Just let me love you when your heart is tired

Jailey #6

Assis sur cette chaise en plastique inconfortable, je regarde Jill dormir. Il est près de huit heures du matin, je suis épuisé, mais mon corps ne cesse de lutter pour ne pas s’endormir, pour ne pas lâcher. Ginny, Matt et les autres sont partis il y a de cela une demi-heure pour aller se reposer, mais j’ai refusé de laisser Jillian seule. Les infirmières voulaient que je parte vu que je ne suis pas de sa famille et que les heures de visites n’ont pas commencé. Heureusement, Ginny est allée chercher Isaac qui a arrangé les choses. On m’a donné le droit de rester et depuis, je n’ai pas bougé de ma chaise. Ma main ancrée de celle de Jill qui dort depuis quelques heures. Je lutte contre le sommeil pour m’assurer qu’elle va bien et surtout qu’elle respire encore. Le moindre bip des machines me donne une pique d’angoisse avant que je comprenne que tout va bien. Je déteste les hôpitaux, mais je ne quitterai pas cet endroit sans la brunette. Cette fin de nuit a été un véritable enfer. Après l’appel en panique de l’amie de Jill, j’ai imaginé tous les scénarios possibles et ils avaient tous une fin catastrophique. Je tremble encore et j’ai mal à la poitrine d’avoir été tant crisper et d’avoir eu tant de mal à respirer. Mon corps est à bout de force, j’ai la sensation que je pourrais m’écrouler dans la seconde, mais je veux rester éveiller jusqu’à ce que Jill se réveille. Elle a tenté de me rassurer tout à l’heure, mais elle est blanche comme un linge et la voir si fragile dans ce lit trop grand me fait angoisser. Elle a pris un cocktail explosif ce soir, c’est ce qui la conduit ici. Et bien entendu, je me demande pourquoi elle a fait ça. Tout allait bien depuis notre soirée au bar. Elle semblait heureuse enfin apaisée. Pourtant, il semblerait que quelque chose n’allait pas pour qu’elle en arrive là. Son cousin m’a assuré qu’elle avait juste voulu s’amuser, mais je n’arrive pas à croire cela. Jill se drogue souvent, je le sais depuis longtemps. Je le faisais même avec elle fut un temps. Pourtant, jamais elle n’a fait d’overdose. Ce n’est pas un acte anodin, elle a trop poussé, elle est allée trop loin et il y a forcément une raison à cela. Et mon esprit tordu ne peut s’empêcher d’arriver à la conclusion la plus rapide : c’est forcément ma faute. Je suis responsable de ses angoisses, de ce qui ne va pas dans sa vie. Cela fait près de deux heures que je ressasse toutes les possibilités, tout ce qui a pu entraîner cet incident et j’en reviens toujours à la même chose. Elle a fait une overdose parce que j’ai fait quelque chose de mal. Et là, face à cette Jill endormie, je traverse tout un tas d’émotions. Je suis soulagé de la savoir en vie, saine et sauve, mais j’angoisse de tout et de rien. J’ai peur, j’ai envie de la secouer pour lui hurler dessus, je me sens fautif, je la blâme pour tous nos problèmes, j’ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de casser tout ce qui se trouve dans cette pièce. Je me laisse complètement emporté par cette tempête émotionnelle et une nouvelle fois, je sens que j’ai du mal à respirer. Il me faudra plusieurs minutes pour revenir à moi, je me concentre sur les bips de la machine pour ne pas partir dans une crise d’angoisse. Toujours assis sur cette chaise, je la recule quelque peu afin de venir poser ma tête sur le bras de Jill, sa main toujours dans la mienne. Sentir son odeur et la chaleur de sa peau m’apaise enfin. À bout de force, je finis par fermer les yeux.

Je ne sais combien de temps, c’est écouler, mais je finis par sentir des doigts qui glissent lentement dans mes cheveux. L’espace d’un instant, j’apprécie ce geste sans ouvrir les yeux. Un sourire se dessine sur mes lèvres et j’enfonce mon visage contre le drap et dans les côtes de Jill. Il me faudra plusieurs longues secondes pour réaliser que j’ai un mal de dos horrible, que la pièce est emplie d’une odeur aseptisée et que cette main qui se glisse dans mes boucles est celle de Jill. Je me relève subitement et dois me retenir au bord du lit pour ne pas tomber de ma chaise. « Jill ! » Je ferme les yeux un instant pour me réveiller complètement et pose mon regard sur la jeune femme qui est réveiller et qui me souris tendrement. « T’es réveillée ! » J’attrape à nouveau sa main et rapproche la chaise pour être tout proche d’elle. Je viens déposer un tendre baiser sur sa joue et laisse mon menton reposer sur son épaule. « Comment tu te sens ? » Bien. Il faut qu’elle aille bien. Je serre sa main dans la mienne doucement. « J’ai eu tellement peur… »            

