aisling & robin ▲ trippy songs, good friends & aliens

"With freedom, trippy songs, good friends and aliens, who could not be happy?"
@aisling hayes

Ambiancé, le p’tit gars monte à son tour sur sa chaise, pose une converse conquérante sur table et remet brusquement sa mèche en arrière au niveau de mon visage, me déstabilisant assez pour que je doive faire quelques moulinets avec les bras pour garder l’équilibre. « A la rage de la jeunesse… de purs produits de la rue nés dans un monde qui refuse d’écouter leurs voix. » il narre, assez peu troublé à l’idée d’avoir failli me faire tomber les quatre fers en l’air. Mais je suis magnanime. « Ah ouai, stylé ça… ça va pas trop m’aider à les identifier là comme ça, mais - » « Quoi que parfois ils ressemblent davantage à des chiens qu’auraient dormi trop longtemps par terre après avoir crié dans l’ombre… tu vois le genre ? » Je vois pas du tout. Suspicieuse, je regarde l’elder emo avec les yeux plissés. « T’es defoncé mon reuf ? » Reuf qui laisse alors échapper un soupir de lassitude et daigne donner une estimation un peu plus précise de l’apparence de ses potes perdus : « Un grand brun avec un t-shirt rose flanqué de deux blonds à la coupe de viking, mais pointes bleues pour l’un et rouges pour l’autre. » Ah oui pour le coup c’est très précis. Pas dans la demi-mesure le boug. Et pourquoi il fait le mec blasé maintenant alors que je propose gentiment de l’aider ? Je n’l’aime pas du tout. Outrée, je le fixe avec les yeux plissés et la bouche ouverte prête à la congédier dans les formes de l’art quand d’un coup on me tire sur la manche. Ah ? « Robiiiin… » couine Aisling, puis elle agite son indexe, fait coucou vers les bas avec deux doigts, puis montre l’énergumène d’un mouvement de tête exorbité. J’opine. T’inquiète mon lapin, j’ai tout compris. Je fais la vague avec la main gauche, enroule mes pouces l’un dans l’autre puis agite furieusement mes doigts sur le côté en signe d’envol du canard laqué. « C’est Kellin Quinn ! » elle piaille maintenant presque en colère. Kellin Quinn… Kellin Quinn… Ouiii je m’souviens… Mèche de côté, voix haut perchée ! … Pas vu depuis six mois. « Oh, dis tu veux pas lui proposer de boire un verre avec nous en attendant que ses potes viennent le retrouver ? » « Pas question ! Il est infecte ! » Mais ma longue amie m’implore avec les mains jointes et des yeux de chiot battu et je laisse échapper un soupir vaincu, comme lorsque Biscuit et Cerbère me tire du lit après une longue journée pour une seconde promenade nocturne. « Ma bonté me perdra » Je me tourne alors vers le boug « … ils sont les ombres qui crient, qui préfèrent mourir plutôt que de vivre rouillé sur le sol » a-t-il continué de parler tout seul pendant ce temps ? Il a l’air d’avoir beaucoup d’amour et de respect pour ses potes en tout cas. « T’inquiète, ils te retrouveront. Et puis tu sais, parfois il faut se perdre un peu pour se retrouver vraiment » il tourne vers moi un regard songeur puis il scoff en se frottant le sourcil comme s’il venait de comprendre quelque chose à la vie. « Ça te dit un alien jizz ? » son regard devient perplexe alors je secoue mon cocktail vert fluo visqueux. Il laisse échapper un rire silencieux avec les yeux écarquillés « Fun… j’en suis ! » il se lance avec un courage tout américain. J’hoche la tête et lui fait signe de me suivre. On se fraie alors un chemin jusqu’au bar et je commande donc un alien jizz, un virgin Bloody Martian et Milky Way Milkshake pour Aisling. Quand on revient, il dégaine son téléphone et je tire mon amie par la main pour l’incruster sur la selfie qu’il s’apprête à poster, très amusé maintenant. Ensuite il range son telephone et nous regarde, l’air ébahi. « Wow ! C’est incroyable non ? » j’hoche la tête. « Sinon ma copine te trouve super mignon » Et, me trouvant très smooth, j'aspire la paille métallique de Bloody Martian. Opération envol du canard laqué is on !

