eux. Sans doute aussi parce que ça lui permettait d'entretenir l'illusion qu'il avait la situation sous contrôle, que ça n'était rien qui doive réellement alerter toute la famille et que de toute façon, Norman réapparaîtrait bien assez vite pour que ce soit rapidement de l'histoire ancienne. A présent que ce scénario-là tardait à se produire et que les choses se voulaient chaque jour un peu plus préoccupantes, pourtant, il devait reconnaître que cette aide ne lui avait jamais semblé plus bienvenue. « Je pense qu’on va tous plus ou moins lui tomber dessus » Il connaissait assez son cousin pour savoir qu'il cherchait probablement à alléger l'atmosphère et il pourrait difficilement le lui reprocher, l'ambiance n'étant pas vraiment des plus détendues depuis le début du trajet. « Tu sais le plus drôle, dans tout ça ? C'est qu'il aurait été le premier à nous reprocher notre silence si on lui avait pas donné de nouvelles. » Et cette pensée parvint au moins à lui tirer le début d'un sourire, pourtant rapidement suivi d'un pincement au cœur inévitable, alors que la pire chose dans cette absence de nouvelles étant tout simplement de ne pas savoir et d'être quand même privé de sa présence autant que de ses conseils, de tout ce qui faisait toujours une différence notable dans le quotidien de son fils. « Accordons lui le bénéfice du doute. Toutes les communications ne sont pas rétablies partout, il se trouve peut-être dans une de ses zones » - « T'as sûrement raison. » Et il le savait, au fond de lui, que c'était sans doute injuste d'en tenir rigueur à son père quand la situation avait tout d'exceptionnelle et qu'il existait une certaine probabilité pour qu'il ne puisse peut être pas décrocher son téléphone pour les appeler. Une probabilité qui lui faisait horreur mais qu'il ne pouvait pas simplement décider d'ignorer, quand bien même n'importe quel autre scénario était plus enviable – y compris celui où son père ne se rendait simplement pas compte de l'inquiétude que son absence suscitait. « Désolé, je suis juste à cran. » August l'avait sans doute remarqué, ne serait-ce qu'à sa façon de pianoter nerveusement sur le volant à chaque feu rouge. Probablement que si Norman choisissait ce moment bien précis pour briser le silence et se montrer, il oublierait jusqu'au moindre reproche qu'il aurait été tenté de lui faire pour simplement se réjouir.

Bien sûr qu'une part de lui se reprochait de les avoir entraîné là-dedans, ne pouvant s'empêcher d'éprouver une part de culpabilité quand il devait s'en remettre aux autres et échouait à régler certains problèmes par lui-même. « Mieux à faire que de s’empiffrer ? On a fait que ça pendant deux jours entiers, tu nous sauves la mise en réalité » Cette idée eut le mérite de lui tirer un demi-sourire, les imaginer Flora et lui dévaliser les placards pendant le passage de la tempête n'étant sûrement pas la vision la plus déplaisante qu'il aurait pu avoir. Au moins avaient-il été en sécurité d'un bout à l'autre du déluge. « Je m'attendais pas à ce que Flora accepte de prendre part aux recherches, pour être tout à fait franc. » Mais c'est après une seconde qu'il réalisa que cette formulation était un peu injuste, sans doute, quand on connaissait l'attachement de la jeune femme pour son oncle et sa bonté d'âme d'une manière plus générale. « Je veux dire, j'ai pas été surpris qu'elle veuille nous aider à retrouver mon père, mais plutôt qu'elle veuille me prêter main forte à moi. » Et c'était ça, qu'il avait eu un peu de mal à formuler jusqu'ici. Il comprenait pourquoi elle l'avait fait et ne prétendait même pas qu'elle l'avait fait pour lui, simplement il admirait toujours dans une certaine mesure lorsque les autres étaient capables de faire la part des choses. Dieu sait que lui n'y parvenait pas toujours et que dans cette situation, il était profondément reconnaissant à sa cousine de lui avoir proposé son aide malgré l'état de leur relation depuis plusieurs mois. S'il n'avait pas envie de remettre le sujet sur la table, c'était sa manière de prouver une nouvelle fois sa reconnaissance. « On allait pas te laisser seul à le chercher, James, t’as pas à t’excuser de quoi que ce soit » - « Je vous en suis vraiment reconnaissant. A tous les deux. » Et s'il insista autant sur la deuxième partie de sa phrase, c'est parce qu'August et lui n'avaient pas souvent pris le temps de se dire les choses, encore moins de se remercier. Son cousin et lui n'avaient jamais été particulièrement proches et pourtant, c'est lui qui l'accompagnait aujourd'hui dans cette tâche ingrate qu'était de faire le tour des centres de soin. Et ça n'était pas rien quand il était question de son père. « Tu as raison, allons-y » Si un poste de secours avait été installé à quelques dizaines de mètres, c'est sans doute parce qu'ils avaient considéré l'endroit propice à rassembler les sinistrés. Sinistrés dont pourrait faire partie Norman – une idée qu'il se devait de considérer à ce stade et qui serait au moins synonyme de réponses.

