(FB - AVRIL 2023) | L’américaine s’étire, le dos en compote et les cervicales qui commencent à sérieusement la titiller. Elle baille, le cerveau en surchauffe depuis quelques heures maintenant. Elle ne compte plus les heures qu’elle a passé le nez dans ses bouquins, il faut dire que depuis les dernières retrouvailles avec l’aîné des Strange, la jeune femme avait eu le besoin de se consacrer à autre chose. Bien décidée à lui prouver qu’il ne connaissait rien d’elle, elle avait choisi de fuir en se murant dans le silence, le temps d’encaisser la violence des mots qu’il lui avait imposé. Elle avait pleuré Meryl, de rage, de dégoût, de déception, de tristesse aussi, même si elle ne l’avouerait pas. Elle ignore ce qu’elle a pu faire de mal pour qu’il la déteste à ce point pour dire vrai, elle n’était qu’une gamine qui n’avait rien demandé à personne. Les larmes passées, elle s’était renfermée, comme à chaque fois qu’elle se prenait un coup et à défaut de noyer les choses dans l’alcool et les soirées comme elle aurait pu le faire, elle s’était plongée dans ses études.

Le message de Gabrielle avait été une illumination dans sa journée, toujours incertaine dans les mots à choisir, elle cache ses angoisses sous couvert d’humour à défaut d’assumer ses plaisanteries par crainte de la voir s’éloigner, même si elle lui a fait la promesse de rester. L’échange lui aura au moins permis de gagner un peu de légèreté et c’est plus sereine qu’elle aborde la suite de sa journée tout en sachant que d’ici quelques heures, elle se gavera de sucre en compagnie de sa sœur. L’heure approchant, elle vient se laisser tomber contre le dossier du canapé dans lequel elle s’était installée, les jambes ankylosées d’avoir été en tailleur depuis des heures. « J’abandonne pour aujourd’hui ! Plus rien ne rentrera là-dedans aujourd’hui si ce n’est... les churros et la barbe à papa ! » Une nouvelle fois, elle s’étire avant de se lever et de remballer ses affaires. Vingt heures approche déjà et un coup d’oeil à sa montre lui démontre qu’elle va devoir presser le pas pour être certaine d’arriver à Fortitude dans les temps. Le pas un peu pressé, elle finit par arriver au lieu de rendez-vous... Les odeurs de sucre, les lumières et les cris la font sourire, elle ne se rappelle pas la dernière fois qu’elle a mis les pieds dans une fête foraine, et plus encore avec Gabrielle. Elle affiche une mine ravie lorsqu’elle arrive à la hauteur de sa sœur, même si clairement elle a les traits un peu tirés, elle n’en est pas moins ravie de la retrouver et de la saluer en la prenant dans ses bras. « J’espère que tu ne m’attends pas depuis trop longtemps. J’ai dû faire un détour, y avait un cirque là-bas ! On n’est jamais trop prudente ! » Elle plaisante, mais c’est ce qu’elle aurait fait si un cirque bourré de clowns s’était présenté à elle. La faute à ce clown à Vegas qui l’avait traumatisée quand elle avait six ou sept ans à peine. « Bon je te préviens... Je meurs de faim, genre vraiment je n’ai pratiquement pas mangé aujourd’hui ! » Et elle est sérieuse, elle peut presque entendre son estomac gronder malgré le brouhaha ambiant. « Toujours motivée pour la maison hantée ?! »  Elle lui fait les yeux doux, bats des cils avec un grand sourire !

(FB - AVRIL 2023) | Meryl n’avait rien dit, malgré les perches tendues par Gabrielle après l’altercation. Elle l’avait cherchée se disait-elle, en jouant la carte de la provocation. Pour être franche, elle se doutait qu’Alex était du genre explosif, mais elle avait espéré qu’il puisse ne pas la détester et il y avait un monde entre se l’imaginer et se l’entendre dire. Elle avait été blessée par son silence, mais finalement les mots avaient été encore plus violents et les traces qu’ils avaient laissées sur elle valaient plus que mille coups qu’il aurait pu lui donner. Alors non, elle n’avait pas saisi les occasions et elle était reconnaissante à Gabrielle de ne pas lui avoir mis la pression alors qu’elle n’était pas prête à parler.

