trébucher, tomber, mais se relever

@Lexie Walker & August Constantine

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Mi-juillet 2023, Dovercourt Center, Toowong. Se rendre en ces lieux n’est pas un exercice facile pour August. Il a encore du mal à se rendre aux réunions des alcools anonymes parce qu’il est dur pour lui d’en porter l’étiquette et parce qu’il ne prend pas pleinement conscience de l’addiction qu’il a pu développer ces derniers mois. Surtout il ne se rend pas compte de la gravité du problème, sans pour autant le minimiser. A ses yeux, les réunions ne sont pas nécessaires parce qu’il a décidé de se reprendre en main par lui-même et n’a pas touché à une goutte d’alcool depuis juin dernier. Il s’est fait la promesse de ne plus jamais sombrer comme il a pu le faire et cela avant tout pour ses proches, à qui il a suffisamment causer d’inquiétudes et de torts pour continuer sur cette voie. Il le fait aussi pour lui parce qu’il ne peut pas s’autoriser à perdre tout ce qu’il lui reste alors qu’il a déjà perdu celle qu’il aimait et celle pour qui les sentiments se perpétuent malgré tout. Il a perdu surtout une perspective d’avenir personnelle et lorsqu’il a manqué d’être mis sur la touche par le journal pour lequel il travaillait depuis des années, August a doucement pris conscience de l’ampleur des dégâts. Il en a pris même la cruciale décision de quitter cet ancien job pour enfin s’autoriser à être le journaliste qu’il se doit d’être, celui qui se bat pour quelque chose et ne se contente pas de relayer des informations sans aucune importance. Et cette conviction et cette motivation soudaine ne sont pas non plus sortis de nulle part quand son frère cadet est venu le voir lui et seulement lui pour écrire cet article à propos de Saul Williams, cette enflure qu’August souhaite faire couler coûte que coûte.

Il estime donc que sa vie, il est parvenu à la reprendre en main et que toutes ces réunions auxquelles ses proches l’incitent à se rendre malgré tout ne sont pas nécessaire. Ce soir, pourtant, August a décidé d’y mettre les pieds, sûrement parce que Blake l’y a déposé alors qu’il était censé le raccompagner chez lui. Mais ne voulant décevoir son ami, il est finalement descendu de l’habitacle, saluant ensuite tous ceux présents à la réunion, prenant place sans mot dire. « Merde ! » Il était attentif au monologue de cette femme d’une quarantaine d’années qui parlait avec plus d’aisance que lui n’a été encore capable de le faire jusqu’à ce qu’une tête, loin de lui être inconnue, pénètre dans la salle. Il faut dire que cette personne ne passe pas non plus inaperçue et que cela attire l’attention de toute l’assemblée. Le calme revenu et ce fantôme du passé ayant pris place face à lui, August est incapable de défaire son regard de Lexie Walker quand celle-ci trouve aussi le sien et ce ne sont clairement pas des sourires qu’ils s’offrent l’un l’autre. Il est impassible quand lui peut lire de la colère et de l’amertume dans ses pupilles « Lexie ? Lexie ?! » « Pardon ? » « Veux-tu nous dire pourquoi tu es venue aujourd’hui ? » « Ho ! Rien de particulier, je passais dans le coin … » Cette réponse ne manque pas de faire sourire August, comme tous les autres « Nous connaissons tous ton aversion pour ces réunions, Lexie. Si tu es venue, c’est que tu avais besoin de parler. Alors nous t’écoutons. » « Je crois que mon frère va me rendre chèvre (…) Depuis que j’ai été virée, il m’a recueilli dans l’entreprise familiale, pour m’occuper l’esprit pendant la journée. Sauf que c’est pas mon domaine. Alors il m’occupe comme il peut : café, photocopies, archivage … Il veut bien faire, je le sais, mais je vais devenir dingue. Je suis presque persuadée qu’il a dérangé des dossiers que j’avais déjà classés, juste pour permettre aux heures de passer sans que je ne pense à la cocaïne … » August se souvient très bien avoir lu un article à propos de Lexie ayant perdu sa place au sein d’ABC. Il se souvient aussi la réflexion qu’il s’était faite, peu étonné et triste à la fois de voir que la cadette des Walker ne parvenait pas, après tant d’années, à trouver une certaine stabilité. Comme quoi, certaines addictions ont la vie dure et peut-être que ce genre de cas devrait l’alarmer lui-même.

