Birdie est au local pour la journée et toi tu continues de mettre en place ton studio. Vous avez passé votre temps à monter des meubles et ranger vos affaires dedans ces dernières semaines. Votre maison commence à avoir une vraie gueule, avec un endroit pour ranger ou placer chacune de vos affaires. Tu revis tellement d’avoir un dressing et une baignoire. Sans parler du studio, de la vue, des terrasses à foison. Tu passes la plupart de tes journées chez toi et tu t’y sens parfaitement bien. Cette maison est faite pour toi. Cette maison est faite pour vous.

Tu passes un coup de fil à Birdie à la mi journée parce que t’es en train d’accrocher un truc au mur et tu veux être sûr qu’elle est OK avant de faire un trou. Au passage durant ce coup de fil tu as un peu raconté ta matinée et écouté la sienne. Elle a l’air de bonne humeur alors tu tentes… « Est-ce que tu penses que ce soir on peut avoir cette fameuse conversation tous les deux ? » Car ça t’a l’air d’être le bon moment et elle le confirme. Tu sais à peu près vers quelle heure elle rentre le soir et tu te décides à faire un petit quelque chose de spécial pour ce soir.

Très loin de toi l’idée de cuisiner, mais tu décongeles un plat de Maria à défaut de pouvoir te faire livrer. Car vous êtes trop loin pour être livré, c’est pas plus mal en réalité. Toi dès qu’il s’agit de pas manger t’es content donc c’est sûr. Tu prends ta voiture comme un grand pour faire deux petites emplettes dans le supermarché le plus proche. Y’a pas à dire quand tu veux vraiment quelque chose et que tu n’as pas de spectateur, c’est bien plus simple de se mettre derrière son volant car c’est la seule possibilité. Grâce à ce petit saut tu peux acheter des bonbons en plus, comme si vous en manquiez. C’était même pas ça que tu voulais acheter, ça s’est juste ajouté. C’est des chandelles que tu voulais oui. Tu tentes un dîner aux chandelles malgré la grosse conversation qui va arriver. Est-ce que tu t’es fait une petite liste de chose que tu veux lui dire ? Est-ce que tu as réfléchit tout l’après midi ? Oui. Car c’est important, c’est rare ces moments, c’est même la toute première fois.

Quand elle mettra les pieds chez vous après sa journée, elle pourra voir les couverts dressés dans la partie salon, face à la télé, avec deux chandelles, des petites confetti sur la table basse, un petit mélanges de formes de Noël et d’Halloween. Entre ce que tu as trouvé dans vos cartons et ce que tu as acheté au supermarché. C’est particulier, toi tu aimes les couleurs. Tu seras pas sapé pour LA conversation, mais t’as un de tes tshirts fétiches sur le dos. Un de ceux que tu mets quand t’as besoin de chance. Tu aurais mis le hoodie magique s’il ne faisait pas si chaud. T’as un jeans également sur toi, bien évidemment t’es stylé sans effort. Quand Birdie passera la porte d’entrée, tu seras en train de jouer à une nouvelle guitare que tu t’es offert. Dès que tu entendras la porte, tu te tourneras pour voir sa réaction à la jolie petite table que tu as fait, qui se trouve devant toi. Le plat de Maria est dans le four, il reste au chaud. Si tu as disposé le tout sur la table basse c’est pour que vous puissiez être côte à côte installé sur le canapé et non pas face à face à table. C’est plus simple de parler sans pouvoir forcément voir l’autre personne trop directement.

@Birdie Cadburry

« Est-ce que tu penses que ce soir on peut avoir cette fameuse conversation tous les deux ? » Il y a eu une légère hésitation de ta part, tes yeux parcourant le local comme si y avait la réponse quelque part. Mais non, la réponse est dans ta tête, et aussi dans ton être. Y en a un qui te dit oui et l’autre qui te dit non. Entre le cœur et la raison, vous connaissez ? Cependant, tu cèdes à la raison car vous en avez besoin. Ca ne sera pas forcément une partie de plaisir, c’est bien pour ça que tu voulais dire non en premier coup, mais c’est nécessaire. Un mal pour un bien.

Le reste de la journée se passe sans que tu y penses énormément, même si tu ne peux pas t’en empêcher malgré tout. Tu tentes de te rappeler ce que t’aimerai dire à cette fameuse conversation mais t’es certaine que tu vas oublier des trucs. T’en viens à espérer que ce soit Jordan qui t’interroge plutôt que tu sois en freestyle. Tu verras bien. Alistair te distrait quelques heures, venant te donner un coup de main pour la disposition des meubles car t’es encore incertaine comme jamais à mesure que le jour J approche. Il t’a même ramené un cinnamon roll et un cappuccino. Ça a eu le mérite de te distraire et de te détendre un peu.

Quand tu rentres, tu fais voler tes chaussures dans l’entrée en te baissant pour caresser Milady qui vient te saluer. Tu cherches Jordan et tu l’entends avant de le voir puisqu’iel est sur sa guitare. Dans le salon. Derrière la table basse toute décorée. “Hey.” Que tu dis doucement. T’essaie de tamiser du mieux que tu peux ton appréhension alors que tu vas vers lui pour l’embrasser furtivement. “Ca sent bon. Je pourrais m’habituer rapidement à rentrer sur tout ça.” Il manque juste Jordan à poil pour te combler totalement mais tu te sens encore plus en mode working girl alors que tu rentres à la maison avec ton fiancé.e qui t’attend avec des chandelles et une jolie odeur. Tu t’affales sur le canapé en regardant la table basse. “T’as mis du cœur à l’ouvrage en tout cas.” Que tu souris mollement car t’es quand même assez éreintée de ta journée. “Ca va depuis…” T’essaie de voir quelle heure il est et à quelle heure vous vous êtes parlés mais c’est trop compliqué pour toi, là. “Depuis tout à l’heure ?” Voilà, c’est bien aussi, ça.

“Hey.” Tu n’as pas l’impression de voir une quelconque réaction particulière. Elle a l’air toute soft. Est-ce que c’est la conversation à venir qui la met dans cet état ? Sûrement. Son baiser est aussi soft que son énergie. “Ca sent bon. Je pourrais m’habituer rapidement à rentrer sur tout ça.” Tu souris un peu plus de l’entendre faire une remarque de ta petite préparation. « Tu t’en lasseras si je le fais tous les jours. » Le manque crée l’envie tout ça tout ça. Elle sait. Elle en joue souvent en plus, à ton avis, mais c’est intéressant comme ça. “T’as mis du cœur à l’ouvrage en tout cas.” Qu’elle dit une fois installée à côté de toi. Tu hoches la tête. « J’avais envie de faire une bonne ambiance pour équilibrer. » Car t’es pas sûr de comment ça va aller. Tu vois pas encore le futur.