« Tu veux que j’aille demander ? Tu peux m’attendre ici si tu préfères » Arrivés sur place, James sortit du véhicule pour observer autour de lui alors qu'une boule d'appréhension grossissait au fond de son ventre, ce cadre renforçant l'impression qu'il avait peut être été un brin naïf en excluant d'entrée de jeu la possibilité que son père ait pu être blessé. Parce que, que ça lui plaise ou non, ça expliquerait un paquet de choses. « Je crois qu'il vaut mieux que je vienne. Je connais ses antécédents médicaux par cœur, je me dis que ça pourrait être utile. » S'ils avaient bel et bien accueilli son père et qu'ils avaient besoin d'informations pour ajuster son traitement, par exemple. « Mais merci. » Ajustement nerveusement le revers de sa manche, il retrouva le regard d'August pour souffler. « En temps normal je t'en aurais voulu de prendre autant de gants, mais pour une fois j'ai un peu de mal à te le reprocher. » Peut être parce qu'une fois n'est pas coutume, cette situation commençait à faire monter une certaine angoisse en lui, une angoisse avec laquelle il ne savait pas vraiment composer et qui lui interdisait de faire preuve d'autant de zèle que d'habitude. Il ne faisait définitivement pas le fier, James. Ainsi, décidant finalement de s'avancer en compagnie d'August, c'est un regard un brin absent qu'il reporta sur les scènes qui se jouaient autour d'eux. « Il y a un paquet de monde. Je sais pas si c'est bon signe. » Beaucoup de blessés légers voulait dire que la tempête avait fait des dégâts raisonnables, ou qu'en tout cas rares étaient peut être ceux à avoir eu besoin de soins plus importants. Il n'en savait trop rien, en vérité, se surprenant à trouver autant de réconfort que d'anxiété dans cette incertitude perpétuelle. « Messieurs, tout va bien ? Je peux vous aider ? » Une jeune femme en tenue de volontaire les avait semble-t-il repéré à leur air un peu perdu et les avait sûrement pris en pitié. « Oui, hm, on se demandait si les secours vous avaient amené un homme du nom de Norman Weatherton. » Le regard de la jeune femme accrocha le sien une seconde de trop pour ne pas que cette précision ait l'air de l'interpeller, pourtant elle se garda de tout commentaire et ne chercha pas à savoir s'ils étaient les Weatherton dont les défilés étaient régulièrement commentés entre les pages de Vogue. Et dieu merci, parce qu'il aurait pour une fois détesté l'idée de parler de lui ou de son travail. « Vous êtes de la famille ? » - « Je suis son fils, et voici son neveu. » La jeune femme prit quelques notes avant d'ajouter. « Bien, je vais aller me renseigner. Vous pouvez attendre ici. » Et alors que son regard observa sa silhouette s'éloigner avec un brin d'appréhension, c'est sur son cousin que James reporta rapidement son attention, sans doute beaucoup plus rassuré qu'il ne voulait le montrer d'avoir quelqu'un avec qui partager ces moments d'angoisse. « Les gens qui sont ici ont pas l'air trop lourdement blessés. Qu'est-ce que t'en penses, tu crois qu'il pourrait juste être shooté aux médocs ou avoir perdu son téléphone et que c'est pour ça qu'il aurait pas donné de nouvelles ? » Ce n'était pas l'éventualité la moins rassurante, alors il aimait assez cette idée pour sa part. « S'il est pas là, c'est peut être qu'ils l'ont emmené directement à l'hôpital pour un truc plus sérieux. » Mais il y avait une raison pour que ce soit la piste qu'il écartait depuis le départ, incapable d'imaginer une réalité dans laquelle il lui aurait tenu rigueur de son silence s'il retrouvait finalement son père cloué dans un lit d'hôpital, dans l'incapacité physique de prévenir qui que ce soit. Pas sans que la culpabilité le dévore aussitôt, du moins.

