wait, he said what?

@AUGUST CONSTANTINE & KIERAN HALSTEAD ☆☆☆ so did you find that thing you're looking for? does it make you feel alive? wait, he said what? he'll start a war, tear down the planet for the hype, oh-oh. ☆  sappheire & harley.

(SPRING HILL, GALERIE D'ART)

#144 : faire ce dont j'ai envie.
Je crois que même sur ton lit de mort, tu n’arriveras pas à rayer ce numéro, Kieran. Oh, n’allez pas croire qu’il s’agit d’une critique de ma part ; non, au contraire, c’est… un encouragement, devrais-je dire. Qui vise à souligner qu’il doit se donner le droit d’effectivement faire ce dont il a envie et ce, toujours, sans interruption, sans condition. Ce besoin ne s’envolera pas au moment où il aura tracé ces quelques mots sous prétexte qu’il croit les avoir réalisés. Après tout, n’est-ce pas là mon rôle ? Celui que tu m’as donné, Kieran ? Celui qui vise à te pousser au-delà des limites que tu te fixes constamment, celles-là mêmes que tu n’arrives pas à outrepasser de toi-même. Des limites devenues si oppressantes qu’elles ont pris la forme d’une cellule dans laquelle il est prisonnier, et dont il n’arrive pas à se libérer, malgré toute l’ingéniosité dont il peut faire preuve.

Alors oui, il va faire ce dont il a envie. Et, surtout, il va cesser de hiérarchiser ses envies, de ne considérer que celles qui pourraient être valorisées, car considérées comme importantes. Faire ce dont on a envie, ça implique de s’autoriser à quitter son travail pour se permettre de voyager, le tout en dressant son majeur à l’égard des conventions. C’est de s’investir corps et âme dans une relation que personne n’approuve, mais qui nous fait du bien. C’est se comporter comme on le désire, se sentir libre de ne plus avoir aucune limite, dire ce que l’on pense, assumer ce que l’on veut. Oui, dans l’idée, il peut se permettre de se vanter d’avoir fait ce qu’il désire uniquement s’il coche certaines cases.

Ce n’est certainement pas demander timidement à son colocataire s’il a quelque chose de prévu ce soir et dans le cas contraire, s’il veut bien nous accompagner à ce cours de peinture à l’autre bout de la ville. Mais, pour tout vous dire, à l’échelle de Kieran, ça équivaut à s’autoriser à voyager, lui qui connaît le quartier de Fortitude Valley comme sa poche, qui y a ses habitudes – c’en est presque inquiétant. Waterproof se frotte toujours à la même bouche d’égout, fait ses besoins près du même arbre, son maître le promène tranquillement du départ de Sydney Street jusqu’au New Farm Park, matin et soir. Parfois, il s’autorise une folie en faisant le tour du parc jusqu’à prendre un cappuccino au Joedy’s Café. Alors, vous imaginez bien que traîner du côté de Redcliffe, au-delà de l’école où il travaille ; dans des rues pas franchement glorieuses, ça a tout d’exotique pour Kieran. Et, partant du principe qu’il avait envie de passer une tête à ce cours dont il a entendu parler au cours d’une énième exposition qu’il a visitée, alors oui, Kieran peut se vanter d’être plus spontané qu’il n’y paraît. Et même s’il attend une évidente moquerie de ma part, tu n’obtiendras rien d’autre que des félicitations, Halstead. Tu crois pas que ce serait légèrement contre-productif de te pousser à sortir de ta zone de confort, à t’affirmer, même pour les choses les plus banales, et te rire au nez quand tu l’oses ? De vous à moi, il pourrait décider que son envie du jour est de faire l’hélicobite nu sur son lit en écoutant Flowers de Miley Cyrus que j’arriverais encore à l’en féliciter.

Mais nous n’en sommes pas encore là et Kieran a encore un minimum de dignité, mieux encore, une sincère bonne idée en proposant cette sortie à August. Les deux hommes vivent ensemble depuis le début de l’année et entre leurs emplois respectifs, le déménagement, l’approvisionnement des habitudes l’un de l’autre, tout cela a laissé peu de place à de vrais moments de camaraderie. Il ne sait pas grand-chose sur celui qui occupe pourtant une place non négligeable au sein de son quotidien et il a sérieusement pensé que l’idée pouvait les rapprocher. Une façon de lui ouvrir une porte sur son univers, en espérant qu’Auguste se sente suffisamment en confiance pour en faire de même à l’occasion. Kieran ne se souvient que trop bien de la catastrophe qu’est devenue sa colocation avec Raphael quand ils n’avaient plus rien à partager et qu’ils se fuyaient. Il ne veut pas revivre ce sentiment étrange d’être un invité dans son propre appartement – alors oui, il a réellement à cœur que les choses se passent bien, cette fois-ci, et il compte mettre en œuvre dans les efforts nécessaires pour que ce soit le cas.

