Wanna give you wild love

jailey #9

Le temps qui s’arrête.

Bercer par le bruit des vagues, vêtu d’un simple short, je profite de mon dernier café de l’année, assis sur cette terrasse qui offre un spectacle à couper le souffle. En face de moi, l’étendue de l’Océan à perte de vue. Dans la chambre derrière moi, Jill qui s’est endormie après avoir fait l’amour. Une semaine que nous avons atterri dans ce petit paradis. Une semaine que nous vivons à notre rythme. Dans notre bulle. Pour la première fois depuis dix ans, on pense à nous non pas en tant qu’individu propre, mais comme un tout, une alliance qui forme ce couple que l’on n’avait jamais réellement osé former. On apprend à vivre ensemble loin de notre quotidien. On se redécouvre au travers de discussion que nous n’avions jamais eu auparavant, au travers de gestes, de caresses, de murmures si longtemps retenu. Nous n’avons jamais été aussi proches l’un de l’autre, aussi en phase avec l’autre. Les problèmes sont restés à l’aéroport et au sein de cette maison du bout du monde, j’ai la sensation d’enfin apprendre à être heureux. Ce n’est jamais simple. J’ai mon caractère, mes faiblesses, Jill à les siennes qui lui sont propres. Les premiers jours, nous étions comme deux animaux blessés incapable de vraiment savoir si c’était une bonne idée de s’échapper à deux, incapable de s’approcher sans avoir peur de ce blessé d’avantage. Il nous a fallu un peu de temps, un peu de repos aussi. Il a fallu mettre les choses à plat, évoquer le pire pour enfin oser songer au futur, pour timidement commencer à envisager le meilleur. Mais en ce dernier jour de 2019, je peux affirmer que je n’avais pas été aussi heureux depuis bien trop longtemps.

Je bois une gorgée de mon café et me tourne sur mon siège pour apercevoir la silhouette de Jill toujours endormie sur le lit. On s’est levé tard ce matin, on a un peu traîné à la maison avant de partir pour une randonnée qui a coupé court lorsqu’une pluie violente s'est abattu sur nous. On est rentré en courant, en riant comme des gamins. Sur l’instant, alors qu’elle essayait de se débarrasser de son tee-shirt trempé, je l’ai trouvé magnifique. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas vu Jill rire comme cela que je l’ai attrapé par les hanches et l’ai embrassé comme jamais. On a fait l’amour comme ça en plein milieu de la journée, pas pour se réconcilier, pas sous l’emprise de l’alcool, mais juste parce qu’on en avait envie, parce que cela semblait juste sur le moment, parce que c’était encore un moyen pour moi de lui prouver mes sentiments. Elle s’est endormie contre moi au moment où le soleil pointait de nouveau au travers des nuages.

Je termine ma tasse et me lève pour aller m’allonger aux côtés de la brunette. Mes lèvres caressent sa peau et viennent s’échouer le long de sa mâchoire. « Jill… » Nous n’avons rien prévu de particulier pour la soirée, mais j’ai tout de même envie de marquer l’occasion. Ce soir, on change de décennie. Ce soir 2019 s’achève enfin avec la promesse d’un avenir meilleur pour nous ? Je tente de m’en convaincre depuis une semaine. Je m’allonge au-dessus de la McGrath alors qu’elle commence un peu à ronchonner. « Debout marmotte, on va fêter la fin de cette année comme il se doit. » On se doit bien ça en tous cas. Un rire m’échappe alors qu’elle ronchonne encore sans ouvrir les yeux. Je viens embrasser ses lèvres avant de murmurer à son oreille. « Réveille-toi sinon je me fais un bain de minuit tout seul. »  

Wanna give you wild love

jailey #9

J’aurais pu laisser Jill dormir un peu plus longtemps, après tout, on ne cesse de vivre à notre propre rythme depuis que l’on est arrivé ici. Pourtant, j’ai une idée du dérouler de notre soirée et ce ne sera pas dans cette maison, pas pour le début de soirée en tous cas. Je voudrais que l’on puisse profiter de la beauté de cette île en particulier pour ce tout dernier jour. Alors, je commence à taquiner Jill lentement. Mes lèvres courent lentement sur sa peau tandis que je la sens s’éveiller tout doucement. J’embrasse le creux de sa nuque juste pour la titiller un peu. Elle ronchonne et je me retiens pour ne pas exploser de rire. « Laisse-moi encore 5 minutes... » Je secoue la tête, mais elle n’ouvre même pas les yeux pour me regarder. « Nope. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je viens de nouveau embrasser sa peau tout en douceur. Je la sens frissonner sous moi et je me mords la lèvre pour ne pas me débarrasser de mon short et la rejoindre à nouveau sous les draps. « On pourrait la fêter là en regardant le soleil se coucher, je suis sûre qu'on a de quoi s'occuper jusqu'à minuit ! » Oh, elle n’a pas tort là-dessus. Je suis persuadé que l’on pourrait très bien s’occuper dans ce lit pour le reste de la nuit, mais j’aimerais aussi que l’on fasse quelque chose de différent. « On le fera après minuit, ça te va ? » Et quand son regard croise le mien, je finis par l’embrasser tendrement.