“Ca va depuis…” Tu la vois qui galère à finir sa phrase. “Depuis tout à l’heure ?” Tu hoches la tête. « T’as l’air bien fatigué… » Tu te mords la lèvre de la voir comme ça. « On peut faire ça plus tard, un autre jour. » Tu sais combien c’est demandant cette conversation à venir et si elle n’a pas l’énergie pour vraiment écouter ça ne servira à rien à ton avis. « On peut juste tourner ça en date night, on met un film en mangeant et tu te reposes. » Tu proposes car ça sonne comme une très bonne chose. « J’ai proposé tout à l’heure parce que tu avais l’air particulièrement de bonne humeur mais j’ai pas pensé à la fin de la journée et le trajet que tu fais tout ça… » Tu ajoutes encore car tu n’as pensé qu’à toi et tu veux pas être égoïste car c’est important que vous soyez tous les deux dans le bon espace mental.

« Tu t’en lasseras si je le fais tous les jours. » Tu as un petit rire. “C’est fort probable. Arrête de me connaître aussi bien.” Enfin pas si bien que cela sinon, cette conversation n’aurait pas besoin d’avoir lieu. Mais il est clair comme de l’eau de roche que tu t’en ennuierai profondément. La routine, ce n’est pas ton truc et c’est exactement ce dont tu as peur avec ton magasin. T’espères que ça fonctionnera assez rapidement pour pouvoir embaucher quelqu’un afin de ne pas avoir à être sur place tous les jours. Tu verras bien. « J’avais envie de faire une bonne ambiance pour équilibrer. » Pour équilibrer. C’est exactement ce que tu avais visualisé quand tu avais pensé à vous mettre dans un meilleur état d’esprit pour cette conversation.

« T’as l’air bien fatigué… » Tu hausses une épaule. T’as encore de l’énergie à revendre. Même si ça ne se voit pas vu comment t’es à moitié allongée dans le canapé. « On peut faire ça plus tard, un autre jour. » Ah ? « On peut juste tourner ça en date night, on met un film en mangeant et tu te reposes. » L’idée du date night est bien meilleure que La Conversation à vrai dire. Bon, il y aura toujours tout qui sera mieux que cette Conversation de toute façon. « J’ai proposé tout à l’heure parce que tu avais l’air particulièrement de bonne humeur mais j’ai pas pensé à la fin de la journée et le trajet que tu fais tout ça… » Tu as un petit sourire qui réapparaît alors que tu vas poser ta tête contre son épaule. “Je suis toujours de bonne humeur.” Que tu lui murmures en laissant un baiser sur son épaule. “Mais ouais, j’ai poussé des meubles toute la journée. Y’a Alistair qui m’a aidé.” Tu te détaches pour mieux le regarder. “J’arrive pas à me décider sur la position des meubles, c’est vraiment… Exaspérant.” Tu soupires, fatiguée de toi-même que tu n’aurais pas cru autant nerveuse sur ce sujet. “Mais on peut parler, y’a pas de soucis. On peut faire ça en plusieurs fois s’il faut.” Y’a rien d’urgent. “We’re here for the long ride, baby.” Que tu finis par dire en allant placer ta main sur sa cuisse d’un geste rassurant. Il faut juste que vous appreniez à discuter pour mieux avancer ensemble.

“C’est fort probable. Arrête de me connaître aussi bien.” Tu sais surtout ce qu’elle te fait subir avec ses ‘je remettrais jamais cette robe parce que tu l’aimes trop.’ Il est donc difficile d’oublier ce détail qui n’en est pas un. C’est sa façon de penser mais il est drôle de remarquer qu’elle l’oublie dans le sens inverse. La petite princesse qui veut tout.

Elle hausse les épaules quand tu dis qu’elle a l’air fatigué, ça veut dire quoi ? Tu lui offres toutes les perches sur un plateau d’argent pour qu’elle refuse si jamais c’est son souhait. Elle cale sa tête contre ton épaule, ta guitare est à présent posé à côté du canapé, par terre. “Je suis toujours de bonne humeur.” Bien sûr. Tu aimes ses gestes sur toi là même si tu en doutes fortement de cette affirmation qu’elle vient de formuler. “Mais ouais, j’ai poussé des meubles toute la journée. Y’a Alistair qui m’a aidé.” Elle se défait pour te regarder. “J’arrive pas à me décider sur la position des meubles, c’est vraiment… Exaspérant.” Tu te demandes comment elle fait pour avoir autant d’énergie à tout défaire pour changer, y’a tellement de choses à déplacer. “Mais on peut parler, y’a pas de soucis. On peut faire ça en plusieurs fois s’il faut.” T’aimes pas trop l’idée de faire en plusieurs fois. Faudrait que tu prennes des notes pour pas oublier pour la fois d’après ? T’as pas vraiment envie que ça devienne un plus gros morceau que ça ne l’est déjà. “We’re here for the long ride, baby.” « Je suis pas chaud de le faire en plusieurs fois. » Tu fais une petite moue. « J’ai envie de mettre ça derrière nous et puis oui si y’a besoin qu’on en parle encore après on peut mais j’ai pas envie de m’arrêter au milieu enfin je sais pas… J’ai juste envie qu’on trouve le bon moment pour toi comme pour moi. Ca a pas l’air d’être le bon là. T'as l'air de plutôt avoir besoin de te reposer et c'est normal je comprends je dis pas ça pour te blâmer. On verra une autre fois c’est pas grave. » Tu veux pas parler pour rien car c’est demandant cette conversation. Tu as juste l’impression qu’il n’y aura jamais de bon moment, mais bon, ça reste au menu pour un jour.