« Bon, ça a l’air d’être là... » Kieran dit, alors qu’il observe l'arrière de la galerie d'art, où il a été indiqué qu'ils devaient se rendre. C'est nettement moins impressionnant que la devanture, quand on attend au milieu d'une cour qui n'a pas été rafraîchie depuis 1960. Il n'essaie pas de cacher son scepticisme face au lugubre des lieux. Vous voyez, sur l’échelle de la malchance, Kieran se situe plutôt haut, entre ‘’quelqu’un va m’assommer pour me choper mon rein’’ et ‘’on va tomber sur une communauté hippie qui va nous brainwasher’’ ; de quoi le rendre méfiant, en effet. « Promis, j’ai quand même fait mes devoirs avant et j’ai bien checké le truc, ça a l’air d’être plutôt réglo. » Un artiste réputé à la tête de ce workshop, des avis qu’il a identifiés comme véridiques et de nombreux partages sur les réseaux sociaux, de quoi le mettre en confiance. « Les gens sur internet ont bien insisté sur le fait que c’était une superbe expérience à vivre et que-AAAAAAAAAH. » La voix de Kieran s’élève après qu’une bestiole soit passée entre ses pieds, l’un d’entre eux ayant quitté le sol sous l’effet de surprise, tandis que l’une de ses mains s’est crispée, doigts de sorcière en prime, le tout lui conférant une position à mi-chemin entre le flamant rose qui dort et le koala accroché à son arbre. « Bon euh au moins pour le côté vivant, on y est, hein, ah ah. » Derrière le rire nerveux de Kieran se cache une question que je comprends très vite : dis, tu restes mon coloc malgré tout, hein ?

wait, he said what?

@Kieran Halstead & August Constantine

Mars 2024. Galerie d’art, Spring Hills. Il ne blâmera pas son ancien colocataire d’avoir dû partir, obligeant August a retrouvé un toit sans plus attendre. Il habitait après tout chez lui et c’est pour cette raison que, pour sa nouvelle colocation, il s’est fait la promesse de retrouver quelque chose où tout le monde serait sur un pied d’égalité et qu’importe qu’un d’entre eux finisse par s’en aller, il ne s’agirait que de le remplacer par quelqu’un d’autre. Non pas que le Constantine soit sans cœur, mais disons que la situation désagréable dans laquelle il s’est retrouvé, puisque son précédent colocataire était le propriétaire de la maison, n’est plus une situation dans laquelle il souhaite se retrouver. Heureusement, sa recherche a été plutôt fructueuse et cela dans un temps record, trouvant une colocation à Fortitude Valley, un quartier bien situé à Brisbane et qui plus est, celui où sa sœur jumelle vivait également. Un double argument suffisant pour qu’August prenne sa décision et contacte celui à la recherche de colocataire sans plus tarder.

C’est donc fin janvier que la colocation en a pris le nom et bien qu’ils apprennent encore à se connaitre, August se sent bien dans celle-ci. Kieran est plutôt discret, bien que maladroit et c’est sûrement ce qui a permis bien des fois de combler certains silences, mais le journaliste se sent plutôt à l’aise. Disons que c’est un peu le dernier de ses soucis aussi, l’important étant pour lui avant tout d’avoir un toit au-dessus de la tête. Ça c’est son côté positif parce qu’il a, en réalité, bien d’autres préoccupations et celles-ci ne cessent de s’accumuler au fil des semaines qui s’écoulent. La disparition de son oncle, finalement retrouvé décédé après que sa voiture ait été emportée par les eaux, à cause de la tempête, c’est face à une tout autre épreuve que le Constantine se trouve confronté : celle de devoir débrancher leur père. Une nouvelle épreuve où la fratrie ne parvient à trouver un accord, ne faisant que créer encore un fossé bien plus grand entre eux quand deux d’entre eux sont pour et les deux autres contre. Pour August, il est hors de question que la bataille ne se poursuive pas pour leur père, incapable de se résigner à ne plus pouvoir le voir quand il en a besoin. Il sait l’état qu’est celui de son père mais August se refuse de baisser les bras après tout ce temps, incapable aussi d’affronter un deuil de plus. Il est tout ce qu’il lui reste, tout ce qui lie encore cette soi-disant putain de famille qu’ils sont censés être dans les Constantine et le débrancher reviendrait sûrement aussi à détruire définitivement ce qu’il reste des Constantine. Il ne peut se résigner à le faire, se trouvant en désaccord avec Ambrose mais aussi et surtout Flora, ce qui est d’autant plus dur pour lui quand il pensait que sa sœur serait de son côté. Non c’est plutôt Malone qui est en accord avec lui, étonnante position là aussi à laquelle il ne s’attendait pas mais c’est aussi toute somme logique quand on y réfléchit puisque les deux garçons étaient les plus proches de leur père. Mais au vu de son entente inexistante et de la rancœur surtout qu’il nourrit toujours contre son ainé, August se sent bien seul, comptant sur les doigts d’une main le peu de proches qui lui restent sur qui il peut réellement compter pour traverser cette épreuve de plus. Sa dispute récente avec Blake, un de ses meilleurs amis, et celle qui va dater de bientôt un an avec son frère de cœur, Mickey, rend difficile la tâche à August de ne pas perdre pied à nouveau.

