Une semaine s’est écoulée depuis la dernière malédiction, celle qui s’est abattue sur Brisbane, celle durant laquelle des crapauds ont envahi la ville. Celle qui a été vaincue par la Lewis – d’accord et Ambrose aussi - dont leur témoignage n’a convaincu qu’une infime majorité. Elle n’a pas obtenu la reconnaissance qu’elle aurait aimé, surtout quand le but d’alerter le plus grand nombre était de mettre tout le monde au courant de ce risque qui courait toujours sur la ville. Parce que même si depuis sept jours, il ne s’est rien passé, la menace plane et Zoya s’étant pas mal documentée là-dessus – même si elle n’a plus droit d’entrer à la bibliothèque – elle est la mieux placée pour reconnaitre les signes annonciateurs de la prochaine plaie égyptienne qui s’abattra sur Brisbane.

Cette fois, c’est le comportement de certaines personnes qui commencent à inquiéter, bien que la police, appréhendant ces mêmes individus, se veulent rassurant en disant qu’ils ne sont là que sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant. Ce qui convainc peut-être l’immense majorité ne convainc nullement une Zoya qui entraîne, une fois de plus, Ambrose, l’air de rien avec elle « J’ai plus accès à la bibliothèque et tu le sais. Toi elle t’aime bien en plus. T’a qu’à lui faire les yeux doux et elle acceptera tout ce que tu lui demanderas ». Elle veut le dernier exemplaire traitant des différentes plaies et elle est persuadée que, lorsqu’elle a feuilleté ce même bouquin quelques semaines plus tôt, il y avait quelque chose à l’intérieur qui parlait de personnes pouvant être possédées par l’esprit des momies. « Rappelle-toi la satisfaction que ça t’a donné l’autre fois avec cette boite à musique » Elle agrippe son bras, fait un regard de merlan frit pour le convaincre d’aller demander cet ouvrage « Je t’attends, là et… depêche-toi s’il te plait ». Parce que l’impatience la gagne – pour preuve elle en a pas dormi de la nuit – et affichant un sourire, elle se met sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur la joue de Rose avant de le pousser à l’intérieur du bâtiment… duquel elle est bannie.  

@Ambrose Constantine  

« J’ai plus accès à la bibliothèque et tu le sais. Toi elle t’aime bien en plus. T’as qu’à lui faire les yeux doux et elle acceptera tout ce que tu lui demanderas. » Il fronce le bout du nez, peu convaincu par l’explication de Zoya et pourtant déjà certain qu’il finira par céder, comme il le fait toujours dès qu’il s’agit de la brune. Elle finit toujours par avoir ce qu’elle désire, peu importe le niveau d’obstination qui est déjà le sien à la base: sur ce terrain là, Zoya gagne toujours la palme. « Tu veux quoi encore comme bouquin ? » Il croise les bras pour marquer son désaccord avec l’idée initiale mais le fait même qu’il lui demande des précisions prouve qu’il a déjà abandonné l’idée de lutter contre. « Si c’est encore un truc sur les guérisseurs ou je sais pas quoi, je te jure que… » Il ne jure rien du tout et sa phrase reste en suspens, mais il n’en pense pas moins.

« Rappelle-toi la satisfaction que ça t’a donné l’autre fois avec cette boite à musique »
« Tu sais ce qui pourrait être vraiment une source de satisfaction ? Pas de putains de crapauds qui tombent du ciel et autres merdes du genre. »

Pour pouvoir aller à la bibliothèque sans qu’il soit question de sauver le monde de Dieu sait quels maux, notamment. Juste ça, seulement ça. Il n’en demande pas des masses pourtant, non ? Simplement une pause et un peu de répit pour qu’ils vivent une vie normale, calme et sans tracas. Rien de bien sorcier, bon sang. « Je t’attends, là et… depêche-toi s’il te plait. » Et il y a un “s’il te plaît”, alors sans doute que cela marque une amélioration, non ? Il y a un s’il te plaît mais il y a surtout le début d’une nouvelle aventure qui se profile, et ça Ambrose anticipe déjà que ça ne lui plaira pas. « Très bien. J’y vais. T’insulte personne et tu te fais pas de problèmes en attendant, ok ? » Du bout de son index, il la menace avec tout le sérieux du monde: un seul problème à la fois.

