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@KENDALL HARDING & ARTHUR

31 décembre 2023

« Je peux pas gérer ça maintenant, tu devrais rentrer chez toi Arthur. » Puis la porte avait claqué dans son dos faisant résonner le rejet qu’il venait d’essuyer. Elle ne lui avait laissé le temps de rien. Un simple regard et elle avaient compris. Ses pupilles encore dilatées avaient trahi son secret, ne lui laissant même pas le temps d’user de ses charmes pour faire diversion. Elle venait de le mettre à la porte sans jamais lui laisser le bénéfice du doute. Une simple rechute et tout le monde commençaient à lui tourner le dos. Ce n’est pas comme s’il consommait à nouveau comme avant. Ce n’était qu’un faux pas, ou peut-être deux, mais comme Swann avant elle, Greta avait décidé de juger plutôt que de comprendre. Et Arthur était en colère. De ne pas avoir su tenir, un peu, mais surtout de voir que ses amis prenaient son faux-pas comme l’aveu d’un échec qu’ils avaient semblé attendre durant tout ce temps. Personne n’avait cru en lui, et en ce combat dans lequel il s’était lancé avec acharnement. Et si, par le passé, sa fierté l’aurait poussé à insister pour retourner auprès de Greta comme il l’avait initialement prévu, ce soir, il se contenta de soupirer avant de fuir, comme elle venait de lui demander.  

Arthur ne se laissait jamais déstabiliser, par qui que ce soit ou quelconque situation. Personne ne pouvait le faire flancher. Exception faite de Greta. S’il avait pour habitude de se foutre de l’opinion des autres, tout devenait différent dès que la blonde entrait dans l’équation. Et sa réaction ce soir, il n’était pas apte à l’interpréter comme il se doit. Arthur ne voyait que le manque de confiance. Il ne pouvait ressentir que ce qu’on lui avait toujours craché à la figure, qu’il était et resterait un incapable, qu’importent ses efforts. Si l’avis de Swann était venu piquer sa fierté, les propos de Greta lui laissaient un véritable goût amer. Il n’aurait plus jamais le droit à l’erreur à leurs yeux. Contrairement à ce que son entourage semblait penser, Arthur n’était pas fier de lui. Loin de là. Il s’en voulait d’avoir craqué, d’être allé chercher un réconfort synthétique aux angoisses qui étaient revenue l’assaillir. Mais ce soir, c’est la colère qui allait finir par gagner. Celle aveugle, qui ne laisse place qu’à des coups de sang qui finiront en regret. Il avait pensé à jeter le sachet qui traînait dans le fond de sa poche, il allait lui en parler à Greta. Elle l’aurait sûrement fait pour lui, s’il ne s’en était pas senti capable. Mais maintenant, alors qu’il se retrouvait seul comme un con dans l’ascenseur, Arthur n’avait plus l’intention de jouer dans les clous. Sans chercher à se faire discret, il prit l’une de ses clés pour la plonger dans le sachet ouvert entre ses doigts et amener la cocaïne jusqu’à l’une de ses narines. Rien de mieux qu’une dose supplémentaire pour continuer à prétendre qu’il maîtrisait la situation. Après tout, Arthur Coventry n’a jamais besoin d’aide. Et pourtant, alors qu’il aurait dû rentrer chez lui comme il lui avait été demandé, Arthur était reparti errer dans les rues de la ville. Avant de se retrouver, comme par hasard, devant un immeuble familier. Il était tard, ou tôt selon les points de vue. La plupart des festivités de la nouvelle année touchaient à leur fin et tout paraissait calme dans le voisinage, mais lui n’avait aucune envie de se retrouver seul dans son appartement. Non, il allait rendre visite à un ami.

