Tu étais en retard. Tu avais dit au producteur d’ABC que tu serais dans son bureau à quinze heures tapante pour lui remettre les documents relatifs aux prochaines émissions qu’Hassan devait faire, mais il était maintenant quatorze heures cinquante et tu étais toujours chez toi. Tu attrapas rapidement ta mallette avec lesdits documents et sortit à la vitesse de l’éclair dans les escaliers extérieurs de ton immeuble. La seconde d’après, tu étais allongée sur le trottoir, dix marches plus basses, avec aucun souvenir de ce qui venait de se passer. Il y avait beaucoup de gens autour de toi, mais tout ce que tu entendais, c’était un bourdonnement incessant et l’impression qu’un marteau-piqueur martelait l’intérieur de ton crâne. Tu fermas les yeux, essayant de reprendre le contrôle de tes pensées lorsque tu sentis également une chaleur sur ton front, à la naissance de tes cheveux. Tu touchas cet endroit avec tes doigts et lorsque tu les ramenas doucement à la hauteur de tes yeux, tu te rendis compte qu’ils étaient plein de sang. Tu avais dû te lacérer le visage dans ta chute. Tu n’avais aucun souvenir de celle-ci, mais tu étais assise par terre au pied de l’escalier, tu te doutais bien que tu ne les avais pas descendu sur tes pieds. Alors que tu contemplais ton hémoglobine qui recouvrait le bout de tes doigts, tu sentis une chaleur monter à l’intérieur de toi et tu tombas aussitôt dans les pommes. Lorsque tu ouvris les yeux, un homme était penché au-dessus de toi. Tu ne le connaissais pas, mais tu reconnus immédiatement l’uniforme des paramédics. Tu pris alors conscience que tu étais à l’intérieur de l’ambulance et que celle-ci était en marche. Bien que tu tentas d’expliquer à l’homme que tu n’avais pas besoin d’aller à l’hôpital, que tu allais bien et que tu n’avais probablement fait qu’un petit choc vagal suite à la vue de ton sang puisque tu en avais une phobie, il refusa complètement de te laisser partir. Tu n’avais pas vraiment la force d’argumenter longuement puisque tu avais encore un mal de tête atroce. De toute manière, tu aurais perdue toute crédibilité au moment où tu vomis directement sur ses pieds. Tu n’avais pas eu le temps de lui dire que tu avais la nausée, c’était arrivé d’un coup sec.
”Mademoiselle Hartfield, je vais aviser votre frère que vous êtes ici.” L’infirmière de l’urgence de St-Vincent ne te laissa pas le temps de riposter avant de tourner les talons et de disparaître de ta vue. Tout ce que tu voulais, c’était que quelqu’un te donne quelque chose pour que ton mal de crâne disparaisse. Tu étais allongée sur cette civière, avec un pansement autour de la tête, un peu de sang séché sur la joue, à attendre que quelqu’un se décide à prendre soin de toi et tu doutais bien que tu n’avais pas fière allure. La nausée était toutefois plus légère que lorsque tu t’étais réveillée dans l’ambulance. Si ça se trouvait, ce n’était qu’à cause du mal des transports que tu avais envoyé le maigre contenu de ton estomac sur les pieds de ce paramédic. Tu tiras la petite couverture pour te couvrir, tu avais froid dans la chemise d’hôpital que l’infirmière t’avait aidé à mettre, te retirant tous tes vêtements. Il fallait dire que tu étais contente de voir qu’Allen n’était pas en service cette après-midi-là. Tu aurais été gênée qu’il te voit dans cet état. Tu fermas les yeux, plissa le nez : la douleur refusait de diminuer et le bruit ambiant n’était rien pour t’aider. Pourquoi était-ce aussi long avant que quelqu’un daigne venir te voir ? Tu n’étais peut-être pas en danger de mort, mais tu avais besoin de quelque chose avant que le crâne te fende en deux. Tu espérais que Ruben arrive rapidement. Lui au moins il prendrait soin de toi, tu en étais certaine. Tu savais que le frère que l’infirmière avait mentionné était nul autre que ton cadet, qui était inscrit comme contact d’urgence à ton dossier et non Rhett. De toute manière, il en avait probablement rien à faire de savoir que tu étais à l’hôpital. Et tu n’avais pas fait mettre tes parents puisqu’ils étaient en plus ou moins une heure en voiture de Brisbane.

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@ethel hartfield

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): sal-ki (gif), luleaby (codage).

***
« Un appel pour toi Ruben. » Installé à l’un des bureaux de la salle de réveil, il ne releva pas son nez du dossier dans lequel il était en train d’annoter certaines des informations qu’il n’avait pas eu le temps d’y inscrire plus tôt dans la journée. L’opération avait été un calvaire, l’urgence de la situation n’avait pas aidé à ce que cela se voit s’améliorer avec les minutes qui s’écoulaient. « Ruben. » - « Hm ? » Il n’appréciait pas être dérangé quand il était concentré de la sorte, cela augmentait le risque qu’il oublie ce qu’il souhaitait communiquer pour ses futurs collègues à travers le dossier; ce fut pourtant avec une voix douce qu’il avait répondu à sa collègue et par un regard intrigué qu’il avait porté son attention sur elle. « On a reçu un appel pour toi. » Il fronça les sourcils, jeta un regard à son téléphone - autant celui qui lui servait de biper que son téléphone personnel. « Pourquoi j’ai pas été appelé directement ? » - « Ils savaient pas si t’étais encore au bloc ou pas. » - « C’est qui, ils ? » Déjà, il tapait frénétiquement sur le clavier de l’ordinateur pour terminer la phrase commencée, car il savait qu’il ne serait plus dans ce service d’ici à quelques minutes - il ne savait pas ce que c’était encore, mais si ce n’était pas un minimum urgent les personnes au bout du fil n’aurait pas pris la peine de le joindre à tout prix même s’il était effectivement encore au bloc. « Les gars des urg. » Déjà, il se déconnectait de l’ordinateur et attendait la sentence: dans son esprit, tous les membres de sa famille passaient en revue, et les problèmes qui pourraient leur être associés de pair avec. « Ta sœur a été admise, probablement pas grave, elle a chuté en sortant de chez elle, ils vo… » Ruben n’écoutait déjà plus la suite, attrapant sa blouse pour l’enfiler sur ses épaules et longer le couloir qui le mènerait jusqu’aux urgences.

