3 ans et 7 mois qu'il était décédé. Cette journée-là, tu t'étais réveillé avec le moral dans les talons. Jackson te manquait à tous les jours qui passaient. Tu réussissais normalement à ne pas y penser, mais tu avais parfois des rechutes. Il n'y avait souvent pas d'élément déclencheur. Parfois, il ne suffisait qu'une odeur qui te rappelait un moment passé avec lui. Cette nuit par contre, tu avais rêvé à lui. Ça avait l'air si réel. Tu avais environ 10 ans en moins. Vous étiez partit en camping et vous étiez autour d'un feu de camp en train de boire un verre et de rire ensemble. Ton rêve n'était pas extravagant, mais vous passiez du bon temps ensemble comme lorsqu'il était vivant. Lorsque tu te leva, tu te fis la promesse de sortir de l'appartement dans la journée parce que sinon, tu savais que tu allais t'auto-saboter. Ça avait beau être le week-end, mais Rhett t'avait averti qu'il ne serait pas présent. Tu te fis alors couler un café bien noir et te dirigeas vers le balcon avant de l'appartement pour y fumer ta cigarette. Après vingt minutes à ruminer ta peine et ta colère de ne plus avoir ton demi-frère près de toi, tu te décidas à entrer à l'intérieur pour changer de vêtement. Avant d'enfiler tes jeans et ton t-shirt, tu prit le temps de t'observer dans le miroir. Depuis un temps, tu avais reserrer la quantité d'aliment que tu ingérais. Tu voyais que tes clavicules ressortaient un peu plus, tes joues étaient plus creuses... Mais tu ne pouvais supporter de manger plus. L'angoisse de perdre encore un de tes frères te nouait la gorge lorsque venait le temps d'un repas. Cette sensation avait été augmenté lorsque Rhett avait fait son overdose. Lorsque tu avais déménagé à Brisbane, tu avais fait des efforts pour tenter de contrôler ton anorexie, mais tu y arrivais maintenant difficilement. Ce n'était pas que tu ne voulais pas t'en sortir, mais tu n'y arrivais pas. Chaque fois que tu voyais que tu prenais du poids tu devais te restreindre pour en reperdre encore plus. Ce matin-là, tu savais que tu n'ingèrerais pas grand chose. Tu savais que c'était une de ces journées où tu ne pourrais qu'avaler de l'eau et encore. Tu enfilas donc tes vêtements, attrapas les clés du loft, ton téléphone portable et sortit à l'extérieur.

Après une heure à errer sans but dans les rues de Brisbane, tu te rendis compte que tu étais prêt de l'appartement de Nina et de Ruben. Tu décidas de leur rendre visite. Tu n'aimais pas arriver à l'improviste et tu t'en abstenait la pluspart du temps, mais tu savais que ton frère préférais que tu passe chez lui plutôt que de rester seule à déprimer dans ton coin. Tu continuas donc ton chemin jusqu'à être arrivé chez lui. Tu cognas à la porte et attendis quelques instant. La porte s'ouvrit alors sur Nina. Tu essayas de cammouffler ton air triste en mettant un sourire sur tes lèvres. "Allo Nina ! Désolé de d'arriver sans avertir. Je trainais dans le coin et je me suis dis que je viendrais voir Benny. Il est là ?" Ton frère cadet était ton pilier. Il était celui qui te permettait de reprendre plus facilement tes repères. Et il fallait dire qu'en cette journée où Jackson te manquait autant, voir ton frère serait ton meilleur réconfort. Il fallait dire que les deux chats qui vivaient dans l'appartement étaient égalemenr une source de réconfort pour toi. Tu aimais bien venir les caresser une fois de temps en temps. Et ça faisait un bail que tu n'avais pas vu Nina. La fiancée de ton frère et toi n'étais pas les plus proche, mais tu l'appréciais et tu savais que tu pouvais compter sur elle si jamais tu avais besoin. Tu étais toujours contente de la voir. Tu remonta un peu tes pantalons qui glissaient maintenant sur tea hanches en attendant la réponse de la blonde.

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lieu: son appartement, water street, spring hill.