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« J’en ai fait plus d’une fois les frais alors je peux te dire que oui, c’est certainement ce qu’il aurait fait » Et James eut un bref sourire en y pensant, ayant sans doute plus que jamais besoin de se raccrocher à ce genre de choses tant que ça pouvait au moins lui éviter de ruminer inlassablement son inquiétude. Ça ne ferait pas de miracles, dans cette situation, il le savait. « Ça a toujours été sa manière de veiller sur nous. » Norman avait toujours été du genre protecteur, et ça aurait presque un coté surprenant quand on le voyait mener cette carrière sans fausse note à la tête de Weatherton depuis déjà vingt-cinq ans, sans que bon nombre de ses collaborateurs l'aient sans doute déjà imaginé en tuteur prévenant et attentif dès qu'il rentrait chez lui et abandonnait son costume d'homme d'affaires jusqu'au lendemain. « Il a jamais refait sa vie, après le divorce avec ma mère. Je crois qu'une part de moi a jamais trop compris pourquoi. » Une part de lui avait toujours pensé qu'elle lui avait brisé le cœur et c'est aussi pour ça, sans doute, qu'il n'éprouvait aujourd'hui qu'un certain mépris à l'égard de cette femme bien plus proche d'une inconnue que de quoi que ce soit d'autre à ses yeux. « Alors en tant que parent célibataire de cinq gamins pas toujours faciles à gérer, je crois qu'il a simplement toujours cherché à rester cool sans jamais se montrer trop laxiste. » Il n'avait jamais été étouffant, son père, mais il s'était toujours assuré qu'il file droit et lui avait très tôt inculqué le goût du travail acharné. James lui devait son éducation exemplaire et il n'y a pas un jour sans qu'il ne lui en soit reconnaissant. « Qui ne le serait pas, cousin ? » - « Tout ce que je veux, c'est que ce soit bientôt derrière nous. » Et même s'il économisait les formules de politesse comme à son habitude, ça comptait véritablement pour lui de ne pas se retrouver à devoir faire ça tout seul.

« J’ai compris, James » August connaissait sans doute Flora mieux qu'aucun d'entre eux, alors quelque part sans doute que ça le rassurait qu'il semble un peu moins surpris que lui que sa jumelle ait répondu présente pour participer à ces recherches. Parce qu'elle avait toujours eu un grand cœur, Flora, mais qu'elle aurait aussi eu de bonnes raisons de ne pas vouloir être là si ça voulait dire se confronter à son cousin. « Elle fait la part des choses. Ce n’est pas parce que vous avez des différents qu’elle va te laisser tomber sur ce coup. C’est pour Norman mais aussi pour toi qu’elle le fait » James secoua la tête, une part de lui aimant sans doute se dire que la situation entre Flora et lui n'était peut être pas si désespérée au bout du compte. Qu'ils avaient encore une chance de recoller ce qui s'était brisé entre eux la dernière fois. « J'en sais rien, t'as sûrement raison. » Flora n'aurait sûrement pas laissé passer une occasion d'aider à retrouver Norman. Pour le reste, il était sans doute aussi impatient que nerveux à l'idée de prendre la température au cours des prochains jours. « C'est Flora, après tout. Elle a toujours été du genre patiente avec nous, même quand on le méritait pas forcément. » Certains seraient tentés de dire qu'elle méritait même une médaille pour tous les supporter depuis autant d'années et s'être bien souvent retrouvée au milieu de batailles d'egos dans lesquelles James admettait volontiers avoir joué son rôle. « Je te dis pas d’en profiter mais tu sais aussi que c’est pas trop mon genre avec toi donc… » Un fin rictus au coin des lèvres, James se surprit à oublier un instant l'appréhension qui le dévorait depuis des heures, le moment se voulant un peu moins oppressant que s'il avait du se retrouver seul, naviguant à l'aveugle à la recherche de la moindre piste sur l'endroit où se trouvait son père. Il n'oublierait définitivement pas ce qu'August faisait pour lui aujourd'hui.