La réunion se termine et, par principe, August décide de rester. Il traine autour du buffet, se servant un verre de soda et s’emparant d’un mini four qu’il s’apprêtait à mettre dans sa bouche quand il est interrompu dans sa dégustation « Hé bien, Monsieur Parfait aurait-il trébuché ? » Il soupire. Non pas parce qu’il se résigne à ne pas avaler tout de suite le petit mets mais parce qu’elle a une drôle de façon de l’aborder, piquante comme à son habitude – du moins, dans ses souvenirs « Je t’aurais bien invité à boire un verre pour que tu me parles un peu de toi, mais non seulement on n’a pas le droit à l’alcool, et en plus j’en n’ai strictement aucune envie ! » « Alors pourquoi tu es venu me parler, Lexie ? » qu’il demande en soupirant une nouvelle fois, son regard venant à trouver celui de la Walker. « Je pourrais être là pour faire un article de presse. Mais ce n’est pas le cas ». En somme donc, il a trébuché lui-même oui, pour répondre à sa question. August se pivote un peu plus pour lui faire face, tentant de passer outre les remarques désagréables qu’elle peut lui faire et cet air fermé qu’elle peut adopter à son encontre « Je suis désolé pour ABC » Peut-être qu’elle ne l’est pas mais il est poli en tout cas, une part de lui regrettant de voir qu’elle perd aussi là une place de choix, elle avec qui il partage la passion pour le journalisme. « J’ai failli perdre mon job aussi il y a quelques mois à cause … de mon addiction pour l’alcool. Je sais un peu ce que c’est ». Il n’est pas sûr de gagner des points en disant ça, mais il essaye, tentant d’apaiser cette amertume d’un temps désormais passé et qu’il estime bien loin derrière eux – mais pas sûr qu’elle partage cette opinion la Walker.
 

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Mi-juillet 2023.« Pour que tu dégages ! Pour que tu comprennes que tu n’es pas le bienvenu ici ! Trouve un autre centre ! » Il n’est pas là en tant que conquérant d’un territoire et August refuse de se lancer dans cette guerre que Lexie semble vouloir lancer entre eux. Il est conscient qu’elle réagit de la sorte, non pas parce qu’elle estime qu’ici, c’est son safe space à elle, celui où elle s’autorise des confessions qu’elle n’est sûrement pas en mesure de faire en dehors de ce centre, mais du fait de vieilles rancœurs qui sont les leurs, celles concernant un passé durant lequel ils ont été réciproquement déçus de l’un et de l’autre. Le manque de compassion et de compréhension d’August d’un côté, et la témérité et le je m’en foutiste de Lexie de l’autre sont les raisons pour lesquelles, aujourd’hui, ils sont en mauvais terme. Et si le Constantine semble prêt à laisser tout ça derrière eux, il ne semble pas en être de même de la part de la Walker qui l’accueille des plus froides des façons, sans toutefois l’impressionner ou le pousser à agir par mimétisme. Pour preuve, il préfère ignorer cet affront et répondre en donnant indirectement les raisons qui le poussent à se trouver lui aussi ici ce soir – et s’il allait plus loin, il lui confesserait même qu’il préférerait être partout sauf ici, mais ils n’en sont pas à ce stade de confidences.

