Heart on fire

@Kane Williamson

But I never said I’d treat you right. Yes you did girl. Et même avec cette promesse Charlie est partie au petit matin sans le réveiller. Un dernier baiser sur le front et la voilà qui tentait de rassembler toutes ses affaires sans un bruit. Une porte claquée et plus de nouvelles. Sauf que c’était sans compter sur le fait qu’il soit déjà bien trop accroché à elle, et elle aussi malgré ses grands airs. Les sms ont continué, chacun empli de toujours plus de sous entendus que le précédent. Pendant quelques semaines la rousse a tenu les rênes de sa vie, elle n’a pas lâché le nom du DBD et n’est plus retournée chez lui ou au Canvas non plus. Jusqu’à la veille au soir où elle lui a envoyé un dernier message l'informant de ses horaires de travail et surtout du nom du bar où elle travaillait. Elle aurait voulu ne jamais partir lors de leur dernière (et première) rencontre, mais elle aurait aussi aimé ne jamais le revoir. Son coeur a parlé ceci dit, et il l’a emporté. Elle voulait réellement le revoir parce que la vérité c’est qu’il lui avait manqué. Charlie aurait bien du mal à le lui avouer sans avoir bu une seule goutte d’alcool mais elle a terriblement manqué le contact avec ses lèvres, avec ses cheveux, et avec tout le reste de son corps. Son voleur lui avait manqué, voilà la seule vérité. Voilà pourquoi après tant de jours à le laisser s’impatienter elle a enfin donné les informations dont il avait besoin pour la revoir. Juste une fois, rien de plus. Une dernière fois.
Il avait dit oui aussitôt et le coeur de la blonde s’était emballée. Bien sûr qu’il allait dire oui. Mais est ce que tout se passerait aussi bien que la dernière fois ? Enfin, “bien”, tout est relatif. Ils s’étaient entendus de suite, ils s’étaient trouvés tant de points communs, ils s’étaient plus. Ce n’était peut être dû qu’à l’alcool, qu’à l’instinct de fête, qu’à l’ego brisé d’une Charlie virée de la compétition, qu’au coup de pression de Levi, … C’aurait pu être dû à tant de chose et maintenant tout lui paraît si compliqué. Elle se souvient avoir passé davantage de temps blottie dans ses bras ou contre son corps plutôt qu’à le regarder. S’il a lui aussi changé de coupe de cheveux elle sera incapable de le reconnaître à moins qu’il soit à nouveau à quelques centimètres de son visage et qu’elle voit ses yeux. Mais ça ça n’arrive pas.

Le temps passe à une vitesse anormalement lente derrière le bar. Elle écoute les demandes des clients commandant des Mojito sans citron ou des London Night sans ananas et leur les sert sans sourciller ; parce que ce soir elle n’en a rien à faire. Villanelle se sent comme La Belle au bois dormant, sagement couchée dans son lit attendant le retour de son prince et d’un baiser qui la sauvera. Sauf que Kane n’est ni son prince ni le prochain qui l’embrassera ; et elle pas une princesse. Pas de happy ending. Cependant lorsqu’il finit par arriver c’est bien un sourire qui se dessine sur le visage de la blonde, un sourire pur et simple qu’elle n’arrive pas à enlever malgré tous ses efforts. Elle n’a pas eu de mal à le reconnaître, parce qu’il est exactement comme dans ses souvenirs. Elle n’a pas non plus eu du mal à le reconnaître parce qu’il est le seul à venir en tenue de pompier dans un bar, et ça lui arrache un rire enfantin. La jeune femme est heureuse qu’ils se rencontrent à nouveau dans ces conditions là puisqu’elle n’aurait pas réellement su comment le saluer. Avoir un comptoir entre eux limite tout contact physique, aussi. « Are you already trying on your Halloween costumes? Or are you coming back from a costume party? » Le pseudo ton accusateur de Charlie ressemble plus à un chant d’oiseau qu’à autre chose, même si elle vient de se poser face à lui, la tête en avant et les avant bras posés sur le comptoir. Elle en a déjà oublié tous les autres clients. « I hope you have a good excuse for showing up so late. » Parce qu’il a cinq minutes de retard et qu’elle l’a bien remarqué. Cependant une dernière question lui brûle les lèvres, et pour celle ci elle ne peut pas s’empêcher de sourire bêtement en venant poser sa tête sur le dos de ses mains. « You gonna try on a sexy nurse outfit next ? » Cos she’d love to see that.

