@Arthur Coventry

Il était évident qu’il comptait au moins passer une soirée avec Arthur pour fêter son anniversaire et l’annonce du festival de jazz est arrivé à point nommé, surtout alors que Swann a facilement reconnu le nom d’un homme qu’il avait brièvement côtoyé durant la course de Run for Judy: Midas Sterling. Aujourd’hui, il note avec un certain humour à quel point l’idée de côtoyer des personnalités publiques ne l’étonne plus autant qu’avant. De toute évidence, son mariage avec l’une d’elle a changé toute la donne et lui a fait avoir une vision bien différente de la situation. De toute façon, il n’a pas beaucoup parlé au chanteur, alors il se contente de voir le tout comme une anecdote personnelle et rien de plus: il a déjà bien assez à faire et à penser avec sa performance du soir.

Ainsi, il est arrivé le premier par simple habitude et sans doute aussi par envie de leur réserver une table bien située. Il veut profiter de l'événement pour parler un peu à son ami mais il n’a pas l’intention de profiter de la musique comme simple bruit. Swann n’est pas un mélomane aguerri mais il respecte bien trop les artistes pour les réduire à une simple bande sonore digne d’être écoutée dans les supermarchés. Sans doute qu’Arthur ne sera pas le premier fan de jazz, ceci dit, mais peu importe. Il a lui-même accepté la proposition à sortir et, au fond, les deux hommes savent bien qu’elle consiste en une excuse comme une autre pour passer un peu de temps ensemble et tenter de rattraper le temps perdu. Arthur va bien mieux récemment et Swann est plus heureux que jamais de retrouver l’ami qui a toujours été le sien et qui lui manquait tant.

Lorsque son ami arrive, Swann le salue chaleureusement avant de lui expliquer qu’il le laisse choisir la boisson qui lui plaira. De son côté, il a opté pour un simple cocktail préparé spécialement dans le thème de la soirée. Il s’en tiendra à un seul puisqu’il rentre en voiture, mais se montrer raisonnable est rarement un problème pour l’anglais. « Tu vas bien ? Tu as continué à fêter ton anniversaire toute la semaine ? » Il demande dans un sourire, connaissant mieux que personne la capacité d’Arthur à utiliser n’importe quelle excuse pour faire la fête. Et de toute évidence, celle de son anniversaire en est toujours une bonne, une semaine avant les faits et une semaine après les faits encore, quand il ne pousse pas cela jusqu’au mois avant et après la date fatidique. « Tu m’as pas dit ce que tu faisais le soir même. » Il a tenté de le savoir mais la réponse d’Arthur était restée vague, ce que Swann a associé au fait qu’il devait être occupé à préparer la soirée du siècle sans pour autant s’en étonner outre mesure. De son côté, il lui avait de toute façon annoncé en amont qu’ils passeraient une soirée ensemble dans les jours à venir, soucieux de soutenir Rory auprès d’une Robin ayant quelque peu décidé de montrer son caractère dernièrement. Mais pour une soirée, il a totalement confiance en la capacité de son mari à gérer la situation, surtout alors qu’il garde toujours son téléphone près de lui, au cas où.

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SWANN & ARTHUR

lieu: at nate's jazz festival, roaring twenties.

« J’attends mieux de toi, Arthur. » - « Hmm. » C’était tout ce que l’information inspirait à Arthur qui fit basculer l’écran de son ordinateur pour mettre un terme à la conversation. Il s’était donné d’arrache-pied pour formuler cette première proposition et durant la dernière heure son père n’avait fait que souligner tout ce qu’il ne trouvait pas assez bien. Oh, il avait reconnu le travail fourni par Arthur, avant de sous-entendre que ce dernier avait forcément reçu l’aide de quelqu’un pour arriver à un tel résultat. Ce ne devrait plus être une surprise, Arthur avait reçu ce genre de traitement toute sa vie. Mais, parfois, les mots ont don de heurter plus que de raison. Il pouvait sentir le regard de Maya sur son profil et désormais, il n’avait qu’une envie : fuir ce bureau. « On reprendra demain. » Pas maintenant. Il n’en était pas capable et après un coup d’œil à sa montre, il réalisa qu’il était pratiquement déjà en retard pour retrouver Swann.

