Panique à bord était la devise générale depuis déjà plusieurs semaines. Tim n'avait clairement pas l'impression de s'en sortir dans ce nouveau rôle de papa solo. Dès qu'un des jumeaux arrêtait sa crise, le second s'y mettait et le voilà qui passait les deux heures suivantes à essayer de calmer l'un puis l'autre, sans jamais se sortir vraiment de l'impasse. Au bout du compte, il était fatigué comme jamais, lui qui ne pouvait pas dormir plus de deux heures d'affilée sans être réveillé par le son de cloche merveilleux d'un jumeau qui avait faim, soif, ou que savait-il encore. Decastel savait qu'il avait besoin d'aide pour tenir le coup car là, il était à deux doigts de craquer et il s'était promis d'être un roc pour les enfants. Heureusement, en un sens, qu'il avait parlé avec Alex quelques semaines auparavant de quelques alternatives où la jeune femme pourrait lui filer un coup de main si jamais il se sentait dépassé par les événements. Mine de rien, il n'avait pas de parents sur lesquelles compter pour garder les enfants lors de quelques jours de travail et la nounou qu'il avait trouvé en urgence n'était pas toujours disponible pour lui sauver la mise. Sur ce coup là, Tim avait juste besoin de parler à quelqu'un, même si ce n'était que quelques minutes, une bonne crise de larmes et il pourrait repartir pour deux bonnes semaines dans les couches et les hurlements. Alors, son cerveau parfaitement éteint, il avait pris la poussette, mis les jumeaux à l'intérieur, eux qui étaient étonnamment calmes dès lors que leur père allait les promener quelque part. C'était comme s'ils désiraient se faire passer pour les bébés modèles en public, à croire que c'était un dénominateur commun à tous les enfants: en privé, ils faisaient vivre l'enfer à leurs parents et en public, ils étaient toujours les anges de la région. Timothy se dirigea donc le plus naturellement du monde vers chez Alex et Caleb, sans forcément avoir réfléchi à l'heure qu'il était, au fait que Clarke travaillait encore au moment où il avait quitté la maison mais, vraiment, le brun avait juste besoin de se dégourdir les jambes une heure ou deux. Alors, il toqua sans avoir reconnecté ses neurones correctement, se faisant accueillir par la silhouette de Caleb. Tout de suite, Decastel se sentit rougir car il détestait avoir l'impression de déranger les gens dans leur intimité, ce qu'il faisait nécessairement en débarquant sans prévenir. Il tâcha de sourire cela dit car Anderson se comportait comme l'hôte idéal, ce que Tim savait déjà sur son ami vu le nombre de qualités qu'il avait toujours eues. "Tout le monde va bien. Et toi? Alex? La grossesse?" Beaucoup trop de questions, Tim, pas le moment de montrer son angoisse en se perdant dans des babillages, ce n'était pas ainsi qu'on se comportait quand on arrivait chez des amis. "Je t'avoue que j'ai pas fait attention à l'heure... Je suis épuisé. Ils m'épuisent. Je les aime mais c'est dur, tout seul. Mais pour vous, ça va aller hein, c'est juste que dernièrement, pfiou..." Il n'arrivait même pas à s'exprimer correctement, la fatigue devait être le principal fautif dans cette affaire. "Je vais peut être pas te déranger alors, t'étais peut être occupé." Il s'apprêtait déjà à faire un demi tour chaotique de la poussette mais on pouvait lire l'émotion dans les prunelles bleutées de Tim et Caleb le connaissait suffisamment pour réaliser que le brun ne venait jamais chez les gens sans prévenir une semaine à l'avance. L'urgence relevait de cette fichue panique qui ne le quittait plus, pauvre homme esseulé qu'il était.

