S'il y a bien une chose que Mateo à appris au cours de sa vie, c'est qu'une famille se choisit. Celle qu'on nous impose à la naissance n'est pas toujours celle qu'on mérite. Et bien qu'il n'ait jamais eu à se plaindre du côté de son père en dehors de ses absences répétées de la maison, il est plus que reconnaissant d'avoir pu grandir auprès d'autres personnes devenues ses proches. Dans le couple de ses parents, il n'a jamais vu d'amour. Il n'a fait qu'entendre des disputes et des pleurs, passant son temps à se demander ce qu'il avait pu faire de mal pour que les choses se passent de cette façon chez lui. Parce que chez les Gomez, il n'y avait jamais de cris. Amis de longue date de ses parents, Mateo a passé un temps incalculable auprès d'eux, devenant un membre à part entière de la fratrie composée de Rafael, l'aîné et de Lucia, sa jeune sœur. Avec le temps ils sont devenus indissociables. A voir la relation de Raf et Lucia, il aurait pu éprouver certains regrets de ne pas avoir connu son aîné. Pourtant, la seule tristesse qu'il a retenu de ce morceau de son histoire est celle qu'il pouvait lire dans les yeux de sa mère. Jamais elle ne se sera remise du deuil de son premier né, jamais elle n'aura eu assez d'amour en elle pour pouvoir en offrir à Mateo. S'il lui en a longtemps voulu, s'il a souffert de ce manque de lien maternel durant une bonne partie de son enfance et son adolescence et ceux malgré la famille de substitution qu'il s'était trouvé, il a fini par comprendre des années plus tard à quel point le deuil peut vous détruire le jour où il a dû y faire face lui même. Arrivée à la fin du lycée, Mateo n'était pas le genre d'ados entouré d'une floppée d'amis. C'était le genre à avoir essayé toutes les activités possibles sans jamais s'être investi bien longtemps dans aucune d'elles, le genre à avoir de bonnes notes sans être un élève exceptionnel. Mais c'était aussi le genre à rêver d'une nouvelle ville à explorer, le genre à avoir envie de s'émanciper. Si son père avait quitté Séville et sa carrière par amour pour sa mère, Mateo, lui, comptait bien commencer sa propre vie et la vivre sans la sacrifier pour personne. C'est tout naturellement qu'il prit la décision de s'émanciper en prenant un appartement et en enchaînant des petits boulots alors qu'il commençait ses études supérieures, s'éloignant de ses parents et de ses attaches en rêvant de s'en construire d'autres. Tout semblait s'enchaîner d'une manière fluide et agréable dans la vie de Mateo jusqu'à ce fameux jour où il avait goûté malgré lui aux genres de sentiments que sa mère avait subi. C'était un matin ensoleillé, lors d'une journée comme une autre. Il n'oubliera jamais l'instant où il a décroché son téléphone pour entendre que Lucia, alors âgée de seulement 17 ans, avait été retrouvée sans vie dans sa chambre. Elle ne partageait pas son sang mais elle était plus pour Mateo qu'une amie ou même qu'une sœur qu'il s'était choisie ; pour elle il aurait donné sa vie. C'est à ce moment précis que Mateo a su que sa mère n'avait pas choisi de ne pas l'aimer : elle en avait perdu la capacité et n'avait jamais guéri. Comme elle, il a fini par perdre le goût de vivre, le goût d'aimer. Son quotidien n'était plus qu'un enchaînement de devoirs et d'obligations, devenant une routine inlassable dans laquelle il se perdait parfois. Il n'apportait plus grande importance à rien, son sourire était devenu rare, mais il ne pouvait accepter que Lucia se soit donné la mort parce qu'elle avait subi du harcèlement suite à son coming out des mois auparavant. Mateo s'en voulait de n'avoir rien vu, de ne pas s'être montré plus présent. Il aurait pu l'aider, si elle lui en avait laissé la possibilité. Six mois ont passé et son père a fini par le forcer à voir quelqu'un, craignant qu'il ne suive la même voie que Lucia, bien qu'il n'avait de cesse de répéter qu'il allait bien pour essayer de le convaincre - sans succès. Alors Mateo a vu un psy, une fois. Demander de l'aide sonnant comme un échec, il a décidé qu'il n'avait certainement pas besoin des remarques et du jugement d'un inconnu pour se sentir mieux. Avoir entendu parler ce médecin de symptômes dépressifs était trop violent pour lui, impossible à accepter. Il a décidé qu'il gagnerait cette bataille contre le deuil par lui même. Bien qu'il ait choisi comme solution de se noyer dans ses études - ce qui n'était pas le plus sain mais pas la pire des choses non plus - il a fini par passer à autre chose. Ou se convaincre qu'il avait réussi. Au moins, ça lui aura valu d'obtenir son master of museum studies à l'université du Queensland avec les honneurs et de se dégoter un poste suffisamment intéressant pour qu'il soit satisfait de lui. Depuis, Mateo est dans une salle d'attente : avec un job qui lui plaît mais doté d'un responsable dont il se déferait bien et dont il prendrait bien la place d'ici quelques années, avec des tas ambitions mais aucune de suffisamment concrète pour lui insuffler l'envie de s'y plonger, avec un entourage auquel il tient et des aventures sympathiques mais sans rien à construire, avec une envie de découvrir le monde mais sans but précis qui attise assez sa curiosité pour qu'il ne se décide à foncer.

