« Moi aussi je t’aime. Oui ma chérie, je m’en occupe. Passe une bonne nuit d’accord. Rappelle à ton frère d’être gentil avec tatie Phoebe. » Les réponses se font en hochement de la tête multiple, en protestations et en bisous soufflés dans l’écran de téléphone alors que Mila, cinq ans, s’impatiente pour cette soirée et cette nuit chez sa tante autant qu’elle devient anxieuse à l’idée d’être loin de ses parents et de ses affaires. Elle a insisté pourtant, la petite fille aux cheveux foncés (la seule de la famille d’ailleurs - sans compter son père) et tu sais que c’est très important pour elle de montrer qu’elle est capable de faire exactement pareille comme son frère jumeau, même si ça lui prend un peu plus de support que ça n’en prend pour Jack, qui n’a même pas cherché à apparaître plus d’une seconde et quart devant l’écran pour que tu puisses lui souhaiter une bonne soirée. Une fois ton écran de nouveau noir, tu déposes ton téléphone sur le comptoir, regardant partout autour de toi. La maison était anormalement calme, d’un calme qui n’était pas typique du chaos que pouvait causer les nombreux Jensen qui vivaient sous ce toit, ainsi que l’unique Stringer qui avait élu domicile parmi vous il y a quelques années de cela. Ton frère était normalement ton acolyte du début de soirée, quand tous les enfants s’éparpillaient partout en ville pour des activités en tout genre, mais ce soir, il n’y avait rien de tout ça de prévu à l’agenda.

David était parti dans une maison de répit pour jeunes adultes autistes pour la fin de semaine - maison que tu avais fondé quand le besoin s’était fait criant dans votre communauté - et tu le savais entre très bonnes mains pour les prochains jours. Jude quant à lui était parti pour son tout premier camp de scout, Maia avait décidé de tenir compagnie à ta mère et les jumeaux eux avaient un week-end d’organiser avec leur tante depuis plusieurs semaines, pour profiter de ce cadeau d’anniversaire qu’elle leur avait offert, leur promettant une fin de semaine bien remplie, et bien épuisante sans aucun doute, autant pour Jack et Mila que pour ta belle-sœur. La maison était donc vide, chose qui n’arrivait jamais et dont tu avais bien l’intention de profiter auprès de ton amoureux que tu n’avais presque pas vu de la semaine, entre deux boîtes à lunch, un shift aux urgences pour lui, un meeting pour la maison de répit et un tournage d’une série populaire pour toi. Il n’y avait pas à dire, la vie roulait à 120 km/h et ce soir, tu n’avais envie que d’une chose: d’arrêter le temps pour pouvoir profiter d’une nuit, d’une soirée et potentiellement d’un week-end en entier avec l’homme qui avait complètement changé ta vie.

Sans même te soucier de l’heure encore un brin trop tôt pour ce qui est considéré acceptable en société, tu attrapes deux coupes de vin que tu remplis généreusement, avant de errer dans les couloirs silencieux de la maison jusqu’à ce que tu atteignes le bureau de ton mari, dans lequel il se trouve, semblant complètement absorbé par la paperasse qui se trouve sous son nez. Doucement, tu fais glisser son verre jusqu’à lui pour lui témoigner de ta présence et lui faire part d’un plan qui sera sans nul doute bien plus intéressant que ce qu’il est en train de faire. « Tu entends ça? » que tu lui demandes avec un sourire en coin, t’assoyant sur le rebord de son bureau. « Le silence absolu. Je me souviens pas la dernière fois où c’était que toi et moi dans cette maison. » Possiblement parce que ce n’est jamais arrivé, ou qu’en de très rares occasions. « Je me disais qu’on pourrait célébrer ça, tous les deux. » que tu murmures contre ses lèvres que tu viens doucement embrasser, laissant tes doigts glissés contre sa nuque. Le silence. Cette soirée en amoureux. Votre vie a deux complètement chaotique depuis la toute première seconde, mais oh combien pleine d’un amour qui ne se décrit pas. Ça en faisait à tes yeux, des belles choses à célébrer.