Délicate dans ses mouvements, Nina vint lentement apposer le diamant sur le disque qu’elle avait au préalable placé sur la platine. Après un léger crissement, le silence de l’appartement se retrouva remplacé par une douce mélodie. Il était rare que la jeune femme soit chez elle à une telle heure de la journée. Ayant épuisé son quota d’heures de garde à l’hôpital, elle avait reçu l’obligation de prendre au moins une journée de repos. Bien sûr, ils ne s’organisaient jamais pour ce genre d’imprévu et bien souvent Ruben était de repos lorsque Nina travaillait et inversement. Ce n’était pas dérangeant en soi. Nina n’avait clairement pas besoin de son mec pour fonctionner convenablement au cours de sa journée. Mais elle n’aimait plus vraiment se retrouver seule entre leurs quatre murs. D’où la nécessité de combler le silence par de la musique. Heureusement, Ben possédait des goûts musicaux bien plus raffinés que les siens et revenait trop régulièrement à la maison avec un nouvel album en sa possession. Elle ne connaissait rien de l’artiste qu’elle avait choisi, mais après leur soirée au jazz club, Nina s’était vu apprécier le genre d’une tout autre façon.

Habituellement, il lui était pratiquement impossible de rester en place lors de ces jours de repos. Mais consciente des limites de son propre corps, Nina avait décidé de rester chez elle. Si un peu de lecture, autour de la médecine évidemment, avait su la garder sur le canapé plus d’une heure, elle finit néanmoins par s’agiter dans l’appartement. Depuis l’enfance, la blonde avait un besoin maladif que tout soit en ordre et il fallait avouer que Ruben n’était pas la personne la plus ordonnée qui soit. C’est ainsi que Nina remplaça l’album de jazz par quelque chose de bien plus rock pour entreprendre un léger ménage de son lieu de vie. Alors qu’elle aurait dû se reposer, Nina se mit à virevolter d’une pièce à l’autre. C’était sa manière à elle de se vider l’esprit. Demain, elle retournerait auprès de ses patients. Ce soir, Ruben lui avait promis de rentrer pour le dîner. C’est tout ce qui comptait, les efforts qu’ils entreprenaient pour leur couple. Nina avait enfin la sensation de retrouver un homme attentionné et elle était déterminée à ce que cela ne change plus jamais. Porter par le désir de passer une bonne soirée, elle s’attela en cuisine afin de produire la seule recette dont elle était fière : des cookies. Nina était piètre cuisinière, l’inconvénient d’avoir grandi entouré de domestique en tout genre, mais elle se débrouillait pas trop mal en pâtisserie et Ruben ne s’en plaignait pas.

Elle venait de terminer une première fournée lorsqu’elle crut entendre des coups porter sur la porte. Baissant le son de la musique, Nina entendit à nouveau le même son. Elle n’attendait aucune visite, mais vint ouvrir la porte avec curiosité. « Allo Nina ! » - « Ethel ! » Elle n’avait pas pour habitude de recevoir sa future belle-sœur et Nina ne put s’empêcher d’imaginer le pire en une seconde. « Désolé d'arriver sans avertir. Je traînais dans le coin et je me suis dit que je viendrais voir Benny. Il est là ? » Oh. Elle voulait simplement voir son frère. Pas d’urgence à l’horizon. « Il est de garde aujourd’hui. » Pour quelques heures encore. « Il sera pas rentré avant ce soir. » Ethel avait joué à la chance en venant frapper chez eux. Avec leur planning chaotique, il était rare de pouvoir les attraper ici. « Mais entre, viens ne reste pas dehors. » Si l’effet de surprise était passé, Nina se demandait tout de même ce qui avait amené Ethel à tenter une visite non annoncée. Elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, mais de la fratrie Hartfield, Ethel avait toujours été la plus gentille envers elle. « Est-ce que tout va bien ? » Elle avait connaissance des soucis de santé de la sœur de son fiancé. Nina s’en souciait même régulièrement, consciente que ce genre de maladie pouvait prendre un tournant pour le pire bien trop rapidement. Elle s’en souciait encore plus, lorsqu’elle prit le temps d’observer la silhouette toujours plus fine d’Ethel. Nina vit une occasion dans l'absence de Ben. Elle avait peut-être pouvoir parler avec Ethel sans que le frère protecteur n'intervienne. « Tu arrives au bon moment, je viens de sortir des cookies du four. » La tentative pouvait s’avérer mesquine, mais Nina voulait se fier aux réactions de la jeune femme.