« KEN ! » Il se fichait bien de savoir si les voisins dormaient. L’autre avait intérêt à lui ouvrir la porte. « Je sais que t’es là. » Il n’avait pas de pote ou un métier chiant, un truc du genre. « Keeeeen. » Arthur s’acharnait sur la sonnette, un sourire diabolique peint sur les lèvres. Sa main libre vint se frotter contre son nez qui le démangeait. Il avait consommé plus que nécessaire, plus qu’il ne l’avait fait depuis bien trop longtemps. Et dans ce genre de situation, Arthur voulait faire la fête. « Ken, Ken, Kennyyyy, Ken ! » Il pouvait entendre du bruit de l’autre côté du panneau de bois. « J’sais que t’es pas avec Barbie. » Et Arthur se trouva drôle, hilarant même. Au point de rire aux éclats alors que la porte s’ouvrit enfin devant lui. « Eh, j’ai failli attendre ! »

La soirée du nouvel an a été bien différente de celle que Kendall a pu vivre dans le passé. Si autrefois dans ses plus jeunes années et jusqu’à l’année précédente il passait les douze coups de minuit un verre à la main avec la musique trop forte autour de lui, ce soir-là, tout était différent. Ce soir dans son appartement tout était calme, trop calme. Le bouclé était seul dans son appartement et il n’avait pas envie que cela change. Il aurait pu s’habiller, sortir dans n’importe quel bar ou appeler certains de ses amis, mais il n’en avait pas la force. Arthur lui avait bien sûr proposé de le rejoindre pour passer la soirée ensemble, comme ils l’avaient fait de nombreuses fois auparavant. Ken avait décliné en prétextant être fatigué, ce qui n’était pas totalement un mensonge. Il était éreinté depuis plusieurs mois et particulièrement depuis son retour à Brisbane. L’état de santé de son père le préoccupait beaucoup, bien plus que ce qu’il ne laissait paraître. Il avait à cœur de garder l’apparence de quelqu’un de fort qui pouvait encaisser la maladie et la fin tragique et malheureusement certaine que son père allait avoir. Très peu de personnes étaient au courant de cette situation, seuls ses supérieurs et la famille d’Arthur étaient au courant. Le 31 après-midi il avait rendu visite à son père, hospitalisé au sein de la maison familiale et il avait fait de son mieux pour changer les esprits de son père et aussi de sa mère qui était une spectatrice impuissante de la descente aux enfers de son mari. Après une journée comme celle qu’il venait de passer, Kendall n’avait donc aucune envie de sortir, de voir du monde et de faire des efforts pour faire comme si tout allait bien. Il avait donc passé la soirée seul, un verre de whisky à la main en début de soirée et avec un joint d’herbes pour essayer de se détendre et de penser à autre chose. A 22h00 à peine, il s’écroulait dans son lit, plongeant dans un sommeil profond mais agité.

***

C’est finalement du bruit qui réveille Ken. Pas un simple bruit étrange, un craquement ou encore une sirène d’ambulance passant dans la rue. Si au début le vacarme le fait se réveiller en sursaut avec l’impression qu’on le cambriole, ce sont en réalité des bruits de sonnette et des éclats de voix qui se font entendre. Il enfile un t-shirt et un short à la va-vite avant de se précipiter vers la porte. Au fur et à mesure qu’il s'approche, il a l’impression de la reconnaître. « Ken, Ken, Kennyyyy, Ken !  J’sais que t’es pas avec Barbie» Arthur. Il en est certain avant même d’ouvrir la porte. Cette voix, ce rire, il n’y a pas de place au doute pour le brun. C’est donc encore à moitié endormi, les yeux difficilement entrouverts qu’il ouvre brusquement la porte. « Eh, j’ai failli attendre ! » Il n’a pas besoin d’en entendre plus ou de l’observer davantage pour deviner qu’il est complètement défoncé. “Putain mais Arthur qu’est-ce que tu fous ?” Il est complètement hilare, difficile de savoir ce qu’il a pris exactement mais le voir débarquer à une heure aussi tardive c’est le signe que la soirée va être longue, très longue. “Tu sais quelle heure il est là ? 4h du matin bordel.” Sortir quelqu’un de son sommeil de cette façon est le meilleur moyen de filer la frousse et de mettre quelqu’un de mauvaise humeur, si Arthur avait été sobre il l’aurait su. “Bon vas-y, entre, tu vas réveiller les voisins.” La dernière chose dont il a envie c’est d’avoir sur le dos une plainte pour tapage nocturne. Et puis il a réveillé Ken donc autant le faire entrer maintenant. “Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu me réveilles en pleine nuit ?”