S’il n’était pas particulièrement fan de Jazz, Arthur remerciait silencieusement Swann d’avoir choisi cette date en particulier pour qu’ils puissent se retrouver. Comme si son ami avait eu un sixième sens qui lui avait indiqué qu’Arthur aurait besoin de compagnie après cette journée. Auparavant, Arthur aurait sniffé une ligne ou deux avant d’entrer dans le bar. Aujourd’hui, l’envie était présente, mais c’est plus sobre que jamais qu’il rejoint Swann, lui accordant une accolade en guise de salutation. Artur faisait des efforts même quand son paternel semblait constamment déterminer à lui mettre des bâtons dans les roues. « Tu vas bien ? » Il en était venu à haïr la question depuis sa sobriété, mais Arthur avait malgré toute conscience que Swann ne pensait qu’à son bien. « Ça va. Et toi ? Comment va Robin ? » Il n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer la fille de son ami, il soupçonnait ce dernier d’être encore hésitant, et même s’il lui arrivait de trouver cela blessant, il pouvait presque le comprendre. « Tu as continué à fêter ton anniversaire toute la semaine ? » Un léger éclat de rire transperça ses lèvres. Swann avait connu les semaines entières dédiées à célébrer l’anniversaire d’Arthur, celle où il avait besoin d’être le centre de l’attention encore plus que le restant de l’année. « J’ai fait une seule soirée dans le week-end. » Arthur, ce l’était joué raisonnable, conscient de ses propres limites pour une fois. Il avait organisé un événement à la hauteur de son extravagance et avait fini la nuit dans le lit d’une inconnue. Comme une tradition en quelque sorte.

« Tu m’as pas dit ce que tu faisais le soir même. » Arthur garda son regard baissé sur le menu des boissons. Swann lui avait déjà posé la question et il s’était contenté d’un vague message en guise de réponse. Visiblement pas assez satisfaisant aux yeux de son ami. « Tu deviens un vrai daron avec toutes tes questions. » Swann avait toujours été le papa poule de la bande, surtout avec Arthur. Le sentiment ne semblait que se démultiplier depuis quelque temps. Arthur demanda un whisky au serveur. Il avait bien le droit à cela au moins surtout quand il pouvait sentir le regard insistant de Swann sur son visage. « J’ai passé la soirée avec Greta. » A quoi bon mentir ? Swann allait l’avoir à l’usure. Il ne s’était pas vu passer la soirée de son anniversaire avec la blonde, mais un message avait suffi pour enclencher la machine. « Me regarde pas comme ça ! On a mangé ensemble, regarder un film et on a discuté. C’est tout. » Aucun dérapage incontrôlable à signaler. Même si l’idée lui avait plus d’une fois traversé l’esprit au cours de la soirée. Et Arthur ne faisait que d’y repenser à cette fichue soirée. « Et oui, je sais, c’était pas la meilleure des idées. » Il se doutait déjà que Swann allait le mettre en garde après ce qu’il avait fait par le passé. Arthur n’avait pas réellement envie d’entendre tout cela. Il s’agitait déjà sur son siège se demandant si le serveur était parti chercher son verre en Arctique.

p.s : t'as vue j'ai pas tag!

« Ça va. Et toi ? Comment va Robin ? » Il sourit à chaque mention de sa fille, sans doute parce qu’il réalise encore difficilement qu’elle existe bel et bien et qu’elle fait partie de leur quotidien. Robin est dans leur vie depuis plusieurs mois, pourtant, mais rien ne semble y faire: tout semble encore bien trop beau pour être véritablement le reflet de la réalité. « Parfaitement bien. Elle a encore tendance à confondre la notion de jour et de nuit, par contre. » Il confesse dans un sourire sans même se rendre compte avoir passé sous silence la partie de la question le concernant. S’il le fait par habitude, soucieux de ne jamais alarmer ses proches alors qu’il se porte rarement aussi bien qu’il voudrait le dire, ce soir ce n’est qu’une preuve de son inattention: il est heureux au point de trouver la réponse à cette question évidente. Son sourire surpasse la fatigue inhérente à la présence d’un enfant en bas âge dans leur quotidien.