Alors peut-être que l’activité que lui propose Kieran aujourd’hui sera sa soupape et qu’il accepte en partie pour cette raison parce qu’il a besoin de se changer les idées. Qu’importe que cela consiste à assister à un atelier peinture alors qu’il n’a aucun talent dans le domaine, mais cela lui permet aussi de partager du temps avec son colocataire et qu’ainsi, ils puissent apprendre à se connaitre davantage. Il le suit donc, les mains dans les poches alors qu’ils approchent d’un bâtiment « Bon, ça a l’air d’être là... » Il observe tout autant d’un air curieux les lieux qui ne payent pas de mine et qui lui donne l’impression de se retrouver dans un quartier malfamé alors qu’ils sont pourtant au cœur de la ville. Sûrement que son regard sceptique explique pourquoi son colocataire ajoute « Promis, j’ai quand même fait mes devoirs avant et j’ai bien checké le truc, ça a l’air d’être plutôt réglo. » Face à cette précision, August reporte son regard sur Kieran et affiche un sourire amusé « Plutôt ? ». Il le taquine en réalité, il ne doute pas quant au sérieux des lieux et même si quelque chose venait à tourner pas rond – sans qu’ils soient mis en danger, évidemment – il s’en amuserait sûrement « Les gens sur internet ont bien insisté sur le fait que c’était une superbe expérience à vivre et que-AAAAAAAAAH. » « Quoi ?? Qu’est-ce qui se passe ? » réagit aussitôt August en entendant Kieran crier et s’agiter. Mais ses yeux suivent ce qui l’ont fait bondir – une petite bête rampante qui n’est certes pas des plus reluisantes mais qui reste inoffensive – et se reporte aussitôt sur la drôle de posture adoptée par son coloc – August se pince les lèvres entre elles pour ne pas rire « Bon euh au moins pour le côté vivant, on y est, hein, ah ah. » Il sent le malaise dans lequel le Halstead se trouve soudainement et, même s’il laisse échapper un petit rire, il vient à s’approcher de celui-ci en venant lui offrir une tape sur l’épaule « J’espère que ça n’annonce pas le thème de l’atelier de ce soir : les insectes vivants dans leur milieu naturel ». Pas sûr que cela réjouisse Kieran surtout et s’il se permet de le taquiner un peu à ce sujet, ce n’est que pour détendre l’atmosphère entre les deux. Et puisqu’ils doivent patienter « C’est ton truc toi, la peinture non ? T’en fais souvent des ateliers du genre ? ». Bon il a retenu que son coloc était illustrateur et prof d’arts, pour lui ça se rejoint d’où la question. « Je te préviens, je suis nul avec un crayon dans les mains. Enfin, pour dessiner » Ca, c’est sa jumelle qui maitrise, lui est doué avec les mots plutôt – du moins, il essaye « Tu te moqueras pas, hein ? » qu’il fait en le regardant du coin de l’œil, non sans ce sourire de plus qui prouve que, même si Kieran venait à s’en moquer, il ne le prendrait pas mal.

BY PHANTASMAGORIA

Arrivé devant l’adresse, Kieran n’est plus aussi sûr de lui. Ce qui, en réalité, n’est absolument pas une surprise tant il hésite tout le temps, pour tout. Il est capable de rester planté devant le rayon des céréales pendant dix minutes parce que le paquet qu’il achète depuis quinze ans a légèrement modifié son packaging et que, malgré tous les indices, le doute s’instaure : est-ce la même chose ? Sa vie est faite de craintes et d’hésitations, jusqu’à l’en rendre malade ; alors évidemment qu’en réalisant que l’endroit est moins attirant que sur le site internet il se questionne. Surtout, Kieran s’impose une pression constante. Certains lui riraient au nez à l’entendre l’assumer ainsi, lui dont les ambitions frôlent le néant. Pourtant, ce n’est pas un mensonge, et je peux en attester tant j’essaie de maîtriser ses pensées pour tenter de les apaiser lorsque cette emprise est bien trop grande pour être tolérable. Je n’ai pas de prise sur son physique ; sur sa respiration sifflante, sur ses insomnies interminables, sur son estomac si noué qu’il en vient à ne plus s’alimenter, sur cette anxiété, toujours plus grandissante, toujours plus vorace, celle-là même que l’épuise jour après jour. Cette pression est constante quoiqu’on puisse en penser ; et chaque minute de son quotidien est un motif à la nourrir. Comme le fait de réussir à faire bonne impression sur August, afin qu’il concède à ne pas être qu’un simple colocataire croisé de temps à autre, afin qu’il ne l’abandonne pas de manière aussi brutale que les précédents, afin qu’il l’apprécie. Pitié, faites qu’il m’apprécie ; et il se trouve pathétique d’en être là à son âge, mais il y a des choses qui ne changeront jamais, peu importe l’énergie qu’on y consacre.

