Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

My faith in music slowly disappearing more and more
These tattoos on my hands are there for life
And the songs inside my head won’t come out right

Je suis dans le van avec eux. J’en reviens pas. J’ai dit fuck à mes derniers exams de l’année et je me retrouve là pour les trois prochaines semaines. Ok. C’est Ariane qui m’a persuadé de les suivre sur une partie de la tournée d'Amity Affliction en Australie, mais j’en avais envie depuis très longtemps. Elle me manque trop. Eux aussi. On se connait depuis quelques années. On a eu des amis communs qui sont morts dans un accident de voiture. On s'est rencontré aux veillés qui ont été fait en leur honneur. J'ai appris qu'ils faisaient de la musique, ils commençaient tout juste. On a été à leurs premiers shows en 2003 quand ils jouaient dans la cafèt' du lycée. Et depuis c'est devenu des amis. Des amis qu'on voit pas si souvent, mais des amis quand même. Un peu comme Levi.

Ça fait presque un an qu’elle est partie sur les routes de l’Australie avec Ahren et Joel et moi je me suis retrouvé comme un con. Sans Ari. Sans Levi. Sans personne. Je me suis rapproché de certains gars de mon lycée. Surtout Jared. Sauf qu’ils sont pas très fréquentable. Ils font que boire tout le temps et se droguer. J’ai testé des trucs mais c’est pas trop mon kiffe. Enfin, c’est cool mais surtout... c’est très illégal quoi. Et ça bousille la santé. J’ai pas envie d’être accro mais... être avec eux ça laisse des tentations parce que c’est vrai que c’est cool de se changer les idées comme ça. Ari m’a pris la main dans le sac quand elle m’a appelé quelques fois. Et quand j’ai esquivé ses appels quelques fois aussi. Il en va de même pour les sms. Je réponds toujours en cinq minutes habituellement... pas depuis un moment. Elle avait même zéro réponse parfois. Parce que j’oubliais. Parce que Jared me servait un verre de plus. Je passais plus de temps avec eux qu’avec Diana. Elle bossait à fond ses cours de toute façon. L’inverse de moi. Et puis je me suis fait plein de tatouages aussi. On a un pote d'un pote qui s'est acheté une machine et du coup c'est gratuit ? Donc comment je pouvais dire non ? Ok j'ai commencé chez un vrai tatoueur mais trop cher alors je me suis laissé tenté et c'est pas mal je crois ? Je suis pas sûr... Ouais nan en fait je regrette d'avoir fait ça. C'était n'importe quoi. J'ai de la chance que ça ait bien cicatrisé vu tout l'alcool que j'ai bu avant pendant et après... Pas que de l'alcool que j'avais pris d'ailleurs.

Dans le van, Joel me passe direct une bière. Je sens que ça va être vraiment bien. Je sens aussi que niveau alcool ça va pas changer grand chose, juste c’est avec d’autres personnes. Avec Ariane surtout. Je m’étais pas rendu compte jusqu’à ce moment que j’étouffais dans ma vie. Parce que seulement là j’ai l’impression de respirer. Je ne l’explique pas. Mais je me sens bien et ça faisait longtemps que j’avais pas eu cette sensation. Ouf.

Je vais poser ma tête sur l’épaule de Ariane après avoir fini ma bière. Joel est de l’autre côté, il lance un regard interrogateur à Ari. He good? La vérité c’est que je ne sais pas vraiment là. Je pense à Jared qui se retrouve tout seul. Qui n’aura pas le loisir de piquer les bières du frigo de mes parents. Je pense à Diana qui à pas eu vraiment l’air d’être dérangé que je parte trois semaines. Au contraire. J’ai pas bu beaucoup mais ça suffit à me plonger rapidement dans un sommeil. Bien contre Ari.

Quand je me réveille le van vient de s’arrêter.

« We arrived ? »

« Someone had to pee. »

Et je vois par la fenêtre Ahren au bord de la route. Je sors. Je vais pisser un coup moi aussi. Quand je reviens dans le van je me rassois, silencieux. Je regarde par la fenêtre attendant qu’on reparte.

« Kane, wanna pick the music ? »

J’hausse les épaules.

« This is fine. »

And I’m not.
But I will be.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


Kane est avec nous dans le van. Je suis finalement venue à bout de le convaincre, ça a pas été facile, j’ai dû le travailler au corps par moment le petit. Apparemment, il adorait se faire désirer, apparemment, il était pas du tout en mode retour d’appels et SMS à gogo. Lui qui était si réglo habituellement, l’heure hebdomadaire à se raconter nos vies qui était au fil du temps devenue une poignée de minutes, parfois même une seule, pressée, de la musique imbuvable en fond sonore, des aiguilles qui grincent, Joel jure qu’il est dans un tattoo shop, moi j’suis persuadée qu’il est avec Jared le nul à boire des shots d’alcool cheap et à sniffer de la merde vendue en fond de ruelle mixée entre de la farine et des éclats de verre.