En revanche, pour montrer sa compassion et prouver qu’il n’est pas de mauvaise foi avec elle en se montrant compatissant quant à la perte de sa place à ABC, August finit par lui confesser qu’il a lui-même failli perdre son job à cause de son addiction à l’alcool, ce qui ne manque sûrement pas de surprendre Lexie qui n’aurait jamais sûrement pensé cela possible chez le Constantine – lui-même en a honte « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Elle s’adoucit et il apprécie. En effet, Lexie aurait toutes les raisons du monde de l’attaquer avec cette perche tendue et cette faille qu’il lui montre ce soir, lui riant au nez de cette inversion des rôles, ou du moins, du karma qui semble s’abattre sur lui du fait de son manque de compassion par le passé. « C’est ça qui t’a fait prendre conscience de ton problème ? Le fait que t’aies failli perdre ton job ? » Il soupire, August, car même s’il reconnait son problème avec l’alcool, il peine encore à se confier à ce sujet et en parler aisément. Alors, comme pour se donner du courage et parce qu’il a lui-même lancé le sujet, August s’empare d’un petit amuse-bouche puis d’un deuxième avant de prendre la parole « Ca et d’autres choses. Tu as peut-être lu l’article que j’ai écrit à propos de mon petit frère, Ambrose et de cet ordure de Saul Williams » qu’importe à vrai dire qu’elle l’ait lu ou pas, ce n’est pas le fond qui est la raison de sa prise de conscience « Que mon petit frère me fasse confiance pour écrire cet article a été le réel élément déclencheur. Il avait besoin de moi, et pour que je sois digne de cette confiance qu’il m’accordait malgré tout, je ne pouvais plus continuer à trouver refuge dans l’alcool à longueur de journée. » Il sait la déception qu’il a pu être ces derniers mois pour ses proches, l’inquiétude qu’il a pu créer chez eux à cause de son addiction et pour ça, August s’en veut terriblement « Je ne bois plus mais venir ici ne m’est pour autant pas simple. J’admire la façon que tu as eu de t’exprimer tout à l’heure devant tout le monde ». Il est sincère, un mince sourire venant se loger au coin de ses lèvres « Qui aurait cru qu’on se retrouve ici, toi et moi ? » qu’il lance à Lexie sur un ton qui se veut plus plaisantin et, pourtant, il retranscrit tout son malaise « Je suis désolée de t’avoir jugé par le passé » Parce qu’il sait désormais que certains traumatismes sont plus difficiles à affronter que d’autres, il en a fait les frais lui-même « J’ai été largué. Le jour de mon mariage ». Il répond à ce pourquoi cette addiction, cette question qu’elle lui a posée un peu plus tôt sans qu’il ne soit capable d’y répondre immédiatement.

 

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Mi-juillet 2023.Il joue carte sur table, August, ne souhaitant pas rester dans cette animosité avec Lexie, alors que lui-même souhaite enterrer la hache de guerre. Il n’y en avait pas réellement une à proprement parlé, mais ses rapports avec la Walker n’était pas au beau fixe et sûrement que, dans d’autres circonstances, il l’aurait tout bonnement ignoré. Mais les problèmes qui ont été et sont toujours les siens lui font voir les choses d’une toute autre façon et c’est pour cette raison qu’il aborde la jeune femme avec plus de douceur. Il est sincère quand il se livre à elle, toutefois, avouant avec une certaine facilité ses faiblesses mais aussi les raisons qui le poussent désormais à s’en sortir. « Ils savaient du coup ? Tes proches ? Pour ton addiction ? » Les traits de son visage s’attristent à l’évocation. Bien sûr qu’ils savaient. Ils ont assisté à sa déchéance, peu à peu, impuissant face à un August qui a totalement perdu pied. Il se le reproche, s’en veut terriblement au point d’en avoir même honte « Ils ont assisté à ma descente aux enfers, même. J’en suis pas fier » Il se souvient que trop bien de l’image qu’il a laissé à Ambrose lorsqu’ils se sont retrouvés dans ce parc pour jouer une partie de cricket qui a été un désastre, il se souvient des nombreuses fois où Flora a répondu présente alors qu’il débarquait chez elle à l’improviste, saoul à ne plus tenir debout, tout comme les faiblesses qu’il a laissé paraitre devant son ainé ou l’esclandre provoquée à l’Emerald, obligeant son cousin à venir le chercher pour le ramener chez lui. Bref, que des épisodes qui lui reviennent soudainement, assombrissant les traits sur son visage, qu’il aimerait, s’il le pouvait, pouvoir effacer de la mémoire de tous « J’ai repoussé leurs aides parce que je ne voulais pas reconnaitre mon problème ». Un classique, Lexie se reconnaitra sûrement dans ce qu’il dit, il n’en doute pas. Le temps, les circonstances ont aidé à ce qu’August accepte enfin de se faire aider et si l’envie de boire un verre le titille de temps à autre, l’exercice le moins plaisant reste tout de même d’assister à ses réunions et de parler de ses problèmes devant tout le monde « Des mois d’entrainements ! Tu verras, ça viendra. » Il la croit mais ce n’est pas tant ce qu’elle dit à ce sujet qui l’interpelle mais davantage ce futur qu’elle utilise, faisant naitre un sourire sur ses lèvres « Ca veut dire que j’ai le droit de revenir ? j’ai pas besoin de trouver un autre centre ? » qu’il demande, se permettant d’user d’humour alors que sur la défensive, Lexie lui avait demandé d’aller voir ailleurs si elle y était. « Tu as raison, ça viendra sûrement. Pour le moment, je me contente d’écouter les autres ». Et peut-être que c’est aussi ce qui l’aide à voir les choses sous un autre angle, quand certains combattent leurs addictions depuis des années. C’est tout ce qu’il ne veut pas, le poussant ainsi à persévérer dans ses efforts de guérison.

