Take my hand and hold on
Tell me everything that you need to say (x)

C’est toi qui a voulu appeler une dernière fois l’agence immobilière même si la deadline est passée. On sait jamais. Tu veux être sûr d’avoir tout essayé jusqu’à la dernière minute. Même si la veille tu as déjà appelé, tu as eu quelqu’un d’autre de l’agence que la personne avec qui tu as traité tout le long. « Okay. Je comprends oui. Merci d’avoir pris le temps de me répondre. » Que tu dis avant de raccrocher car cette fois ci, c’est bien la fin de cette maison de rêve.

Tu te tournes vers Birdie alors que tu verrouilles ton téléphone. Vous savez déjà que c’est mort, vous avez eu la confirmation hier après que vous n’ayez pu joindre tous les documents pour l’achat, pour le prêt tout ça. « La maison a été vendue à quelqu’un d’autre. » Ils ont pas perdu de temps, ils étaient sur le coup également mais vous avez bloqué le dossier pendant quelques semaines avec vos difficultés administratives. « On en aura une meilleure. Je m’inquiète pas. » Tu es un peu trop sûr.e de toi Jordan, oui, parce que les choses se font dans l’ordre qu’elles doivent se faire. Tant que tu es avec Birdie, qu’il y a son divorce à l’horizon et votre mariage ensuite, tout va bien se passer, car la maison se trouve juste au bout de ce tunnel, tu le sais.

C’est ainsi que vous êtes en chemin pour Elimbah. Pas totalement rassuré de la laisser conduire après une si mauvaise nouvelle mais au fond, si tu meurs avec Birdie, ce sera la plus belle aventure du moment. Faut vraiment que vous soyez foudroyer tous les deux car si c’est juste elle, c’est pas du tout comme ça que tu visualises l’avenir. Soit marié avec elle, soit mort avec elle, voilà, y’a pas d’autre alternative. Tu as Milady sur tes genoux alors que tu es passager, tu as sa laisse aussi au cas où, tu te sens mieux comme ça. Tu te dis aussi que c’est une bonne façon de laisser ta douce Birdie avoir un oeil sur votre chat, histoire qu’elle sache que vous êtes tous là, même Milord, et qu’il vaut mieux conduire convenablement en fait. Y’a ta main qui va sur sa nuque et tu as branché la musique sur ton spotify où tu as lancé une playlist Disney pour faire plaisir à Birdie. Le spectacle de la comédie musicale de La Belle et la Bête à Sydney était somptueux, ce fut un succès et même après coup tu t’es dit que tu aurais du chanter une chanson Disney sur la scène ouverte. Ca aurait fait plaisir à ta moitié. Hier soir tu as été voir Trophy Eyes jouer à Brisbane, tu es pas mal niveau shows. Tu es prêt.e a passer quelques jours à Elimbah dans cette campagne qui fait du bien à l'âme.

@Birdie Cadburry

« Okay. Je comprends oui. Merci d’avoir pris le temps de me répondre. » C’est pas bon. Pas bon du tout. Le karma a décidé de te chier dessus de toute façon. C’est un fait. Il n’y a rien qui va depuis quelques semaines. Tu as dû être un démon dans une autre vie pour mériter ça en ce moment. « La maison a été vendue à quelqu’un d’autre. » Ta mâchoire se crispe alors que t’étais en train de mordiller l’ongle de ton pouce. La maison a été vendue à quelqu’un d’autre. « On en aura une meilleure. Je m’inquiète pas. » Incroyable que Jordan réagisse comme ça. Comme si ce n’était rien. Est-ce que c’est pour ne pas te reprocher ta faute ? Car c’est clairement de ta faute. Tu as envoyé les papiers à Will il y a quelques jours. Ton meilleur ami n’a pas été ravi, du tout. Tu ne lui as pas vraiment expliqué, tu lui as balancé ça comme ça car t’as beau être une gryffondor, tu restes une lâche. T’as juste besoin de sa signature. Will ne te l’a pas encore donné. Il te fait ça pour te faire chier et voilà que t’en as perdu la maison. Vous avez perdu la maison. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tu n’en veux même pas à Will. C’est juste toi. Toi, toi et encore toi.