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Certaine que son amie comprend désormais l’importance de la situation, Aisling attend sagement, les yeux brillant d’espoir. « Pas question ! Il est infect ! » « Robin ?! » Le choc étouffe sa voix et arrondit ses yeux. Mais son outrage ne semble guère influencer sa décision. C’est alors que l’Irlandaise décide d’utiliser sa botte secrète. Les mains humblement jointes devant ses poitrine, elle laisse l’émotion luire sur ses prunelles comme le ferait le chat potté et compte sur le grand cœur de son amie pour la faire craquer. Ça ne loupe pas. « Ma bonté me perdra. » Qu’elle soupire avec une pointe de résignation qu’Aisling accueille avec un piaillement excité. « OMG ouiii t’es la meilleure ! » Sa remarque se perd dans les paroles de Kellin, dont la voix est soudain devenue plus imposante, comme s’il regrettait de ne plus être le centre de l’attention, sans savoir qu’il l’était pourtant encore. « … ils sont les ombres qui crient, qui préfèrent mourir plutôt que de vivre rouillé sur le sol. » Se cite-t-il encore avec un certain talent et un flair évident pour le drame qui lui donnerait presque la chair de poule. « T’inquiète, ils te retrouveront. Et puis tu sais, parfois il faut se perdre un peu pour se retrouver vraiment. » L’interrompt Robin avec le mélange de tact et d’authenticité qui la caractérise. Et de philosophie aussi. Un truc auquel Kellin semble un peu plus sensible qu’Aisling, parce que le voilà qui souffle d’un air entendu, comme s’ils venaient tous les deux d’élucider un mystère de l'univers. moi j’ai passé ma vie à m’perdre alors p’t-être qu’y a plus rien à r’trouver… Elle songe avec une pointe d’angoisse, incapable de comprendre pourquoi, autrement, elle n’a toujours pas fait cette expérience qui semble leur parler à tous les deux.

« Ça te dit un alien jizz ? » Un instant, Kellin la dévisage comme s’il cherchait à comprendre s’il s’agit d’une question sincère ou d’une insulte. Et puis ses yeux glissent vers la boisson de Robin et ses traits s’illuminent autant que le permettent l’aspect attristé de sa mèche. « Fun… j’en suis ! » Ils disparaissent tous les deux dans la foule et Aisling se réinstalle confortablement, les paumes à plat sur ses cuisses pour tenter de contenir l’excitation nerveuse qui menace de s’emparer de ses jambes pour les faire sautiller. on va boire un coup avec Kellin Quinn !! Elle a du mal à y croire. L’Américain ne passe pas souvent en Australie, et même lors d’un concert comme ce soir, elle n’aurait jamais cru avoir la chance de le rencontrer. Elle a tout juste le temps de le voir revenir du coin de l’œil que Robin l’attrape par la manche pour la placer tout contre Kellin. Les yeux écarquillés de surprise, elle comprend en repérant sa face dans l’écran lumineux du téléphone qu'il est sur le point de faire une selfie et se forge une expression de circonstance juste à temps pour sauver l’honneur. Ravi de ce retournement de situation, le chanteur s’empresse de poster le tout sur son compte Instagram sans pouvoir s’empêcher de vanter la compagnie et de préciser que ça le fait sentir moins seul dans son égarement nocturne. « Wow ! C’est incroyable non ? » Aisling n’a pas la moindre idée de quoi il parle. Mais ce qu'elle trouve incroyable, c'est d'être tranquillement assise à côté d'un de ses chanteurs préférés, qui vient de la poster sur son compte! Alors elle glousse et sourit, ce qui d’ordinaire suffit amplement aux types qu’elle côtoie. Et puis ce soir, elle n’a pas à s’inquiéter de devoir faire la discussion, confiante que Robin s’en chargera à sa place.

