Il pleut dehors. Elle a passé la nuit ici. Elle passe aussi la journée apparemment. Pas que ça te dérange, tu n’avais rien de prévu aujourd’hui. Elle sait très bien que quand tu veux tu lui dis de dégager (plus gentiment que ça). Car parfois tu as du boulot, ou des plans et t’es pas du genre à t’embarrasser de jolies tournures. T’appelle un chat un chat. Pas vraiment de temps à perdre dans la vie à tourner autour du pot. Mais aujourd’hui il pleut et c’est la flemme de tout. C’est aussi une bonne chose de faire une pause. Parfois tu vas trop à fond toujours à avoir des trucs prévus à droite à gauche. Tellement que ton congèle est rempli à mort de toute la bouffe que Maria t’apporte toujours aussi régulièrement. T’es juste jamais là pour manger.

Vous êtes affalé dans ton canapé depuis que vous êtes sorti de ton lit y’a quelques heures. T’as sorti un tupperwear de tu ne sais même pas quoi. Tout est toujours délicieux de toute façon. Vous êtes deux alors t’as pris le plus gros pour qu’il décongèle naturellement. Vous n’allez pas manger tout de suite. Il fait sombre avec tous les nuages dehors. T’as un hoodie sur le dos même si t’es en short. Il fait pas vraiment froid mais t’es bien cosy comme ça. T’as limite envie de sortir un plaid mais tu vas avoir chaud. Vous avez mis un film sur Netflix même si tu mates ton téléphone de temps en temps parce que c’est pas très fou comme film. Ca casse pas trois pattes à un canard. Surtout quand une scène commence et elle t’intrigue parce que tu sens le truc venir à des kilomètres.

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tu prends la télécommande pour mettre stop. T’es pas du tout dans le mood pour mater une scène de viol qui en plus te donne des vibes de déjà vu dont tu te serais bien passé. C’était pas ça le plan de la journée. Tu éteins le film. « That movie is shit. » Tu sais même pas c’est quoi le titre, c’est Birdie qui a choisi et peut être même au hasard vu comme elle avait l’air plus encline à être avachi dans le canapé que réellement suivre quoi que ce soit. « Si j’avais la motivation j’irai mettre de la musique mais… » T’es beaucoup trop bien installé là. Tu soupires doucement, n’aimant quand même pas trop le silence de ton salon à ce moment précis. Tu cherches ton téléphone en tâtant le canapé. Tu l’avais posé là non ? Tu vas même passer une main sous les fesses de Birdie au cas où. Mais non. Et tu le vois qu’il est sur ta table basse et franchement, la table a l’air beaucoup trop loin là. T’as pas envie de bouger. Tu fais tomber la télécommande alors que tu la reprends sur ton accoudoir. Shit. Nope. Tu ne vas pas pouvoir mettre une chaîne musical non plus. Sauf si tu bouges ton cul. Y’a un peu rien qui va depuis que tu as coupé ce fucking film. Shit show.


@Birdie Cadburry

Il a bien voulu de toi et heureusement parce que Mason est aux abonnés absents, que tu ne veux pas être seule, qu’Heather n’est pas encore entrée et qu’il est hors de question d’aller voir ton mari si ça veut dire voir son ex. Non non non, je la sens venir, la vague d’insultes et on s’arrête tout de suite. Jordan est la meilleure distraction que tu puisses avoir et t’as même abusé des lieux pour y traîner les pattes - de toute façon, si l’un ou l’autre en a marre, vous savez que vous n’avez qu’à le dire pour régler le problème. Pas de contrainte, pas de problème, pas d’égo blessé, vraiment un des meilleurs plans du monde. Tu finis par apprécier de juste rien faire avec Jordan, mais si tu ne fais jamais rien parce que j’entends ton cerveau siffler, riposter, parler, s’insurger encore et toujours. Quand quelque chose s’y coince, impossible de le laisser partir. C’est peut-être aussi la bonne excuse pour ne pas se laisser happer par le reste. Parce qu’après le fun du mariage avec Will, il y a des trucs moins glorieux qui viennent frapper à ta porte et au final, tu regrettes presque d’être revenue. Oh la fuite, la meilleure des armes, n’est-ce pas ? Et pourtant, courageuse lionne que tu es, t’es revenue. Mais tu ne sais toujours pas comment affronter tes démons à part dans l’excès. Alors c’est l’excès qui profite de ta dispute avec Will et, surtout, de la réapparition de Sofia pour grossir, s’alimenter et finalement, c’est Jordan qui a pu évaluer le niveau sur lequel tu es toujours quand tu l’as littéralement supplié de ne pas faire dans la douceur.

T’es complètement enfouie contre le canapé, le bout de tes doigts de pied contre Jordan, ta robe camouflée par une veste que tu lui as piqué parce que, hey, quitte à ce qu’il visite tes tréfonds, autant qu’il ne te laisse pas être impactée par le début de l’automne et du sale temps qui arrive - t’es bien placée pour le savoir, toi qui a annoncé la bonne nouvelle de la flotte et des orages la veille à la télévision. Tu joues avec les cordons après avoir choisi un film et y a pas à dire, t’es quand même étrangement calme. C’est sûrement parce que là-haut ça fulmine si fort que ça t’occupe déjà ton énergie. Tu n’as pas envie d’emmerder Jordan avec ça - quoiqu’il suffirait qu’il demande pour que ça ouvre les vannes. Et là, il va vraiment te virer parce que tu vas devenir lourde, chiante, insupportable en plus d’être vulgaire et salope. T’assumes mais t’as pas envie qu’il te vire. Montrer que Jordan est plus fort que Sofia, c’est bien, ça. Bravo, Birdie, tu vas y arriver.

