Le quart de siècle, ça se fête et plutôt deux fois qu'une ! Encore plus lorsque c'est Zoya Lewis qui est à l'origine de cette soirée. Depuis mon arrivée en ville, aucun de nous n'a raté l'anniversaire de l'autre, si bien qu'au final je n'avais presque même pas besoin d'invitation pour venir aujourd'hui, ayant déjà prévu ma soirée depuis exactement un an. Ce qui n'était pas prévu, toutefois, c'était le fait que vienne accompagné. J'ai, l'espace de quelques secondes, hésité à proposer à Alice de se joindre à moi, mais au final, pourquoi pas ? C'est assez sérieux entre nous, donc autant que je la présente à Zoya, non ? C'est donc, en toute innocence, que je débarque chez elle, main d'Alice dans la mienne et large sourire sur les lèvres lorsque j'aperçois la jeune australienne.

J'allais accepter son accolade, lorsque son expression change du tout au tout. Se stoppant brusquement dans son mouvement, elle abaisse son bras et je remarque bien que son sourire se fait plus forcé lorsqu'elle s'adresse à Alice avec une froideur que je ne lui connais pas. Ma copine, elle, n'y voit que du feu et c'est avec un sourire vraiment sincère qu'elle lui tend la main  « Tu dois être Zoya, non ? » dit-elle, enjoué  «Je suis si heureuse d'enfin te rencontrer, Martin m'a tellement parlé de toi » glousse-t-elle alors que je passe main dans son dos et que j'hoche doucement la tête  « Zoya, je te présent Alice.» la présentais-je  «ça fait 6 mois qu'on est ensemble et je me suis dis qu'un jour ou l'autre je devrais faire les présentations. Du coup ...voilà»

Sans perdre mon sourire, je pose mon regard sur ma copine et m'approche d'elle  «Tu vas nous chercher un truc à boire ma chérie, s'il te plaît ? » demandais-je. Celle-ci accepte en hochant la tête et je dépose un baiser sur sa tempe avant de la laisser partir. J'attends encore quelques instants qu'elle soit hors de porté avant de faire à nouveau face à Zoya  «ça te tuerais d'être un peu plus gentille, hm ? » mon ton est bien moins enjoué et bien plus froid.  «Alice c'est la personne la plus adorable que je connaisse, donc tu la laisse en dehors de tes problèmes, ok ? » En voilà une superbe façon de commencer une soirée, non ? A peine arrivée que déjà je gâche tout, alors que je viens tout juste d'arriver.

Oui, évidemment que j'aurais pu dire quelque chose. Évidemment que j'aurais pu prévenir Zoya que je ne viendrais pas seul. Mais j'ai proposé à Alice de m'accompagner à la dernière minute, donc autant dire que je n'avais pas eu le temps de demander l'avis de mon amie. De toute manière, aurait-elle réellement dit non ? Je ne pense pas. Et puis elle nous connaît, ma spontanéité et moi, elle sait comme je suis et que je ne réfléchis pas toujours avant de prendre des décisions. Peut-elle réellement m'en vouloir ? Il faut croire que oui. Je la connais assez pour savoir à quel point son sourire et sa politesse sont forcées et jouées, je sais qu'elle n'est pas sincère. Fort heureusement, Alice, elle, n'y voit que du feu et c'est avec joie qu'elle s'en va, promettant à Zoya de nous faire goûter le punch de l'hôte.

Une fois que ma copine est partie, je me tourne vers la jeune femme qui me fait face et c'est sur un ton sec et froid que je lui intime de se tenir à carreau. Et c'est là que Zoya explose. Après m'avoir obligé à fermer ma gueule, elle continue en me disant que j'aurais au moins pu avoir l'obligeance de la prévenir avant de me dire que je peux très bien dégager de SA fête.  «non, ça te ferait bien trop plaisir » dis-je en la toisant de haut en bas  «Tu ne peux pas me faire croire que tu m'aurais interdit d'emmené Alice si je t'avais demandé avant, non ? » je relève légèrement le menton  «C'est quoi ton problème ? T'es jalouse ou quoi ? » la commissure de mes lèvres se soulève légèrement  «Tu peux me le dire si tu me veux pour toi seule hein » mon ton est ironique et moqueur tant je ne suis pas sérieux dans mes propos. Ou peut-être le suis-je de trop ? Peu importe.