Tu relis encore et encore la même phrase, totalement incapable de te concentrer sur son contenu. Sans cesse, ton esprit divague vers Jude et cette conversation que vous avez eue dans l'automobile pendant que tu le conduisais à l'arrêt d'autobus menant aux moniteurs de son premier camp scout. Il t'aura fallu tout ton professionnalisme pour rester de marbre alors que ton fils t'articulait des mots qui te serraient le cœur autant que te clouaient le bec. Dix ans, l'aîné d'une fratrie riche de caractères différents qui s'unissent pourtant dans le plus beaux des tableaux à tes yeux, Jude a selon toi eu toute sa place dès que tu as découvert son existence. Si toutefois ton fils ne remet pas en question son appartenance à la famille que tu avais fondée avec Penny, il revient de plus en plus sur le sujet de sa mère biologique, Lucy. Tu avais toujours eu du mal à naviguer dans les tourmentes générées par ton ex. Tu entretenais malgré toi une rancune silencieuse à son égard. Tu ne comprenais pas les décisions de la Ersley et plus d'une fois, tu t'étais retrouvé face à des circonstances dont tu ignorais totalement comment te sortir. Comment étais-tu sensé gérer l'absence totale de la mère de ton enfant qui avait décidé de partir à l'autre bout du monde en catimini ? Comment étais-tu sensé annoncer à ton enfant que tu n'avais aucune idée dans "combien de dodos exactement" sa mère reviendrait ? Comment pouvais-tu trouver les mots pour justifier à ton fils que sa mère était partie pour elle, et non à cause de lui ? Comment pouvais-tu pallier à son absence pour les fêtes tout au long de l'année, ces anniversaires qu'elle manquait, ces premières étapes de sa vie ? Tu en voulais à Lucy parce que tu avais toi-même manqué de grands événements de la vie de Jude, mais elle t'avait imposé ton absence, tu ne l'avais pas décidée de ton propre chef. Vous ne vous connaissiez même pas à l'époque, vous ne pouviez même pas vraiment, théoriquement, vous manquer. Mais Lucy, par sa disparition, avait créé ce vide, ce manque, que Penny et toi avaient tout fait pour combler, mais qui, tu le craignais, ne saurait jamais totalement disparaître.

Ainsi, quand Jude t'annonce qu'il ne veut plus voir sa mère, même si elle n'est qu'une notion de plus en plus abstraite dans sa vie, ça te serre le cœur. Tu le comprends, probablement aurais-tu même été amené à la même conclusion à sa place, mais tu as l'impression de faire face à une nouvelle grande décision, une nouvelle difficulté, contre laquelle tu te sens un peu démuni. Ca ne change rien concrètement à vos vies, mais ce sont les paroles fortes de ton fils qui t'inquiètent. Tu n'as pu t'empêcher te demander si Lucy avait même pris contact avec lui sans que tu le saches, pour que ton enfant t'affirme que pour lui, sa vraie mère est Penny, et qu'elle est la seule qui compte à ses yeux.

Tu avais battu en retraite, lui suggérant de bien réfléchir pendant son camp scout et que vous en parlerez à son retour. En réalité, tu ne savais que faire de cette information. Lucy détenait l'autorité parentale sur Jude, tu ne pouvais pas aller à son encontre. Dans le pire des cas, si ton ex revenait dans vos vies et que ton fils refusait vraiment de la fréquenter, vous pourriez porter ce différend devant le tribunal, sans succès garanti. Mais tout ceci n'était que théories et hypothèses, et peut-être que Jude s'inquiétait parce que les parents de son meilleur ami venaient de divorcer et que l'adaptation à deux foyers différents était rude pour ce dernier. Il t'avait après tout demandé ce qui se passerait, si Penny et toi veniez à vous séparer, et s'il pourrait toujours voir Penny si tel était le cas. Tu le lui avais confirmé spontanément, parlant éhontément pour ton épouse, tout comme tu lui avais promis qu'il n'y avait pas de divorce dans l'air, jouant de l'humour en lui montrant qu'il n'y avait aucun signe comme quoi ça ne gazait plus entre ton amoureuse et toi.