Tes yeux sont happés par le film, tu le vois sans le regarder jusqu’à ce que ton cœur bondisse et ton intérieur donne déjà envie de crever avant même que tes neurones analysent ce qu’ils se passent à l’écran. T’es en plein arrêt sur image, tu donnes l’impression de plus pouvoir bouger alors que c’est l’alerte à l’intérieur. T’as envie de pleurer instinctivement, de te rouler en boule, de vomir, de hurler et ça ne s’arrête pas quand Jordan a la présence d’esprit d’éteindre - pourquoi, il a vu quelque chose, senti autre chose ? T’en sais rien et tu ne cherches pas vraiment. « That movie is shit. » Tu restes clouée sur place alors que lui a l’air de s’agiter de sa place, alors tu rabats ses pieds contre toi, tes genoux avec, pour lui laisser tout le loisir et la place qu’il a besoin. « Si j’avais la motivation j’irai mettre de la musique mais… » Mais mais mais mais quoi, Jordan ? Juste avoir vu le début a suffit pour ramener tout à la surface et - oh darling, quand je te disais que tu avais besoin d’aide, j’avais raison. Mais comme tu ne m’écoutes pas, tu vas forcément faire ce que tu sais faire de mieux ; faire l’autruche. La tête dans le déni le plus intense, les yeux perdus dans le vague et Jordan qui se calme alors qu’au contraire, c’est toi qui finit par t’agiter. Tu te lèves brutalement et laisse tes pieds nus te guider vers la cuisine. T’as plus visité son lit que ses placards, tu ne sais pas où est quoi et t’ignore où les bouteilles se planquent. “Jordan, where is the alcohol ? Please tell me you have some. I just need one fucking drink, ou l’équivalent d’une bouteille entière.” Tu ne bois pas forcément à l’extrême. Mais un peu d’éthanol n’a jamais fait de mal à personne. T’ouvres les portes des placards, tu regardes même dans les tiroirs - ce qui est absurde - et tu finis par rager en claquant une des portes avec force, un peu trop, ce qui fait un bruit monstre. “Jordan, I’m not kidding, get your ass here or tell me.” T’en as trop, c’est une nouvelle goutte d’eau et tu tapes contre le comptoir, comme la gamine blessée que t’as été et qui n’a pas su se protéger. “I can’t- I can’t deal with that right now. I just can’t, really, it’s too much, I…” T’as retrouvé la voix, des paroles que tu murmures plus pour toi, tes mains au visage qui glissent dans tes cheveux, t’adossant au plan de travail. Si tu veux rien montrer à Jordan, c’est certainement loupé. What can I do if I’m shattered ?

C’est elle qui crée le contacte entre vous deux sur le canapé, comme toujours. Pas que ça te dérange mais tu remarques. Par contre tu captes rien de sa réaction face au film. Tu es bien trop dans ta propre spirale que tu es en train de contenir doucement mais sûrement. Tu es étourdit parce que tu es secoué. Birdie se lève du canapé et même si vous n’étiez pas collé l’un contre l’autre, tu sens que l’air est plus frais d’un coup. Ou peut être que c’est juste tes entrailles qui sont en train de te faire comprendre que ça va pas trop bien là Jordan. I’m ok. Pas vraiment mais ok. “Jordan, where is the alcohol ? Please tell me you have some. I just need one fucking drink Tu lèves un sourcil de l’entendre demander de l’alcool d’un coup comme ça. Tu entends qu’elle est en train d’ouvrir les placards et tiroirs.

« It’s in the- »
“Jordan, I’m not kidding, get your ass here or tell me. ”

Mais elle a clairement l’air de paniquer, elle est en train de frapper sur des trucs alors tu te lèves finalement de ton canapé. Tu sens sa détresse et c’est ça qui te motive grandement à bouger ton cul. Ça te fait même oublier tes pensées, c’est peut être fucked up d’être reconnaissant de sa crise actuelle but… it’s true. Tu focalises sur Birdie même si tu récupères ton téléphone au passage sur la table basse. Tu le mets dans ta poche. “I can’t- I can’t deal with that right now. I just can’t, really, it’s too much, I… ” Tu comprends absolument R I E N. Elle se cache le visage et elle a clairement l’air sur le point de chialer si ce n’est pas déjà le cas. Tu n’aimes pas du tout la voir comme ça. Tu vas aussitôt la prendre contre toi. Sa situation qui prend tout l’espace dans ton esprit. Elle a 100% de ton attention.