Il lui concède les raisons qui l’ont poussé à sombrer, la fuite de sa bien-aimée le jour de leur mariage, sans explication aucune et il ne manque pas de déceler, dans le voix emprunté par Lexie, un certain jugement « Et ça a été suffisant pour faire du August infaillible un alcoolique ? » Dire qu’il apprécie sa répartie serait mentir mais il essaye d’aborder les choses sous un autre angle « Chacun ses faiblesses, j’imagine ». Et peut-être que cela va bien au-delà d’une simple peine de cœur quand August a l’impression que le bonheur semble banni de la vie des Constantine, eux qui ont perdu leur mère très jeune et dont le père est alité dans un centre spécialisé depuis des années suite à un accident. « J’ai le droit de te retourner la question, Lexie ? ». Il use de prudence dans sa demande, ajoutant « Je te force à rien si tu ne veux pas m’en parler ». Il ne souhaite pas faire éclater une dispute de plus avec elle alors que les choses semblent désormais apaisées entre eux.

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Mi-juillet 2023. L’atmosphère s’allège entre les deux anciens collègues journalistes et c’est aussi l’occasion pour August de tenter une plaisanterie, ayant eu droit, au début de leur échange, de la part de la Walker, a une réprobation quant à sa présence ici. Elle l’a sommé de se trouver un autre lieu de réunion et il s’autorise donc à lui demander si elle l’accepte désormais. Une perche qu’il a mal interprété, même si Lexie ne semble pas répondre par la négative dans l’immédiat « En fait, je voulais simplement souligner que tu devrais continuer à te battre pour le reste de ta vie, que tu serais toujours un addict, mais j’apprécie ton optimisme, bien meilleur que le mien ! » Effectivement, les perspectives sont différentes et cette dure réalité qu’elle lui renvoie en pleine figure tend à amoindrir ce grand sourire qu’il a sur les lèvres. Il ne disparait pas totalement parce qu’il sait aussi qu’il doit se rendre à l’évidence et ne peut nier que ce combat, c’est pour le restant de sa vie qu’il devra le combattre, mais, mine de rien cela l’attriste et un certain sentiment de honte même vient à l’envahir, quand il prend sûrement ça un peu trop à la légère. « Quant au centre … je pense qu’on pourrait toujours créer un planning pour éviter de se croiser. Je suis pas certaine qu’une droguée et un alcoolique fassent bon ménage ! » Son regard se relève pour trouver celui bleuté de la brune face à lui et un nouveau sourire vient à fendre ses lèvres « Je pense qu’on peut trouver un arrangement du genre, oui » qu’il répond simplement avec douceur avant d’ajouter « Mais sinon, Walker, tu sais parfaitement comment refaire descendre sur terre » et ça, c’est en référence à son optimisme qu’elle a souligné et qu’il a rapidement perdu au détriment de cette vérité qu’elle lui a livré. « Je sais que je vais devoir me battre avec toute ma vie et que la moindre goutte d’alcool que je pourrais ingérer ne sera pas innocente désormais. Mais je suis prêt à vivre avec ». C’est son optimisme qui parle mais aussi ce manque qu’il ne ressent pas actuellement parce qu’il n’y a rien qui a pu le mettre dans un état qui pourrait le pousser à replonger. Il fait abstraction, pour le moment, préfère garder ses œillères surement mais la réalité risque fortement de le rattraper dès que quelque chose le contrariera : une simple rencontre avec Yara au détour d’une rue, une énième dispute avec ses proches, sa bataille pour retrouver son amitié avec Mickey – et qu’il sait, au fond de lui, vaine – ou encore la vue de son père, inerte, dans ce lit d’hôpital, à chaque visite qu’il lui rend.