Au moins, Jude t'avait paru plus allégé quand il était parti à son camp, plus serein. De ton côté, toutefois, tu te faisais quelques nœuds au cerveau et le verre de vin rouge que glissait doucement Penny vers toi était des plus salutaires. « Tu entends ça? » Tu plisses les yeux, te redresses pour t'appuyer sur le dossier de ton siège. « Le silence absolu. Je me souviens pas la dernière fois où c’était que toi et moi dans cette maison. » « J'en ai presque mal aux oreilles, » tu plaisantes, malicieux. Tu fais rouler le siège de sorte à faire face à la trentenaire qui s'est installée sur le rebord du mobilier. « Je me disais qu’on pourrait célébrer ça, tous les deux. » Tu plonges ton regard dans le sien et tu portes sa main à tes lèvres pour l'embrasser tendrement. « Excellente idée, j'approuve entièrement. Ca mérite en effet célébration. » Tu quittes ta chaise et tu te mets en position debout devant Penny, t'immisçant entre ses jambes, prenant possession de ses lèvres dans un baiser d'abord amoureux, puis remportant en passion à mesure des secondes défilant. « On a vraiment toute la maison pour nous, » tu réalises enfin et cette notion te rappelle quelques souvenirs, cette occurrence s'étant fait de plus en plus rare à mesure des enfants que vous aviez eu la chance d'avoir. Sans crier garde, tu glisses tes mains sous les fesses de Penny de sorte à la hisser du bureau et la conduis sur le lit de votre chambre où tu l'allonges, prenant place à côté d'elle. Tu l'admires quelques instants, toujours plus fier chaque jour qu'elle soit ta femme, et tu déposes un baiser dans son cou et sur sa joue avant d'appuyer ta joue contre ta main, accoudé sur le matelas. « Quand j'ai été chercher les affaires d'hiver au grenier tantôt, je suis tombée sur les vieilles affaires des jumeaux et de Maia. » Tu relates, te mordillant légèrement la lèvre inférieure. « Ca m'a rendu un peu nostalgique, je t'avoue, » tu confessais, avant de capter timidement le regard de ton amoureuse, l'attitude par excellence que tu empruntais quand tu savais que tu empiétais sur les plates-bandes d'une potentielle folie.

Si tu avais toujours vécu une certaine forme d’anxiété de séparation lorsque tu devais être loin de l’un de tes enfants, ou même de ton frère, tu devais admettre que la simple idée d’un moment seule avec Isaac dans votre grande maison sur le bord de l’eau réussissait à compenser toute forme de stress que tu pouvais éprouver à savoir ta progéniture d’un bout à l’autre de la ville. Tu les savais tous entre de très bonnes mains, ce n’était pas la première fois qu’ils passaient une nuit à l’extérieur de la maison - quoique potentiellement une première pour tout le monde en même temps - et comme toujours, tu restais joignable en cas d’urgence. Les enfants n’étaient plus des bébés, ils étaient tous en mesure de demander si quelque chose n’allait pas et tu savais qu’ils allaient tous se faire de beaux souvenirs dans les différents endroits qui les accueillaient pour la nuit. Tu te sentais tout de même rassurée d’avoir pu rapidement parler aux jumeaux et tu avais envoyé un message à ta mère qui t’avait elle aussi rapidement rassurée que Maia passait une très bonne soirée chez elle et qu’elles allaient ensemble découvrir la dernière nouveauté de Disney. Isaac étant celui qui avait été porté Jude avant son départ pour son camp, il te faudrait lui demander pour savoir si l’ainé de la fratrie était bel et bien parti sans problème, chose que tu devinais positive vu la présence seule de ton amoureux dans la maison.