Tu n’aimais pas faire du sport. Tu ne faisais pas partie de ces femmes qui ressentaient du plaisir à faire un jogging tous les matins et encore moins de celles qui allaient à la salle de sport tous les jours. Tu n’aimais pas la sensation de la sueur sur ton corps ainsi que de sentir tes vêtements coller sur ta peau. Par contre, tu ne détestais pas aller marcher. Et une chance puisque tes pieds étaient ton principal moyen de transport depuis que tu refusais d’utiliser ta voiture. Prendre un taxi était difficile également pour toi et les autobus coûtaient quand même assez cher. Tu marchais donc beaucoup dans Brisbane, connaissant tous les raccourcis pour te rendre aux endroits que tu fréquentais le plus régulièrement. Ça te permettait également de fumer tranquillement, sans déranger personne. Te rendre chez Ruben n’était pas si long que ça à partir du loft de Rhett, mais tu n’y allais pas souvent puisque tu savais que la maison de ton cadet était beaucoup plus l’hôpital que l’appartement qu’il avait choisi avec Nina. Et il fallait dire que sa fiancée n’était pas souvent chez eux non plus. Tu savais qu’elle travaillait aussi fort que Ruben à l’hôpital et tu les admirais pour ça. Tu savais pertinemment que tu n’étais pas capable physiquement et mentalement d’aligner autant d’heure au boulot qu’eux. Tu t’apprêtais donc déjà à reprendre ton chemin avant même d’aller cogner à leur porte. Par contre, après avoir cogné une fois, tu tendis l’oreille et eût l’impression d’entendre de la musique à l’intérieur. Tu décida donc de cogner une deuxième fois. Une expression de surprise prit quand même place sur ton visage lorsque la porte ouvrit, laissant place à Nina. « Il est de garde aujourd’hui. Il sera pas rentré avant ce soir. » C’était bien ce que tu pensais. Ça t’apprendras à venir chez lui sans l’appeler ou lui envoyer un sms. En même temps, il faisait beau aujourd’hui et tu savais que Rhett serait content que tu sois sortit. Il t’avait fait la remarque dernièrement qu’il trouvait que tu restait trop souvent enfermée dans l’appartement. Tu t’apprêtais à dire aurevoir à Nina lorsque celle-ci reprit la parole. « Mais entre, viens ne reste pas dehors. » Bien que tu n’étais pas aussi proche de Nina que d’Evelyn, tu acceptas l’invitation à entrer. Tu l’appréciais beaucoup. Tu pensais surtout que tu n’avais pas eût le temps de la connaître suffisamment pour que vous soyiez un peu plus proche l’une de l’autre. Mais en même temps, tu savais son emploi du temps chargé donc tu tentais de la déranger le moins possible. “Tu es sûre que je ne te dérange pas ? Je sais que tu as un emploi du temps aussi chargé que celui de mon frère” Tu n’étais pas du style à être fâchée si jamais Nina te demandait de quitter et de revenir une autre fois. Par contre, tu le serais si jamais elle t’invitait à entrer seulement pour être polie avec toi alors qu’elle désirait être seule. « Est-ce que tout va bien ? » Tu restas surprise qu’elle te pose cette question. Est-ce que tu donnais l’impression de ne pas bien aller ? Puis, tu réalisa que ta présence était suffisante pour qu’elle se pose la question puisque ce n’était pas dans tes habitudes d’arriver comme ça chez elle. Tu lui fis un sourire que tu voulais rassurant. “Oui oui ! Tout va bien. Je faisais que marcher dans la ville pour profiter un peu du retour progressif de la chaleur et je me suis rendue compte que j’avais emprunté le chemin pour venir ici. Je me suis dis que tant qu’à être là, je pouvais tenter ma chance et voir si Ruben était là.” Puis, ton attention fut attirée par l’odeur se dégageant de la cuisine de Nina. Une odeur de sucre. Tu entendis ton estomac gronder et tu espérais que le son ne se rende pas aux oreilles de Nina. « Tu arrives au bon moment, je viens de sortir des cookies du four. » Ton estomac se noua. Tu devais te trouvais une raison pour refuser les cookies. Et tu devais avoir l’air le plus naturel possible. Tu avais faim, ils sentaient bon et tu avais une dent sucrée, mais tu te refusais depuis déjà bien longtemps d’en ingérer. Tu savais que si tu t’en permettais un, tu allais craquer et que tu allais manger tous les cookies qu’elle avait fait sans lui demander la permission et sans même les apprécier. “Merci beaucoup, mais je me suis fait des oeufs et du bacon avant de m’en venir. J’ai encore l’estomac bien plein. Mais je ne serais pas contre un café par contre si ça ne te dérange pas.” Tu espérais que Nina ne sentirait pas le mensonge ni l’hésitation dans ta voix. Tu n’aimais pas mentir, mais tu n’avais pas le choix. Tu ne pouvais pas prendre le risque de perdre le contrôle devant elle. Devant personne d’autre d’ailleurs. Tu tentas alors un changement de conversation rapide. “Comment ça va toi ? Il me semble que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas croisée.”

