When I run out of road, you bring me home

Jailey #7

« ELIOTT !! » C’est plus furieux que jamais que j’entre dans la salle de réunion que mon frère s'est approprié comme bureau depuis son arrivée. Cet abruti me regarde avec un petit sourire en coin et soudainement, je n’ai qu’une seule idée en tête, le gifler aussi fort que possible. Il s’était calmé après notre deal, lorsqu’il s’était rendu compte qu’il n’était pas réellement capable de gérer le label sans moi. Je pensais que les choses allaient s’améliorer après cela. Il faut croire que j’ai été bien trop naïf. Depuis quelques semaines, Eliott fait tout pour saboter mon travail. Il a fallu que je m’absente deux jours pour qu’il finisse par faire foirer des mois de travail. En seulement deux jours, il a fait foirer tous mes plans pour le début de carrière d’un de mes petits nouveaux. Je me suis absenté pour prendre soin de Jill et bien entendu, Eliott n’a pas pu s’empêcher de vouloir travailler à ma place. Il a réservé une émission de radio pour James, le jeune homme ne se voyait pas refuser une telle opportunité alors qu’il n’était clairement pas prêt pour cela. Résultat, il est arrivé stresser comme jamais, sans savoir quelle chanson il devait chanter puisque l’on n’avait pas encore parlé de son premier single et qu’il hésitait encore entre deux chansons. Eliott ne l’a même pas accompagné, il la laissé seul et résultat le jeune chanteur, c’est ridiculiser. Il n’était pas prêt, le stress a eu raison de lui, il a fait des fausses notes, ne savait pas trop quoi dire pour répondre aux questions et l’animateur s'est moqué de lui. Ce matin, James est arrivé en pleurs dans mon bureau et il a fallu vingt minutes pour qu’il se calme et que je comprenne ce qui s’était passé durant mon absence. Après avoir longuement parlé avec lui, j’atterris donc tout logiquement en face de mon frère. Le seul responsable. « T’es vraiment le dernier de connard, tu le sais ça ?! » Et il me sourit de son sourire en coin. Fier de lui. « Calme toi princesse, je bosse ! » Habituellement, je me tais face à lui. Eliott sait parfaitement comment me déstabiliser, il sait comment jouer avec mes émotions et me faire dérailler. Depuis l’overdose de Jill, je suis empli d’une colère que je ne reconnais pas et cette dernière est désormais tout droit diriger vers mon frère. Je ne réfléchis pas. J’ai juste envie de lui faire du mal, physiquement. « T’avais pas le droit de faire ça à James. » Et il se met à rire ce con. « Oh ça va, il s’est juste ridiculiser, il s’en remettra va. Il va pas chialer toute sa vie ce gamin. » Cette fois, je ne tiens plus. « TU AS RUINER SON DÉBUT DE CARRIERE ! » Je vois bien que je viens de lui faire peur en hurlant comme cela. « Il a travaillé dur Eliott, vraiment dur et maintenant, il veut se barrer à cause de toi ! Il va aller signer ailleurs. » Et c’est sans aucun doute ce qui me fait le plus mal. Il a été tellement déçu qu’il a décidé de partir pour un autre label, un endroit où on s’occupera réellement de lui. « Papa voulait pas de lui de toute manière. Va falloir que t’arrêter de signer des merdes Bailey. Ça nous fait perdre du temps. » J’ai l’impression d’halluciner. Papa n’a jamais rien redit sur mes choix. Il a toujours approuvé mes choix d’artistes et soudainement, il se range du côté d’Eliott. « Qu’est-ce que t’as été lui dire ? » Eliott se lève et comme s’il avait senti les choses, Logan qui était dans le couloir jusqu’à présent, se lève et viens se poster entre nous en grognant. « Bientôt, papa n’aura plus besoin de toi Bailey. » Il s’approche de moi et Logan grogne un peu plus. J’ai pas le temps de dire quoique ce soit qu’Eliott lui met un coup de pied en plein dans le museau. C’est la goutte de trop. Je me jette sur mon frère, lui colle mon poing dans la figure avant de plaquer son dos contre le mur. « Touche encore une fois à mon chien ou à mes artistes et je ferais de ta vie un enfer Eliott. » Il ricane alors que je lâche le pan de sa veste. « C’est moi qui vais faire de ta vie un enfer Bailey. Ce n’est que le début, crois-moi. » Il ricane encore et j’ai envie de le frapper à nouveau, mais son téléphone se met à sonner et il décroche rapidement tout en se dégageant de mon emprise. « Dégage maintenant. » C’est tremblant de rage que je pars dans mon bureau tandis que Logan me suit en chouinant un peu. Je prends le temps de m’assurer que tout va bien pour lui avant de prendre mes affaires et de partir. Si je reste une minute de plus dans le studio, je sais que je vais finir par faire quelque chose que je regrette. Je sais que je donne raison à Eliott en partant, mais je ne sais plus vraiment quoi faire d’autres. Un jour il m’aura totalement remplacé et cette idée me met fou de rage.