Ils trinquent tous les trois, et Aisling referme ses lèvres peintes sur son milkshake, aspire une belle gorgée - « Sinon ma copine te trouve super mignon » - et la recrache aussitôt. « Robin ?! » Elle chouine entre ses dents, les yeux écarquillés glissant dans sa direction sans qu’elle ose tourner la tête pour autant, terrifiée à l’idée de surprendre le regard de Kellin. « Ah ouai ? Et elle a un p’tit nom ta copine ? » Les doigts agrippés à la table et les joues brûlantes d’embarras, Aisling voudrait disparaître. Quand il devient évident que tout le monde peut encore la voir, elle jette un regard en direction du chanteur, qui lui adresse un clin d’œil en faisant mine de s’adresser à Robin. « Aisling... mon nom c’est Aisling. » Elle bredouille alors en se tortillant les doigts. « Eh bien Aisling, en toute honnêteté, si je pouvais te chanter une chanson, je ne crois pas que mes mots pourraient exprimer ta beauté. » Il lance sans ciller ; poète, charmeur. « Euh... bah c’est gentil je... » Elle peine encore à trouver une façon approprié de lui répondre qu’il enraye aussitôt : « Restes avec moi ce soir si tu le souhaites, je pourrais te laisser entrevoir mes rêves. » Sa voix se fait plus aigüe, vibre de passion alors qu’il prend sa main entre les siennes pour souligner dramatiquement sa proposition. « Alors déjà euh merci, mais euh c’est qu’mon amie et moi on a une tente dans le campement et puis- »

Elle n’a pas le temps de s’inventer un mec imaginaire, parvient tout juste à récupérer discrètement sa main avant qu'il ne déclame aussitôt : « J’tomberai amoureux, tu tomberas amoureuse ; et on se dira que tant qu’on reste ensemble, tout ira bien. » Le flegme relatif qu’elle affichait difficilement jusque-là s’effondre sous la panique que lui évoquent ces paroles. « Robin-il-me-veut-koa-au-s’cour ? » Elle souffle d’une voix un peu précipitée pendant que l’autre continue, tout plein d’emphase : « Ils disent que l’amour est éternel, mais les seuls promesses qu’on tient sont celles qu’on ne fait pas ! » Et puis d’un coup, elle capte : « Oh !! Oh attends attends ! » Sa main agrippe le bras de Robin, le secouent dans tous les sens comme si ça pouvait l'aider à connecter plus rapidement ses pensées. « If I'm James Dean, You're Audrey Hepburn, pas vrai ? » Il esquisse un sourire de côté, elle frappe dans ses mains, profondément rassurée de réaliser qu’il ne la draguait pas, tout compte fait. « Alors comme ça vous êtes des fans, hein ? » Il trempe ses lèvres dans son verre, visiblement plutôt satisfait de son petit test tandis qu’Aisling hoche vivement la tête. « Ça alors, quel hasard. Wow, incroyable vraiment. » Il ricane en se frottant le sourcil une fois de plus. « Ecoutez les filles, c'est plus trop dans mes habitudes de traîner avec des fans par les temps qui courent mais… vous me semblez valoir le coup de vivre dangereusement. » Aisling hoche la tête d’un air grave, persuadée qu’il parle des personnes qui pourraient le stalker par la suite. Visiblement elle lit la situation de travers, car il lui adresse un nouveau clin d’œil enjoué puis laisse son regard glisser vers Robin, qu’il examine avec un intérêt renouvelé. « Et toi ma jolie, qu’est-ce que tu vois, quand tu me regardes dans le fond des yeux ? »