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31 décembre 2023

Si on venait à lui poser la question, Arthur serait dans l’incapacité d’expliquer sa présence dans ce couloir. Il était venu sans mettre la moindre réflexion dans son action. Comme un instinct qui l’avait poussé à choisir cet immeuble et cette porte plus exactement. Il était inutile de raisonner plus que cela, être seul ne pouvait être une solution, pas pour l’instant. Et ce n’est pas comme s’il était en capacité de compter ses amis sur les doigts de ses deux mains. Lui qui avait toujours été si populaire, il se trouvait parfois bien seul depuis qu’il avait emménagé à l’autre bout du monde. Et cette simple pensée le poussa à frapper encore plus fort contre le panneau en bois. Arthur détestait la solitude. Il préférait encore s’entourer d’une dizaine d’égoïstes qui ne cherchait son attention que pour sa fortune plutôt que de devoir se retrouver seul avec ses propres pensées. Il aurait pu retourner à sa soirée, mais Greta l’avait refroidi et il pensait trouver un peu de réconfort auprès de quelqu’un qui le connaissait réellement. « Putain mais Arthur qu’est-ce que tu fous ? » Le visage familier de Ken étira ses lèvres dans un sourire amusé. Avant de prendre conscience de la tenue de son ami de toujours. « T’es sérieux ? » Un soir de Nouvel An et il lui ouvrait la porte en pyjama ? « Tu sais quelle heure il est là ? 4h du matin bordel. » Toute personne normale se serait excusée. Arthur n’avait pas vu le temps filer, mais il n’avait aucunement envie de s’excuser. Il se contenta d’hausser les épaules. « Et ? » A une époque, ce n’était pas un problème, ni pour lui, ni pour Ken. « Bonne année mon pote ! » Est-ce cela serait suffisant aux yeux du vieillard qui lui servait d’ami ?

« Bon vas-y, entre, tu vas réveiller les voisins. » - « Jeez, te force pas trop surtout. » Est-ce qu’il était tombé dans une faille ? Greta ne voulait pas de lui, Ken paraissait à peine ravi de le voir… Il avait fort à parier que Swann ne voudrait même pas entendre parler de lui. Arthur commençait à ne pas apprécier tout ce qui se déroulait depuis le dernier coup de minuit. « Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu me réveilles en pleine nuit ? » Au moins, Ken se voulait un peu moins agressif que l’avait pu être Greta. A penser à la jeune femme, Arthur eut un rire nerveux. « Elle m’a foutu dehors. » Ce n’était jamais arriver, même durant les années où ils étaient véritablement un couple et qu’Arthur ne se cachait pas pour consommer. Réalisant qu’il n’était pas censé rire de tout cela, Arthur s’aventura à changer son expression pour une s’approchant très fortement d’un petit garçon prêt à bouder parce qu’il n’avait pas obtenu ce qu’il désirait. « J’avais pas envie d’être tout seul. » Ces mots-là, il les murmure à la vitesse de l’éclair. « Puis t’es pas venu à la soirée ! » Est-ce qu’il l’avait invité même ? « Sérieux mec, tu dormais ?! Tout seul ? » Et Arthur fit danser ses sourcils, incapable de rester sérieux plus de trente secondes.