Si rien ne semblait aller dans son sens, Tim ne pouvait se départir totalement de son optimisme car tout s'arrangeait forcément, non? Il tentait de le croire, réellement, mais depuis une année, il avait surtout la sensation que son monde tournait à l'envers et il avait vraiment peur de là où il atterrirait. Est-ce que l'univers allait devenir plus clément? Est-ce qu'on lui laisserait l'occasion de panser ses plaies? Surtout, est-ce que ses enfants pourraient être heureux sans leur mère? Decastel était tenté d'aller jusqu'à l'église pour prier, ce qu'il n'avait pas fait depuis un millénaire, ou du moins, il en avait l'impression mais au final, il se ravisa car c'était de la présence d'un ami dont il avait besoin, pas d'un Dieu qui ne répondait jamais présent lorsqu'on en avait franchement besoin. Jusque là, Alex avait toujours été un soutien constant et Timothy savait qu'il pourrait à nouveau compter sur elle pour traverser cette crise très inattendue et surtout, très douloureuse. Il n'avait clairement pas envisagé ce type d'issues, se retrouver à nouveau seul face à un avenir qui semblait bien trop grand pour lui et ses progénitures... Sauf que le fleuriste n'avait plus vraiment le choix, il devait se battre. Si ce n'était pour lui, au moins pour eux. Alors, autant prendre le taureau par les cornes et se lancer dans cette course contre la montre en osant demander de l'aide et apparemment, la jeune Clarke n'était pas celle avec qui il allait à nouveau parler de tout cela. Caleb, un ami de très longue date. Les deux hommes avaient eu une relation particulière, justement liés par Alex, et tout ce qui s'était passé à une époque désormais révolu. Après le départ de l'anglaise, ils s'étaient rapprochés par nécessité car ils avaient tous les deux été abandonnés lâchement et depuis, ils avaient conservé ce lien fraternel, même si Tim s'était mis un peu de côté depuis que Caleb et Alex s'étaient retrouvés puisqu'ils ne voulaient pas tout gâcher entre eux. Il s'avérait qu'il avait bien d'autres soucis à l'heure actuelle et de toute façon, de l'eau avait coulé sous les ponts depuis toute cette histoire. La preuve, le couple allait être parents et Tim souriait face aux propos de son vieil ami. "Parce que Alex est pas comme ça d'habitude?" Il lui fit un clin d'oeil amusé parce qu'il était son meilleur ami et qu'il aimait Alex de cette façon, au naturel. "T'as vu ça? Il y a franchement pas meilleur cadeau que de pouvoir rencontrer ses petits comme ça, même si on est forcément impatient quand ça commence à arriver. Tu verras, c'est que le début d'une belle histoire." Avoir des enfants changeait tout mais Timothy ne voulait pas le présenter ainsi à Anderson car il avait encore le temps de voir venir et puis, les circonstances n'étaient pas tout à fait les mêmes. Caleb et Alex étaient ensemble, ils allaient donc élever leurs jumelles ensemble et Tim était heureux qu'ils aient pu faire ce choix, peut être qu'il aurait aimé faire le même. A la place, il se retrouvait seul, abattu, voilà ce que démontrait le placement de ses épaules au moment d'entendre la question fatidique posé par le brun. "Elle est partie. Il y a quelques semaines. Plus de nouvelles. Elle a juste abandonné les enfants." Il n'allait plus en pleurer, il l'avait trop fait et il était bien plus fort, Tim, ne se laissant pas choir aisément, pas alors que des personnes fragiles comptaient sur lui. Il aurait d'ailleurs aimé faire plus, s'en sortir mieux mais ce n'était pas le cas, Decastel peinait et il ne pouvait que l'assumer face à des amis en qui il avait autant confiance. "Monter les meubles, un enfer, je te soutiens. Surtout quand t'as le double à faire... Je prendrai ce que tu prends." Il se rappelait de cette époque avec une certaine nostalgie car ils allaient encore bien avec Charlie à ce moment-là, ils se laissaient le temps de s'apprivoiser et Timothy avait vraiment cru qu'il s'aimeraient vraiment. Encore une fois il s'était trompé mais il n'en souffrait plus. Il allait de l'avant, les enfants en premier lieu dans sa liste de toutes les priorités. "Tu verras qu'ils sont toujours plus calmes chez les autres. Ils ont fait une crise toute la matinée donc là, je suppose qu'ils sont exténués mais c'est vrai que vu d'ici, ils ont l'air de petits anges. Ce sont mes petits anges, je suis obligé de l'avouer." Et ce, même s'ils se comportaient comme de véritables petits démons depuis le départ de leur mère. "Et toi, tu stresses pas trop?" Tim se rappelait qu'il était en état de panique générale quand Charlie avait décidé de garder le bébés... Pour qu'il y en ait plusieurs au bout du compte mais c'était la meilleure décision, Decastel ne regrettait vraiment rien du tout.

