Tu étais dans un autobus en direction du Sirromet Wines. Tu allais y rejoindre Nina pour passer une après-midi avec elle et faire une dégustation de vin. Tu devais avouer que tu anticipais un peu comment votre moment entre belle-soeur allait se passer puisque, aussi loin que tu puisse te souvenir, vous n’aviez jamais vraiment fait de sortie ensemble. De plus, la dernière fois que tu avais passé un moment avec elle, ça avait finit en conflit, plutôt en crise de ta part. Tu n’avais pas été gentille avec elle alors qu’elle tentait de t’aider et tu en étais parfaitement consciente. C’était seulement que tu ne voulais pas d’aide. La seule personne que tu laissais faire un tant soit peu était Ruben, mais il fallait dire que votre relation n’était pas la plus simple dernièrement… Tu savais également que ton cadet lui avait sans doute raconté ta réaction à l’annonce de leur mariage. Tu étais consciente qu’elle avait dû trouver tes agissements dignes d’un enfant gâté qui n’avait pas ce qu’elle voulait. Bref… Tu ressentais un peu trop de stress pour ce qui était supposé être à la base qu’une simple sortie entre femmes. Et que Nina ait accepté ton invitation était bon signe. Tu en savais assez d’elle pour te douter qu’elle ne l’aurait pas fait si elle n’avait pas eu ne serait-ce qu’une petite envie de te voir et de passer du temps avec toi. Et tu voulais par le fait même avoir des nouvelles de Ruben. Depuis que tu l’avais vu au cimetière, il ne t’avait pas donné signe de vie. Même pas un simple petit sms. Il fallait dire que tu avais agi de la même manière également. S’il y avait bien un trait qui vous unissait les trois enfants Hartfield était le fait d’être têtu. Vous aviez de la difficulté à avouer vos torts, même si tu étais celle qui faisait le plus souvent les premiers pas. Autant avec Ruben qu’avec Rhett. Tu connaissais trop tes frères pour savoir que si tu ne le faisais pas, tu risquais de ne pas entendre parler d’eux pendant un bon moment. Tu profitas du trajet en autobus pour faire des exercices de relaxation. Tu devais avoir bonne mine, lui montrer ton plus beau sourire, essayer de lui faire croire que tu allais bien. Tu avais bien prit un ou deux kilos après Noël, mais la discussion que tu avais eût il y avait à peine quelques jours avec Rhett avait ruiné tes efforts. Il t’avait blessé, tu t’étais sentie comme une moins que rien et tu avais eu de la difficulté à avaler quelque chose, reperdant aussitôt ce poids difficilement gagné. Tu avais revêtu des vêtements amples pour tenter de cacher que tu étais trop maigre, mais tu savais parfaitement que Nina s’en rendrait compte aussitôt qu’elle poserait les yeux sur toi. Arrivée à destination, tu sortis de l’autobus et apperçu celle que tu venais rejoindre à l’entrée du vignoble. Tu fis attention de mettre ton plus beau sourire sur ton visage, prit une grande respiration pour te détendre une dernière fois et te dirigeas vers celle qui faisait désormais officiellement partie de la famille Hartfield. ”Nina ! J’espère que je ne t’ais pas trop fait attendre, l’autobus avait un peu de retard à cause de la circulation.” Pour une fois que ce n’était pas de ta faute si tu étais en retard. Tu aurais été du genre à manquer ton transport grâce à ta légendaire maladresse, mais tu avais porté une attention particulière à arriver d’avance à l’endroit d’où il partait pour t’assurer d’embarquer à bord. ”Prête pour la dégustation ?”

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WTF : Wine Time Finally

@ETHEL HARTFIELD & NINA

Elle venait de se défaire de sa blouse lorsqu’il se faufila dans son bureau. Un sourire s'étira sur ses traits quelque peu éreintés. Une fois encore, leur planning avait fait qu’il venait de s’endormir lorsqu’elle avait filé pour prendre sa garde. Mais depuis leur union, Ruben faisait attention aux détails. Ceux qui n'ont pas d’importance, mais qui font la différence. Ce n'était trois fois rien, quelques mots échangés, un baiser et la promesse de se retrouver quelques heures plus tard. « Je vais voir ta sœur ce soir. » Il le savait, elle lui avait déjà dit. Nina avait accepté l’invitation d’Ethel dans le seul but d'établir une relation avec sa belle-sœur. Elle s’interdisait de devenir le Parker des Hartfield. Elle ne voulait être ce paria que l’on s’efforçait d'inviter aux réunions de famille sans que l’envie ne soit présente. Si elle avait conscience qu’il lui sera toujours impossible de nouer une quelconque relation auprès de Rhett. Il lui restait encore l’espoir de pouvoir s’entendre avec Ethel. « Promis, ça se passera bien cette fois. » Elle n’avait aucunement l’intention de remettre sur la table la discussion autour de la santé de la jeune femme. Elle en avait conscience. Ethel était au courant que Nina savait. Il n’était pas nécessaire de creuser plus autour de cela. Ben paraissait rassurer sans avoir besoin de l’exprimer. Un dernier baiser échangé et elle lui laissait sa place à l’hôpital, filant chez eux pour passer sous la douche et se redonner un air potable.