En quelques secondes, elle vient s’installer sur mes genoux et je ne peux empêcher mon regard de glisser sur son corps nu. Elle est magnifique. Depuis que l’on est arrivé ici, depuis que je lui donne toute mon attention, Jill semble différente. Bien plus détendue, toujours à sourire, à faire des blagues. On ne c’est pas pris la tête une seule fois en une semaine. C’est probablement un véritable record pour nous. Et ça fait du bien. Je ne m’étais pas senti aussi libre et aussi vivant depuis des mois. C’est ce que je ressentais avec elle avant… Quand on prenait le temps de s’enfuir tous les deux loin de Londres. On n’avait pas retrouvé cette complicité depuis bien trop longtemps. Je voudrais que cet instant ne s’arrête jamais. Je l’observe partir en direction de la salle de bain, mes yeux qui dessinent ses courbes si attirantes. Je me lève du lit et viens l’attraper par les hanches, coller son corps contre le mien, embrasser son épaule lentement. « Tu pourrais rester nu… Ça me plaît bien. » murmurais-je contre son oreille. Mes mains glissent lentement sur son ventre et un peu plus bas. Juste pour le frisson de l’instant, pour me sentir encore un peu plus vivant, juste un peu plus longtemps. « Sinon ta robe blanche ? » Elle sait que j’adore la voir dans cette robe, je trouve qu’elle lui va parfaitement bien, qu’elle est plus belle que jamais dedans. « On va sur la plage. » Mes mains n’ont cessé de caresser son corps, parce que je suis comme un adolescent plein de fougue incapable de laisser ses mains dans ses poches. Je sens bien qu’elle se retient et je continue à la titiller encore un peu. « Je t’aime. » Tout simplement.  

Wanna give you wild love

jailey #9

Je vois bien qu’elle aimerait que l’on reste au lit, que l’on perdre notre temps entre les draps comme on le fait depuis notre arrivée. Pourtant, c’est un tout autre programme que j’ai en tête pour notre soirée. Quelque chose en dehors de la maison, profiter de la beauté des plages ici, du coucher de soleil, du sable fin. Un endroit perdu rien que pour nous. C’est tout ce que l’on cherche depuis une semaine. On reste dans notre bulle, on ne se mélange pas aux touristes, à personne. Fuir Brisbane, c’était aussi enfin trouver le temps de se retrouver, de se redécouvrir, ensemble. Pour le moment, je crois que l’on ne s’en sort pas trop mal. On a eu le temps de discuter, de se confier et de s’aimer sans que jamais personne ne vienne se mettre entre nous. Tellement que je ne la lâche plus. Elle se balade nue devant moi et je suis incapable de rester sagement assis sur le lit. Je passe mes bras autour de ses hanches, mes doigts glissent sur sa peau bronzée. « Fais gaffe, tu vas pas réussir à tenir très longtemps si tu restes collé à moi comme ça ! » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres, elle me connaît bien. « J’ai bien du mal à te résister. » Une nouvelle fois, je viens embrasser sa peau. Je la sens frissonner dans mes bras alors que mes doigts s’aventurent toujours plus bas. Je sais que l’on pourrait retourner sur le lit, se retrouver sous la douche, faire durer le plaisir charnel. « Si tu continues comme ça, je n'aurais même pas le temps de la mettre cette robe. » Et je voulais continuer, je voulais m’occuper d’elle. La sentir frissonner sous mes doigts, l’entendre gémir encore un peu. Mais Jill se dérobe un sourire malicieux aux lèvres, alors que je me retrouve tel un idiot avec une érection difficile à cacher. Je me racle un peu la gorge. « Ouais, va t’habiller. » Je pars dans la petite cuisine de la maison pour me servir un verre d’eau et me changer les idées le temps que Jill est dans la salle de bain.

Je prends le temps de me changer également et enfile un bermuda, un tee-shirt blanc et une chemise fleurie que je laisse ouverte. Ce sera bien suffisant pour ce soir. Je glisse mes lunettes de soleil dans mes cheveux et appelle l’accueil pour m’assurer que tout est prêt pour nous. Jill finis par me rejoindre dans sa belle robe blanche, les cheveux, un peu attachés. « Tu es magnifique. » Je viens l’embrasser et ma main se glisse doucement dans la sienne pile lorsque l’on sonne à la porte. Je vais ouvrir et un employé du complexe me tends un énorme panier à pique-nique avant de me saluer et de repartir. « Tu viens ? Faut qu’on marche un peu. » De nouveau, ma main se glisse dans la sienne alors que je l’emmène vers la plage que l’on m’a indiquée par message. Je regarde sur mon téléphone de temps en temps et après une vingtaine de minutes, on arrive enfin à destination. Un coin de plage désertique. On m’assurer que personne ne viendrait nous déranger ici. « On s’installe là ? » Je pose le panier sur le sable fin pas trop loin de l’eau et l’ouvre pour en sortir une grande couverture que j’étale du mieux que je peux sur le sol. « Bon, je suis pas très doué, hein. » Je ris un peu en tentant de cacher mes joues un peu rougit. Je n’ai jamais vraiment su faire dans le romantisme malheureusement. On m’a jamais vraiment donné l’occasion de le faire en même temps. « Je… J’ai un repas et deux bonnes bouteilles de vin. » Pourquoi je me sens aussi nerveux d’un seul coup. « Ça… Ça te va pour la soirée ? »   