T’as rien dit. Tu t’es juste contentée d’aller finir ton sac pour Elimbah, sans oublier d’y inclure Mister Grenouille. Tu n’as pas envie de parler car tu serai capable de crier et pleurer à la fois. Ce n’est qu’une maison parmi tant d’autres, non ? It was The One. T’es convaincue que vous n’en trouverez pas une pareille. Atypique et avec autant de charme. C’est la désillusion totale. Mais tu tentes de garder la face malgré la déception, la tristesse et la culpabilité qui t’envahissent. Jordan a le bon réflexe de te caresser la nuque sur le trajet et d’avoir lancé une playlist Disney. Tu appuies parfois sur l’accélérateur un peu trop brutalement mais t’essaie de te reprendre. T’es énervée, en colère contre toi, déçue pour vous. T’as envie de te foutre des claques dans la gueule. T’es qu’une lâche, tu as cru qu’il y avait un choix à faire entre ton affection pour Will et Jordan, t’as pas voulu te placer et voilà le résultat. Il y a tes chansons préférées qui passent mais tu ne les chantonnes même pas. A la place, tu sors une clope. Puis une deuxième. T’as presque le temps de finir ton paquet une fois arrivés à Elimbah. Vivement car t’as une boule au ventre et à la poitrine. Te voilà une nouvelle fois en train d’accélérer. C’est la dernière ligne droite. Tu sens la maison t’appeler. Qu’importe les déceptions et les désillusions, tu auras toujours Elimbah quoiqu’il arrive. Au moins, c’est une valeur sûre.

Tu sais très bien ce qui se trame dans sa tête. La déception d’être la raison d’avoir perdu cette maison qui était parfaite. Cette maison qui vous a redonné la joie de vivre pendant quelques temps. C’est pas simple depuis un moment, surtout pour elle avec le départ de Will. On dirait bien que y’a que des merdes qui tombent depuis et toi même tu espères que ça va se retourner d’une meilleure façon à un moment donné. Tu ne sais pas quoi faire ou dire à ton oiseau. Tu sais juste être là pour elle, avec un coin de ta tête qui pense à ne pas être trop une maman hyène.

Tu ne cherches pas à faire la conversation pendant le trajet. Tu te dis que ça ne pourrait que rendre le moment plus implosif qu’il ne l’est déjà. Tu te contentes de caresser sa nuque et de caresser Milady. Quand y’a un feu rouge tu lui poses votre baby girl sur ses cuisses. « Mummy needs some kisses. » Et Milady a l’air d’avoir compris car elle est toute douce avec sa maitresse. Tu récupères la fauve quand le moment est arrivé de reprendre la route et tu embrasses son pelage. « Good girl. » Tu aimes tellement ton chat.

Une fois à Elimbah, vous sortez toutes vos affaires et tu la laisses faire le tour habituel pour vérifier ce qu’il y a à manger dans les environs. Tu n’oses jamais le faire de toi même car ce n’est pas chez toi, c’est chez elle et sa famille ici. Tu sais pas si elle est en train de faire quelque chose ou si elle a zone out mais elle est dos à toi et tu vas te placer doucement en face d’elle, remontant son visage vers le tiens. Tes yeux dans les siens tu murmures. « Everything will be ok. » Tu es la force tranquille de toute cette période merdique. Tu es sincèrement soulagé de voir que tu n’es pas inquiet. C’est fou comme la perspective de l’épouser pour de vrai rend tout absolument gérable. « I promise you B. It’s all gonna work out. » Tu crois profondément tes mots et comment pourrait-il en être autrement quand toute cette merde résulte en son divorce que tu n’aurais jamais espéré. Il faut du mauvais pour équilibrer tout le bon. C’est la vie. Et tu sens Milady qui est en train de se frotter à vos jambes à tous les deux. Adorable baby girl.

« Mummy needs some kisses. » A ton sens, ce n’est pas franchement une bonne idée de te la foutre sur tes jambes alors que t’as la tête ailleurs mais Milady ronronne si fort quand tu baisses ta tête pour embrasser son minois que ça te procure une petite parenthèse de douceur bien tombée. « Good girl. » Mais comme c’est toi qui conduit, t’en as l’opportunité que pour trois minutes avant que Jordan ne la reprenne. Ton visage perd de nouveau son sourire en même temps que ton pied appuie sur l’accélérateur.