Lorsqu’elle rejoint l’avocate, Meryl a le sourire aux lèvres, elle est en retard elle le sait, la ponctualité lui fait parfois défaut et dans le cas présent, elle n’avait pas vu l’heure passer. « Tu as raison, qui sait quel sort t’aurait réservé cette horde de clowns » Elle en a un frisson de dégoût à l’idée de se faire poursuivre par ces maudites créatures du démon ! « Ils m’auraient certainement dépecée ! Et tu n’aurais retrouvé que mes chaussures ou alors une mèche de mes cheveux. » Ou forcée à écouter leur blague à deux balles, avec leurs grandes chaussures, leur noeud papillon disproportionnée, la face blanche et le sourire forcé... Comment on peut cautionner ce genre de chose pour des gamins ! D’autant qu’elle a vu «IT»... ça l’a assez traumatisée pour se dire que jamais elle ne s’approchera de trop près d’une bouche d’égout ou d’un clown. Sentant son estomac crier famine à cause de toutes les odeurs, la jeune femme ne peut s’empêcher de quémander la pitance, elle était trop absorbée pour penser à manger un peu plus tôt. Elle avait bien grignoté un peu, des bonbons principalement, mais là, elle a envie de plus et surtout de fromage. « Comme je m’en doutais et que j’ai possiblement une faim de loup moi aussi » Elle affiche un grand sourire, ravie que Gabrielle la connaisse si bien. « Leurs pizzas n’ont pas l’air sensationnelles mais on sait que ce n’est pas ici qu’on trouvera de la grande nourriture, de toute façon » « Elles feront très bien l’affaire, tant que ça peut me caler et combler le gouffre dans mon estomac. » La blonde s’avance avec Gabrielle, patiente sagement en narguant son aînée peu friande des maisons hantées elle le sait. « Je trépigne d’impatience. J’espère vraiment pour toi qu’il n’y aura pas de clown » C’est de bonne guerre, elle l’a cherché après tout pour autant elle ne peut s’empêcher de rire à la tête de Gabrielle. « Il parait qu’il faut combattre les traumas en les affrontant... » C’est ce qu’il se dit, après entre la théorie et la pratique il y a un monde qu’elle n’est pas certaine de vouloir franchir.

La commande passée, les filles installées, la jeune femme vient se délecter de l’odeur et de l’aspect de sa pizza. Elle vient attraper la paille de son Cherry Coke pour en boire une gorgée salvatrice. « Comment avance tes révisions ? » Elle lève les yeux vers sa soeur, une petite mou accrochée à ses lèvres. « Plutôt bien je suis contente. J’ai fait quelques examens blancs et c’était pas si mal. » Elle n’a pas envie de se vanter, mais elle est plutôt confiante cette fois. Elle a bossé de façon régulière pour combler ses lacunes, alors elle espère que cela portera ses fruits. « Hm... et j’ai eu quelques réponses pour mes demandes de stages. » La jeune femme n’a pas encore évoqué ses projets à son aînée, elle préférait s’assurer que le projet était envisageable avant de lui en parler, pas certaine qu’elle valide l’idée qui lui trotte dans la tête. Meryl vient attraper sa pizza pour venir en croquer un bout, se délectant des fils des fromages. « Bordel le supplément fromage et pepperoni c’est juste la meilleure décision de ma journée ! » Parce que même si ça n’est pas de la grande gastronomie, son estomac valide à deux cent pour cent son choix. « Et toi, ton affaire ? Tu t’en sors ? »