Si le peu des explications de pourquoi Ethel se trouvait au sein de l’hôpital aujourd’hui ne l’étonnait en réalité guère, il devait avouer en revanche qu’il était presque surpris que ce soit elle qui soit admise aujourd’hui; en son fort intérieur, Ruben avait toujours une légère attente que le nom de Garrett soit prononcé lorsqu’il était question d’un des membres de sa famille aux urgences. Il savait que ce dernier était sobre et qu’il n’y avait pas vraiment de raison pour qu’il arrive au St Vincent, mais les habitudes avaient la vie dure. Le fait que ce soit sa sœur ici et non son frère n’améliora pas le stress qui était induit par cette annonce, en revanche, car si pour l’un il était facile de déterminer le problème rencontré pour Ethel c’était différent: cela pouvait être tout et n’importe quoi. Alors ce fut en trombes que Ben débarqua aux urgences, son regard déjà à l’affût de la moindre information qui pourrait lui être utile - mais il fallait croire que personne n’était disponible à portée de main pour lui faire un rapide topo. Tant pis, il ferait comme il avait l’habitude: comme s’il était chez lui, ou à défaut dans son service. Passant derrière le comptoir du bureau infirmier, il se mit à parcourir les écrans d’ordinateur pour que son regard puisse accrocher le nom de Hartfield. Box D - au moins, elle était déjà en box c’était toujours ça de pris. « Si je te demande de pas t’impliquer, tu vas pas m’écouter je parie ? » C’était le médecin de garde aux urgences ce jour là. « Si tu connais déjà la réponse, pourquoi poser la question ? » Ben était courtois, mais Ben était stressé de savoir ce qui avait pu arriver à sa sœur - et que personne ne l’informe de quoi que ce soit n’aidait en rien -, alors peut être qu’il répondit un peu plus sèchement qu’il le faisait quelques minutes plus tôt. « Elle aura sûrement besoin d’un avis neuro de toutes façons, alors… » Il grogna quelque peu, attrapa l’une des tablettes disponibles pour se diriger vers le dit-box dans lequel il entra sans attendre la moindre indication de qui que ce soit. Le regard quelque peu hagard, les yeux un brin écarquillés mais surtout le cœur cognant trop vite contre sa poitrine, il referma la porte derrière lui avant de s’approcher du brancard sans prononcer le moindre mot. Pour le moment, son attention était concentrée sur le fait que la tête de sa sœur était barrée d’un pansement et qu’il voyait clairement que du sang avait coulé sur son visage. Avec une précision littéralement chirurgicale, ses doigts étaient déjà en train de regarder les bords du pansement, d’attraper des compresses au cas où un saignement surgisse, s’affairaient ici et là comme si c’était le plus urgent - alors qu’adresser la parole à sa sœur dans un premier temps aurait pu être un bon début. Les choses n’avaient pas été laissées des plus agréables entre eux, et la fierté de Ruben faisait qu’il ne désirait pas faire le premier pas alors qu’il ne pensait pas avoir besoin de le faire - ce serait comme s’excuser dans une situation où il n’avait pas tort, et c’était hors de question pour lui. Mais l’urgence était malheureusement une vraie urgence, alors ravalant sa fierté et après quelques poignées de secondes de secondes qui lui parurent minutes, alors prit enfin la parole. « Il s’est passé quoi ? » Presque sifflé entre ses dents.