Si August a sombré suite à la fuite de celle qui aurait dû devenir sa femme, la raison en est tout autre pour Lexie qui accepte de se livrer au Constantine à ce sujet « Mon père est mort quand j’avais 16 ans. Et ma mère ne s’est jamais occupée de nous et n’est pas capable d’aimer quelqu’un d’autre qu’elle. Mon frère aîné était parti à l’étranger, j’avais l’impression de n’avoir plus personne … On m’a invité en soirée pour me changer les idées et que j’arrête de broyer du noir, et là, on m’a proposé de la cocaïne … » C’est de but en blanc d’ailleurs qu’elle lui livre cette histoire, la sienne, celle qu’il lui ignorait et comment après tout, quand ils n’ont jamais été plus que de simples collègues. « Et c’était bon. Pendant quelques heures, j’oubliais tout, je devenais forte, invincible. Alors j’ai recommencé, encore et encore. Et c’est ce qui m’a permis de continuer à avancer, savoir que quand j’arrivais au bout, je pouvais m’échapper quelques heures. C’était une bouffée d’oxygène, une bouée de sauvetage. » Il ne peut la juger désormais. Il voit d’un tout autre angle ce sur quoi il a pu pourtant le faire quelques années auparavant quand elle arrivait complètement défoncée au travail. Ses raisons à elle sont plus légitimes mais August s’y retrouve aussi. Et finalement, si la fuite de Yara n’était que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Il a lui-même perdu ses parents, sa mère, alors qu’il avait à peine six ans en donnant naissance à Ambrose, et son père, quelques mois plus tôt, suite à un accident de voiture le plongeant dans un profond coma. Il est toujours techniquement en vie mais il n’est plus capable de répondre de ses responsabilités et c’est un soutien dont August manque cruellement de jour en jour. Et puis, son frère ainé à lui aussi a pris la poudre d’escampette, celui pourtant à qui August s’est raccroché pendant toute son enfance et son adolescence jusqu’à ce qu’il disparaisse du jour au lendemain. Ses traits s’affaissent alors, ses sourcils se froncent et son air devient préoccupé et profondément désolé, ses pupilles fuyant sûrement plus encore que celle de Lexie quelques secondes auparavant « Je suis désolée, Lexie » qu’il dit avec une sincérité grandissante alors qu’il cherche cette fois à capter son regard « Je sais ce que c’est que… de perdre un parent » dans son cas il en a même perdu deux mais n’est-ce pas le cas de la Walker aussi quand sa mère n’a rien d’une mère pour elle ? Il ne souhaite pas s’éterniser pour autant sur sa propre histoire, ne cherchant pas à les lier plus que de raisons encore, bien qu’il prenne conscience ici qu’ils ont sûrement plus en commun qu’ils ne peuvent le penser. « Je comprends, en tout cas » Il comprend sa situation, le fait qu’elle est flanchée et qu’elle ait eu besoin de trouver du réconfort dans toutes ces addictions. Il espère juste qu’elle va mieux ou ira mieux, mais ça, il le garde pour lui, conscient que ce n’est sûrement pas quelque chose qu’elle apprécierait entendre.