Heart on fire

@Kane Williamson

Ni un mirage, ni une illusion. Kane était bien réel. Il l’est toujours, d’ailleurs. Toutes les sensations reviennent face à son visage enchanté. Tout chez lui est enchanteur. C’était assez facile de résister à ses avances par téléphone, elle n’avait qu’à envoyer l’appareil de l’autre côté de la pièce en priant ne pas l’avoir détruit. C’était assez facile et pourtant elle a finalement cédé au bout de quelques semaines. En face à face rien n’est pareil, elle sait déjà qu’elle ne pourra résister à rien du tout. Désormais elle sait aussi qu’il ne mentait pas, qu’il ne la voulait pas seulement dans son lit, qu’il n’est pas un connard d’une très longue liste. Elle ne sait pas beaucoup de choses mais elle sait au moins ça, ce qui a le don de perdre encore un peu plus son coeur. Ces dernières semaines, sa vie a été agitée et son coeur jeté dans tous les sens. Ce soir le seul capable de contrôler son palpitant est en tenue de pompier, et ce n’est pas un argument valable pour revenir à un rythme cardiaque normal. Les regards se sont tournés vers lui, bien sûr qu’ils se sont tournés vers lui ; mais l’inverse n’est pas vrai. Parce que Charlie a déjà ses yeux bleus fixés dans les siens et elle ne le laissera pas partir cette fois, ou plutôt c’est elle qui ne partira pas. Elle l’espère en tout cas. Il mériterait qu’elle reste.
« You know that Halloween is my birthday? Or almost… » Elle sourit, et autant dire qu’elle ne va pas s’arrêter de sourire avant un moment. Halloween est sa fête préférée, sûrement même devant Noël. Elle regrette tant que ce ne soit pas vraiment célébré en Australie ; elle serait capable de traverser la moitié de la planète pour fêter un 31 octobre en Amérique du Sud. Si Kane a déjà réservé la tenue de pompier alors elle prendra celle d’infirmière sexy. Ou peut être que ça sera pour son anniversaire. Mais elle s’avance déjà trop, elle recommence, elle oublie qu’elle est encore plus perdue que lors de leur première rencontre. Elle oublie qu’elle joue à un jeu bien trop dangereux entre Tim et Kane et qu’elle risque de perdre les deux hommes d’un claquement de doigts. « You’re turning 31 in three months ? Aw, you’re way too old for me. » Elle a utilisé les outils à sa disposition et si lui ne connaît pas l’âge de Charlie, elle a cependant bien remarqué le “30 yo” sur son instagram. Elle a tout vu, même les vieilles photos avec sa copine et la pointe de jalousie qui y avait été liée. “It's only fair considering you've murdered my heart” fuck off kane qu’elle avait pensé très fort. Très très fort. Heureusement que sa tête blonde s’est perdue au milieu de toutes les photos de festivals et de chansons, parce que cette fois-ci Villanelle aurait réellement cassé son téléphone en le balançant contre un mur. « Saving lives? » « You also save the kittens stuck in the trees? Otherwise the argument becomes invalid. » Dis non Kane, parce que tu viens de sortir le meilleur argument du monde pour avoir eu à peu près zéro secondes de retard étant donné qu’aucune heure n’avait été convenue. Ne deviens pas l’homme parfait avec simplement deux mots balancés de manière si décontractée, ce serait trop beau pour être vrai. Tout avec lui est trop beau pour être vrai. Quel genre d’homme continue à vous parler alors que vous êtes partis au petit matin sans même laisser un post it ? La rousse de l’époque avait eu du mal à prendre cette décision, elle l’avait regardé paisiblement endormi de longues minutes durant, incapable de bouger de peur qu’il ne se réveille. Il était si beau lorsqu’il n’était pas tourmenté. « Been there. Done that. Got a lot of nurses friends. I was a paramedics before moving to the fire house. » Merde. Il est vraiment l’homme parfait ce con. Il sauve des vies en plus d’avoir toutes les autres qualités du monde ; il ment pas. Il fait tout ce genre de choses dont Charlie serait incapable. Il serait capable d’utiliser la trousse de secours sans sourciller alors qu’elle aurait déjà tourné de l’oeil trois fois entre deux crises de larme à chaque fois à cause d’une plaie ouverte sur son propre corps, et ça, ça a le don d’être très largement apprécié. Encore un nouvel argument s’ajoute à la liste “pro kane” alors que “anti kane” est seulement rempli de synonymes du mot peur. « I need to apologize if you were one of those firemen who came to my house at midnight because of the fire alarm that didn’t like the way I cooked. » Ceci dit elle est susceptible de recommencer à l’infini si elle sait qu’il fait parti des hommes susceptibles de venir. Elle le ferait sans vergogne, encore et encore. Cédant déjà à la tentation elle fait basculer le poids de son corps de l’autre côté du comptoir et dépose un baiser sur sa joue. Parce qu’elle travaille et qu’elle ne peut pas faire tout ce à quoi elle pense là maintenant tout de suite. Plus tard, peut être. « I really LOVE your hair like that. » Elle sourit bêtement à nouveau sauf qu’il vient de la lancer sur le sujet de la blonde sur son instagram. Parce qu’elle s’était arrêtée au pseudo problème de sa petite amie qui n’en est pas une et qui vit en Angleterre. Mais l’autre y’avait la localisation des photos et c’était pas l’Angleterre. Et on range son instagram quand on sort d’une relation, on laisse pas les mauvais souvenirs trainer à la surface. Peut être qu'il n'est pas sorti de cette relation, justement. « You must really love the one of the blondie girl on your instagram too. » Right ? Let’s talk about it Kane, we have the whole night. Un simple merci aurait suffit. Ceci dit il est plus facile de lui en vouloir pour des choses dont elle ne devrait pas plutôt que de lui dire qu’elle voudrait contourner le comptoir pour venir l’embrasser et l’enlacer à nouveau.