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« Robin ?! » s’étouffe ma longue amie et je lui fais un petit sourire d’apparence perfide mais en réalité bienveillant, avec les yeux en croissant de lune pour lui assurer que j’ai tout compris tout prévu et la situation bien en mains. « Ah ouai ? Et elle a un p’tit nom ta copine ? » roucoule le bellâtre en se la jouant surpris mais pas mécontent de l’information, jetant sa mèche en arrière d’un mouvement de tête mou et nerveux à la fois et envoyant clins d’œil et smirks affriolants à tout va. It’s so easy. Too easy. Ennuyant, presque. Où est le challenge ? Le gout du risque ? M’enfin, avec un minois comme celui d’Aisling, faut dire, t’as pas beaucoup de travail de wingwoman a effectué. « Aisling... mon nom c’est Aisling. » « Eh bien Aisling, en toute honnêteté, si je pouvais te chanter une chanson, je ne crois pas que mes mots pourraient exprimer ta beauté. » Je ricane en sirotant mon alien jizz parce que oh oui, tout me réussissait. Aisling balbutie un remerciement et le casanova des bacs à sable s’enflamme aussitôt : « Restes avec moi ce soir si tu le souhaites, je pourrais te laisser entrevoir mes rêves. » j’ai comme l’impression que sa voix déraille sous la passion, monte de trois ou sept octaves, et ni une ni deux le voilà qui bondit sur la main de mon amie pour s’en emparer. Hm. Je glisse un regard vers mon lapereau qui aime pas trop les contacts - surtout pas avec des étrangers, surtout pas avec des hommes – et je l’observe pour voir si il trouve grâce à ses yeux ou s’il faut que j’abatte l’intrus sur le champs. « Alors déjà euh merci, mais euh c’est qu’mon amie et moi on a une tente dans le campement et puis- » Mais en face le boug s’affole, ne répond plus de rien : « J’tomberai amoureux, tu tomberas amoureuse ; et on se dira que tant qu’on reste ensemble, tout ira bien. » « Robin-il-me-veut-koa-au-s’cour ? » « J’sais pas il est chelou frère » je contre glisse avec la bouche en coin tandis que l’autre continue de s’écouter parler : « Ils disent que l’amour est éternel, mais les seuls promesses qu’on tient sont celles qu’on ne fait pas ! » Cette fois c’en est trop. Je veux bien croire au coup de foudre, l’amour au premier regard et tout ça, mais lui, il m’attendri pas, j’le sens pas et mon flaire ne me trompe ja-mais ! (Enfin c’est rare quoi… enfin… mais bref ! Nonobstant je l’écoute toujours aveuglément) Agacée, je pointe mon indexe vers le vieil emo : « Écoute-moi bien l’asticot- » « Oh !! Oh attends attends ! » Sa main s’accroche à mon bras et me secoue vivement « Ah ? » « If I'm James Dean, You're Audrey Hepburn, pas vrai ? » Keske. Il smirk plus encore, frappe dans ses mains, je comprends plus rien. « Alors comme ça vous êtes des fans, hein ? » « Peut-être pas non plus - » « Ça alors, quel hasard. Wow, incroyable vraiment. » Il ricane, content de lui sans qu’on sache trop pourquoi. « Ecoutez les filles, c'est plus trop dans mes habitudes de traîner avec des fans par les temps qui courent mais… vous me semblez valoir le coup de vivre dangereusement. » Fans ? Vivre dangereusement ? S’agirait de doser non ? « Et toi ma jolie, qu’est-ce que tu vois, quand tu me regardes dans le fond des yeux ? » je cligne des yeux, gonfle les joues, pas inspirée. « Alors là comme ça… » « Kellin ! » Il tourne vivement la tête et ses gros yeux bleus s’emplissent d’étoiles avant de se voiler « Wow, les gars ! Vous m’avez retrouvé, je ne suis plus perdu ! C’est incroyable… » Et tu sais pas trop s’il est ravi ou dégouté. D’un coup, il dégaine une nouvelle fois son téléphone dans le but de prendre une nouvelle selfie de groupe, agrippant cette fois fermement Aisling par les épaules. Bon… je me tourne vers mon amie et très sérieusement je lui dis : « Envol du canard laqué ? » Un mot, un silent hand gesture, et salut la compagnie, on prend la poudre d’escampette pour disparaître dans un nuage de fumée verte.

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Le truc avec Robin, c’est qu’elle n’en a pas grand-chose à cirer de l’opinion des autres. Un trait de caractère qu’Aisling admire et qui la terrifie un peu tout à la fois. Les yeux arrondis, elle regarde son amie hausser les sourcils, gonfler ses babines comme une lapine peu convaincue, et soupirer tout le manque d’intérêt qu’elle porte à sa question. « Alors là comme ça… » Elle n’a heureusement pas le temps d’élaborer car le nom du chanteur résonne dans leur dos. Aisling observe avec perplexité le regard de Kellin de remplir d’émotions si intenses qu’elles pourraient rivaliser avec les siennes, et ce n'est pas peu dire. C’est peut-être pour ça qu’elle aime bien sa musique, au fond… Toujours est-il qu’il finit par se reprendre et remettre sa mèche en arrière, un demi sourire charmant et nimbé de nostalgie étirant ses lèvres. « Wow, les gars ! Vous m’avez retrouvé, je ne suis plus perdu ! C’est incroyable… » Trop occupée à l’observer, Aisling ne le vois pas dégainer son portable avant qu’il ne soit trop tard. Overwhelmed par la présence soudaine des membres anonymes de son groupe, la pression inopinée de sa main sur son épaule et la vision soudaine de l’appareil ouvert en face-cam devant sa gueule, elle panique et une unfunny face regrettable est la seule expression qu’elle parvient à esquisser avant que le chanteur n’immortalise son portrait. Livide, elle le regarde ouvrir le cliché hideux dans ses story avec une angoisse croissante. « Wow génial, quel souvenir, quelle rencontre, quelle soirée ! » Qu’il s’exclame en ajoutant un filtre qui ne met que lui en valeur. L’œil un peu mauvais, Robin avance le menton jusqu’à ce qu’Aisling sursaute en remarquant sa présence rapprochée. « Envol du canard laqué ? » Elle demande, pleine de compassion, et l’irlandaise s’empresse de hocher la tête. « Oui pitié ! » Qu’elle glisse à voix basse, rassemblant discrètement ses affaires pendant que l’autre égaie sa publication d’un morceau bien à lui.