Tu étais une éternelle maladroite. Tu étais le genre de femme qui se prenait un doigt dans une porte de voiture, qui renversait son café sur son chandail blanc à tout coup, qui rentrait de plein fouet dans une fenêtre à la place de prendre la porte… Tu avais toujours un hématome quelque part sur ton corps, mais tu avais toujours réussi à te sauver de te rendre à l’hôpital. Il y a quelques mois, tu avais bien pensé que tu allais devoir y aller pour avoir des points de suture après t’être coupé l’intérieur de la main avec un couteau en essayant de couper une pomme, mais Ruben était venu à ton secours au quai sur le bord du fleuve et avais fait ton pansement sur place. Cette journée-là par contre, tu n’avais pas pu te sauver des urgences… Tu étais couchée dans ton box et tu espérais que quelqu’un daigne venir te voir rapidement. Tu n’avais pas vraiment de temps à perdre, la remise des documents à ABC était très importante et tu savais qu’Hassan serait déçu si tu ne les remettais pas avant. Tu avais les yeux fermés lorsque tu entendis la porte du box s’ouvrir. Tu les plissa et porta ta main à la tête lorsqu’elle se referma. Étais-ce vraiment nécessaire de faire autant de bruit ? Tu ouvris doucement les yeux pour voir qui était présent, espérant que c’était un médecin, et constata que c’était Ruben qui était déjà en train de regarder ta plaie. Il avait un air contrarié sur le visage. Ça faisait déjà quelques semaines que tu ne lui avais pas parlé, ayant quand même eût des nouvelles de lui lorsque tu avais été au vignoble avec Nina. Tu savais qu’il attendait que tu fasses les premiers pas et qu’il attendait probablement que tu lui fasses des excuses, mais tu n’avais pas été capable encore de le faire. Tu n’étais pas du genre à être têtue, mais pour cette fois, tu n’avais pas l’impression que tu étais la fautive dans l’histoire. Tu refermas les yeux, trouvant la lumière un peu trop forte dans le box et laissant par le fait même le champs libre à Ruben de t’examiner. « Il s’est passé quoi ? » Le ton qu’il utilisa te refroidit. Tu n’étais habituée qu’il te parle de cette manière. Normalement il était plus doux avec toi, plus chaleureux. Tu devais avouer que tu en avais plus qu’assez de tes frères qui te parlaient avec un ton sec. La dernière conversation que tu avais eu avec Rhett n’avait pas été tendre également. « Paraît que je suis tombée dans l’escalier chez moi. » Tu n’avais toujours aucun souvenir de ce qui s’était passé. Tu ne faisais que répéter ce que le paramédic t’avait mentionné pendant le trajet jusqu’à l’hôpital. Tu pris une grande inspiration avant d’ajouter : « J’ai pas fait exprès Ben… » Tu soulignais par ce commentaire que tu avais l’impression qu’il te tenait responsable d’être à l’hôpital. Tu n’avais pas demandé à être là, ni même à ce que quelqu’un l’avise de ta présence. « Il m’ont pas demandé avant de t’appeler. Je leur aurais dit de ne pas te déranger. » Tu avais toujours eu peur de déranger Ruben à son travail et ce n’était pas aujourd’hui que ça changerait. Tu savais qu’il prenait soin de gens qui étaient entre la vie et la mort et ce n’était pas ton cas. Tu ne voulais pas prendre la place de qui que ce soit qui avait plus besoin que toi. Tu fronças une fois de plus ton front, en même temps que tu ressentis une vive douleur dans ta tête comme si quelqu’un t'avait donné un coup de massue directement au cerveau. « Tu peux me filer mon portable ? J’dois appeler ABC pour leur dire que je vais être en retard à la réunion. » Tu n’avais pas encore prit conscience que tu ne pourrais probablement pas vraiment aller à la dites réunion. Tu étais le genre de femme à minimiser ce qui se passait avec toi, à passer les autres avant toi et pour l’instant. Prenant conscience que tu n’étais qu’en simple chemise d’hôpital, tu attrapais la couverture qui te recouvrait et essayais de te cacher le plus possible pour que les autres soignants ne voient pas que tes os étaient parfaitement visibles.

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Si leur dernière discussion n’avait pas été aussi houleuse, il n'aurait pas démarré celle-ci par une question prononcée de façon trop sèche, en rien adaptée à la relation qu’ils entretenaient normalement. Si leur dernière discussion n’avait pas été autant portée sur les reproches, peut-être que cela n’aurait pas été avec ce ton là que Ben aurait commencé celle là. Mais toutes ces choses là étaient arrivées et toujours d’actualité, alors il préféra se concentrer en premier lieu sur la blessure qui ornait une partie de la tête de sa soeur - parce-que pour cette partie là, il n’avait pas besoin de réellement faire le moindre effort. « Paraît que je suis tombée dans l’escalier chez moi. » Les mouvements effectués par ses doigts ralentirent, alors qu’il décalait enfin son regard pour le porter sur le visage de sa soeur. Elle avait refermé les yeux, elle ne pouvait donc pas voir Ben en cet instant qui portait ses sourcils un brin trop haut sur son visage pour que ce soit raisonnable. « Il parait ? » Ce n’était pas le genre de réponse qu’il avait envie d’entendre, parce-que si elle n’était pas sure de ce qui était arrivée, c’était surement qu’elle n’avait pas de souvenirs de ce qu’il s’était passé. Et niveau neurologique, ce n’était jamais une bonne réponse. « J’ai pas fait exprès Ben… » Il eut un petit rire amer. « Je me doute bien que tu l’as pas fait exprès. » Ce n’était même pas ça qu’il lui reprochait en cet instant - plutôt tout le reste plutôt que d’être tombée, ça il avait l’habitude avec Ethel de se retrouver confronté à ce type d’événement.

« Il m’ont pas demandé avant de t’appeler. Je leur aurais dit de ne pas te déranger. » Soupirant quelque peu, il laissa son regard revenir vers la plaie. « Je suis ton contact d’urgence et je travaille ici Ethel, ils m’auraient appelé dans tous les cas même si c’était pas d’accord. » Plutôt pour la seconde raison que pour la première, d’ailleurs; elle était peut-être un peu perturbée suite à sa chute, mais son pronostique vital ne semblait pas engagé; il n’y avait donc aucune raison qu’ils lui refusent le droit à ne pas prévenir la personne inscrite dans son dossier de soins justement. Mais à chaque fois qu’un Hartfield était admis dans quelconque service de cet hôpital, Ruben finissait indéniablement par être mis au courant. Et puis, il y avait une troisième raison qui faisait qu’il aurait fini par roder dans les couloirs à un moment donné ou par être au courant d’une certaine façon. « Tu t’es tapée la tête, t’aurais eu besoin de voir un neuro dans tous les cas. » Ils auraient évité que ce soit Ruben, mais lui aurait insisté parce-ce-qu’il sait se montrer persuasif - et surtout qu’il était insupportable et borné.