(FB - AVRIL 2023) | « Pourquoi imaginer le pire ? Ils auraient tout aussi bien pu se joindre à nous et on aurait passé la meilleure soirée de notre vie avec eux, à nous faire rire à ne plus pouvoir respirer » Meryl vient fixer sa soeur, en se demandant une seconde si elle était sérieuse. « Nous faire rire ?! Ils n’ont rien de drôle... leur sourire est effrayant, beaucoup trop grand... Et je te parle même pas de leurs yeux, ni même de leurs pieds ! Tout est disproportionné chez eux. Je ne vois pas comment ça peut bien se terminer. » Son traumatisme elle le tient de ses premières années, elle se rappelle très bien des images à la télévision, leur père s’était endormi devant l’écran, l’alcool pas très loin et il y a eu ce clown... Celui qui kidnappait les enfants en les attirant dans les égouts pour les manger. Ca l’avait terrorisée à l’époque, autant que l’image de leur père allongé dans le salon en sang. Elle aurait eu besoin d’un psy c’est certain, peut-être qu’elle serait plus sereine avec ses démons, Meryl ne le saurait jamais, persuadée qu’elle avait guéri avec le temps. Le déni c’est une bonne chose, même si elle prétend le contraire en affirmant qu’il faut combattre le feu par le feu. « Tu es la voix de la sagesse, petite sœur » Elle sourit, amusée par l’ironie qu’elle peut deviner dans sa voix. « C’est vrai et comme je suis sage je te laisse gagner, je ne veux pas être responsable de cauchemar de ta part. On va se contenter des trucs gentils. » Et elle ne se débine pas UNIQUEMENT parce qu’elle craint la présence effective d’un clown au rire diabolique.

Posées à table, la jeune femme se confie à son aînée sur ses progrès et ses impressions quant à ses capacités scolaires. Elle a eu du mal à raccrocher au début, même si la motivation était là, mais elle retrouve un rythme progressivement, même si elle trime sûrement trop. « Je suis sûre que tu as excellé ! » Elle affiche une mine un peu gênée, toujours incapable d’accueillir les compliments comme ils viennent et pour ce qu’ils sont. Elle n’a pas l’impression de les mériter, pourtant entre les lèvres de Gabrielle ça sonne toujours vrai et ça compte. « C’est quand déjà tes vrais examens ? Que je prévois la bouteille de champagne au frais. » Elle lève les mains en guise de ola. « Dans deux semaines pour le premier semestre, mais on va peut-être attendre pour sabrer le champagne... Au cas où ! » Elle n’a pas envie de la décevoir si elle vient à échouer lamentablement. « J’ai confiance en toi, Meryl et quoi qu’il arrive, je serai toujours fière de toi » Son visage s’illumine, elle le sait pourtant, mais chaque fois que Gabrielle le lui redit, elle sent un boost de confiance venir lui réchauffer l’âme. Elle sert sa main, n’a pas non plus envie de tomber dans le mélo, même si elle aurait sérieusement envie de la serrer dans ses bras pour la remercier. « Merci Gaby... De croire en moi comme tu le fais. » Elle a encore les mots d’Alex en fond qui tournent en boucle comme une vieille rengaine dans sa tête et en règle générale, c’est toujours ce genre de paroles qui prend le dessus et qui l’accable.

Alors qu’elle attaque sa pizza, la jeune femme évoque ses stages, elle a un peu hâte de parler de ses projets à Gabrielle, même si elle redoute un peu sa réaction. « Alors ? Tu as eu des réponses positives ? » Elle avale une gorgée de son coca Cherry, grimaçant au pétillant des bulles qui viennent lui chatouiller le nez. « Il y en a une que j’attendais en particulier oui et j’ai été acceptée. Je suis contente, car ils ne prennent pas forcément mon type de profil en règle générale. » Les petites blondes aux allures fragiles, on évite de les balancer en pâture ! Consciente qu’elle a dû piquer la curiosité de sa soeur, la jeune femme laisse ses pensée l’interrompre, parasitée par le grognement de son estomac face à l’odeur qui chatouille ses narines. Et c’est tout naturellement qu’elle bifurque sur les affaires de la brune, curieuse au fond d’en savoir plus, même si la plupart du temps tout ça la dépasse un peu. Elle sait qu’elle ne pourrait pas faire ce métier, bien trop sanguine pour ça, elle n’arriverait sûrement pas à rester impartiale et à garder son calme... Même si étonnement, avec ses patients elle y arrive avec une aisance toute particulière. « La vérité ? Je ne sais pas comment je ne suis pas encore devenue folle. Disons que des jours, ça sent bon pour nous et le lendemain, c’est tout le contraire. Je n’ai jamais été autant dans l’incertitude quant à l’issue d’un procès, même si, tu le sais, je ne lâcherai rien et que je ferai tout pour l’emporter » Elle sourit, capte le regard de sa soeur. « J’ai AUCUN doute là-dessus ! Je sais à quel point tu peux être dure en affaire, je sais que tu feras ton maximum pour remporter ce procès ! T’es une guerrière ! » Elle l’admire pour ça, elle a réussi à se bâtir une vie qui en vaut la peine, elle espère y arriver un jour elle aussi ! « Quand est ton procès au juste ? Histoire que tu redormes un jour ? » Elle dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais elle n’est pas dupe, elle les voit les cernes, et puis elle est déjà venue la couvrir alors qu’elle s’était endormie sur le canapé.