Rapidement, c’est vers Arthur qu’il dirige à nouveau son attention, parce qu’il ne lui a pas proposé de passer une soirée ensemble pour la faire tourner autour de Robin. Il en serait capable et il trouverait toujours mille et une choses à dire au sujet de sa fille qu’il trouve merveilleuse, c’est un fait, mais il est bien assez conscient des choses pour anticiper que ses proches n’ont pas tous vocation à ne plus entendre parler que de sa famille à partir de maintenant. « J’ai fait une seule soirée dans le week-end. » La surprise se lit sur le visage de Swann sans qu’il ne cherche à la cacher un seul instant. Il a connu Arthur dans tous ses excès et s’il ne s’attendait pas à entendre autant de choses que ce qu’il a pu connaître un jour, il s’attendait tout de même à un chiffre un brin plus élevé. « Tu comptes en faire d’autres ? » Il demande par curiosité, sans doute parce qu’une partie de lui pense qu’Arthur n’a tout simplement pas eu le temps de faire toutes les fêtes qu’il voudrait ; ou peut-être que cela fait partie de son plan de sobriété et auquel cas Swann est particulièrement fier de lui et de tous les efforts qu’il fait en ce sens. « Tu deviens un vrai daron avec toutes tes questions. » - « Et toi un vrai ado. » A répondre avec cet air aussi exaspéré, c’est ce qu’il lui inspire aussitôt et c’est ce qui amuse Swann bien plus que cela le pousse à lui en faire de véritables reproches.

Commander un verre de whisky semble lui donner assez de courage pour oser répondre à la question, et sans doute que cela a été particulièrement aidé par le silence de l’anglais attendant une réponse claire à une question claire. « J’ai passé la soirée avec Greta. » Son sourire s’étire sans qu’il ne cherche à le cacher. Ils se sont beaucoup blessés l’un l’autre, c’est un fait, mais il pense aussi qu’Arthur a sincèrement aimé Greta et il veut croire que ce simple postulat suffit à prouver qu’ils peuvent être heureux ensemble. Ils ont sans doute besoin de temps, comme lui-même en a eu besoin avec Rory. Leurs histoires sont bien différentes, mais elles tendent au moins à prouver qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’accéder au bonheur. Et qu’elles sont peut-être toutes ponctuées d’obstacles, d’ailleurs. « Me regarde pas comme ça ! On a mangé ensemble, regarder un film et on a discuté. C’est tout. » Swann lève les mains, l’air de dire qu’il n’a justement pas eu le temps de faire le moindre commentaire et qu’Arthur a tout extrapolé lui-même - quand bien même, certes, il n’en pensait effectivement pas moins.  Il a l’impression de se retrouver propulsé dix ans en arrière, à ainsi parler des aventures de Greta et Arthur. Sur certains points, ce n’est pas pour lui déplaire, même si ses amitiés ne le feraient pour rien au monde souhaiter de réellement remonter le temps pour le vivre au lieu du présent. « Qui l’a proposé ? » Cela n’a sans doute pas grande importance mais Swann tient à le savoir malgré tout, san doute pour jauger lui-même la situation et l’attachement que les deux peuvent encore se porter malgré les années écoulées et les disputes avortées - ou vécues.

« Et oui, je sais, c’était pas la meilleure des idées. » Il reprend plus gravement sans que Swann n’ait cherché à déjà faire prendre une telle tournure à leur discussion. Il laisse le groupe de musique orner les secondes qui s’écoulent sans qu’aucun des deux ne parle et il reprend justement la parole après avoir longuement mûri ses mots. « Vous êtes deux grandes personnes, Arthur. » Ils sont en âge de prendre toutes les décisions inhérentes à leur vie, l’un comme l’autre. « Tu sais ce que c’est que d’être avec elle et d’être sans elle. » Et de toute évidence, il semble avoir compris quel état il préférait en ce qui concerne sa relation avec Greta, sans pour autant déjà parler de reprendre les choses là où ils les avaient arrêtées. « Vous avez un peu posé les choses ou vous avez… ignoré le problème ? » Et qu’il n’ose pas dire qu’il n’y a pas de problème. Swann prend volontairement des pincettes avec son ami mais ils se doivent au moins de parler avec sincérité, sans langue de bois, et surtout sans mensonges.

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SWANN & ARTHUR

Il était difficile de ne pas relever l’étincelle qui s’alluma dans les yeux de Swann à la simple évocation du prénom de sa fille. Il était devenu ce genre de papa et Arthur n’en était absolument pas surpris. « Parfaitement bien. Elle a encore tendance à confondre la notion de jour et de nuit, par contre. » Ce qui explique donc les ombres bleutées sous les yeux de son ami. « Donc fatigué ? » Il y a des choses qui ne changeront jamais comme Swann qui ne répond jamais directement à la question banale du : comment tu vas ? Il en avait l’habitude, cela ne datait pas d’hier. Et pourtant, à chaque fois, il insistait pour obtenir quelque chose qui pouvait s’apparenter à une demi-réponse. Auparavant, parce que la santé mentale n’était pas souvent au beau fixe. Désormais, parce qu’il s’agissait d’un réflexe dont il aurait bien du mal à se défaire.