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@Kane Williamson

« It’s actually the biggest part of the job. » Bonne réponse Kane. Charlie aura donc su résister à peu près quinze secondes avant d’être assaillie de doutes à nouveau. Ce n’est pas non plus comme si elle se les trimballait depuis leur première rencontre à vrai dire. Ils ne sont jamais partis, ces cons. Et lui non plus n’est jamais parti. Et de nombreuses fois elle a été tentée de le retrouver chez lui, lui qui habite non loin de chez Léo. Le retrouver quelques heures pour parler, manger, boire ; s’amuser. Elle aurait pu reproduire ce même scénario un nombre incalculable de fois et elle se doute bien qu’il ne l’aurait pas mis à la porte. Cependant ses pensées étaient bien ailleurs et elle n’avait pas réellement de penser à elle ni à ce qu’elle désir au fond. Lui. Tim. Sauf qu’en ce moment c’est lui qui est au bar et qui répond juste au questionnaire improvisé. Il répond juste à toutes les putain de questions. « I’ll make sure I’m always the one assigned to come save you from your cooking. » Là y’a beaucoup de phrases qui viennent à l’esprit de Villanelle mais aucune qu’elle ne prononce, car aucune n’était sensée. Ca passait de “si je cuisine chez toi tu seras déjà sur place” à “je pourrais être tentée de faire exprès de tout brûler maintenant” en passant par le fameux “et les chatons alors ?” qui était finalement le moins risqué et surtout le moins drôle. Ses lèvres la démangent réellement mais elle n’a pas le droit de recommencer à lui faire de faux espoirs. Il ne mérite pas une gamine perdue comme elle et elle ne comprend pas pourquoi il s’obstine à s’accrocher à son cas désespéré. Y’en a plein d’autres des rousses, et des blondes encore plus. Des plus belles, des plus intelligentes, des moins perdues. « One day I’ll check what you just told me. » Elle n’a pas pu résister mais elle a su rester sage. Pas trop vite Charlie.

« Which one ? » La blonde gardait un sourire joueur sauf qu’il disparaît aussitôt avec cette phrase là. Lui il joue, il fait l’enfant, il se moque d’elle et la fait tourner en bourique. Elle le sait au fond, mais quand même. Ca fait mal. Et elle se sent bête de n’avoir vu qu’une fille sur les deux (ou plus) parce qu’elle sait qu’il ment pas là. « Do no play with my feelings. » C’est pas ce qu’elle voulait dire. Elle voulait dire un truc drôle, ou n’importe quoi d’autre mais pas ça. Pas un truc aussi franc, aussi réaliste. Elle aurait dû lui dire qu’il s’aventurait sur une pente glissante, elle aurait dû lui dire qu’il jouait avec le feu. Des expressions passe partout comme ça. Mais pas qu’il joue avec ses sentiments, parce que ça veut dire qu’elle en a. Bien sûr qu’elle en a ; beaucoup trop même. Ca se ressent dans sa phrase balancée sans un sourire sur un ton presque accusateur. Comme si elle venait de le trouver au lit avec une autre alors que y’a pas d’exclusivité à avoir, et que ça serait hyper bizarre vu qu’elle ne le connaît pas. « Not gonna lie. I like that very much that you are jealous. But yeah. Let me sit down right here. » « I’m not jealous. » Elle est agacée qu’il devine aussi bien le fond de sa pensée. Ce coup ci c’était assez prévisible mais ce n’est pas la première fois. Il lit en elle comme dans un livre ouvert et ça terrifie Charlie autant que ça la passionne et l’intrigue. Not gonna lie, you’re a pain in the ass Kane fucking Williamson. A beautiful pain in the ass, but still. Mais oui, assieds toi, ça sera plus facile pour Charlie de te coller un poing dans la figure si tu joues avec elle. Tu seras pas le premier à t’en prendre un. « And I will tell you everything. Oh more like. No. Ask me anything you want to know. I have nothing to hide to you. » everything, anything, nothing to hide. Que de belles promesses de sa part désormais. La blonde reprend des couleurs et son sourire de compétitrice allant avec. Elle n’a pas oublié qu’elle a été exclue du jeu à cause de lui la dernière fois. Elle sort son téléphone de la poche arrière de son jean et le pose sur la table. Le fond d’écran est une photo de Léo et elle, et bien que ce n’était pas prévu elle ne va pas lui raconter de suite qu’il s’agit de son meilleur ami. Parce qu’ils sont très proches sur la photo quand même. Et puis elle ouvre instagram, commence à taper le pseudo de Kane alors qu’il était déjà dans les recherches récentes. Fuck you instagram. Les doigts de la blonde remontent impatiemment son feed et elle ouvre une photo datée du 2 mai 2019. C’est tout proche ça, le deux mai. La légende est simple “Who’s this” et Charlie se mord les lèvres pour ne pas faire une très mauvais imitation basée sur du second degrés. « The UK girl ? Nice hair. She seems pretty close to you for a UK girl. » Pas de question, certes, mais à peu près deux millions de sous entendus et un timbre de voix qui n’est plus si enjoué que ça. Elle joue le jeu elle aussi, mais une très grande partie de son coeur ne peut pas s’empêcher d’être sérieuse. « Or we could talk about another blondie ... » Sa phrase reste en suspens le temps qu’elle remonte sept mois plus tôt dans son feed. 22 décembre 2018. « Like this one ? The one who murdered your heart. » Bah c’est elle que Charlie elle a envie de murder à l’instant, même si en sept mois il a pu se passer beaucoup de choses entre eux. « Do all the blondies around here end up becoming your girlfriends, or do you ever settle for brunettes, too? » Et là elle ne sait pas du tout quel ton employer. On l’a à nouveau perdu la Villanelle, déjà. « Tell me I'm just a bitch who cares too much. »