Lorsque j’arrive chez moi, j’entends de la musique sur la terrasse. Je sais que Jill est là, qu’elle doit m’attendre, mais je me sens incapable de la rejoindre pour le moment. Je ne cesse de trembler et Logan ne me quitte pas d’une semelle. J’envoie quelques messages pour tenter de rattraper les choses avec James que ce soit avec le jeune homme directement ou son agent. J’ordonne à ma secrétaire de ne donner aucun de mes dossiers ou contrat à Eliott et je laisse mon téléphone sur le canapé. Je ne cesse de penser à Eliott qui donne un coup de pied à mon chien tout en me disant que bientôt, on aura plus du tout besoin de moi au label. Je me sers un verre d’eau pour tenter de me calmer, je finis par lâcher le verre que j’avais entre les mains à cause de mes tremblements. Pris d’un accès de rage, j’ouvre le placard face à moi et commence à jeter des verres contre le mur. Le bruit de la vaisselle qui se brise sonne comme quelque chose de rassurant à mes oreilles. J’en oublie complètement que Jill est présente dans la maison. J’oublie tout, je me laisse totalement noyé par ma colère envers mon frère et je casse encore quelques verres.
       

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Jailey #7

Depuis plusieurs semaines, je supporte de moins en moins le comportement de mon frère. Aujourd’hui, il a tout simplement été trop loin. Je crois que l’on ne pourra jamais réellement régler nos différends, mais j’aurais aimé qu’il cesse cette compétition sans fin. Il ne pense qu’à une seule chose en tête, prendre ma place, quoiqu’il en écoute. Il veut être le préféré, être le chouchou. Je lui laisse cette place avec plaisir, mais je ne lui laisserai pas mon label sans me battre. Je l’ai trop laissé faire. Je ne veux plus me faire marcher dessus par mon grand frère. Alors, j’essaye de répondre, de me battre en retour, mais c’est compliqué. Eliott sait parfaitement comment s’y prendre pour me mettre plus bas que terre. Il connaît mes failles et ne recule devant rien. La preuve, il n’a pas hésité à frapper mon chien. Il n’en fallait pas plus pour que je perde mon calme…

Lorsque j’arrive à la maison, j’ai la sensation de ne plus contrôler ma rage. J’ai tenté de me contrôler lorsque j’étais en face d’Eliott afin de ne pas le laisser gagner, mais maintenant qu’il est loin… Je me sens trembler de la tête aux pieds et si je ne laisse pas cette frustration sortir, je sais que je vais finir par faire une crise d’angoisse. J’oublie que Jill est là et me dirige vers la cuisine pour boire un verre d’eau. Sans réfléchir, je finis par jeter ce dernier contre le mur. Ce n’est peut-être pas la meilleure des solutions, mais c’est réellement satisfaisant. Tellement que je recommence sans me poser de questions. Je jette des verres contre le mur de ma cuisine pour tenter de faire sortir toute la rage cumulée depuis quelques jours. J’ai envie de hurler, mais me retiens subitement lorsque j’entends Jill derrière moi. Elle ne semble pas réellement surprise de me voir fracasser la moitié de la vaisselle contre le mur. Bien au contraire. « Tu comptes casser toute la vaisselle de la maison ? Parce que si oui, je veux bien t'aider ! » Sans rien dire, j’attrape une assiette dans le placard au-dessus de ma tête et lui tends. Je me fiche complètement si on doit briser tout ce qui se trouve dans cette cuisine. J’ai réellement besoin de me défouler sans penser a rien d’autre. Je jette un nouvel élément de vaisselle alors que Logan se met à chouiner. Il ne faudra que quelques secondes pour que Jill se préoccupe de lui. Elle enchaîne les questions et je me sens subitement un peu trop perdu. Alors, une chose à la fois. Je me baisse pour être au niveau de mon chien qui vient tout de suite vers moi et me lèche la joue. « Ça va bud, ça va. » Je caresse doucement sa tête et relève les yeux vers Jill. « Eliott lui a mis un coup de pied dans le museau. Tu crois que je dois l’emmener voir un véto ? » Je ne cesse de caresser mon chien pour le rassurer. J’ai peur qu’il lui arrive à quelque chose. Je ne pourrais pas le supporter. Logan vient s’asseoir juste à côté de moi et ne me lâche pas d’une semelle. Je crois qu’il va avoir du mal à me laisser. Je continue à le caresser et finis par m’asseoir à même le sol.