« C’est quoi ton insta ma jolie ? » La question la prend de court, et Aisling s’immobilise, les yeux écarquillés comme ceux d’une biche prise dans les phares d’un vieux con. Un bref instant, elle est tentée de le lui donner, poussée par l’envie que le chanteur sache qui elle est et comment la recontacter. Mais l’idée que ses followers puissent associer son nom avec cette sale face de compétition est loin de l’enchanter… tout comme la perspective que Kellin fouille sur son profil, découvre ses photos osées et se fasse des idées. « Euh… et bien c’est euh… » Elle bafouille, son regard affolé s’accrochant aux mirettes de Robin pour la supplier de lui venir en aide. Elle aurait probablement d’ailleurs trouvé quelque chose pour chasser le canard laqué efficacement si la panique n’avait pas eu raison d’elle. « Je, je m’sens pas très bien. » Elle feinte en portant une main à son visage comme pour s’éventer tout en se relevant un peu maladroitement. « Ça va ma canne ? » S’enquiert ce dernier, ironiquement, le regard assombri d’une inquiétude que même Aisling trouve un peu disproportionner. « Oui oui, j’ai juste besoin d’prendre un peu l’air. » Elle explique avant de s’écarter avec un sourire poli. Elle avait hésité entre ça et faire mine de tomber dans les pommes. Visiblement elle aurait dû choisir l’autre option, car aussitôt Kellin se lève et proteste. « Attends ! Parfois je me tâte à te laisser partir, mais tout ce que je peux penser c’est que personne ne devrait jamais être seule ! » Il change de disque, se cite une fois encore et cette fois s’en est trop. A court d’excuse, Aisling enfonce ses ongles dans l’avant-bras de Robin et l’entraine avec elle d’un pas vif à travers la foule. « Cours Robin cours ! » Et elles s’élancent, comme si Nasedo en personne les poursuivaient, fendant la foule de festivaliers joyeux aux costumes colorés. Elles tournent enfin derrière une tente, s’arrête pour reprendre leur souffle, soulagées de ne plus entendre ses interpellations aigües dans leur dos. « Au fond c’est pas trop étonnant qu’il perde toujours ses potes… » Elle finit par haleter avec un petit rire nerveux.

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L'envol du canard laqué proposé, j'observe Aisling hocher frénétiquement de la tête et j'opine à mon tour pour accepter la nouvelle mission dont je me suis auto-investie : sauver mon amie de l'elder emo que voilà. Elder emo qui ne compte néanmoins pas nous rendre la tâche facile et se cramponne aussitôt à ma longue amie pour lui demander "son insta". « Euh… et bien c’est euh… » bafouille l'irlandaise en me jetant un regard paniqué et je prends les choses en main « c4n4ardlaquexo. Avec des 4 à la place des A. » Un sourcil intrigué mais pas mécontent s'arque sur le front du blond aux racines noires alors qu'il commence à taper l’URL de génie. Mais Aisling se met à s'éventer et le bougre prend ça pour une invitation à voler à son secours. Je roule des yeux. « Ça va ma canne ? » s'enquière-t-il (un écho au somptueux pseudo ?) et je glousse sous cape. « Oui oui, j’ai juste besoin d’prendre un peu l’air. » couine ma longue et pauvre amie qui ne sait plus comment se débarrasser de son boulet et l'autre s'accroche plus encore : « Attends ! Parfois je me tâte à te laisser partir, mais tout ce que je peux penser c’est que personne ne devrait jamais être seule ! » Mes yeux se plissent. Cette fois s'en est trop. J'ouvre la bouche pour lui expliquer deux-trois trucs sur son haut quotient de pénibilité mais tout à coup Aisling plante ses griffes dans mon avant-bras et, le cou tendu, hurle à la mort : « Cours Robin cours ! » avant de s’enfuir, m’entraînant en drapeau derrière elle à travers la foule. « ATTENDS ! JE NE CONNAIS MÊME PAS TON NOM ! » hurle, déchiré, le type qui connait tout à fait son nom. « J'APPELLE LA POLICE ! » répondis-je sur la même énergie. Je ne vais pas appeler la police, bien sûr, mais ça, il ne le sait pas.