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Elle n’avait pas pour habitude de se retrouver seule avec Ethel. Non pas qu’elle est un quelconque grief envers sa belle-sœur, mais les deux n’avaient jamais réellement pris le temps de s’adresser la parole sans que Ruben ne soit dans le coin. En réalité, Nina n’a jamais noué de véritable lien avec la famille de son fiancé. Trop calquée sur l’exemple déplorable de sa propre fratrie, elle n’avait pas à cœur de s’infiltrer au milieu d’une autre qui semblait avoir les mêmes problèmes de communication. Néanmoins, Ethel était venue sonner à sa porte et Nina n’avait pas l’intention de la mettre dehors. « Tu es sûre que je ne te dérange pas ? Je sais que tu as un emploi du temps aussi chargé que celui de mon frère. » Consciente de ne pas avoir toujours été très accueillante avec elle, Nina s’efforça d'offrir un léger sourire à la brunette. « Je vais pas te laisser sur le palier quand même. » Elle se demandait surtout ce qui avait bien pu pousser Ethel à tenter de venir sonner chez eux en plein milieu de la journée. Ils n’étaient jamais dans leur appartement, si ce n’était pour dormir entre deux gardes. Personne ne venait chez eux à l’improviste. Les rares, qui se sont aventuré, ont bien trop souvent fini par trouver porte close. Alors, tout cela n’avait rien d’habituel. Et Nina savait que Ben lui en voudrait s’il elle n’avait pas prêté attention à Ethel. Pour Rhett, elle aurait pu refermer la porte aussi tôt, mais pour la seule fille de la fratrie tout était différent. Et après tout, elle n’était pas contre un peu de compagnie. Nina déteste être seule.

Mais cette visite ne pouvait être anodine. Et Nina ne savait pas gérer les émotions des autres. Elle n’était pas Ruben, elle n’avait pas de bonnes relations avec sa famille, la seule exception étant Rory. Alors, elle voulait comprendre ce que sa belle-sœur pouvait bien faire dans son salon. Priant pour ne pas avoir à s’impliquer dans quoi que ce soit. « Oui oui ! Tout va bien. Je faisais que marcher dans la ville pour profiter un peu du retour progressif de la chaleur et je me suis rendu compte que j’avais emprunté le chemin pour venir ici. Je me suis dit que tant qu’à être là, je pouvais tenter ma chance et voir si Ruben était là. » Mais Ruben n’est pas là et désormais elle regrette presque d’avoir frappé à la porte ? Nina lui adressa un sourire malgré tout jetant un coup d’œil au calendrier apposé sur le frigo. « Il a un jour off dans deux jours. » Peut-être que la jeune femme pourra retenter sa chance. « Mais tu le connais, il est toujours occupé. » Surtout, ces derniers temps, mais Nina n'allait pas engager ce genre de conversation avec sa future belle-sœur.