Soudainement, je me sens réellement fatigué. Je regarde les bouts de verre autour de nous et mon regard croise à nouveau celui de Jill. « Je vais nettoyer promis. » Mais pour le moment, je n’ai pas vraiment la force de bouger. Tout va encore bien trop vite dans ma tête. Je sens toujours cette colère bouillonner en moi et je ne sais pas vraiment comment la gérer. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation. Je me laisse bien trop souvent submergé par mes émotions, mais la colère en fait rarement partie. Pourtant, depuis peu, je sens cette constante rage en moi et j’ai besoin de la faire sortir avant d’exploser. « Eliott a brisé le début de carrière d’un de mes jeunes. Il a tout fait foirer… » Mon ton est froid et sans appel. Je me sens mal et je ne sais plus comment l’exprimer sainement. « J’ai envie de tout casser Jill, je te jure… »        

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Jailey #7

Je n’ai pratiquement rien laissé paraître face à mon frère, mais une fois chez moi, je ne retiens absolument rien. J’ai besoin d’extérioriser ma rage sinon je sais que je vais exploser et que ce ne sera pas beau à voir. Je ne veux pas faire passer ma colère et ma frustration sur Jill. Tout va bien entre nous et je ne veux pas tout gâcher. Je ne donnerai pas ce plaisir à Eliott. Jamais ! Alors, je ne réfléchis pas et me dirige vers la cuisine pour ouvrir un des placards et jeter de la vaisselle contre le mur. Cela peut paraître complétement puéril, mais j’ai véritablement la sensation que cela me libère. Je jette un verre contre le mur et j’imagine balancer ce dernier sur Eliott. Je n’ai jamais été pour la violence, je déteste le conflit et je ne supporte pas la violence physique. Pour autant, aujourd’hui, je crois que je serais réellement capable d’en venir aux mains avec mon propre frère. Je sais qu’il n’hésiterait pas un instant non plus. On en est arrivé là. Plus rien ne va entre nous… On c’est jamais entendu, mais depuis, mon divorce, j’ai la sensation qu’Eliott prends un malin plaisir à m’attaquer de plus en plus régulièrement et surtout de plus en plus fort. Je refuse de le laisser gagner. Je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas vraiment comment je vais tenir, mais il ne gagnera pas aussi facilement. Cela fait près de quatre ans que je me bats pour faire fonctionner le label en Australie. Je travaille comme un dingue, j’ai signé des artistes qui cartonne dans le pays, mais également à l’international, mais il faut croire que ce n’est pas suffisant. Et surtout que cela ne sera jamais assez suffisant que ce soit pour mon frère ou notre père… Nos conflits ont beau être de plus en plus violent, je ne veux pas abandonner la bataille. Pas encore… Alors, en attendant de trouver une meilleure solution. Avant de réellement savoir comment m’y prendre, je passe mes nerfs sur ma vaisselle.