Une nouvelle fois elle croque dans sa pizza, les fils de mozzarella à n’en plus finir et elle s’en délecte, bénissant Gabrielle pour l’avoir amenée ici. « Hm.. pour en revenir à cette histoire de stage... Je voulais pas trop t’en parler avant. Pas avant d’avoir une réponse. » Elle fuit un court instant le regard de la brune. « J’ai demandé à le faire en milieu carcéral. » Elle vient poser ses yeux sur sa soeur en guettant sa réaction avant d’expliquer ses choix mûrement réfléchis, elle n’a pas agi sur un coup de tête, non et elle est prête à sortir son argumentaire s’il le faut.

: évocation d'agression

(FB - AVRIL 2023) | « Tu n’as pas à me remercier pour ça, Meryl » La jeune femme sourit, le regard pas forcément serein. Elle sait qu’elle ne devrait pas avoir à dire merci pour ça, que ça fait partie de l’ordre des choses qu’un parent soit fier de son enfant. Il n’y a guère que Gabrielle pour remplir ce rôle aujourd’hui et c’est sûrement pour cette raison qu’elle tient à la remercier autant, comme pour s’assurer de compter un minimum aux yeux de son aînée quand elle a toujours eu l’impression de n’être à sa place nulle part. « Je sais. » Oui elle sait, mais ses insécurités sont bien souvent plus fortes que sa raison, et c’est d’autant plus vrai depuis l’altercation houleuse avec Alex. « C’est super ça ! Félicitation sœurette » Elle affiche un sourire satisfait, même si elle redoute le moment où elle en dira plus à Gabrielle. Elle a peur de se faire entendre qu’elle n’est pas prête, que c’est une idée stupide. Et c’est peut-être vrai au fond, elle a juste besoin de se prouver qu’Alex n’a pas le dernier mot. Qu’elle n’est pas qu’une pauvre fille sans intérêt. Et si elle repousse le moment, elle ne compte pas non plus évincer le sujet, bien consciente que Gabrielle voudra en savoir plus.

« Il débutera mi-mai et se clôturera, si tout se passe bien, fin mai. Mes nuits de sommeil vont devoir attendre encore un peu. Mais ne t’en fais pas, je vais bien » Elle lui adresse une petite grimace peu convaincue. « J’ai compris, je te récupère les invendus au café quand je suis de fermeture. Et je continue de ramener de quoi grignoter pour les soirs où je rentre tard. » Autant pour elle que pour son propre estomac. Elle n’est pas mauvaise cuisinière, mais entre les cours, le café elle manque parfois de motivation pour se préparer quelque chose de potable... et elles ont toutes les deux en tête la dernière catastrophe en date, à savoir le plat de Mac & cheese assaisonné à la cannelle qu’elle avait cru bon de faire... Juste parce qu’elle avait confondu les pots à épices accablée par la fatigue qu’elle était. « Tu peux compter sur moi en tout cas. » Elle ne sait pas trop ce qu’elle pourrait bien faire pour l’aider, alors elle se contentera d’un soutien sans faille à coup de pot de glace ou pop corn ou de bonbons quand elle serait plongée dans ses fiches de son côté.