Il observe les lieux, s’active déjà à réfléchir à un plan B, prépare ses excuses dans l’hypothèse où August ne serait plus si convaincu par son formidable plan. Il n’a jamais été formidable, Kieran, juste sincère. Il ne devrait pas se flageller de la sorte alors que ses intentions étaient louables et que l’exercice n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. De la part d’un garçon aussi réservé que le Halstead, le seul fait qu’il ait sincèrement voulu apprendre à connaître le journaliste au-delà des murs de leur appartement relève déjà d’une épreuve qu’il a réussie haut la main. Mais Kieran rêve toujours de plus, de mieux, de toutes ces choses qu’il voudrait être et qu’il ne sera jamais. À l’aise, intéressant, appréciable. Pourtant, quand j’essaie de mettre en avant les moments partagés avec August, rien ne laisse croire que ce dernier ne l’apprécie pas ; mais la crainte de Kieran est plus forte que tout le reste et l’est d’autant plus à présent qu’August le corrige : « Plutôt ? » - « Totalement. » Il se reprend, tentant de garder contenance alors qu’il s’en veut déjà de sa maladresse verbale. Pourtant, ses efforts ne durent qu’une seconde avant qu’il ne vienne hurler comme un enfant, achevant de convaincre le Constantine qu’il s’est vraiment embarqué dans un piège. « Quoi ?? Qu’est-ce qui se passe ? » Pour seule réponse, Kieran désigne vaguement de l’index la bestiole qui glisse entre eux, et qui finit par disparaître. Au même titre que ta fierté, Halstead. Il lui faut quelques secondes pour reposer le pied à terre et prétendre que tout ceci n’est jamais arrivé. Il est tendu, Kieran, aussi j’essaie de l’aider en pointant du doigt des faits pour le détendre : August est toujours à ses côtés. Il n’a pas l’air de le dévisager comme s’il était un drôle de spécimen dont il devrait se méfier. Mieux encore, il lui offre une tape sur l’épaule qui, même si elle tend Kieran par automatisme et qu’il mime de trébucher alors qu'il marche vers l’entrée pour reculer son épaule l'air de rien et ne pas faire durer le contact plus que nécessaire – se veut amicale. Tout ça, c’est plutôt positif, Kieran. « J’espère que ça n’annonce pas le thème de l’atelier de ce soir : les insectes vivants dans leur milieu naturel » - « Quoi ? Non, non c’est pas ça, je te... » jure. Je le coupe ; il se fout de toi, Kieran, respire. « C’est ton truc toi, la peinture non ? T’en fais souvent des ateliers du genre ? » - « Entre autres, c’est l’art de manière générale qui m’intéresse. » Il corrige, avec un léger sourire qui adoucit des mots qu’il voit comme une attaque. Pourtant, ce n’est pas le cas, Kieran, tu n’as fait qu’offrir une précision. Mais évidemment qu’il surinterprète ses propres mots, et qu’il s’inquiète de la façon dont August pourrait le prendre. « Euh, ouais, j’essaie. C’est un peu le seul endroit où je me sens bien. » Il dit, en haussant les épaules, s’en voulant déjà d’une telle confession ; il va avoir l’air pathétique, à présent, ou dépressif, à choix. Il aurait raison pour la seconde option, mais eh, Kieran, tu crois pas que tu devrais arrêter de tout analyser et juste laisser la soirée se faire ? Tu t’es bien renseigné, tout se passera bien, alors cesse d’imaginer le pire. « Je te préviens, je suis nulle avec un crayon dans les mains. Enfin, pour dessiner » - « Et je suis tout aussi nul avec un crayon pour rédiger un article, alors on est quitte. » Chacun sa spécialité, peut-être qu’à l’occasion ils exploreront les intérêts d’August – Kieran l’espère secrètement, en tout cas, signe qu’ils se seraient rapprochés et qu’ils pourraient même être des amis, à ce stade-là. « Tu te moqueras pas, hein ? » - « Mais non ! Je suis pas du genre à me moquer, pour qui tu me... » Prends. Une autre vanne. Le temps de latence est conséquent ce soir. Bordel, Halstead, respire ; bientôt tu vas tomber dans les pommes et je ne pourrai plus rien pour toi. Allez, une chose après l’autre. Commençons par entrer dans ce bâtiment. « Je serai plutôt du genre à te filer un coup de main et à t’agacer parce que je suis trop oppressant. » Non, non, non, Kieran, ne panique pas-merde, trop tard : « Enfin, non pas vraiment oppressant.. un peu. Enfin, non… euh ouais bref je me vends bien, ahah. » Cette soirée va être un enfer. « Allez, faut se lancer. » Il dit, ouvrant la porte pour August (est-ce que sous couvert d’amabilité, tu le laisses passer en premier pour qu’il soit tout désigné pour être bouffé par d’autres potentielles bestioles ? Non, tu n’oserais pas… si, totalement). « C’est au troisième. C’est un atelier du portrait, et de ce que j’ai entendu, c’est plutôt immersif comme expérience, c’est pas trop détaillé, mais ça m’a intrigué, parce que bon, d’habitude dans ces ateliers, il y a des participants et des modèles et ça s’arrête-là, c’est pas franchement fun. Mais là, il paraît que ça l’est. » Il explique en montant les escaliers aux côtés d’August, se tournant vers lui à intervalles réguliers pour sonder les expressions de son visage. « Tu sais, je te forcerai pas à rester jusqu’à la fin si ça te branche pas, et je me vexerai pas si tu décides de partir. » Il précise, offrant un filet de sécurité à son colocataire. « Mais, si ça peut te rassurer, c’est ouvert à tout niveau. Je peux même faire semblant d’être nul si ça t’aide, j’aurai même pas trop besoin de forcer. » C’est plutôt un cours sur l’estime de soi que vous auriez dû suivre, hm.