Wanna give you wild love

jailey #9

Je ne vais pas le cacher lorsque l’on, c’est retrouver tous les deux pour la première fois dans cette maison au bout du monde, j’ai eu des doutes. Je me suis demandé si tout se passerait bien entre nous, si on arriverait à passer trois semaines sans avoir envie de s’entretuer, sans forcément évoquer tous les problèmes que l’on a laisser derrière nous à Brisbane. J’avais peur que Jill ne se laisse pas pleinement aller, qu’elle continue à douter de mes intentions ou même qu’elle m’en veuille une énième fois pour une chose que j’aurais dit. J’ai eu mes doutes, le temps d’un instant, parce que je suis humain et que tout cela est véritablement nouveau pour nous. Mais aujourd’hui, une semaine après notre arrivée, je comprends que c’est uniquement ce qui nous fallait. On avait réellement besoin de s’isoler entre nous. En dix ans, on c’est accorder ce privilège une seule fois, juste après mon mariage. On c’était à peine adresser la parole, on refusait de voir en face le fait que j’avais clairement épousé la mauvaise sœur McGrath. On c’était bourré la gueule, on avait couché ensemble et rien de plus. Aujourd’hui, le programme est différent. Le sexe est toujours présent, toujours aussi dingue, toujours aussi renversant, mais à cela s’ajoute une nouvelle confiance mutuelle, une réelle envie de partager quelque chose. On a pris dix ans et notre relation aussi. Je crois que l’on est passé par toutes les étapes possibles avant même d’officialiser notre couple. On fait tout à l’envers… C’est vrai après tout. On c’est déjà séparer en se jurant de ne plus jamais se voir. On c’est déjà souhaiter le pire. On a déjà parlé de notre relation comment étant la pire des choses qui nous soit jamais arriver. On c’est détester avant de se rendre à l’évidence. Quoiqu’on dise, quoique les gens pensent à la fin de la journée, on s’aime bien trop pour mettre tout cela à la poubelle. Il nous aura fallu du temps pour en prendre pleinement conscience, mais désormais plus personne ne pourra nous séparer, j’en reste pleinement persuadé. Venir se cacher à l’autre bout du monde peut paraître puéril, mais on en avait besoin. Pour se recentrer sur nous, pour se découvrir autrement. Il n’y a que nous et personne d’autre. C’est bien pour cela que j’ai préparé une petite soirée à Jill, parce que nos dates doivent se compter sur les doigts d’une main. On n’a jamais pris le temps de faire ce genre de choses, aller au restaurant, au cinéma, comme un couple normal. On n’a jamais vraiment été un couple normal et cela va changer.

Je suis quelque peu stressé lorsque l’on se retrouve seul sur un bout de plage abandonnée. J’ai peur qu’elle n’aime pas l’idée, qu’elle me trouve niais et qu’elle se moque de moi. Jill n’a jamais été du genre à mâcher ses mots, elle n’a jamais vraiment non plus aimé les démonstrations d’amour et je ne suis pas comme cela non plus. Pourtant, j’ai envie que l’on apprenne à faire autrement, sans avoir à se servir du sexe pour faire passer un message fort. Encore une fois, on fait tout à l’envers. Pendant longtemps notre relation à uniquement été baser sur le plaisir charnel. Aujourd’hui, on apprend à se découvrir autrement. « C'est parfait ! Deux bouteilles, on va commencer cette nouvelle année bourré ! » Un léger rire soulagé s’échappe d’entre mes lèvres alors que la brunette vient passer ses bras autour de moi. Elle me force à croiser son regard avant de me rassurer doucement. « Hé... On est tous les deux, sur la plage, avec de l'alcool et de la nourriture, à Bali. Je vois pas comment une soirée pourrait être plus parfaite ! » Je souris un peu alors que ses lèvres viennent frôler les miennes. « J’avais peur que t’aime pas trop. » On s’est juré d’être honnête l’un envers l’autre, alors je ne lui cache pas ma légère angoisse.