« Tu veux quoi encore comme bouquin ? » Il est mécontent Ambrose, Zoya le voit très bien dans son attitude mais elle retient surtout qu’il ne lui refuse pas et à ça, un sourire satisfait apparait sur ses lèvres. « Si c’est encore un truc sur les guérisseurs ou je sais pas quoi, je te jure que… » Il ne termine pas sa phrase et Zoya arque un sourcil, non sans un air amusé « Que quoiiiiii ? » qu’elle l’interroge en insistant sur son dernier mot, consciente qu’il ne lui fera rien quelle que soit sa demande « J’aimerai le dernier tome sur les plaies égyptiennes ». Elle a retrouvé son sérieux et un tantinet d’hésitation aussi parce qu’elle sait que le jeune homme ne va pas apprécier qu’elle revienne sur ce sujet. Encore.

« Tu sais ce qui pourrait être vraiment une source de satisfaction ? Pas de putains de crapauds qui tombent du ciel et autres merdes du genre. » « Y’aura pas de crapauds cette fois » Non, parce qu’ils les ont vaincu la dernière fois, avec cette boite à musique qu’elle a volé à la bibliothécaire et qui explique pourquoi elle n’a plus le droit de pénétrer dans les lieux désormais. « Mais d’autres merdes… je peux pas te garantir que ce ne sera pas le cas. Y’a des gens qui se comportent bizarre et je suis persuadée que c’est encore un coup de la momie ». Et d’ailleurs, Zoya s’impatiente et aimerait qu’Ambrose se presse à entrer dans la bibliothèque pour aller voir l’autre momie – aka la vieille peau de bibliothécaire - et ramener ce livre au plus vite « Très bien. J’y vais. T’insulte personne et tu te fais pas de problèmes en attendant, ok ? » « Promis. Je t’attends là et je bouge pas ». Et elle le pousse à nouveau à l’intérieur, lui faisant signe de disparaitre de sa vue. Quant à elle, elle reste tranquillement à l’extérieur, attendant patiemment que le Constantine revienne.

Sauf qu’au bout de vingt minutes, Zoya commence sérieusement à s’impatienter. Et à s’inquiéter aussi. Si bien qu’elle s’autorise encore cinq minutes d’attente et si jamais Ambrose n’est pas revenu, elle rentrera, tant pis, quitte à prendre le risque de se faire virer par la vieille dame. Et comme au bout de celles-ci, il n’y a toujours pas de Rose de retour, c’est ce qu’elle fait, pénétrant à son tour dans les lieux d’un pas prudent. Ceux-ci sont étonnamment calmes et surtout, pas d’Ambrose à l’horizon… L’atmosphère semble étrange et un frisson parcourt le corps de la jeune femme « Ambrose ? Il y a quelqu’un ? ». L’écho est tout aussi inquiétant.


@Ambrose Constantine  

« J’aimerai le dernier tome sur les plaies égyptiennes »
« Tu vas pas recommencer avec ça quand même ? »

Bien sûr que si elle va recommencer, malheureusement. « Y’a des gens qui se comportent bizarre et je suis persuadée que c’est encore un coup de la momie » Il râle, il souffle, il lève les yeux au ciel. Il n’a pas assez récupéré de la dernière fois pour se permettre de replonger tête baissée dans toutes ces histoires folles. Néanmoins, et parce qu’elle avait raison une première fois, il concède à aller lui chercher le livre qu’elle désire. Si cela peut lui faire plaisir, après tout.

* * *

« Ambrose ? Il y a quelqu’un ? » L’echo des questions de la brune le sort de sa contemplation alors qu’il avait commencé à lire une première ligne du livre, puis une autre, puis une troisième. Jusqu’à ne plus être capable de s’arrêter, désormais blanc comme un linge face à toutes ces révélations. Face à tout ce qui les attend.  « Je suis là. » Il annonce faiblement, quelques rangées non loin d’elle. Maintenant, il se moque bien qu’elle soit entrée dans la bibliothèque malgré l’avis de la vieille dame s’occupant des livres de son âge.

Lorsque sa silhouette se dessine face à lui, il relève le regard, le livre toujours ouvert à la page qu’il a commencé à lire au hasard. « Je… Zoya ? » Il déglutit. « Ca va vraiment arriver, tout ça ? Je veux dire.. Dix plaies d’Egypte ? » Une n’était-elle donc pas suffisante ? Parce que Ambrose le jure, il a appris la leçon après s’être pris quelques crapauds au visage: peu importe ce qu’il faut faire pour contenter Mère Nature, la Momie, et Dieu sait qui encore, il est prêt à le faire. Tout pour éviter tous ces malheurs qui les attendent et qui, malheureusement, ont déjà commencé à se produire partout dans le monde.