À la maison, à Elimbah, tu files voir la cuisine pour faire l’état des lieux que tu as l’habitude de faire afin de savoir ce qu’il y a besoin. Puis tu vas dehors pour te planter devant la porte fenêtre. Les yeux fermés, tu restes un moment dehors pour respirer. Inspirer. Respirer. Inspirer. L’air de la campagne est si bon. Le calme differt de la tempête dans ta tête. Ça fait du bien. Ça va aller, pas vrai ? Seul le temps fera son affaire. Comme d’habitude. Tu connais la chanson. Tu as vécu pire que tout ça, non ?

Ta bulle est percée par Jordan qui te fait ouvrir les yeux en relevant ton visage vers le tien. « Everything will be ok. » Comme si iel avait lu dans ton cerveau à ce moment précis. Tu déglutis car pour l’instant, t’as du mal à y croire. Mais vous n’êtes pas à la rue - et même si vous l’étiez, ce n’est pas ça qui te chagrinerait le plus. Au moins, vous êtes ensembles et c’est le plus important. « I promise you B. It’s all gonna work out. » Tu scrutes ses prunelles pendant quelques secondes. “Comment tu fais ça ? D’être aussi… Calme ? T’as même pas l’air déçu.” T’as pas envie de me blâmer, t’es sûr.e ? Ca n’a pas de sens que Jordan ait l’air autant… sans émotion vis à vis de cette nouvelle. Tu t’attends vraiment à tout moment à des reproches. Mais de l’autre côté, ce n’est pas vraiment le genre de Jordan. Ce n’est pas comme si iel ne savait pas dans quoi iel s’engageait depuis le début il faut dire.

Tu espères que tes mots auront l’effet escompté. Tu ne vois pas de colère dans les yeux de ta moitié, juste de la déception, de la tristesse aussi. Sûrement un brin de culpabilité également, mais tu ne veux pas faire le détail de tout ça. Tu comprends la vibe global car elle est légitime, tu serais dans le même état qu’elle si les rôles étaient inversés.  “Comment tu fais ça ? D’être aussi… Calme ? T’as même pas l’air déçu.” Tu sens ton coeur partir un peu plus vite car la réalité de la situation tu sais très bien ce qu’elle est. Est-ce que tu te sens de le partager aussi ouvertement là maintenant tout de suite ? « Je vais passer pour la personne la plus horrible de la terre mais… » Ton coeur bat si vite, tu as besoin de faire une pause pour respirer, replacer tes mots bien dans ta tête. Tu as été trop vite déjà là. Non c’est correct. Ok. « Savoir que tu vas divorcer pour qu’on achète ensemble ça me comble entièrement de bonheur et… » Tu cherches vite les bons mots. Tu aurais dû prendre plus le temps Jordan… « Je m’en veux d’apprécier la tournure des évènements alors que tu vis très mal tout ça… » Tu te dérobes à son regard car ce n’est pas évident du tout d’avouer tout ça aussi honnêtement face à elle. Mais tu le fais quand même car elle va comprendre que la perspective de t’épouser dépasse toutes les contrariétés qui tombe sur votre chemin. « Any house will do if you’re my wife. » Ton coeur qui bat si fort. « Mais en même temps je sens qu’on aura quelque chose de mieux. Je l’explique pas. Peut être que c’est juste parce que je sais qu’on sera ensemble, y’a rien qui m’inquiète. » Tu parles beaucoup Jordan et tu es si cheesy je roule fort des yeux.

« Je vais passer pour la personne la plus horrible de la terre mais… » Tu penches la tête sur le côté, curieuse de sa réponse à venir et encore plus avec cette phrase d’introduction. « Savoir que tu vas divorcer pour qu’on achète ensemble ça me comble entièrement de bonheur et… » Ah. Ca, tu pouvais le deviner. Après tout, Jordan est un romantique. Même s’iel savait que t’étais déjà mariée, tu n’es pas savoir qu’iel attendait quand même le moment où t’allais lâcher cette bague. Enfin, tu pensais que ça aurait été mieux avec ta demande l’an dernier mais visiblement, ce n’était pas suffisant. « Je m’en veux d’apprécier la tournure des évènements alors que tu vis très mal tout ça… » Tu hoches lentement la tête. Tu comprends sans vraiment comprendre l’amplitude de la chose. Ce n’est pas comme si Jordan ne savait pas. Ou que ça avait été fait derrière son dos pendant que vous étiez ensemble. In my dreams, you’re my wife. Tu l’avais bien compris. Tu l’avais bien entendu aussi. D’où l’union. Mais évidemment, ce n’était pas suffisant. Ni ce qu’iel veut vraiment. Pas besoin qu’iel le dise, tu le sais.

