take me where your heart is
Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Tout ce qui est en train d’arriver dépasse toutes tes espérances, et de loin. De toutes les relations que t’as pu avoir, personne n’a pris le temps de te combler comme ça. C’était toujours rapide, bordélique et pas tellement satisfaisant. Là, tu revois complètement ta conception de l’acte. D’une, t’es avec la seule personne qui t’ai jamais réellement intéressée, de deux, elle a l’air de prendre très à coeur l’idée de te combler complètement. Et elle va te faire crever, c’est sûr. Mais quelle belle mort ça serait, vraiment. Sans doute la plus glorieuse des façons de partir. En revanche, tu comptes pas le faire avant de pouvoir l’avoir à son tour. T’as besoin de la faire tienne, de sentir qu’elle a autant envie de toi que l’inverse est vraie. Et t’es pas déçue du voyage, bien au contraire. Tu t’es jamais considérée comme une bonne élève durant ta scolarité. T’étais à peine moyenne dans la plupart des matières, apprendre t’emmerdait au plus haut point et de toute manière t’avais pas la patience pour ouvrir des bouquins de cours en rentrant chez toi. Et c’est presque valable pour tout dans ton quotidien. Tu te contentes généralement du minimum syndical, parce que tu sais pas garder l’esprit complètement concentré sur une tâche et que tout t’emmerde très vite. Mais à chaque fait, il faut bien une exception. Et la situation actuelle prouve bien que quand tu veux y mettre du tiens, tu peux te consacrer corps et âme à faire les choses bien. T’as jamais été aussi investie dans quoi que ce soit d’autre de toute ta vie. Vous trouvez votre rythme, t’apprends la mécanique de son corps, chaque mouvement qui accompagne ta main t’hypnotise et c’est sans doute la plus belle chose à laquelle tu puisses rêver d’assister. T’es complètement concentrée sur elle, obnubilée par ses expressions, ses réactions et chaque son qu’elle émet. T’ignores la tension dans ton poignet, tu te dévoues totalement à Mac et à ses besoins. Tu tiens bon, tu lui donnes autant qu’elle t’a donné, tu te fais pardonner tes erreurs passées, tu scelles tes promesses de changement et tu la laisses venir. T’as le souffle au moins aussi erratique qu’elle et le cœur qui ne sait plus comment battre à une cadence normale depuis que tu l’as retrouvée. Vos lèvres se retrouvent et tu veux juste la garder contre toi, encore un peu, encore longtemps. « T’es incroyable. » tu souffles en essayant de trouver une meilleure position dans le canapé. « J’te jure que je suis à ça de m’évanouir là. » si vous repartez maintenant, tu vas pas tenir longtemps, c’est une certitude. « On peut rester comme ça un peu ? En plus ça fera sûrement des vacances à tes voisins. » tu ris doucement quand elle t’embrasse, faut dire que l’une comme l’autre, vous n'avez pas particulièrement été discrètes. Tu sais pas comment les murs sont épais ni l’heure qu’il est, mais faudrait pas qu’ils appellent les flics pour tapage nocturne. T’as besoin de rien d’autre que vos corps entremêlés, là. Juste le temps de retrouver un rythme cardiaque acceptable.  « Tant mieux. » qu’elle te garde ici pour toujours. Qu’elle t’enferme à l'abri de tes démons et de ceux que t’as rencontré dehors. Tu demandes rien de mieux que ça. Dans ses bras, tu te sens en sécurité, tu te sens bien et t’as l’impression d’être capable de tout faire. C’est tout ce qu’elle te fait ressentir, Mac. Ca et tellement plus. T’oses rien dire sur la position de ta main parce que t’as pas envie qu’elle bouge. Mais forcément, elle le voit et bouge juste assez pour que tu puisses récupérer ce qui t’appartient. « Ça va, ça va. » tu la rassures en prenant quelques instants pour bouger tes doigts et ton poignet, histoire de les remettre d’aplomb. Tu te dis qu’au pire, t’as une autre main, tant pis si tu te chopes une tendinite ou un truc du genre. Tu trouveras bien un moyen de pouvoir recommencer. Après un temps, tu poses ta paume sur sa hanche, l’invitant à se réinstaller et caressant délicatement sa peau pendant que vous vous laissez le temps de reprendre un peu vos esprits. Tendrement, tes lèvres parcourent sa clavicule et tu prends juste tout le temps du monde pour profiter de la sensation. Vous avez bien mérité de vous poser un peu. « Putain j’ai été trop conne à toujours te dire non. » tu ris à moitié et c’est un peu nerveux. Avec le recul, toutes les raisons semblent tellement dérisoires maintenant. « Pardon de nous avoir fait perdre autant de temps. » encore des excuses, mais à chaque fois tu le penses sincèrement. T’es à peu près sûre que si t’avais connu ça avant, t'aurais tout donné pour ne pas complètement partir à la dérive. Mais ça, tu le dis pas. T’as pas envie qu’elle ait de regrets à ce sujet là, ou la sensation de ne pas en avoir assez fait, ça c’est ton job à toi. « C’est chiant, si on reste là et qu’on doit commander va falloir se rhabiller. Tu crois qu’on peut éduquer Marlon pour qu’il aille chercher les livraisons à notre place ? » tu ricanes en retournant à ses lèvres brièvement. Tu laisses tes doigts vagabonder sur ses cuisses, sur sa taille et dans son dos, et tu pinces les lèvres quand tu sens les marques que t’y as laissé tout à l’heure. « Désolée pour ça, aussi. » tu souffles et tu la prends juste dans tes bras. Ton visage s’enfouit dans son cou et tu restes comme ça autant qu’elle te laisse faire. Tu lui donnes toute l’affection qu’elle mérite, toute celle dont t’as besoin et tu veux plus jamais la lâcher.