@August Constantine

wait, he said what?

@Kieran Halstead & August Constantine

Mars 2024. Galerie d’art, Spring Hills. « Totalement. » que Kieran rectifie aussitôt quand August s’inquiète de ce plutôt réglo qu’il laisse entendre sur la sécurité des lieux, preuve qu’il n’est pas trop sûr à 100% que ce sera le cas. Une précision qui ne manque pas de faire sourire le journaliste, qui est prêt à se laisser porter par ce qui se présentera à eux, même si, bien sûr, il n’a pas spécialement envie de finir dans un guet-apens. Il en doute, même si les lieux sont un peu hostiles, il faut le reconnaitre et que même les insectes se montrent un peu agressifs sur les bords. Peut-être que ce pauvre rampant ne l’était pas vraiment, que c’est plus parce que Kieran a une phobie des amis à pattes, ce sur quoi August ne se permettrait pas de se moquer d’ailleurs. A la place, il se permet de s’avancer vers lui pour lui offrir une tape amicale, une manière de lui rassurer que tout va bien et vient même à plaisanter sur le thème possible de l’atelier auquel ils sont supposés assister. « Quoi ? Non, non c’est pas ça, je te... » Sa réaction étonne évidemment le Constantine, lui qui ne cherchait pas à l’offusquer en disant ça. « Je sais, je sais, t’en fais pas ». En fait, il ne s’en fait pas vraiment non plus mais il dit ça davantage pour la forme, pour rassurer à nouveau Kieran parce que, mêem si le thème était celui-ci, ce serait plus son colocataire qui serait mal que lui – il est plutôt friendly avec les insectes, étonnamment. « Entre autres, c’est l’art de manière générale qui m’intéresse. » Il est pas trop calé artistiquement parlant, August. L’écriture oui, pour le reste, c’est Flora et Ambrose qui s’en charge – une dans le dessin, l’autre dans la musique. D’ailleurs, il parle d’art en général et forcément, cela éveille la curiosité du journaliste, une curiosité qu’il garde pour lui parce que Kieran poursuit « Euh, ouais, j’essaie. C’est un peu le seul endroit où je me sens bien. » « Vraiment ? C’est intéressant, peut-être que je vais découvrir que ça peut l’être pour moi aussi » Il aurait bien besoin de son petit échappatoire lui aussi, un endroit où il se sent en sécurité et à l’aise, et qui lui permet surtout d’oublier tout ce que cette putain de vie met en travers de son chemin. Surtout en ce moment et finalement, il est bien content que son coloc’ lui ait proposé cette activité ce soir. [color:c88f=#cornflowerblue] « Tu dis que c’est l’art qui t’intéresse plus largement, t’as déjà fait d’autres ateliers en dehors de la peinture du coup ? » qu’il demande et se rendant compte que sa question est posée un peu à la manière journalistique, il reprend, non sans rire un peu « Je me rends compte que ça fait très journaliste ma question mais, t’inquiètes, je compte pas écrire un article à ce sujet avec ton nom ou quoi ». Et si Kieran ne connait pas encore l’histoire, cette précision ramène inévitablement August à cette énorme erreur qu’il a pu faire par le passé, en écrivant au sujet de son meilleur ami. Il tait ce détail évidemment et tente surtout de ne pas se laisser submerger par ses remords face à cette précision qu’il lui donne. « Et je suis tout aussi nul avec un crayon pour rédiger un article, alors on est quitte. » Il apprécie la manière dont use Kieran pour le rassurer quant au fait qu’il n’ait aucun talent dans le dessin, cela le faisant sourire « Peut-être pour écrire un article mais pour écrire tout simplement, quelque chose me dit que tu peux avoir du talent. Je serai d’ailleurs curieux de lire ça un jour. Si ça te dit ». Il est sincère, il s’y connait davantage en la matière et s’il ne le confesse pas encore, l’écriture, en dehors de son métier, c’est quelque chose qu’il affectionne tout particulièrement – il se peut qu’il ait des bribes d’idées et quelques petites choses