« Any house will do if you’re my wife. » C’est… Beau ? Mais contrariant aussi ? Tes sourcils se froncent en même temps que t’as un voile de stress qui te cisaille. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que tu n’as pas de valeur si t’es pas sa femme ? Si tu dis non ? Iel a l’air de prendre quelque chose d’acquis qui ne s’est même pas encore déroulé. Comme si tu avais besoin de ce genre de stress. « Mais en même temps je sens qu’on aura quelque chose de mieux. Je l’explique pas. Peut être que c’est juste parce que je sais qu’on sera ensemble, y’a rien qui m’inquiète. » Tu mords ta joue. “Quand tu dis ensemble, tu penses à marier ou pas ? Histoire que je sache si y a besoin de la bague pour avoir de la valeur.” Oh Birdie. Le ton est un peu trop mordant là. Ne sois pas aussi sauvage. D’autant que tu partages sa dernière pensée. Tu n’aimes juste pas cette pression sur les épaules que t’as. Tu n’es pas habituée à ces trucs-là. Tout comme tu n’es pas habituée à avoir de la compagnie quand t’as besoin de te retrouver à Elimbah. Exactement comme là. Tu fermes les yeux avant de secouer la tête. “Never mind.” Finalement, est-ce que t’as vraiment envie de savoir ? “J’aimerai pouvoir penser pareil.” Que tu marmonnes en tournant les talons pour rentrer à l’intérieur.

“Quand tu dis ensemble, tu penses à marier ou pas ? Histoire que je sache si y a besoin de la bague pour avoir de la valeur.” Shit. Tes yeux qui retournent aussitôt aux siens. Cette phrase te glace le sang car tu n’avais pas du tout penser à comment tes mots auraient pu être pris. De cette façon là exactement. T’as carrément un coup au coeur, tu en es figé sur place. What have i done. C’est même pas une vraie question, tout ton corps a ressenti la force de sa réponse, le ton et les mots qui ont claqué dans l’air comme un véritable coup. “Never mind.” Shit. Tu en es bouche bée de savoir comment elle a pris tes mots. Tu redescends un peu dans la réalité de la situation, sortant de ta torpeur. “J’aimerai pouvoir penser pareil.” « I didn’t mean it this way. » Tu déglutis. « We don’t have to get married to get a house. » Tu parles à son dos car elle a tourné les talons et tu te sens tellement minable que tu n’oses pas la rattraper ou la regarder en face. « I’m sorry. » Tu aurais dû la fermer Jordan. Qu’est ce qu’il t’a pris d’être aussi sans filtre sur un sujet si délicat ? Tu restes dehors parce que tu as besoin d’un moment pour te remettre les pensées en place. Ce qui est fait est fait. Ce qui est dit est dit. Tu ne pourras pas le changer. Le silence était très bien Jordan… « I’m useless… » Que tu diras pour toi même avant de commencer à marcher dans le grand jardin. Tu t’arrêtes après deux pas, tu ôtes tes chaussures et tes chaussettes. Sentir l’herbe sous tes pieds te fait du bien et puis tu décides de juste t’allonger au milieu du jardin, être au plus proche de la terre. Ca te rassure ça aussi. Ou peut être que tu as juste envie d’être enterrer.

« I didn’t mean it this way. » Tu t’en doutes mais c’est comme ça que tu le perçois. Et t’as cette vilaine sensation d’appartenance à autrui que tu n’aimes pas tout d’un coup. Exactement tout ce qui te fait que la signification du mariage te fait horreur. Qu’une relation est moins importante s’il n’y a pas de bague pour le prouver. D’autant que techniquement, vous en avez. Techniquement, vous avez célébré quelque chose. Mais non, ça ne veut rien dire pour Jordan. C’est ce que tu comprends. Tu as fait un effort mais ce n’était pas suffisant. Comme d’habitude. La spirale ne va jamais finir. « We don’t have to get married to get a house. » Ca ne répond pas à ta question. Ce n’est pas ça que tu demandais. Evidemment que vous pouvez avoir une maison sans être mariés. Mais vous ? Est-ce que Jordan veut juste brandir ses plumes en société pour prouver qu’iel a une femme qui respire pour une fois ? Birdie… Heureusement que tu ne dis rien. Tu continues ta route. « I’m sorry. » Tu l’entends qui s’excuse mais tu ne te retournes pas. Tu as besoin de t’isoler.