Ton attention est donc entièrement dédiée à ton mari que tu rejoins dans la chambre, verres de vin en main. Il semble en grande réflexion lorsque tu le tires de ses pensées en venant t’imposer dans son champ de vision pour lui partager ton excellente nouvelle. « J’en ai presque mal aux oreilles. » Ce n’est définitivement pas une habitude chez vous de retrouver la sérénité du silence tant vous êtes habitués aux petits pieds qui courent d’un bout à l’autre de la grande demeure, des jeux qui se terminent trop souvent en séance de cris de la part des trois plus jeunes, ou alors les "mamaaaaaaan" et les "papaaaaaa" incessants quand ils décident de se mettre tous ensemble pour vous demander de remuer ciel et terre pour telle et telle chose. Ton mari s’empare de tes doigts sur lesquels il vient déposer quelques baisers, ce qui ne manque pas de te faire sourire. Tu apprécies précieusement le fait que malgré votre rythme de vie effrénée, vous sachiez toujours prendre le temps pour les petits gestes d’affection du quotidien comme celui-là. « Excellente idée, j’approuve entièrement. Ça mérite en effet célébration. » Isaac se lève et se rapproche de toi, son corps se pressant contre le tien alors que ses lèvres retrouvent les tiennes dans un baiser qui gagne rapidement en intensité, qui donne envie au reste du corps de joindre la danse qui est trop rapidement arrêtée lorsque son visage se décale légèrement du tien, te laissant pantoise et le souffle déjà un peu plus court. « On a vraiment toute la maison pour nous. » Tu confirmes d’un hochement de la tête et d’un sourire coquin alors que ses mains glissent rapidement sous tes fesses, pour te déplacer du bureau jusqu’à votre lit, là où il t’allonge de tout ton long avant de venir prendre place à tes côtés. « J’aime comment tu penses. » que tu murmures alors que ses lèvres viennent délicatement se poser contre cou et puis sur ta joue.

Ta respiration reprend un rythme normal alors que vos regards se perdent l’un dans l’autre, dans une contemplation pour laquelle vous n’avez pas souvent le temps. Les années filent et laissent pernicieusement leurs traces sur vos visages, dans ses rides nouvelles que tu décèles dans le coin des yeux de ton époux, mais le temps aura beau filer, tu le trouveras toujours aussi attirant, regrettant presque de ne pas savoir mieux trouver le temps pour le lui faire comprendre autant que tu le voudrais. « Quand j’ai été chercher les affaires d’hiver au grenier tantôt, je suis tombée sur les vieilles affaires des jumeaux et de Maia. » Quand bien même vous aviez pris la décision à l’époque que votre famille était complète, la demande que représentait 3 enfants en bas de 18 mois ainsi qu’un jeune enfant à l’école en plus des besoins grandissants de ton frère qui prenait de plus en plus de place dans votre quotidien à ce moment là, tu n’avais pas eu le cœur de jeter ou de donner les vêtements ayant appartenus aux jumeaux ou à Maia, le tout prenant la poussière dans le grenier depuis quelques années maintenant. « Ça m’a rendu un peu nostalgique, je t’avoue. » Son commentaire t’arrache inévitablement un léger rire, toi qui te complais enfin du silence de la soirée, et plus généralement de l’indépendance durement acquise de votre mini tribu. « Nostalgique de quoi? Des longues nuits sans sommeil? Des quinze couches à changer par jour? Des interminables crises de dents? Des vêtements tachés de vomis? De ne jamais avoir le temps pour ça? » que tu demandes en riant, tes mains caressant son torse. C’est qu’il était facile en effet, de te concentrer seulement sur toutes les difficultés qui venaient avec le fait d’être parents de jeunes enfants, mais il te suffisait d’y penser un petit peu pour réellement saisir ce à quoi Isaac faisait référence. « Ou bien est-ce que tu penses plutôt à leurs petites mains qui s’accrochent à toi, leurs petits corps qui se blottissent contre toi comme si tu étais l’être le plus précieux du monde et puis leurs petits orteils qui sont beaucoup trop cutes quand ils ont à peine quelques mois? » C’était incroyable de penser que vos grands enfants avaient déjà été si petits, et que cette période de votre vie était bel et bien derrière vous, ou du moins, tu le croyais.

Penché sur des documents étalés sur le bureau sur lesquels tu es incapable de réellement te concentrer, tu demeures souverainement absorbé par la conversation récente que tu as eue avec Jude. Soucieux, tu te dresses mille et un scenarii pour te parer à toute éventualité, ton pessimisme naturel étant très inventif sur cette spécialité, afin de garantir le bien-être de tes proches en toutes circonstances qui compose l'une de tes priorités. L'anxiété et l'angoisse sont loin, néanmoins, en grande partie grâce à Penny qui a su t'apporter un inestimable soutien dans ton combat pour stabiliser ta santé mentale et la maintenir aussi saine que possible. Au fil des années, vous vous êtes prouvés, avec ton amoureuse, que vous étiez capable de franchir toutes les épreuves. Que si l'un de vous tombez à terre, vous auriez toujours l'autre pour vous remettre sur pied. Vous vous vouiez cet amour inconditionnel, ce soutien incommensurable, cette vaillance sans limite et vous partagiez ces mêmes valeurs qui faisaient que même si vous voyez parfois les choses d'un différent angle, que si vous n'approchiez pas nécessairement les problèmes de la même façon, vous conserviez indéniablement les mêmes buts ainsi que les mêmes vœux. Tu étais intimement convaincu que peu importe quels défis vous vous lancerez ou que l'univers vous adresserait, vous sauriez le relever. Néanmoins, tout combat était par définition éreintant et même si tu ne doutais pas des finalités positives, tu te méfiais des chemins sinueux qui avaient don d'essouffler, d'irriter, de désespérer.