« Don’t you ever stay behind like this again. » furent les mots qui l’ont accueillis, quand finalement mes prunelles brillantes sont tombées sur mon meilleur ami. Je lui avais dit, au départ, que c’était con qu’il reste derrière pendant toute une année. Con et impossible et impensable. Qu’il me laisse aller jouer les roadies alors que la musique, c’était tout pour lui à la base, que moi j’y allais juste pour le trip de lâcher les cours, de vivre autre chose que les mains violentes de Jet sur mes bras, d’énerver les gars au possible - un en particulier. C’était des mois à puer la sueur et à se laver dans les toilettes des stations services sur le chemin, à vendre des t-shirts par dizaines, à négocier des paiements de salles pas toujours réglos, à boire de la Pabst jusqu’à pas d’heure. Derrière, j’avais laissé maman et Nadia, l’une dans son trip de yoga tantrique à sillonner l’Inde l’air béat au visage et les chakras bien alignés, l’autre première de classe, première dans tout, petit ange studieux qui me rendait fière malgré nos énièmes différences. Tout le monde allait bien, au final.

Tout le monde sauf Kane.
He good? que les iris perçants de Joel me demandent, quand Kane finit par s'assoupir sur mon épaule une fois le van reparti, la bière à peine engloutie. Je lui pique la canette des mains pour la finir, j’ai une réputation à tenir, avant de laisser mon regard couler sur les traits du blond avec inquiétude. Bah oui, je m’inquiétais parfois. Pour lui, notamment.

Et non, il allait pas. Je l’avais su bien avant de l’avoir face à moi, mais là, c’était juste tellement évident que mon coeur se serrait à chaque expiration que son visage fatigué, angoissé, dépassé laissait aller.

He good? He will be.

J’ai décidé de lay low le temps qu’il reprenne des forces, qu’il dorme un peu sur moi, que je sente son souffle se faire plus détendu, moins haletant. À un moment, le van s’arrête, Ahren râle qu’il voit jaune, se tortille comme il peut hors de son siège après avoir tourné en rond pour trouver le meilleur spot en bord de route pour pisser. Kane suit. Joel tente une approche pour les quelques minutes qu’on a en solo, je l’ignore avec véhémence.  

J’ai décidé de ne plus lay low, quand Kane refuse de choisir la musique. Silence de plomb dans le véhicule, personne capterait de base, mais Ahren et moi on échange un coup d’oeil concerné dans le rétroviseur. Kane choisissait toujours la musique. Toujours.

It’s fine? « No it’s not. » ma voix coupe le calme, personne ose ajouter quoi que ce soit. « Give us a minute, would you? » les gars sortent sans traîner, ils ont pas envie de se faire chier avec une Ariane en mode berzerk non plus. Puis Ahren a choisi un sweet spot à quelques mètres de la plage, ils me feront pas pleurer, qu’ils aillent prendre du soleil et jouer aux sirènes un peu.

Le van est vide. Ne reste que Kane et moi lorsque je me retourne vers lui, visse mes yeux aux siens, qu’il ose détourner le regard, qu’il ose baisser le menton pour voir.

« You never told me why you wanted to come with us. » parce qu’il avait jamais voulu, jusqu’à ce qu’il veuille. Et c’est ça le soucis. Je sais que ça va pas, je sais qu’il va pas, mais je sais pas pourquoi, et c’est ce qui me gruge à ce point, qui m’empêche de penser à quoi que ce soit d’autre qu’à ça. « Why are you here? »

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

Don’t you ever stay behind like this again.
Bien sûr Ari. On a tous la possibilité de quitter le nid familiale en un claquement de doigts pour partir un an à l’aventure. Elle a cru quoi elle ? Je voulais les suivre. Mais mes parents n’étaient pas chaud. Je leur en avais parlé bien sûr. J’avais pas d’argent de côté que je pouvais utiliser. Je suis à peine majeur, j’ai jamais travaillé encore. C’est pas avec les 300$ que j’ai en banque que je vais pouvoir tenir grand chose sur une année. Elle comprend rien. Elle a pas réalisé qu’ils avaient assez d’argent pour un seul roadie. C’était elle. Pas moi. Elle vit son rêve. C’est bien, bravo pour toi. Elle se rend pas compte combien j’ai été jaloux. Combien ça a été facile d’arrêter de répondre à ses SMS et ses appels au fur et à mesure. Mais maintenant qu’elle est là, je me sens con. Parce que la vérité c’est que sans elle, je suis un big mess. Je suis que l’ombre de moi même. Je fais que des conneries. Je les enchaîne. Et c’est pas juste des petits trucs. Je regrette d’avoir essayer certaines choses… Le fait est que je ne lui réponds pas parce qu’elle m’énerve à retourner le couteau dans la plaie comme ça.

J’ai pas réfléchit. J’ai dit la vérité. Et Ari is taking no shit. Merde. Je suis con. Je sens la grosse conversation arriver. Je sais pas si je suis prêt. J’ai pas envie. Va falloir que je me justifie. Elle va me parler de tous ces coups de fils et SMS que j’ai pas répondu entre autres. Tout le monde sort du van. Mais noooon. Ca sent vraiment le truc sérieux j’aime pas ça. J’aime pas dérangé les autres non plus. Mon regard croise celui de Ahren quand il sort et il m’articule un Good luck.

La question d’Ariane me surprend. Je m’attendais pas à ça.

« Always wanted to come with you. »

Elle sait pas que le budget permettait pas que je vienne avec mes maigres économies. C’est Ahren qui me l’a dit, ou plutôt fait comprendre, au détour d’une conversation et quand ils ont pris Ariane, je savais que c’était mort pour moi.

« Why I am here ? You want me to go back home ? »

Non. Je sais que ce n’est pas ce qu’elle a voulu dire mais ça sonne comme ça. Je soupire. Je sais pas si j’ai la force d’argumenter là.