Lorsque Jill me rejoint, je réalise que Logan est à mes pieds et qu’il ne cesse de se coller à moi tout en essayant de frotter son museau avec sa patte. J’en oublie immédiatement ma rage et me concentre sur mon chien, soudainement effrayé à l’idée qu’il puisse avoir mal. À mes côtés, je sens Jill bouillonner lorsqu’elle apprend la raison de ma colère. « Il ne m’a pas touché, il… Il a juste passé ses nerfs sur mon chien ce gros connard ! » C’est plus fort que moi, j’ai besoin de hurler sur Eliott encore et encore. Je me baisse pour être au niveau de Logan et touche doucement son museau. Je fais quelques points de pression et il ne dit rien. Je pense qu’il n’a pas apprécié de se prendre un coup, je n’ai jamais levé la main sur lui et je ne le ferais jamais, il ne connaît pas la violence. Je caresse doucement son pelage et viens lui faire un bisou. « Ça va aller pépère, tu le verras plus jamais. » J’adore emmener mon chien au boulot avec moi, mais s’il le faut, je ne le ferai plus et il restera à la maison. Je tourne la tête vers Jill qui me regarde inquiète et surtout qui ne cesse d’exprimer ses envies de vengeances. « C'est lui qui va avoir besoin d'un médecin quand je serai allée le voir » Je secoue la tête sans jamais cesser de caresser l’animal. « Non, tu ne vas pas là-bas. » Je ne veux pas que la jeune femme se mêle de tout cela. Je refuse catégoriquement qu’elle se retrouve seule avec Eliott. Je sais que Jill est capable de se défendre seul, mais Eliott est particulièrement doué avec la violence psychologique et je sais qu’il pourrait bien trop l’atteindre avec les mots. « C’est moi qui dois régler cela avec lui. » Mais pas maintenant, je m’en sens incapable.

Heureusement, Jill le comprend assez rapidement et c’est tout en douceur qu’elle m’aide à me relever avant de m’emmener au salon, loin des bouts de verres. On se retrouve dans le canapé et je tapote la place à mes côtés pour Logan me rejoigne. Habituellement, il n’a pas vraiment le droit, mais aujourd’hui on va faire exception. L’animal ne se fait pas prier et il monte sur le canapé pour venir s’allonger tout contre mon flanc. D’une main, je ne cesse de le caresser tout en expliquant à Jill ce qui s’est passer au label. Revivre les faits en les racontant me font frissonner de la tête aux pieds. Je suis complètement aveuglé par la colère, je ne vois que cela. « Mais pourquoi il fait ça ? » La question à cent balles. J’aimerais connaître la réelle raison de cette haine que mon frère voue contre moi, mais je n’en sais rien. « Je sais pas Jill. » Bien entendu, la jeune femme à déjà un plan en tête, mais une nouvelle fois, je secoue la tête. « Même de Londres, il arriverait à me faire chier, je le sais… » Je soupire longuement. « Je suis persuadé qu’il veut que j’abandonne, que je finisse par lui laisser le label… Je veux pas en arriver là, j’ai travaillé trop dur pour ça. » Ma mâchoire se serre, les larmes me montent aux yeux et je sens mes muscles trembler tellement, ils sont crispés. Je fais savoir à Jill que j’ai réellement envie de casser tout ce qui m’entoure. Je me sens comme une bombe prête à exploser. « On peut casser la vaisselle si tu veux, mais c'est pas sûr que ça t'aide tant que ça, alors tu vas respirer calmement pour faire redescendre la pression, et qu'on puisse réfléchir calmement à ce qu'on va pouvoir faire pour qu'il regrette d'être venu au monde. » Je plonge mon regard dans le sien pour tenter de me calmer un peu. Elle a raison, il faut que je me calme. J’ai la sensation que dernièrement mon monde s’écroule, la dispute avec Ginny, la conversation avec Noah et voilà qu’Eliott y met du sien.

Soudainement, je me sens complètement épuisé comme après une grosse crise d’angoisse. Sans réellement réfléchir, je décide de m’allonger sur le canapé et viens poser ma tête sur les cuisses de Jill. J’ai besoin qu’elle glisse ses mains dans mes cheveux pour m’apaiser alors que tout tourne trop vite dans ma tête. « Je me suis aussi pris la tête avec ta sœur y a deux jours… » Je n’avais rien laissé paraître lorsque je suis rentré, mais tout cela me travaille énormément. « Et Noah m’en veux… » Je sais que ce n’est pas clairement ce que m’a dit le petit garçon, mais j’ai tellement voulu enfouir tout cela que je suis resté dans cette conclusion. Je sais que je devrais penser à tout ce que l’on a pu se dire, je sais que je devrais travailler là-dessus, mais comme toujours, je reste enfermer dans ma bulle. Je ferme les yeux un instant, ne sachant plus vraiment par où commencer. Un long silence s’installe entre nous avant que je soupire longuement. « J’en ai marre… » Vraiment marre… En réalité, je suis juste épuisé. Je n’arrive pas à me reposer depuis l’overdose de Jill et avec les événements de cette semaine, c’est de pire en pire. Je me tourne un peu pour croiser le regard de Jill et pour être plus honnête que jamais avec elle. « J’ai besoin de toi… » Ou comment lui faire comprendre que je ne pourrais pas supporter une dispute entre nous. J’ai besoin que tout soit stable entre nous avant de m’effondrer.         