Dernière édition par Bailey Fitzgerald le Mer 30 Oct 2019 - 21:52, édité 1 fois

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Jailey #6

J’aurais aimé rester des heures comme cela les yeux fermés, à sentir les doigts de Jill glisser dans mes cheveux. Juste à profiter du confort de mon lit à ses côtés. Mais bien rapidement la réalité me rattrape. On n’est pas dans mon lit, je suis loin d’avoir une position confortable et les bips de machine me ramènent brutalement à la réalité. Je suis à l’hôpital. Jill a fait une overdose. J’ai failli la perdre. Je crois que je ne me suis jamais redressé aussi rapidement de toute ma vie. Je grimace à la douleur qui pointe dans le bas de mon dos, mais me concentre pleinement sur Jill qui est réveillée face à moi. Sa main contre ma joue me rassure et je prends une longue inspiration. On est toujours à l’hôpital, mais elle va bien. Elle parle, elle me sourit. Par instinct, je touche son bras, pour m’assurer qu’elle est bel et bien face à moi. Et je souris en sentant sa peau chaude entre mes doigts. « Oui, je comptais pas dormir jusqu'à la fin de mon existence. » Il n’en faudra pas plus pour me faire perdre mon sourire. Je sens l’angoisse qui monte en moi. Elle plaisante Bailey. J’essaye de relativiser, mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à prendre cela pour une blague. J’angoisse, je panique, je me vois la perdre pour toujours, ne jamais la laisser s’endormir avant moi. « Plaisante pas avec ça… » dis-je faiblement. Je ne devrais pas prendre cela aussi sérieusement, elle a voulu faire une petite blague pour détendre un peu l’atmosphère, pour que je reste calme. Cela a eu l’effet inverse parce que mon esprit ne fonctionne pas normalement, parce que j’angoisse de la moindre chose.

Elle se décale dans le lit et j’hésite un instant à la rejoindre ne voulant pas lui faire mal. Pourtant, je vois dans son regard qu’elle aimerait que je vienne près d’elle. Je me lève de ma chaise et grimace à nouveau. J’ai mal au dos, une douleur dans la poitrine et un mal de crâne terrible pourtant je ne laisse rien paraître. Je retire mes chaussures et viens m’allonger contre elle. On met un instant à trouver une position confortable et finalement Jill s’affale à moitié sur mon torse. Je caresse doucement ses cheveux. « Plus jamais, promis » Je hoche la tête un peu avant de répéter après elle : « Promis. » Elle embrasse ma joue et je sens que je commence enfin à me détendre. Ses doigts se glissent entre les miens et m’apaise quelque peu. Quelques minutes seulement.

« Je vais bien Bai, ne panique pas, je vais bientôt sortir d'ici et on pourra continuer comme si rien ne, c'était passé ! » Je sens mon cœur raté quelques battements avant de s’emballer sous une colère soudaine. Sa tête posée contre mon torse, elle ne peut échapper à ce changement brutal. « Panique pas ?! » Mon ton se fait froid soudainement. « Va falloir que tu arrêtes de me demander ça Jill, alors que tu as fait une overdose et que ton cœur, c’est arrêter. » Bien entendu, que je panique. Moi le roi de la crise d’angoisse, je suis à mon apogée. « Je peux pas faire comme si de rien était, tu vois. » J’en suis complètement incapable. Je voudrais me lever, mais je suis incapable de bouger. J’ai le cœur qui s’emballe et ce mal de crâne qui ne me lâche pas. « On était censé aller bien Jill… Qu’est-ce qui s’est passé ? » lui demandais-je fébrilement. J’ai peur de la réponse, elle me terrorise même.             

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Jailey #6

« Je vais bien, je ne suis pas morte, tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement... » Elle va bien. Elle va bien. Elle va bien. Je tente de me répéter cela en boucle. Comme un mantra qui permettrait enfin de me rassurer. Elle va bien. Je dois me le répéter encore et encore. Elle va bien. Voilà. Elle est avec moi, elle me parle, elle se blottit même contre moi. Je n’ai pas perdu Jill. J’ai eu tellement peur cette nuit. Je me rejoue le film en boucle lorsque son amie m’a appelé, j’ai véritablement senti mon monde s’écrouler. J’essaye réellement de me détendre aux côtés de la brunette. Je vois bien qu’elle fait tout pour que je me calme. Elle est probablement l’une des seules à savoir le faire dans le fond. Je laisse mes doigts glisser dans ses cheveux dans un geste tendre et régulier pour caler ma respiration dessus. Pour ne pas la laisser s’emballer, pour ne pas plonger trop profondément dans les méandres de mon angoisse. Elle va bien. Je dois arrêter de penser au pire. Elle ne va pas mourir. Je ferme les yeux un instant pour me calmer complètement, mais il faut croire que Jill ne me connaît pas si bien que cela. Elle me demande, encore une fois, de ne pas paniquer et que ce soir on aura tout oublié. Je pourrais entrer dans son jeu, prétendre que tout va bien, que ce n’es qu’une erreur de parcours, quelque chose qui nous fera rire dans quelques mois. Je pourrais, mais je n’y arriverais pas. J’en suis incapable. Je ne peux pas oublier ce que m’a dit le médecin hier soir. À cause de toute la drogue qu’elle a pris son cœur c’est arrêter quelques minutes. Ils ont été capables de le faire repartir sans encombre. Le médecin m’a assuré qu’elle irait bien, qu’elle allait juste être fatigué quelques jours, mais qu’elle irait bien. Pour autant, je n’arriverai pas à faire comme si de rien était. J’en suis incapable et le seul fait qu’elle me le demande fait monter la colère en moi. Je ne voulais pas m’emporter, mais c’est tout simplement plus fort que moi. Je ne peux pas laisser passer comme cela. Pas aussi facilement. Jill tente de se rattraper. Elle prend ma main dans la sienne et la colle contre son cœur. Il bat. Je le sais, mais ça ne change rien. Je ne pourrais pas oublier cet événement aussi facilement. Elle me montre toutes les machines autour d’elle et l’espace d’un instant, j’essaye de me concentrer là-dessus. Isy a compris mes angoisses hier soir et il m’a expliqué qu’un bip régulier voulait dire qu’elle allait bien, des bips qui s’enchaînent de manière frénétique, ce n’est pas bon signe. Je me concentre pour entendre les bips. Ils sont réguliers. Elle va bien. Je hoche la tête doucement. « Tu vas bien. » Je serre sa main dans la mienne un peu fort et viens l’embrasser pour réaliser un peu plus. « T’es là et tu vas bien. » Je le répète doucement pour finir par m’en convaincre.