Tim n'avait pas toujours assuré avec Caleb, il en avait conscience parce que, durant longtemps, il y avait eu Alex entre eux. Avec du recul, le français trouvait toute l'histoire absolument ridicule mais ce n'était pas comme s'il pouvait aller le raconter à son alter ego de dix ans son cadet, malheureusement. Ils en avaient passé du temps, à se méfier l'un de l'autre, pour des raisons radicalement différentes. Caleb voyait Tim comme une menace pour son couple et Tim considérait Caleb comme un potentiel danger pour la santé de l'anglaise. Elle était fragile, Alex, à cette époque et il n'était pas rare qu'elle finisse chez Timothy à pleurer parce que les événements ne se passaient pas franchement comme prévu. De son côté, Tim n'avait pas anticipé qu'elle partirait de la sorte, sans rien dire, ni à lui ni à Caleb, les laissant là comme deux idiots qui ne savaient plus tellement quoi faire de leur carcasse respective. En un sens, cette affaire avait apporté un peu de positif, au moins dans leur relation, puisqu'ils avaient commencé à tisser une véritable relation à partir de ce moment-là, arrêtant tout jeu de jalousie idiot pour se concentrer sur ce qui les liait vraiment désormais, un tragique abandon. Ce passé-là était révolu, heureusement, et Decastel en était très heureux parce qu'il voyait ses deux amis être de nouveau ensemble, joyeux comme au premier jour. Ils le méritaient réellement et maintenant, ils allaient être parents, même si le brun comprenait peu à peu qu'autant Alex que Caleb vivaient une certaine panique. Ils se revoyaient il y avait encore quelques mois, franchement pas dans un meilleur état qu'eux en imaginant l'enfant qu'on lui mettrait dans les bras d'ici peu. Il y avait survécu, mieux encore, Tim avait vécu le moment le plus heureux de toute sa vie en rencontrant ses enfants et il n'avait aucun doute que ses amis vivraient le même instant d'épiphanie et qu'ils oublieraient tout le reste, même les doutes les plus infâmes qui avaient tendance à paralyser le corps humain. "Désolé, là, j'arrive pas à imaginer." Il se mit à rire avant de venir tapoter l'épaule de Caleb, être avec une femme enceinte n'était pas de tout repos et encore, Timothy n'avait pas été celui aux côtés de Charlie tous les jours durant cette période, ce qui avait d'ailleurs été difficile pour lui. Il n'y pensait plus maintenant, se concentrant plutôt sur Caleb et Alex, eux avaient toutes leurs chances au bonheur. "Je peux que te conseiller de profiter au maximum de ce moment là... Ce sera les meilleurs souvenirs que t'auras. Vraiment." La rencontre était tellement magique, même si Decastel avait été dans la panique la plus totale car on lui avait mis deux bébés sur les bras en plus d'une opération chirurgicale surprise de leur mère. Tout le monde en était sorti en parfaite santé mais la situation était tout de même franchement chaotique, ce qui mettait Timothy en détresse. "Par égoïsme, je suppose. Elle part toujours. Elle est partie à chaque fois avec moi aussi et j'ai pas toujours compris les raisons. Elle est pas capable de s'aimer alors elle fait mal aux autres... Je vois que ça, j'arrive pas à comprendre comment on pourrait laisser Willow et Gabriel autrement." Il les aimait tellement que cette idée le dépassait complètement de son côté mais ce n'était pas l'heure d'y penser ou alors ses yeux pétilleraient de cette tristesse difficile à gérer pour lui. Imaginer ses enfants tout aussi orphelin que lui l'avait été le blessait plus qu'il n'aurait pu le penser un jour. "Alex m'a déjà proposé de toute manière donc, en résumé, vous êtes mal. Mais pour l'entraînement, ce sera parfait, il y en a deux." Il lui fit un clin d'oeil, en bon père qu'il était. Tim savait