Finalement elle ramène le sujet du stage par elle-même, et l’américaine observe la réaction de sa soeur. Elle suit ses gestes, attentive au moment où la brune lui dira que c’est de l’inconscience. « Je vais pas te mentir, je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter à l’idée que tu puisses fréquenter ce milieu » Elle s’en doute, il y a une part d’elle qui reste terrifiée par l’idée que ça puisse mal se passer. « Je le connais parce que je peux être amené parfois à m’y rendre pour rencontrer des clients et les détenus ne sont pas toujours tendre à notre égard, particulièrement pour nous, les femmes » Elle pince ses lèvres, fixe le coulant de sa pizza, une légère boule au ventre. Ce qu’évoque Gabrielle, elle le sait, très bien même. « Est-ce que tu te sens prête à affronter tout ça ? Ce ne sera pas tous les jours facile, au-delà de certains commentaires déplacés, il y a aussi la violence qui y règne au quotidien entre les détenus eux-même et les histoires de chacun qui peuvent donner froid dans le dos » Elle acquiesce d’un signe de tête. « J’ai besoin de ce challenge. » Et elle baisse les yeux, sa voix un peu terrée dans ses angoisses, la colère contre son frère loin d’être apaisée.

« Je peux te demander pourquoi ? Pourquoi tu as choisi ce milieu-là plutôt qu’un autre ? » Meryl s’est préparée à cette question, dès l’instant même où elle avait choisi de postuler à ce stage. Pour autant, maintenant qu’elle en est rendue à devoir se confesser et justifier ses choix, elle doute, alors elle soupire, pas d’agacement, juste qu’elle est nerveuse. « J’ai besoin de reprendre le contrôle sur... c'est important pour moi.» Ses doigts jouent nerveusement avec le carton et ça l’agace de ne pas savoir aligner les mots alors que tout est clair dans son esprit. Les raisons, ses motivations, tout s'embrouille dans sa tête. Peut-être qu'elle devrait juste commencer par le début. « Le soir où Alex est venu me chercher... » Elle déglutit, regarde les lumières des manèges comme si elles avaient le pouvoir de l'aider à trouver les mots. « Je crois qu’on a mis un truc dans mon verre. Je n’avais pris que du soda, je ne voulais pas prendre d’alcool ce soir-là, j’étais fatiguée. J’ai perdu un pari stupide, après ça je ne me rappelle pas de tout... je sais qu’on m’a fait boire. » Beaucoup trop c’est certain. Elle continue de jouer avec le carton sans croiser le regard de Gabrielle. Les flash de la soirée venant se bousculer ravivant des sensations pas forcément agréables. « J'avais juste envie de rentrer à la maison, il m'a emmenée dehors, il faisait froid.» Elle se rappelle de la fraicheur du vent sur sa peau, des sensations sans pour autant être certaine que c'est la vérité ou un souvenir biaisé. « Alex est arrivé avant qu’il ne puisse aller plus loin. » Elle minimise, comme si ça pouvait dédramatiser la chose et la mettre à distance. Et c’est bien la première fois qu’elle pose des mots dessus sans trop en dire pourtant. « Je refuse d’être une victime Gaby... » Elle fait écho aux mots de son frère, celui-là même qui lui avait promis de ne rien dire et qui l’avait trahie. « Je sais que je risque d’être confrontée à des choses complexes. J’ai pesé le pour et le contre longtemps avant de postuler. J’ai vraiment besoin de passer au dessus de ça. Je ne serais pas en quartier haute sécurité. » Elle n’est pas folle non plus, et elle sait qu’elle n’a pas les épaules pour ça non plus. Le but n’est pas qu’elle se mette en échec mais qu’elle puisse avancer.