Elle n’était pas stressée. Ce n’était pas dans sa nature. Il n’était pas nécessaire de l’être non plus. Leur dernière rencontre ne s’était pas particulièrement bien déroulée, mais Nina osait espérer que tout serait différent. Ethel allait vouloir se racheter ou quelque chose dans ce genre. Elles allaient faire bien, pour les bonnes relations de famille. Nina maîtrisait ce genre d’exercice à la perfection, pleinement éduquée par son paternel à ce sujet. Au moins, le point de rencontre se voulait neutre. Les vignobles restaient l’un de ses endroits favoris en ville. Le lieu idéal pour boire un verre, se détendre et profiter d’un semblant de nature, loin du bruit incessant des ballets de voiture et de la pollution. « Nina ! J’espère que je ne t'ai pas trop fait attendre, l’autobus avait un peu de retard à cause de la circulation. » Secouant la tête, elle adressa un sourire à sa belle-sœur. « T’en fais pas, je venais tout juste d’arriver. » Pour elle qui était toujours en retard, il s’agissait bien d’une grande première. Elle n’allait pas s'offusquer pour si peu. « Prête pour la dégustation ? » - « Tu n’as pas idée ! » Elle voulait vraiment se donner dans le moment, apprécier l’instant, en bonne compagnie. Il s’agissait d’un effort, mais d'un qu’elle voulait faire. « Après une longue journée, tu as eu une bonne idée. » Une nouvelle fois, elle lui adressa un léger sourire. Il était évident de voir que la jeune femme était stressée, comme incapable de savoir par où commencer.

Une fois installée à table, Nina sentait encore la tension émanée de sa belle-sœur. « J’ai pas l’intention de te mettre mal à l’aise. » Ce n’était pas son genre de s’attarder sur les gentillesses et les bonnes choses à faire. Mais Nina avait conscience de ce qu’ils avaient fait. Elle avait épousé Ruben dans le silence, presque dans le secret, même si tout à chacun était au courant que cela finirait par arriver. Elle s'était immiscées dans leur famille en vitesse. « On peut parler de ce que tu veux. » Et surtout, il n’était pas question de parler de ce qu'elle ne voulait pas.

La nervosité que tu éprouvais à l’idée de passer un moment seule avec Nina avait augmenté légèrement à la vue de sa belle-soeur, mais tu essayais de relativiser. Tu étais convaincue que Nina voudrait se racheter de votre dernière rencontre et c’était toi-même ton intention. Même si vous n’aviez pas l’habitude de vous côtoyer sans ton frère, tu savais que ce n’était pas une mauvaise personne. Et après la réaction que tu avais eu lorsqu'elle t’avait parlé de ton trouble alimentaire, tu étais prête à parier qu’elle ne se risquerait pas à se diriger vers ce sujet de discussion. « T’en fais pas, je venais tout juste d’arriver. » Tu lui dis un sourire et la suivi vers les tables dans la cour extérieure du vignoble. L’air était encore chaude malgré la fin de la journée et le soleil était encore présent dans le ciel. Les vignes chargeaient l’air d’un délicat parfum que tu appréciais beaucoup. Tu te sentais un peu plus calme en regardant autour de toi. Tu ne venais pas régulièrement dans cet endroit, mais tu aimais bien sortir de la ville. Ça te rappelait un peu ton enfance à la campagne et tu ne pouvais t’empêcher de te demander ce que tu faisais à habiter la ville quand tu avais tendance à te sentir coincé parmi tous ces buildings. « Après une longue journée, tu as eu une bonne idée. » Tu n’avais aucun doute que les journées de Nina à l’hôpital devaient rarement être tranquilles. Tu ne serais pas capable de tenir le rythme d’un hôpital, déjà que toutes les tâches que te donnaient Hassan avaient de quoi te garder occupé. « Moi je dis qu’on devrait prendre l’habitude de la France et faire un apéro aussi souvent que possible. » En même temps, ça permettait aux gens de se rejoindre et de passer du temps ensemble sans cassage de tête. Tu n’avais pas de doute que certains liens devaient se resserrer et tu ne serais pas contre voir tes proches plus souvent. Tu détestais être seule dans ton appartement pourrie après une journée de boulot. « J’ai pas l’intention de te mettre mal à l’aise. On peut parler de ce que tu veux. » Tu lui fis un sourire pour lui montrer que tu lui en étais reconnaissante. C’était l’impression que tu avais eu en arrivant, mais le fait de se le faire confirmer te rassurais. Puis, le serveur arriva avec les deux planches de dégustation qui contenait 4 demi-coupes de vin différentes : deux blancs et deux rouges. Tu attrapa la première coupe et la leva en l’air pour trinquer avec ta belle-soeur. « À notre première vraie activité entre belle-soeur. » Tu pris une première gorgée de ton vin, appréciant la douceur de ce dernier. Tu étais contente d’être venue en transport en commun, tu avais l’impression que l’alcool t’étourdirait rapidement et que tu ne pourrais pas prendre le volant de toute manière. « Dit, comment va Benny ? » Tu ne pouvais pas t’empêcher de demander des nouvelles de ton cadet. Vous étiez fâché, mais c’était difficile de ne pas lui parler, lui envoyer un sms pour lui souhaiter bonne journée. Tu savais que tu devrais un jour plier sur ton orgueil et le contacter pour t’excuser, mais tu n’étais pas prête à le faire toute suite. Tu n’en pouvais plus de faire comme tes frères attendaient de toi et d’oublier tes émotions et tes ressentis. Pour une fois que tu avais osé lui mentionner ton opinion à propos de la manière qu’il avait agi, que tu n’avais pas tenté de le protéger et de dire comme lui et voilà qu’il avait quitté le cimetière sans un câlin, un bisou sur la joue ni même un regard.