« What’s going on? » Y’a un truc qui l’a trigger mais tu ne comprends vraiment pas quoi parce que t’es complètement con et tu ne sais pas faire 1 + 1. Tu sais ta situation mais tu penses naïvement que ce n’est pas la même chose pour elle. C’est forcément autre chose. Toi qui te voit tout le temps en elle - pas littéralement cette fois - juste là, ton esprit est tellement en train de faire blocus sur ce qui t’a grandement dérangé, que tu n’y penses même pas. T’es con Jordan. Il suffit de pas grand chose comme réflexion mais tu refuses d’y penser. Tu te contentes de la bercer doucement contre toi. Tes lèvres sur le dessus de sa tête que tu embrasses doucement. Tu détestes la voir comme ça et tu veux vraiment l’aider. Te disant que la douceur et l’affection est toujours la bonne direction à prendre. Un moment qui contraste bien fort avec ce que vous vous êtes mutuellement fait subir entre tes draps y’a quelques heures de ça. Vous êtes vraiment capable de tout tous les deux. Ca commencerait presque à devenir flippant mais pas le temps d’y penser non plus. Y’a une Birdie au bout du rouleau à réconforter. Tu commences doucement à fredonner une chanson car tu sais que ça va aider également. « Even if I don’t stay… Everything will be ok. Everything will be okay… Everything will be okay… » Tu connais pas le reste de la chanson par coeur, mais ce bout là te fait personnellement beaucoup de bien à chaque fois que tu l’entends. Tu ne rends pas justice à la chanteuse originale mais ça va, ça a de la gueule quand même. Y’a l’intention surtout. C’est tout ce qui compte. T'as pas réfléchit vraiment à quelle chanson, t'as juste pris la première qui t'es venu en tête à ce moment là.

Donc, on reprend les mêmes et on recommence ? T’ignores ce que tu détestes le plus à ce moment-là. Jordan qui vient te prendre dans ses bras au lieu de te montrer où est l’alcool. Toi qui n’a pas réussi à mettre la main dessus toute seule comme une grande. Toi qui a la cervelle qui dégringole d’un surplus d’émotions que tu n’as jamais prévu d’avoir mais dont t’es victime malgré tout, sans savoir jamais quoi en faire. Ton choix hasardeux. Ce foutu film et son absence de warning - ce n’est pourtant pas compliqué, cela devrait être déjà fait, en 2021, de foutre un warning avant que la séance commence, que les gens se préparent, qu’ils puissent voir la chose venir, qu’ils choisissent s’ils veulent se faire subir ça ou non. Je t’avais dit que tu t’y prenais mal. Depuis le début, depuis le moment où t’as décidé de fermer tes lèvres. Pour une fois où il aurait fallu les ouvrir. T’as déjà revu Joseph l’an dernier, ce qui t’avais foutu dans une panade de crainte. Tu t’en serais bien passée, le monde entier s’en serait bien passé, Jordan s’en serait bien passé aussi. « What’s going on? » Rien, Jordan. Absolument rien. C’est pourtant limpide, non ? Tout va bien. Pas besoin de s’inquiéter. Fais chier. Vous n’auriez pas dû bouger du lit, en faites. « Even if I don’t stay… Everything will be ok. Everything will be okay… Everything will be okay… » C’est toi qui ne devrait pas rester. Jordan s’en porterait sûrement mieux que de devoir te gérer.

“Everything is ok.” Répète-le encore un peu plus pour qu’au moins l’un de vous deux y croit. Ce n’est clairement pas le cas. Y a rien qui est ok. Une chanson ne suffit pas, là. Jordan ne suffit pas, le monde entier ne suffira jamais assez. Comme tu n’as jamais voulu m’écouter, t’es dans ton propre fléau, t’es étouffée, tu te sens seule face à des maux que certains ne peuvent pas imaginer. Tu caches trop bien ton jeu et pourtant, tu trouves toujours moyen de te fissurer quand y a Jordan dans les environs. Y a un pattern morbide que t'apprécies guère et tu te demandes même si ça ne serait pas le moment de commencer à s’éclipser. De son environnement, de son monde, de sa vie. Tu lui infliges bien trop alors qu’il n’a rien demandé, it’s getting out of control. Tu veux pas qu’il pense que t’es cassable à toute occasion et qu’il est la foutue glue pour tout remettre en place. T’aimes pas te sentir aussi faible alors pourquoi, pourquoi au lieu de lui crier dessus et lui dire que ses chansons ne règleront rien, tu reste le front collé contre son épaule et les mains glissées dans la poche de son sweat, incapable de bouger ? “Was really just a shitty movie.” que tu murmures contre lui, la voix à moitié étouffée. C’est vrai que ta réaction est très cohérente avec l’excuse, Birdie. Il est clair qu’il va te croire ; mais il ne cherche pas vraiment à savoir, si ? Et si tu le distrais (en te distrayant aussi) en l’embrassant dans le cou ? Sur la mâchoire ? Il ne va pas enquêter plus loin, pas vrai ? Il est vraiment temps d’apprendre à t’armer, ma grande, et même à te poser toi-même les bonnes questions. Si t‘étais cohérente deux minutes, tu te dirais que Jordan a réagi bien trop vite, bien avant toi, que t’avais pourtant rien laissé paraître et que rien que ça, c’est louche. Mais hey, Jordan, vois comme tu n’es pas seul dans ta connerie. Dans le fond, c’est plus rassurant pour deux personnes qui ne veulent pas en parler. “Need something to forget it.” Parce que c’était vraiment mauvais à ce point, Jordan, tu peux le comprendre, non ?