Swann avait bien du mal à se détacher de ses propres réflexes qui l’amenaient à toujours se soucier des faits et gestes d’Arthur. L’habitude pouvait se lire dans la surprise difficilement dissimulée de Swann quant au manque évident de folles soirées dans la vie de son acolyte. « Tu comptes en faire d’autres ? » Était-il en train de le pousser à reprendre ses mauvais travers ? « Pas vraiment. » Arthur haussa des épaules avec nonchalances. « J’ai pas mal de boulot. » Et surtout, toutes les connaissances qu’il avait pu se faire dans cette ville étaient étroitement liées à sa dépendance et à ses excès. Ayant déjà un mal énorme à gérer sa sobriété, il n’avait guère l’intention de provoquer intentionnellement ses propres démons. « J’essaye de pas jouer avec le feu Swann. » Cela ne voulait pas dire qu’il n’en avait pas envie. Bien au contraire. Arthur était prêt à s’enfiler un deuxième whisky alors que le premier venait seulement d’être déposé sous son nez. Il trouvait une certaine facilité à se concentrer sur l’alcool. Les sensations étaient moins intenses et les lendemains un peu plus difficiles, mais cela l’aidait encore à anesthésier tout ce qu’il ne voulait pas gérer dans le bordel qu’était devenu son esprit sobre. Vierge de toute prise de drogue, uniquement. L’alcool devenait une béquille sans qu’il n’en prenne pleinement conscience. Alors les soirées de folies ? Il valait mieux s’abstenir.

Il n’était pas certain que l’option de passer une soirée avec son ex petite amie était la meilleure du lot. Pourtant, c’est bel et bien ce qui s’était passé. Quelques échanges de messages texte polis, c’était transformer en une soirée pizza et film. Comme avant. Quand Greta faisait réellement partie de sa vie et qu’Arthur n’avait pas encore complètement sombré. « Qui l’a proposé ? » Il avait vu le sourire amusé sur les lèvres de Swann. Il n’était pas certain de comprendre l’apparente approbation de ce dernier. « Moi. Je crois ? » Il avait prévu de passer la soirée chez lui, tel un adolescent, caler devant la télévision avec ses jeux vidéo. Puis Greta était venue bouleverser ses plans. « Elle trouvait ça nul que j’ai décidé de passer la soirée chez moi, je lui ai dit de venir. » Cela avait été aussi simple que cela. Ils s’étaient chamaillés sur le choix du menu, et après pour celui du film. Elle s’était installée comme s’ils s’étaient quittés la veille et les conversations se sont enchaînées sans qu’aucun d’entre eux ne voie les heures défilées. Et Arthur ne savait pas réellement comment l’analyser.

Il avait apprécié passer ce moment avec Greta. Comme quelques secondes suspendues hors du temps ou des difficultés lui paraissait bien lointaine. La réalité était venue le heurter de plein fouet le lendemain, lorsqu’il s’était réveillé avec l’irrésistible envie de consommer et la sensation d’avoir enclenché quelque chose qu’il ne serait pas en capacité de contrôler. « Vous êtes deux grandes personnes, Arthur. » Swann et sa sagesse incarnée. « Tu sais ce que c’est que d’être avec elle et d’être sans elle. » Il aurait préféré ne jamais connaître l’option qui impliquait un retour de Greta dans sa vie. « J’étais censé ne jamais la revoir. » qu’il marmonna dans son verre. Est-ce qu’il en voulait à Swann de ne pas lui avoir appris la présence de la jeune femme en ville ? Encore un peu oui… Brisbane était une ville immense et pourtant il n’avait fait que croiser le chemin de la blonde a de trop nombreuses reprises. « Vous avez un peu posé les choses ou vous avez… ignoré le problème ? » Son instinct premier serait de rappeler à Swann qu’il n’était pas son psy. Mais Arthur se mordit la langue pour ne pas réagir avec autant de véhémence. S’il n’avait pas à cœur de s’étaler sur le sujet, il était tout de même assez lucide pour savoir que Swann était la seule personne avec qui il pouvait parler de tout cela. « T’as interrompu notre discussion le soir du mariage. » Oh, il allait s’en souvenir Swann quand il les avait forcément suivis pour les surveiller ce soir-là. Il avait interrompu bien plus qu’une conversation, mais Arthur espérait que son regard noir allait convaincre son ami de ne pas épiloguer sur ce qu’il aurait potentiellement pu voir à ce moment-là. « On a discuté. » Après. Ils s’étaient revus bien des semaines après et la conversation qui en avait découlé le faisait encore ruminer les soirs où les insomnies s’invitaient dans son lit. « J’ai essayé de lui expliquer pourquoi j’étais parti. » A cette époque, Arthur s’était renfermé, au point d’éloigner tout le monde, même Swann. Et il n’avait pas franchement envie de parler de cela, collant son regard sur les musiciens qui avaient envahi la scène face à lui.