« Tu peux me filer mon portable ? J’dois appeler ABC pour leur dire que je vais être en retard à la réunion. » - « Non. »

La réponse du brun fut sans appel, et bien sur que le ton qu’il employait indiquait qu’il n’y avait pas moyen de discuter. Gardant le silence de nouveau un instant, il finit par soupirer, reposant une compresse propre sur la plaie crânienne et jetant sa paire de gants. Il attrapa le tabouret situé au coin de box, avant de se poser dessus. « Tu vas rester quelques heures ici Ethel, y’a du monde et t’as besoin de soins. » Ce n’était toujours pas une question, et donc ce n’était toujours pas négociable. « Tu présentes des signes de trauma crânien, sauf si t’arrives à me prouver le contraire en m’expliquant ce qu’il s’est passé. Tu vas passer un scan et faut recoudre la plaie au minimum dans tous les cas. Donc non, je te file pas ton portable pour que tu les préviennes que tu vas être en retard, parce-que tu risques de pas travailler de la journée voire du reste de la semaine. » D’ordinaire, il aurait fait en sorte d’envelopper un peu plus ses mots et de les servir avec plus de douceur, mais c’était déjà statué que tout ceci n’était pas de mise aujourd’hui; déjà, il avait décidé de lui adresser la parole avec des phrases plus longues que trois mots, c’était une bonne étape de franchie.

Tu ne te souvenais pas la dernière fois que ta relation avec Ruben avait été aussi tendue. Tu sentais de l'agacement dans sa voix et tu aurais préféré cent fois avoir été transporté dans un autre hôpital ou pendant sa période de repos que d’avoir à faire avec sa froideur en même temps que ton mal de tête. Il n’était pas le seul médecin dans cet hôpital et il aurait très bien pu laisser quelqu’un d’autre s’occuper de toi si c’était pour le déranger de le faire. « Il paraît ? » Tu savais très bien que ce n’était pas la réponse qu’il attendait de toi et ça se sentait dans sa voix, mais en même temps, tu n’avais pas le goût d’essayer d’embellir la réalité. « C’est ce que le mec de l’ambulance m’a dit. » Lui dire que tu n’avais pas fait exprès avait comme but d’essayer de lui faire réaliser qu’il était froid, à la limite d’être brusque avec toi. Il avait l’air exaspéré et tu n’étais pas sûre si c’était à cause de ton accident ou parce qu’il était encore en colère contre toi suite à son annonce de mariage. « Je me doute bien que tu l'as pas fait exprès. » Tu gardais les yeux fermés pendant qu’il regardait ta blessure premièrement parce que la lumière augmentait ton mal de tête et ensuite parce que tu ne voulais pas avoir à affronter son regard. Tu connaissais assez Ruben pour savoir que ses yeux devaient être aussi durs et froids que le ton de sa voix. « Je suis ton contact d’urgence et je travaille ici Ethel, ils m’auraient appelé dans tous les cas même si c’était pas d’accord. Tu t’es tapée la tête, t’aurais eu besoin de voir un neuro dans tous les cas. » C’était vraiment super de savoir que peu importe à qui tu parlais dans ta vie, il y avait personne qui prenait en considération ce que tu désires vraiment. Tu n’avais cependant pas assez d’énergie pour tenir ton bout et lui annoncer que si tu voulais avoir un autre médecin que lui, tu réussirais à l’obtenir. Dans le fond, tu lui faisais complètement confiance pour ta santé. Tu savais que peu importe ce qui se passait, il ferait tout en son pouvoir pour que tu aies les meilleurs traitements.

« Non. » Tu soupiras. Il commençait à jouer sincèrement avec tes nerfs. « Tu vas rester quelques heures ici Ethel, y’a du monde et t’as besoin de soins. » Tu ouvris les yeux et lui lança un regard noir en essayant de lui faire comprendre qu’il poussait le bouchon un peu trop loin. Tu étais assez grande pour prendre tes décisions. « Je vais alors leur dire que je ne serai pas là du tout, mais je dois les aviser quand même Ruben. » Tu ne sauvais peut-être pas de vie au travail, mais c’était important que les gens d’ABC soient au moins au courant quand tu ne pourrais pas prendre part à la réunion et qu’ils ne pénalisent pas Hassan parce que tu n’avais pas daigné être présente. Et tu ne voulais pas que ta réputation soit ternie. « Tu présentes des signes de trauma crânien, sauf si t’arrives à me prouver le contraire en m’expliquant ce qu’il s’est passé. Tu vas passer un scan et faut recoudre la plaie au minimum dans tous les cas. Donc non, je te file pas ton portable pour que tu les préviennes que tu vas être en retard, parce-que tu risques de pas travailler de la journée voire du reste de la semaine. » - « Alors toi prends mon portable et envoie un sms à Hassan, mais dans tous les cas, il faut avertir que je ne serai pas là Ruben, je ne rigole pas. Le code c'est ta date de naissance. » Tu te figeas lorsqu’il t’annonça que tu ne pourrais probablement pas travailler le restant de la semaine. Tu ne pensais qu’à tes factures qui attendaient d’être payées. Tu ne pouvais pas te permettre de manquer une semaine de salaire. Tu te concentras pour essayer de te souvenir de ce qui s’était passé exactement. Plus tu te concentrais, plus tu avais mal à la tête. Tu portas tes mains à tes tempes. « Je… Je me souviens d’être sortie de l’appartement et d’avoir barré la porte… Et l’instant d’après, j’ouvrais les yeux et j’étais allongée sur le trottoir… Je me souviens aussi d’avoir vomi sur les pieds du paramédic. Et j’ai mal à la tête. Mon crâne va finir par exploser… » Lorsque tu relevas les yeux vers ton frère, ce n’était plus de la colère qu’il pouvait lire dedans, mais bien de la peur. « Faut trouver un moyen pour que je travaille demain. Je ne peux pas manquer du boulot Benny… » Tu mettais tous tes espoirs dans ton cadet pour qu’il puisse régler ton problème. Tu ne voulais pas lui demander de l’argent, il fallait seulement que tu puisses continuer à faire ton travail même si c’était à distance.