: évocation d'agression

(FB - AVRIL 2023) | « Ce serait parfait » L’américaine ne peut s’empêcher de laisser un sourire sur ses lèvres. Elle n’a pas envie de se battre avec sa sœur, elle connait sa détermination lorsqu’elle est sur une affaire et de toute évidence, celle-ci semble corsée alors elle ne lâchera pas avant d’en voir le bout. C’est aussi une chose qu’elle admire chez son aînée, sa ténacité, son sérieux, elle essaie de prendre exemple Meryl, ne pas la décevoir pour se prouver qu’elle vaut plus qu’on le laisse sous-entendre. C’est pour cette raison qu’elle évoque ses projets avec une certaine hésitation, elle sait que sa démarche n’a rien de conventionnel, que le commun des mortels se serait contenté d’un stage en clinique, ou tout autre lieu plus sécure. Mais elle a besoin de ce challenge, besoin de reprendre le contrôle sur ses émotions, ses peurs et ses angoisses… Car elle n’a pas l’âme d’une victime et elle n’a pas envie de vivre dans la crainte de cette agression qu’elle confie à l’avocate. Les mots s’emmêlent dans sa tête, au même titre que ses pensées, elle ne se souvient pas de tout, juste des bribes, des sensations désagréables, un sentiment d’impuissance et une perte de contrôle. Le regard fuyant, elle aimerait se terrer dans un coin, disparaitre et effacer les sensations qui l’habitent. « Il ? Qui Meryl ? Il t’a fait du mal ? » Elle détourne la tête pour ravaler sa peine et le sentiment de honte. “Cooper. ” C’est comme ça qu’il s’était présenté à elle en tout cas, quant à savoir s’il s’agissait de son prénom ou de son nom, elle n’était pas certaine de pouvoir l’affirmer. La jeune femme continue de martyriser le carton, nerveuse qu’elle est. “Ma tête tournait, j'avais juste envie de rentrer. " Elle était terrorisée par la perte de contrôle, quand elle avait compris pour la drogue, il était déjà trop tard. " Il… m’a embrassée et a mis ses mains sur moi… ” Elle peut encore sentir ses doigts sur sa peau et la fraîcheur la saisir quand le vent avait fait frissonner sa peau dès lors qu'il avait commencé à écarter ses vêtements. Ses traits se plissent pour refouler l’humidité qui pourrait gagner ses yeux, et elle secoue la tête. “ J’arrivai pas à le repousser, c’est comme si, mon corps ne m’obéissait plus. Comme si... ma tête était dans un brouillard... Je lui ai dit que je ne voulais pas, mais il a continué. ” Et Alex était arrivé, la libérant de son agresseur. « De quoi avais-tu peur, Meryl ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? J’aurai pu faire quelque chose » Elle serre les doigts de Gabrielle, s’y accroche comme elle peut. “ Faire quoi ? Qui m’aurait crue ? ” Gabrielle l’aurait crue, elle n’en doute pas une seule seconde, mais pour le reste du monde ?! On aurait mis sa parole en doute, dit qu’elle avait bu et que c’était de sa faute. Qu’elle avait joué avec le feu et qu’elle avait perdu. “ Il ne m’a pas violée. Il n’aurait rien eu… ” Les mots sortent comme de l’acide, il ne l’a pas fait non, mais il a laissé des traces. « J’avais honte… » Elle soupire, sans vraiment assumer. « Et il ne m’a rien fait alors j’ai préféré mettre ça sous le tapis. » Parce que c’était plus simple comme ça et que ne rien dire, ça rendait les choses moins réelles.

« Tu n’as rien à prouver à quiconque, Meryl. Tu dois le faire uniquement pour toi » Au contraire, elle a juste l’impression d’avoir à prouver constamment qu’elle n’est pas qu’un poids inutile et c’est pire depuis qu’Alex l’a trahie et jugée sans même la connaître. Dans ses arguments, on ressent ce besoin de s’émanciper de cette crainte qui la tenaille et elle est contente que Gabrielle ne cherche pas à la dissuader en l’infantilisant. « Je comprends.  Mais promets-moi une chose, Meryl [...] Si tu sens que la situation t’échappe ou si parfois c’est trop pour toi, tu n’hésiteras pas à m’en parler [...] Même si j’ai le nez plongé dans mes dossiers » La jeune Strange ne peut s’empêcher de laisser passer un sourire, pour la première fois depuis le début de cette conversation, elle ose croiser le regard de son aînée et ce qu’elle y voit la réconforte. « Je te le promets. Merci. » De l’écouter, de la conseiller, de l’épauler, de la soutenir, d’être là, juste là présente à chaque fois qu’elle en ressent le besoin.