Les deux hommes débutèrent ainsi leurs recherches au premier centre de secours sur leur chemin, là où ils avaient espoir qu'on saurait leur donner des nouvelles de Norman. « S’il est ici, il se peut qu’il n’est pas pris son téléphone ou que, depuis sa batterie soit hors service. Comme tu dis, ça n’a pas l’air d’être des blessés trop grave donc… je vois plus cette possibilité qu’il soit plutôt sous l’emprise des médocs » Lui aussi était souvent d'avis que l'explication la plus simple était la meilleure. Et dans ce cas bien précis, ça l'arrangeait de se dire que son père n'était pas forcément blessé au point de ne pas pouvoir donner de nouvelles, mais simplement privé de l'opportunité de le faire pour d'autres raisons. « Il avait peut-être que cette alternative de venir ici, pas de moyen de communication. Ça se tient. » - « Le connaissant, il a sûrement pas eu le réflexe d'embarquer son chargeur de téléphone s'il a du fuir précipitamment. » Et dans ces cas-là, il n'avait pas forcément de moyen de savoir qu'ils avaient tous cherché à le joindre des dizaines de fois depuis ce matin. Ce n'était sûrement pas refuser de voir la réalité en face que de songer à l'explication la plus pragmatique, non ? James voulait bien croire qu'il manquait cruellement de recul sur la situation, mais pour une fois personne n'allait sans doute lui reprocher de se montrer un peu optimiste. « Ou qu’il n’est pas blessé aussi, James. » C'est à l'idée à laquelle James avait plus que jamais besoin de se raccrocher, écartant toute autre possibilité bien plus douloureuse pour la simple et bonne raison qu'il était question de son père, et que ce serait au-dessus de ses forces de seulement l'envisager. « Il y a d’autres postes de secours et si tu veux, sur la route, j’essaierai de joindre les hôpitaux une nouvelle fois. Peut-être qu’ils ont mis en place un service pour retrouver des proches, je peux demander à un de mes amis, il a peut-être l’info. » August était journaliste, à l'instar de pas mal de ses fréquentations, alors il était bien placé pour glaner des informations. « Si tu connais quelqu'un qui peut savoir ce genre de choses, pourquoi pas. Je t'avoue que je commence à avoir fait le tour des personnes à contacter. » Et si lui-même avait le bras assez long pour qu'aucune information ne reste jamais bien longtemps hors de sa portée, bien des choses étaient différentes dès lors qu'il était question de son père. Touché bien plus intimement qu'à son habitude, il n'avait plus la tête froide depuis déjà plusieurs heures. « Si ça donne rien ici, on continuera nos recherches ailleurs. Il est pas question qu'on rentre sans au moins avoir une piste. » Il se l'était promis à lui-même, il mettrait toutes son énergie et son abnégation dans ces recherches.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec Flora, James ? » Une part de lui s'attendait à ce que la question lui soit posée, probablement parce que personne dans leur entourage proche ne pouvait ignorer que les choses étaient particulièrement tendues entre sa cousine et lui depuis plusieurs mois. Alors, poussant un léger soupire, James souffla. « Tu sais sans doute qu'elle avait postulé pour devenir styliste à l'atelier et que la promotion est revenue à une autre. » Parce qu'il doutait que Flora lui ait caché une telle chose, surtout quand on savait quelle relation fusionnelle avaient toujours partagé les jumeaux. « Disons qu'on a pas été capables de se dire les choses intelligemment quand elle est venue m'apporter sa démission. J'ai réagi avec orgueil parce que je trouvais ça trop bête qu'elle gâche ses capacités pour aller bosser