« Ils ont pris soin de moi, je suis réveillée, je suis encore un peu fatiguée, mais tout va bien aller d'accord ? Je ne veux plus jamais te faire revivre un truc pareil, je vais faire attention, je te le promets » Il faut croire que Jill ne sait pas choisir les mots pour que je reste calme. « Tu vas faire attention ? » demandais-je un brin ironique. Elle doit se moquer de moi, je ne sais pas. « J’espère bien que tu vas plus jamais prendre ce genre de merde. » Je pourrais pas le supporter si j’apprends qu’elle se drogue encore, qu’elle continue à mettre sa vie en danger. Non, je pourrais pas. Je sais que je vais probablement être le petit ami le plus chiant et protecteur de la planète dans les semaines à venir, mais elle m’a fait la peur de ma vie. Cela va devenir irrationnel pour moi. Je le sais. Pourtant, j’essaye de ne pas m’emporter. Je me laisse tomber contre le matelas et l’attire tout contre moi. Il faut que je me calme et pourtant, je lui demande ce qui a fait qu’elle en soit arrivée là. La réponse me terrorise, mais j’ai besoin de voir. Je sens bien qu’elle hésite, qu’elle cherche ses mots, mais je ne la force pas. Je l’écoute et mon cœur se serre. On ne va pas bien… Elle n’aurait jamais autant abusé si elle allait bien. Je comprends que le séjour à l’hôpital de son cousin l’est bouleversé, mais je suis persuadé qu’elle ne me dit pas tout. Je sens bien que quelque chose n’allait pas pour qu’elle abuse autant. Et cette fois, je ne contrôle plus rien. Je lève les yeux au plafond pour ne pas fondre en larmes, mais cela devient compliqué. Dans un coin de ma tête, j’entends la voix de mon père me dire qu’un homme, qui plus est un Fitzgerald, ne pleures jamais. Mais je n’arrive plus à retenir. Les larmes se mettent à couler le long de mes joues doucement. Il faut que je laisse tout sortir sinon je vais exploser. Un sanglot s’échappe d’entre mes lèvres alors que je pose ma main libre sur mes yeux pour tenter de cacher tout cela. « J’essaye de pas t’en vouloir, je te promets… » dis-je doucement la voix rauque et tremblante. J’essaye de ne pas laisser mes angoisses et mes émotions prendre le dessus, j’espère qu’elle me va me croire parce que je ne saurais plus comment faire autrement. « De pas m’en vouloir aussi… » Je renifle et essuie rageusement mes larmes. Je déteste pleurer, ça me rappelle trop de mauvais souvenirs quand mon père et mon frère passaient leur temps à se moquer de ma sensibilité. « J’ai cru mourir quand on m’a dit que tu étais ici… Il faut… Il va falloir arrêter les drogues Jill… » Je veux pas être celui qui lui impose des choix de vie, mais j’ai besoin de lui dire tout cela. « On c’est promis qu’on se parlerait si ça n’allait pas… Tu vois là maintenant de suite, moi ça va pas du tout. Du tout. » Je serre sa main dans la mienne. « Et je peux pas m’empêcher de me dire que si t’a abusé, dans le fond, je suis responsable, qu’il n’y avait pas que le souci de Levi à l’hôpital. C’est plus fort que moi, Jill… »             

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Jailey #6

J’alterne entre, calme et angoisse. Je ne peux vraiment pas contrôler tout ce que je ressens. C’est dans ce genre de situation que mon hypersensibilité est à son maximum. Je ne suis plus maître de mes émotions, je me laisse plutôt complètement submergé par ses dernières. Je suis obligé de répéter en boucle que Jill va bien pour tenter de m’en convaincre. De l’avoir allongé contre moi finis par me calmer, c’est plutôt la discussion que nous avons qui m’angoisse et me met en colère. Jill semble ne pas maîtriser ses propos et je suis trop aveuglé par tout ce que je ressens pour avoir un quelconque jugement censé. « On reste là ensemble d'accord ? Ça va aller ! S’il le faut, je viendrai chez toi quelques jours avant de retourner à la coloc pour que tu sois rassuré... Ça te va ? » Je hoche vivement la tête. Je n’allais pas réellement lui laisser le choix de toute manière. Son nouveau colocataire à beau être un prêtre, je ne le connais absolument pas et je vais avoir besoin de m’assurer que Jill va bien. « Je… Je comptais te ramener chez moi pour être honnête. » Je lâche un petit rire pour qu’elle ne prenne pas cela pour un ordre, je sais à quel point elle déteste cela. Je ne veux pas passer pour le compagnon possessif et sur protecteur. « Je… Je me sentirais mieux si t’es à la maison. Au moins quelques jours. » dis-je doucement en souriant un peu malgré la tempête qui tourbillonne encore en moi. J’essaye de rester positif. Du mieux que je peux.

