@yelahiah parker
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T’es pathétique Penny. Vraiment.

Tu ne sais pas ça fait combien d’heures que tu n’as pas bougé du canapé. Ça ne te ressemble pas d’ailleurs, de rester sur le divan des journées de temps et de ne rien faire de ton corps. T’es une fille d’action, tu aimes quand ça bouge, quand ça brasse. Tu as clairement besoin de te secouer mais tu n’en as pas la moindre envie. T’es prise dans ta peine, t’as presque l’impression d’être de retour plusieurs mois en arrière quand tu étais au pic de ta dépression et que tu n’avais plus envie de rien faire, plus envie de voir personne, plus envie de rien du tout. Mais c’était différent cette fois-ci. Tu n’étais pas dépressive. Tu n’étais pas paralysée par la peur. Non, rien d’aussi intense. Tu avais le cœur brisé, tout simplement. Et le pire dans tout ça, c’est que tu n’avais même pas vécu une histoire romantique ou passionnée avec celui qui t’avait brisé le cœur, loin de là. Il serait mentir de dire que tu n’avais pas de passif avec Rory, mais c’était tellement différent de ce que tu imaginais être ta prochaine peine d’amour. Jamais tu n’aurais cru vivre si mal la nouvelle, mais la réalité était là sous tes yeux: Rory avait une nouvelle copine et tu ne gérais pas.

Tu avais passé tout ton temps libre devant divers films et émissions dans lesquels Rory avait eu des rôles, à pleurer comme une adolescente chaque fois que tu le voyais à l’écran, une nouvelle forme de torture qui s’avérait plus qu’efficace. C’est tout ce que tu faisais entre tes cours de danse, refusant de voir ou de parler à qui que ce soit, ressentant le besoin cruel d’être toute seule et de vivre ta peine à son maximum. Parce que t’avais parfaitement jouer la comédie devant Rory et tu comptais continuer de le faire. Tu voulais qu’il soit heureux. Il le méritait, plus que n’importe qui et si c’est avec elle que ce devait être, so be it. Tu passerais au travers. Tu serais là pour lui s’il avait besoin de toi et tu savais qu’il serait là pour toi. Mais il ne pouvait pas être là pour ça. Alors t’avais ton pot de glace et le film Swan In Love (t’as presque l’impression que l’univers se moque de toi là avec ce titre) qui joue en boucle depuis le début de la journée et tu attends que la douleur s’atténue enfin, sans grand succès pour le moment. Haley a disparu de la carte depuis quelques jours, t’es presque certaine qu’elle est partie et qu’elle ne va pas revenir parce que la majorité de ses choses ne sont plus là et ça te fait chier ça aussi, de te retrouver à nouveau seule chez toi. Ou du moins, presque seule. Y’a Yelahiah qui est là, parfois. Tu le connais presque pas même si ça fait quelques semaines déjà que tu es revenue de Los Angeles et t’es pas certaine comment la colocation va se passer maintenant qu’Haley n’est plus là pour faire le pont entre vous deux. Il sort de sa chambre d’ailleurs (bordel il est là depuis quand?!) et tu essuies tes joues encore humides de ta dernière séance de pleurs alors que tu te redresses sur le divan. Son regard croise le tien et tu ne peux t’empêcher de te mettre sur la défensive directement. « Qu’est-ce que tu regardes? » Probablement le pathétique show que tu es devenue. Tu plonges ta cuillère dans le pot de glace, en prend une bouchée. « Non je partage pas. » que tu souffles, la bouche à moitié pleine. Oh que c’est ridicule. Oh que c’est triste. Oh que les cœurs brisés, c’est la pire connerie jamais inventée.

Il ne connait pas sa colocataire. Il avait besoin d’un appartement, pas d’une amie. Il se débrouille tout seul et il se retrouve souvent seul dans le dit appartement. Elle n’est pas souvent là, et même quand elle est là ils ne se croisent que très peu. Il comptait rester devant la télévision sans rien lui dire, il fait comme si elle n’existait pas, ça fonctionnait bien jusqu’à aujourd’hui. Mais il a tourné la tête, et il l’a vu. Il a vu le visage et la façon dont est habillée la blonde. Elle ressemble à une gamine de 15 ans en mal d’amour. Le cliché par excellence. Elle a l’air au bout du rouleau et il ne peut pas lever son regard d’elle. « Qu’est-ce que tu regardes? » Il pouffe de rire. Il n’a aucun tact le jeune homme, aucune pitié, ce n’est pas vraiment dans son caractère. Il ne sera pas le bon meilleur ami qui lui offrira une épaule sur laquelle pleurer. “Toi.” On ne peut pas lui reprocher qu’il ne soit pas sincère. Il continue de la regarder et se demande ce qu’il a bien pu se passer pour qu’elle se mette dans cet état là.