« Et par rapport à Alex… Tu veux en parler ? » La réaction de Meryl se fait épidermique, au nom de son frère, elle sent ses muscles se tendre, et l’envie de se renfermer sur elle-même et de balayer d’un revers de main le sujet. Elle a un petit rire amer, peut-être que son regard s’était assombri. « Parler de quoi ?! Tu l’as entendu je ne fais pas partie de votre famille. J’ai compris le message, je suis pas une idiote. » Elle le déteste pour avoir meurtri sa poitrine à ce point. La jeune femme se recule, vient prendre appui sur le dossier de sa chaise, amère et blessée. « Je sais pas ce que je lui ai fait Gabrielle. Qu’est-ce que j’ai mal fait pour qu’il me déteste autant ? » La question est réelle, elle peine à comprendre toute cette haine qu’elle a pu ressentir quand il s’est adressé à elle et qu’il lui a craché au visage avec une amertume sans nom. « Je demandai pas la Lune, je m’attendais pas à ce qu’il m’accueille à bras ouverts... Je voulais juste, pour UNE fois, ne pas être la pièce rapportée. »

: évocation d'agression

(FB - AVRIL 2023) | « Tu n’as pas à t’en vouloir » C’est une évidence, pourtant se l’entendre dire lui fait du bien, la rassure peut-être. Revenir sur ce sujet n’est pas simple pour elle, pas parce que le temps a fait ses preuves, c’est même plutôt l’inverse. Elle n’a rien oublié du peu de souvenirs qu’elle a de cette soirée, du verre qu’elle soupçonne piégé à la sensation des mains sur sa peau, en passant par la perte de contrôle et cette impuissance quand elle aurait voulu l’envoyer sur les roses. Alors oui, elle s’en veut d’avoir été assez stupide pour accorder sa confiance à ce garçon qu’elle connaissait à peine, elle avait été idiote voilà tout, une fois de plus ! « Moi, Meryl. Tu sais de quoi je suis capable. » La réponse est sans appel et elle n’en a jamais douté. « Toi oui, mais les autres ?! » Elle n’avait pas envie de se confronter aux doutes, ou même à ceux qui auraient remis en cause son témoignage. La jeune femme baisse les yeux, persuadée que ça n’aurait de toute façon rien changé, car les filles dans son genre étaient rarement prise au sérieux. « Crois moi que si, Meryl ! » Elle hausse les épaules, elle ne doute pas de la sincérité et de sa conviction, Gabrielle se serait battue pour elle, bec et ongles, mais à quel prix ? Alors elle avoue les véritables raisons de son silence, ça n’est pas un manque de confiance en son aînée qui l’a fait se taire... Mais plutôt un sentiment de honte profond. « Tu n’as pas à l’être » Elle se retient de fondre en larmes, ça n’est pas l’envie qui manque quand elle a l’impression de sentir un poids se lever de ses épaules. « Dès l’instant où il t’a touchée et embrassée contre ton gré, c’est considéré comme t’avoir fait subir quelque chose [...] Ce n’est pas à prendre à la légère et tout ceux qui ne t’aurait pas cru, crois-moi que je les aurais fait changer d’avis. Tu mérites d’être entendue, Meryl » Le souffle qui passe ses lèvres tremble et elle a toutes les peines du monde à contenir ses larmes cette fois. Elle vient chasser les traînées humides de ses joues, refoule le sanglot qui menace et lui noue la gorge. Elle l’aime tellement Gabrielle, elle aime cette détermination et la façon qu’elle a de croire en elle. Meryl a trop la gorge nouée pour lui répondre, mais elle acquiesce d’un signe de tête en serrant sa main, l’envie de sentir ses bras salvateurs la protéger se faisant plus que sentir, comme lorsqu’elle était petite et qu’elle allait s’y réfugier lorsqu’elle avait peur. Elle ne dit rien pourtant, tout en elle la remercie.