Donc fatigué, oui. Il souffle avec un sourire qui prouve bien que cela n’a rien de grave: il souffre de la même fatigue que bon nombre de parents. Ils passent tous par là, et ce n’est que pour aviser du meilleur ensuite et voir sa si petite fille devenir une femme - ils n’y sont pas encore, évidemment, mais il y pense déjà. Quand bien même sa fille occupe la plupart de ses pensées, il n’en est pas au point d’oublier ses amis, et loin de là. Ainsi, rapidement, ses mots se tournent en la direction d’Arthur, duquel il s’intéresse naturellement. « Pas vraiment. » Il affirme qu’il ne fera pas d’autres fêtes et Swann le croit sans chercher un seul instant à le piéger. Il peut lui dire la vérité sans mal, alors l’anglais ne cherche pas à creuser. « J’ai pas mal de boulot. J’essaye de pas jouer avec le feu Swann. » Il hoche la tête, bien conscient de cette réalité. Il aurait tiré cette conclusion même si Arthur ne lui avait rien précisé, mais il est heureux qu’ils se fassent confiance à un tel niveau, à nouveau. Arthur peut tout lui dire et il sait que Swann sera là pour lentendre sans jamais chercher à le juger. « Ma question n’étais pas un piège. » Il précise d’abord sur un ton calme, pour ne pas laisser penser Arthur qu’il est vexé. Ce n’est pas le cas. « Mais je suis heureux de te l’entendre dire. » Parce qu’il a passé sa vie toute entière à jouer avec le feu, Arthur.

« Moi. Je crois ? » - « Comment ça tu crois ? » Swann est un brin utopiste, il le sait, mais à sa place il n’aurait pas eu de mal à se souvenir qui de lui ou Noa ou bien Lucia aurait été le premier à proposer une soirée ensemble - et il ne le compare même pas avec Rory, parce que cela n’a sans doute rien de comparable, justement. « Elle trouvait ça nul que j’ai décidé de passer la soirée chez moi, je lui ai dit de venir. » Et sans qu’il n’arrive à le refréner, le sourire de Swann s’étire avec un amusement non feint. Ils sont de véritables adolescents. « Donc c’est toi. » La question ne se pose déjà plus et Swann en prend note mentalement: il a été le premier à céder face à l’envie de la revoir, ce qui signifie sans doute qu’il apprend de ses erreurs et surtout de l’absence des personnes qu’il aime dans sa vie.

Il sait qu’il n’a pas vraiment le droit de poser un nombre infini de questions lorsqu’il s’agit d’Arthur et surtout lorsqu’il s’agit de Greta, mais puisqu’il tient profondément aux deux protagonistes de cette histoire, il ne sait passer outre. « J’étais censé ne jamais la revoir. » Le sourire de Swann est différent cette fois-ci. Plus triste, plus effacé aussi. « Ca veut rien dire, ça. » Il n’aurait jamais dû finir avec Rory non plus, pour des milliers de raisons différentes. Tout porte à croire qu’il n’était jamais supposé le rencontrer non plus, et évidemment encore moins la revoir, et l’alliance à son doigt prouve que cela s’est passé d’une façon bien différente. « T’as interrompu notre discussion le soir du mariage. » Le regard noir qu’il partage avec lui suffit à exprimer toutes les émotions qui l’habitent en cet instant, et la pente semble assez glissante pour que Swann ne creuse pas davantage en ce sens. Il ne regrette pas d’être allé leur parler, pas alors qu’il ressentait le besoin sincère de s’assurer que son mariage n’abriterait pas le moindre drame. « On a discuté. J’ai essayé de lui expliquer pourquoi j’étais parti. » Il lui tend une perche puis donne toute son attention aux musiciens sur scène sans que Swann en fasse de même. Il garde son propre regard posé sur son ami, attentif à la moindre de ses réactions, curieux de savoir s’il arrivera de lui-même à reprendre le fil de ses explications. Vraisemblablement, la réponse à cette question est négative. « Tu peux pas me dire ça sans me préciser comment elle l’a pris, tu sais. » Tout ce qu’il espère, c’est que son silence n’existe pas parce que Greta s’est braquée, ce qui reste pourtant une éventualité totalement plausible. Elle aurait été dans son bon droit, et Swann continue de le penser malgré toute son amitié pour Arthur. « Parce que si tu t’arrêtes là je vais me mettre à parler de Rory et tu vas pas aimer. » Il malmène doucement son épaule d’un coup de poing qui n’en a que le nom, le sourire amusé figeant ses lèvres pour pousser son ami à aller au bout de ses confessions.