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Si elle voulait faire en sorte que son passage aux urgences ne soit pas une catastrophe du début à la fin, relater à son frère les événements avec cette incertitude n’était pas la bonne méthode. « C’est ce que le mec de l’ambulance m’a dit. » Il pinça les lèvres, laissa un long soupire s’extirper de ses narines sans le retenir; ce n’était pas la réponse qu’il attendait à ce moment là de leur conversation, tant celle-ci n’indiquait que trop bien qu’elle n’avait pas gardé connaissance tout du long de l’incident. Et ce n’était pas quelque-chose qui lui plaisait à entendre - autant en tant que spécialiste du cerveau que frère de la personne concernée par le problème. C’était important, et surtout c’était inquiétant; alors peut-être que d’être autant froid avec elle n’était pas la solution pour le moment, mais à ses yeux cela restait justifié tant il avait sous les yeux des raisons d’agir de la sorte. Et ce n’était pas les excuses d’Ethel ou quoi que ce soit d’autre qui pourrait le détourner de ça: il en avait connu des plus compliquées, des situations, et il avait croisé le chemin de personnes plus têtues que pouvait l’être sa soeur.

Le regard noir qu’elle lui lança lorsqu’il lui annonça qu’elle ne retournerait pas au travail plus tard ne lui fit ni chaud, ni froid; il en faudrait plus pour le changer d’humeur. « Je vais alors leur dire que je ne serai pas là du tout, mais je dois les aviser quand même Ruben. » - « Tu penses vraiment que c’est la priorité là ? » De tout ce qu’il lui disait depuis tout à l’heure et de tout ce qu’elle pouvait lui raconter, elle se disait réellement que le plus important présentement était de savoir comment accommoder son temps de travail ? Elle s’était fourrée le doigt dans l’oeil jusqu’au coude si elle pensait qu’il lâcherait l’affaire si facilement. « Alors toi prends mon portable et envoie un sms à Hassan, mais dans tous les cas, il faut avertir que je ne serai pas là Ruben, je ne rigole pas. Le code c'est ta date de naissance. » Comme si c’était quelque-chose qu’il ne savait pas déjà - il garda l’information sur Hassan et le reste dans un coin de son esprit, car si elle ne semblait pas prendre les choses au sérieux, Ruben lui le faisait avec application.

Après quelques instants de silence, pendant lesquels il avait lâché le visage d’Ethel pour plonger son nez dans le dossier qui avait été créé à son arrivée, la voix de la jeune femme résonna de nouveau dans le box. « Je… Je me souviens d’être sortie de l’appartement et d’avoir barré la porte… Et l’instant d’après, j’ouvrais les yeux et j’étais allongée sur le trottoir… Je me souviens aussi d’avoir vomi sur les pieds du paramédic. Et j’ai mal à la tête. Mon crâne va finir par exploser… » Il écoutait les mots de sa soeur qui bien sur lui brisaient le coeur - il n’était pas insensible, il était énervé, ce n’était pas la même chose. Cet effet se fit plus intense lorsqu’il croisa de nouveau son regard. « Faut trouver un moyen pour que je travaille demain. Je ne peux pas manquer du boulot Benny… » Si l’attendrir était le but, cela pourrait fonctionner - mais il fallait vraiment qu’elle arrête de parler de son travail, parce-que même s’il comprenait l’idée et était le premier à revenir entre ces murs même lorsqu’il n’était pas particulièrement en état, il faisait partie de l’équipe faites ce que je dis mais pas ce que je fais. Il apposa l’un de ses poings sur sa chance, haussant un sourcil. « Ethel, je sais que c’est important pour toi mais franchement j’en ai un peu rien à faire de ton boulot là. » Soupirant, il prit un ton plus adapté, moins agressif. « Tout ce que tu me décris là hurle traumatisme crânien, et il est hors de question que je néglige ce qui t’arrive pour te mettre dehors plus rapidement. » Il se retint de souligner qu’il ne négligeait déjà pas d’ordinaire la santé des personnes qu’il voudrait en consultation, mais que d’autant plus avec leur historique de famille il ne prenait pas les choses à la légère. « Je veux d’abord voir exactement ce que t’as, et après on verra pour prévenir Hassan. Mais là t’as vraiment besoin de passer un scan. » Sans la prévenir, il passa sa lumière de lampe torche devant son regard - ce dernier ne réagissait pas exactement comme il aurait du le faire, ce qui n’était pas pour apaiser Ben; il ne le montra cependant pas. « Promis si ça dure trop longtemps j’enverrai moi-même un message à Hassan. Mais là, franchement, si c’est juste que t’es inquiète de manquer du boulot, ça me passe au dessus. » Il appuya sur l’écran pour approuver la demande de scanner, en soulignant que c’était urgent; et avec son nom associé, celui de sa soeur étant le même, il savait qu’elle ne mettrait pas longtemps avant d’avoir une place libre. « Hassan est un patron si terrible que ça pour que t’aies autant peur de pas le prévenir ? » Ruben ne se l’était jamais imaginé comme ça, mais il pouvait se tromper.