Tu as le cœur qui bat fort pour toutes les mauvaises raisons. Tu grimpes les marches deux à deux pour aller t’enfermer dans ta chambre. Voilà pourquoi t’es seule à Elimbah normalement. Tu t’effondres littéralement une fois la porte fermée et la serrure verrouillée. T’es obligée de t’enfermer pour être sûre d’être tranquille. T’es qu’une merde, c’est la conclusion la plus rapide que tu te fais dans la tête. C’est rare que tu ai si peu d’estime envers toi-même mais tu ne t’es jamais sentie aussi affaiblie et abattue que maintenant. Le décès de Victoria n’est pas comparable. Ce n’était pas une période joyeuse ceci dit. Tu finis sur ton lit, en position foetale, ta grenouille dans ton creux.

Mais tu ne peux pas, et ne veux pas, rester toute seule des heures comme ça. Tu es à Elimbah. T’as besoin de bouger. De parcourir ton espace. Pieds nus, le nez en l’air, les poumons ouverts. Tu renifles avant de te lever pour t’asseoir sur le lit. Tu contemples tes choix et tes envies. Tu te lèves pour aller vers la fenêtre. T’y vois la maison de Malachi. Tu passes ta main sur ton visage tout en t’installant sur la banquette juste en dessous des vitres. Tu regrettes souvent la période où tu n’étais qu’une enfant. Une vraie enfant. Qui joue, qui pleure, qui rit, qui invente, qui imagine, qui ne se soucie de rien. T’as beau la jouer et la faire revivre, tu n’es plus une gosse. Et tout ce qu’il se passe en ce moment te le prouve complètement.

Tu n’as aucun problème pour rester tout seul dans le jardin pendant une durée indéterminée. Tu crains de lui faire face de nouveau alors qu’il y a ce malentendu entre vous. Ton coeur bat vite à chaque fois que tu te remets au milieu de la situation dans ta tête. Et puis tu te rassures, tu te calmes. Jusqu’à ce que tu reviennes sur les mots que tu as dit et qu’elle a également dit. C’est un cercle vicieux. C’est absolument terrible car tu veux pas qu’elle pense ça mais tu l’as dit en même temps… Ton enthousiasme a été trop grand.

Tu retournes à l’intérieur parce que tu veux Milady dans tes bras. Elle te fait du bien. Elle t’apaise. Et puis tu ne sais pas combien de temps s’est déroulé, mais tu décides d’envoyer un message à Birdie. L’écriture a toujours été plus simple pour t’exprimer et tu as peur de ne pas trouver les mots adéquats si tu te retrouves en face de son visage triste.

SMS:

Vous échangez des messages pendant une bonne demi heure et tu sais que tout n’est pas arrangé, mais tu te sens personnellement un peu mieux d’avoir éclaircit certains points. Tu prends ton chat et ton lapin dans tes bras et tu montes à l’étage pour rejoindre ta douce. Tu es tellement grand que tu n’as aucun soucis pour les porter les deux et avoir une main de disponible pour ouvrir la porte. « Toc toc toc… » Tu dis alors que tu entres dans la chambre. « Je suis venu.e accompagné de nos babies. » Que tu dis avec un doux sourire dans la voix. Tu vas la rejoindre sur le lit et effectivement, c’est pas possible de louper qu’elle a pleuré. Ton coeur se serre et tu poses doucement vos enfants sur le lit pour aller la prendre dans tes bras. Oui, ça t’a coupé dans ton élan, tu veux l’avoir toute proche de toi, la rassurer du mieux que tu peux, si ça fonctionne. Tu la serres avec toute la tendresse du monde, tu vous berces un peu, tes lèvres se retrouvent dans ses cheveux, sur le dessus de sa tête, puis tu te défais juste assez pour voir son visage. « I’m never leaving you. » Que tu dis sans vraiment savoir pourquoi. Un rappel ? Elle sait déjà oui, mais ça fait toujours du bien de l’entendre. Tu sais que toi, ça te fait du bien, alors tu supposes que pour elle aussi.