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Jailey #7

« Vous vous êtes pas battus ? » L’espace d’un instant, j’hésite à lui répondre. Je pourrais si facilement lui mentir. Lui dire qu’on a juste élevé la voix et qu’Eliott à décider de s’en prendre à Logan. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète, elle n’a pas besoin de savoir que rien ne va avec mon frère. Pourtant… Je me dois d’être honnête envers elle. On ce l’était promis et je ne veux pas venir troubler notre relation. Pas maintenant, alors que tout va bien et que l’on touche enfin le bonheur du bout des doigts. Alors, je soupire longuement et relève les yeux vers elle. « Je lui ai mis mon poing dans la figure. » Je hausse les épaules. « Il l’avait mérité. » Comme si j’avais besoin de me justifier auprès de Jill. Elle est tellement énervée que la pièce entière ait empli de tension. D’ailleurs, elle ne perd pas de temps pour me faire savoir qu’elle serait prête à tuer Eliott en un claquement de doigt. Je soupire et secoue la tête. Je ne veux pas qu’elle s’approche de mon frère, mais têtue comme elle est, elle insiste. Et sans réfléchir, je lui réponds d’une manière bien trop sèche. « Te mêle pas de ça Jill ! » Je la foudroie du regard, alors qu’elle n’a clairement rien demander à personne. « Je me mêle plus des histoires entre ta sœur et toi, tu me laisses gérer mon frère. » Je soupire une nouvelle fois et passe une main sur mon visage réalisant que j’ai été un peu trop dur avec elle. Ma main rejoint la sienne que je serre doucement. « Pardon… » Je croise son regard et tente de lui sourire un peu. « Je… Il me tape sur les nerfs… T’y es pour rien. » Et bien entendu, je m’en veux de lui avoir parlé comme cela. J’aurais mieux fait de me taire. « J’arriverai jamais à discuter avec lui, mais je… Je veux juste régler ça part moi-même. »

Heureusement, Jill semble avoir compris que je ne veux pas qu’elle aille se charger du compte d’Eliott. J’ai trop peur de ce qu’il serait capable de lui faire et préfère garder la jeune femme près de moi. On se retrouve d’ailleurs dans mon canapé où j’explique un peu plus clairement ce qui a bien pu se passer aujourd’hui. « Alors ne le laisse pas faire, si tu veux vraiment ce label, bats toi pour le garder. T'es bien plus compétent que lui. Et même s’il finissait par y arriver, tu pourrais très bien monter le tien. Prendre tes artistes avec toi et monter ton propre label. T'en es capable Bai, t'es capable de faire tout ce que tu veux, je le sais ! » Elle a raison. Pourtant, rien n’est aussi simple. Loin de là. Je rêve de virer mon frère du label, de prendre tout le pouvoir décisionnaire. J’en rêve depuis mon arrivée en Australie et depuis que je me débrouille seul ici. « C’est pas si simple Jill. » Je sais que je suis toujours assez négatif et que je vois tout en noir, mais pour cela, je ne vois aucune solution. Mon père et mon frère feront toujours tout pour me mettre des bâtons dans les roues. Le label Fitzgerald est bien trop influent pour que des artistes me suivent si jamais je m’en vais. « Ils feront tout pour détruire tout ce que je pourrais entreprendre si je m’en vais. » Je préfère encore subir en silence. Je sais que pour beaucoup de gens cela paraît complètement absurde, que je devrais partir et ne jamais me retourner, mais j’en suis incapable. « C’est compliqué. » Je soupire et me blottit tout contre Jill.