« Non je partage pas. » Il lève les yeux au ciel, comme s’il avait envie de partager de la nourriture avec une inconnu. “C’est pas la meilleure décision de s'empiffrer." C’est l’hôpital qui se fout de la charité, elle, elle mange de la glace, et lui, il n’arrêtait pas de boire de l’alcool. “T’as pas une meilleure copine pour te sauver de ce merdier ?” Il fronce les sourcils, se demandant vraiment s’il y a un moyen de la sauver de ce calvaire. Elle a vraiment l’air d’aller mal et il est incapable d’être le type gentil qui l’aide. Il sera seulement le gars sincère qui la ramène encore un peu plus à la réalité.

@yelahiah parker
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C’est gênant comme situation. Et puis c’est toi qui est gênante Penny, à te laisser aller de la sorte à cause d’un garçon. On dirait que t’as 13 ans et qu’on ne t’a jamais rejeté par le passé. Comme si c’était ta première peine d’amour alors que non. Peut-être que c’est différent ou que c’est pire parce que c’est Rory et qu’il n’est pas juste un garçon comme les autres, tu sais pas mais faudrait vraiment que tu te secoues un peu, que t’arrêtes de te torturer ainsi. Mais c’est le brouillard dans ta tête et tu n’as ni la force, ni la motivation de bouger moindrement alors que ton colocataire apparaît dans ton champ de vision pour assister à ton embarras ultime. Merde. « Toi. » « Te sens pas obligé surtout. » Il peut bien disparaître d’où il vient, s’il est là depuis longtemps il a tout entendu de tes lamentations multiples et vraiment, tu pourrais pas vraiment être plus humiliée donc qu’il ne se sente pas le besoin de prolonger le moment.

Mais il reste planté là devant toi à te dévisager comme si t’étais une créature d’une autre planète et ça te met à cran, une émotion négative de plus dans un tourbillon qui ne s’arrête jamais. Tu soupires, tu ronchonnes, tu fais semblant de regarder la télé qui affiche un jeune Rory mais t’arrives pas à te concentrer. « C’est pas la meilleure décision de s’empiffrer. » Tu fronces les sourcils, t’es vraiment dans d’humeur à recevoir ses conseils. « T’inquiète, je pense que je peux me le permettre une fois. » Ou dix. Oups. Tu te fais la note mentale d’aller courir dès que le will to live te revient moindrement. Mais ça ce n’est pas pour tout de suite alors tu plonges ta cuillère dans le pot de glace et l’emmène a ta bouche pour une centième fois sans doute. « T’as pas une meilleure copine pour te sauver de ce merdier? » That bad? « Je vois pas de quoi tu parles. Tout va très bien. » À d’autres Penny. T’es le pire cliché des clichés en ce qui concerne ta peine d’amour et il est pas aveugle Yelahiah. Il est pas particulièrement gentil mais il est pas con non plus. « Elle s’est barrée à l’extérieur de la ville avec son ex. » Il attendait probablement pas de détails, un simple oui ou non aurait suffit pour tu te sens généreuse ou peu importe. Elle est pas là Chloe pour faire du damage control donc tu te laisses un peu trop allée. Oups encore.

« Te sens pas obligé surtout. » Bien sûr qu’il se sent obligé, parce qu’elle le gêne avec son état dépressif, ses lamentations et ses films bien trop nuls. Il ne la connait pas bien, et il ne comptait pas apprendre à la connaître plus. C’est seulement une habitante de l’appartement qu’il doit partager pendant un temps. Il est patient Yele, et il sait que bientôt il pourra évoluer et avoir son propre chez lui, aussi grand et luxueux qu’il l’a toujours rêvé. “J’ai vraiment du mal à me concentrer sur autre chose.” Il pourrait rire, essayer de lui remonter le moral, mais non. Il ne fait que la regarder de haut en bas en se demandant comment c’est seulement possible de tomber aussi bas.