Après m'avoir trimballé sur environ 27 kilomètres environ (ou 40 mètres), Aisling semble juger qu'on a assez semé son stalker avarié et elle s'arrête pour reprendre son souffle. « Au fond c’est pas trop étonnant qu’il perde toujours ses potes… » Je ricane méchamment à gorge déployée. « Mazette tu lui as fait un sacré effet ! Bro était plus pot-de-colle que Nasedo et le p'tit Nicolas réunis. T'étais pas du tout intéressée toi ? C'est ton style pourtant non ? Emoboy dark broody romantique déprimant tout ça tout ça ? » Je m'ébroue, m'étire d'un côté, de l'autre, resserre mes petits space-buns qui s'étaient légèrement échevelés dans la bataille et me retourne vers Aisling, poings sur les hanches, yeux en demi lune pour l'observer avec bienveillance. Soudain, mes yeux s'arrondissent. « OH ! Regarde où on est ! » jubilé-je et, avant de lui laisser le temps d'observer par elle-même, j'attrape sa main et la tire à mon tour dans la grande tente (et non pas la grande tante) devant laquelle nous venons de nous arrêté j'ai nommé... la tente de tatouage ! Les yeux brillants d'excitation je me retourne vers Aisling en trépignant sur place. « C'est le destin ! On s'en fait un ? Maintenant ! »

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Les yeux de Robin s’emplissent de malice et un ricanement maléfique s’échappe de sa gorge. Un peu plus et elle s’en frotterait les mains avec une dose de machiavélisme. Et puis elle s’ébroue et redevient elle-même, comme si sa jovialité ne pouvait revenir l’habiter qu’une fois le souvenir de Kellin ainsi exorcisé. « Mazette tu lui as fait un sacré effet ! Bro était plus pot-de-colle que Nasedo et le p'tit Nicolas réunis. » Si cette réflexion avait été un sms, Aisling y aurait répondu par un smiley qui chiale et un smiley qui rit. Alors c’est un peu ce qu’elle fait, son expression tordue entre les deux et ses yeux brillants de larmes confuses. « T'étais pas du tout intéressée toi ? C'est ton style pourtant non ? Emoboy dark broody romantique déprimant tout ça tout ça ? » S’enquiert alors son amie, interrompant le théâtre de ses émotions discordantes pour la plonger dans une profonde réflexion. « Ben si carrément. » Elle avoue après un moment, les lèvres tordues dans une moue embêtée. Parce qu’au fond Robin a raison, Kellin est tout ce à quoi elle a toujours rêvé : riche, célèbre, beau gosse, admiré, poétique, musicien, passionné et torturé. Mais alors comment expliquer la panique qui s’est répandue dans ses tripes en constatant qu’il pourrait être intéressé ? Et cette envie presque viscérale de le fuir dès l’instant où son corps à lui ne cherchait plus qu’à se rapprocher ? « Mais il est un peu chelou, non ? » Elle finit par bredouiller, les sourcils froncés de consternation. c’est ça, trop chelou ouais. Elle se conforte dans son idée, se retranche avec soulagement dans sa petite coquille confortable, celle qui lui permet de regarder les hommes de loin et rêvasser tout en s’assurant qu’ils ne pourront jamais l’approcher. « Et puis il est pas aussi beau que j’croyais, de près. Tu trouves pas ? » Pas aussi grand, les cheveux pas aussi fluides, les yeux pas aussi bleus, les traits pas aussi fins… que ceux de Sid. Elle rougit à cette pensée, s’en détourne sévèrement avant de pouvoir la creuser.