« 3 weeks is doable… I will be quickly very short in money but I can manage… »

Je sais que je ne dis pas tout. Je sais qu’elle attend à ce que j’en vienne à la véritable raison. Mais est-ce que je la connais moi même ? Je préfère me voiler la face. Elle continue de me regarder, attendant que j’arrive aux faits. Je me sens comme un gosse pris en faute. Je réponds, réalisant ce que je dis en même temps que je le fais.

« Jared is not the best friend… He’s… an addict. »

Mais je l’apprécie réellement le gars. Il a des gros soucis.

« I’m trying to help him but… I don’t know. I thought he would change. I didn’t think I would want drugs as much as him… But… Started to feel a bit like that and… I don’t want that. I really don’t. Scared the shit out of me… »

Et ça c’était quelques jours avant leur passage en ville. Elle m’a sauvé. Ils m’ont tous sauvé.
Une nouvelle fois.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


« Always wanted you to come too. » c’était notre plan de toute façon à tous les deux. De tout plaquer un jour pour partir en roadtrip, on l’avait dit, on se l’était promis, on avait même des cartes, l’une des UK, l’autre des États-Unis, une pile dédiée à l’Australie aussi, des trajets notés, des auto-collants et d’autres points qui marquent les endroits obligés.

J’ai jamais su les détails derrière le pourquoi il avait pas insisté plus que ça pour venir avec nous. J’ai pas voulu demander non plus, pas me faire plus chier qu’en vrai à me faire confirmer d’un côté comme de l’autre qu’il suivrait juste pas, qu’il viendrait juste pas. Oh well. Et puis de toute façon, ce qui importe c’est qu’il soit là, maintenant, non? On va pouvoir finir le tour en beauté, plus que 3 semaines au compteur. Avec Joel, on a enfin fini par trouver une bonne rythmique, avec les gars, les insides pleuvent. Les derniers shows sont dans des villes cools, le trajet est parfait, la finale sera épique. Glad he’s here.

« Why I am here ? You want me to go back home ? » mon regard noir lui dit tout. Joue pas à ça avec moi Kane, tu sais très bien ce que je veux dire.

Son excuse monétaire prend pas. « The good thing is, in life there is something called “finding a part-time job” that can help for that part. You should try, really. I’m sure you’ll be good at it. » pleine de sarcasme. Parce qu’il savait autant se débrouiller que moi. C’était arrivé à quelques reprises que j’avais passé des soirées à bosser en plus du stand de merch dans un bar plus crade que les autres pour faire un shift de serveuse pas déclaré du tout, rien que pour ramener un peu de fric aux boys. C’était pas réglo mais ça suffisait pour les périodes plus creuses. On vivait pas la vie glamour non plus, mais si c’était juste pour de l’argent, on lui trouverait de quoi se remplir les poches easy peasy.

Mais il parle de Jared et direct mes muscles se contractent. Le mec m’a jamais fait bonne impression, et quand Kane confirme ses mauvaises tares d'addict, y’a juste un « I know. » qui coule sur mes lèvres. Un peu de rancoeur aussi, envers moi-même, d’avoir laissé Williamson avec une racaille du genre. J’ai dû me dire qu’il saurait faire la parte de choses, qu’il verrait le bon en lui, mais aussi le moins bon. Pensée magique que Kane ferait pas de conneries. But he did.

« What did you take? » et de suite mes paumes se ruent sur son hoodie, remontent les manches. C’est ça que je redoute, qu’il soit allé direct avec du dur, et les tatouages dégeulasses et mal tracés sur ses creux de coudes me donnent froid dans le dos. Il s’est piqué. Le con, il s’est piqué. J’attends pas qu’il réponde avant de dégager ses lèvres pour voir ses gencives ; là au moins, y’a pas de dommages. Mais quand même. « Come on Kane, it was meth right? It’s gonna fuck you up. What else? »

Jared je m’en balance là. Le mec, il pourrait crever au fond d’un trou que je jubilerais même pas de rage et de satisfaction qu’il souffre comme le raté qu’il est. Par contre, que Kane tienne ce genre de discours, ça, ça me fait flipper.

« Are you high on something right now? When’s the last time you did some? » ça serait bien le pire, et à l’entendre, et à le voir, je suis absolument pas sûre qu’il s’est pas poppé une pilule avant de revenir dans le van.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

Always wanted you to come too.
Yeah? I’m not so sure about that. Ou plutôt, je préfère me dire que ce n’est pas vrai. C’est plus facile à la détester comme ça. No it’s not. Mais j’essaie fort. Depuis qu’elle est parti. Jared m’a aidé. Tout seul j’y arrivais pas. Toujours à sauter sur le téléphone dès que c’était son nom à elle qui s’affichait.

Et elle réfute mes paroles. Of course she does. Je la laisse parler. Elle sait pas de quoi elle parle. Tout est si facile pour elle. Elle a Joel dans la poche. Quoi? Comment ça ça n’a rien à voir ? Je suis sûr que y’a un rapport. Elle avait quelque chose à suivre elle dans cette tournée. Elle l’avait lui. C’était son moment à elle. Y’avait de la place que pour une personne. Bien sûr que ça a été Ariane. Elle est son premier choix. But he didn’t choose shit. He did.

I know.
Elle savait ? Et elle m’a laissé avec lui ? Tout ça pour suivre Joel ? J’en reviens pas de me retrouver dans la place habituelle de Ariane. La deuxième. J’aime pas ça. I hate her.