L’américaine aurait dû le voir venir arriver ce sujet. Leur frère n’a pas été des plus tendres avec elle et si Gabrielle lui a laissé le temps de digérer... l’amertume que Meryl laisse passer en dit long sur les sentiments qui l’habitent encore, aussi elle ne met pas les formes, ni dans ses mots, ni dans le ton qu’elle emploie. La jeune femme en veut à l’aîné des Strange et elle n’est pas prête de lui pardonner le mal qu’il lui a fait. « Et tu estimes que c’est lui qui détermine quelle est ta place dans cette famille ? » Oui et non, à ses yeux ses mots comptaient, du moins c’était le cas. « Il n’y a aucun message à comprendre de ces conneries qu’il a pu te dire » - « Il a été plutôt clair. » Elle se montre peut-être bornée à courir après un ersatz de relation fraternelle qu’elle avait sûrement fantasmée, aujourd’hui elle a juste besoin de faire son deuil. « Je ne cherche pas à prendre sa défense sur ça mais je pense qu’une part de lui reporte injustement sur toi cette haine qu’il a pu avoir et a toujours contre notre père. Tu n’y es pour rien » Elle peine à comprendre cette animosité quand elle n’avait que cinq ans à l’époque et qu’elle a l’impression d’avoir passé sa vie à quémander son attention pour n’avoir que de la haine en retour. « Je ne me rappelle même pas de lui... » Ca n’est pas totalement vrai,  Meryl se rappelle de l’ambiance tendue, des cris et du sang, elle n’a jamais réussi à effacer cette image. « Il est mort aujourd’hui... pourquoi ne pas tourner la page ? » Il avait été assez lâche pour se suicider. Elle soupire, blessée qu’elle est d’être exclue. « Tu n’es pas une pièce rapportée. Alex ne sait pas si prendre. Tu sais, j’aimerai aussi qu’il change et qu’il se comporte comme le frère qu’il a pu être, à une époque. Mais je commence à douter que cela puisse redevenir comme avant. Quoi qu’il en soit, tu fais partie de cette famille, Meryl, tu m’entends ? » - « De la tienne uniquement... mais ça me va. » Son sourire est amer, attristé sûrement alors qu’elle cherche juste à se faire une place. « Je serai toujours une pièce rapportée pour lui. » Il fallait juste qu’elle l’accepte et qu’elle fasse son deuil !


Elle avait eu raison Gabrielle, cette soirée entre sœurs lui avait permis de se vider la tête autant sur le plan personnel que sur les études. Elle se met la pression depuis des semaines pour ses examens et ce petit moment hors du temps, elle l’apprécie et ça n’a rien à voir avec tout le sucre et le gras qu’elle a pu avaler ce soir. Elle porte un morceau de barbe à papa jusqu’à ses lèvres, la matière vaporeuse se dissout sur sa langue lui apportant une nouvelle dose de sucre. « Je ne t’ai jamais dit les véritables raisons qui m’ont poussé à quitter Los Angeles » Son visage se tourne vers celui de son aînée, surprise que ce sujet revienne sur le tapis sans qu’elle ne l’ait vu venir, elle plisse légèrement le regard, pas certaine de savoir le pourquoi du comment. « Ce n’était pas pour retrouver Alex et Finn. Tu te souviens du dernier procès que j’avais en charge à cette époque-là ? Bien que j’ai eu gain de cause pour mon client, il a été abattu à la sortie du tribunal. Et, j’étais aussi dans le collimateur. [...] J’avais reçu des lettres de menaces, à plusieurs reprises pendant le procès. De ce fait, avec leur passage à l’acte le jour du verdict, je n’ai eu d’autres choix que de prendre la décision de quitter définitivement LA. » Elle marque un temps d’arrêt, ses pieds stoppent leur course et il lui faut quelques instants pour intégrer ce que la brune vient de lui avouer. « Pourquoi ne m’avoir rien dit ? Pourquoi m’avoir fait croire que tu allais les rejoindre en me laissant derrière ?! » L’américaine fixe l’avocate, le regard bourré d’incompréhension et d’inquiétude lorsqu’elle réalise que sa sœur aurait très bien pu se faire assassiner. La simple idée la terrorise purement et simplement. Elle sait qu’elle est mal placée pour lui demander des comptes alors qu’elle-même lui en a caché durant des mois et ce, à plusieurs reprises, mais égoïstement elle avait toutes les peines du monde à comprendre la raison pour laquelle elle lui avait menti, en sachant ce que ça pourrait provoquer comme angoisse chez elle. « Des lettres de menaces... » Elle répète l’information comme pour l’intégrer et réaliser l’épée de Damoclès qu’elle avait sur la tête. « Tu aurais dû m’en parler... j’aurai pu être là pour toi je ne sais pas... » Il y a un brin de panique dans sa voix. « Pourquoi tu m’en parles maintenant ?! Qu’est-ce qui a changé ? Est-ce qu’ils t’ont retrouvée ? Tu vas repartir ? » Il y a tout qui se bouscule dans sa tête et elle aimerait dire que ça ne l’affecte pas, mais la vérité c’est qu’elle ne sait pas vraiment quoi penser de tout ça !