que tout se passerait bien avec Caleb ou Alex. Il avait toute confiance en eux, s'inquiétant plutôt pour les baby-sitters que pour les bébés. D'ailleurs, le brun ne manqua pas de s'entêter de l'état psychique d'Anderson avant l'arrivée de ses jumelles. "Tu te vengeras quand elle sera plus enceinte... Quant au stress que tu ressens, c'est normal tu sais. Je peux pas te dire que ça passera parce que ce serait te mentir. Je me pose encore cent questions par jour pour savoir si ce que je fais c'est bien mais quand je vois les petits, je me dis que c'est pas le plus important. Les aimer, c'est instinctif et c'est ça qui compte, tout le reste découle de ça et j'ai aucun doute que t'aimeras tes petites." Il n'aurait pas pu le rassurer mieux que cela, résumant ses sentiments en quelques phrases lourdes de sens. "Et puis, eh, si t'as le moindre problème, la moindre crise de panique, tu pourras toujours m'appeler et je dirai rien à Alex, ça restera entre nous." Il n'irait pas le juger pour cela, étant donné que le français était lui-même un professionnel en la matière mais il se soignait. Les enfants, avant tout.

Caleb était un ami de longue date et pour cette raison, Timothy s'inquiétait autant pour lui que pour sa compagne, Alex. Il était réellement heureux que les deux jeunes gens se furent retrouvés à nouveau mais il constatait également le niveau de stress dans lequel ils se trouvaient depuis l'annonce de la grossesse. Decastel ne pouvait que les comprendre vu ce qu'il avait ressenti de son côté lorsque Charlie était venue lui dire de quoi il en retournait. On ne pouvait pas dire qu'il avait vécu tout cela avec sérénité, toutes ces nouveautés, surtout qu'avoir des enfants n'avait pas du tout été planifié pour lui. Il avait toujours dit qu'il aimerait en avoir un jour mais en vue de son mode de vie si particulier, Tim avait toujours pensé que rien de tout cela n'arriverait car personne de sensé n'aurait voulu vivre la moindre histoire avec lui. C'était pourtant arrivé et maintenant, il était un père avant d'être un homme, même si c'était ô combien effrayant de savoir qu'il y avait deux enfants qui comptaient sur lui pour conserver un bien être correct. Forcément, le libraire avait toujours peur au quotidien: et s'il leur donnait trop à manger ou au contraire, pas assez? S'il n'était pas toujours à la hauteur, que se passerait-il? Toutes ses questions étaient légitimes et Timothy se doutait qu'il n'était pas le seul homme sur cette planète à se les poser parce qu'être parent, c'était forcément tout remettre en question, perpétuellement. Cette fois, c'était au tour du jeune Anderson de réfléchir à tout cela, de garder le côté positif bien en tête et surtout, ne pas trop s'inquiéter pour l'avenir car le nouveau rôle qui s'offrait à lui était instinctif plus qu'autre chose. "Ne t'en fais pas. Il n'arrivera rien pour l'accouchement d'Alex." Il ne pouvait pas le rassurer sur autre chose vu ce qui était arrivé à celui de Charlie, la jeune femme avait risqué l'hémorragie et était partie au bloc opératoire alors que Tim découvrait qu'il y avait un second bébé avec Gabriel. La surprise avait été immense pour sûr mais l'angoisse avait clairement battu des records à ce moment-là et rien de tout cela n'allait arriver à son couple d'amis. Ils vivraient les choses plus sereinement, ils seraient bien mieux préparés parce qu'ils savaient combien d'enfants allaient naître à ce moment-là. "Moi non plus mais... C'est comme ça, c'est son choix." Tim en avait toujours mal au coeur mais il retint ses larmes, il avait décidé de ne plus pleurer à cause de Charlie, non, elle n'avait plus cette importance à ses yeux et il devait penser aux bébés avant tout. Il se requinqua