Elle se goinfre et elle ne bouge pas vraiment de l’appartement. Il ne l’a jamais autant vu que ces quelques dernières semaines. Il était bien tout seul quand elle faisait le tour du monde pour il ne sait quelle raison. Il aurait aimé que ça continue comme ça longtemps encore. « T’inquiète, je pense que je peux me le permettre une fois. » Il ouvre de grands yeux, part ouvrir un placard, un autre, puis le frigo. “Vu la nourriture qu’il y a dans cet appartement t’as pas prévu de faire ça qu’une fois.” Et encore, il n’a pas accès à sa chambre qui doit elle aussi être dans un état catastrophique. S’il était une personne raisonnable et gentille il chercherait à l’aider, mais il a des choses bien plus importantes à faire pour le moment. Il tourne dans les clichés, mais se dit qu’il serait capable de supporter une fille de plus pendant une soirée si c’est pour arranger les choses. « Je vois pas de quoi tu parles. Tout va très bien. » “A d’autres.” Il ne veut pas l’aider mais il est loin d’être un idiot. « Elle s’est barrée à l’extérieur de la ville avec son ex. » “Et t’as une seule amie dans ta vie ?” Il la regarde, excédé. C’est vraiment la pire personne qu’elle aurait pu croiser dans son état, il l’enfonce bien plus qu’il ne le pense. Il ne sait pas gérer ses relations avec les autres Yele, pourtant, il s’assoit au milieu du salon, prêt à discuter un peu plus longtemps avec la demoiselle.

« J’ai vraiment du mal à me concentrer sur autre chose. » Tu roules des yeux. T’oublierais presque qu’il est chez lui, lui aussi. Parce que c’était d’abord et avant tout chez toi et que de prendre des colocataires étaient clairement une mauvaise idée parce qu’Haley s’est poussée et que lui, il te fait chier avec ses jugements à la merde et le fait qu’il est bien plus fantôme qu’une autre présence dans ce loft trop souvent vide et silencieux. « Encore une fois : y’a personne qui t’oblige à rester. » Dans le salon en ce moment, ou dans le loft de manière générale. C’est certainement pas toi qui le retiendrait s’il décidait de se tirer, c’est pas comme si vos étiez devenus les meilleurs amis du monde pendant vos brefs moments d’interaction dans les derniers mois. Il a sa chambre, sa salle de bain, pratiquement sa propre partie du loft, et tu t’occupes de ton côté et c’est bien tant mieux de cette façon. Moins vos chemins se croisent, mieux vous vous portez, clairement.

Le voilà qui se met à fouiller dans les placards et dans le frigo, cherchant des preuves que ton nouveau régime ne se limite pas à une seule fois et tu détestes le simple fait que t’aies pas penser à cacher tes réserves de junk food. Tu t’attendais pas à un inspection en règle faut dire. « Vu la nourriture qu’il y a dans cet appartement t’as pas prévu de faire ça qu’une fois. » Tu roules des yeux, encore et encore. On dirait que c’est la seule manière que vous avez de communiquer. « Tu veux être en charge de la prochaine épicerie peut-être? Fais toi plaisir surtout. » C’est pas comme s’il se gênait normalement pour prendre ta bouffe, tu as bien vu qu’il n’hésitait pas et si normalement ça te fait pas vraiment chier parce que t’achètes bien assez de trucs pour deux, là clairement tu peux le faire chier s’il continue d’être sur ton cas. « À d’autres. » « Qu’est-ce que ça peut bien te faire? » Pourquoi est-ce que cette conversation s’éternise, huh? T’as un film à regarder pour la centième fois là. « Et t’as une seule amie dans ta vie? » Tu soupires. Il a vraiment décidé d’être chiant jusqu’au bout aujourd’hui. « Et toi t’as pas quelqu’un d’autre à emmerder avec tes questions? J’ai droit à un spécial que j’ai pas demandé? Parce que j’pense que c’est la plus longue conversation qu’on a eu depuis que t’es déménagé ici. » Et finalement, le silence était peut-être mieux que ça.