Elle préférait encore lui proposer les cookies qu’elle venait de préparer telle une petite femme au foyer qui attendait son cher et tendre. L’image lui donna envie de vomir. Ce n’est pas ce qu’elle faisait, elle avait juste eu besoin de passer le temps. « Merci beaucoup, mais je me suis fait des oeufs et du bacon avant de m’en venir. J’ai encore l’estomac bien plein. Mais je ne serais pas contre un café par contre si ça ne te dérange pas. » Elle aurait pu se contenter de cette réponse. Simplement hocher la tête et se diriger vers la machine à café pour préparer une tasse. Nina aurait pu s’arrêter là. Mais elle connaissait assez Ethel pour voir au travers de son mensonge. « Comment ça va toi ? Il me semble que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas croisée. » Oh, elle était douée. Quelqu’un de peu aguerri aurait pu passer à côté des signes, mais Nina avait l’œil. Dès l’instant où Ethel avait passé le pas de la porte, elle avait remarqué ses joues creuses, sa silhouette toujours plus fine et les cernes sous ses yeux. « Ethel… » Elle ne savait pas faire ce genre de chose. Nina ne sait pas prendre des pincettes, elle ne sait pas prendre le temps de tourner ses phrases correctement malgré tout ce qu’on lui a appris au fil des années pour gérer ses patients. « Je peux te faire un café, mais ne me mens pas s’il te plaît… » Elle voulait essayer malgré tout, parce qu’au fond, Nina se faisait du souci pour la jeune femme. Se tournant légèrement pour ne pas imposer son regard à Ethel, elle entreprit de lui servir un café. « Depuis combien de temps ? » Elle allait mieux fut un temps, c’est que Ruben lui avait dit. Depuis quand n’avait était-elle pas pris un bon repas ?

Ta relation avec Ruben était spéciale. Tu avais toujours été plus proche de lui que de Jackson ou de Garhett. De ce que tu te souvenais, ça s’était fait naturellement. Jackson était beaucoup plus vieux que toi et ça avait parut dans votre relation. Rhett, il avait pris la décision de s’occuper de sa carrière. Il était parti de la maison rapidement et venait rarement vous voir. Tu ne lui avais jamais dit que tu t’étais senti abandonné et tu avais compris qu’il se concentrait sur sa carrière, mais ça avait creusé un petit fossé entre vous deux. Ruben lui, il était ton petit frère. Tu avais toujours veillé sur lui et lorsqu’il était devenu assez vieux, il avait commencé à veiller sur toi. Vous aviez cette relation complémentaire, quasiment comme si vous étiez jumeaux, mais vous ne l’étiez pas. Tu te serais alors attendu de t’entendre merveilleusement avec sa petite amie comme si elle était ta soeur, mais ce n’était pas vraiment le cas. Étonnamment, tu t’entendais mieux avec celle de Rhett. Pas que tu n’appréciais pas Nina, mais elle était de nature plus froide et tu ne savais pas vraiment comment gérer cette facette d’elle. Tu avais souvent l’impression de la déranger et comme elle était aussi occupée que ton frère, tu faisais attention à ne pas trop prendre de son temps. Cette journée-là, elle était seule à l’appartement et tu avais pensé à repartir, mais tu t’étais dit que c’était le temps de se rapprocher d’elle et de passer un peu de temps en sa compagnie. Ce n’était pas comme si tu avais autre chose à faire. « Il a un jour off dans deux jours. Mais tu le connais, il est toujours occupé. » Effectivement, ton frère avait toujours quelque chose à faire même s’il était en congé, ce qui était quand même rare. Par contre, tu savais que si tu lui demandais, il trouverait du temps pour toi. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle que tu n’osais pas lui écrire régulièrement parce que tu ne voulais pas l’empêcher de faire ce qui devait faire. « Merci pour l’info. Je vais lui envoyer un sms ce soir pour voir s’il n’aurait pas un petit café ou quelque chose dans le genre. » Puis, tu te rendis compte que peut-être que Nina voulait garder ce temps-là pour leur couple. Si elle avait congé elle aussi, elle ne voudrait peut-être pas que tu accapare son fiancé alors qu’elle venait clairement de te dire qu’il était toujours occupé et qu’elle ne passait probablement pas vraiment de temps avec lui. « À moins que tu voulais passer cette journée avec lui ? Je peux vous laisser ce temps à vous deux aussi. » Toi et ta peur de déranger. C’était constamment présent, pas seulement avec Nina.
Lorsqu’elle t’offrit des biscuits, tu lui sortis un mensonge. Tu n’aimais pas mentir à tes proches, mais celui-là était nécessaire. Tu ne pouvais pas, psychologiquement, mettre une pâtisserie dans ta bouche et continuer de discuter avec elle comme si tout était normal. Tu n’avais pas la force et le mensonge te paraissait beaucoup plus simple. « Ethel… » La manière dont elle prononça ton nom suffit à te figer. Tu avais l’impression que ta réponse ne lui avait pas fait plaisir. « Je peux te faire un café, mais ne me mens pas s’il te plaît… » Elle savait. Ruben lui avait dit. Comment avait-il pu te trahir à ce point ? Comment avait-il pu lui dire pour ton problème alimentaire ? Tu lui avais demandé lorsqu’il avait découvert ton secret de ne pas en parler à personne et tu découvrais maintenant qu’il avait trahi ta confiance. Tu n’avais qu’une envie : partir et ne plus jamais revenir. Tu ne pouvais pas faire face à cette déception que tu avais cru entendre dans la voix de Nina. Tu tiras sur le col de ton t-shirt ainsi que sur le tissu au niveau de ton ventre. Tu regrettais de ne pas avoir pris de sweat shirt pour cacher le plus possible ton corps. « Depuis combien de temps ? » Que pouvais-tu répondre à cette question ? Tu ne pouvais pas être honnête. Tu ne pouvais pas lui dire que tu avais replongé doucement depuis que Rhett avait été en désintoxication. Tu avais résisté lorsque Jackson était mort, à l’overdose de Rhett, même si tu avais eût des périodes plus difficile, mais tu avais finis par flancher. Mais encore là, tu ne pouvais pas l’avouer à Nina. « Pas longtemps, mais ne t’en fait pas. Je gère, je remonte déjà. » Gros mensonge, encore une fois. Tu ne gérais pas, tu t’enfonçais encore un peu plus chaque jour et tu ne savais plus comment te sortir de cette spirale. Mais tu n’avais besoin de personne. Tu ne voulais pas être le boulet de personne. Tu sortis une cigarette de ta poche que tu te mis à faire tourner entre tes doigts. Tu ne voulais pas l’allumer dans l’appartement, mais le fait d’occuper tes mains t’aidais à garder un semblant de contrôle. Tu étais en colère contre Ruben. « Et pas la peine d’embêter Ruben avec ça. » Ta voix était dure, fermée. Ton coeur battait la chamade. « Il m’avait promis. » Tu avais ajouté cette phrase en oubliant pratiquement ta belle-soeur. S’il lui avait dit, à qui d’autre pouvait-il bien en avoir parlé ?