donc bien vite pour se lancer à coeur perdu dans la suite de cette conversation, rassurant Caleb sur les épreuves à venir et la volonté qui viendrait spontanément pour gérer les situations les plus stressantes aux côtés de jumeaux. "On court partout mais ça se fait, promis. Et tu seras un père excellent, tu sais pourquoi? Parce que tu t'interroges justement sur ce que tu seras et c'est ça qui fait découler les bons gestes, les bons mots. Ne t'inquiète plus." Tim avait au moins cette conviction en tête, il n'y avait pas personne meilleure que Caleb. Il avait toujours été gentil et attentionné, notamment vis à vis d'Alex alors qu'elle déraillait: qui pourrait le blâmer pour quoique ce fut? Pas Decastel en tout cas, qui savait pertinemment ce que le brun valait. "C'est sûr, on parle de tes enfants mais eh, sers toi de ton expérience et tu verras, tout se fera à la perfection. Alex en est certaine, moi aussi, tu seras à la hauteur." Il lui tapota l'épaule en guise de geste de confiance parce qu'il serait l'homme de la situation, peut être même celui que Tim n'avait pas réussi à être, bercé dans sa solitude et sa mélancolie, encore fort présente dans son regard d'ailleurs.

Tim s'identifiait forcément à ce nouveau mal être qu'expérimentait Caleb: celui-ci était par ailleurs légitime. Avoir deux enfants à venir était une source d'angoisse intense, personne ne pouvait réellement prédire comment se déroulerait l'accouchement, encore moins lorsqu'il était question de jumeaux. Absolument tout pouvait arriver, Timothy avait été le premier concerné avec son vécu absolument surréaliste mais il avait survécu, pourquoi Caleb ne pourrait-il pas en faire autant? Il était clairement beaucoup question d'avoir de l'assurance face à tout ce qui se passait, croire que tout se déroulerait sans accroc, ne jamais perdre la foi que tout se terminerait de la meilleure façon. C'était peut être hypocrite quand Timothy y repensait car sa petite famille avait bien failli ne pas se sortir indemne de cette épreuve et le brun avait sûrement été plus perdu qu'autre chose au beau milieu de cette bataille qui avait duré, ce qui lui avait semblé être des heures. En soi, oui, l'absence de Charlie avait été longue mais le grand brun avait pu rester au chevet des deux petits très rapidement mais il espérait sincèrement que les événements s'enchaîneraient beaucoup plus sereinement pour son couple d'amis. Bien sûr, Caleb avait encore beaucoup de mal à y croire, c'était sûrement normal en vue de tout ce qui s'était passé avec cette première grossesse cachée d'Alex. Il n'avait pas dû se sentir assez important si la jeune femme ne l'avait pas mis au courant de toute l'affaire: au fond, cela n'avait rien à voir avec les gens extérieurs, juste de la jeune Clarke qui devait gérer ses propres démons parce qu'elle n'était pas prête à assumer un tel rôle. A l'heure actuelle, Tim pressentait que l'état d'esprit de son amie était au beau fixe, elle avait évolué depuis cette douloureuse épreuve et il ne pouvait qu'assurer à Caleb qu'elle était plus prête que jamais à cette nouvelle vie qui se profilait pour eux deux. "Tu sais, c'est pas un exemple parlant. On savait même pas qu'il y avait deux bébés, tu vois... Alors, la panique à bord pour tout le monde, et les risques pour Charlie ont pas été les mêmes du coup. Vous, vous savez, ça fait une grosse différence de savoir. Tout le monde sera préparé à ça et pour être honnête avec toi, j'ai pas fait attention au temps qui passait. J'étais dans une bulle et j'en suis sorti que lorsque la famille est sortie de l'hôpital. Je crois que chaque histoire est différente, en fait." Il n'y avait pas une seule et unique réponse à lui apporter car tout dépendait de