What did you take ?
Je fais une tête qui veut dire ‘Leave me the fuck alone.’ I’m not saying. J’ai assez honte comme ça. Mais elle s’en prend à mon hoodie et remonte mes manches.

« FUCK OFF ARI ! »

Mais elle y parvient. Elle les voit. Ces traces. Au milieu de l’encre qui n’a même pas trois mois. C’est frais. Tout est frais. Warm me up, Ari. J’ai besoin d’elle. Et elle commence ses hypothèses. She’s right tho. Elle veut en savoir plus et je fais non de la tête. Here there is another ‘fuck off’ showing on my face. J’ai beaucoup trop honte. Beaucoup trop.

Elle a peur que je sois high. Elle veut savoir quand j’ai eu mon dernier rush.

« Few days ago. I’m not high. »

Je suis sur la défensive. C’était la veille de leur retour. De leurs petits trois jours passés à Brisbane. Enough to get me out of here. Juste ce qu’il fallait. La vérité c’est que j’ai des cachets dans mon sac. Mais je ne vais pas les toucher. Je ne l’ai pas fait. Je les ai juste pris parce que je me sens mieux de les avoir et ça me tue. Je veux pas… Je veux vraiment pas. La honte me ronge. La tristesse aussi. I am a failure.

« I won’t be using anymore. I wasn’t using that much. I promise. »

La promesse, je ne suis pas trop sûr à quoi elle fait référence. Les deux affirmations. C’est vrai. Les deux sont vrais. A côté de Jared j’étais un junkie de la cours d’école avec mon fix une fois par mois. Mais c’était quand même beaucoup trop. Surtout que ça s’est transformer en deux fois par mois… Et quand j’ai voulu aller au delà, Ariane était à Brisbane et nous voilà maintenant dans le van.

« I promise I’m… I’m getting rid of my stuff when we’re there. »

But I don’t really want to. I have lot of mixed feelings right now and it shows.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


I didn’t think I would want drugs as much as him… But… Started to feel a bit like that and… I don’t want that. I really don’t. Scared the shit out of me. qui tourne en boucle, encore et encore and again, and over dans ma tête.

Il est resté derrière, il a fait des conneries, il s’est laissé influencé, t’as rien fait contre, t’étais à l’autre bout du pays à boire ta bière avec de la glace et à le laisser dans sa merde parce que pour une fois dans ta vie t’étais pas seconde, t’étais pas la deuxième, t’étais la première de quelqu’un. Pauvre conne. le seul qui t’a jamais abandonné, tu l’as largué sans penser à rien d’autre qu’à toi.

« Don’t you dare. » il se rétracte sous mes paumes qui remontent ses manches, dégagent ses lèvres. Mon regard est noir, il sait qu’à la seconde où il tente une esquive, où il me dit à nouveau de fuck off, ce sera une claque qui suivra, un cri de plus, une paume agressive à travers. Il m’aurait pas dit ça s’il voulait pas un wake up call, il m’aurait pas parlé d’à quel point il a peur s’il voulait pas que j’entre en scène, il m’aurait pas confié tout ça d’emblée s’il voulait pas que je le ramène à l’ordre, que je le sorte de là.

C’est cool Ariane, continue de te convaincre que tu sers à quelque chose. Trop tard, but still. Continue. You’re doing fine giving yourself a place in his story. You’re doing fine forgetting you weren’t there when he needed you the most.

Et il promet Kane, il me promet à moi, mais surtout à lui. « Your promises don’t do shit on me. » parce qu’il sait que les mots, j’en ai pas besoin. Que les mots ça sert à rien, que les promesses ce sont juste d’autres occasions de se décevoir soi-même, de prendre des engagements qu’on risque de casser dans la seconde tellement ils valent rien. Ce sont les actions qui comptent, qui vont toujours compter.  

I’m getting rid of my stuff when we’re there.  je tilte. à sa voix, à son “there” qui pince, qui gratte, qui sonne pas comme lui. « Do you have some on you? » il a son sac à ses pieds, il a ses poches, il a son hoodie que j’ai piqué y’a une poignée de minutes en prévoyant dormir sur le chemin.

Je fais état de ses affaires dans mon périmètre, sans bouger le petit doigt pour fouiller. Je suis pas sa mère, je suis pas celle qui va charcuter ses affaires non plus pour lui mettre la vérité sous les yeux, pour constater à quel point il est au bord du goufre. Et puis, je préfère qu’il soit honnête. Je préfère qu’il me le dise de lui-même, que je constate si en effet, c’est juste un I wasn’t using that much qui est vrai, honnête, et pas un I’ll say I wasn’t using that much so maybe one day I’ll start believing it.

« If you lie to me, I swear to God, I’ll kill him. » parce que déjà Jared est sur ma blacklist, l’engagement me semble logique d’y aller avec l'assassinat prémédité, la violence justifiée. « Do you miss it? How you felt? » et dans l’attente je creuse là où j’en saurai plus. Là où il arrivera pas à me mentir, parce que mon regard est plongé trop creux dans le sien pour que le moindre mensonge articulé ne transparaisse pas faussement à même ses prunelles. I’m seeing right through you. As always.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

Elle ne me croit pas. Ca me blesse. Elle me croit pas capable d’arrêter ? Elle me croit pas que j’ai pas été un grand consommateur ? Tout ? Elle me croit plus parce que je suis un addict ? I’m not. I can stop. Franchement j’étais pas loin, vraiment pas loin. J’en reviens pas. Je m’en veux. J’ai cru que j’allais réussir à me gérer en rationnant, limitant mes prises. J’ai échoué tellement… Mais je me suis repris au bon moment. She came back at the right moment.