Heureusement, il ne nous faudra pas longtemps pour retrouver un esprit bien plus apaisé et joueur. On se change rapidement avant de finir les pieds dans l’eau turquoise. L’endroit est tout simplement magnifique. Le soleil a déjà entamé sa descente et le ciel se teinte de couleur pastel. Un instant, je reste subjugué par le paysage avant que Jill m’entraîne plus loin dans l’eau avec elle. Elle s’accroche à moi et mes mains passent sous ses cuisses pour la maintenir contre moi. « Je suis même pas sûr d’avoir envie de rentrer à Brisbane. » dis-je doucement avant de croiser son regard. Non pas que l’on pourrait rester ici toute notre vie, mais pour l’instant je me sens pas prêt à rentrer chez nous. Il me reste encore deux semaines pour me faire à l’idée. « Et je suis pas sûr d’avoir envie de te laisser repartir à ta coloc quand on sera rentré. » Toujours plus d’honnêteté, mais l’année va ce terminé et je voudrais ne plus avoir à lui cacher quoique ce soit. Je voudrais qu’elle reste à la maison avec moi. Je voudrais que l’on avance dans ce sens-là ensemble, parce que si je suis sûr d’une chose, c’est que j’aime la femme présente dans mes bras et que je souhaite construire quelque chose de stable avec elle.    

Wanna give you wild love

jailey #9

Dans le fond, je sais que s’enfermer dans une bulle sur une île paradisiaque ne résoudra jamais tous nos soucis. On est juste en train de retarder l’inévitable, les discussions qui nous font si mal, la réalité qui parfois nous échappe. On cherche à gagner du temps. Et ce dernier est si précieux. Depuis notre arrivée, j’ai la sensation de réellement apprendre à vivre en couple. Un vrai couple. Deux personnes qui s’aiment plus que les mots ne pourront jamais réellement l’exprimer. Deux personnes aussi fragiles l’une que l’autre, mais qui finisse par se compléter dans leurs déchirures. La sensation d’enfin trouver un équilibre avec Jillian. Quelque chose que je n’ai jamais réellement cherché, mais qui semblait me manquer cruellement. J’ai toujours prétendu vouloir être indépendant, ne jamais trop m’attacher, construire ma vie seul d’un côté pour toujours avoir une porte de sortie, un échappatoire. Aujourd’hui, je me rends compte que tout ce n’était que façade. J’ai besoin de cette stabilité, ce semblant de normalité et je sais que Jill peut me l’offrir. Aussi dingue que cela puisse paraître elle est ma stabilité. Je ne saurais voir les choses autrement.

C’est bien pour cela que je suis quelque peu nerveux ce soir. Je veux que cette soirée lui plaise. Je veux qu’elle se souvienne de ce voyage comme du moment où pour la première fois tout allait bien pour nous. J’ose m’accorder cet espoir qu’enfin tout ira bien. Je sais qu’il reste encore des points à régler. J’ai mes insécurités, elle a les siennes. Cela ne partira jamais en un claquement de doigt, mais on avance, petit à petit. À notre rythme. Et même s’il ne s’agit que d’une soirée romantique sur la plage, c’est quelque chose que l’on n’avait jamais pris le temps de faire. Je ne sais même pas si elle aime ça, mais la brunette prend le temps de me rassurer. « J'aime tout ce que tu fais depuis qu'on est arrivé ici ! C'est nouveau, mais c'est bien... » Une part de moi voudrait me forcer à me concentrer sur le fait qu’elle a précisé qu’elle apprécie seulement depuis que nous sommes arrivés ici, mais je tente de ne pas partir dans cette direction. Elle me rappelle simplement à quel point, j’ai pu foirer lorsque nous étions encore à Brisbane. Toute ma vie, elle me fera payer le fais d’avoir trop souvent fait passer sa sœur avant elle. Je le sais et je ne pourrais jamais revenir là-dessus. Je ne veux pas gâcher notre soirée à penser au négatif. Bien au contraire…