Converser par messages est une solution dont tu devrais te rappeler plus souvent. C’est plus facile de lire et d’écrire pour ajuster sa réaction et prendre plus de pincettes que tu ne peux prendre en face à face. D’autant que les mots de Jordan sont beaux et tu te connais, tu vas les relire ici et là pour te rassurer, pour te faire fondre un peu plus, pour te rendre compte que vous deux, ce n’est pas qu’une histoire de mariage, d’union ou quoi mais c’est bien plus que ça de toute façon. Ce n’est pas parce qu’iel deviendrait Cadburry que ça changerait quoi que ce soit. Et, soyons honnête, tu serai fière que Jordan soit fier.e de t’avoir à ses côtés. C’est déjà le cas, d’autant que tu as bien conscience que ton partenaire est comme le miel avec les mouches, iel les attire. Comme toi aussi. Mais là, tu as pris la mouche de ses mots car t’es plus sensible, plus lunatique, plus susceptible que d’habitude. Tu as le verre à moitié vide depuis des semaines et tu n’en vois pas le bout. La perte de la maison est le coup de grâce dont tu n’avais pas besoin. Peut-être que t’aurais dû venir ici seule pour quelques jours avant que Jordan ne rejoigne. Peut-être que ça aurait fait son miracle. Après tout, ça fait longtemps que vous n’avez pas été séparés pendant un moment - il y aurait dû y avoir les trois semaines à venir mais trois semaines… C’est beaucoup. Tu ne sais pas si t’aurais tenu autant de temps sans Jordan. Même si ça t’arrache la tronche de le penser. Mais il faut parfois accepter l’aide et l’attention que l’on peut recevoir et vu comment tes proches tombent un à un, tu te raccroches sur ceux qui restent du mieux que tu peux.
Même si ça ne t’empêche pas de les repousser d’une façon ou d’une autre.

Cependant, tu as fait preuve d’un drapeau blanc en lui confirmant qu’iel pouvait venir. Tu as deverrouillé la porte et t’es retournée dans le lit. T’iras marcher comme tu l’as dit. « Toc toc toc… » Mais pas maintenant. « Je suis venu.e accompagné de nos babies. » Et effectivement, il y a les deux créatures dans une seule de ses grandes mains - incroyable. “Careful...” Que tu dis en commençant un peu à te relever pour l’aider. Tu caresses Milord qui a la frimousse dans tes draps dès que ses petites pattes y sont posées avant que les bras de Jordan t’encerclent pour te tenir contre lui. Iel est clairement en train de te bercer et tu te laisses totalement faire, tes propres bras allant autour de son tronc. Tes yeux se ferment brièvement car t’as conscience que tu n’as pas l’expression la plus joviale du quartier. « I’m never leaving you. » Tu mords ta joue avant de camoufler ton visage contre son torse de nouveau. “Dis pas ça. On sait pas ce que sera fait demain. Et vu mon karma de merde…” Oh t’as envie de chipoter. Tu ne veux juste pas te faire de faux espoirs. Après tout, tu es celle qui dit toujours ne jamais voir l’avenir. C’est Jordan qui pouvait prédire qu’iel serait toujours dans ta vie dans six mois. Même si tu as la conviction que ça durera vu tout ce qu’il se passe. Vu vos projets ensemble. Mais ça peut être aussi l’univers qui peut te mettre de nouveaux bâtons dans les roues. Tu ne sous-estimes pas l’univers. Jamais. “J’aurai besoin d’aller marcher… Seule de préférence.” Que tu murmures contre son torse. Tu te caches ? Totalement. Mais au moins, tu le dis. C’est bien.

“Careful...” Et tu la laisses te filer un coup de main pour l’atterrissage de vos bébés sur le matelas. Tu ne peux pas lui laisser plus de temps avec son Milord car tu as un besoin viscéral de la tenir dans tes bras pour la cajoler. Maman hyène le retour. Mais c’est légitime à ton humble avis. Elle a vécu de très fortes émotions ces dernières minutes, à cause de toi, à cause de l’univers qui lui met plein de merde sur sa route en même temps. Vraiment, t’en as marre toi aussi, tu voudrais que tout redevienne simple, comme avant. Pourquoi il a fallut que ta maison parte en ruine ? Ca te brise le coeur de voir comment les dominos sont tombés les uns derrières les autres depuis ce moment là. Birdie qui a l’air de se manger tout en pleine face avec ce déménagement à venir… Et toi qui lui met la pression avec l’achat commun qui te fait du bien, mais si elle ne voulait plus à un moment ? Hm ? T’y as pensé à ça. She’s free to say no at any point. Tu sais qu’elle ne reste pas dans des situations qu’elle ne veut pas. Tu espères qu’elle te voudra toute sa vie. “Dis pas ça. On sait pas ce que sera fait demain. Et vu mon karma de merde…” Qu’elle dit alors qu’elle a le visage tout camouflé contre ton torse. Ca serre ton coeur de l’entendre dire ces mots. Elle n’a pas l’air d’avoir envie de t’entendre lui soutenir que tu seras toujours là. Tu sais que c’est les voix dans sa tête qui lui font croire des choses fausses.