Heureusement, le cri enthousiaste de Robin l’ancre solidement à la réalité. « OH ! Regarde où on est ! » Aisling lève le museau pour tenter de se repérer mais la petite main de l’australienne se glisse dans la sienne et l’attire avec toute la conviction dont elle est capable, la déséquilibrant avant qu’elle n’ait le temps d’accrocher le moindre indice. Elle titube jusqu’à une tente ou résonne le grésillement familier d’une machine à tatouer. « C'est le destin ! » Jubile Robin à ses côtés en sautillant sur place si rapidement qu’il est impossible de suivre des yeux son mouvement. « On s'en fait un ? Maintenant ! » Elle lance ça avec l’assurance d’une nana couverte de tatouages, le genre qui se fiche d’ajouter une babiole à ses jambes tellement il finira dissimulé par la cacophonie des œuvres dont elles sont déjà encombrées. Sauf qu’à première vue, la peau de la rouquine est vierge et pâle comme une porcelaine de qualité. bah, c’est Robin, elle sait ce qu’elle fait. C’est bien le genre de son amie, de vouloir déguster la vie à pleines dents, et d’inviter chaque nouvelle expérience avec curiosité et sans le moindre regret. Malgré les nombreux dessins qui ornent déjà son épiderme, Aisling se prend toutefois à hésiter. « Euh... j’sais pas trop… » Elle bredouille en jetant un regard nerveux autour d’elle. Voilà des années qu’elle ne laisse personne d’autre que marquer sa peau, et voilà qu’elle a l’impression bizarre de lui faire une infidélité. « Mon book est à droite les filles, j’ai de la place pour deux petits flashs dans 10 minutes si vous voulez. » Lance une petite femme surmontée d’une épaisse cascade dreads roses et bleutées sans relever les yeux du mollet sur lequel elle s’acharne avec précision et efficacité. Elles s’exécutent, les yeux brillants de curiosité. Si c’est une femme qui me tatoue c’est pas si grave… elle se prend à penser en parcourant la planche du regard, séduite par les esquisses simples, mignonnes et maîtrisées. « OH MON DIEU ROBIN ! » Elle souffle avec émotion en agrippant son avant-bras. « Il nous faut absolument un de ceux-là ils sont PARFAITS !!! » Il n’y a plus la moindre hésitation dans sa voix alors qu’elle désigne une page couverte de petits extraterrestres accompagnés de leurs chats, savourant un smoothie, dépassant de leur soucoupe volante en forme de citrouille, chillant sur une bouée licorne dans la galaxie, barbotant dans une tasse de café étoilée ou conversant avec un fantôme adorable devant une maison hantée. « Tu veux lequel toi ? »

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« Mais il est un peu chelou, non ? » « Mais il est super chelou, et pas chelou drôle, chelou louche ! Quoi qu’il était un peu drôle aussi ha ha » « Et puis il est pas aussi beau que j’croyais, de près. Tu trouves pas ? » « Ah il était sensé être beau garçon… ? » Ma voix meurt, mon œil est plat, suspicieux, puis je secoue la truffe, après tout, tous les goûts sont dans la nature, et c’est certain que ne m’avait il pas rebuté par sa prose ostentatoire je l’aurais trouvé joli garçon également ! Après, j’ai toujours eu un faible pour les gens mystérieux et lui, ne l’était pas du tout. Je me demande ce qui plait le plus à Aisling, quelqu’un de rassurant, peut-être, et comme le gaillard était un livre ouvert inquiétant, forcément…

Mais les tatouages m’appellent et ainsi j’oublie tout de cette mésaventure. Aisling hésite, la tatoueuse nous indique son book, les aliens grouillent, je trépigne sur place. Et puis d’un coup « OH MON DIEU ROBIN » ma longue amie est hypée, alors je redouble de hypance et bondit à présent en lui tenant les avants bras. « Tu veux lequel toi ? » « Oh la la oh la la je n’sais pas je les veux tous hmmmm » ma main s’agite autour du book, je ferme les yeux et pointe au hasard, rouvre, découvre que je suis à la croisée de diverses tatouages et décide d’interpréter les augures à ma sauce « un p’tit alien chillant sur sa bouée intergalactique avec un milkshake à la fraise qui tchin avec le tiens et son chat dodu sur les genoux VENDU ! » débité-je d’une traite à la kronk en me frottant les mains d’excitation puis je me tourne vers Aisling « et toi ma douce amie, où va ta préférence ? »

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