Mateo n'a jamais manqué de rien ; il n'a jamais rien eu à outrance non plus. Ses parents étaient un peu plus aisés que la classe moyenne, de quoi se permettre une vie agréable. Pour autant ils ont inculqué à leur fils la valeur de l'argent. (+) C'est tout naturellement qu'il s'est forgé un sérieux attrait pour l'art, notamment grâce à son père. Il a passé avec lui énormément de temps à parcourir les musées Australiens et tout particulièrement le Museum of Old and New Art dès son ouverture en 2011. (+) Son goût pour la lecture et l'écriture, il le doit à son père également. Pour pouvoir rester en Australie auprès d'Emily, sa fiancée, Pedro a dû quitter son emploi de restaurateur au Musée d'arts de Séville. Il s'est ensuite consacré pendant de nombreuses années à sa deuxième passion, la littérature, et a travaillé dans une librairie spécialisée en ouvrages anciens. (+) (tw décès d'enfant) Mateo n'est pas le premier né de ses parents, bien qu'il soit fils unique. Son grand frère Iván est décédé dans son sommeil alors qu'il n'avait que 8 mois. C'est la raison qu'il s'est choisi pour expliquer que sa mère n'a jamais réussi à établir un vraie connexion avec lui, chose dont il aura souffert pendant son enfance. (+) Il est sujet aux insomnies depuis le suicide d'une de ses amies avec qui il a grandit. (+) De loin pas fervent des réseaux sociaux, il n'y consacre jamais de temps. Ses comptes instagram et tiktok sont vides, sans même une photo de profil. Il les a créés pour tester et "ne pas mourir con" mais n'adhère pas au principe d'exposer sa vie de cette façon. (+) Aux premiers abord, Mateo pourrait facilement passer pour quelqu'un qu'il n'est pas. Beaucoup, avant de le connaître, l'imaginent imbu de sa personne en raison son apparence froide et distante. En réalité, il ne se sent supérieur à personne. Il n'aime simplement pas laisser aux autres la possibilité de le sonder trop facilement, ni leur donner une occasion de le tromper. (+) Il se donne constamment un air je m'en foutiste, détestant montrer aux autres qu'ils sont parvenus à le toucher. Ça le rend piquant, blessant, et il peut facilement passer pour le méchant de l'histoire. (+) Il est joueur - c'est certainement ce qui le caractérise le plus. Mateo aime gagner et relever des défis. Il s'ennuie trop vite quand sa vie lui paraît un peu fade. (+) Très tôt dans son adolescence, Mateo s'est rendu compte qu'il était attiré tant par les filles que les garçons. Pour autant il n'a jamais vraiment fait de coming out, se contentant de vivre comme si son orientation sexuelle était une évidence. Il n'a eu que peu de relations sérieuses et pas tellement de relations tout court non plus : il privilégie la qualité à la quantité et n'est pas facilement attiré par les autres - mais quand il l'est, il donne tout pour parvenir à ses fins. (+) Amicalement, il a à peu près le même principe. Il garde peu de personnes autour de lui et ne s'entoure que de ceux à qui il fait confiance : ses amis, il les choisit.