dieu seul sait où. » Il avait été con, et ça n'avait rien arrangé. Mais ça l'avait mis hors de lui, sur le coup, qu'elle soit prête à tirer un trait sur tous ses efforts et sur sa chance de continuer à progresser. « J'aurais pas du lui dire qu'elle était capricieuse, et elle aurait pas du insinuer que j'avais jamais eu à me battre pour obtenir la place qui est la mienne. Sur ça je crois qu'on est d'accord elle et moi pour dire que les torts sont partagés. » Ils avaient tous les deux dit des choses qu'ils regrettaient aujourd'hui, James en était convaincu, sur le moment c'était simplement plus simple de se renvoyer la balle que de se parler comme deux adultes capables de dépasser cette situation. La tension était à son maximum, ce jour-là, à l'atelier. « D'accord, j'en assume peut être une part un peu plus grande. Mais je voulais pas qu'elle puisse se réveiller un jour en regrettant amèrement sa décision. Je la connais assez pour savoir que ça lui pèsera beaucoup trop. » Il reprit finalement, prêt à reconnaître que c'était lui qui avait mis le feu aux poudres au départ et que Flora ne s'attendait sans doute pas à cette réaction lorsqu'elle lui avait fait part de sa déception et de son envie de poursuivre des rêves plus réalistes que ceux qui l'animaient jusque là. En tant qu'artiste passionné mais aussi en tant que mentor, ça l'avait sûrement piqué plus qu'il ne l'avait admis sur le moment, qu'elle puisse tout abandonner comme si ça ne risquait pas de lui coûter d'être rongée toute sa vie par des regrets. « Je crois qu'au fond j'ai peur qu'elle pense depuis ce jour-là que je l'ai pas choisie pour des raisons autres que professionnelles. Que j'ai laissé d'autres choses influer sur ma décision et que je suis pas resté impartial. » Il n'entendrait pas dans les détails si August n'avait pas connaissance de l'autre épisode qui avait jeté un léger froid sur sa relation avec la brune. Il ignorait si Flora s'était confiée à son jumeau sur son histoire avec Auden et sur le fait que James avait mal vécu que l'italien et elle aient entretenu une courte liaison. James avait toujours su faire la part des choses et jamais il n'aurait cherché à la punir pour quelque chose qui n'avait rien à voir avec leur travail à l'atelier, qui plus est alors qu'il s'était efforcé de tirer un trait sur cette histoire. Il en avait essentiellement voulu à Auden, de toute façon, alors l'idée qu'une part de Flora nourrisse peut être certains doutes le tourmentait plus qu'il ne le montrait. Elle le connaissait trop bien pour le croire capable de tout mélanger quand il était question de Weatherton – d'eux surtout – non ?

Une silhouette familière réapparut après quelques instants et la jeune femme qui était partie se renseigner un peu plus tôt se posta face à eux au moment d'énoncer. « Désolée, je viens de vérifier et votre père n'est pas ici. Vous devriez essayer du coté de West End, je sais qu'on leur a aussi envoyé des blessés. » Ça n'était évidemment pas la réponse qu'il avait espéré, celle-ci les renvoyant au point de départ et face aux mêmes incertitudes, quand bien même elle était certainement rassurante si on prenait la situation dans l'autre sens : tant que son père n'était pas installé sur un de ces lits et pris en charge par des médecins volontaires, rien n'indiquait qu'il était nécessairement blessé. « D'accord, merci. » La boule qui pesait sur son estomac depuis le début de cette journée n'était cependant pas prête de disparaître, elle. « Je crois qu'on connaît notre prochaine destination. » Il adressa à August, qui il le savait était aussi déterminé que lui à en avoir le cœur net.