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Les dynamiques d’une fratrie sont toujours quelque chose d’étrange. Une sorte de ballet à vous en faire tourner la tête où il est parfois complexe de comprendre les véritables affinités, les liens indestructibles et ceux plus friables, qui pourrait s’envoler en un coup d’œil. Elle ne savait jamais réellement où se placer dans la danse opérée par ses frères et sœurs depuis des années. Toujours un peu à l’écart, jamais pleinement impliquer. Ce n’était pas la même chose du côté de son fiancé. Ruben était complice avec sa grande sœur, d’une manière que Nina n’avait jamais décortiquée, mais qu’elle respectait assez pour ne jamais s’imposer. « Merci pour l’info. Je vais lui envoyer un sms ce soir pour voir s’il n’aurait pas le temps pour un petit café ou quelque chose dans le genre. » Elle lui adressa un simple sourire. Ben serait ravi, elle ne devait pas en douter Ethel. « À moins que tu voulais passer cette journée avec lui ? Je peux vous laisser ce temps à vous deux aussi. » Elle avait déjà remarqué, comment sa belle-sœur prenait toujours attention à ne pas empiéter sur les autres. Comme si elle se devait de toujours passer au second rang. « Je serais de garde. » Ils avaient un planning pourtant, il le remplissait tous les mois, mais ils ne savaient jamais s’accorder. « Tu sais bien qu’on sait pas accorder nos rythmes avec ton frère. » Pour cela qu’ils ne se rendaient que très rarement à deux aux réunions de famille. « Et je suis sûre que ça lui fera plaisir de te voir. » Ce n’était pas un mensonge, Ethel devait s’en douter tout de même.