“Everything is ok. ” No. But it will be. Elle parle au présent alors que tu chantais au futur. Peut être que si elle le répète assez de fois elle va finir par le croire. Ça reste une très bonne technique de dire des choses positives comme celle là. Tu te contentes de caresser son dos en la gardant proche de toi car tu vois bien qu’elle a l’air confortable comme ça. Elle ne s’est pas défait. Tes lèvres dans ses cheveux encore. Tu restes silencieux cette fois alors qu’elle reprend la parole. Bien emmitouflé dans ton hoodie. T’as pas de problème avec ça. “Was really just a shitty movie. ” Hmmm? Tes sourcils qui se froncent en l’entendant. Does she mean…? Elle te remet ce fucking film en tête et la raison du pourquoi tu as coupé. La remarque que tu as fait quand tu as décidé de mettre fin à cette scène qui allait de mal en pis. No… Parce que t’es en train d’aligner les traits entre toutes points. No… Eh si Jordan. No… fucking… Way. Mais plus tu y penses plus ça fait totalement de sens avec tellement de choses que tu vois en elle sans rien savoir d’elle non plus. No… Tes sourcils qui se froncent, tes yeux qui se ferment, tes bras qui la serrent plus fort. “Need something to forget it. ” Birdie… T’es trop triste de comprendre qu’elle sait exactement how it feels. Tu traites pas sa demande parce que t’es en train de traiter l’info et la tristesse que tu ressens d’avoir compris cette partie là d’elle. Ca se mélange à ta propre douleur que tu apprivoises depuis tant d’années. Y’a une grande part de déni même si tu en parles à ton psy régulièrement, c’est le passé et tu ne peux pas changer le passé. Tu ne peux pas oublier ce sentiment de honte de t’être mis seul dans cette situation. Tu ne peux pas oublier les douleurs physiques qui vont de paires. T’as une mémoire de merde mais pour ce qui est de ces moments là, bizarrement tu t’en rappelles comme si c’était hier quand ça refais surface à cause d’un shit movie.

« Tequila shots ? » Que tu proposes vu qu’elle voulait de l’alcool. Apparemment c’est ce qu’il lui faut pour aller mieux. Tu ne vas pas essayer de changer ses habitudes. Elle doit savoir comment gérer ce genre de moments si sombre. Tu la serres tellement doucement contre toi. Elle est si petite. Plus ça va et plus elle te parait petite au fur et à mesure qu’elle te montre son côté vulnérable. Tu reprends la parole car tu n’as pas fini dans ton énumérations d’idées pour lui changer les idées. Tes lèvres toujours sur le haut de sa tête car peut être bien qu’en fait, tu aimes respirer l’odeur de ses cheveux. Ton nez tout contre. « Milkshakes? » Parce que tu ne dirais pas non pour un là. Un petit Ubereats et ça serait chez toi en moins d’une demi heure.« Tequila shots while we wait for the milkshakes. What flavor do you want? » Elle n’a rien confirmé encore mais tu parles comme si c’était un done deal. Tu trouves que c’est la meilleure idée ever. Tout comme continuer de la bercer dans tes bras parce qu’elle en a besoin plus que tout le reste de la planète.

« Tequila shots ? » Il te donne l’impression de vouloir t’écraser contre lui. T’as même pas conscience de ce qu’il se passe dans sa tête, qu’il fait les connexions là où toi, t’es juste aveuglée par son sweat, ton égoïsme et tes angoisses. Tu t’épuise à ne pas savoir te contrôler, d’autant que t’as toujours été persuadée que tout allait très bien dans le meilleur des mondes. T’es la reine des faux semblants, des sourires en plastique et des prétextes bidons pour ignorer tout ce qui ne va pas. T’es dans une mauvaise période, t’avais pas besoin de ça en plus et c’est entièrement de la faute au hasard de ton doigt qui a choisi le film qu’il ne fallait pas. L’univers a un sacré sens de l’humour et c’est clairement pas celui que tu préfères. « Milkshakes? » Tu “mmh” tout en hochant la tête, profitant toujours de la présence solide de Jordan. Déjà, c’est un signe qu’il ne veut pas te virer. Il pourrait. T’es épuisante. Énervante à gâcher toujours tout. Même si tu sais que tu trouveras moyen de te rattraper. Il a la patience d’un saint, Jordan, et c’est sûrement parce que tu vas pouvoir te faire pardonner de la seule façon que tu connais que tu restes encore dans ses pattes. It’s not your fault et pourtant, le fardeau a toujours été le tien. Tu t’es toujours sentie salie, meurtrie, coupable. « Tequila shots while we wait for the milkshakes. What flavor do you want? » Il appuie ses propositions, il élabore la suite des évènements et ça te réconforte un peu plus.

Tu hausse les épaules. "I don’t know." I don’t care. T’aurais été moins ébranlée que tu aurais fait ta princesse habituelle, à demander des saveurs aussi absurdes qu’irréalistes, ne serait-ce que pour agacer le blond et rire à ses dépens parce que t’es chiante comme ça. Mais t’es pas dans le mood de l’embêter, au contraire. Il est bien trop bon, Jordan, et ça te fout un coup à la poitrine qu’il soit toujours aussi prévenant. Est-ce que ça serait plus simple s’il ne l’était pas ? Peut-être. Mais force de constater qu’il l’est et que ça complique absolument tout. T’ignores à quelle proportion mais t’abuses des platebandes et ça pourrait te faire flipper si tu réfléchissais deux minutes. Mais là, tu t’en fiches alors que tu lèves enfin ta tête vers lui. "Surprise me." I trust you. Ton intérieur qui en vient au sentiment singulier qu’est celui de la confiance. Bien sûr que tu lui fais confiance, après tout ce que vous avez fait, tu lui fais confiance sur l’aspect physique. Mais y a autre chose, là, un truc différent, un autre échelon qui se creuse et qui est bien plus profond qu’il devrait être. “What kind of tequila ? Good one ?” La meilleure distraction possible. Parler d’alcool alors que t’aimerais lui faire comprendre de ne pas partir. « Even if I don’t stay » n’est pas envisageable là maintenant. Certes vous êtes chez lui donc moins de chance qu’il se tire mais l’idée reste la même malgré tout. I trust you not to leave me alone.