Te retrouver à l’hôpital cet après-midi-là n’était franchement pas dans tes plans de la journée, mais tu devais avouer que de voir Ruben te soulageait. Bien qu’il était clairement encore en colère contre toi et que tu aurais aimé avoir un autre médecin pour pouvoir prendre les décisions concernant ta santé toi-même, tu étais contente qu’il soit-là. Tu savais qu’il allait s’assurer de savoir exactement ce qui se passait avec toi avant de te laisser quitter. Tu étais en sécurité avec lui, même s’il t’énervait par son attitude et le ton cassant qu’il employait. « Tu penses vraiment que c’est la priorité là ? » Tu aurais bien aimé ton cadet dans ta situation, incapable de rentrer au travail pour une raison hors de son contrôle et incapable d’aviser ses patrons. Tu étais convaincue qu’il serait encore plus désagréable que toi et qu’il ne laisserait personne l’empêcher de faire ce qu’il voudrait. Par contre, tu commençais à être épuisée et tu décida d’abandonner la partie. Sur ce coup-là, tu savais pertinemment que tu n’aurais jamais raison et ton mal de tête t’empêchais de lui tenir tête un peu plus longtemps. « Ethel, je sais que c’est important pour toi mais franchement j’en ai un peu rien à faire de ton boulot là. » Tu trouvais ses mots blessants. Comme si ton boulot n’était pas important et que tu pouvais te permettre de manquer des heures comme tu le voulais. De un, Hassan comptait sur toi pour gérer son horaires et ses dossiers adéquatement et de deux, monétairement, tu ne pouvais pas vraiment te permettre de couper tes revenus du jour au lendemain. Toutefois, tu n’eus pas le temps de lui répondre qu’il recommença à parler. « Tout ce que tu me décris là hurle traumatisme crânien, et il est hors de question que je néglige ce qui t’arrive pour te mettre dehors plus rapidement. Je veux d’abord voir exactement ce que t’as, et après on verra pour prévenir Hassan. Mais là t’as vraiment besoin de passer un scan. » Tu sentis ton coeur se mettre à battre plus rapidement. Et même si tu ne l’avais pas senti, la machine qui était branchée sur toi et qui montrait ton rythme cardiaque s'était accéléré légèrement. Tu avais peur que tu te sois blessée sérieusement, d’avoir des séquelles ou encore de devoir te faire opérer. Pour que ton frère ait adouci le ton avec lequel il avait annoncé la possibilité du traumatisme crânien, c’est que ça devait être sérieux et tu prenais conscience tout d’un coup de ce que ça pouvait impliquer. « Promis si ça dure trop longtemps j’enverrai moi-même un message à Hassan. Mais là, franchement, si c’est juste que t’es inquiète de manquer du boulot, ça me passe au dessus. » Tu ouvris les yeux, dirigea ton regard vers ton frère. Tu avais juste envie qu’il te prenne dans ses bras dans un câlin réconfortant. Tu avais toutefois l’impression que ce n’était pas sur le point d'arriver. Tu hochas la tête dans un signe positif. « Tu peux me donner quelque chose pour mon mal de tête ? Ça cogne sans arrêt… » Tu passas la main dans tes cheveux, sentit que certaines mèches étaient collées ensemble, probablement à cause du sang qui s’était échappé de ton front. Tu devais vraiment avoir fière allure. « Hassan est un patron si terrible que ça pour que t’aies autant peur de pas le prévenir ? » Tu hocha la tête à la négative pour cette fois. « Hassan est un super patron. Je ne doute même pas une seconde qu'il sera fâché... Par contre, c'est autre chose pour mon compte en banque qui ne supportera pas que je manque trop de boulot… » Tu savais que Ruben était conscient que tu ne faisais pas un salaire qui te permettais de vivre sans avoir à penser à tes dépenses, mais tu ne lui parlais toutefois pas de tes anciennes dettes d’université ainsi que de ton loyer pourri qui te coûtait beaucoup trop cher. C’était difficile pour toi de lui avouer que tu ne roulais pas sur l'or et que tu devais parfois recompter ton budget pour être capable de payer toutes tes factures. Tu soupira. « Je… Je sais que tu es encore en colère contre moi… Je suis désolé. » Les mots traumatisme crânien t'avaient enlevé toute la rancoeur contre le mariage secret de ton frère. Tu n’avais qu’en tête Jackson, son accident, son décès et même si tu étais sûre que ta chute n’était pas aussi dangereuse que l’événement qui avait enlevé la vie de l’aîné des Hartfield, tu te sentais vulnérable et tu voulais régler le conflit avec Ruben. Tu ne te souvenais plus la dernière fois que vous aviez été en froid aussi longtemps et ton petit frère te manquait.

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Il promettait que s’il voyait l’heure tourner et qu’il était contraint de la garder encore avec lui aux urgences - ce qui serait le cas, il prétendait ne pas être sur mais l’était pourtant -, il contacterait lui-même Hassan pour le prévenir de la situation. Ce n’était pas ce qui lui faisait peur, contrairement à l’état de santé de sa soeur alors que cette dernière était allongée sur un  brancard et incapable de lui décrire avec certitude ce qui s’était passé. Il n’aimait pas ça, Ruben, parce-qu’il ne connaissait que trop bien malheureusement à quoi cela correspondait. Et c’était là un diagnostic qu’il n’avait pas à cacher à Ethel - il soupçonnait d’ailleurs que ce soit le fait de l’avoir évoqué à haute voix qui l’avait fait obtempérer bien davantage.