Et elle me fait chier avec ses questions ! Je viens de lui dire que j’allais me débarrasser de mes trucs, ça veut bien dire que j’en ai sur moi ! Mes sourcils se froncent parce que j’aime pas devoir me répéter. J’aime pas avouer ça. Que oui. J’en ai avec moi. Dans mon sac. Je réponds pas parce que le silence veut tout dire et parce que la honte me ronge.

Elle insiste. Non. Je ne dirai rien. Mais une chose est vraie. Je ne lui mens pas. J’ai trop de respect pour Ariane pour la prendre pour une conne. Je ne me vois pas me profaner un peu plus en ajoutant ‘Mentir à Ariane’ à la liste de mes hontes, de mes regrets. Surtout que là, c’est vraiment un sujet important. Je sais que je peux niquer toute ma vie à cause de ça. Et je ne veux pas. Non. Je veux vraiment pas. Je regrette tant… J’ai envie de pleurer. J’ai pas envie qu’elle tue Jared non plus. Il a des problèmes. C’est pas sa faute. Moi juste je me créé mes propres problèmes. C’est comme ça que je le vois et c’est le pire de tout.

Les deux très courte questions qu’elle me pose me font l’effet d’une énorme claque. Une si grosse claque. J’ai mal. Je m’effondre. Complètement. Je me cache le visage parce que j’ai beaucoup trop honte. Je crois que mon état traduit bien la réponse que je ne lui donnerai pas verbalement. Oui. Ca me manque. Et ça me tue. Et ça me fait peur. Trop peur. Et je suis inconsolable.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


Il dit rien, il dit rien et je bouille, et mon regard pique, crève, arrache, brûle. Qu’il se démène sous mon courroux quelques minutes plus tôt, qu’il me crie dessus l’instant d’après, ça va. Mais qu’il évite mon regard, qu’il se pince les lèvres, qu’il ne dise pas un seul mot alors que mes questions sont très claires, que mon ton est irrévocable, ça, ça passe pas.

Je suis son regard qui fuit une fraction de seconde de trop vers son sac au sol qui doit donc contenir son matos, le pousse vers lui du pied avec les idées très claires qui viennent briser le calme infusé de lourdeur dans le van. « Get rid of it, now. » il bouge pas, il dit rien. Il dit rien, il dit rien et je bouille, et mon regard pique, crève, arrache, brûle. Fait mal, tellement mal. « Now Kane! » un octave plus haut, un cri qui se niche dans ma gorge, qui fait écho, surtout.

Mais non. Pas un geste, pas un mouvement. Moi non plus, je bouge pas d’un centimètre, la respiration insistante, l’air agressif. Jusqu’à ce qu’il craque. La fissure qui passe, et il brise, il s’émiette, il éclate, son visage barbouillé de honte qu’il cache et ses larmes d'angoisse que je note comme autant de couteaux qui se plantent directement, profondément dans mon coeur. You weren't there. You didn't do shit to save him.

Il est à bout de souffle, il est secoué de tremblements et de sanglots et mon bras lui, passe de force autour de ses épaules, sans délicatesse aucune, le ramène à moi dans un geste intrusif qu'il pourrait me refuser, dont je ne pourrais pas plus me foutre. Sa tête que je pose brusquement contre ma nuque, mon autre paume qui vient trouver son épaule, qui serre, resserre le plus possible.

Mon t-shirt est trempé de toute sa peine lorsque je trouve son oreille, y murmure entre deux soubresauts de panique de plus en plus intenses. « You’re safe here. » parce que je me doute que s'il est dans cet état, c'est que plus rien ne le sécurise, parce qu'il a perdu sa place, parce qu'il ne sait plus où, quand, comment aller. Mes doigts se perdent dans ses mèches, passent de son crâne à la naissance de son cou pour y remonter à nouveau doucement, dessiner des lignes inventées, improviser un peu de réconfort à même ses mèches qui sentent la clope, l’essence, les vêtements sales, et Kane encore, un tout petit peu à travers. « I swear, you are. »

Lorsqu’il finira par remonter ses yeux rougis, bouffis à mon intention, j’entends dehors les gars qui s’insultent joyeusement, qui se crient dessus en riant, qui se lancent des trucs à la gueule à noter les bruits sourds d’objets non-identifiés qui tombent au sol. « Doesn’t seem like it when you hear the losers outside. » un rire, faible, vient fendre mes lèvres, alors que l’instant d’après elles se posent sur son front fatigué. « But your timing is perfect. You’re at the right place, at the right time. »

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

Et je pleure. Et elle n’attend pas bien longtemps pour me prendre contre elle de force. Pas besoin de forcer. Je l’aurai laissé faire. J’ai besoin de ça. Je suis inconsolable. Je me suis jamais senti comme ça. Wrong. J’ai déjà été au plus mal les mois qui ont suivi la mort de Chuck. Mais j’étais plus jeune. J’ai l’impression que maintenant c’est encore plus dur à gérer mes émotions. Y’a plus de choses dans ma tête. Plus de réalisation. Plus d’enjeu. J’ai 18 ans. Je suis sensé être un homme non ? Un adulte. Je déteste ça.