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@AUGUST CONSTANTINE & JAMES

« Sûrement parce qu’il n’a pas voulu renouveler l’expérience de la déception » Sûrement, oui. C'est pour ça qu'il n'avait jamais jugé son père d'avoir préféré une vie de célibat au risque de finir blessé à nouveau, pour ça aussi qu'il s'était probablement construit avec l'idée qu'aimer, c'était justement accepter de terminer avec le cœur brisé d'une manière ou d'une autre. Il en avait après tout eu la preuve lorsque son tour avait été venu. « Je n’avais jamais vu les choses comme ça, tu sais. » Son regard rencontra un instant celui d'August, sans pour autant porter la moindre trace de jugement, pour une fois. Il lui était déjà arrivé de le juger ingrat, d'estimer qu'il ne montrait pas suffisamment de reconnaissance à l'égard de l'homme qui les avait élevé sa sœur, ses frères et lui, mais aujourd'hui une part de lui était capable de concevoir que la manière dont tout ça s'était fait n'avait rien d'évidente elle non plus, à l'âge qui était le leur à l'époque. Alors au milieu de tout ça, peut être que James parvenait pour une fois à trouver un peu d'indulgence à offrir et à se mettre à leur place, là où August était prêt à faire les mêmes efforts avec lui en retour. « Il vous aime énormément, tu sais. Tous autant que vous êtes. » Et s'il éprouvait le besoin de le préciser, c'est parce qu'ils savaient tous les deux qu'Ambrose et Flora entretenaient des rapports plus étroits avec Norman et ce depuis toujours, là où Malone et August avaient toujours eu plus de mal à lui faire une véritable place dans sa vie. Norman n'avait pourtant jamais fait de différence, jamais considéré qu'ils étaient moins dignes de sa dévotion et de son amour. Et de toutes les choses qui l'avaient toujours profondément inspiré chez son père, sa capacité à donner de lui-même inconditionnellement autour de lui était peut être bien celle qui, tout au fond, lui avait toujours inspiré la plus grande admiration. « J’en suis convaincu. » Le sujet Flora restait un peu difficile à évoquer pour lui, alors qu'il était conscient d'avoir plus que sa part de responsabilité dans la façon dont sa relation avec sa cousine s'était ces derniers mois dégradé. Qu'elle ait accepté de l'aider dans ses recherches, malgré tout ça, comptait forcément pour lui. « Je m’en charge. » - « Merci. » Rien n'obligeait August à faire jouer ses contacts pour accélérer les recherches, pourtant James mentirait s'il prétendait avoir la moindre envie de refuser cette main tendue, surtout quand tant de questions restaient sans réponse au sujet de la disparition de Norman. Tant de questions auxquelles personne ne semblait pour le moment pouvoir répondre, et c'était bien là le plus frustrant. « On retournera la ville entière s’il le faut. On va trouver quelque chose, cousin. » Il voulait y croire plus que tout, dieu sait pourtant qu'il n'était pas connu pour être un optimiste dans l'âme. Il était simplement question de son père, alors l'heure était plus que jamais à l'espoir. « Il mérite rien de moins que ça. » Lui n'aurait pas hésité à retourner le pays tout entier si l'un d'eux avait du s'évanouir dans la nature, ils le savaient l'un comme l'autre. « J'ai besoin de réponses, et je sais que toi aussi. On est tous dans ce cas-là. » Attendre et faire face à cette incertitude, ça leur était insupportable.