la situation qui se présentait aux personnels de santé. Qu'en était-il de la position des bébés? De leur poids? De leur développement? Quand il y avait deux enfants, tout était à interroger mais ils avaient cette connaissance et des suivis régulier alors, que pouvait-il mal se dérouler? Certes, les imprévus étaient toujours de mise mais les chances étaient avec eux, c'était déjà un bon début. "Alex a beaucoup changé d'état d'esprit, tu sais. Si elle se lance dans cette aventure avec toi, c'est qu'elle connait les enjeux, qu'elle est prête. Elle aurait fui sinon, rendu les armes... Et peut être, oui, qu'elle pensera de temps en temps à ce qui s'est passé il y a dix ans mais elle a la force de passer outre. Elle est devenue vraiment très forte, fais confiance à son expérience, elle s'en sortira toujours." Tim en était convaincu et il ne restait qu'à Caleb d'agir pour prendre plus d'assurance. A ce sujet, la balle était totalement dans son coin, Decastel étant fin prêt à le soutenir quoiqu'il arrive. A faire tout ce qui était en son pouvoir pour le ramener vers des pensées positives car tout se passerait à merveille. Il le sentait, Tim.

Tim comprenait, sûrement bien plus qu'il ne l'aurait voulu car son histoire avait été similaire sur tant de points. Lui aussi avait dû faire face à l'incertitude, ne pas savoir ce qui adviendrait le jour de l'accouchement, si toute l'affaire se terminerait bien. Rien n'avait été aisé et ce serait mentir que de dire à Caleb qu'il n'y aurait pas le moindre nuage au dessus de toutes leurs têtes: certains jours seraient plus difficiles que d'autres car élever deux enfants, c'était forcément deux fois plus de travail et par conséquent, deux fois plus de fatigue et de frustration. Timothy s'en sortait plus ou moins bien mais à la différence de son couple d'amis, il était désormais seul et cette différence était de taille dans un tel contexte. De son côté, il était donc convaincu que Caleb et Alex s'en sortiraient à merveille, le grand brun haussant les épaules en entendant la vérité énoncée par son ami. Non, il n'avait pas vécu l'événement avec la joie qu'on était censé attendre d'un tel moment mais l'important n'était pas là, non, c'était l'après, ce qui avait découlé de toutes les douleurs de l'instant. "Après, c'était merveilleux." Quand tout le monde était rentré à la maison, que des habitudes s'étaient installées et que la petite famille avait pu évoluer positivement. Certes, Decastel retournait plus ou moins au point de départ depuis que la maman des jumeaux avait disparu du décor mais il était convaincu qu'il trouverait comment rebondir, comment faire en sorte que les enfants trouvent l'équilibre malgré tout. Tim avait moins peur qu'auparavant, à croire que els épreuves traversées l'avaient rendu beaucoup plus fort, vraiment. Ce n'était que maintenant qu'il le réalisait, bien longtemps après les événements qui l'avaient mis à terre mais il allait mieux, tellement mieux, même s'il paniquait d'être tout seul depuis quelques jours. Il pouvait le faire et ce serait le même discours qu'il offrirait à Anderson. "Dis lui ce que tu ressens. Parlez-en. Mais je t'assure que ça vous rapprochera plus que ça vous séparera. Et vous serez heureux, tous les quatre." Il en était persuadé, le sourire victorieux de Tim s'avançant sur son visage alors qu'il vint tapoter une ultime fois l'épaule de son ami de longue date. Tout le monde irait bien et puis, Caleb n'était pas seul face à ses angoisses, Timothy pouvait être une oreille et une épaule. Il pouvait être fort pour deux, voire pour beaucoup plus encore. Surmonter des montagnes ne l'effrayait plus le moins du monde, désormais.

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