Cependant, la conversation s’emballe. Une nouvelle fois Jill ne choisit pas les meilleurs propos. Elle évoque la drogue et je m’emporte. Je ne veux pas la voir toucher à ce genre de trucs à nouveau. Je la vois hésiter et je n’aime vraiment pas cela. Je ferme les yeux un instant pour ne pas paniquer plus longtemps. Reste calme Bailey. « Bai, tu sais que je veux pas te mentir, donc je te parle sincèrement. Ça risque d'être compliqué d'accord ? » Et elle continue à m’expliquer que la drogue fait parti de sa vie depuis l’adolescente et qu’elle ne sait pas si elle pourra arrêter d’un coup d’un seul. Au fond de moi, je le comprends parfaitement, il m’a fallu du temps pour décrocher aussi. Je sais que ce ne sera pas simple, mais j’ai besoin de me rassurer. J’ai besoin qu’elle arrête. Je ne suis pas réaliste à cet instant précis, je le sais et je préfère ne rien dire. Juste hocher la tête bêtement parce que les larmes ont pris le dessus et que je ne contrôle plus rien. Les vannes sont ouvertes et j’ai besoin de pleurer un bon coup. Je sais que je ne pourrais pas m’arrêter tant que je ne lui aurais pas dit tout ce que j’ai sur le cœur. Allongé sur ce lit, je pleure sans savoir m’arrêter. Je n’arrive plus à contrôler mes sanglots et Jill viens s’asseoir à califourchon sur moi pour plonger son regard dans le mien. Je sens ses mains sur mes joues et tente de calmer mes sanglots. « Tu n'as aucune raison de t'en vouloir, tu n'y es pour rien, c'est entièrement de ma faute... » Ce qu’elle ne comprend pas, c’est que rien de tout cela n’est conscient ou volontaire. C’est tout simplement plus fort que moi. « Je fais de mon mieux Jill… » dis-je doucement en passant une nouvelle fois une main sur mes joues pour tenter de stopper mes larmes. « Je… Aide moi à me calmer… Je… J’angoisse tellement depuis cette nuit. » J’en ai mal à la poitrine et cette fois, je sens que mon crâne va littéralement exploser tant j’ai mal à la tête.

Mais notre conversation ne s’arrête pas là, parce qu’une nouvelle fois, je lui demande d’arrêter la drogue tout simplement parce que j’ai eu la peur de ma vie cette nuit. Je vois bien qu’elle le comprend. Je le sens dans ses gestes, dans les regards tendres qu’elle me donne, dans ses mains qui serrent presque mes joues pour me maintenir entier. Elle me promet qu’elle va tout faire pour stopper sa consommation, qu’elle aussi a eu peur et qu’elle ne veut plus jamais revivre cela. Je la crois et en même temps, j’ai peur. Cette peur qui me tient au ventre, qui ne veut pas me lâcher. Cette angoisse qui me fait lui répéter la promesse que l’on, c’était faite il y a de cela quelques jours. Et là, allonger sur moi, son regard plonger dans le mien, Jill s’ouvre comme jamais. Elle me parle de ce qui lui a fait peur, ce qui la fait paniquer. Levi, sa maladie, notre relation. Un mélange si explosif. Parfois, j’oublie… J’oublie que comme moi, Jill est malade. Qu’elle n’es pas comme les autres. Cela ne se voit pas physiquement, mais Jill va mal. Elle a ces voix dans sa tête qui ne lui répète sans cesse qu’elle n’es pas assez bien, qu’elle va tout foirer. Ces voix dont elle me parle depuis dix ans parfois, je les oublie et cette nuit, j’ai complètement oublié de les mettre dans l’équation et je m’en veux. Je vois que Jill commence à trembler elle aussi et son cœur s’emballe, la machine me le fait bien comprendre. « Jill… » Je me redresse un peu pour que l’on retrouve une position confortable. Lentement, je l’aide à s’allonger à nouveau pour qu’elle se repose, mais la prends contre moi. Elle s’attache à moi et je ne la lâche pas. Je passe une main sur mes joues pour sécher mes dernières larmes et tente de venir sécher les siennes. J’angoisse, elle écoute les voix dans sa tête. C’est compliqué. On ne supportera jamais bien les situations de crises. Je le sais, elle le sait. On ne sera jamais un couple comme les autres. Cette nuit, je l’ai oublié. Je suis resté obnubilé sur mes angoisses comme jamais. Et maintenant, je comprends que je dois reprendre le dessus. Je tremble encore fortement, mais tente de me concentrer sur la jeune femme blottie dans le creux de mes bras. J’embrasse son front et ne la lâche pas. « Tu vois… J’ai tellement l’habitude que parfois j’oublie. J’oublie que tu es malade, qu’il y a ces voix dans ta tête qui te déstabilise, qui te font douter de tout. Pour moi, c’est… Ça fait partie de toi, c’est juste… Normal, je dirais. » dis-je doucement. Je soupire un peu alors que ma voix tremble à cause de mes nombreux sanglots. Je me redresse pour être un peu au-dessus de Jill, pour poser tendrement ma main sur sa joue et mes lèvres contre les siennes dans un baiser empli de tendresse. On a besoin de cela. D’un peu de douceur, de calme et d’explications sincères et honnêtes. Pendant un instant, je prends le temps de caresser sa joue lentement, mon regard plongé dans le sien. Comme pour lui faire passer un message sans les mots. Pour lui faire comprendre que je ne la laisserai jamais seule. « Et je n’aurai pas dû oublier Jill, mais… ça veut aussi dire que c’est pas ce qui me fera fuir. Jamais. Parce que… Tu vois, on n’a pas la même chose, mais je sais parfaitement ce que ça fait de se laisser submerger par ses émotions et ses angoisses. Je suis en plein dedans depuis que j’ai reçu cet appel de ton amie. Je sais que je dis des trucs irrationnels, je le sais, mais c’est tout simplement plus fort que moi. Si je m’écoutais maintenant, je t’enfermerais dans une bulle pour jamais te laisser en sortir. Je voudrais te protéger à jamais, mais je sais que je ne pourrais pas. Je sais que tu as tes addictions, mais… » Je prends le temps de respirer un instant sans lâcher ses yeux. « Mais on… On est un couple maintenant non ? » Je n’attends pas réellement sa réponse pour continuer. « Et on va vivre les épreuves à deux. Je serais là pour t’aider, quand les voix sont trop présentes, quand tu sens que ça va plus. » Comme pour confirmer mes dires, je viens l’embrasser tendrement. « Je ne veux rien t’imposer, mais peut-être que tu devrais revoir un spécialiste pour… Pour prendre un traitement adapté à ta maladie babe. Pour que tu ailles mieux, pour que tu puisses mieux gérer les périodes de crises, tu vois ? » J’ai peur qu’elle refuse tout en bloc, qu’elle me jette en dehors de cette pièce, mais je l’aime tellement que je serais prêt à tout pour elle. « Et peut être que moi, je pourrais recommencer à voir un psy pour gérer mes angoisses ? On pourrait faire ça à deux ? Je sais pas… »            