« Je suis pas chaud de le faire en plusieurs fois. » Au moins, c’est clair. Enfin presque. En tout cas, Jordan te paraît un peu tatillon ce soir. Tu ne le sens pas réceptif, comme pris au dépourvu que la soirée ait changé de trajectoire. « J’ai envie de mettre ça derrière nous et puis oui si y’a besoin qu’on en parle encore après on peut mais j’ai pas envie de m’arrêter au milieu enfin je sais pas… J’ai juste envie qu’on trouve le bon moment pour toi comme pour moi. Ça a pas l’air d’être le bon là. T'as l'air de plutôt avoir besoin de te reposer et c'est normal je comprends je dis pas ça pour te blâmer. On verra une autre fois c’est pas grave. » Tu le regardes avec un air un peu drôle au visage, mais aussi un peu d’incompréhension car Jordan parle beaucoup d’un seul coup et t’es pas forcément habituée. Et puis, tu as compris, iel veut faire ça d’un coup et ne plus avoir à recommencer. Autant dire que t’as pas intérêt à oublier quoique ce soit quand vous aurez enfin cette conversation. “Okay.” Que tu dis car… Y’a rien à dire de plus à ton sens. “Je vais prendre une douche.” T’en as bien besoin. Et heureusement que Jordan aura pris les devants pour annuler ce qui était prévu car après la douche et le repas, il ne te faut à peine trente minutes une fois le film que vous avez choisi lancé pour tomber comme une masse dans les bras de Morphée.

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Vous vous êtes mis d’accord un autre jour. Un jour où ni lui ni toi ne travaille. Comme ça, au moins, il n’y a pas de fatigue ni de trajet dans les pattes ou quoique ce soit. T’avais bien aimé les chandelles mais tu regrettes l’absence d’un espace dans le jardin pour vous accueillir, des oreillers, une tente de draps, des trucs comme ça. Tu t’ai noté ça dans un coin de la tête. T’as sorti ta décoration d’Halloween car il serait temps de faire honneur à cette fête spooky que t’aime beaucoup. La première fête célébrée ici, même si vous n’avez pas prévu de soirée dans votre maison car le 31 est l’ouverture de ton magasin. Il faudra que tu le dises à tes proches d’ailleurs. Mais tu ne veux pas penser à ça pour l’instant. Tu as donc allumé des bougies un peu partout, des citrouilles sous toutes leurs formes et couleurs, des squelettes, des sorcières, des chats noirs, des fantômes et d’autres trucs qui mettent dans le thème. Des talismans aussi, des pierres, des attrapes rêves ici et là. Dans une maison pareille, tu te dis que la fête des morts doit être quelque chose. Tu rajoutes aussi de l’encens ; t’aime l’odeur avant tout. Et ça protège. Et surtout, ça te fait du bien d’avoir ton chez toi décoré dans une ambiance que t’aime particulièrement. Ça sent toi.

“J’ai fini de décorer!” Que tu dis, toute excitée, à Jordan en le retrouvant là où iel est. “Les cookies sont bientôt prêts.” Car t’as promis de vous en faire, avec plein de chocolat, évidemment. En forme de sorcières, fantômes et citrouilles car il faut rester dans le thème. Enfin, même si ça dénote carrément avec ce dont vous devez parler mais il n’est pas proscrit de joindre l’utile à l’agréable. “Et j’ai pensé à mettre le plat de Maria au four!” Oui parce que Maria est gentille à ce point et qu’elle nourrit vos estomacs avec Aurora de légumes et de viandes car sinon, vous ne mangeriez sûrement que des bonbons et du chocolat. Et des gâteaux. T’as hâte de passer tes après midi à pâtisser. En tout cas, t’es de bonne humeur et t’oublierai presque pourquoi tu t’es mise à faire tout ça en premier lieu ; pour que vous soyez dans une bonne ambiance, une bonne atmosphère pour la Conversation. C’est important pour l’esprit.

Elle te regarde avec un drôle d’air et tu as un peu peur pendant quelques secondes. Tu sais pas si c’est du lard ou du cochon. “Okay.” Et puis finalement c’est ok. “Je vais prendre une douche.” Tu hoches la tête alors que tu vas piocher un bonbon en attendant qu’elle revienne car vous allez avoir votre date night à la place du coup. Elle a juste le temps de manger qu’elle s’endort comme une crêpe. Tu as bien fait de repousser la conversation.

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“J’ai fini de décorer!” Tu sais que ça veut dire que l’heure est venue. Tu es dans ton studio qui a de plus en plus pris forme même s’il y a des touches de déco à revoir. Il est enfin prêt, fonctionnel pour travailler. Tu as enfin ton joli piano en place, ta Mona Lisa comme elle l’appelle Birdie. C’était sur elle que tu étais quand Birdie a ouvert la porte de ton studio. “Les cookies sont bientôt prêts.” Ton sourire se fait bien plus large à ses mot car ça c’est un truc qui te plait. Vous êtes vraiment pareil à faire quelque chose de spécial et un peu plus doux d’une situation comme celle qui arrive. Une conversation. Qui va pas être simple. Du tout. « Je peux les sentir d’ici. » Que tu dis alors que tu fermes le piano.

“Et j’ai pensé à mettre le plat de Maria au four!” Tu te lèves et va jusqu’à ton oiseau. Tu lui mets une petite tape sur le cul après avoir éteint les lumières. « Je veux goûter les cookies. » Que tu lui dis en embrassant le dessus de sa tête. Tu sais que ça veut dire show time… En quelques sortes. Et puis après avoir observer ainsi que complimenter toutes les déco qui te font sourire largement car elle a fait ça parfaitement bien, tu te cales dans la cuisine, attendant les cookies comme un enfant ouais, presque. Debout face au four, c’est là que tu prends la parole. « C’est pas vraiment lié à ce dont on doit parler mais je trouve que c’est le bon moment et… Peut être une bonne introduction, je sais pas trop. » Tu te grattes la joue brièvement alors que tu vas planter ton nez devant le four pour voir l’évolution des cookies plus que du plat de Maria, même s’il est aussi là. « Et je sais qu’au fond ça n’a pas d’importance car je suis qui je suis et ça changera jamais, mais… Je pense que le terme qui m’irait le mieux c’est gender fluid. » Tu te mordilles la lèvre. « Ca me fait bizarre de le dire à voix haute et de manière si solennelle comme ça mais ça fait quelques mois que ça me trotte et je voulais t’en parler. » Tu te pinces les lèvres, sans trop savoir comment expliquer un peu plus ou quoi. « Depuis que j’ai testé à me mettre en drag ça me trotte et ça peut sonner con car c’était carrément un déclic de me mettre dans cette nouvelle personnalité… J’ai… » Tu as du mal à sortir tes mots. « Je pense que je le referai, parce que je me suis senti vraiment bien ce soir là. » Avant la dispute bien évidemment. « C’était une révélation. » Puis tu ajoutes bien vite. « Loin de moi l’envie de faire une transition ou quoi comme Tee. Nope. Je garde ce corps, je suis né comme ça, je fais le mieux avec ce qu’on m’a donné. Je l’aime doucement mais sûrement… et en grande partie grâce à toi. » Même si y’a des jours où tu l’aimes moins que d’autres mais ça c’est lié à ton humeur aussi, y’a pas de secret. « Je ne me vois plus entre les deux, je me vois les deux, ouais c’est… à peu près la meilleure explication que je peux donner là. » Tu te mords la lèvre car tu te sens étrange de te justifier comme ça. Tu es encore sur ton petit bout de chemin de la découverte de toi et tu partages à la personne dont tu es le plus proche. « Je peux avoir un cookie ? » Tu demandes en tournant tes yeux vers elle seulement maintenant.