You’re safe here. Am I really ? Am I safe if I still want to use ? I am not Ari… I am not… Tant de pensées qui me viennent mais aucun mot qui ne sortent de ma gorge. Je suis bien trop boulversé. Incapable de faire une phrase. Mais je reste bien contre elle parce que c’est ce que j’ai besoin. C’est tout ce qu’elle peut faire aussi. She does so much. She doesn’t know it. Elle m’a sauvé.

I swear you are. Fuck. Did she hear my thoughts ? On dirait bien. I love you so much Ari. Parce que j’ai vraiment besoin d’entendre ça là. Parce que j’y crois pas un mot aussi mais ça fait du bien de l’entendre. Tant que j’aurai de quoi dans mon sac, pas loin, je ne serai pas safe. Tant que j’aurai envie d’en prendre encore. Tant que je saurais comment en trouver de nouveau, je ne serai pas safe. I’m gonna get through this. I swear I will. La honte est le meilleur remède.

Aucune idée combien de temps je reste contre elle. Mais un très long moment. Quand je trouve la force d’affronter son regard alors que j’ai envie que d’une chose, dormir, elle parle des gars qui sont toujours dehors qu’on peut entendre mais que j’ai pas écouté.

« They’re gonna hate me. I’m making everyone late. »

Je suis toujours pas bien du tout. Ca se voit sur ma tronche. Je suis que l’ombre de moi même. J’ai si honte…

« Tell them we can go. I’m just gonna sleep now… »

Apparemment la conversation sérieuse est terminée. Je n’ai pas envie d’en entamer une autre. Pas la force. Mais par contre ce que je veux c’est resté contre Ari. Désolé Joel. J’ai besoin de ma meilleure amie.

Première nuit dans un motel miteux. C’est la galère complet. Une chambre de 4 pour 7. Apparemment ils ont l’habitude. Ca pourrait faire peur à quelqu’un qui aime son confort mais j’en ai vraiment rien à faire. J’aime même beaucoup trop ça. Je vais vivre des expériences unique pendant ces trois semaines.

« I can sleep on the floor. »

« You get the bed. »

Directive Joel here. Mais clairement ça se voit sur ma gueule que je suis complètement épuisé physiquement et émotionnellement.

« Can I get your girlfriend too ? »

« You can. »

Un léger sourire se forme sur mes lèvres. Je suis reconnaissant qu’il n’ait même pas réfléchit deux secondes à sa réponse. Thank you Joel. Ca faisait longtemps que j’avais pas souris ne serait qu’un petit peu. Je me suis débarrassé de mes médocs pendant un stop sur la route. Fallait que je m'en débarrasse en chemin. Si je le faisais dans une poubelle environnante, ce serait trop facile d'y retourner pour récupérer le tout à un moment ou un autre. Now it's gone for good. Et je l'ai dit au travers d'un coup d'oeil à Ari quand je suis remonté dans le van à ce moment là. It's done.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


Le voir dans cet état est pire encore que dans l'état où il était lorsque Chuck est décédé, pour la simple et unique raison que je sais que j’aurais pu faire quelque chose plus tôt pour changer les choses. C’est une immense, une violente, une agressive claque mentale que je me donne de l’avoir laissé derrière quand lui n’a jamais osé même y penser pour mon cas, et je me jure que ça, cette connerie de fuir avec le premier venu juste parce que je feel something, c’est la dernière fois que ça arrive. Kane passe avant, Kane passera toujours avant.

Il est blotti contre moi depuis de longues minutes que j’ai pas envie de me faire chier à compter quand il commence à paniquer sur le comment et le quand les gars dehors vont réagir. « They’re not gonna hate anybody under my watch. » que je le rassure, sachant très bien qu’il n’a absolument rien à se reprocher, quand je me claque des heures d’attente entre Joel qui vomit ses tripes à chaque lendemain de cuite dans les fossés longeant les routes, et Ahren qui s’arrête pisser à toutes les stations-services possibles et inimaginables. J’ai déjà donné côté patience, c’est à leur tour là.

« Alrighty. » Kane parle de dormir, je leur fais signe par la fenêtre du van, les boys reviennent, le chemin reprend son cours, et ma tête se repose sur celle du blond pendant tout le reste du trajet sans que je le lâche d’un centimètre.

Le motel du jour est probablement le moins miteux de tout le tour ; c’est une légère attention qu’Ahren a mise en place pour remonter le moral de Kane j’suis sûre. Ces deux-là doivent finir par se choper d’ici la fin des trois semaines, j’y crois pas sinon. J’ai la brosse à dents de mon meilleur ami dans la bouche, pour une fois que je choppe pas l’une de celles des gars, là, je me complais dans du fresh stuff clean comme tout. Quand je débouche dans la chambre et que Joel divise les lits, c’est mon sourcil que je hausse en passant à sa hauteur, ma paume qui tapote sa joue avec une condescendance maîtrisée au fil de la dernière année. « Awnh, you’re cute. Thinking you have a say in this. »

Je grimpe dans le lit, fais signe à Kane de venir me rejoindre. Ain’t yours to give or take, mes yeux sont vrillés à Joel jusqu’à ce qu’il perde toute mon attention parce que je sens le poids de Kane se lover contre ma silhouette déjà planquée sous les draps, sans qu’il remarque que c’est son t-shirt du jour que je porte pour dormir. Il remarque rien Kane de toute façon, y’a pas de nouveau ici.