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SWANN & ARTHUR

« Ma question n’étais pas un piège. » Ce n’est pas qu’il l’avait pris comme tel. Peut-être un peu, mais il avait pourtant eu le sentiment que cela n’était pas l’intention de Swann. Son entourage, restreint, pouvait encore être surpris de ses changements, Arthur en avait pleinement conscience. Il appréciait tout de même moins que l’on souligne ce genre de changement comme si cela relevait d’un miracle. Faire la fête le ramènerait tout droit au sein de ses anciens démons. Ce n’est pas l’envie qui manquait que d’aller se perdre dans une salle sombre, à se noyer dans la musique assourdissante et de donner une justification sur sa consommation. Mais Arthur se voulait plus malin que cela, il n’allait pas tomber dans des pièges aussi évidents. « Mais je suis heureux de te l’entendre dire. » Il haussa les épaules, tenter de garder sa concentration sur la conversation, quand son esprit se voulait déjà à divaguer un peu ailleurs. Il n’avait plus réellement envie de se justifier et Swann l’avait compris.

Naïvement, il avait espéré que la conversation ne s’intéresse pas uniquement à sa personne. Swann paraissait avoir un tout autre programme en tête depuis qu’Arthur avait osé prononcer le prénom de Greta. « Comment ça tu crois ? » Une fois encore, il haussa des épaules. Il n’était pas certain de ce qui avait amené à une invitation à passer la soirée chez lui. « Donc c’est toi. » Un nouveau haussement d’épaule nonchalant. « Ouais, peut-être. » Est-ce que cela avait réellement une importance dans le fond ? Il avait juste passé la soirée avec Greta. Fin de l’histoire. Et même en distillant quelques informations, la curiosité de Swann ne paraissait toujours pas être entièrement satisfaite. « Tu peux pas me dire ça sans me préciser comment elle l’a pris, tu sais. » La chose étant que même Swann n’avait aucune idée de ce qui avait un beau matin poussé Arthur à partir sans se retourner. Il n’en avait parlé avec personne, se protégeant des conseils mal placés que certains aurait été ravi de lui distribuer. À l’époque, et aujourd’hui encore, il avait été persuadé de prendre la bonne décision. Il n’avait pas envie de revenir sur le sujet. « Parce que si tu t’arrêtes là, je vais me mettre à parler de Rory et tu vas pas aimer. » Il accueillit la bousculade avec un léger éclat de rire, son regard pourtant rivé sur le mur en face de lui. « Si je te dis que je serais ravi de t’entendre déblatérer sur Rory, ça t’amusera assez longtemps pour oublier le reste ? » A cet instant, il était même prêt à écouter Swann faire l’éloge de la douceur de la peau de son mari si c’est tout ce qu’il fallait endurer pour ne pas parler de sa vie à lui. « Tu veux commencer par quoi ? À quel point il est un le père idéal pour Robin ou que c’est le seul amant qui t’es jamais autant satisfait au lit ? » Arthur était toujours aussi cru dans ses propos, il ne s’en était jamais caché, Swann n’allait pas être surpris.

Mais le silence était en train de perdurer et il pouvait sentir le regard insistant de son ami. « Même pas me faire un laïus sur ta fille ? Père indigne. » Il avait beau vouloir gagner du temps, Swann ne lui laisserait aucun répit. Arthur chercha à gagner une minute supplémentaire, mais il soupira sur sa propre défaite. « Elle a compris, je crois. » Il eut un soupir, conscient que cela ne sonnait guère encourageant. « Je lui ai brisé le cœur Swann. » C’était un fait irrévocable. « Je sais pas si elle m’en veut encore, mais j’ai été honnête avec elle. » Tout ce qu’il n’avait pas été par le passé. « Je pensais sincèrement que c’était la meilleure des choses pour elle. » Il ne savait pas l’expliquer autrement. Il était parti pour sauver son avenir à elle.