« Je peux les sentir d’ici. » C’est vrai que ça sent bon pour qui sait un peu utiliser ton nez. T’es contente de voir que Jordan se réjouit de la perspective d’avoir des douceurs à grignoter, tout comme toi d’ailleurs car t’as hâte de les goûter aussi. Même si tu sais qu’ils seront mangeables et bons car tu as l’habitude et la main. Tu penseras même à en faire une petite boîte spéciale Noël pour Maria, tiens. Elle partage ton amour de Noël, ça sera un bon cadeau, ça. Jordan se lève de son instrument et te tape les fesses alors que vous sortez du studio pour remonter les marches. « Je veux goûter les cookies. » “Bientôt bientôt!” T’as même eu la présence d’esprit de faire chauffer le plat de Maria avec. Tu te sens fière de toi juste pour cette prouesse.

Ton partenaire approuve la décoration et c’est tant mieux car tu ne comptais rien changer, nope. Puis le voilà en trian de faire le pied de guerre en face du four alors que vous seriez bien mieux dans le salon mais t’as affaire à un enfant quand y a des gâteaux impliqués. Tu ne peux pas lui en vouloir. Au moins, tu peux guetter. « C’est pas vraiment lié à ce dont on doit parler mais je trouve que c’est le bon moment et… Peut être une bonne introduction, je sais pas trop. » Tu relèves la tête vers lui qui regarde l’intérieur du four, les bras croisés et contre le plan de travail. « Et je sais qu’au fond ça n’a pas d’importance car je suis qui je suis et ça changera jamais, mais… Je pense que le terme qui m’irait le mieux c’est gender fluid. Ça me fait bizarre de le dire à voix haute et de manière si solennelle comme ça mais ça fait quelques mois que ça me trotte et je voulais t’en parler. » Tu ne t’attendais pas à ça. Ni en introduction ni tout court car effectivement, c’est la première fois que t’en entends parler. Seulement, si tu connais le terme, t’as aucune véritable idée ce qu’est le gender fluid donc tu ne comprends pas trop. « Depuis que j’ai testé à me mettre en drag ça me trotte et ça peut sonner con car c’était carrément un déclic de me mettre dans cette nouvelle personnalité… J’ai… Je pense que je le referai, parce que je me suis senti vraiment bien ce soir-là. C’était une révélation. » T’essaies de coordonner les paroles avec le terme évoqué juste avant. C’est cool si Jordan s’est senti.e bien un moment dans sa peau car c’est rare vu qu’iel soit tendre avec lui-même. « Loin de moi l’envie de faire une transition ou quoi comme Tee. Nope. Je garde ce corps, je suis né comme ça, je fais le mieux avec ce qu’on m’a donné. Je l’aime doucement mais sûrement… et en grande partie grâce à toi. » T’as un petit sourire car t’apprécie d’entendre ça. Tu sers à quelque chose de le regarder avec tes yeux de merlan frit. « Je ne me vois plus entre les deux, je me vois les deux, ouais c’est… à peu près la meilleure explication que je peux donner là. » Tu ne sais pas si t’as bien compris la différence mais si Jordan s’y retrouve, c’est le principal.

« Je peux avoir un cookie ? » Tu secoues la tête. “Nope. Ca a pas encore sonné.” Le chronomètre, tu veux dire. T’es toujours les bras croisés à repenser à ce que tu viens d’entendre. “Si ça te permet de te trouver et surtout de t’apprécier, c’est tout ce que je te souhaite. C’est cool si ça t’aide sur la voie de l’acceptation.” Tu mords ta lèvre avec le regard toujours dans le néant. “Tu te considérais comme aucun des deux et maintenant les deux.” Tu répètes les termes qu’iel a dit tantôt. Comme pour faire un sens. Mais c’est un ressenti interne et toi qui a toujours été fière d’être une femme à part entière, tu ne peux pas comprendre le ressenti plus profond de la chose. Seul Jordan sait et s’il te dit ça, ce n’est pas anodin. “Le principal est que tu saches toi qui tu es et que tu t’acceptes. Moi, je t’aime quoiqu’il arrive.” Ca, c’est une valeur sûre. “Sauf si tu te laisses pousser une moustache.” Que t’ajoute avec un sourire de coin juste avant que le bip du chrono ne sonne. “C’est prêt!” Tu prends les gants pour sortir d’abord les cookies puis le plat. “Laisse-les refroidir avant de les toucher.” T’as pas envie d’aller à l’hôpital parce que ton partenaire se sera brûlé pour cause d’impatience. En attendant, tu ramènes deux assiettes pour vous servir du plat de Maria. T’hésites fort à parler d’autre chose - car y a forcément des sujets plus délicats à aborder - mais t’oses pas pour l’instant. Alors tu t’occupes à vous servir. Tu t’es même pris une bouteille de vin car tu t’ai dit qu’un petit support ne serait pas de refus. D’autant que tu n’as pas envie de cloper dans la maison. “Allez, on va dans le salon. Et touche pas les cookies pour l’instant!” Tu le préviens en prenant ton assiette, ta bouteille et ton verre pour aller les poser sur la table basse. Clairement, tu n'es pas douée pour les conversations importantes.