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@Kane Williamson

« Wow. You know you have to take me with my past ? Cos I can’t change anything there. » “You’re just a bitch” but in a softer way. Bien sûr qu’elle doit l’accepter avec son passé, elle le fait avec tout le monde alors pourquoi est ce que ça serait différent pour lui ? Ce n’est pas parce qu’il ne lui a pas balancé sa vie amoureuse entre deux pleurs qu’il est le dernier des connards. Elle ne lui a laissé absolument zéro chance de tout lui raconter et de son côté Charlie n’a rien dit non plus. Il a été clair sur la UK girl, il a été très clair même et au vu de son expression les choses n’ont pas changé depuis la dernière fois. Il a une expression bien trop triste pour quelqu’un qui serait seulement un manipulateur et qui chercherait à coucher avec elle à nouveau. Il ferait aussi beaucoup d’efforts pour pas grand chose si c’est seulement ce qu’il recherche. « Honey was staying a few weeks in Australia for the Bring Me tour. I’ve followed the entire tour with her and my friends. This is where we met. » Honey ça sonne comme un prénom de prostituée, dans le style Cinnamon. Mais Charlie dit rien parce que c’est clairement pas le moment là. Elle hésite même à sortir la bouteille de Vodka du comptoir derrière elle et l’attaque à même le goulot. Parce que ça lui ferait beaucoup de bien. Parce qu’à l’instant elle se sent juste une fille parmi beaucoup. Certes elle n’était pas blonde la dernière fois, mais il les choppe toutes avec la musique alors ça doit être un numéro bien rodé. Il doit faire ça avec toutes les filles, leur faire croire qu’elles sont spéciales, leur faire tout son numéro de gars perdu. Et après il couche avec elles et elles deviennent ses petites amies. All over again. « And I went in the UK a few weeks ago to go to Download Festival and to see her again... But she is still not my girlfriend. She made things clear enough...» Ok right Honey c’est la connasse de UK girl. Y’avait pas encore de prénom sur la personne, Charlie devait faire avec les informations qu’elle avait à sa disposition et les périphrases disponibles. “Connasse” sonnait plutôt bien sur le coup, et ça sonne toujours aussi mélodieux à ses oreilles. Bien mieux que Honeeey. Mais Honey est vraiment bizarre comme fille, parce qu’un gars à peu près parfait (parfait, juste parfait) traverse la moitié du globe pour la rencontrer et elle se la joue sainte nitouche. What the actual fuck. Elle ne dit rien la blonde derrière le comptoir, mais elle est à ça de vouloir envoyer un verre sur le premier client qui l'appellera “chérie” ; ou le premier client tout court. « Wendy… Who murdered my heart… » Ils en viennent donc à la seconde connasse. Ou la première, pour le coup. « Was with her a year. » Amazing. « She left me with a letter one day. Blaming me for a lot of things she never mentioned to me. Like if I was some kind of magician that could read minds. » D’un claquement de doigts Charlie redevient Charlie et elle s’en veut d’avoir voulu jouer au plus bête avec lui. Si on est pas supposé parler de ses ex c’est qu’il y a une bonne raison à cela. Beaucoup s’y sont collés et se sont déjà brûlés les ailes avec ce jeu dangereux. Elle souffle doucement et verrouille à nouveau son téléphone. Elle a fait assez d’investigations pour toute une année. Elle n’est même pas supposée être la petite amie jalouse … Enfin si, quand même. Pas qu’elle soit la petite amie de qui que ce soit, mais elle est sacrément jalouse. Rien qu’avec Léo. Elle mord toutes les filles qui s’approchent de lui. Parce qu’elle veut le protéger. Parce qu’elle sait que toutes les filles sont des connasses et qu’elle en est un exemple flagrant. Les filles larguent leur petit ami par lettre après un an de relation, par exemple. « And I did date a brunette. She dumped me too. » L’estomac de la blonde se noue. Il prend ses piques au sérieux et il y répond sans sourciller. Sauf qu’il a vraiment eu que des relations de merde et qu’elle ne peut pas s’empêcher de s’en vouloir. Elle ne sera qu’un nouveau nom sur la liste des filles avec qui ça a mal tourné. Un jour ou l’autre, c’est ce qui arrivera. Ca se finit