Elle a clairement l’air d’apprécier l’étreinte et c’est parfait parce que c’est réciproque. Tu pourrais garder Tiny Birdie dans tes bras comme ça pour le reste de la journée. Calé contre le plan de travail. Le silence reste un peu gênant et tu vas t’occuper de mettre de la musique dès que tu daigneras te détacher d’elle. Pas maintenant. "I don’t know. " Elle a la tête ailleurs. Elle te laisse carte blanche pour tout. "Surprise me. " La phrase cliché pour cacher qu’on a juste pas la capacité à réfléchir. La phrase aussi qui montre qu’elle a confiance en le choix que tu vas faire pour elle. Tu ne vas pas tout de suite commander vos milkshakes. Elle a l’air d’être bien trop installé contre toi, et toi aussi.

“What kind of tequila ? Good one ? ”
« Yeah. I bought it in the city of Tequila. »

T’es sincère. C’est la pure vérité. Tu ne sais pas si elle va prendre ça pour une blague mais quand tu auras sorti la bouteille de ton placard, elle pourra le voir de ses propres yeux. Ça ne veut pas dire que c’est toi qui l’a acheté directement sur place au Mexique, mais c’est le cas. T’as des photos au cas où elle a besoin de preuves. « I don’t give this one to many people you know. I’m not going to Mexico frequently so it’s my precious. » Que tu dis comme si tu étais Gollum avec son anneau. Tu ne te défais pas d’elle pour autant. C’est beaucoup de mots, de plans que vous faites, mais sans action pour l’instant. C’est bien de prendre le temps, de se changer les idées, de visualiser, de se calmer en pensant à autre chose. Birdie… Une vague de pensées qui te rappelle ce que tu viens de comprendre à son propos et qui te brise encore le coeur. Tes bras qui la serre si doucement contre toi. Tu détestes tellement savoir qu’elle sait ce que c’est… Tu n’as aucune idée de à quand ça remonte pour elle. Tu espères morbidement que c’est récent. Qu’elle n’a pas eu à ce trainer ça depuis longtemps car après, c’est fini. Tout change à tout jamais. Tu sais. Elle sait. « I’ll get you pistachio milkshake. » Le même que toi. Ton préféré. Et tes bras qui la berce doucement, tout doucement. If you don’t let go, i don’t let go.

« Yeah. I bought it in the city of Tequila. » Distraction parfaite. Parce qu’au moins, ça attire ta curiosité et que t’es prête à entendre tout le récit en long, en large, en anglais et en espagnol que tu ne comprendras pas s’il le faut tant que ça enlève le bourdonnement dans tes oreilles et le silence de ton cerveau qui a du mal à remettre en route les rouages. Tu vas y arriver et t’as foi que Jordan va t’y aider sans aucun souci. Il cède sans ciller et t’en es reconnaissante. Tu ne l’es pas toujours parce que t’es une gamine capricieuse qui a tendance à croire que tout t’es acquis - la faute à tous ceux qui n’ont jamais su te dire non dans le passé. Mais là, t’as jamais été aussi soulagée qu’on cède à ton caprice, qui est en vérité plus un appel à l’aide dissimulé d’un surplus d’émotions non attendu. Tu n’as jamais su gérer ce genre de choses de façon raisonnable, et ça se montre encore maintenant. Même si être calée contre lui n’est pas la pire des façons pour reprendre sa respiration. Comme à chaque fois. A croire que c’est une boucle sans fin et qu’ils finissent toujours dans cette situation. Vous êtes censés passer du temps tranquille. Ce n’était pas marqué dans le contrat de base des scènes pareilles.

« I don’t give this one to many people you know. I’m not going to Mexico frequently so it’s my precious. » Il ne peut pas être sérieux, là, si ? Jordan a de l’humour mais pas pour dire ça. Et il n’a jamais utilisé cette arme pour te réconforter donc pourquoi il rigolerait sur ça ? Peut-être parce que ton cynisme reprend le dessus, surtout maintenant, où tu n’as pas encore digéré ce que tes yeux avaient commencé à voir et que t’essaie aussi de ne pas penser à Will quand l’évocation de Gollum est plus que visible et frappante. Tes prunelles qui le scrutent sans retenue. “You sure I’m worth it ? Especially in that state and that mood and-” Les épaules qui s’affaissent et un soupir qui s’échappe, baissant les yeux comme une gamine prise en milieu d’une faute. It will never be your fault. Pas sur ça. Certainement pas sur ça. Le temps n’a pas fait son œuvre comme t'aurais aimé. La faute sur la conscience et surtout, l’impression de ne même pas pouvoir mériter de la tequila pure, originale, la vraie. Mais au moins, y a des chances pour que ça te monte à la tête assez rapidement.

Mais pour ça, faudrait que Jordan te lâche. Ou que tu fasses un geste dans ce sens. « I’ll get you pistachio milkshake. » Il continue à te bercer, à te protéger contre toi-même et t’ignores ce que t’as fait pour mériter autant de traitements de faveur. “You’ll get me pistachio milkshake then.” Avec de la tequila, est-ce que ça peut ajouter un quelque chose ? Mmh, à tester. Tu vas l’embrasser contre la mâchoire, un remerciement silencieux, avant de lui confier doucement. “I won’t break if you let me go. I promise.” Tu trouveras le moyen de retrouver ses bras avant que ça arrive. La perspective de savoir où il range son alcool étant presque aussi séduisante comme idée.