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Mi-juillet 2023. « On a plutôt l’habitude de me dire que j’emmène les gens au septième ciel … » Le fait que Lexie use d’humour étire les lèvres d’August qui apprécie surtout de voir qu’elle parvient à se détendre. La partie était pourtant mal partie quand elle était loin d’être ravie de le voir ici, mais il semblerait qu’un compromis puisse être trouvé et peut-être, qu’à la longue, elle acceptera qu’ils se trouvent aux mêmes réunions – mais chaque chose en son temps. « J’essaie toujours de m’habituer à la nouvelle Lexie … » « Je la trouve plutôt sympa, moi, cette nouvelle Lexie » Et ce, encore une fois, bien qu’elle était vindicative au départ, il apprécie cette maturité dont elle fait preuve en ayant accepté la discussion avec lui. Et même si elle est un peu moralisatrice et surtout, très pessimiste, August doit aussi se rendre à l’évidence qu’il ne pourra jamais se défaire de cette addiction qui est devenue la sienne ces derniers mois. Une erreur, une seule, et il le paiera pour le restant de ses jours, ne pouvant plus se permettre de toucher à une goutte d’alcool, même dans les soirées les plus simples. Ce ne sera plus aussi ce refuge qui lui a pu être réconfortant ces derniers temps et ces émotions, il devra les combattre d’une toute autre façon « Pour moi aussi, l’alcool, c’est fini. Si je bois, je risquerai d’oublier que je ne dois plus sniffer de cocaïne … Tout a changé. » Ils se doivent d’être vigilant et à apprendre à vivre avec leurs démons, à les dompter, sans jamais leur permettre de reprendre le dessus. « Certains s’en sortent très bien. On devrait y arriver aussi ». Il est toujours positif, August, il essaye de l’être, lui qui tente désormais de s’en sortir et d’emprunter le droit chemin. Ce n’est pas toujours le cas mais ce soir, en ayant cette discussion avec Lexie, il en est convaincu.

« Toi aussi, tu as perdu quelqu’un ? » Un sujet sensible qu’ils abordent, la raison de leur addiction respective et surtout celle de la Walker qui n’a pas hésité à jouer de franchise avec lui – ce qu’il apprécie. Et parce qu’elle s’est confiée à ce sujet avec lui, sans tabou, il se doit de lui rendre la pareille « Le problème est plus profond, en réalité » que celui qu’il a pu lui dépeindre un peu plus tôt, en expliquant que c’est parce que sa fiancée l’a abandonnée devant l’autel qu’il a perdu pied « Ma mère est décédée en donnant naissance à mon petit frère. J’avais que cinq ans à l’époque. Et quelques mois avant, mon père a eu un grave accident de voiture avec ma sœur jumelle. Elle n’a rien eu mais mon père est depuis dans un institut spécialisé où il se bat entre la vie et la mort ». En réalité, il n’est plus capable de rien, relié à des tuyaux depuis trop d’années pour qu’un miracle puisse se produire un jour. Mais August, pourtant, se rattache à ce miracle, celui où son père redeviendra celui qu’il était… « On a été recueilli par mon oncle. Tu le connais peut-être de nom. Norman Weatherton ». Et s’ils peuvent s’estimer chanceux – c’est le cas – August n’a jamais vu les choses de cette façon, incapable de penser que son oncle puisse prendre la place de ses parents – ce qui est injuste. Finalement, Lexie a ses traumatismes, August les siens. Ils ne sont pas totalement similaires, ils ne justifient pas non plus qu’ils aient perdu pied – même s’ils peuvent l’expliquer aussi – mais ils sont présents en eux et ils doivent aussi apprendre à vivre avec « Alors, oui, je comprends, Lexie » qu’il réitère avec un fin sourire, d’une voix qui se veut douce.

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