toujours comme ça. « And there was another blond one. My first girlfriend. She dumped me after 4 years of relationship. And that is all really. I’m not good at relationships… » Ok il est vraiment remonté au tout début. Ca fait beaucoup de choses à encaisser. Pas beaucoup de couleurs de cheveux, mais beaucoup de relations de merde pour lesquelles Charlie se sent désormais responsable. Maintenant qu’elle sait, maintenant qu’il lui a fait confiance et qu’il a parlé sans tabou ; elle ne peut s’empêcher de se sentir liée à elles d’une manière ou d’une autre. Au moins la dernière fois ils avaient attendu plusieurs dizaines de minutes avant qu’elle n’ait envie de se mettre à pleurer. Cette fois ci cela aura duré cinq minutes montre en main. On bat des records. « Two messed up persons not good at relationships. How wonderful we are. » L’ironie comme seule manière d’encaisser toutes les révélations qu’il vient de lui faire. Comme seule manière de savoir comment rebondir aussi. Et puis finalement la solution s’offre d’elle même lorsque le barman revient de sa pause et qu’elle lui montre du doigts la longue file de clients attendant impatiemment leur verre. Non, elle ne travaillait pas ce soir. Oui, elle a juste fait venir Kane ici parce que c’est un lieu rassurant pour elle et que de toute façon elle n’a plus de maison pour le moment. « That was the Let's break Kane cycle thing ? It really sucks. » Villanelle est plus à l’aise dans le second degrés que pour réconforter les gens. Elle est aussi plus à l’aise dans les trucs de garçons qui rottent et qui se tapent dans le dos que lorsqu’il s’agit de trouver les bons mots. « Let’s talk about serious shit. » Elle relève enfin ses avant bras du comptoir, sort deux verres de dessous et tend le bras pour attraper la bouteille de Vodka. Elle n’aura pas attendu bien longtemps finalement. Laissant son collègue crouler sous les demandes de clients passablement énervés, elle se laisse glisser sur le siège à côté de Kane et se pose face à lui, leurs genoux collés les uns aux autres. De sa main gauche elle remplit maladroitement les verres à shot. « If we talk about the girlfriend boyfriend thing I need a drink, and you need one too. » “One” étant un nombre approximatif entre dix et l’infini. La blonde n’attend pas de réponse de sa part et boit le premier verre aussitôt tout en gardant les yeux fermés. Sa gorge est en feu mais tout va bien, elle n’a plus envie de frapper Kane au visage. C’est déjà une bonne nouvelle. « If you’re not as depressed as I am I can get you a beer. Let’s say you’re my plus one and it’s free for tonight. If the bar goes bankrupt you’ll know why. » A son tour Charlie prend une grande inspiration, parce qu’elle sait d’ores et déjà qu’elle s’aventure sur un terrain glissant mais qu’elle ne calculera le degrés de pente que lorsqu’elle sera déjà dessus. Vous voyez le genre. « My last boyfriend sent my best friend to the hospital. The one before was the dumbest guy ever. And my first girlfriend was actually only a friend. » Elle plante ses yeux dans les siens dans l’espoir de pouvoir jauger sa réaction, comme si elle avait appris à discerner les gens entre temps. « Oh yeah, if you wanna say it’s unnatural or whatever, it’s now or never. » La vérité c’est qu’elle s’énerve toute seule Charlie, elle cherche des problèmes là où il n’y en n’a pas parce qu’elle s’en veut pour beaucoup trop de choses. Elle s’en veut de le traiter comme de la merde, elle s’en veut qu’il continue de s’accrocher à elle alors qu’elle n’en vaut pas la peine. Par dessus tout elle s’en veut d’être celle qui le fera souffrir à nouveau, parce qu’il mériterait d’être heureux et de se caser pour toujours avec quelqu’un de vraiment bien. « Congrats, you win. Your love life is more rotten than mine. » Peut être aussi parce qu’elle a passée sous silence toutes les histoires à propos de John, mais il a pas besoin de tout savoir. Léo est le plus important dans l’histoire. « Sorry for being a bitch. I don't know why I told you all those things. » Au fond elle le sait très bien et la raison tient en un mot : jalousie. « You deserve someone better. » Better than them, better than her.