“Bientôt bientôt!” Pas assez rapide à ton goût ! Tu en taperais du pied si tu ne t’étais pas lancé dans un petit coming out qui te dérange autant qu’il est nécéssaire. Tu ne devrais pas avoir à justifier qui tu es, mais comme tu l’as fait une première fois et que les choses ont changé dans ta tête, tu te dois de donner les informations de cette mise à jour. De ton évolution dans ta petite tête de tes ressentis. Birdie t’écoute avec attention, te laisse tout le temps pour t’exprimer, sans te couper. C’est très très apprécié et tu espères que la suite de la conversation va être pareil. “Nope. Ca a pas encore sonné.” Et tu te dis que peut être elle ne va rien dire à propos de tout ce que tu viens de dire, ce qui serait ok, car il n’y a rien de particulier à dire. C’est une information que tu as donné. “Si ça te permet de te trouver et surtout de t’apprécier, c’est tout ce que je te souhaite. C’est cool si ça t’aide sur la voie de l’acceptation.” Mais si elle réplique et te soutient. “Tu te considérais comme aucun des deux et maintenant les deux.” Tu te grattes le nez car tu sais même pas si c’est tout à fait ça… Tu as du mal à mettre des mots mais ceux là sont ceux qui s’y rapproche le plus. “Le principal est que tu saches toi qui tu es et que tu t’acceptes. Moi, je t’aime quoiqu’il arrive.” Ces mots là qui font du bien à entendre. “Sauf si tu te laisses pousser une moustache.” Et elle fait exprès pour détendre l’atmosphère, ce que tu apprécies également grandement.

“C’est prêt!” Et ça c’est encore mieux !! “Laisse-les refroidir avant de les toucher.” Elle te connait, elle te prévient avant que tu te brûles. Tu la regardes préparer les trucs à ramener au salon, tu as bien vu la bouteille de vin. “Allez, on va dans le salon. Et touche pas les cookies pour l’instant!” Tu hoches la tête. « Je prends la glace pour t’accompagner avec ton vin. Si je mets des bouts de cookies dedans ça va le refroidir non ? » Tu dis alors que tu vas la prendre avec deux cuillères si elle veut se joindre à toi.

Une fois dans le salon, ça y est. Ca se rapproche. Et tu fais un dernier point important car y’a un petit détail qui te dérange encore, tu sais pas si tu t’es bien exprimé car toi même ça te fait encore une petite sensation pas agréable dans la poitrine. « Peut être que ce détail fait aussi parti de ce qui occupait mon cerveau ces derniers temps. Ces réflexions sur mon label tout ça… Je… Je sais même pas si gender fluid c’est le bon terme, juste… Je pense que le plus simple c’est juste que… Je suis Jordan Fisher et je suis unique dans mon genre. Les labels ça complique trop des fois juste… Je suis toujours moi, j’ai pas changé. Et on est tous unique sur cette planète, on devrait chacun avoir son propre label unique parce qu’on est pas deux pareils. Enfin voilà c’est juste, je voulais dire ça, on peut passer aux choses sérieuses enfin… » Tu hausses une épaule. Tu sais pas trop. Mais tu sais ouvrir le pot de Ben & Jerry, ça c’est sûr. « Et pour en venir enfin au vif du sujet… » Tu dis alors que tu es en train d’essayer de défaire un bout de chocolat dans ta glace chunky monkey. « …je sais pas trop par où commencer, on s’est pris la tête sur pas mal de truc ces derniers temps et je suis conscient que c’est moi qui suis contrarié… triggered à chaque fois et ça part en vrille… » Tu mets le chocolat et la glace dans ta bouche et tu parles quand même. « J’en parle avec ma psy et je préfèrerai pas qu’elle augmente mon traitement… Cette conversation devrait aider… Je pense. J’en suis sûr. C’est certain même ouais. » Tu te mords la lèvre avant de continuer. « J’ai sauté sur mes conclusions quand t’as parlé d’ovules parce que dans ma tête le raccourcis est vite fait, je connais rien sur ce que tu peux faire d’autre avec des ovules, je me suis jamais intéressé à tout ça… » Tu te mords la lèvre. « La première chose à laquelle je pense c’est que je peux te perdre parce que c’est pas rien de cuir un gosse dans son ventre et le faire sortir à point. » Quelle délicatesse Jordan. « Je t’ai imaginé morte et j’étais… pas bien. » Elle l’a bien vu oui.

« Je prends la glace pour t’accompagner avec ton vin. Si je mets des bouts de cookies dedans ça va le refroidir non ? » “Ca refroidira quoiqu’il arrive.” Que tu dis avec un petit timbre amusé. L’impatience de Jordan se fait entendre et sentir. Qu’iel ramène tout ce qu’iel veut, le plan te semble très bien quoiqu’il arrive. Du vin, de la glace, des cookies, de quoi manger, c’est parfait. Y aura de quoi occuper ta bouche et tes mains.

« Peut être que ce détail fait aussi partie de ce qui occupait mon cerveau ces derniers temps. Ces réflexions sur mon label tout ça… (...) Enfin voilà c’est juste, je voulais dire ça, on peut passer aux choses sérieuses enfin… » Tes yeux brillent alors qu’ils sont posés sur lui. Tu as l’impression qu’y a une aura autour de lui tellement que ses mots te parlent. Tu as l’impression que tu pourrais lui sauter dessus à tout moment parce que c’est beau, ça te parle ce que Jordan dit. L'entendre émettre une pensée que tu partages depuis des années te prouve juste encore une fois que Jordan est fait pour elle. Le simple fait d'avoir des étiquettes est une preuve supplémentaire que la société veut continuer à mettre tout le monde dans des cases. La société force beaucoup sur les étiquettes qui apparaissent et se multiplient par foison, créant par moment le sentiment inverse que celui voulu. Ça cloisonne les gens, ça les isole tout pareillement alors que le plus important est juste de s’accepter soi-même. Alors entendre Jordan répéter ce que tu dis et pense très souvent, ça t'émeut. Tu poses ta main sur sa cuisse avant d’aller embrasser son épaule. “Fais gaffe, je suis à deux doigts de te sauter dessus.” Vraiment. Le voir s’affirmer comme ça, avoir un vent de confiance lui souffler derrière les oreilles, ça t’émoustillerait presque.

« Et pour en venir enfin au vif du sujet… » Oui. Le sujet. Quel sujet ? Vous n’en avez pas encore commencé. Mais ça te rappelle qu’il faut être sage pour l’instant car vous devez être en conversation. La Conversation. Tu te sers un verre de vin en grignotant un coup de fourchette. « …je sais pas trop par où commencer, on s’est pris la tête sur pas mal de truc ces derniers temps et je suis conscient que c’est moi qui suis contrarié… triggered à chaque fois et ça part en vrille… » Tu lèves le verre à tes lèvres, approuvant silencieusement ses mots. « J’en parle avec ma psy et je préfèrerai pas qu’elle augmente mon traitement… Cette conversation devrait aider… Je pense. J’en suis sûr. C’est certain même ouais. » Tu n’as pas envie que Jordan augmente son traitement non plus. Le fait qu’iel en ait besoin est déjà une preuve que ça ne va pas et si la dose est augmentée, ce n’est pas forcément bon signe. Vous n’avez pas besoin d’en arriver là et tu te sens d’autant plus fière d’avoir suggéré cette idée de conversation, même si ce n’est pas évident.