Léger sourire quand tu la sens réagir à ta phrase sur ton précieux. “You sure I’m worth it ? Especially in that state and that mood and- ” You’re even more worth it Birdie. Si y’a bien quelqu’un qui a besoin de se défoncer avec une bonne dose de ta tequila top premium dans ton coeur, c’est elle, maintenant. Elle s’est coupé dans sa phrase et tu l’as bien senti qu’elle allait en dire plus. Tu ne sais pas ce qu’elle a bloqué mais tu sais aussi que quand Birdie arrête de parler, c’est tout sauf bon signe. Si la pièce est rempli de sa voix, c’est mieux, même si elle est relou parfois, son esprit est occupé ailleurs que là où il se trouve en ce moment. « We’ll get two shots each. » Parce que toi même t’es pas sûr d’être worth it.Tu essaies de penser à toi de la même manière à laquelle tu penses à elle là. Elle mérite tout pour aller mieux et rien de ce qui lui est arrivé. Si c’est la Tequila qu’il lui faut, bien sûr qu’elle l’aura. Pourquoi tu n’arrives pas à penser que c’est la même chose pour toi Jordan ? Ta vie est bien trop belle et tu ne sais pas ce que t’as fait pour qu’elle tourne de la sorte. La thérapie qui t’aide à gérer tes démons mais il y a toujours des moments où tu baisses ta garde. Des moments où c’est pire que d’autres. T’avais dit que t’allais mettre de la musique pour enlever ce silence de ta maison mais faut croire que d’avoir Birdie contre toi c’est bien mieux que la distraction auditive. “You’ll get me pistachio milkshake then. ” Tu hoches la tête sans te défaire d’elle pour autant. Tes yeux fermés, la berçant doucement.

“I won’t break if you let me go. I promise. ” Quelques secondes passent avant que tu lui répondes dans un murmure. « You won’t but maybe I will… » Un aveux qui a du mal à sortir. Tes sourcils qui se froncent ensuite. T’as pas envie qu’elle te regarde différemment si elle comprend le sous entendu. Personne ne sait. Tu ne sauras pas le dire mieux que ça à voix haute. Ça te mets une belle claque déjà d’avouer que tu as besoin de ses bras. C’était peut être pour toi all along. Et tu la serres un peu plus de nouveau, doucement. Pas encore décidé à te défaire de la chaleur de son corps qui te fait du bien à l’âme.

« We’ll get two shots each. » Ce n’est pas suffisant. Ca ne sera jamais suffisant. Mais tu t’en contenteras pour l’instant, de l’idée et des propos. Parce qu’il n’y a que les paroles pour l’instant. Y a pas de mouvement vers la planque à alcool de Jordan et encore moins pour s’acquérir des milkshakes. Vous restez cloîtré l’un contre l’autre avec aucune volonté de vouloir bouger pour l’instant et c’est sûrement effrayant de voir à quel point c’est familier et réconfortant. Vous avez franchi tellement d’étapes en en brûlant tellement d’autres que t’as l’impression de le connaître depuis bien plus longtemps que la réalité. C’est peut-être juste parce qu’il t’a vu sous des états que même tes plus proches n’ont pas eu le loisir de voir. You’re breaking me free. Alors ça t’apaise un peu de voir qu’il te supporte aussi bien dans les downs que les ups. Y en a qui peuvent pas être tolérants à ce point.

« You won’t but maybe I will… » T’as l’estomac qui se retourne et le cœur qui a l’air de dégringoler de tous les étages de ton intérieur avant même que ton cerveau ne comprenne ce qu’il vient de dire. Ou plutôt la portée de ses mots murmurés si bas que tu pourrais croire un moment que tu les as rêvé. Mais quand tes prunelles bleutées se portent sur lui, tu vois ses sourcils froncés et ses traits crispés, ça répond à ta question. Il resserre encore plus l’étreinte et t’es encore plus persuadée d’avoir compris ce qu’il a compris aussi de toi. Tu rattrapes toutes les minutes précédentes et tu ne penses plus qu’à toi mais à lui aussi. Il fait partie de l’équation, les mots prononcés comme un aveu et ça te fait encore plus mal de savoir qu’il peut la comprendre sur ça. Parce qu’il a l’air d’avoir compris ce que t’as traversé. Vous n’avez étrangement pas besoin de le dire à voix haute, les sous-entendus suffisant pour faire atterrir bien trop d’émotions dans le creux de tes os.

Donc là, c’est toi qui libère tes mains de son sweat pour les poser sur son visage et l’amener contre le tien. Tes lèvres qui vont chercher les siennes parce que tu ne connais pas d’autres moyens pour, pour quoi d’ailleurs ? Le réconforter, le rassurer, faire taire ses démons en retour, l’apaiser, lui faire comprendre que ça ira mieux demain ? Nah, tu sais qu’il ne suffira pas d’une bonne nuit de sommeil pour réparer ces morceaux-là. Alors tu l’attires vers toi, contre toi pour l’embrasser de la plus douce des manières, une délicatesse qui dénote avec tout le reste. Ta poitrine gonfle parce que ça a un goût différent. Ça n'a pas la même saveur que tous les autres que vous avez pu partager et pourtant, tu ne te sépares pas, au contraire. Tes bras entourent son cou et une main s’envole dans ses cheveux. Il est doué à trouver les bonnes paroles quand il faut, t’es douée à donner de ta personne quand il le faut. Il est bien trop précieux, Jordan, même pour toi, surtout pour toi. Il a plus à l’intérieur qu’il montre et ça te brise un peu plus le cœur de savoir que le sien est aussi émietté que le tien. Tu ne prétends pas pouvoir le réparer - parce que t’es aussi éparpillé que lui visiblement et qu’il n’est pas un jouet. Le jeu devient bien trop sérieux mais ces pensées finissent crevé en plein vol. I got you this time. Y a juste les lippes de Jordan qui importent, autant que ses bras autour de toi et de dissiper ce foutu nuage orageux au-dessus de votre tête qui persiste. Can we recover? Can we get over this? Are we too deep in the night to see the day?