S’il veut une bière elle va lui en servir une. Ce n’est pas parce qu’elle ressent subitement le besoin de se prendre une mine qu’il en est de même pour lui. Ca donnerait assez mauvaise réputation à la caserne si un pompier sortait du bar en zigzaguant. Aussi bien c’est seulement parce qu’il est réellement moins déprimé qu’elle. Quoi qu’il en soit elle n’est pas du genre à forcer les gens à boire, et c’était son idée de lui proposer une bière. Elle se relève de sa chaise tant qu’elle le peut encore pour tendre son bras de l’autre côté du comptoir et en ressortir une pinte. Dans un équilibre instable elle la remplit de bière tout en s’impatientant de la lenteur du processus. Après avoir fait s’impatienter son collègue et tous les autres clients elle revient sur ses pieds et amène la pinte dans un élan triomphal à Kane. Maintenant tout le monde va pouvoir se bourrer la gueule à son rythme, et comme tout le monde l’aura deviné Charlie sera down d’ici une demie heure. Peut être que c’est le but de l’opération. Qu’elle arrête de l’emmerder, qu’elle se laisse aller. Son verre glisse sur la table et elle se sent immensément fière de n’avoir renversé aucune goutte. Les deux verres à shot deviennent sien, et, dans un esprit qui n’a jamais été matheux, elle se dit que ça lui fera deux fois plus de vodka pour elle. « Wendy was a lesbian. » Oh. « Oh. » Faut prévenir quand on va dire ce genre de choses là. « I'm not. » Parce que la conna … Wendy était supposée être un sujet enterré déjà, et aussi parce que cette histoire a l’air très compliquée. Il est si triste quand il parle d’elle que Charlie serait presque tentée d’arrêter d’insulter la fille dans sa tête, ou au contraire de passer à l’étape supérieure et se demander si elle la tue en l’écrasant avec un char d’assaut ou avec une tronçonneuse. Elle est encore indécise. Sauf que pour le moment elle s’en moque de la fille, seul compte Kane à ses yeux. « But. I mean. What ? Because. I mean. You’re not a girl. I know that. » Saw that. « Ok actually I don’t want to know. Don’t care. Not my business. » He doesn’t think it’s unnatural, get it. Not gonna talk about this bitch. Nope. Never again. Elle plisse déjà les yeux et fronce les sourcils comme les acteurs d’un film muet l’auraient fait pour jouer la surprise. Sauf qu’elle elle pourrait aligner deux phrases si elle le voulait, c’est seulement qu’elle a vraiment du mal à comprendre toute cette histoire. Au delà de ne plus avoir envie d’entendre parler de cette fille, elle n’a pas non plus envie de faire du mal à Kane. C’est la connasse qui l’a largué par lettre après un an de relation. Ca laisse des marques. Le genre de marques qui restent à vie. Un manque de confiance, une faible estime de soi, une remise en question perpétuelle … Ok calm down girl, Léo is the psychologist, you’re the politician. Be a good politician, it’ll be a good start. Elle veut pas lui refaire remuer son passé alors qu'il a sûrement dû essayer de l'oublier par tous les moyens. Il ne mérite pas ça.

« Yeah you are a bitch. But I’m happy you told me all that. Didn’t expect you to do so. » A vrai dire raconter sa propre vie n’était pas le but lorsqu’elle a commencé à lui reprocher d’avoir eu une vie avant de la connaître. Dit comme ça, la réaction de Charlie était vraiment stupide. On peut retourner le problème dans tous les sens, sa réaction restera toujours très stupide. Parce qu’elle devient une connasse quand elle est perdue. C’est une nouvelle raison de boire ça, vous ne trouvez pas ? Un deuxième verre termine sa route dans la bouche de Charlie et elle remplit à nouveau les contenants. La soirée va être longue (ou très courte). « Thought you needed to know. » Why’s that Charlie ? Because he’s finally not a one night stand ? Il a toujours été plus, c’était prévisible. Si prévisible. Tout le monde le savait sauf elle. Même Levi devait le savoir. I'ma love you differently.

« I love bitches. You haven’t met my two best friends. They are the worst bitch on earth and I love them with all my heart. They are the best. No one better in the world. » Elle lui sourit vraiment cette fois ci, parce qu’elle sait ce qu’il ressent. Elle sait ce que ça fait que d’estimer une seule personne bien plus que le reste de la Terre. Le “on one better in the world” lui procure un pincement au coeur mais elle le comprend réellement. Il a deux meilleurs amis et elle n’en a qu’un, mais il est le meilleur être humain qui puisse exister et il vaut tous les autres. C’est pas une compétition, d’accord. Mais elle est heureuse qu’il soit capable de parler d’eux aussi aisément et avec autant d’amour dans ses paroles et d’étoiles dans les yeux. « Are you a bitch team ? Cos you don’t look like a bitch. » Elle l’idéalise sûrement déjà, mais dans toutes les histoires qu’il lui a raconté il était seulement le garçon trop gentil dont tout le monde finissait par se jouer. Cela ne ressemble pas au portrait qu’il est en train de tirer de ses amis. Elle finit par se dire que de toute façon elle ne sait rien de lui, qu’il a peut être des passions hyper bizarres et des corps cachés sous son lit. Elle aurait dû vérifier le dessous de son lit. Elle le fera la prochaine fois, c’est certain. Oui y’aura une prochaine fois, on ne va pas faire semblant d’être choqué. Il lui a manqué. Elle aurait dû céder avant.