« Tu peux me donner quelque chose pour mon mal de tête ? Ça cogne sans arrêt… » Reportant son regard vers elle, il pinça les lèvres. « Faut d’abord que je te fasse passer le scan, Ethel, je peux pas te donner de médicament tant que c’est pas fait. » Il avait besoin que tout soit en l’état pour voir ce qui clochait exactement, même s’il aurait préféré pouvoir soulager la douleur de sa soeur. Il esquissa une petite moue. « Désolé. » Et c’était là avec une voix bien plus posée, bien plus calme et douce qu’il prononçait ces mots. Il ne pouvait pas se charger de supprimer sa douleur pour le moment, mais il pouvait changer de sujet pour dévier son attention et tenter de faire en sorte que cela lui fasse du bien. « Hassan est un super patron. Je ne doute même pas une seconde qu'il sera fâché... Par contre, c'est autre chose pour mon compte en banque qui ne supportera pas que je manque trop de boulot… » Pour le changement de sujet qui permettrait de relâcher un peu de pression, il n’avait peut-être pas choisi le bon sujet. Il pinça ses lèvres, attrapa la tablette pour noter de nouvelles informations dans le dossier de sa soeur, soupira quelque peu. « Si c’est que ça, je te ferai un virement Ethel, t’as pas à t’en faire pour ton compte en banque alors que t’as besoin de faire attention à ta santé. » Il n’était pas celui des Hartfield qui avait le mieux réussi, pas encore - mais il savait que de la fratrie, c’était sa soeur qui peinait le plus à joindre les deux bouts. Le petit frère n’était pas supposé prendre soin de son ainé de cette sorte, mais il le ferait sans hésiter un seul instant si cela pouvait lui permettre de relâcher un peu de pression.

« Je… Je sais que tu es encore en colère contre moi… Je suis désolé. » Ses yeux restèrent rivés sur l’écran encore un instant, avant qu’il ne bascule ces derniers de nouveau sur le visage de sa soeur. Il resta encore un instant silencieux, avant de reprendre. « Je sais que t’es désolée. » Plus leur conversation avançait, et plus il se calmait au fil de cette dernière. Sa voix était presque douce désormais, bien plus posée en tous cas qu’elle avait pu l’être depuis qu’il avait rejoint Ethel. Son regard aussi était moins chargé de cette dite-colère justement. « Et oui je suis en colère. » Il soupira, puis se décala quelque peu pour poser une fesse le bord du brancard, esquissant une petite moue. « Je suis pas en colère pour la chute d’aujourd’hui, tu le sais ça au moins ? » Il haussa un sourcil; cela était important d’être souligné, parce-qu’il savait Ethel maladroite et c’était là le genre de scénario qui arrivait souvent. « Je le suis pour la même raison que c’est le cas depuis plusieurs semaines. » Il soutenait son regard du sien, lui démontrant bien que même fâché contre elle en revanche, il était capable d’en discuter. « Parce-que j’ai besoin que tu comprennes pourquoi j’agis comme je le fais, et surtout que tu comprennes que c’est pas par rapport à toi, pas par rapport à qui que ce soit en fait d’autre que Nina et moi. » Environ, à peu près - elle n’avait pas besoin des détails.

« Faut d’abord que je te fasse passer le scan, Ethel, je peux pas te donner de médicament tant que c’est pas fait. Désolé. » Tu avais vraiment hâte que la douleur s’atténue. Tu saurais alors que les blessures n’étaient pas si graves que ça ou bien encore que tu étais déjà en train de guérir. Plus tu passais du temps à l’urgence, plus tu avais peur que tes blessures soient vraiment sérieuses. Tu t’entendais souvent à te casser un membre, mais tu n’avais jamais pensé que tu pourrais un jour avoir un traumatisme crânien, peut-être même une hémorragie crânienne. Et vu la manière dont Jackson était mort, ces éventualités te faisaient peur. Tu avais donc décidé d’arrêter de vouloir sortir le plus rapidement possible et de laisser Ruben prendre les décisions en ce qui concernaient ta sortie de l’hôpital et les traitements qui étaient potentiels. Tu choisis par contre de lui parler de pourquoi tu devais absolument être sur pied rapidement et manquer le moins de travailler possible : l’argent. De plus, tu savais qu’Hassan était suffisamment débordé sans que tu ne lui rajoutes du travail en ne pouvant plus t’occuper du tien. « Si c’est que ça, je te ferai un virement Ethel, t’as pas à t’en faire pour ton compte en banque alors que t’as besoin de faire attention à ta santé. » Pour Ruben c’était facile à dire alors que pour toi, chaque fois que tu empruntais de l’argent à quelqu’un, c’était une nouvelle dette que tu allais devoir rembourser et tu en avais déjà plein les bras avec celles que tu avais déjà. L’université t’avait coûté beaucoup trop cher pour ne pas travailler dans le domaine dans lequel tu avais étudié. De plus, emprunter de l’argent à ton frère te mettait encore dans le visage qu’il avait beaucoup plus réussi que toi et que tu avais besoin de lui même si tu t’efforçais de montrer que tu étais capable de t’en sortir seule. « C’est pas que ça Ben… Je ne sais pas quand je pourrai te rembourser si tu me fais un virement. Et il est hors de question que je ne te rembourse pas. » Peut-être qu’Hassan accepterait de te faire une avance si tu lui demandais… Tu pourrais travailler alors quelques heures de plus par semaine pour tenter de lui remettre le plus rapidement possible. Il faudrait alors que tu acceptes de lui avouer que le salaire qu’il te versait te permettait à peine de payer tes factures et tu ne voulais pas qu’il sente que tu lui demandais la charité. Si seulement tu pouvais vivre d’amour et d’eau fraîche…