« C’est pas de Flora, d’être capricieuse » Le ton d'August se voulait aussi ferme qu'il se montrait toujours loyal à l'égard de sa jumelle, ce que James n'avait pas dans l'idée de lui reprocher un seul instant. Il aimait avoir raison, mais il exécrait l'idée qu'on aille dans son sens pour lui faire plaisir. Et dans ce cas bien précis, il était capable d'admettre qu'il avait sa part de responsabilité dans les tensions nées entre sa cousine et lui. « Je sais. J'ai laissé parler ma colère et dit des choses que je pensais pas vraiment. » Il avait été frustré par sa manière de réagir sur l'instant, c'est vrai, mais il aurait sûrement du faire des efforts pour la comprendre et pour se mettre à sa place. C'est là qu'il avait d'abord échoué, avant d'accumuler les erreurs en réagissant comme il le faisait bien souvent dans ces cas-là : démesurément. « Elle a été déçue, James. Qu’importe que sa décision soit bonne ou mauvaise, elle s’est sûrement sentie lésée et peut-être avait-t-elle besoin d’être davantage reconnue dans ce qu’elle faisait au quotidien à Weatherton et depuis tout ce temps ? » Il savait tout ça, James, pour avoir vu Flora trimer à l'atelier pendant des années sans jamais compter ses heures ni même demander la plus petite augmentation. Dans un monde idéal, ses efforts auraient suffi à lui garantir la promotion qu'elle méritait. Mais dans le monde qui était le leur, les choses n'étaient jamais aussi simples. « Imagine toi à sa place. Après tant d’années dans une même entreprise à voir que tes efforts ne payent pas, qui te dit que tu n’aurais pas pris la même décision ? » Il n'avait pas besoin de s'imaginer quoi que ce soit pour savoir qu'il n'aurait pas réagi de cette façon, non pas parce que ça ne l'aurait pas atteint dans une égale mesure – bien au contraire, ça l'aurait probablement rendu fou – mais parce que ça aurait inévitablement eu pour effet de décupler sa détermination et sa rage de vaincre. Il était comme ça, il l'avait toujours été. « On m'a appris à jamais abandonner ni baisser les bras, et c'est pourtant pas faute d'avoir déjà eu l'impression que j'allais droit dans le mur avec un concept ou que ce que je faisais était ni assez brillant, ni reconnu à sa juste valeur. » On ne croirait pas en le voyant afficher une réussite presque irréprochable sur le papier, qu'il avait pu connaître son lot de doutes et de remises en question. Quand il débutait, quand ils étaient nombreux à espérer le voir trébucher et salir le nom qui était le sien. Quand il devait non seulement être à la hauteur de la pression sur ses épaules, mais faire mentir ceux qui le pensaient trop jeune, trop inexpérimenté pour être à la hauteur. « Et je suis conscient que ça me rend particulièrement exigeant avec les autres et que ça fait pas de moi la personne la mieux placée pour comprendre qu'on puisse parfois prendre des décisions sous le coup de la déception. Mais j'en serais pas là aujourd'hui si je m'étais déjà laissé démotiver, et c'est ce que j'ai voulu faire comprendre à Flora. » Il n'aurait pas du insinuer qu'elle n'avait pas le droit d'être déçue, parce que ce droit il n'avait en vérité jamais voulu le lui ôter et qu'il savait depuis le départ, depuis que leur décision avait été prise, qu'il la blesserait bien involontairement. « Elle a un vrai talent, un style propre à elle, et elle peut être vraiment persévérante quand elle veut. Mais ce milieu, ça demande d'avoir les nerfs bien accrochés, parce que t'auras beau te donner à 200% tu te retrouveras toujours en compétition avec quelqu'un d'aussi enragé et déterminé que toi. » Ils le savaient tous en débutant, que les places étaient chères et que maintenir un niveau excellent ne suffisait pas à conserver la sienne. « Travailler à l'atelier, c'est déjà avoir battu les trois quarts de ceux qui espèrent un jour bosser dans ce milieu. C'est déjà faire partie des rares privilégiés à pouvoir apprendre des meilleurs. » Alors même si les échecs faisaient toujours mal, même si les désillusions étaient fréquentes, ça faisait partie du jeu et de ce ticket d'entrée ultra sélect qui vous était remis à votre arrivée à Weatherton. Faire partie de l'atelier, c'était faire partie de l'élite du milieu et le quitter revenait à renoncer à une place que certains tueraient pour obtenir.