rédigées dans un carnet soigneusement rangé et caché, qu’il n’a en réalité partagé qu’avec sa jumelle, pour l’écriture d’un roman de fiction. D’ailleurs, il se rend compte que cela fait longtemps qu’il ne s’est pas replongé dedans et peut-être que coucher quelques idées ou même ses pensées sur le papier pourrait être une bonne thérapie pour lui quand tout le pousserait à replonger dans une addiction avec laquelle il n’a pas nécessairement l’envie de renouer. « Mais non ! Je suis pas du genre à me moquer, pour qui tu me... » A nouveau, la réaction de Kieran surprend August, qui n’avait pas réellement de doute sur la question. « Je serai plutôt du genre à te filer un coup de main et à t’agacer parce que je suis trop oppressant (…) Enfin, non pas vraiment oppressant.. un peu. Enfin, non… euh ouais bref je me vends bien, ahah. »» « Tu vas avoir du boulot parce que je pars vraiment de zéro » Il le prend à la légère, August et qu’importe si Kieran est un peu pointilleux, il n’y voit là surtout qu’un moyen de s’améliorer et qui sait, peut-être qu’à la longue, le dessin deviendra pour lui aussi une passion – et qu’il deviendra doué mais chaque chose en son temps. « Et si t’es trop oppressant, je me vengerai quand on ira à un atelier d’écriture tous les deux ou qu’on se fera un défi d’écriture à l’appart ». Un clin d’œil lancé et voilà que les deux acolytes se décident à enfin entrer dans le bâtiment. Ce n’est pas en restant devant celui-ci qu’ils verront si ledit atelier en vaut la peine – et surtout si ce n’est pas un coupe gorge. « Allez, faut se lancer. » Kieran le laisse passer en premier, ce sur quoi August ne discute pas alors qu’ils empruntent déjà des escaliers « C’est au troisième. C’est un atelier du portrait, et de ce que j’ai entendu, c’est plutôt immersif comme expérience, c’est pas trop détaillé, mais ça m’a intrigué, parce que bon, d’habitude dans ces ateliers, il y a des participants et des modèles et ça s’arrête-là, c’est pas franchement fun. Mais là, il paraît que ça l’est. » « Ca m’intrigue ce côté immersif quand même. On va pas se jeter de la peinture dessus ou se peindre les uns les autres ? » qu’il demande d’un air plutôt sérieux, pinçant ses lèvres entre elles pour retenir un rire. Ils se retrouveraient bien cons les deux s’ils venaient à entrer dans un tel univers, August imaginant déjà la scène qui les mettrait très certainement mal à l’aise. « Tu sais, je te forcerai pas à rester jusqu’à la fin si ça te branche pas, et je me vexerai pas si tu décides de partir. » « A moins que ce soit vraiment quelque chose de louche, ce dont je doute, il n’y a pas raison que je parte. Puis j’ai accepté de venir avec toi, c’est pas pour te planter en plein milieu ». Il n’est pas comme ça le Constantine, si l’idée ne l’avait pas branché dès le début, il aurait tout bonnement refusé. Là, sa curiosité est piquée et même s’il n’est pas dans son univers, il est curieux d’en découvrir davantage. « Mais, si ça peut te rassurer, c’est ouvert à tout niveau. Je peux même faire semblant d’être nul si ça t’aide, j’aurai même pas trop besoin de forcer. » « Ca j’en doute. C’est ton domaine, mate ! Et non, ne t’oblige pas à être nul pour pas m’offusquer. Justement, mets la barre haute si tu veux, comme ça, je n’aurai pas d’autres choix que de faire réellement des efforts et ne pas me contenter de dessiner un bonhomme avec un rond pour la tête et des bâtons pour le reste ». Le dessin le plus enfantin qu’il soit en somme, celui qu’on a tous fait en étant petit, sauf August qui est resté à ce stade depuis. « C’est là non ? » qu’il fait en désignant une salle dans laquelle semble s’agiter quelques personnes, certaines déjà installées face à leur chevalet. August laisse Kieran entrer en premier dans la pièce, lui sur ses talons alors qu’il lance un « Bonsoir » poli à tout le monde.