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Jailey #6

« Je vais envoyer un message à Owen, je vais lui expliquer ce qui s’est passé et je vais lui dire que je rentrerai pas à la coloc pendant quelque temps. » Je hoche doucement la tête acceptant cette idée. Je sais parfaitement qu’elle aura besoin d’avoir le choix, que ce soit de rester chez moi ou de pouvoir partir. Je le sais et je fais de mon mieux pour ne pas penser aux fois ou elle repartir chez elle, parce que je sais que je vais angoisser de ne pas la revoir. Je sais que je vais avoir peur de revoir le même vieux schéma se répéter encore et encore, Jill qui part et disparaît pendant des mois. Mais ce n’est pas l’endroit pour parler de cela, pour mettre toutes nos angoisses sur la table. Chaque chose en son temps, petit à petit.

Qu’importe ce que, Jill me dit, je n’arrive pas à me calmer, je n’arrive pas à rester zen, à ne pas angoisser. Je me revois, la nuit, dernière, après l’appel d’Ariane. Je me revois angoisser comme jamais. Malheureusement, c’est un sentiment qui ne me quitte pas et doucement, je me sens sombrer à nouveau. Ma respiration devient difficile et j’appelle Jill à l’aide. Je ne voulais pas en arriver là, je voulais pouvoir gérer cette conversation sans que cela tourne à la crise d’angoisse, mais il faut croire que j’en suis incapable. « Je sais Bai... Reste avec moi et respire lentement... Respire, on respire en même temps... Je suis là, je suis vivante et je vais bien... On va bien d'accord ? » Je hoche la tête plongeant mon regard dans le sien pour caler ma respiration sous la sienne. Soudainement, je repense à ce qu’Isaac a fait ce matin pour m’aider à me calmer. Doucement, je mets mon doigt sur le dos de ma paume et effectue les gestes en répétant tout doucement. « Inspire. Expire. » Dire que je ne connaissais pas cette méthode alors que je fais des crises d’angoisse depuis plus de vingt ans. Je répète le geste doucement sans lâcher Jill du regard. Ma respiration prend quelques secondes avant d’enfin se calmer. « Ça va mieux. » Je souris un peu pour tenter de rassurer Jillian qui, je le sais, déteste me voir dans cet état. « Isaac m’a appris un petit truc. » dis-je en plaisantant quelque peu. « Il faut croire que ça fonctionne. » Au moins, un truc positif que je pourrais retirer de ce séjour à l’hôpital. Il faut essayer de voir le côté positif parfois.