« J’ai sauté sur mes conclusions quand t’as parlé d’ovules parce que dans ma tête le raccourcis est vite fait, je connais rien sur ce que tu peux faire d’autre avec des ovules, je me suis jamais intéressé à tout ça… » Tu mords ta joue car t’as surtout l’impression que ça ne l’intéresse pas vraiment. Tu as compris que Jordan a eu des partenaires masculins dans le passé en majorité mais depuis que vous êtes ensembles, iel aurait pu un peu plus se renseigner malgré tout. Mais ce n’est pas forcément toujours clair, tu peux le concevoir. Même pour toi. « La première chose à laquelle je pense c’est que je peux te perdre parce que c’est pas rien de cuir un gosse dans son ventre et le faire sortir à point. » Tu retiens fort ton rire car y’a rien de drôle mais la formulation l’est. « Je t’ai imaginé morte et j’étais… pas bien. » Tu n’as plus envie de rire tout d’un coup. Tu manges un coup de fourchette dans ton assiette et t’as l’impression de mâcher pendant des lustres avant de réussir à parler. “Quand je t’ai parlé de ça, je voulais juste parler d’un truc que j’avais entendu et qui m’intriguait. Je ne m’étais pas forcément plus renseignée sur le sujet mais je n’ai pas aimé cette façon de voir ça seulement comme un moyen pour moi de procréer.” Tu te prélasses contre le dossier du canapé en regardant devant toi. “Oui, je pense que conserver ses ovules quelque part est toujours un plus qu’autre chose. Ça veut pas dire que j’ai envie d’avoir un enfant. D’ailleurs, j’en veux toujours pas. Mais je peux pas exclure non plus que j’en voudrai pas plus tard. J’ai pas de boule de cristal et toi non plus.” Ça se saurait sinon. “Par contre, je peux t’assurer que jamais, ô grand jamais, je serai le four.” Si c’est la crainte majeure de Jordan, tu peux le rassurer d’entrée de jeu. Si seulement iel te l’avait dit clairement au lieu de se murer dans le silence. “La grossesse et l’accouchement m’effraient, me terrorisent et me dégoûtent. Si c’est ça qui t’angoisse le plus, t’as pas à t’en faire de ce côté là. Vraiment.” Au moins, ça, c’est dit et c’est clair comme de l’eau de roche. “J’ai envie qu’on puisse parler de tout sans avoir à se demander si l’autre va partir en couille ou pas. Et j’ai aussi ma part de responsabilité car je sais que je suis pas forcément plus raisonnable non plus.” T’en as conscience que tu pars aussi au quart de tour parfois trop souvent.

“Ca refroidira quoiqu’il arrive.” Elle sait que tu dis tout ça juste pour avoir des cookies avant qu’elle ne le décide elle. Mais elle esquive comme une cheffe et ton caprice n’est pas satisfait. C’est ça de vivre avec une femme qui a du caractère, elle ne te laisse pas tout aisément. Est-ce que c’est ce que tu fais toi ? Tu lui donnes tout aisément ? C’est parce que tu aimes la voir heureuse.

Au fur et à mesure que tu donnes les derniers détails elle te regarde de plus en plus intensément dans le très bon sens du terme. Tu ne t’en rends pas compte car tu ne la regardes pas avant la fin de ton speech. Ce petit speech final qui te fait un bien fou car tu as l’impression d’avoir enfin réussi à t’exprimer sur la réalité de la chose. Tu te tracassais bien trop la tête. Elle caresse ta cuisse et t’offre un baiser. “Fais gaffe, je suis à deux doigts de te sauter dessus.” Un doux sourire se forme sur ton visage. Tu es rassuré de voir qu’elle est aussi touchée par ce que tu viens de dire. T’es pas totalement sûr de comprendre pourquoi mais tu t’en moques car l’impression c’est toute cette lumière et bonnes énergies que tu vois au travers de tout son être. Tu lui fais un baiser de plus sur les lèvres avant de reprendre un peu plus dans le bon chemin de cette conversation.

Enfin, vous allez entrer dans le vif du sujet. Y voir plus clair, tu espères. “Quand je t’ai parlé de ça, je voulais juste parler d’un truc que j’avais entendu et qui m’intriguait. Je ne m’étais pas forcément plus renseignée sur le sujet mais je n’ai pas aimé cette façon de voir ça seulement comme un moyen pour moi de procréer.” C’est parce que comme tu viens de lui dire tu ne sais rien sur ce que tu peux faire. Tu ne te répètes pas car ce point a été dit déjà. Elle peut pas te blâmer là dessus. Pour toi c’est un quiproquo. “Oui, je pense que conserver ses ovules quelque part est toujours un plus qu’autre chose. ” Tu comprends pas trop là mais tu l’écoutes jusqu’au bout. “Ça veut pas dire que j’ai envie d’avoir un enfant. D’ailleurs, j’en veux toujours pas. ” Cette nouvelle confirmation fait du bien à ton âme. “Mais je peux pas exclure non plus que j’en voudrai pas plus tard. J’ai pas de boule de cristal et toi non plus.” Si si, toi tu sais que tu n’en veux pas et t’as des nouvelles questions pour elle qui te viennent, et des nouvelles choses que tu veux lui dire. “Par contre, je peux t’assurer que jamais, ô grand jamais, je serai le four.” Oh ? Ca c’est une nouvelle super importante. Est-ce qu’elle l’avait dit ? Tu sais pas mais dans tous les cas, tu n’étais pas dans ton état normal lors de cette dispute et tu ne te souviens pas de tout. “La grossesse et l’accouchement m’effraient, me terrorisent et me dégoûtent. Si c’est ça qui t’angoisse le plus, t’as pas à t’en faire de ce côté là. Vraiment.” Elle veut filer son bébé à un autre four, si elle en veut un. C’est ce que tu comprends.