take me where your heart is
@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

Je redescends de mon plaisir pour retomber dans tes bras et je m'y blottis sans un mot de plus, trop contentée du moment, trop absorbée par les sensations qui s'attardent et que je tâche d'imprimer une par une. Je te laisse dégager ta main et immédiatement, je retombe contre ton épaule ; je me réfugie dans ton odeur, je me délecte de notre proximité. Le monde est à l'arrêt, les questions qui flottaient entre nous jusqu'à présent se sont tues. Moi aussi, je suis à ça de m'évanouir, ou de m'endormir, je sais pas trop ; j'ai arrêté d'essayer de comprendre, pour une fois je délègue tout contrôle à qui le prendra. On finit par s'allonger, cette fois je me laisse prendre dans tes bras et je m'y réfugie comme dans une antre. Ta douceur me tue et m'enveloppe complètement ; j'aimerais figer la sensation pour y revenir n'importe quand mais si c'est impossible, je me contenterai de profiter à fond jusqu'à ce que je ne puisse plus. « Mais non, dis pas ça. Y avait plein de… enfin, on avait la tête ailleurs. Et puis je faisais la meuf, mais j'aurais flippé si à l'époque d'un coup tu m'avais dit 'ok, viens, on tente'. » C'est sûr que j'aurais flippé. J'aime pas le changement, Spence, t'es la première à le savoir ; t'étais la seule stabilité dans ma vie et j'aurais eu trop peur que tout soit bouleversé s'il se passait quelque chose entre nous. « Puis, t'en sais rien, si ça se trouve on aurait pas du tout aimé à l'époque et on aurait jamais connu tout ça. » Je conjecture dans le vide parce qu'on en saura jamais rien, peut-être qu'on aurait eu une trajectoire de vie radicalement différente, pour le meilleur ou le pire. On s'est retrouvées, on en est là : ça me suffit amplement pour l'heure. « Ça s'trouve ça arrive maintenant pour une raison bien précise mais très obscure. » que j'ajoute, je sais pas si j'y crois moi-même, je parle en yaourt tant la fatigue m'abat. Je me défais à peine de ton étreinte pour embrasser ton front, puis tes lèvres : « Ça va prendre quelques jours, mais on devrait avoir assez de maïs pour tenir jusque là. » Je pense surtout que Marlon se contrefout de tout ce que j'essaie de lui apprendre, que j'ai pas de temps à essayer ça et que je préfère mille fois profiter de mon temps avec toi. Je pense aussi que le livreur aura qu'à fermer les yeux, ou je lui balancerai les clés par la fenêtre et il pourra laisser la commande devant la porte, on fera de belles louanges de la connexion sociale au vingt-et-unième siècle comme on l'aime, on fera chier tous les voisins et ils enchaîneront les nuits blanches mais au moins je t'aurai avec moi. Le reste, les voisins, les flics qui rappliquent pour tapage nocturne, c'est secondaire. « Mmh ? » je demande distraitement alors que tes doigts parcourent mon dos jusqu'à mon cou, « ah. » L'endroit est encore un peu douloureux, mais je retiens le réflexe de le toucher avec ma main pour estimer les dégâts. « Non, t'excuse pas. J'ai bien aimé. » C'était même presque jouissif, de te sentir te retenir à ce point, mais je veux pas que tu t'imagines que je suis le genre de personne qui veut être attachée et rouée de coups pour prendre son pied, alors je n'en dis pas plus. « Refais ça quand tu veux. » À peine plus, en tout cas. Je referme les yeux et m'emplit à fond de ton odeur, de ton toucher, de ta peau contre la mienne, cette multitude de sensations que je me jure de ne jamais prendre pour acquises avec toi, que je découvre et qui me font revivre. « Tu viens dormir avec moi ? » Je sais pas pourquoi je me sens si timide à l'idée de te proposer ça ; peut-être parce que c'est une intimité infiniment plus profonde que celle offerte par le sexe. « Je continuerais bien mais… » Mais j'ai envie de toi d'une toute autre façon, d'une façon douce qui nous ferait parler jusqu'à demain matin, je te veux dans mes bras à dormir sereinement, je te veux riante alors que je t'embrasse, je te veux de toutes les façons les plus chastes. « Mais j'suis crevée. » Ça, ça passe mieux, c'est plus simple, ça me rend moins timide, pour le moment. Le sexe m'est simple quand l'affection pure m'est étrangère et j'ai envie de te découvrir en même temps que moi-même, sur ce point-là, autant que j'ai envie que tu te défasses dans mes bras sous mes caresses, sans distinction. Et j'ai envie de croire qu'on a la vie devant nous pour faire les deux jusqu'à ce qu'on en ait marre.