« Tu vas pas recommencer avec ça quand même ? » Le sourire qu’elle lui offre en guise de réponses veut tout dire. Si, elle va recommencer, Zoya, parce que la malédiction recommence justement et que tout cela n’est pas fini. La pluie de crapauds de l’autre jour n’était que le début. Le pire est à venir.

***

Elle s’inquiète la brune de ne pas le voir revenir. Elle se demande même ce qui lui prend tout ce temps et c’est donc résigner – vraiment ? – qu’elle pénètre dans la bibliothèque. Zoya espère qu’il n’est rien arrivé à Ambrose et c’est donc pour cette raison qu’elle rentre à pas prudents dans les lieux. Une fois à l’intérieur, elle hèle son prénom et attend un  « Je suis là. » vers lequel elle se dirige, soulagé de le trouver le nez plongé dans le bouquin qu’elle lui a demandé de lui ramener.

« Je me demandais ce que tu fabriquais, je me suis imaginé le pire, je pensais… ça va ? » qu’elle s’interrompt en voyant son teint livide et son regard inquiet « Je… Zoya ? » Elle secoue légèrement sa tête, essayant de comprendre ce qui le met dans un tel état « Ca va vraiment arriver, tout ça ? Je veux dire.. Dix plaies d’Egypte ? » Son regard ancré longuement dans celui d’Ambrose, Zoya porte sa main sur le livre qu’il tient et laisse ses pupilles venir en lire le contenu. Il y ait décrit là tout ce qui les attend et elle ne peut que tristement acquiescer « Oui, Ambrose. C’est le risque » qu’elle dit alors qu’elle relève son regard pour à nouveau capter le sien « C’est le risque si les autorités continuent de nier l’évidence et que personne ne cherche à stopper cette malédiction. C’est pour ça que je suis incapable de rester les bras croisés » Et au vu de la réaction du Constantine, elle espère qu’il prend conscience de l’ampleur des dégâts et sera enfin de son côté. Et alors qu’ils sont tous les deux en train de discuter, la vieille dame finit par faire son apparition « Un peu moins fort, vous deu… VOUS ! » qu’elle fait en désignant Zoya de son doigt fripé « JE VOUS AI INTERDIT DE REVENIR ICI » « Je… je… je suis désolée mais je m’inquiétais parce que mon ami… Madame… est-ce que… est-ce que ça va ? » Tout d’un coup, la vieille dame commence à agir bizarrement devant eux, se tordant dans tous les sens comme si elle était soudainement possédé par quelque chose « Rose, cours… » qu’elle fait alors que la vieille dame s’apprête à se jeter sur eux.

Il peine à accepter la réalité des faits. Il ne voulait pas croire en ces bêtises de plaies d’Egypte, lesquelles auraient dû être réservées au monde du farfelu et de l’imaginaire, et pourtant il doit se résoudre du contraire maintenant qu’il en lit davantage à ce sujet. Parfois, il se dit que la vie ne vaut pas nécessairement la peine d’être vécue. « C’est le risque si les autorités continuent de nier l’évidence et que personne ne cherche à stopper cette malédiction. C’est pour ça que je suis incapable de rester les bras croisés. » Les yeux perdus dans le vide, il hoche tristement la tête, déjà bien conscient que l’avis des autorités sur le sujet ne risque pas de changer, et ce peu importe ce qu’elle pourrait leur donner à lire. Cela semblera toujours farfelu pour eux.

« Un peu moins fort, vous deu… VOUS ! JE VOUS AI INTERDIT DE REVENIR ICI » La gérante de la bibliothèque fait interruption entre eux et les somme de s’en aller, reconnaissant par la même occasion Zoya et ses nombreuses incartades. « On s’en va, on s’en va. » Il tente de tempérer avant même que Zoya puisse répondre, parce qu’il imagine déjà qu’elle sera bien plus en colère qu’autre chose. Au lieu de ça, pourtant, la brune se confond en excuses et Ambrose en est le premier etonné. « Rose, cours… » - « N… Non, on doit l’aider. » Elle semble se tordre de douleur et il veut donc l’aider, même s’il n’arrive pas à en connaître la cause ou la raison à cela. Elle souffre et il n’y a aucune raison pour qu’ils restent sans agir et, pire encore, qu’ils fuient. Son bras se défait de la main que Zoya avait posé dessus et il parcours le chemin en sens inverse pour s’approcher de la vieille dame et à son tour poser une main rassurante contre son dos. « Madame ? Ca va ? Vous voulez qu’on appelle quelqu’un ? Ou les secours ? » Il parle tout bas, les sourcils froncés face à une scène qui dépasse tout entendement et semble au contraire tout droit sortie de Rec, ce qui le pousse finalement à faire un pas en arrière par instinct de préservation. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Est la question qu’il adresse finalement à Zoya, qui semble avoir de nombreuses réponses.