Mon bras passe autour de ses épaules, le rapprochant un peu plus. « Kind of surprised you’re still tired. » après avoir dormi autant, après avoir passé la journée entière en mode larve. Pourtant, mon ton lui reproche rien, il constate, il est doux, il est murmuré à son oreille. « Guess you needed it. » les gars finissent de faire du bruit, certains rentrent de fumer, ça sent la clope partout dans la chambre, comme d’hab.

Et ils sentent autre chose aussi, les vapeurs de weed qui montent à mon nez, et l’avertissement que je fais à Kane, mes doigts jouant avec familiarité dans ses cheveux un temps. « They are playing tomorrow - and there’s gonna be tons of stuff you don’t want to be around. » j’ai encore en mémoire son regard quand il a drop tout ce qu’il avait dans une poubelle sur le chemin, je sais exactement que c’est qu’une partie de l’iceberg ça, qu’il peut flancher à tout moment même s’il a plus son stash - suffit juste d’être exposé à. Et en show, c’est la parfaite tentation. « You’ll stay with me at the merch stand. Good? » you have no choice anyways.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

J’apprécie de voir qu’autant Joel que Ariane sont sur la même longueur d’ondes à mon propos. Elle va dormir avec moi et puis c’est tout. Et puis me voilà en train de grimper dans le lit, me collant à Ariane aussitôt parce que j’ai vraiment besoin de câlins. Parce que je suis toujours pas bien. Et elle me fait une remarque sur tout ce que j’ai dormi. Je sais. Ce que je sais pas par contre c’est que passer son temps à dormir, ou vouloir dormir, c’est un joli signe de dépression. Mais son ‘Guess you needed it’ sonne comme si ça n’était pas le cas. Et je m’accroche à ça. Je ne veux pas replonger là dedans. Mais c’est trop tard. Je sais. Ca fait un moment. Et Diana a rien vu. Et j’étais si seul… Plus maintenant. J’ai retrouvé Ariane. Et les autres. On est en tournée. On est sur les routes. Je vais vivre la vie de rockstar. Ca va être bien. Ca va être très bien. Voir un de mes groupes préférés sur scène tous les soirs ou presque. Ca va être bien. Ca va être très bien. J’espère.

Je sens la weed. J’entends Ariane. J’hoche la tête. J’ai l’impression ça va être facile. Je suis pas un addict. Non. Je ne le suis pas. Mais je crois que je me rends pas compte. Non. J’ai plus besoin de m’évader. Je suis avec Ariane. Je suis bien. C’est ce que je crois pour l’instant. Mais le simple fait qu’elle me mette en garde me fait peur en fait. Elle se rend plus compte de la situation que moi. Elle me traite comme un addict. Parce que j’en suis un ? Non. Non. J’ai juste eu une mauvaise phase.

You’ll stay with me at the merch stand. Good?

« I’ll be ok. » Or so I think.

Mais voilà que je m’inquiète maintenant. Elle m’a inquiété. Fuck. Je niche mon visage dans son épaule. Je ferme les yeux. Je reste tout contre elle, essayant d’oublier que je suis rien qu’un addict aux yeux d’Ariane. It hurts… La honte redouble. Je déteste ça. I’ll be fine for real. I don’t want to do this anymore. I really don’t. Alors pourquoi j’ai les larmes qui me montent au fur et à mesure que je me monte la tête ? Au fur et à mesure que ça résonne encore plus dans mes pensées. I’m an addict. I don’t want to be an addict. I never asked for that. I don’t want it. Je pense être assez discret. Je suis silencieux. Mais damn. Je suis pas bien. Je suis vraiment pas bien.

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Ariane a 17 ans.

And I wanna believe you, when you tell me that it'll be ok. Yeah I try to believe you, but I don't.
I don't know how I'll feel, I don't know what to say. Tomorrow is a different day.
It's always been up to you, it's turning around, it's up to me, I'm gonna do what I have to do, just don't.
Gimme a little time, leave me alone a little while. Maybe it's not too late, not today.
But tomorrow is a different day.


Y’a aucune chance que je le lâche, y’a aucune possibilité que je le laisse se défaire de notre éteinte, c’est tout sauf probable qu’il ne sente plus le support de mon bras autour de sa nuque, la pression de ma joue contre sa tête. Et il me répète qu’il sera ok, il me le dit avec sa voix que j’aime pas, sa voix que je déteste, celle qui doute et celle qui est cassée, celle qui me confirme qu’entre ce qu’il dit et ce qu’il pense y’a tout un monde. Je ravale mes inquiétudes parce que c’est pas moi qui doit paniquer là, c’est pas moi qui doit jouer à la mère surprotectrice avec lui, quand c’est le rôle que je me suis donné depuis jour 1, depuis toujours, sans la moindre intention d’en changer au fil du temps. Et spoiler alert, même 13 ans plus tard, je suis encore plus qu’à l’aise à couvrir ce poste. « I know you will. » j’avais aucun doute que c’était qu’une phase. Qu’on l’avait rattrapé à temps, qu’on était revenus dans sa vie, que j’étais revenue juste quand il fallait, que le timing, il était impeccable. Ma paume qui presse un peu plus son épaule, mes lèvres qui se perdent dans ses cheveux une seconde de plus. « I trust you. I just feel like I failed you – so saying that is at least as important as hearing it. » que je finis par murmurer à son oreille, une fois qu’on a finit par trouver la parfait position dans laquelle je doute pas qu’on finira par s’endormir dans les prochaines minutes. Et je suis honnête, comme il l’a été avec moi. Je lui dis la vérité, je me la répète encore et toujours, je sais que tout ira bien maintenant, je sais que la frousse qu’il a eue, que j’ai eue à retardement, c’est qu’un pas de plus dans la vie, c’est qu’un autre chapitre qu'o nbravera à deux. J’avais pas du tout de comptes à lui demander, si on regardait ma propre consommation depuis que j’étais partie avec les gars, depuis qu’avec Joel on touchait à tout sans voir aucune limite à rien. Mais le simple fait que mon meilleur ami ait été on the edge, on the verge of doing something bad, real bad, ça remet le tout en perspective plus que rapidement. « Good night. Sleep tight. » que je finirai par lui souffler, un énième baiser qui rassure sur sa tempe, et sa silhouette contre laquelle je resterai lovée sans bouger d’un seul centimètre de toute la nuit.