BY PHANTASMAGORIA

Il y a quelque chose de paradoxal entre la personnalité rigide de Kieran et le métier artistique qu’il a choisi. Contrairement à ce qu’il croit, il ne manque pas de créativité ; mais d’un brin de folie, oui, c’est certain. Il n’a jamais vraiment trop fréquenté les milieux alternatifs par lesquels certains de ses pairs ne cessent de jurer, préférant le calme et la sécurité d’une galerie bien implantée, qui lui permet de toujours savoir à quoi s’attendre – une exposition, éventuellement des workshops, rien de bien surprenant, rien qui ne s’éloigne de cette banalité qui fait peur à beaucoup, mais qui est une véritable aspiration pour lui. Alors, lorsqu’il se retrouve confronté à l’entrée officieuse de cette galerie et qu’il comprend que ses recherches sont erronées (l’endroit ne correspondant pas aux images), l’inquiétude grandit en lui à l’idée de se retrouver propulsé dans un univers qu’il n’a pas anticipé. Et loin de le rassurer comme je le voudrais en soulignant que la présence d’August devrait le rassurer, c’est surtout une forme de pression alors qu’il a réellement à cœur de montrer à son colocataire qu’il est un gars cool qui pourrait même devenir un ami, s’ils s’en donnaient les moyens. Sa recherche d’affection est sans doute pathétique, mais croyez-moi, elle en est néanmoins sincère alors qu’après sa dernière expérience de vie à deux, il a besoin de s’assurer que tout se passera bien entre August et lui, et qu’il ne se retrouvera pas de nouveau dans la posture d’étranger au sein de son propre appartement, fuyant les lieux tant le malaise est palpable. Aussi, s’il n’a pas besoin qu’ils deviennent les meilleurs amis du monde, il a besoin de s’assurer qu’il peut faire confiance à l’homme face à lui, que celui-ci ne sera pas susceptible de se retourner contre lui à un moment ou à autre, sous un prétexte que Kieran ne manquera pas de lui donner par sa simple présence et maladresse. Son anxiété l’empêche de saisir le second degré dont August use, ce qui, à mes yeux, est le signe d’un bon gars, et ce qui, aux yeux de Kieran, provoque une certaine méfiance supplémentaire. « Je sais, je sais, t’en fais pas. » Il secoue doucement la tête pour acquiescer, je l’oblige à respirer un instant, alors qu’August a le mérite de l’attirer sur un sujet qui le passionne et sur lequel il pourrait disserter des heures. Il faut que tu te contiennes, Halstead, sans quoi tu vas déjà le fatiguer avant même que la soirée ne débute. Mais à sa décharge, August semble réellement s’intéresser à sa réponse et ça l’apaise quelque peu ; rares sont ceux qui lui posent des questions en ayant l’envie d’entendre sa réponse. « Vraiment ? C’est intéressant, peut-être que je vais découvrir que ça peut l’être pour moi aussi. » Le sourire qui s’empare des lèvres de Kieran n’a pas à être feint tant il est ravi par cette perspective. « C’est tout ce que je te souhaite. » Il rétorque sincère, alors que je dois calmer la machine qui lui sert de cerveau et qui se met déjà en marche, les imaginant se rendant régulièrement à de tels ateliers, partageant quelque chose de plus concret qu’un frigo commun, comme deux colocataires, non, mieux, comme deux amis. « Je dois en déduire que t’as pas encore réussi à trouver le truc qui te canalise ? » Il ose l’interroger, après un silence de quelques instants où il a pris soin de réfléchir à l’ordre de ses mots et jugeant que sa question n’est pas trop intime, pas suffisamment pour qu’August décide de se murer dans le silence ou, pire, de carrément lui dire qu’il n’a pas envie d’y répondre.

« Tu dis que c’est l’art qui t’intéresse plus largement, t’as déjà fait d’autres ateliers en dehors de la peinture du coup ? » Kieran reste silencieux un instant le temps de faire la liste mentale de tous les domaines auxquels il a touché, avant qu’August ne reprenne la parole : « Je me rends compte que ça fait très journaliste ma question mais, t’inquiètes, je compte pas écrire un article à ce sujet avec ton nom ou quoi » Non, Kieran, ne t’égare pas. Est-ce une plaisanterie ? Un moyen de lui dire qu’il enquête sur lui, qu’il sait des choses qu’il compte mettre en avant pour gâcher sa maigre notoriété ? Kieran n’est pas suffisamment important pour être cité dans la moindre revue d’art, il espère que la première fois où son nom apparaîtra sur le papier ne sera pas pour terminer sa carrière avant qu’elle n’ait commencé. Tu es trop méfiant, Kieran, qu’est-ce qu’on a dit ? Apprendre à faire confiance. De ce que je constate, August s’intéresse surtout à toi, et c’est très exactement ce que tu voulais, n’est-ce pas ? « J’ai touché à pas mal de trucs, oui, déjà tous les types de peintures possibles et inimaginables genre huile, gouache, acrylique, aquarelle, tu vois le genre. Hm, sinon j’ai aussi touché au fusain, à la gravure, au crayon lambda, forcément, au modelage, … ouais, au final je crois que je suis plus souvent fourré à des ateliers que je ne le pensais, en fait. » Il ajoute avec un rire léger, se coupant par la même occasion, conscient qu’il a usé d’un temps de parole trop long, qui pourrait perdre August. « Il me reste la photographie et la sculpture, si vraiment je veux pousser le truc à fond. » Il ajoute toutefois, évoquant là deux des domaines qu’il ne maîtrise pas, car cela implique une fibre encore plus créative que celle qu’il ne possède, et une implication personnelle qu’il n’est pas en mesure d’offrir sans en rester indemne. « Peut-être pour écrire un article mais pour écrire tout simplement, quelque chose me dit que tu peux avoir du talent. Je serai d’ailleurs curieux de lire ça un jour. Si ça te dit » - « Oh, sans vouloir te vexer, je pense que tu me surestimes. J’ai pas grand-chose d’intéressant à dire, et pas l’intelligence pour jouer avec les mots. » Il souligne, le plus naturellement du monde, en haussant les épaules alors que, déjà, je le reprends. Il serait peut-être temps de comprendre que l’intelligence ne se mesure pas à des diplômes ou à une belle éloquence, tu sais ? « À l’inverse de toi. Tu bosses sur quoi, en ce moment ? » Il interroge August, pouvant ainsi me réduire au silence tout en rapportant l’attention sur son colocataire, ce qui le rassure et le sécurise plus que nécessaire.