Une fois dans l’eau, la jeune femme accrochée à moi comme un petit koala, je tente de lui faire comprendre que j’aimerais qu’elle reste avec moi à la maison une fois de retour chez nous. Je n’impose rien, fais simplement sous-entendre un souhait de ma part, mais bien entendu elle grimace. À croire que ce ne sera jamais simple d’avoir ce genre de conversation avec Jill. « T'es en train de me demander de venir vivre chez toi ? T'es sûr que y'a plus de pour que de contre sur la liste ? » Un peu surpris par ses questions, je la lâche et me recule quelque peu. « Ça te surprends tant que ça ? » Et bien entendu, j’ai déjà envie de retourner dans ma carapace, de prétendre que cette conversation n’a jamais existé. J’aurai mieux fait de me taire. Incertain du comportement, à avoir, je reste silencieux, planté dans l’eau, les yeux se perdant à l’horizon. J’aurais aimé qu’elle ne remette pas tout en question en quelques secondes. Juste pour une fois. Je serre le poing en m’ordonnant mentalement de ne pas laisser mes émotions prendre le dessus, mais à côté de moi Jill me demande si j’ai une quelconque idée de ce que pourrais être la prochaine étape si on emménage ensemble. Comme si j’en avais une quelconque idée ! La réponse normale, basique, serait de ce marié, d’avoir des enfants ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas la réponse à lui donner. Je le sais… C’est pas pour Jill tout ça. Et pas pour moi non plus. J’ai donné dans le mariage, plus jamais. Alors je reste là à me demander ce que pourrais être la réponse idéale. Et si tu disais juste ce qui te passe par la tête Bailey ? Je soupire un instant et me tourne vers elle en souriant un peu, malgré tout. « Et si on essayait juste… » Je hausse les épaules. « Si on s’accordait enfin le droit d’être heureux, hein ? On le mérite, je crois. » Pourquoi les autres peuvent vivre ensemble, envisager un avenir ensemble et pas nous ? Pourquoi on se fait constamment du mal comme ça ? « Je peux pas te dire ce que sera la prochaine étape, j’en sais trop rien. J’ai pas envie de te promettre une vie basique qui nous ennuiera tous les deux. Tout ce que je sais Jill, c’est que j’ai envie de vivre avec toi. Voilà. » Je baisse la tête plus vraiment aussi sûre de moi. « C’est peut-être idiot, mais j’ai envie de croire que nous aussi, on a le droit de penser à l’avenir, que l’on peut se donner cette chance. Peut-être qu’il n’y aura jamais d’autre étapes après ça, qu’on restera comme ça. Peut-être qu’on finira par se marier par amour et pas par obligation. Peut-être qu’on aura des enfants, peut-être pas. Peut-être qu’on finira juste tous les deux avec des chiens et une maison au bord de la plage. Peut-être en Australie, peut-être ailleurs. J’en sais trop rien Jill. » Je viens doucement attraper ses doigts et me rapproche un peu d’elle. « Tout ce que je sais là maintenant, c’est que j’ai pas envie de te voir vivre ailleurs. C’est ce que moi, je pense Jill, je te l’imposerai jamais… Mais on s'est promis d’être honnête l’un envers l’autre, alors voilà, j’aimerais que tu restes avec moi. C’est un simple souhait, jamais une obligation. »     

Wanna give you wild love

jailey #9

« Tu m'as mal compris, est ce que y'a un point positif pour toi à vivre avec moi ? » À croire que c’est l’histoire de notre vie, être incapable de se comprendre pleinement, d’interpréter les signes comme il le faudrait, de se braquer à la première difficulté. Sa question me laisse sans voix le temps d’un instant. Ce n’est pas de moi qu’elle doute, c’est d’elle. Toujours d’elle. J’ai envie de rire comme un fou alors que sa question se répète dans mon esprit. La liste est si longue et pourtant, j’ai la sensation de m’emmêler les pinceaux lorsqu’il faudrait commencer à l’énoncer à voix haute. « J’en ai envie. Ça devrait être le seul point qui compte, non ? » finis-je par dire en douceur. Pourquoi chercher à peser le pour et le contre quand je sais que c’est quelque chose dont j’ai envie. Je me suis habitué à l’avoir chez moi après mon passage à l’hôpital. Je me suis habitué à me réveiller à ses côtés. Tout simplement. « J’aime que tu sois là. La maison paraît bien plus vivante quand tu es là. Des points positifs, il y en a beaucoup Jill. » Je me rapproche quelque peu d’elle afin de bien accrocher son regard tandis que je commence à compter sur mes doigts. « Déjà parce que pour une fois personne ne décide pour moi et que je suis celui qui prends la décision d’emménager avec moi. Ensuite, parce qu’on se verra tous les jours, que je pourrais partager mes journées avec toi. T’embêter quand tu chantes à tue-tête sous la douche. Te regarder jouer du piano. Juste vivre avec toi. Avoir quelque chose de normal. » Je hausse les épaules me sentant un peu bête avec ma liste si simple et pourtant, j’ai oublié le plus important. « Pour une fois, j’aurais une bonne raison de rentrer chez moi le soir. » Pour une fois, je ne serais plus seul. Pour une fois, ce sera quelqu’un qui compte, quelqu’un qui m’aime que j’irais retrouver. Pour une fois, je pourrais m’accorder le droit d’être heureux. « J’essaye juste d’être heureux Jill et j’aimerais que tu sois avec moi pour tout ça. » C’est aussi simple que cela. Je me suis promis d’essayer en laissant de côté mes doutes et mes insécurités. Je veux le faire pleinement. Mais je vois bien qu’elle doute un peu, que je l’effraye avec le reste de mon discours. C’est le problème avec moi. C’est tout ou rien. Soit, je ne parle jamais de ce que je ressens, soit je laisse tout s’échapper sans aucune retenue. Et j’ai soudainement l’impression de forcer mes envies et mon point de vue sur Jill. Je me suis toujours promis de ne rien imposer à la jeune femme. Jamais. Même si l’idée provient de moi, la décision finale doit venir d’elle et uniquement elle. Je souris malgré toute face à son excitation et viens doucement caresser sa joue du bout des doigts. « Prends le temps de penser à tout ça d’accord ? » Je dépose mes lèvres sur son front et lui sourit. « Je veux que tu aies envie de ça aussi. Je veux pas que tu le fasses uniquement pour me faire plaisir. Je le prendrai pas mal si tu penses que c’est trop tôt. » Jamais. Parce que je sais que parfois Jill a besoin d’avancer à son propre rythme qui peut être bien différent du mien. Et je lui donnerai tout l’espace dont elle a besoin pour que l’on puisse s’épanouir ensemble.