 «On passe tous les ans cette soirée là ensemble» reprenais-je  «que je sois accompagné ou non, ça ne change rien, non ? Je ne suis pas du genre à oublier mes amitié pour une fille, tu sais  » j'hoche les épaule en me reculant légèrement  «après si VRAIMENT t'as pas envie qu'Alice et moi soyons dans tes pattes, tu peux le dire et on... » je me tais lorsque j'aperçois ma copine revenir vers nous  «Hum, Zoya ? Les toilettes, elles sont où ? » qu'elle demande à l'hôte de la soirée en me fourant les deux gobelets dans les mains  « au fond à droite, c'est écrit dessus» répondais-je à la place de mon amie. Avec un sourire la jeune femme tourne les talons et s'en va à l'endroit que j'ai indiqué. Dans un soupire, je tend un de gobelet à Zoya  «Allez, on trinque à une bonne soirée quand même, ok ? » et mon regard se plonge dans celui de la jolie brune, me rappelant par la même occasion toutes les nuits que nous avons partagées, elle et moi. Et combien ces moments torrides emplies d'une certaine douceur me manque quand même cruellement. Alice est bien loin d'égaler Zoya, cela va de soit.

Qu'est-ce qu'elle est chiante Zoya. Une vraie teigne quand elle s'y met ! Sa réaction, son soupire et ses bras croisés me prouvent par eux même que la raison de son caractère de cochon soit plus sérieuse. Son ton est ironique lorsque ses yeux se lèvent au ciel, son soupire est moqueur lorsqu'elle me dit qu'elle n'aurait jamais osé me priver de celle que j'ai appelé ma chérie avant et son regard brille d'une lueur indéfinissable. Rage ? Tristesse ? Jalousie ? Je reste quelque peu perplexe face à elle, encore plus lorsqu'elle me dit que je vais devoir me sortir tout seul du pétrin dans lequel je me suis fourré dès fois qu'Alice ne serait pas à la hauteur. En disant cela, elle se désigne elle-même et j'avoue n'avoir qu'une seule envie : réduire la distance qui nous sépare, Zoya et moi, pour aller l'embrasser avec fougue et finir la soirée comme nous le faisons d'habitude, dans son lit.

Mais, frustrée comme elle est, Zoya n'accepte pas de trinquer avec moi et c'est, après m'avoir dit de ne pas me mêler à elle, qu'elle s'éloigne, me laissant seul, sur place avec deux verres. Dans un soupire, je secoue la tête puis souris doucement à Alice lorsque celle-ci revient vers moi et nous nous trouvons une place sur un canapé où je suis bien décidé à me mêler aux conversations des autres. C'est ainsi que passent quelques heures pendant lesquelles nous parlons et rigolons comme si nous passions la meilleures des soirées. Sauf que...non. Clairement, mon esprit est bien trop occupé par Zoya, je détestant vraiment ces moment où nous nous prenons la tête. En vrai, je regrette de plus en plus d'avoir emmené Alice, car au final, la photographe a raison : j'aurais au moins du la prévenir. Dans un soupire, je décide de me lever, indique à ma copine de rester ici, et me dirige vers l'autre bout du Loft où, sur une table, sont exposés les petits fours et autres mignardises.

Observant les plats, je suis surpris par la voix de Zoya qui m'interpelle, me demandant, avec ironie, si je ne me suis pas encore étouffé par les petits fours. Ignorant mon cœur qui s'emballe, je secoue la tête et lance un regard vers la jeune femme  «Je cherche les truc vegan. En général c'est assez sec pour s'étouffer pour facilement» répondais-je avec la même ironie [color=darkgreen] «Mais comme y en a pas... »les épaules et me tourne vers la jeune femme [color=darkgreen] «... Je vais rester vivant un peu plus longtemps encore» prenant une gorgé de ma boisson, mon regard est toujours rivé sur Zoya, avant que je ne soupire  « J'aime pas quand on se prend la tête comme ça» dis-je finalement en abaissant mon gobelet, le posant à mes côtés sur la table  «On a toujours été là l'un pour l'autre. Depuis qu'on s'est rencontré en Inde, ça a toujours été toi et moi contre les autres...je suis désolé, j'aurais du te prévenir que j'emmenais Alice » Alice qui rigole fortement avec les autres hommes, Alice qui use de son charme devant moi, Alice qui semble dragué depuis tout à l'heure alors qu'elle se trouve à mes côtés. A la voir, là, dans le salon à taper la cuisse d'un inconnu après qu'il ait raconté la pire des blagues du monde, je me dis que j'ai vraiment fait la pire erreur de ma vie en l'emmenant avec moi.