T’aurais dû fermer ta gueule Jordan. Tu aurais vraiment dû. Tu as cette peur tout à fait rationnelle qu’elle va te regarder d’un autre oeil à présent. Tu ne veux pas de la pitié des gens. Cette histoire, ces histoires, qui sont protégés par le secret professionnel, tu les emporteras dans ta tombe. T’oublies un truc super important là Jordan. C’est qu’elle doit flipper de la même chose car vous êtes dans le fucking même rafiot pourri que vous avez tout autant envie de brûler l’un que l’autre. De faire sombrer mais en vous en sortant en même temps. Tu demandes beaucoup là ouais c’est clair.

Et puis voilà que ça commence. Fuck you Birdie. Tes sourcils toujours froncés alors qu’elle est en train de poser ses mains sur ton visage. You can go fuck right off. Parce qu’elle est trop douce. Parce qu’elle sait. Elle pose ses lèvres sur les tiennes. Yeah please. Don’t say anything… And don’t let go… Not now. Parce que t’as beau l’insulter dans ta tête, t’es toujours aussi proche d’elle physiquement. Sa chaleur et maintenant sa douceur qui te font du bien autant que ça te tue. Tu préférais quand c’était toi qui t’occupais d’elle. Parce que toi t’as pas de problème. Ta vie est bien, tu vas retourner à Los Angeles dans quelques semaines pour bosser avec Avril Lavigne, que demande le peuple ? Peace of mind. Tu serais pas aussi doué dans ton métier si tu avais eu une belle vie Jordan. On écrit pas des chefs d’oeuvre - à ton avis - sur le bonheur.

Faut que tu te dérides Jordan. Fuck you too. Mais tu le fais quand même parce que ses attentions sur toi te font doucement mais sûrement changer les idées. Elle est encore en train de t’embrasser et maintenant tu t’investis également dans le baiser. Tes bras qui la serre doucement encore, pour l’avoir plus près de toi. Elle est petite alors ton esprit pratique - non - la soulève délicatement du sol pour qu’elle se retrouve installé sur le plan de travail de la cuisine sur lequel vous étiez appuyé.

Au moment où elle se retrouve en position assise, où ses fesses touchent le meuble, un énorme - à ton avis - coup de tonnerre se fait entendre, te faisant sursauter plus que tu ne l’aurais cru. « Fucking hell ! » Ca t’en détache de ses lèvres. Ca t’en fait ouvrir les yeux. Ca te fait la regarder. Le timing était si parfait que tu as l’impression que c’est elle qui a fait déclencher la foudre. Tu sais aussi que ton sursaut était bien trop grand pour que tu sois pris au sérieux. Même toi tu te vois sursauter et tu te trouves totalement ridicule.« Yeah no comment. » Un léger, très léger sourire sur tes lèvres d’imaginer qu’elle en était responsable et de visualiser surtout ton sursaut. Tu vas reprendre de l’embrasser pour justement qu’elle ne dise pas un mot. Pour profiter encore de sa douceur post-révélation. Pour éviter de voir ce qu’il pourrait être à présent dans ses yeux quand elle te regarde. T’es maintenant placée entre ses jambes que tu serres autour de toi. Tu préfères te perdre dans ses baisers, dans son corps pour penser à autre chose. Ca marche.

Tu ne comptes pas lui donner un traitement que t’aimerais pas avoir. En temps normal, tu te serais assise dessus et tu n’aurais qu’écouter ton intérieur. Mais là, c’est différent. Le sujet est différent, la douleur est la même, il comprend, sous toutes les formes, tous les points de vue, toutes les proportions. Est-ce qu’il ressent le syndrome de la culpabilité ? Est-ce qu’il a eu envie de se défaire de sa peau mille et une fois ? Est-ce qu’il a cru lui aussi crier dans le vide sans pouvoir le dire à personne parce que la honte est trop forte, trop puissante pour pouvoir être assumée ? Le dégoût de soi-même qui envahit les veines et qui freine même la pensée d’en parler à qui que ce soit. T’as craqué une seule fois. Auprès de Will. C’était différent. Mais t’as jamais voulu aller en thérapie, t’as jamais accepté que t’avais besoin d’aide. T’as préféré ignorer et prétendre que rien n’est jamais arrivé. Parce que tu ne veux pas que les autres te voient comme une pauvre petite chose qui a connu la pire épreuve de sa vie. Ton agression ne te définit pas, tu n’es pas une victime qui subit, t’es une battante qui a fait le choix de foutre ce moment sur le côté pour vivre.