Mais l’équilibre précaire qui s’était instauré entre les deux belles-sœurs était vouer à s’écrouler. Nina n’avait fait que proposer quelques cookies de manière innocente. Juste un moyen de vanter ses pauvres qualités de pâtissières et surtout de quoi accompagner une bonne tasse de café. Elle n’avait pas eu d’autres pensées à sa première proposition. Avant qu’Ethel ne s’invente un petit-déjeuner conséquent et composer d’éléments trop gras pour que Nina ne relève pas le mensonge qui s’infiltrait là-dessous. Elle ne voulait pas vexer Ethel. Ni la blessée. En réalité, Nina n’avait aucun agenda, si ce n’est tenter de démontrer une certaine inquiétude. Émotion qui lui arrivait rarement d’exprimer en particulier avec quelqu’un dont elle n’était pas particulièrement proche. Mais Ethel était la grande sœur de Ruben, il lui avait parlé de ses inquiétudes et Nina ne pouvait pas juste se taire. Elle pouvait lire la déception et la tristesse sur le visage de la brunette, mais aucune parole rassurantes ne semblaient vouloir voyager au-delà de la barrière de ses lèvres. « Pas longtemps, mais ne t’en fais pas. Je gère, je remonte déjà. » Un mensonge, encore. Il était si évident. Dans un dessin animé, le nez d’Ethel se serait allongé pour couvrir l’entièreté de la pièce en largeur. « Écoute, je voulais pas te… » Quoi exactement ? Lui demander de dire la vérité ? La brusquée ? Nina ne savait plus réellement par où commencer et en face d’elle Ethel était en train de s’impatienter. « Et pas la peine d’embêter Ruben avec ça. » Oh, ça, elle n’allait pas pouvoir lui promettre. « Il m’avait promis. » Et désormais, elle se sentait mal à l’aise. Elle ne savait plus vraiment ce qui lui avait pris d’oser lancer une telle conversation. « Ethel… Il n’a pas voulu te trahir. » Elle devait au moins conserver la relation intacte entre le frère et la sœur. Nina se trouvait étrangement calme, avec à coeur de garder une certaine douceur auprès d'Ethel. « Il se fait du souci pour toi et… » Et ce n’était que ce qui devait compter réellement. « On c’est toujours tout dit avec Ben. » Il n’avait pas pu garder cela pour lui, elle avait de toute façon senti que quelque chose le tracassait à l’époque.

Comme s’il avait senti que sa présence était nécessaire, l’un des chats sauta sur le comptoir pour venir coller sa fourrure contre la joue d’Ethel. Cela eut le don d’arracher un sourire timide à Nina. « On s’inquiète pour toi. » C’est comme si le petit matou rouquin était venu traduire ses pensées en se collant à sa belle-sœur. « Je crois que c’est ce qu’on sait faire de mieux quand on est médecin. » Repérer les petits bobos et autres blessures de nos proches et vouloir tout faire pour les aider à en guérir. Ethel n’avait pas qu’une simple égratignure. « Je ne te forcerais jamais à manger. » Elle en avait sa promesse la plus ultime. Les cookies pouvaient bien brûler dans le four, elle n’en avait plus rien à faire. « Mais Ethel tu as besoin d’aide. » Elle releva les yeux pour tenter de croiser son regard. « Je ne serais jamais là pour te juger. » Loin de là même. Tout ce qu’elle voulait Nina, c’était lui tendre la main.

Avec Nina, tu ne savais pas trop quelle place tu pouvais prendre sans la déranger. Tu savais qu’elle et Ruben ne passait pas beaucoup de temps ensemble, mais tu ne le voyais pas souvent non plus. Et tu avais besoin de le voir au même titre que tu avais besoin de garder un oeil sur Rhett. Par contre, tu ne voulais pas être la cause d’une querelle au sain du couple de ton frère cadet donc tu essayais de ne pas ambitionner sur le fait que ton frère ne pouvait pas te dire non lorsque tu lui demandais de le voir. C’est donc dans cette état d’esprit que tu avais demandé à Nina si elle préférait que tu les laisse tranquille lors de la journée libre de Ruben. « Je serais de garde. » Égoïstement, tu te sentis soulagé avec cette réponse. Tu allais pouvoir voir ton frère sans te sentir mal de l’enlever à sa fiancée. « Tu sais bien qu’on sait pas accorder nos rythmes avec ton frère. Et je suis sûre que ça lui fera plaisir de te voir. » Tu lui fis un petit sourire. Tu savais effectivement comment le jeune couple n’était pas capable de coordonner leurs horaires adéquatement. Tu avais cette habileté à gérer un horaire que ton cadet n’avait pas. « Tu sais qu’à la base, Hassan m’a engagé pour gérer son horaire chaotique justement. Je pourrais jeter un coup d’oeil au vôtre pour voir si je peux vous aider à mieux vous coordonner si jamais ça vous intéresse tous les deux. » Et ta proposition était purement de la bonne volonté. Tu n’avais aucune arrière-pensée de te mettre le nez dans l’intimité du couple de ton frère ou encore de garder le contrôle sur son emploi du temps. Non, tu voulais seulement les aider à se voir plus souvent et qu’ils n’aient pas toujours ce côté à penser. Pour toi ce n’était pas quelque chose de difficile à faire et tu serais contente de pouvoir te mettre à contribution pour eux.