Je reprends la main de la brunette et l’entraîne avec moi un peu plus proche du bord. Je m’assieds sur le sable humide, les vagues venant chatouiller mes pieds en douceur. Jill vient s’installer près de moi, mais je remarque bien qu’elle semble en pleine réflexion. Quelque chose la chagrine. Je lui laisse le temps de trouver ses mots et profite de l’instant. Je ne m’étais pas senti aussi léger depuis des années. Comme quoi on arrive à se parler calmement, sans hurler, sans se faire mal. « Un mariage par amour ? Tu m'avais pas dit que tu voulais plus jamais revivre un mariage dans ta vie ? » C’est donc cela qui la faisait autant réfléchir. Ça ne pouvait être que cela ou le fait que j’évoque l’éventualité d’avoir des enfants. Je ne suis pas réellement surpris de sa question et pour la première fois de ma vie, j’ai la sensation de déjà connaître la réponse. Tout me paraît si évident. « J’ai dit que je ne voulais plus jamais que l’on prenne des décisions pour moi. » C’est fini ce temps-là. Le Bailey qui laissait son père régir sa vie est mort et enterré depuis longtemps. Aujourd’hui encore, je me dis que j’aurais dû trouver la force de me rebeller afin de ne gâcher aucune vie. Et pourtant, je reste persuadé que les parents de Ginny se seraient empressés de trouver un autre candidat. À l’époque, je l’avais fait pour elle. Aujourd’hui, je sais que plus jamais quelqu’un prendra ce genre de décision pour moi. « Tu sais… Ce qu’on avait ta sœur et moi, c’était tout sauf un mariage. C’était un contrat forcé, une prison dorée. Ça a détruit sa vie et la mienne. » Instinctivement, je baisse la main sur ma main gauche, là où mon alliance à trainer pendant sept ans. « Je crois que j’aimerais vivre un mariage qui a du sens. Dire oui non pas parce qu’on m’a forcé à le faire, mais parce que oui, je suis sûr de vouloir passer le reste de ma vie avec cette personne. Je veux reprendre ce qu’on m’a pris. » Je crois que je me suis jamais autant confié à Jill. Je n’ai jamais été aussi honnête. « Et ces derniers temps, je me surprends à espérer que ce soit avec toi. » Et si après cela, elle n’a pas confiance en l’amour que je lui porte, je sais que je ne pourrais jamais faire plus, que je ne serais jamais assez pour elle. Je me sens mis à nu et honnêtement, je serais prêt à m’enfuir vers la serviette que j’ai étendue sur le sable pour faire comme si tout ce que je venais de dire n’avais jamais eu lieu. Mais je reste là, assis à côté de Jill, à regarder l’horizon en aspirant un avenir meilleur. J'arrête de fuir.  

Wanna give you wild love

jailey #9

« Je suis avec toi... Pour tout maintenant, et surtout si tu me dis que tu veux être heureux ! » Un léger rire s’échappe d’entre mes lèvres. Être heureux. Un concept qui nous est si étranger. Pendant des années nous avons prétendu l’être, enfermer dans un carcan de vie qui n’était pas le nôtre. Perdu face à la loyauté parentale. Je pensais bien faire. Je pensais être heureux, parfois. Je réalise que tout cela n’était que fantaisie, une douce rêverie. Je me berçais d’illusion. « J’essaye vraiment, tu sais. D’être heureux… J’essaye de toutes mes forces. » Parfois, je perds l’épreuve, mais jamais le combat. Je ne veux plus me laisser abattre. Pour la première fois de ma vie, je m’autorise à penser à moi. Uniquement à moi. J’ai échafaudé une centaine de scénarios et au bout du compte Jill faisais toujours parti de l’aventure. Je ne sais plus voir ma vie sans elle. Elle est devenue essentielle à mon quotidien, il y a de cela des années. Il m’aura fallu un divorce et une overdose pour enfin comprendre que c’était elle qui me rendait heureux depuis toutes ces années. Ce n’est pas simple, pour un gars comme moi, d’admettre ce genre de chose. Il m’a fallu du temps pour ne pas flipper à l’idée d’avoir besoin de quelqu’un pour aller bien, pour aller mieux. Aujourd’hui encore, j’ai mes doutes, mes moments de flippes, mais Jill est à mes côtés pour les traverser. J’ai foiré lors de la fugue de Noah, je le sais parfaitement. J’aurai pu la perdre encore une fois, mais elle est restée. J’ai envie de prendre cela comme un signe. Une preuve que dans le fond, notre vie serait meilleure ensemble, qu’importe les épreuves. « Alors on ira chercher tes affaires en rentrant. » dis-je doucement face à son air si déterminé. Un nouveau départ pour nous. Un pas de plus. Un pas de géant. Et j’ai envie d’y croire. Il y aura des ratés, mais ça ira. On ira bien.