Et vivre, c’est exactement ce que tu fais contre les lèvres de Jordan. T’as jamais été aussi tendre, ni aussi passionnée. Y a pas de sous entendus autre pour une fois, ce n’est pas les prémices d’autre chose. C’est sûrement le plus dangereux, que ni l’un ni l’autre ne veuille abandonner son partenaire pour cocher les cases de la to do list que vous avez établie. Tu veux te rassurer qu’il est avec toi, que ses pensées n’aillent pas ailleurs, qu’il ne se laisse pas envahir, stay with me Jordan. Parce que si lui plonge, tu plongeras forcément avec car c’est lui la force visible des deux et que tu ne peux pas le laisser partir. Physiquement autant que spirituellement, c’est hors de question. Tu soupires légèrement entre ses lippes quand il réagit à l’étreinte et tu sais que t’as son attention. Good. Il n’est jamais aussi attirant que quand il agit et tu t’accroches un peu plus à lui quand il en vient à te porter.

« Fucking hell ! » Tu hausse les sourcils de surprise avant de dévier les yeux vers la fenêtre. Jordan réagit absolument à tout et tu souris légèrement parce que la réaction est disproportionnée mais ça te donne le temps de scruter son visage. « Yeah no comment. » Pourtant, des commentaires pourraient fleurir - un petit miracle, à ne pas en douter - mais ils meurent tous quand il reprend ses lèvres en otage tout en serrant tes jambes autour de lui. Don’t break on me, Jordan. Est-ce que tu ne l’as pas déjà pensé avant ? T’en sais rien, t’as oublié et tes doigts qui agrippent son épaule essaient de se décharger de toutes les mauvaises ondes qui ont pu t’envahir abruptement. Jordan est plus efficace que tout l’alcool du monde, son fardeau qu’il a partagé à mi-mot aidant à te distraire du tien. Quitte à être des pièces détruites d’un puzzle, autant essayer de prétendre que vous pouvez recoller les morceaux. A deux ou chacun dans votre coin, vous savez qu’il y a quelqu’un qui d’autre qui peut vous comprendre. Même si ce n’est pas rassurant, que t’as mal pour vous deux et que t’aurais bien aimé t’en passer. Avoir ce poids toi toute seule aurait été beaucoup plus simple. Jordan veut gratter la surface de ta carapace mais là, c’est toi qui en vient à te demander ce qu’il y a écrit sur les pages de son histoire. Même s’il lui a montré des pans ici et là, il y a forcément plus encore. Est-ce que ce n’est pas risqué d’aller creuser plus en profondeur ?

Alors que tes lèvres viennent embrasser l’une des siennes avant de reculer le visage, le souffle coupé, tu te dis que tu t’en fiches. Il n’y aura pas de risque puisque vous savez tous les deux sur quel terrain vous êtes. Tu resserres tes jambes autour de lui tout en penchant la tête alors que vos souffles se rencontrent agréablement. Tu finis par ne plus trop comprendre ce qu’il se passe mais on excusera ton incapacité à réfléchir pour le moment. “You didn’t check the weather forecast, it upsets me a bit.” Yeah, Birdie, parle de la météo. C’est bien, la météo. C’est visiblement le seul truc qui te vient à l’esprit. Même si c’est forcé parce que t’ignore quoi dire pour effacer cette atmosphère alourdie - par ta faute. A part épuiser Jordan jusqu’à son dernier souffle, t’as pas trop d’autres solutions. Et encore moins d’envie. Tu peux passer ta journée à l’embrasser que ça ne te posera pas de problème. Does it make me pathetic ? Only human, Birdie. Only human.

La voilà qui se cambre alors que tu continue de l’embrasser, forçant ses jambes à se serrer plus fort autour de toi. Tu vas la prendre sur le plan de travail, c’est ça qui va s’en suivre. Tu le sais, t’en as envie, ça va bien te changer les idées. Vous ne vous êtes pas assez donné l’un à l’autre ces dernières 24 heures on dirait. Shut up. Oui parce que cette fois c’est différent. C’est pour occuper ton esprit plus que pour combler les trous dans vos vies. Elle est là avec toi et elle prend soin de toi, tu le sais qu’il y a un truc légèrement différent. Parce qu’elle n’a pas fait de commentaire peut être. Parce qu’elle est en train de faire attention à toi surtout. C’est donc comme ça qu’elle se sent quand tu prends soin d’elle ? Non. Parce que là tout est dans ta tête, dans la perception que tu penses qu’elle a de toi. Mais pour l’instant le coup tonnerre t’as un peu sorti de toutes tes pensées. Tu commences à glisser une main sous son - ton - hoodie. “You didn’t check the weather forecast, it upsets me a bit.” Et là, juste ça, juste cette remarque tu ressens tellement de gratitude qu’elle se foute de ta gueule. Thank you. Même si tu as bien cinq secondes de réflexion à la regarder avant de comprendre. Tu ne regardes jamais la télé mais tu sais qu’elle est Miss Météo. « I’m gonna put you in a better mood. » Tu as littéralement ta main sur un de ses boobs et tu te détaches pour lui enlever totalement le hoodie avant d’aller la couvrir de baiser partout sur sa peau. Surtout sur ses magnifiques petits seins. Tu as beau aimer les dicks plus que tout, tu es faible devant une poitrine comme la sienne. Ca y est tu penses plus avec ton entrejambe que ta tête. Ca y est tu mets tout ton coeur à l’oeuvre, oubliant que tes troubles reviendront éventuellement après… Tout dépendra de son comportement et du tiens. Première fois de ta vie que tu te retrouves dans cette situation. Ca commence à faire beaucoup de premières avec Birdie dis donc… She was there. Ouais genre t’as juste pris la première personne disponible pour partager ton trauma. Mais t’as raison Jordan, c’est mieux de ne pas réfléchir plus que ça à d’éventuelles réalisations supplémentaires. Nothing to declare. Et t’es en train de baisser ton short…