Le temps était venu pour toi de régler la dispute que tu avais avec ton cadet. Tu n’avais pas l’intention au début de revenir sur ce sujet, mais avec la manière dont il te parlait, tu avais fini par comprendre qu’il était encore blessé et qu’il ne lâcherait pas le morceau. C’était à toi de faire les premiers pas. « Je sais que t’es désolée. Et oui je suis en colère. » Tu baissa le regard. Tu étais en colère contre toi-même de ne pas avoir été capable de garder tes émotions contre toi. Par contre, le rejet que tu avais ressenti quand tu avais appris que Ruben avait préféré demander à des amis d’être témoin de son mariage avait emporté sur la raison. « Je suis pas en colère pour la chute d’aujourd’hui, tu le sais ça au moins ? » Tu haussas les épaules. Tu sentis un poids sur le côté de ton lit. Il daignait enfin s’approcher de toi. Est-ce que tu pouvais espérer une réconciliation ? « J’entends déjà maman quand vas-tu apprendre à regarder où tu marches ?! Tu vas finir par te tuer à force de ne pas faire attention ! » Tu savais que chaque blessure inquiétait tes parents, encore plus depuis le départ de Jackson. Toutefois, tu ne faisais vraiment pas exprès d’être si maladroite et tu ne savais pas comment régler le problème. Tu relevas les yeux vers ton frère lorsqu’il recommença à parler. « Je le suis pour la même raison que c’est le cas depuis plusieurs semaines. Parce-que j’ai besoin que tu comprennes pourquoi j’agis comme je le fais, et surtout que tu comprennes que c’est pas par rapport à toi, pas par rapport à qui que ce soit en fait d’autre que Nina et moi. » Soutenir son regard demandait beaucoup d’effort. Le fixer te donnait mal à la tête, mais tu ne voulais pas qu’il pense que tu te défilais de la conversation. « Je l’ai compris Ben. Je sais que tu n’es pas comme moi, que la fleur bleue dans la famille c’est moi et personne d’autre. C’est juste que sur le coup, ça m’a surprise… » Tu te frottais le visage, les yeux, te massa les tempes quelques secondes avant de poursuivre. « Et ce n’est pas parce que je suis contre ton mariage ni rien de tout ça. Je l’apprécie bien Nina. On a passé un bon moment au vignoble. »

i'm not clumsy, i just have two left feet

@ethel hartfield

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): sal-ki (gif), luleaby (codage).

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« C’est pas que ça Ben… Je ne sais pas quand je pourrai te rembourser si tu me fais un virement. Et il est hors de question que je ne te rembourse pas. » - « Hmhm. » Il n’écoutait pas forcément les arguments que sa soeur apportait dans ce type de discussion généralement, parce-qu’à ses yeux ils n’étaient pas recevables - si elle avait besoin d’argent pour terminer un mois plus compliqué, il ne réfléchissait pas et lui faisait un virement. Elle n’avait pas besoin de le rembourser parce-qu’il n’était pas à un virement près - c’était désormais un avantage non négligeable de sa carrière. « On verra ça plus tard. » Il était à peu près sur qu’il avait demandé à sa banque de refuser automatiquement les virements qui venaient depuis le compte d’Ethel, de toute manière, alors elle n’aurait pas le dernier mot.

Tout comme il ne comptait pas lui laisser le dernier mot sur une autre discussion qui avait été laissée de côté pendant de longues semaines; si Ethel souhaitait en discuter, ils le feraient sans soucis mais ce n’était pas lui qui ferait le premier pas. Pas cette fois. Ruben était en colère, i une le cachait pas, mais il tenait à clarifier qu’il ne l’était en revanche en rien pour les événements du jour; ces derniers s’apparentaient aux accidents, ce n’était pas la faute de sa soeur. « J’entends déjà maman quand vas-tu apprendre à regarder où tu marches ?! Tu vas finir par te tuer à force de ne pas faire attention ! » Il entendait déjà leur mère lui dire ça aussi, effectivement. « Si c’est pas grave, t’as pas besoin de les prévenir, elle te fera pas de leçon comme ça. » Et si ce n’était pas grave, il s’engagerait à ne pas en parler à leurs parents - il pouvait faire ça plutôt facilement.

Surtout parce-que si elle ne s’était pas sérieusement fait mal, il existait d’autres points plus importants à ses yeux sur lesquels ils avaient à discuter. « Je l’ai compris Ben. Je sais que tu n’es pas comme moi, que la fleur bleue dans la famille c’est moi et personne d’autre. C’est juste que sur le coup, ça m’a surprise… » Elle le détesterait si elle le savait, mais Ruben se servait de cette discussion également pour évaluer l’état de santé de sa soeur en cet instant; si elle avait perdu un fragment des événements de la journée, il voulait savoir si certains autres manquaient. Apparemment, ce n’était pas le cas car elle arrivait à resituer leur dernière discussion plutôt facilement - c’était bon signe, pour différentes raisons. « Et ce n’est pas parce que je suis contre ton mariage ni rien de tout ça. Je l’apprécie bien Nina. On a passé un bon moment au vignoble. » Il esquissa un petit sourire. « Tu sais que si tu l’avais pas appréciée, ça aurait été pareil aussi, hein ? » Il n’insufflait pas de mauvaise foi dans le ton de sa voix, il souhaitait simplement que sa soeur comprenne l’étendu de la réalité lorsqu’il disait se marier pour lui et pour sa femme, et pour personne d’autre. « Je veux dire, c’est mieux si vous vous entendez bien, mais c’est pas un critère qui me fait prendre des décisions ou non. » Et il espérait qu’elle comprenait aussi que cela fonctionnait pour elle; Ben serait le premier à râler par rapport aux choix qu’elle faisait elle de son côté, mais il ne pourrait jamais à l’encontre de ces derniers; elle menait sa vie comme elle le souhaitait. Il avança l’une de ses mains, attrapa celle de sa soeur, serra quelque peu cette dernière avec douceur. « Tout ce que t’as à comprendre, c’est que je l’aime. C’est tout. Et que je suis heureux avec elle. » En laissant certains détails sous le tapis, cela devrait être suffisant normalement pour qu’elle puisse être heureuse à son tour pour son petit frère normalement. Non ?