Assis sur le canapé, on s’enferme dans notre bulle. Et je continue à être complètement honnête avec Jill. Je sais qu’elle déteste lorsque je parle de sa sœur, mais elle est également la seule à qui je peux parler de tout cela. Pour une fois, Jill ne fait pas de remarques déplacer. Bien au contraire. Je relève la tête vers elle et lui souris comme pour la remercier. « Pourquoi Noah t'en voudrait ? T'as toujours été parfait avec lui ! Un peu trop surprotecteur à mon goût, mais t'as été un vrai père. » Alors, elle me reproche la même chose que Ginny dans le fond. Je ne vais pas vraiment argumenter là-dessus. « On a été convoqué pour parler du comportement de Noah à l’école. » Je vois son air surpris et ajoute : « Il a dit à son prof que j’étais son père. » Je hausse les épaules. Je ne vais pas en vouloir au petit garçon pour cela, bien au contraire. « Enfin… On s’est pris la tête parce que j’étais pas forcément d’accord avec le fait qu’elle lui laisse faire ce qu’il veut. Il manque de respect à des adultes et j’aime pas ça. » C’est tout, mais c’est suffisant pour créer une dispute entre nous. « Et Noah m’en veut parce que je suis trop absent, parce que je prends pas de temps pour lui et probablement parce que je le vois encore comme un bébé. J’en sais rien. » Je soupire à nouveau et croise le regard de la jeune femme lorsqu’elle m’assure qu’elle sera toujours là pour moi quoiqu’il puisse arriver. Je sens mon cœur s’accélérer à cet instant et me penche vers elle pour l’embrasser tendrement. « Je sais que tu détestes que je parle de ta sœur, mais… » Je prends une inspiration, ne voulant pas mettre les pieds dans le plat. « Je rumine ça depuis deux jours et j’avais besoin d’en parler. Je veux pas te le cacher alors que je vais devoir régler tout ça. Surtout avec Noah… »          

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Jailey #7

Je ne vais pas me vanter d’avoir frappé mon frère, mais comme le souligne si bien Jill, il le méritait depuis des années. J’ai toujours joué la carte pacifiste avec Eliott. Toujours. Préférant me battre avec mes mots qu’avec mes poings, mais il faut croire que cela ne suffit plus, que nous sommes passées à un autre niveau de violence. Je savais pourtant, qu’un jour, on finirait par en arriver aux mains. J’aurais aimé que cela reste une certaine supposition dans ma vie, pas un fait avéré. Eliott m’a poussé à bout, dans les retranchements de ma patience. Il a provoqué une telle colère en moi que cela finis par se répercuter sur Jill. Je ne voulais pas cela, mais le fait qu’elle insiste sur le fait d’aller voir Eliott me met hors de moi. Je ne veux pas qu’elle se retrouve seule avec mon frère, je ne veux pas qu’elle se mêle de tout cela. C’est une histoire de famille. Je sais que Jill ne pensait pas à mal et je m’en veux immédiatement de lui parler de cette manière. L’espace de quelques secondes, je retiens ma respiration, craignant sa réaction. Je vois sur son visage que cela ne lui plaît pas du tout. Je m’attends à ce qu’elle explose, pas à ce qu’elle me parle aussi calmement. « Je rigolais Bailey ! Et mon histoire avec ma sœur n'a aucun rapport avec l'histoire que tu vis avec ton frère. Je pense pas que tu réagirais aussi bien que moi si j'étais aussi proche d'Eliott que tu l'es de Ginny. » Mais le reproche est là malgré tout. Dirigé vers sa sœur, toujours. Je soupire et évite son regard. « Je sais… » Je n’en dirais pas plus. Je ne veux pas partir dans une dispute sans fin. Elle ne comprendra jamais que je ne peux pas m’éloigner de Ginny comme elle le souhaite tant. « On… » Je soupire une nouvelle fois. « Et tu m’en voudras toujours pour ça alors qu’il y a aucune jalousie à avoir. » Je ne veux pas lancer de conflit, mais c’est plus fort que moi. Je ne peux pas laisser dire tout cela sans répliquer. C’est une dispute sans fin. Un véritable cercle vicieux. Ce sera toujours un fossé énorme entre nous.