Une fois que je me suis réellement calmé, j’aide Jill à s’allonger correctement dans son lit parce que si une infirmière passe et qu’elle me voit mieux installer que la brunette, on va en entendre parler. C’est Jill qui doit réellement se reposer et pas moi. Je me reposerais une fois rentrer chez moi avec Jill et pas avant. Une fois mieux installer, je finis par réellement ouvrir mon cœur à la jeune femme. Je lui explique que la plupart du temps, j’oublie qu’elle est malade, que la schizophrénie fait partie intégrante de sa vie. Je ne veux pas dire cela méchamment, c’est juste une vérité, il m’arrive d’oublier parce que pour moi, cela fait complètement partie de sa personnalité. C’est elle tout simplement. Alors je tente de lui parler a tout ce que j’ai pu penser pendant qu’elle dormait, au fait qu’elle devrait voir un médecin et que moi aussi dans le fond. Je crois que l’on a besoin d’aide, elle comme moi, même si c’est souvent dur de l’admettre pleinement. Elle me demande de lui faire confiance et je hoche doucement la tête. « Je vais vraiment essayer Jill. » Ce n’es pas que je ne lui ai fait pas confiance, mais je connais les addictions et je sais à quel point rien ne sera facile. J’ai besoin qu’elle me confirme notre statut relationnel et je dois dire que je sens un poids énorme s’envoler de mes épaules lorsqu’elle me confirme que nous formons un couple. « D’accord. » Je lui souris quelque peu. « C’est… C’est juste encore bizarre de le dire, non ? » Je lâche un petit rire nerveux. « Mon dieu, on dirait un adolescent. » ajoutais-je en levant les yeux au ciel.

Pendant un instant, un silence s’installe entre nous, mais je finis par insister quelque peu sur le fait qu’elle devrait se faire aider, mais je vois tout de suite sur le visage de la brunette que cette idée ne semble pas lui plaire. « J'ai déjà essayé Bai... Tu m'as jamais vu sous traitement, je ressens plus rien, je dors toute la journée, et je deviens un putain de hamster que les docteurs adorent tester. Je veux pas faire ça, je peux pas revivre ça, et puis ça coûte une blinde. » Un soupire s’échappe d’entre mes lèvres. Cette histoire, je l’ai déjà entendue chez les McGrath. Je sais que Jill n’a jamais réellement pris ses traitements parce qu’elle n’en aimait pas les effets. Je ne veux pas lancer une dispute entre nous, mais je me demande si elle a déjà tenté assez longtemps pour en voir de véritables effets positifs. Je connais le caractère de Jill, je sais qu’elle abandonne dès que quelque chose ne lui convient pas. « Et si cette fois, on prenait le temps de trouver quelque chose de bien pour toi ? » Je connais aussi ses parents et je me doute qu’ils n’aient jamais fait aucun effort pour réellement aider leur fille. Ils se moquaient de son bien-être, il fallait juste anesthésier la folle, qu’elle se calme et qu’elle ne fasse pas de vague. Je ne suis pas comme ses parents. Tout ce que j’aimerais, c’est pouvoir réellement aider Jill dans ses périodes de crises, lorsque rien ne va, lorsque les voix sont plus fortes que tout. Je suis persuadé que l’on peut trouver quelque chose de bien pour elle. « Et on s’en fiche de l’argent, tu sais que je peux t’aider. » De l’argent j’en ai trop pour moi tout seul alors si je peux aider Jill avec mon argent, je le ferais sans hésiter. « Je… Enfin, j’y connais pas grand-chose, mais je suis persuadé que l’on peut trouver quelque chose qui pourrait au moins t’aider un peu Jill, au moins pour les périodes de crises. » dis-je doucement en tentant de ne pas la vexer dans le processus. J’aimerais juste que l’on puisse en parler tranquillement tous les deux. Et bien entendu, elle ajoute qu’un psy ce n’est pas quelque chose qui l’enchante et je me braque quelque peu. « J’aime pas les psys non plus Jill, mais moi, j’essaye de faire des efforts, tu vois. » Je me lève du lit, chancèle un peu et vais m’appuyer contre le rebord de la fenêtre. De nouveau, je fais glisser mon index sur le dos de ma main pour rester calme, pour me concentrer sur mon geste. « Je te demande pas de changer du tout au tout Jill, absolument pas. Je… je voulais juste trouver des solutions pour nous. » dis-je sans lâcher l’extérieur du regard. « T’as pas idée a quel point j’essaye du mieux que je peux. »            

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Jailey #6

Je sens la panique monter et de suite, j’utilise la technique qu’Isaac m’a donnée, il y a de cela quelques heures. Une technique que le roi des crises d’angoisse que je suis depuis des années ne connaissait absolument pas. J’ai vu des psys pendant des années, près de deux heures par semaine et aucun d’entre eux, aussi cher faisaient, ils payer la séance, m’as donné cette petite tactique pourtant si simple. Il a fallu que j’attende trente-sept ans pour que l’on me montre quelque chose qui pourrait réellement m’aider au quotidien. Un geste si simple qui pourtant m’aide réellement à garder la tête hors de l’eau. Je vois à quel point Jill est surprise, elle vient coller ses lèvres contre les miennes ce qui me fait sourire. « T'as intérêt à retenir cette technique Bai ! » Je hoche la tête vivement. Oh, je sais que ça, je ne suis pas près de l’oublier. Je ne sais pas combien de temps cela va durer, si ce n’est que l’effet de la nouveauté, mais je dois garder cela dans un coin de ma tête. « Promis je vais m’en souvenir. » Je ris un peu, enfin détendu dans cette foutue chambre d’hôpital. J’aimerais que l’on sorte de là, mais je sais que Jill doit encore se reposer.