Une nouvelle plaisanterie de la part d’August, et un nouveau blanc de la part de Kieran ; il va falloir qu’il s’habitue à la bonhomie de son colocataire, loin de la morosité de Raphael et de sa capacité à tout prendre comme une insulte, ce qui a cruellement entaché leur colocation jusqu’à mettre un terme à celle-ci. Il faut qu’il se souvienne que tout le monde ne cherche pas nécessairement à l’analyser ou à le heurter – un (ré)apprentissage plus difficile qu’il n’y parait. « Tu vas avoir du boulot parce que je pars vraiment de zéro » - « Parfait, si je me concentre sur toi, ça m’évitera peut-être de dire autant de conneries à la seconde, c’est tout bénéf’. » Vaut mieux en rire qu’en pleurer, n'est-ce pas ? Moquer sa propre capacité à regretter ses paroles aussitôt celles-ci échappées d’entre ses lèvres plutôt que de laisser à August le soin de le faire ; oui, bonne technique. Pas efficace et certainement pas moins angoissant, mais eh, ça fait bien longtemps que tu te fiches de ça, Kieran, n’est-ce pas ? « Et si t’es trop oppressant, je me vengerai quand on ira à un atelier d’écriture tous les deux ou qu’on se fera un défi d’écriture à l’appart » Oh, voyez-vous ça. Il n’est même pas paniqué à l’idée d’un défi qui pourrait mettre en avant son manque de compétences tant il est ravi par la perspective que ce genre de soirée se reproduise, dans un cadre plus familier pour August, cette fois-ci. « Oh merde, j’imagine que même si je fais super attention, la finalité est actée quand même, hm ? » Il dit avec un large sourire qui contraste avec sa légère opposition, comme si, finalement, il allait s’assurer d’être oppressant afin qu’August ne revienne pas sur ses paroles. « Quel genre de défi ? Que je me prépare à ce qui m’attend, tu vois. » Il demande alors que le journaliste entre dans le bâtiment, par curiosité et surtout parce qu’il n’en a aucune idée et s’intéresse réellement à la manière dont August vit sa propre créativité. « Ca m’intrigue ce côté immersif quand même. On va pas se jeter de la peinture dessus ou se peindre les uns les autres ? » - « Euh… possible ? Mais eh, c’est pas si pire, imagine ils pourraient nous demander de, je sais pas, être la peinture ? Tu vois, un truc immersif pseudo philosophique à tendance plutôt sectaire. » Il rétorque en montant les escaliers à la suite d’August, s’imaginant déjà comment il jouerait la peinture. Oh, je sais Kieran. Tu illustrerais à merveille un pot tombé au sol, qui se répand, dont la traînée de couleur irait jusqu’à la porte que tu prendrais, évidemment, pour fuir tout cela. « A moins que ce soit vraiment quelque chose de louche, ce dont je doute, il n’y a pas raison que je parte. Puis j’ai accepté de venir avec toi, c’est pas pour te planter en plein milieu » Oh, mais c’est qu’il continue de marquer des points, le Constantine. Kieran n’a pas l’habitude que les gens puissent vraiment s’intéresser à ce qui lui plaît, jusqu’à accepter de ne pas forcément apprécier le moment, mais sans pour autant décider de le lâcher en cours de route. Le seul fait qu’August lui verbalise cette assurance a le don de lui réchauffer le cœur. « C’est gentil, merci. » Il souligne, d’un ton qui ne se veut même pas sarcastique, mais réellement touché par la sympathie d’August. « Ca j’en doute. C’est ton domaine, mate ! Et non, ne t’oblige pas à être nul pour pas m’offusquer. Justement, mets la barre haute si tu veux, comme ça, je n’aurai pas d’autres choix que de faire réellement des efforts et ne pas me contenter de dessiner un bonhomme avec un rond pour la tête et des bâtons pour le reste » Il reste muet, surpris par les propos d’August, qui contrastent, une fois encore, avec ce dont il a l’habitude. Se pourrait-il que son colocataire soit… vraiment sincère et heureux d’être là, avec lui ? « Ok, je te prends en mots, tu viendras pas pleurer quand le prof aura fait mon éloge pendant 20 minutes, hein. » Il ponctue sa réflexion d’un rire franc et sincère, signe qu’il ne croit pas un seul instant que le prof puisse trouver son travail plus appréciable que celui des autres. « C’est là non ? » Hochant la tête et pénétrant dans la pièce, il salue à son tour les personnes présentes avant de se mettre à bonne distance d’elles, un peu à l’écart du groupe, là où la luminosité est moins bonne, mais l’invisibilité assurée. « Maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer. Peut-être voulez-vous d’abord arracher le pansement et vous mettre à l’aise avant qu’on passe aux consignes ? » Kieran fronce les sourcils tandis qu’il reporte son regard sur August, comme si celui-ci pouvait l’aiguiller alors même qu’il en sait encore moins que lui. Et, lorsque ses prunelles bleues retrouvent un autre participant (du moins, il le supposait jusqu'ici), il fronce ses sourcils en voyant l'ordre de ses gestes : « Le gars là-bas, il se met vachement à l'aise quand mê-... À POIL. Il est à poil. » Qu’il marmonne d’un ton paniqué à l’encontre de son colocataire, détournant aussitôt ses yeux (qu’il masque à l’aide de ses mains, telles des œillères) vers le sol alors qu’il a l’impression de bafouer l’intimité de ce type. Oh, mais ne t’en fais pas, Kieran, il est consentant, n’est-ce pas ?

@August Constantine