Pourtant, on reste calme. On abandonne la cuisine et les bouts de verre pour aller se réfugier dans le salon. Logan nous colle comme jamais, il n’est pas près de s’éloigner. Ma main se glisse dans sa fourrure tandis que je m’ouvre comme je le fais si rarement. Je tente d’expliquer la situation avec mon frère même si tout semble si flou et si complexe. « Tu peux faire tout ce que tu veux Bai, j'en suis persuadée. Laisse-toi juste du temps pour réfléchir un peu. Mais, ne te dis pas que tout ça, est impossible. Je suis là pour t'aider quoi que tu décides. » Elle semble si sûre d’elle que cela me fait sourire. Je ne sais pas comment trouver une telle confiance. Je m’en sens incapable. Pourtant, je sais qu’elle a raison. Rien n’est impossible. Je pourrais me débrouiller. Je pourrais tenter de me défaire des griffes de mon père et de l’oppression de mon père, mais c’est quelque chose qui me terrorise. J’ai la sensation qu’ils feront tout pour me mettre des bâtons dans les roues. « J’y pense constamment, tu sais. » Si elle savait que dans mon bureau juste au-dessus de nos têtes, il y a des carnets entiers rempli d’idées pour m’émanciper professionnellement. Des idées de labels indépendants. Des idées pour m’associer avec des gens en qui j’ai pleinement confiance. Des idées un peu folles. Des rêves qui ne dépasseront pas le seuil du rêve malheureusement. « Je… Je m’en sens juste incapable. » Et je sais que je n’ai pas besoin d’en dire plus pour qu’elle comprenne. Ce n’est pas quelque chose de rationnel pour moi, loin de là. C’est inexplicable, mais bien enfoui en moi. « Ils savent faire que ça… Détruire mon bonheur. » Et j’ai tellement peur qu’un jour, ils arrivent à s’immiscer dans mon couple avec la brunette.

Le calme de Jill me pousse à me confier sur tout ce qui me travaille depuis quelques jours. La présence de mon frère, mais surtout cette dispute avec Gin et les reproches déguisés de Noah. Je pense constamment à cela. Jill partage mon quotidien désormais et je voulais lui parler de cela. Parler de Ginny est un sujet plus que tabou, mais je comprends que pour Noah elle s’inquiète de suite. « Vous vous êtes engueulés devant lui ? » Je hoche la tête en soupirant. « Pas vraiment. » On connaît tous Noah, on sait qu’il aime se cacher, qu’il aime laisser traîner ses petites oreilles. « Je crois qu’il nous a entendus, quand j’ai dit que... Que je ne voulais plus jamais vous voir. » Repenser à cet horrible brunch me fait frissonner. « Les McGrath. » ajoutais-je comme pour préciser. Je passe une main nerveuse sur mon visage avant de me contorsionner sur le canapé afin de croiser le regard de Jill. « Il se cache toujours pour écouter, il a dû entendre les reproches que j’ai faits à Ginny sur son éducation. » Et je comprends bien que Jill va complètement se moquer de cela. Elle ne mâche jamais ses mots Jill, bien au contraire. « Et qu'est-ce que tu vas faire ? Parce que pour le côté, tu le prends pour un bébé, je ne peux que le comprendre. Même si j'ai rien à faire dans vos histoires... » Je déteste que l’on me reproche mes actions auprès de Noah. Il avait déjà quelques mois lorsque je suis entré dans sa vie. Du jour au lendemain, j’ai dû apprendre à devenir un père. Il a été malade et tout à été chamboulé pour nous et surtout pour moi dans mon rôle de père ou beau-père ou appeler cela comme vous voulez. « Il a failli mourir dans mes bras Jill… Je pourrais jamais effacer cette image et donc oui pour moi, il est encore ce petit garçon fragile. » Ce n’est pas que je refuse de le voir grandir, bien au contraire. Je comprends qu’il évolue, mais pour moi, c’est juste compliqué à enregistrer. Je n’ai pas le temps de dire quoique ce soit de plus que Jill sous-entend qu’elle serait prête à rompre avec moi pour le bien-être de Noah. Surpris, je me lève d’un coup. « Quoi ? » Je secoue la tête et commence à presque à paniquer. « Non, non. Eh… Ca n’a rien à voir avec nous. » Je m’agenouille pour me trouver au même niveau de Jill, pour plonger mon regard dans le sien. « Au contraire Jill, j’aimerais qu’on lui parle de tout ça. Il a le droit de savoir non ? » Et je sais que si je lui demande, il n’en parlera pas à son père, il gardera ça comme notre petit secret. C’est ce que nous sommes pour le moment, un secret. « Je voulais pas le faire sans toi. »