« Encore une fois : y’a personne qui t’oblige à rester. » C’est répétitif, il lève les yeux au ciel à son tour. C’est apparemment un geste qu’ils partagent pour montrer à quel point cette situation peut les excéder. Il fronce le nez et reste encore un peu à l’observer. “C’est amusant.” Elle est dans un état pas terrible, mais ça n’a rien à voir avec lui alors il ne fait que se moquer de la situation. Il fouille dans les placards, il n’y a rien de sain par là mais il ne se plaint pas. « Tu veux être en charge de la prochaine épicerie peut-être? Fais toi plaisir surtout. » “Il manquerait plus que ça.” Une grimace de dégoût prend place sur son visage, il aurait presque la nausée. Il ne va pas aller faire les courses lui-même, il n’en est plus là aujourd’hui. Il est capable de se faire livrer ou de payer quelqu’un pour le faire à sa place. Il arrive à se faire une place dans la société et il compte bien en profiter au maximum.

« Qu’est-ce que ça peut bien te faire? » Pourquoi elle est autant sur la défensive ? “Je m’en fous, c’est juste que j’en ai marre d’être réveillée au milieu de la nuit parce que tu sanglotes !” Il n’est pas là pour être gentil, mais il se demande quand même qu’est ce qui peut la mettre dans un état pareil. « Et toi t’as pas quelqu’un d’autre à emmerder avec tes questions? J’ai droit à un spécial que j’ai pas demandé? Parce que j’pense que c’est la plus longue conversation qu’on a eu depuis que t’es déménagé ici. » “On peut pas dire que tu passes souvent par ici, c’est peut-être pour ça qu’on a jamais pu discuter.” Pas que ça l’intéresse vraiment, mais qu’elle ne commence pas à dire que c’est de sa faute. Elle a disparu pendant des semaines et il n’a vu sa tête que très récemment. Et depuis, on ne peut pas dire qu’elle montre son plus beau visage.

« C’est amusant. » Pour lui, peut-être. Pour toi, ça n’a rien de plaisant, bien au contraire. Tu la détestes un peu plus chaque jour, la Penny qui se morfond sur le divan, comme un cliché ambulant avec ses pots de glace et les mêmes films qui jouent en répétition, comme une torture mentale que tu n’es pas capable d’arrêter de t’infliger. Il a raison de rire en fait, Yelahiah. Toi aussi, tu aurais bien du mal à ne pas te moquer de toi-même si tu assistais à la scène d’un point de vue extérieur. Mais le vivre, c’est complètement différent. Tu te sens paralysée dans tes sentiments, leur non-réciprocité et ton cœur qui doit réapprendre à battre normalement pour le Craine. Tu sais que tu vas passer au travers, tu sais qu’il compte bien trop à tes yeux pour ne pas trouver un moyen de préserver votre amitié qui compte plus que n’importe quoi à tes yeux, mais dans l’immédiat, tu as surtout besoin de te morfondre un peu plus longtemps. Et le faire en privé serait l’idéal, mais ton charmant colocataire ne semble pas comprendre le message, peu importe la manière dont tu lui dis. « Il manquerait plus que ça. » « C’est ce que je pensais. » Tu roules des yeux. Le mec, il ne sert vraiment à rien sauf te faire chier en fait.

« Je m’en fous, c’est juste que j’en ai marre d’être réveillé au milieu de la nuit parce que tu sanglotes! » « T’as qu’à te mettre des bouchons si t’es pas content! » Non mais, t’es encore chez toi à ce que tu saches. Si tu peux pas te permettre d’être triste ici, t’es censée le faire ou? Tu veux qu’il disparaisse, qu’il te laisse tranquille, qu’il reparte d’où il vient, peu importe mais bordel, tu veux être toute seule. « On peut pas dire que tu passes souvent par ici, c’est peut-être pour ça qu’on a jamais pu discuter. » Est-ce que tu es censée te sentir mal de lui laisser ton loft le trois quart du temps maintenant? « Il faut dire qu’avec l’impression que tu me fais là, tu me donnes pas particulièrement envie d’allonger le moment, ni même d’apprendre à te connaître. » Au moins, il ne pourra pas te blâmer de ne pas être complètement honnête et transparente avec lui. Sans attendre la moindre réaction de sa part, tu t’enroules dans la couverture, ferme la télévision et attrape ton pot de glace avant de prendre la direction de ta chambre dont tu fermes la porte dans un mouvement brusque, coupant ainsi toute tentative, maladroite et non-désirée, de contact avec ton colocataire. Better luck next time.