Quand quelqu’un tambourine à une porte à 4h du matin, c’est rarement bon signe. C’est exactement ce mauvais pressentiment que Kendall avait eu étant réveillé de la sorte par Arthur. En voyant son ami dans le judas, le bouclé avait pesté et avait ouvert la porte dans un mélange d’incompréhension, d’agacement et de paupières encore lourdes. « T’es sérieux ? » Il venait de le regarder de haut en bas, le commentaire étant bien évidemment destiné à son pyjama. Ce à quoi Kendall lui demanda s’il était conscient de l’heure très tardive qu’il était. « Et ? » Le policier fit rapidement les gros yeux avant de secouer la tête en signe de désapprobation. “T’es pas possible.” Ils se ressemblaient beaucoup, la vérité était là, d’habitude c’est ensemble qu’ils sortaient jusqu’au bout de la nuit, qui plus est un soir de réveillon, mais ce n’est pas le cas cette année. « Bonne année mon pote ! » La remarque d’Arthur rappelle au brun qu’ils étaient le premier janvier. “Bonne année à toi aussi frangin.” Une date qui explique l'état de son ami, qui est complètement ivre, défoncé ou très certainement les deux. Ken le fait entrer, il n’a aucune envie de recevoir une plainte pour tapage nocturne, et maintenant que son ami est là et qu’il l’a réveillé, autant le faire entrer. « Jeez, te force pas trop surtout. » Il fait mine de ne pas entendre la remarque d’Arthur et préfère lui demander la raison de sa venue. Arthur est un fêtard c’est certain mais il ne serait pas venu comme ça en plein milieu de la nuit pour lui souhaiter la bonne année alors qu’il était en soirée. Il y a quelque chose de louche dans tout ça, Ken en est certain. « Elle m’a foutu dehors. » Kendall, encore mal réveillé, met quelques secondes à raccrocher les wagons et à comprendre qu’il parle de Greta. “Hein ? Mais pourquoi ? Vous vous êtes engueulés ?” Leur relation est plutôt chaotique, le policier a parfois du mal à comprendre les rebondissements de leur histoire. Aux dernières nouvelles le bouclé avait retenu qu’ils étaient plutôt en bon terme. « J’avais pas envie d’être tout seul. » Il parle si vite que Ken n’est pas sûr d’avoir tout compris, d’autant plus que son élocution n’est pas au top de sa forme. « Puis t’es pas venu à la soirée ! » Le policier hoche la tête tout en passant nerveusement une main dans ses cheveux. “Ouais je t’avais dit que je pouvais pas venir, fallait que je dorme un peu.” Ce n’était qu’une demi vérité. Kendall avait besoin de dormir, c’était vrai mais il n’avait surtout aucune envie de sortir, de faire la fête cette année. L’état de santé plus que préoccupant de son père ne lui avait pas donné envie de fêter la nouvelle année. Avec l’avancée de son cancer, l’espérance de vie de son père n’était que de quelques mois, peut-être moins, il le savait : l’année 2024 serait complètement à chier. «Sérieux mec, tu dormais ?! Tout seul ? »  La tête d’Arthur décrocha un petit sourire amusé chez Ken ainsi qu’un haussement d’épaules. “Bah ouais, ça m’arrive des fois tu sais.” Dormir seul était un choix pour Ken, il n’aurait au qu’à envoyer un message à Ava pour l’avoir dans son lit ce soir pour chasser la solitude, mais il avait besoin de cette solitude pour le réveillon. “Je bosse demain, fallait que je sois un peu frais quand même.” Le planning ne lui est pas tombé dessus, c’est le policier lui-même qui s’est porté volontaire pour travailler le premier janvier, un bon moyen de se changer les idées et de ne pas penser à sa famille en ce jour de fête qui n’en est pas un pour les Harding. Sentant bien qu’Arthur avait besoin de vider son sac et surtout qu’il est trop déchiré pour aller ailleurs, Kendall se fait une raison : sa nuit est terminée. “Je vais me faire un café, tu veux un truc à boire ?”