Les yeux fermés, on se lance sur le fil du rasoir. Une conversation à double tranchant. Ça passe ou ça casse. On n’avait jamais osé évoquer ce genre de sujet. On n’avait encore jamais osé parler d’avenir de manière aussi concrète. Le mariage. Ce mot qui m’a fait frissonner pendant des années, que j’ai haï de toute mon âme avant de reconsidérer tout doucement. Et je lui dis tout à Jill. Tout ce que je gardais pour moi depuis toutes ces années. Tout ce que je pense depuis quelque temps aussi. Cette envie qui me prend aux tripes de me marier pour les bonnes raisons, parce que je l’ai décidé, parce que je l’aime éperdument dans une folie douce. Ce silence qui s’installe entre nous alors que je laisse sous-entendre toute une possibilité d’avenir pour nous. Une union véritable. Quelque chose qui fait sens, qui nous rend vivant. Quelque chose qui exulte les années passer dans l’ombre, une vengeance sur la vie. Enfin. Elle évoque mon mariage avec Ginny et un rire nerveux m’échappe. J’ai vécu l’enfer ce jour-là. « Je voulais crever. » Je ne l’ai jamais dit à personne ça. Je n’ai jamais osé l’admettre à voix haute. « Ce jour-là, j’ai voulu… » Je ne finis pas ma phrase. Je n’y arrive pas. C’est une période de ma vie à laquelle je voudrais ne plus jamais penser. Je me suis perdu ce jour-là. J’ai vendu mon âme au diable. Et sans le savoir, c’est Jill qui m’avait sauvé. Alors que j’étais parti m’enfermer dans les toilettes de la salle de réception. Un tube de médicament dans une main, un verre de rouge dans l’autre. Elle avait débarqué à ma suite en criant qu’il fallait que l’on s’en aille, que je méritais d’avoir un voyage de noce. En voulant ruiner la fin de soirée, elle m’avait sauvé la vie. « Je déteste cette journée de toute mon âme. » Et elle a compris Jill. Elle a saisi la nuance de mes paroles. Je ne considérais pas cela comme un mariage, je voulais vivre quelque chose pour moi, pour une fois. Rien qu’une fois pensé à moi. Avec elle.


Elle reste vague Jill. Elle ne se mouille pas trop. Pourtant, je sais qu’elle a compris. Je sais qu’elle est probablement tout aussi flipper que moi à parler d’avenir et de toujours. Pourtant, c’est tout ce qu’il nous manquait. Une dernière promesse. « Tu crois que tu voudrais bien de moi pour toujours ? » Mon regard qui trouve le sien. Un soupire en cœur et une réponse qui me semble soudainement si évidente. « J’en suis sûr. » Je n’ai jamais été aussi sûr d’une chose. Et je pense à ce cadeau de Noël que je n’ai jamais eu l’occasion de lui donner. Cette petite boîte que j’ai toujours sur moi depuis des mois. Cacher au fond du panier qui nous attends sur la plage. « Bouge pas. » Mes lèvres retrouvent les siennes un instant avant de me lever et de me diriger vers nos affaires. Rien de tout cela n’était prévu et pourtant, je n’ai jamais été aussi sûr de moi. Je soupire longuement, prends la boîte et retourne vers Jill qui me regarde bien trop fébrilement. Je m’assieds de nouveau à ses côtés, faisant tourner la boîte entre mes doigts tremblant. Un nouveau regard glissé vers la brunette et je comprends. Elle est là notre ultime promesse. La dernière et la plus importante. Doucement, j’ouvre la boîte à bijoux pour laisser apparaître une bague. Un anneau en argent fin et discret. « Je l’ai acheté deux jours avant que Noah fugue. » Je fais tourner l’anneau entre mes doigts avant de prendre la main de Jill et de le déposer dans le creux de sa paume. « Le jour où tu as fait ton overdose, j’ai vu mon monde s’écrouler. Littéralement. Je me suis vu tout perdre et je… Je veux pas te perdre Jill. Jamais. » Je crois que mon corps tout entier, c’est mis à trembler. Je suis en train de lui livrer mon âme et mon cœur avec. Je lui donne tout, je ne garde rien. « Je comptais pas me mettre à genoux, je voulais te l’offrir à Noël. Une dernière promesse, pour te prouver à quel point je crois en nous, à quel point tu es la seule dont j’ai besoin. » Respire Bailey. Je suis si nerveux que je dois être en train de bégayer. « J’aimerais que l’on vive pour nous. On a toujours fait des trucs complètement dingue ensemble, non ? » Suis-je en train de lui proposer la chose la plus folle qui soit ? « Juste nous deux sans règles, sans traditions. »
 