“J’aurai besoin d’aller marcher… Seule de préférence.” Tu frottes son dos doucement. « ‘kay. » Tu apprécies qu’elle le précise car tu pensais aller avec elle, mais ce n’est pas ce dont elle a besoin. Tu vas doucement prendre son visage entre tes deux mains pour la faire pivoter vers toi délicatement. « I’m never leaving you. » Tu répètes. « I’ll do everything to work it out. » Tu ajoutes avant d’aller déposer un baiser sur ses lèvres. « I promise you. »

« ‘kay. » T’as l’impression que c’est un petit ‘okay’ ça. Jordan pensait venir avec toi, t’es certaine. Ce qui aurait été normal et fait si les circonstances étaient différentes. Mais là, tu ressens que tu n’as pas eu ton espace depuis longtemps. Même si tu aimes être entourée et encore plus de ton partenaire, tu as aussi besoin de tes me time ici et là. D’autant que tu sais que Jordan veille sur toi deux fois plus que d’habitude - les circonstances font que naturellement iel se transforme en maman bear et à juste titre. Tu as beau le lui avoir reproché, tu n’es quand même pas mécontente de l’avoir sur tes côtes. Ça veut dire qu’iel se soucie de toi. Evidemment. Tu es la même quand les situations sont inversées. Seulement Jordan est mature donc iel se laisse faire. Jordan accepte l’aide. Toi, tu as une certaine fierté qui t’en empêche. Ce n’est pas évident. Et pourtant, tu le laisses quand même te tenir alors que t’es sur le point de te remettre à pleurer.

Mais tu ravales tout quand Jordan se défait pour mieux prendre ton visage dans ses mains afin que vos regards se lient. « I’m never leaving you. » Ta lèvre tremblote. Tu le crois tellement. T’as envie que ça soit vrai pour le reste de vos vies. Tu espères avoir cette envie pour le reste de ta propre vie. Pour l’instant, tu prends la crainte qu’iel t’abandonne comme un bon signe ; ça veut dire que tu ne veux pas qu’iel s’évapore de ton horizon proche. « I’ll do everything to work it out. » Surtout quand c’est pour entendre des choses qui t’émeuent autant qu’ils te dorlotent le coeur comme jamais. Un baiser est déposé et tu fermes les yeux où de l’eau commence à en sortir doucement. Tu te détestes. « I promise you. » Tu fais le premier truc qui te vient pour ne pas redevenir un saule pleureur ; tu fonds sur ses lippes pour l’embrasser en retour. Tes deux mains de part et d’autre de son visage, t’es à genoux, à sa hauteur et tu t’appliques lui transmettre tout ton amour et cette reconnaissance que tu n’arrive pas à formuler. Ça dure jusqu’à ce qu’il ait besoin d’air et même là, tu poses ton front contre le sien, tenant toujours son visage en croupe. “I’m sorry for being such a bitch.” Ce n’est pas la première fois que tu t’insultes toi-même comme ça - mais c’est la vérité en même temps, non ? Qu’on ne vienne pas te dire l’inverse, tu n’y croiras pas. “Même si j’ai envie d’être seule maintenant, j’aurai pas pu tenir trois semaines sans toi. Je- C’est égoïste mais je suis contente que tu restes.” Ah. Ca, ça change de la dernière fois. Ca, c’est une bonne chose. Enfin pour toi. Et pour ce que Jordan a pu t’avoir dit. “I can’t live without you right now. Even when I need my me time.” Que tu dis en sentant de nouveau l’eau coulée et en entendant ta voix se briser. Tu ne sais pas si c’est Jordan qui déteint sur toi mais tu as Mariah Carey qui chantonne dans ton oreille. I can't live If living is without you.