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31 décembre 2023

« T’es pas possible. » Il était au courant de cela. Il en avait parfaitement conscience même. Il sait à quel point son comportement s’apparente à des enfantillages aux yeux de ses proches. Elle venait de lui dire, Kendall était en train de lui rappeler. Cela s’apparentait à de la désinvolture, d'autant que chacun de ses actes ne se voulait pas d'être pleinement calculé. Arthur était ainsi. Un enfant emprisonné dans le corps d’un adulte. Un être dont on attend des décisions réfléchies et à qui incombent des responsabilités. Un monde dans lequel il ne sait trouver sa place, mais dans lequel on le pousse à toujours faire mieux. Mais habituellement, Kendall n’était pas contre lui. Il se trouvait plutôt à être son meilleur acolyte, son sidekick. Est-ce qu’il allait le foutre à la porte lui aussi ? Arthur se fit rattraper par la nausée à l’idée même qu’on lui ferme encore une porte sur le nez. « Bonne année à toi aussi, frangin. » Une paire de sourire malgré tout. Une accolade pour faire genre. Des habitudes profondément ancrées depuis l’enfance. Kendall est fatigué, le teint blafard et les yeux éclatés pour une raison bien différente. Mais il lui ouvre sa porte, malgré tout, en honneur du passé.

« Hein ? Mais pourquoi ? Vous vous êtes engueulés ? » Est-ce qu’il connaissait encore tous les tenants et les aboutissants ? Sa relation avec Greta s’apparentait à des montagnes russes où il était difficile d’apercevoir un point de départ et encore plus celui de l’arrivée. Rien ne se voulait certain, mais il avait eu l’espoir d’avoir retrouvé un peu de stabilité à ses côtés. « Elle voulait pas me gérer. » Il empruntait ces mots qu’elle lui avait crachés à la figure. Ceux qui étaient venus gratter les cicatrices, titillant tout ce qu’il ne voulait entendre. Il était venu vers elle, mais Greta n’avait pas voulu de lui. « Quand je viens pas, ça lui va pas. Et quand je viens… » Ça ne lui convient toujours pas. Arthur n’était plus certain de comprendre. Il ne savait pas faire. Être dans une relation. Exprimer des sentiments envers quelqu’un. Ils avaient essayé une fois, il avait préféré fuir. Les années s'étaient écoulées, il avait changé, malgré ce que les autres peuvent dire. Mais ce soir, il se retrouve une fois encore comme un con. À venir frapper chez son vieil ami pour ne surtout pas se retrouver seul avec ses pensées. « Ouais, je t’avais dit que je pouvais pas venir, fallait que je dorme un peu. » Il jeta un œil sur sa montre, par acquis de conscience. « Tu bosses du matin ? » Kendall aurait pu avoir la même planque que lui. Une place bien chaude derrière un bureau dans l’entreprise de leurs pères respectifs. Mais il voulait faire mieux que ça. Il s'était dirigé vers une autre carrière, quelque chose qu’il était capable de faire par lui-même. Kendall était son opposé autant qu’il avait toujours été son allié. 