« Oh yes actually you know Levi. How do you know him already ? Was he on his best bitch behaviour? » Elle a un petit rire gêné et son regard qui se perd sur la tenue de Kane en même temps qu’elle baisse la tête. Respire. Remonte. Les yeux Charlie, les yeux. « He’s my sandcastle partner. It was a contest and we won, but maybe it was because we were the only one who built something. It was ugly, but … it was. He was actually the most normal person at the moment. My boss only wanted to eat, drink and surf and my best friend was dating another man. But Levi was cool. Very cool. I’m happy you two are best friend. » She’s happy if he’s happy. And he seems to be. « Not gonna lie, I’m super proud to know all his names. » Elle les a tous oublié depuis à vrai dire, mais elle se souvient très bien de lui en train de les énumérer. Ca reviendra un jour quand ça sera intéressant. C’est toujours intéressant de connaître tous les prénoms des gens, parce que généralement on peut s’en moquer. « You want to talk about them ? They’ll never surpass my best friend but you can try. » Villanelle aimerait vraiment connaître la manière dont il parle d’eux. D’elle surtout, parce qu’elle l’a vu sur son instagram. La rousse. Elle fait pas partie de la liste des girlfriends et elle était toujours dans les commentaires. C’est obligée que ce soit elle la deuxième meilleure amie. Et il a l’air hetero alors la fille est son seul soucis. Parce que Charlie est bien placée pour savoir que la limite est fine entre meilleur ami et amant, ou même petite amie. Elle veut savoir si ça s’ajoute à la liste des raisons pour laquelle il est un mess. On dirait une folle. Elle a définitivement passé trop de temps sur son profil. Elle est trop investie dans cette relation inexistante et elle se rend compte qu’elle ne l’a toujours pas embrassé. Elle se rend compte qu’elle en meurt d’envie surtout.

Ce n’était pas forcément la meilleure idée de l’univers que de parler des ex de Kane, parce que désormais Charlie est passablement énervée. Il ne répond pas à ses dernière paroles sur la connasse lesbienne et tant mieux, parce que la blonde ne se sentait pas assez forte pour argumenter là dessus ni même en reparler un jour. Cette fois c’est bon elle a compris le message, on ne parle pas des ex. Parler des siens est une chose, entendre une personne qu’on apprécie bien plus que de raison en faire de même … c’est un tout autre problème. Et pour le coup, c’est réellement un problème. Charlie est heureuse de pouvoir pousser tous les cadavres sous le tapis et de s’asseoir gaiement dessus, comme s’ils avaient parlé botanique. Ils auraient dû parler botanique, à défaut de la calmer ça aurait au moins eu le mérite de ne pas attiser sa haine contre des inconnues alors qu’elle ne ferait pas de mal à une mouche. Finalement elle fait redescendre la pression elle même, elle se calme et fait redescendre la température de son corps à un niveau acceptable. Elle a si chaud, et elle comprend enfin au bout de longues minutes qu’il cherchait seulement à s’ouvrir à elle. Personne n’irait crier sur tous les toits qu’il est sorti avec une lesbienne puisque personne ne considérerait cette même fille comme une lesbienne. Il le fait, il respecte ce qu’elle a dû lui dire et répéter il y a bien longtemps. Il s’impose pas, il n’impose rien non plus. Il se contente d’être là. Bon sang qu’il lui fait penser à Tim. Et elle, toujours un peu plus perdue dans le flot de ses pensées et toutes ces vagues d’informations, elle se contente de planter ses iris dans les siennes et d’attendre que la tempête se calme. Rien ne se calmera jamais tant qu’il sera près d’elle, c’est le revers de la médaille. « They try to make me one. They manage sometimes. » Mais il est bien comme ça, en bitch à temps partiel et homme hypersensible le reste du temps. C’est en tout cas comme ça qu’elle a appris à le connaître et à l’apprécier. La blonde aime l’idée qu’il ne soit ni tout blanc ni tout noir, ni même un gris morne et triste. Il y a tellement de choses à découvrir encore chez lui. L’espace d’un instant elle est triste de ne pas être un de ses amis et d’être relayée au rang de celle qui a autant de chances de lui briser le coeur que de le combler. Elle sait aussi que même si elle le comble un temps elle finira indéniablement par le lui briser. Elle l’a prévenu pourtant. Ce n’est pas parce qu’elle est du côté des anges qu’elle en est un. Ce n’est pas parce qu’elle leur ressemble qu’elle en fait parti non plus. « But I usually just follow all the shit they do, not taking any responsibilities. Or rarely. » Il sourit quand il parle d’eux, et elle est bien trop heureuse de le voir comme ça pour repenser à tout ce qu’elle aurait voulu savoir à propos de la rousse. « You stay out of trouble but you’re still present. Get it. I could get used to it. » Tant pis pour la retenue et le côté terre à terre, on repassera. Ce n’est pas l’alcool qui lui monte déjà à la tête qui pourra dire le contraire. Elle enchaîne un nouveau verre, désireuse de voir ses barrières disparaître et de pouvoir en apprendre plus sur lui sans se sentir mal.
Elle rigole comme le ferait une enfant lorsqu’ils parlent en même temps. « It was. » “Chips” qu’elle manque d’ajouter. Ils pourraient sûrement déjà jouer au jeu de celui qui termine les phrases de l’autre sans que cela ne paraisse artificiel. Ils y ont déjà joué dans le vouloir, ils forment un beau duo. De phrases. Un duo de phrases.