Alors, on continue notre conversation. On a vraiment besoin de parler tous les deux, surtout après ce qui est arriver cette nuit. J’ai tellement eu peur de la perdre que désormais, je veux lui dire tout ce que j’ai sur le cœur et dans la tête. J’ai trop peur d’avoir des regrets. Vraiment trop. Au moins, elle me confirme que nous sommes un couple et tel un adolescent, je me sens rougir de la tête aux pieds. « Promis, y'a toi et moi, personne entre nous, plus jamais personne... » Plus personne entre nous. J’ai encore du mal à y croire, mais je sais que je peux lui faire confiance. Je ne sais pas réellement ce qui s’est passé depuis qu’elle a quitté la maison, mais je crois que c’est ce que j’attendais depuis longtemps. Vraiment très longtemps. Je ne veux pas lui demander ce qui a subitement changé. Je ne veux pas qu’elle se mette à douter d’elle ou pire de mes intentions. Peut-être un jour, elle arrivera à me parler de tout cela, en attendant, on parle de ce couple que l’on forme désormais, aussi dur que cela puisse paraître pour nous deux. « Bien sûr que je suis content. » dis-je tout en passant mon bras autour de son épaule pour la serrer contre moi. « Tu n’as même pas idée. » ajoutais-je avant de venir embrasser sa tempe tendrement.

Je ne sais pas vraiment comment on en est arrivé là, mais voilà que l’on parle médecin, traitements et autres psychologues. Je voudrais juste l’aider, être sûr qu’elle ira bien, que ce genre d’incident ne se reproduira jamais. Je sais parfaitement que Jill déteste les médecins. Je me souviens des longues discussions de ses parents sur le sujet, le fait que Ginny s’inquiétait pour sa sœur quand elle a fini par ne plus vouloir prendre son traitement du tout. J’ai été témoin de tout cela. À l’époque, je ne voulais pas m’impliquer, je ne faisais que coucher avec Jillian, on c’était assurer que ça n’irait pas plus loin alors je ne voulais pas interférer. Rien de plus. Aujourd’hui, les choses ont réellement changé. Je suis le premier concerné par tout cela, par sa santé et son bien-être. « Je sais pas... » Une autre manière de me dire non. Je le sais. Pourtant, je ne vais pas insister, ne pas me battre avec elle tout de suite. « Tu sais que je veux me débrouiller seule Bai, je te demanderais jamais un centime ! » Et ça aussi, j’aurai dû m’y attendre. Je n’aurai pas dû lui dire cela de cette manière. Lui jeter mon argent à la figure. Ce n’est pas ce que je voulais faire, je me suis vraiment mal exprimé. « Je voulais pas dire ça comme ça Jill, pardon. » dis-je doucement en soupirant. Je suis vraiment un con parfois. Je pose ma main sur son genou doucement comme pour me faire pardonner. « Je… Je voulais juste dire que… Que je pouvais t’aider, tu vois ? » dis-je doucement en essayant de ne pas m’emmêler les pinceaux.

Et pourtant, je finis par m’emballer, parce que je ne sais pas gérer mes émotions, parce que j’ai eu bien trop peur pour elle. J’ai la sensation de lui demander l’impossible alors que j’aimerais juste qu’elle prenne soin d’elle. Juste une fois. Je ne lui demande même pas d’arrêter la drogue du jour au lendemain, je serais même là pour l’aider. Je voudrais juste qu’elle se fasse aider pour la schizophrénie. « Ça presse un peu Jill… T’as failli mourir ! » Je hausse le ton sans vraiment le vouloir, mais c’est plus fort que moi. J’ai l’impression qu’elle ne se rend pas compte de la peur que l’on a tous eu cette nuit. « Je veux plus jamais revivre ça Jill. Jamais. » ajoutais-je avant de baisser la tête. Je me gratte la tête et laisse mon regarde se perdre à l’horizon. Jill finis par venir chercher ma main, pour me ramener près d’elle. Je reprends ma place sur cette vieille chaise en plastique et ma main reste dans la sienne. « Ça va aller d'accord ? On réfléchira à tout ça tous les deux, promis... ». Je hoche doucement la tête. Je suis épuisé et elle a raison, ce n’est pas le moment d’avoir cette conversation. Je soupire quelque peu et viens embrasser ses doigts tendrement. « Pardon, je suis épuisé. » Je passe ma main sur mon visage et ferme les yeux un instant. Je serre encore sa main dans la mienne. « Jill… Personne ne t’internera d’accord ? Pas tant que je suis là. » Il faudra me passer sur le corps pour en arriver là. Je sais ce qui lui fait peur, je sais ce qu’elle a vécu à cause de ses parents. « Je peux t’assurer que je ne te ferais jamais un coup comme ça Jill. Même si les crises venaient à être quotidienne. Tu m’entends ? Je te laisserai pas. » Je viens embrasser ses lèvres tendrement. « Et je sais que… Que si je venais a… À avoir trop d’angoisses, tu seras là aussi. Je te fais confiance Jill même si tout ça est encore neuf, même si c’est bancal et que l’on sait pas vraiment où on va. » Tu parles trop Bailey pourtant, je ne sais plus m’arrêter lorsque je commence à dire ce que j’ai sur le cœur. « Et je sais que c’est ça qui t’as fait peur et qui fait que tu sois dans ce lit d’hôpital, alors… Si tu as besoin de temps, si tu veux que je parte, que je me taise, tu le dis d’accord ? » Je plonge mon regard dans le sien. « Mais j’en suis là Jill, à te faire une confiance aveugle même si je n’oublie pas tout ce qu’on a traversé. »        