Est-ce réellement de l'amour que je ressens pour Alice ? Elle est cool, elle est gentille et je l'aime vraiment beaucoup. Mais là, face à Zoya, je doute vraiment de la sincérité de mes sentiments envers ma copine. Car rien ni personne ne m'a fait ressentir ce que l'hôte de la soirée est parvenue à me faire ressentir par le passé, et ce à plus d'une reprise. Alors, lorsque cette-dernière se trouve face à moi, je ne peux faire autrement que d'être des plus sincère possible et, sachant pertinemment qu'elle ne fera jamais le premier pas, je décide de le faire moi-même. C'est un réel soulagement qui me prend lorsqu'elle fini par s'excuser à son tour en me disant être désolée de s'être comporter comme une idiote. Répondant à son sourire je hausse les épaules comme pour dire que ce n'est pas grave car j'ai un peu l'habitude quand même, avant de la rejoindre pour m'installer à ses côtés lorsqu'elle s'assoit sur les escaliers.

Et là, le choc de la révélation. Elle est en couple. Lorsqu'elle m'annonce ça, je sens quelque chose se briser en moi tandis que mon cœur, lui, se sert. Hochant doucement la tête, je continue de l'écouter, apprenant que ça fait déjà quelques mois mais qu'il n'est pas venu aujourd'hui malgré sa promesse et avoue, en même temps qu'elle était jalouse d'Alice. Ou plutôt que je sois accompagné de mon amoureuse et pas elle.  «Je suis désolé Zoya, sincèrement » je pose mon regard sur la jeune femme  «J'aurais dû te prévenir que je viendrais accompagné, tu aurais au moins pu te préparer psychologiquement » je lui adresse un sourire sincèrement puis lance un coup d’œil vers Alice qui semble sincèrement s'amuser assise là, sur les genoux de Jeffrey. Pinçant les lèvres, le sentiment de trahison, qui est apparu en moi lors de l’aveu de mon amie, grandit un peu plus.  «J'espère que ton copain à une bonne raison de ne pas être venu, sinon je le retrouve et je lui casse les dents parce qu'on fait pas souffrir Zoya Lewis »

Je lui enfonce gentiment mon coude dans les côtes pour essayer de la dérider un peu alors de reporter mon attention sur le buffet et de prendre une gorgé de ma boisson  «Alors comme ça on est jalouse, hm ? Je le savais» le ton est ironique et beaucoup plus léger alors que j'observe la jeune homme du coin de l'oeil, sourire malicieux enjouant mes lèvres  «Mais plus sérieusement... » je lance un coup d’œil vers le salon  « Est-ce que ça te dérange si je pique une crise face à Alice, là, maintenant ? » ce ne sera qu'une excuse de plus pour essayer de retrouver les bras de Zoya. Peut-être pas aujourd'hui, mais demain ? Ou après demain ? Ou même dans une semaine. Je saurais être patient pour elle.

Je pince les lèvres en un sourire contrit lorsque Zoya me dit que ça n'aurait rien changé si je l'avais prévenu avant que je viendrais avec Alice. Elle me ferait presque un peu pitié à soupirer comme ça en disant qu'elle espère encore maintenant qu'Elijah ne débarque chez elle.  Avec ironie, je lui dis espérer que cet homme ait une bonne raison pour ne pas être venu car je lui casserais bien les dents, mais Zoya ne semble pas comprendre ma blague, s'offusquant qu'elle sait encore se défendre.  «Je sais Zoya » dis-je doucement  «C'était une boutade, je suis contre la violence » dit celui qui flirt régulièrement avec le danger et qui sait pas se montrer pacifiste lors d'une manifestation ou d'une action pour le bien être animal.

Au final, le sujet retombe à nouveau vers ma copine qui semble un peu trop proche d'un pote à Zoya et je fini par demander à cette dernière si j'ai le droit de faire une scène ici, là, maintenant. L'hôte de la soirée m'intime de rester soft avant qu'elle ne se lève et me demande si je lui fais confiance.  «euh...non, pas vr-... » ais-je tout juste le temps de dire que déjà mon amie s'est levée et se dirige vers le canapé. Je ne comprends pas ce qui se dit, je vois juste la jolie brune s'adresser à Alice qui, après quelques instants, fini par se lever pour se diriger vers moi.