“J’ai envie qu’on puisse parler de tout sans avoir à se demander si l’autre va partir en couille ou pas. Et j’ai aussi ma part de responsabilité car je sais que je suis pas forcément plus raisonnable non plus.” Tu hoches la tête appréciant tellement tout ce qu’elle te dit là. « Pareil.. Et… Pour être tout à fait honnête c’était pas juste t’imaginer morte en couche qui m’a fait peur… C’était aussi… Toi avec un gosse. Toi qui veut un gosse. Je sais que tu as dit que tu sais pas encore pour l’avenir et je comprends. Mais moi je suis sûr que j’en veux pas. Jamais. J’ai 32 ans et je sais déjà pas me gérer moi même. Je sais que de mon côté ça changera jamais. J’en veux pas et… Du coup… J’ai… Tu te vois faire un gosse avec quelqu’un d’autre ? » Tu marques une pause. « Je veux pas de gosse mais j’ai pas envie de te partager de nouveau avec quelqu’un d’autre… Je… Je suis un peu perdu dans ce futur hypothétique et… Je devrais peut être pas voir si loin mais on a une maison ensemble maintenant et c’est important pour moi de savoir toutes les possibilités de ce qui pourrait arriver. J’ai pas l’habitude d’avoir mon destin lié si fort à quelqu’un ça me fait peur… » T’as oublié la glace et les cookies là. T’es triste pour le futur car tu sais pas vivre au présent sans être rassuré sur le futur.

« Pareil.. Et… Pour être tout à fait honnête c’était pas juste t’imaginer morte en couche qui m’a fait peur… C’était aussi… Toi avec un gosse. Toi qui veut un gosse. Je sais que tu as dit que tu sais pas encore pour l’avenir et je comprends. » Non, Jordan ne comprend pas. Tu ne seras jamais pour l’avenir donc tu ne peux pas donner une affirmation en confirmant que ça sera pour le reste de ta vie comme ça. Tu n’as jamais été dans la certitude pour ces choses-là. Tu te retrouves à être dans des positions que tu n’aurais jamais pensé, que ce soit propriétaire d’une maison, en couple ou à la tête d’un magasin. Alors pourquoi ton toi du futur n’aurait pas envie d’être mère un jour ? Tu ne peux pas lui retirer ça. « Mais moi je suis sûr que j’en veux pas. Jamais. J’ai 32 ans et je sais déjà pas me gérer moi même. Je sais que de mon côté ça changera jamais. J’en veux pas et… Du coup… J’ai… Tu te vois faire un gosse avec quelqu’un d’autre ? » Ca, c’est une question qui te fait secouer la tête à la négation. Même si t’en veux pas, tu t’es déjà demandé à quoi pourrait ressembler un mélange de vous dans un mini être. Tu trouves ça mignon jusqu’à ce que tu te rappelles de tout ce qu’il y a derrière quand on a un gosse dans les pattes. « Je veux pas de gosse mais j’ai pas envie de te partager de nouveau avec quelqu’un d’autre… » Hein ? « Je… Je suis un peu perdu dans ce futur hypothétique et… Je devrais peut être pas voir si loin mais on a une maison ensemble maintenant et c’est important pour moi de savoir toutes les possibilités de ce qui pourrait arriver. J’ai pas l’habitude d’avoir mon destin lié si fort à quelqu’un ça me fait peur… » Et le problème est que tu ne peux pas le rassurer de ce côté-là. Est-ce que sans la maison, ça aurait été moins contraignant ? Est-ce que tu dois comprendre que le simple fait de partager un bail avec toi le protège moins lui ? Tu n’as pas l’impression d’avoir saisi ce qu’iel vient de dire, tout comme le reste d’ailleurs. “Le futur sera toujours hypothétique, Jordan.” Que tu lui murmures car tu n’as pas l’impression qu’iel l’a compris. A part si ton fiancé a une boule de cristal cachée quelque part, encore une fois, impossible à tes yeux. “Je comprends pas la partie “me partager” ? Tu as des petits serpentins quelque part. Si je veux un gosse, ça sera uniquement avec les tiens. Mais si j'en veux et toi non, tu ne penses pas que… Qu'y a des chances que toi et moi, ça ne tienne plus? Tu pourrais vivre avec un gosse dont tu veux pas?” Tu n’as vraiment pas compris. Tu n’as pas l’impression que la situation puisse être fiable si un jour, vous devenez trois sans que Jordan le souhaite. T’es en train de réaliser que t’as plutôt intérêt à ne pas en vouloir un jour car ça risquerai de compliquer les choses. Beaucoup. “Je sais pas quoi te dire. Je te parle justement de cette possibilité mais tu me donnes l'impression que j'ai plus jamais le droit de changer. Comme si tout ce que je dis à un moment est marqué dans le marbre à tout jamais.” Jordan qui te parle de possibilités possibles mais quand tu le fais, iel se braque. C’est à ne plus rien y comprendre - justement, d’où cette conversation. “T'as pas envie que je mente, pas vrai? J’ai été forcée de le faire l’autre jour et j’ai pas aimé.” Enfin, tu n’as pas vraiment menti mais tu lui as laissé croire que oui, tu ne voudras jamais d’enfants à tout jamais. T’as été obligée et ça t’a laissé un goût amer car tu n’as pas pu t’exprimer comme deux personnes auraient dû pour parler juste d’un podcast que l’un aurait entendu.

T’es rassuré de voir qu’elle veut pas de gosse avec quelqu’un d’autre. Mais du coup t’as du mal à comprendre tout ça. Qu’est ce qui est pas clair dans ce que tu lui dis ? Elle veut pas d’enfants avec un autre et tu veux pas d’enfant, ça veut dire pas d’enfant et c’est réglé. “Le futur sera toujours hypothétique, Jordan.” Tu sais mais t’as besoin d’avoir une très bonne idée quand même. T’aimes pas que ce soit tout flou comme ça. Ca fonctionne pas avec toi.

“Je comprends pas la partie “me partager” ? Tu as des petits serpentins quelque part. Si je veux un gosse, ça sera uniquement avec les tiens. Mais si j'en veux et toi non, tu ne penses pas que… Qu'y a des chances que toi et moi, ça ne tienne plus? Tu pourrais vivre avec un gosse dont tu veux pas?” Tu fais non de la tête. Tu veux pas reproduire le schéma de ton père et ça serait exactement ça. Mais d’ailleurs Jordan, n’est-ce pas là tout le problème ? Tu as peur d’être ton père mais tu ne l’es pas. “Je sais pas quoi te dire. Je te parle justement de cette possibilité mais tu me donnes l'impression que j'ai plus jamais le droit de changer. Comme si tout ce que je dis à un moment est marqué dans le marbre à tout jamais.” Depuis le début de votre relation tu as toujours su voir bien plus loin l’avenir qu’elle. Tu tiens promesse, tu te connais, tu sais ce dont tu es capable ou non. C’est pas la même de son côté, tu le réalises oui, ça a toujours été comme ça.