Elle est au bord des larmes et ça ne t’empêche pas, au contraire, de lui faire cette déclaration d’amour supplémentaire, car oui, il n’y a pas de je t’aime dit mais c’est tout autant profond à ton avis. Tu sais pas si c’est tes baisers ou tes mots, mais sa réaction ne se fait pas attendre et elle te rend tes baisers. Votre position rend les choses bien plus simple. Tu apprécies davantage les moments où vos corps sont au même niveau. Tu réponds à son baiser qu’elle a l’air de vouloir faire durer. Tu te demandes si ça va tourner en partie de jambes en l’air pour lui changer les idées encore plus. Tu te défais pour respirer, la gardant bien contre toi, tes mains qui caressent ses dos. “I’m sorry for being such a bitch.” Tu frottes son dos doucement pour la rassurer. « Mine. » Que tu dis car c’est la réalité, autant qu’un simple mot pour la rassurer davantage. Tu la laisses te maintenir comme ça, car tu aimes. “Même si j’ai envie d’être seule maintenant, j’aurai pas pu tenir trois semaines sans toi. Je- C’est égoïste mais je suis contente que tu restes.” Oh. My. God. Tu n’aurais jamais cru entendre ça un jour, encore moins maintenant ?? Tu sais pas, tu es agréablement surpris. Ca te touche à un niveau. Aussi faut dire que tu es pas mal sensible avec toutes ces émotions depuis quelques jours.

“I can’t live without you right now. Even when I need my me time.” Y’a les larmes qui coulent sur ses joues, tu vas déposer un baiser sur son front, doux. « I get it don’t worry baby. » Tu murmures contre sa peau avant de la reprendre tendrement toute contre toi. « I’ve got you… » Que tu ajoutes alors que tu n’as pas l’air enclin à vous détacher. Pas là non. « Any time, any day. » Tu marques une brève pause. « I’ve got you. » Ton coeur est serré de la voir comme ça, tu veux tellement la protéger de tout ce qui la tourmente tout le temps. Elle est si fragile en dessous de sa carapace. Tu sais bien ce que c’est ça aussi. Tu respires plus profondément car toi aussi t'es pas loin de te mettre à chialer mais tu veux tenir bon pour une fois et être le roc dont elle a besoin. Ca ne fait pas de toi un être moins solide de pleurer avec elle hein Jordan ? I know, fuck off. Toute façon t'y parvient pas, tu as les yeux humides.

« Mine. » Totalement à lui de subir et supporter. Tous les jours et ceux qui vont arriver. Jordan a l’air d’avoir accepté sa sentence le jour où vous avez commencé réellement toute cette aventure. Tu n’as jamais caché qui tu étais. Tu paraîs peut-être plus forte que tu ne l’es réellement. Jordan a le (dé)plaisir de te voir dans la spirale qui descend, dans celle qui n’est pas rayonnante, ni joyeuse, ni drôle. Votre histoire a beau durer depuis deux ans maintenant, tu as encore du mal à assumer que l’on puisse te voir au plus mal. Tu as toujours géré seule tes émotions, tes moments sans. Ce n’est pas évident ni naturel pour toi de t’effondrer dans les bras de quelqu’un. D’accepter les moments de faiblesse et d’avoir suffisamment confiance en quelqu’un pour en être témoin.

« I get it don’t worry baby. » Jordan t’embrasse et te sert de nouveau contre lui, tu es docile comme jamais. Une vraie petite poupée qui a confiance en lui pour savoir la gérer, la manipuler avec soin et délicatesse. « I’ve got you… » Ton nez retrouve sa joue alors que tu le humes pendant qu’iel parle. « Any time, any day. » Des paroles que tu entends et qui vont se graver en toi, tu l’espères, au plus vite. Même si tu n’as pas ton tatouage au poignet pour rien. Ça reste mieux quand c’est Jordan qui vocalise ces propos en direct. « I’ve got you. » Tu prends une inspiration en posant ta tête contre son épaule, tes yeux fermés de nouveau. “Thank you.” T’es reconnaissante. Pour tout. Même si parfois, tu ne le montres pas. Même si parfois tu le repousses mais dans le fond, tu serai dévastée si iel n’était pas aussi préventif.ve, aussi doux.ce, aussi attentionné.e. “I’ll be fine. I just don’t know when.” Que tu murmures. Un peu stupidement car si les boules de cristal existaient, encore une fois, ça serait merveilleux.