Puis la discussion se dirigea vers ta maladie. Tu ne savais pas que Nina était au courant. En fait, tu étais convaincue que ton frère était capable de tenir sa langue et de ne pas parler à d'autres de tes secrets. Et tu venais de savoir que ce n’était pas le cas. Et ça te rendait triste. Enfin… Non, tu étais en colère de savoir qu’il l’avait dit à Nina. « Ethel… Il n’a pas voulu te trahir. » Tu relevas les yeux vers la blonde. Tu ne pouvais pas croire qu’elle croyait vraiment ce qu’elle disait. « S’il n’avait pas voulu me trahir, il ne te l’aurait pas dit. » Tu ne pourrais lui pardonner d’en avoir parlé avec elle. Peu importe ses raisons. « Il se fait du souci pour toi et… On c’est toujours tout dit avec Ben. » Tu ne voulais pas être méchante avec Nina, mais pour te protéger, tu te refermais et tu te rendais bien compte que le ton de ta voix était dur. Tu faisais tout pour ne pas prendre tes jambes à ton cou. La cigarette tournait de plus en plus vite entre tes doigts. « Ce n’est pas comme si c’était une information essentielle ! Je ne lui ai jamais demandé d’aide, je me suis toujours débrouillé seule, il n’avait pas à en parler. C’est ma vie. Pas la sienne. Et ça ne change absolument rien dans la tienne. » Et maintenant qu’elle savait, tu allais essayer de la voir le moins possible. Tu ne voulais pas être confronté à son regard analytique, à ses questions qu’elle n’oserait pas poser dans le futur, mais que tu saurais très bien lire dans ses yeux. Puis un des chats sauta sur le comptoir et vint se coller contre ton visage. Tu sentais que tu allais craquer. Les animaux avaient ce pouvoir sur toi de te faire perdre tes moyens. Tu n’en avais pas à toi, mais tu te fis à ce moment-là d’aller en chercher un lorsque tu déménagerais de chez Rhett. « On s’inquiète pour toi. Je crois que c’est ce qu’on sait faire de mieux quand on est médecin. » Tu ne relevas pas les paroles de ta belle-soeur. Tout ce que tu avais retenu, c’était qu’elle avait dit on et non pas que Ruben s’inquiétait pour toi. Tu ne savais même pas qu’elle tenait suffisamment à toi pour s’inquiéter. « Je ne te forcerais jamais à manger. Mais Ethel tu as besoin d’aide. » Sa phrase t’arracha un rictus. « Si tu cherche un moyen de m’effacer de ta vie, c’est exactement ce qu’il faut que tu fasses. De toute manière, je me demande bien comment tu réussirais à me forcer à manger si je décide du contraire. » Ton cerveau tournait à toute vitesse. Tu revoyais Ruben obliger Rhett à aller en désintoxication et la peur te prit au ventre. « Et je ne veux rien savoir de l’hôpital. Ruben ne me fera pas le même coup qu’à Rhett. Je ne veux pas entendre parler de médecin qui vont me mettre de force une sonde dans les narines, qui me pèseront tous les jours et qui vont me parler d’IMC sans savoir mon nom. J'ai beau adoré mon frère, je ne pourrai jamais lui pardonner s'il me fait ça. » Tu avais lu sur comment les gens en milieu hospitalier faisait pour faire remonter le poids de leur patiente sans s’occuper de pourquoi elles ne mangeaient pas. Tu trouvais cela barbare et tu préférais mettre les points sur les i immédiatement avec Nina. De toute manière, comme elle te l’avait si bien dit, elle et ton frère se disait tout. Elle lui ferait le message, tu en étais à peu près certaine. Tu caressais le chat en prenant de grandes respirations pour tenter de rester calme.