Le show vient à peine de finir, le band reste en retrait à discuter avec des fans qui ont l’air de les avoir suivis sur le tour à plusieurs dates déjà. Kane a filé de son côté je sais pas trop où mais je le couve bien moins qu’il y a quelques jours quand il s’est greffé à nous. C’est pas pour autant que je surveille pas, juste, je lui laisse de l’air, je sais qu’il reviendra vers moi s’il va pas, qu’il profite là, qu’il lâche prise, qu’il let go, et que c’est tout ce dont il a besoin pour se refaire confiance à nouveau, pour être certain que tout ça c’étaient que des conneries mises en scène par Jared, et que rien ni personne ne le fera changer à ce point qu’il tombera dans des habitudes d’addict sans reprendre son souffle au bon moment. « How is he? » Ahren arrive sur ma droite pendant que je finis de remballer les t-shirts pas vendus du soir, me tend une bière que je jure plus légère d’une gorgée ou de trois. « Good. » et pour une des premières fois depuis que Kane est avec nous, je suis 100% certaine de ce que j’avance. He’s good. « Nice, cool. So, do you think I can make a move on him at some point or… » et j’éclate de rire, boit une longue ration de ma bière, voit au passage le blond qui trotte vers nous, qui revient juste à temps pour m’entendre répondre à Ahren, le sourire aux lèvres, hilare. « Piss off. » puis, la tête qui se tourne vers mon meilleur ami, j’anticipe, je respire un peu mieux. « He wants to go on a date with you, but I was thinking more of a walk by the pier just the two of us. What are you in the mood for? »

Le RP prend place en 2006 sur les routes de l'Australie. Kane a 18 ans.

Je suis sûr qu’elle m’a entendu pleurer. Qu’elle l’a remarqué d’une façon ou d’une autre. Je suis vraiment pas aussi discret que je le pensais. Elle me rassure Ariane. Elle me rassure avec encore plus de mots. Elle s’explique comment elle se sent. Elle me dit qu’elle a confiance en moi. At least one of us do. Parce que moi je ne sais pas si je me fais confiance. J’ai beaucoup trop merdé. Je sais vraiment pas comment j’en suis arrivé là. Mais elle se blâme. Je sais pas si elle devrait s’en vouloir. Mais peut être que si, je sais vraiment pas. J’aurai sûrement pas passé autant de temps avec Jared si elle était là. Et donc ouais, j’aurai pas touché à tous ces trucs. Ou du moins, pas aussi souvent. Pas assez pour que je m’y habitue. Pas assez pour que j’en veuille plus. Mais j’avais vraiment trop besoin de m’évader et j’ai pris ça, parce que j’avais personne pour passer mon temps. Ni Ariane. Ni Levi. Ni personne. Et je sais pas quoi lui répondre du coup. Je reste silencieux, essayant de continuer à rester discret au travers de mes larmes qui sont toujours bien là. Parce que ce qu’elle vient de me dire me fait beaucoup réfléchir aussi. Je suis inconsolable. J’ai tellement honte de moi. C’est pas moi d’être comme ça. Je peux pas le croire. Je reste bien contre Ari pour essayer d’oublier tout ça. Parce que c’est du passé. Ca l’est vraiment. Je suis sérieux. Plus jamais ça.

Le show s’est terminé. Je crois que je me lasserai jamais de les voir tous les soirs. Vraiment, pouvait pas y avoir mieux pour me changer les idées dans cette période de merde que je suis en train de vivre. Que je suis en train de passer. Parce que oui, ça passe. Doucement. Grâce à eux. Grâce à elle. Et puis je rejoins Ariane qui me parle d’Ahren qui veut faire un move sur moi. Mes joues deviennent rosées instantanément. Je sais qu’il blague depuis des années là dessus mais ça me fait toujours quelque chose parce que au fond, je suis pas sûr que ce soit des blagues.

« I guess he can come with us. Double date. He can bring Joel. »

Un doux sourire se forme sur mes lèvres. Je fais bien évidemment référence à notre couple à elle et moi et à leur couple à eux deux. Je suis bien mieux. J’ai envie de passer du temps avec tout le monde. On est tellement les meilleurs quand on est tous ensemble. Je sais que je dormirai dans les bras de Ari après, on aura notre alone time. On l’a toujours. Même quand y’a des gens avec nous. On est doué comme ça.