 « On y va ?» qu'elle me demande en s'approchant de moi. J'arque un sourcil, lance un coup d’œil vers Zoya qui est déjà sur la piste de danse puis reporte mon attention sur ma copine  «Pourquoi … ? » demandais-je, intrigué  «Ta copine là, elle est conne » j'hausse les sourcils surpris par la brusque violence des propos de la blonde et secoue la tête  «Qu'est-ce qui s'est passé ? »  « Elle m'a viré en me traitant de salope» s'offusque-t-elle ce à quoi je répond par un haussement d'épaules et un  «Elle a raison » gardant mon regard fixé sur Alice  «Pardon ? » elle me regarde, choquée  «Ben t'es venue avec moi et tu fais des avances à Jeffrey, donc c'est normal qu'elle te traite de salope »  «Mais pour qui tu te prends ?! » s'exclame-t-elle en se reculant d'un pas lorsque je me lève  « Pour ton copain qui aimerait bien comprendre pourquoi tu vas drguer quelqu'un d'autre dès que j'ai le dos tourner» elle ouvre la bouche comme pour dire quelque chose mais pour toute réponse elle m'envoie le contenu de son gobelet dans la figure  « Va te faire foutre Martin !» aboie-t-elle encore alors qu'elle se détourne, passant devant les autres qui se sont arrêté de danser et qui la suive du regard.

Secouant la tête, je me passe une main sur le visage pour essuyer au maximum ce que je suppose être du whisky coca qui dégouline de mes cheveux sur mes habits. Je m'approche ensuite de la table et attrape une serviette au moment même où je me rends compte du silence qui s'est brusquement posé sur le loft  «C'est bon, continuez de danser » lançais-je en me dirigeant vers le couloir. En passant à côté de Zoya je lui adresse un rapide clin d'oeil complice avant de refermer la porte de la salle de bain derrière moi. Dans un soupire, je retire ma chemise et mon t-shirt que je passe sous l'eau afin de ne surtout pas risquer que la boisson ne les tâches et les gâches.

Je ne pensais sincèrement pas que cette soirée se finirait comme cela. En arrivant quelques heures plus tôt au bras d'Alice, je pensais que nous quitterions aussi ensemble. Sauf que c'était sans compter sur la jeune femme qui fait un peu trop son charme et qui apparaît extrêmement susceptible. Au final, ça m'arrange un petit peu, car au moins je n'aurais pas à briser de cœur et autant qu'on se sépare, elle et moi, avant qu'on ne s'attache trop l'un à l'autre. Dans l'action je me retrouve asperger par un mélange de whisky et coca qui appartenait à Alice avant qu'elle ne décide de jouer la drama queen est quitter la fête. Je l'observe quelques instants encore avant d'aller me cacher dans la salle de bain où je retire mon t-shirt et ma chemise pour essayer de sauver au maximum mes habits avant que le liquide ne se mette à trop coller.

Il ne faut même pas cinq minutes de plus avant que la porte ne s'ouvre à nouveau et que Zoya fasse son apparition. Après m'avoir filé un petit savon avec lequel le nettoyage se fera plus facilement, elle s'installe sur le rebord de la baignoire et me demande ce qui s'est passé, se demandant à haute voix comment la situation a bien pu se retourner contre moi et s'interrogeant sur ce que j'ai bien pu lui dire  «ce que TU lui as dit plutôt » la corrigeais-je en me tournant vers mon amie, pointant le savon dégoulinant sur elle  «D'après elle, tu l'aurais traité de sale pute. » haussais-je les épaules, sourire amusé et moqueur sur les lèvres, en me retournant pour frotter à nouveau mon t-shirt  « Je lui ai dit que c'est l'image qu'elle reflète en flirtant avec Jeff alors qu'elle est couple.» j'hausse les épaules et allume l'eau pour rincer le vêtement  «ça ne lui a pas plut et du coup elle a prit la mouche, m'a dit de me faire foutre et m'a balancer son whisky coca à la gueule » j'éteins à nouveau l'eau et essors fermement le t-shirt avant de le poser sur le radiateur  « C'est pas une grande perte je crois» haussais-je les épaules alors que j'attrape ma chemise avant de me tourner vers Zoya  «Enfin bon...»

Déposant le vêtement sur le lavabo, je fini par m'avancer vers la jeune femme et me placer devant elle. Je l'observe avec un sourire alors que ma main gauche vient caresser son épaule et remonter le long de sa nuque avant de se poser sur sa joue. Alors que mon regard se plonge dans le sien, je brûle d'envie de l'embrasser et de réellement finir la soirée comme nous la finissons chaque année, mais ma conscience se rappelle à moi et je ne peux décemment pas être la personne avec qui elle tromperait son copain. Alors, avec un sourire d'excuse, je laisse échapper un petit soupire et retourne au niveau du lavabo pour nettoyer ma chemise  «T'as des nouvelles d'Elijah ?  » demandais-je en grimaçant, tant ce nom semble écorcher mes cordes vocales lorsque je le prononce. Je ne le connais pas et pourtant je le déteste déjà sans apparentes raisons.