“T'as pas envie que je mente, pas vrai? J’ai été forcée de le faire l’autre jour et j’ai pas aimé.” Tu fais non de la tête. « Non.. J’ai pas envie que tu mentes… » Mais il est indéniable que c’était la bonne chose à faire sur le moment parce que tu étais en train de vriller et il te fallait te calmer. Tu te passes les mains sur le visage alors que tu te cales au fond du canapé car tu es doucement en train de réaliser certaines choses. « J’ai pas envie de traumatiser un gosse comme j’ai été traumatisé. » Tu te penches et tu vas prendre un cookie, tu dis que tu mérites. Tu croques dedans alors que tu es encore dans tes pensées avant de reprendre. « Ca me fait bizarre d’entendre que tu voudrais un gosse avec moi… Je me vois pas comme être un bon père j’en ai jamais eu, j’ai pas d’exemple rien à par… tout ce qu’il faut pas faire je… » Tu tournes les yeux vers elle. « T’as confiance en moi pour être le père de ton enfant hypothétique ? » Tu ne lui laisse pas le temps de répondre tout de suite, tu ajoutes. « J’ai pas confiance en moi pour ça… » Tu mords encore dans le cookie. « Ils sont super bons. » Que tu dis sans véritable enthousiasme car ton esprit est tout troublé de ces réalisations que t’es en train de faire. Tu as vraiment tellement de bagages avec toi Jordan, et ces moments là te font te rendre compte que même si tu as fait un gros chemin vers la guérison, il y a bien des choses qui seront toujours là ancré en toi, qu’il faut encore plus de temps pour défaire et surtout, des choses dont tu n’avais jamais eu à être confronté avant. Tu étais veuf, tu étais le boyfriend d’une meuf dans le coma. Birdie est ta première vrai relation sérieuse de personne indépendante et adulte.

« Non.. J’ai pas envie que tu mentes… » Evidemment que non. Personne n’aime être menti et fourvoyé. Jordan encore moins dans toute son honnêteté parfois trop franche et trop directe. Ce n’est pas forcément un concept évident et parfois, ça fait du mal d’entendre certaines choses que l’on ne veut pas entendre. Et voilà que Birdie essaie de lui faire rentrer la chose la plus basique du monde, à savoir que l’avenir n’est pas incrusté. Nulle part, jamais. C’est quelque chose que seul son partenaire devrait apprendre à s’inscruster dans le crâne autant que ses tatouages sur sa peau.

« J’ai pas envie de traumatiser un gosse comme j’ai été traumatisé. » Ah. Voilà. Birdie n’avait pas fait le lien avec son père, alors que Jordan lui a bien fait sous-entendre que sa naissance a donné lieu à la mort de sa mère. Donc si son fiancé ne veut pas la voir subir le même sort que sa mère, ce n’est surprenant qu’iel ne souhaite pas non plus aller dans les traces de son père. Seulement, Birdie n’est pas Ashley Fisher tout comme Jordan n’est pas Sullivan. Ils sont leurs propres personnes. La jeune femme ne doute pas un instant que son partenaire serait loin d’être comme son père. Iel en est déjà très loin. « Ca me fait bizarre d’entendre que tu voudrais un gosse avec moi… Je me vois pas comme être un bon père j’en ai jamais eu, j’ai pas d’exemple rien à part… tout ce qu’il faut pas faire je… » Les parents de Birdie sont partis quand cette dernière avait à peine dix ans et pourtant, jamais elle ne s’est projetée sur eux pour sa propre vie. Sûrement parce qu’elle a une fratrie et que ça doit être différent d’être enfant unique. Être livré à soi-même depuis son plus jeune âge. Et puis, Birdie n’a pas été maltraitée, juste abandonnée. Jordan a subi les deux. Elle aimerait avoir la solution magique à tous ses maux mais malheureusement, ce n’est pas le cas. « T’as confiance en moi pour être le père de ton enfant hypothétique ? » Elle le regarde avec un air presque désabusé. Elle va pour répondre mais - « J’ai pas confiance en moi pour ça… » Ca, elle l’avait compris. « Ils sont super bons. » Qu’iel approuve les cookies, ça la fait sourire. “Merci.” Qu’elle répond sagement. “Y’a personne d’autre que toi avec qui je veux mélanger mon ADN. Je te fais plus confiance qu’en moi même par moment. Tu l’as dit tout à l’heure, t’es Jordan Fisher. Pas Sullivan.” Elle prend son verre et une poignée de bonbons avant de caler à son tour au fond du canapé. “J’ai réalisé avec la psy que mes parents ne sont pas seulement partis faire le tour du monde. Ils nous ont abandonné. Ils nous ont laissé seuls et j’ai eu de la chance d’être dans une fratrie aussi soudée.” Birdie n’en a jamais parlé car c’est dur de l’accepter et c’est toujours compliqué de faire face à cette réalité, elle qui les a toujours idôlatrés et idéalisés. “Alors… Te voir partir chez Maria pendant deux jours ou t’enfermer quelque part, je… J’ai compris que t’as besoin que ça redescende. Mais j’ai toujours ce sentiment que je suis à un pas de plus vers toi en ayant marre de moi et qui décide de se barrer.” Elle s’est tellement sentie misérable cette dernière fois. Et toutes les autres avant. “Même si j’ai cette conviction qu’on reviendra toujours vers l’autre parce que… Parce qu’y a ça et que j’ai dit oui.” Qu’elle murmure en regardant sa main gauche. L’union, les fiançailles, tout ça. “Mais ça n’empêche pas que je suis parfois la pire des personnes mais je m’en rends compte toujours trop tard.” Elle n’est pas aussi joyeuse, bout-en-train et positive qu’elle veut bien le laisser croire aux autres. Ca fait partie d’un de ses côtés sombres. “Tout ça pour te dire que je ne suis pas la mieux placée pour être mère.” Ce qui lui fait bizarre de formuler de cette façon car clairement, elle ne s’est jamais vue être appelée maman. Et pour être honnête, ça lui fout des boutons d’y penser.