Just let me love you when your heart is tired

Jailey #6

La nuit a été plus que rude. Je me suis retrouvé à faire une crise d’angoisse, il m’a fallu des heures pour me calmer et véritablement réaliser que Jill était vivante et que je n’allais pas la perdre. Je n’ai pratiquement pas dormi et me retrouve avec un mal de crâne tout simplement affreux. Je ne gère plus vraiment mes émotions, loin de là. C’est souvent comme cela lorsque je suis trop fatigué, que j’ai eu trop de stress. Je ne gère plus et je finis par dire tout ce qui me passe par la tête. Vraiment tout. Alors, je saute d’un sujet à l’autre. On règle l’énième crise d’angoisse et pour ne pas penser a tout cela, pour m’occuper l’esprit, je lui parle du futur. De ce que l’on pourrait faire pour aller mieux, que ce soit indépendamment ou ensemble. J’en viens à parler de traitement, de médecin. Quelque chose d’idiot, mais de tangible. Quelque chose qui me rassure même si je déteste les médecins et leurs avis parfois si arrêter sur les maladies mentales. J’ai besoin de ça pour ne pas me rappeler que Jill a failli mourir même si je lui hurle dessus pour les mêmes raisons. Elle refuse que je l’aide financièrement et je ne peux pas lui en vouloir pour cela. Elle a toujours été indépendante et jamais je ne pourrais lui retirer cela. Ce n’est pas mon but. Je ne veux juste pas que l’argent soit la seule raison pour laquelle elle ne prenne pas de traitement adapter à sa maladie. Je m’emmêle les pinceaux, je m’emporte un peu pour rien aussi, mais Jill garde son calme. Elle a compris, je crois, que tout cela était tout simplement plus fort que moi. Tel un disque rayé, je suis en boucle sur la même chose encore et encore. C’est plus fort que moi. Je ne sais pas faire autrement lorsque je ne sais plus gérer la situation qui se trouve face à moi. J’ai peur pour Jill. Vraiment peur pour elle et je m’empresse dans mes propos pour ne pas laisser de silence, pour m’empêcher de penser. « J'ai aucune envie de recommencer. » Je hoche vivement de la tête. Me mords la lèvre pour ne pas lui dire qu’elle ferait mieux de ne jamais recommencer. Je ne veux pas partir dans une dispute avec elle, pas maintenant alors que l’on est tous les deux à bout de force. « Je sais… » dis-je doucement en plantant mon regard dans le sien. « Je sais Jill, pardon… »

Je finis par réellement me calmer, par prendre conscience, que vouloir aller trop vite ne changera rien à cet instant. Je vois que Jill aussi est paniquer et je comprends que c’est à mon tour d’être là pour elle, de la rassurer. Je ne suis pas l’homme le plus à l’aise avec les mots et je finis par la faire pleurer, mais je fais de mon mieux pour elle. « Je serais toujours là aussi, quoi qu'il puisse arriver, toujours ! » Une nouvelle fois, je hoche la tête et viens tendrement poser ma main sur sa joue pour essuyer ses larmes. Et je m’emballe, parce que je prends conscience d’avoir été trop loin avec cette histoire de médecin et que je dois réellement me rattraper auprès d’elle. Je me dois d’être honnête, de lui dire ce que je ressens. C’est important. On ce l’était promis. Pourtant, mes angoisses finissent toujours par reprendre le dessus. Toujours. Cela en devient incessant. Je suis persuadé que je devrais la laisser un peu tranquille parce que nous sommes allés trop vite dans cette nouvelle relation entre nous. « On a tous les deux eu peur, j'ai juste eu un peu plus de mal à gérer que toi... Ne pars surtout pas, s'il te plaît, et pourquoi je voudrais que tu te taises ? On a bien dit qu'on devait parler, être sincère ! » Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres alors que mon pouce caresse à nouveau sa joue. Mon regard se plante dans le sien. « Tu penses que je gère ? » Je pourrais partir dans un fou rire nerveux juste en pensant à cela. « Je gère absolument rien Jill. » Je ris encore un peu avant de pointer mon front du bout du doigt. « T’imagine pas le bordel que c’est là-dedans. Je… Je fais juste passer tout ça dans mon boulot. » Et dans la haine que je ressens de plus en plus envers Eliott, mais ça c’est encore une autre conversation. « Ne pense jamais qu’on n’est pas sur le même niveau. » Je me lève un peu et viens tendrement embrasser ses lèvres.

Jill a raison, tout ce que l’on a traversé fait que l’on pourra que mieux avancer. Je sais qu’elle a raison, mais cet épisode à l’hôpital, je veux vraiment l’oublier. Je soupire un bon coup et fais signe à Jill de se rallonger. « Il faut que l’on se calme. » Je sais que c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, mais il faut bien que l’un d’entre nous reste sérieux et concentré sur le plus important. Je lui souris tendrement et reprends sa main dans la mienne. « Toi, tu dois te reposer. Vraiment. Pour que tu puisses sortir d’ici rapidement et que je te ramène à la maison. » Je viens remettre une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et embrasse son front tendrement. « Et moi, je vais aller demander un cachet à une infirmière parce que j’ai la tête qui va bientôt exploser. » Il faut que je m’occupe de mon mal de crâne avant que je sois incapable de m’en débarrasser pendant des jours. « Tu as soif ? Faim ? Tu veux quelque chose ? »