Elle a bravé l’interdit Zoya en pénétrant dans cette bibliothèque à laquelle elle n’a plus le droit désormais d’accéder. Mais en ne voyant pas Ambrose revenir, la jeune femme n’a eu d’autres choix que de rentrer dans les lieux pour s’assurer que son ami va bien et que rien ne lui est arrivé. Il faut dire que l’ambiance qui règne actuellement sur la ville est pesante et qu’elle s’imagine tout de suite le pire des scénarios. Heureusement, Rose a simplement le nez plongé dans ce bouquin qu’elle lui a demandé de récupérer, subjugué par ce qu’il peut y lire. Il semble réaliser peu à peu que, ce qu’elle raconte, n’est pas complètement stupide et alors qu’elle tente de le rassurer, la vieille dame débarque, reconnaissant Zoya qu’elle somme de partir «  On s’en va, on s’en va. » Elle reconnait les torts qui sont les siens, comprend que la vieille dame ne souhaite plus la voir ici – même si elle reviendra bientôt pour obtenir son pardon par tous les moyens – et s’excuse donc auprès d’elle. Jusqu’à que celle-ci adopte soudainement un comportement suspect et il n’en faut pas plus à la brune pour comprendre ce qui se passe. « N… Non, on doit l’aider. » « Rose, non ! » Sauf que lui ne le comprend pas et dans toute cette bonté qui est la sienne, il finit par rejoindre la vieille dame, mettant Zoya dans tous ses états « Madame ? Ca va ? Vous voulez qu’on appelle quelqu’un ? Ou les secours ? » « On ne peut rien faire pour elle, Ambrose, je t’en supplie » Elle a fait quelques pas vers lui pour l’inciter à la suivre mais il semble comprendre de lui-même que quelque chose ne va pas. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » « Elle est possédée, voilà ce qui se passe » et ni une ni deux, elle le tire par ses vêtements pour qu’ils se mettent à courir, détalant entre les allées de livres pour semer la vieille dame qui semble avoir retrouvé toutes ses forces d’antan « Il faut qu’on sorte de là et vite. On ne fera pas le poids face à elle  ». Même s’ils sont deux, sachant que l’autre solution qui s’offre à eux et… de la tuer, ce à quoi Zoya ne tient pas vraiment.

« Rose, non ! » Malgré l’ordre de Zoya, il s’avance tout de même près de la vieille dame dans le but de lui venir en aide, même s’il ne sait pas de quel mal elle soufre ni même la façon par laquelle il pourrait possiblement l’aider. Ce n’est pas vraiment sa priorité que de connaître la réponse, et il se dit qu’elle se présentera à lui le moment venu - certainement ? « On ne peut rien faire pour elle, Ambrose, je t’en supplie » - « Mais pourquoi tu dis ça ? » Définitivement, il ne comprend pas l’attitude de Zoya et ne veut pas croire qu’elle décide simplement de ne pas venir en aide à la vieille dame face à eux. Elle n’est pas égoïste, pas comme ça.

« Elle est possédée, voilà ce qui se passe »

Comme dans les films, il tourne lentement la tête pour observer Zoya avec une certaine peur dans le regard. Comment ça, possédée ? Elle ne lui laisse pas davantage le temps de réfléchir et prend les devants de toute les décisions en l’attrapant par le col pour le tirer à sa suite et les éloigner le plus possible de cette vieille dame possédée. « Il faut qu’on sorte de là et vite. On ne fera pas le poids face à elle » Il ne sait pas qui croire, entre son amie et la raison. Il a déjà vu plusieurs choses qui sortent de la normalité mais de là à croire qu’une idée telle que la possession puisse exister ? Il ne sait pas, il ne sait plus. Ambrose est perdu et tout ce qu’il sait désormais faire se résume à courir aussi vite que ses jambes le lui permettent pour arriver à suivre la cadence imposée par une Zoya apparemment terrifiée. Il l’est lui aussi, indubitablement. « A droite, y'a une cachette. » Il ne sait pas pourquoi ils fuient, mais il le fait.