Il recommence à se mordre la lèvre. « I’m happy too. » C’est léger, presque imperceptible, mais elle le voit quand même. Il pourrait ne se mordre qu’une faible parcelle de l’intérieur de sa gencive qu’elle le verrait quand même. Elle n’a d’yeux que pour lui, il est le seul qui compte à l’instant, le seul dont elle détaille chaque grain de peau depuis bien trop longtemps déjà. Est ce qu’il a remarqué qu’elle le dévisage beaucoup trop ? Oui, sûrement. Assurément même. Charlie a remarqué qu’il en fait de même en tout cas et qu’aucun des deux n’ose faire le premier pas ce soir. Ils sont devenus si prudes tout à coup, cela ne leur ressemble pas. Peut être que c’est mieux ainsi ? Qu’ils se parlent sans éclat de voix avant de s’abandonner l’un à l’autre ? C’est ce que font les gens normaux en tout cas. La blonde remplit un nouveau verre pour se donner un peu de courage et le boit à moitié comme pour appuyer ses propres pensées intérieures. Certes, c’est ce que font les gens normaux. Sauf qu’eux sont deux messed up persons not good at relationships que le destin a quand même choisi de relier. Il ne les aurait pas laissé s’enlacer au milieu d’une rue passante s’il n’y avait pas de raisons derrière cela. Une raison, une seule, c’est tout ce dont Charlie a besoin.

« What are you doing Sunday night ? Beartooth are playing. Can get you in for free. » Désormais c’est elle qui laisse sa lèvre inférieure se coincer entre ses dents le temps d’un sourire. Il en veut plus, toujours plus. Au delà d’être bien incapable de refuser quoi que ce soit, elle se rend compte aujourd’hui que de son côté aussi elle a du mal à se contenter de ce qu’elle a. Il lui a fait miroiter tellement de choses, elle ne peut pas tout oublier et retourner à sa vie d’avant. Elle veut vivre et se sentir vivre, expérimenter tout ce qu’il y a à tester. Un concert un dimanche soir avec un réveil douloureux pour des cours un lundi matin ? Qu’à cela ne tienne, ce ne sera pas la première fois. Elle ne peut pas résister à un concert, encore moins à Kane. Les deux ensemble, c’est un véritable carnage. « They play the Triffid. » Pas besoin d’argumenter à nouveau, le temps de réaction est seulement dû à l’alcool lui montant au cerveau. Elle devrait s’arrêter là. « Will be there. Don’t dare you being late this time. » Il ne l’était pas mais elle se complait toujours à penser que c’est le cas, à essayer de le faire culpabiliser aussi. Il n’en a sûrement rien à faire. « I’m a big girl, I don’t need you to get me in. » Son ego va l’amener à payer sa place plein pot et elle n’en a rien à faire. Elle n’a jamais eu à compter sur ses parents, elle ne veut pas non plus avoir à dépendre de lui. Elle aurait l’impression d’être payée pour le temps passé à ses côtés et ce serait l’exact opposé de la vérité. C’est elle qui devrait payer le Temps pour le remercier de tous ces moments, parce que même si elle se la joue grande fille irritante et sans coeur pour la soirée, elle est infiniment heureuse de le revoir enfin. « It’s a part of you. Music. Right ? » Question pure et simple balancée entre des millions de sous entendus. Elle est pourtant tellement importante à ses yeux. Elle veut le connaître.
Ses doigts repoussent les verres au bout du comptoir, sa main toute entière en fait de même avec la bouteille. Elle a assez bu, la tête qui tourne le lui fait bien assez comprendre. Elle a cependant les idées bien assez claires encore. Ses dents lâchent enfin sa lèvre inférieure, meurtrie, et un sourire victorieux apparaît déjà sur son visage. « Do I have to be the one who always kisses you first ? Not that I’d complain … but well, you know. » Il n’y a rien d’autre à dire de plus. « I need to catch up some classes, I don’t have the whole night. » Horrible menteuse qu’elle est, cette Villanelle faussement exaspérée qui lance un regard sur sa montre. Et si c’était Adam qui croquait le premier dans le Fruit Défendu pour une fois ? S'il ne le fait pas elle le fera de toute façon, parce qu'elle ne peut faire autre chose que de lui succomber.