« Bah ouais, ça m’arrive des fois, tu sais. » Il eut un rire qu’il serait bien incapable d’expliquer. Il était étrange d'imaginer Ken sans compagnie. « T’es malade ? » La blague se voulait déplacer, une part de lui le savait parfaitement, mais le Arthur rempli de drogue ne pouvait faire fonctionner le moindre filtre. « Je bosse demain, fallait que je sois un peu frais quand même. » Il hocha la tête, conscient d’en faire trop, de ne pas forcément être le bienvenu malgré tout. « Je vais me faire un café, tu veux un truc à boire ? » Un nouveau hochement de tête. « Café aussi. » Il serait déplacé de demander de l’alcool même si Arthur en voulait. Un whisky pour continuer de noyer ses pensées, pour ne pas que la clarté revienne, pas encore. « Je peux juste squatter ton canapé ? » Il refusait strictement de se retrouver seul. Dans cet appartement, sans la moindre dose sous la main, il ne pourrait pas faire plus de conneries. Pas vrai ? « Si t’as encore besoin de dormir. » Il aimerait que Ken lui dise que non, qu’il pouvait bien rester avec lui, pour partager ce café. Il ne le dira pas distinctement, mais Ken saura lire entre les lignes. Arthur ne pouvait pas supporter la moindre solitude à cet instant. « Tu veux sortir demain ? » Il anticipait la suite, la redescente qu’il ne voulait pas voir arrivée. Il cherchait à s’occuper, alors qu’il devrait prendre le temps de respirer avant de retourner voir Greta.

« Elle voulait pas me gérer. » Ken soupire discrètement, sentant pertinemment qu’il est parti pour entendre le -long- récit des déboires amoureux d’Arthur. Ce n’est pas la première fois, il est au courant de tous les rebondissements avec Greta donc ce n’est pas nouveau pour lui. Il se dit simplement que dans l’état où son ami l’histoire promet d’être longue. “C’est à dire ? T’es allé chez elle ?” Il n’a pas encore l’ensemble du contexte, mais si elle a refusé de s’occuper de lui alors qu’il est complètement défoncé, Ken la comprend. Arthur est un mec super, le bouclé n’en doute pas, il ne serait pas son ami sinon, mais il est aussi pénible quand il est dans des états comme ça. C’est quelque chose qui ne gêne pas forcément Kendall en temps normal puisqu’il n’est pas en meilleur état que lui. « Quand je viens pas, ça lui va pas. Et quand je viens… » Il confirme ce que le policier soupçonnait déjà. “T’as dit un truc en particulier ? Ou juste elle t’a foutu dehors ?” Il a besoin de plus de détails pour se prononcer même s’il est déjà presque sûr qu’il se rangera du côté de Greta sur ce coup-là. « Tu bosses du matin ? » Il hoche la tête. “Je commence à 8h.” Ce qui est tôt, bien trop tôt quand on est réveillé à 4h du matin par un ami complètement satellisé dont on va devoir s’occuper. « T’es malade ? » Kendall laisse échapper un petit rire jaune avant de trouver un prétexte : son shift de demain matin pour lequel il doit être en forme. Ce qui est une fausse excuse quand on sait qu’il avait l’habitude d’aller travailler en sortant de soirée après une sieste d’une heure et une toilette express. « Café aussi. » Le policier se dirige vers la cuisine et attrape deux tasses pour leur préparer de quoi affronter cette nuit qui s’annonce longue et épuisante. « Je peux juste squatter ton canapé ? » Il hoche la tête avant de lui répondre. “Oui tu peux pas de soucis.” Il ne va pas mettre son ami dehors dans un état comme ça. « Si t’as encore besoin de dormir. » Le bouclé ne se fait pas d’illusions : sa nuit est foutue et il ne se rendormira pas. “Non ça ira t’en fais pas.” La machine à café bipe, il récupère les tasses avant d’en tendre une à Arthur et de porte la sienne à ses lèvres. « Tu veux sortir demain ? » Il est tenté de dire non spontanément mais il ravale son refus avant de répondre après quelques hésitations. “Mmmh, on peut aller boire un coup oui.” Il fait une pause avant de soupirer et d’ajouter. “Pas trop tôt par contre, je vais aller voir mon père.” Arthur est au courant de la situation, de la maladie et de son avancée, il sait donc très bien à quel point ce moment sera une épreuve pour lui. “Donc j’aurais bien besoin d’un verre pour me remonter le moral je pense.” Il fixe sa tasse d’un air pensif avant d’hausser les épaules et d’ajouter. “Désolé j’ai cassé l’ambiance mais c’est merdique tout ça.”