Wanna give you wild love

jailey #9

Cette soirée me paraît si folle, si surréaliste. Pour la première fois depuis ce qui me paraît une éternité, on prend le temps d’échanger, de parler d’avenir surtout. En quelques instants, c’est acté, on vivra ensemble à notre retour de Bali. Un pas de gens pour deux effrayés comme nous. Lancé dans ce tourbillon d’émotions et de sentiments notre conversation ne s’arrête pas là. J’ai osé dérouler le plan d’un avenir qui nous a si longtemps paru inatteignable et soudainement plus rien ne nous arrête. On effleure du doigt le passé. Je lui assure vouloir meilleur pour l’avenir. Pour la toute première fois, j’avoue à haute voix vouloir prendre ma revanche sur cette histoire. Je veux reprendre le contrôle de ma vie. Il m’aura fallu des années pour le réaliser, encore quelques-unes pour agir pleinement. Ce soir sur cette plage, je me sens invincible. Comme si plus rien ne pouvait m’atteindre. Il ne reste que nous. Juste nous et nos idées folles. Une pulsion de vie que nous n’avions jamais connue auparavant. Les émotions s’emballent, se déchaînent. Elles sont intenses et surtout elles sont vraies. Et enfin, j’ose aller chercher cette petite boîte que je cache dans mes affaires depuis quelques semaines. Ce petit cube enveloppé de velours que je suis allé acheter le lendemain d’une soirée passé en sa compagnie chez moi autour du piano. Ce bijou que j’ai pris le temps de choisir à son image. Une bague qui ne se devait être qu’une promesse, mais qui soudainement prend une signification bien plus importante encore. Pour la toute première fois, je m’autorise à vivre à pleinement. Sans regrets. Je me livre complètement à elle, sans barrières, sans carapace. Juste moi. Pour une fois.

Et j’ose enfin. Proposer l’impensable, l’idée la plus folle qui soit. Si dingue et pourtant si juste. Ce qui me semblait si vague il y a encore quelques heures, me paraît être la seule des vérités à cet instant précis. La folie d’un engagement qui ne regarde que nous, qui n’implique personne d’autre qu’elle et moi. Je lui donne tout et je la laisse maître de la décision, cet anneau planter dans le creux de sa paume. La promesse d’un futur à deux. Je la dévore du regard alors que toutes les émotions semblent danser sur son visage. Elle se mord la lèvre, fait rouler la bague entre ses doigts et soudainement se lève. Je l’imite alors que son rire me fait trembler encore un peu plus. Pas de peur non, juste d’un bonheur intangible et si longtemps attendu. Je n’ai pas le temps de réaliser quoique ce soit que Jill se retrouve avec un jour à terre devant moi. « Tu veux qu'on fasse la chose la plus folle qui soit ? Ici, toi et moi, sans règles, sans tradition, sur une plage ? » Mon souffle qui se coupe alors que mon regard plonge dans ses pupilles dilatées par l’excitation. Un regard me suffit pour comprendre que rien n’est dingue dans tout cela. C’est ce qu’il devait se passer depuis le début. Et alors la réponse apparaît telle une évidence. « Oui. » Tout simplement. On rit comme des enfants sous l’euphorie du moment alors que mes doigts s’enroulent autour de son poignet pour l’attirer contre moi. Mes lèvres viennent chercher les siennes dans un baiser passionné. « Je t’aime. » Murmuré entre deux baisers salés. Et mes doigts qui partent voler la bague contre sa paume afin de venir la glisser lentement à son annulaire. Elle est là notre promesse.

On passera le reste de la soirée sur cette plage, dans ce coin de paradis à parler de nous comme on ne l’avait jamais fait auparavant. Au douzième coup de minuit, je vins l’embrasser tendrement. Et on a fini par se perdre l’un contre l’autre dans une étreinte charnelle et passionnelle. Là, sur cette plage, on s’est aimé comme jamais. Le premier jour d’une nouvelle vie.

***

1er Janvier 2020.

On a fini par s’endormir alors que la première journée de l’année était déjà bien entamée. Je n’ai pas beaucoup dormi. Je voulais aller au bout de notre folie, au bout de cette promesse que l’on s’est fait sur la plage. Alors j’ai laissé un mot à Jill et je suis parti à l’accueil du complexe hôtelier avec mon idée folle en tête. Heureusement, tout le monde parle parfaitement anglais ici et il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver quelqu’un qui voudrait bien m’aider.

Lorsque je rentre enfin, il est presque seize heures et je trouve Jill assise sur la terrasse, une tasse de café à la main. Je la rejoins et m’assieds à ses côtés. Un baiser sur sa tempe, un sourire échangé et mon regard qui tombe sur la bague à son doigt. « On a trois heures pour trouver des alliances et retourner sur la plage. » Parce que ce sera sur cette plage de sable fin et pas une autre. Mon souffle qui se coupe alors que nos regards se croisent. « Tu veux toujours faire ça avec moi ? »