« C’est le cas ? » Il n'eut pas besoin d'y réfléchir, James, au moment de souffler. « Non, August. » Finalement, c'était sur cette partie qu'il éprouvait le besoin de se justifier, peut être parce qu'il espérait ainsi savoir si Flora avait pu faire part à son frère de ses doutes quant à l'impartialité de son cousin. Doutait-elle qu'il ait pu prendre la décision d'accorder cette promotion à une autre pour de mauvaises raisons ? Doutait-elle de lui, et de pouvoir lui faire confiance pour toujours rester neutre et impartial ? « J'ai été amer pendant quelques temps, mais j'ai pas laissé cette histoire influencer ma décision. Si j'avais du le faire à chaque fois que j'avais eu un contentieux avec quelqu'un, j'aurais privé plus d'une fois l'atelier d'excellents éléments. » Et dans ce milieu, il n'était pas rare qu'ils se poussent à bout et haussent parfois le ton sous le coup du stress engendré par toute cette pression. « Et je suis peut être un sacré connard aux yeux de beaucoup, mais ça, c'est pas ma façon de faire. » Et s'il ne doutait pas qu'August serait plutôt en accord avec la première partie de son affirmation, il espérait qu'il ne mettrait pas sa parole en doute. Dans cette histoire, il avait tâché de prendre du recul même si ça lui avait été difficile, et en aucun cas il n'aurait pu vouloir faire payer Flora. Pas alors que cette histoire était déjà oubliée, que leur relation avait toujours compté bien plus que l'amertume qui l'avait un temps habité quand il avait su pour Auden et elle. « Je pense qu’une discussion sera nécessaire entre vous, tôt ou tard. Et je te conseillerait même d’être celui qui crève l’abcès » - « J'imagine que ça nous ferait pas de mal, oui. » Il souffla pensivement, conscient à son tour qu'il ne pouvait pas se permettre de laisser les choses traîner s'il voulait avoir une chose de préserver sa relation avec sa cousine. Que c'était dans son intérêt, de mettre sa fierté de coté pour une fois.

S'il gardait espoir que leur venue au centre de secours leur apporterait de nouvelles pistes ou au moins un début de réponses, cet espoir fut finalement balayé lorsque la soignante revint les mains vides des informations qu'ils attendaient. Ils n'avaient donc aucun intérêt à rester ici plus longtemps et feraient mieux de passer à la prochaine option. « Allons-y. » West End, ce serait donc, et voir que ce nouvel échec n'avait pas entamé la motivation d'August était forcément un soulagement pour le créateur. « Est-ce que tu veux que je conduise ? » - « Si ça t'ennuie pas. » Il mentirait s'il prétendait être tellement en état de le faire, alors que ses nerfs étaient mis à rude épreuve chaque fois qu'une nouvelle piste les voyait repartir bredouille. Ils finiraient par obtenir des réponses, d'une manière ou d'une autre, mais c'était une frustration constante de faire dur sur-place. « Ça va sûrement te sembler idiot, comme question, mais Norman t'aurait pas parlé d'un endroit particulier où il aurait la moindre chance de se retrouver en ce moment ? » Ne serait-ce qu'au cours d'une discussion tout à fait anodine, à laquelle August n'aurait pas prêté plus attention que ça parce qu'elle pouvait sembler sans grand intérêt à première vue. « Je sais qu'il joue sûrement pas le rôle de confident pour toi et que l'inverse est sûrement vrai, mais je préfère écarter aucune piste. » Il était conscient que ça aurait sûrement de quoi le surprendre, mais même en sachant qu'August n'avait jamais été aussi proche de son père que pouvait l'être Ambrose, il ne pouvait pas être tout à fait certain qu'il ne leur arrivait jamais de se parler, tous les deux, ou que leur relation se résumait à l'indifférence qu'avait parfois pu montrer son cousin. Peut être bien qu'il arrivait à cours de pistes et qu'il faisait comme il pouvait pour garder le champ des possibles aussi étendu possible, mais il aimait autant ne pas garder ses questions pour lui.