Lorsque Penny t'extrait de tes pensées, c'est une toute autre ambiance qui t'envahit. La chaleur de son corps, de son cœur, de son âme. Tu te perds momentanément dans l'océan de ses yeux, duquel tu es tombé follement amoureux tout aussi vite que de l'entier de sa personne. Tes doigts se nouent délicatement aux siens, tu déposes un tendre baiser sur ses mains, épris de ces gestes d'affection que tu ne sais jamais te retenir de dédier à ta compagne. Elle te fait remarquer que vous êtes seuls dans votre foyer et tu n'avais même pas totalement saisi ce concept, tournant en boucle la conversation que tu avais eue avec ton fils des dizaines de minutes plus tôt. Toutefois, les nuages se dispersent progressivement ; tu souris à ton épouse munie de verres de vin et tu réduis la distance qui vous sépare. Tu t'immisces entre ses jambes, la jeune femme assise sur le bureau, et prends possession amoureusement de ses lèvres, la passion s'intégrant promptement dans cet échange. Tes doigts cajolent sa peau et comme tu t'es souvent plu à le faire, tu glisses tes bras sous les fesses de ta femme pour la hisser dans tes bras et la conduire jusqu'au lit, à quelques pas. « J’aime comment tu penses. » Tu laisses échapper un léger rire qui se rompt dans son cou et sur sa joue que tu baises.

Les minutes défilent, ta main caressent le dos de Penny alors que ton corps se décontracte légèrement, lové dans ce cocon précieux que vous formez à vous deux. Puis tu te redresses légèrement sur le matelas, ta tête appuyée contre ta main, ton bras accoudé contre la surface moelleuse. Un éclat de malice s'installe dans les émeraudes de ton regard, teinté de nostalgie, d'envie, de déraison, que tu relates timidement à Penny. « Nostalgique de quoi? Des longues nuits sans sommeil? Des quinze couches à changer par jour? Des interminables crises de dents? Des vêtements tachés de vomis? De ne jamais avoir le temps pour ça? » Tu te mordilles la lèvre inférieure, considérant ton épouse que tu ne saurais absolument pas contredire. Tu es un peu amusé des premiers souvenirs qui lui viennent, même si elle ne tarde pas à lister une partie du positif qui vient avec le fait d'avoir des enfants en bas-âge : « Ou bien est-ce que tu penses plutôt à leurs petites mains qui s’accrochent à toi, leurs petits corps qui se blottissent contre toi comme si tu étais l’être le plus précieux du monde et puis leurs petits orteils qui sont beaucoup trop cutes quand ils ont à peine quelques mois? » « Plutôt le deuxième volet, je t'avoue, » tu confesses en continuant tes caresses dans le dos de la femme de ta vie. Il est vrai qu'être de nouveaux parents représentaient toute une aventure de longue haleine, et tu n'as pas oublié les nuits sans sommeil, tous ces cheveux que tu avais voulu t'arracher - et que tu aimerais encore parfois - face aux difficultés, les confusions et prises de tête à n'en pas finir, ce cruel sentiment d'être démuni lorsque ton enfant pleure sans que tu saches totalement l'apaiser. Néanmoins, les petits sont dotés de ce pouvoir d'effacer le pire en un sourire, un gloussement, un petit rire ou même des orteils agités. Ils possèdent cette magie-là, comme vos autres enfants le prouvent encore, que tu aimerais renouveler avec Penny, à laquelle tu désirerais ajouter une nouvelle dose, même si tu as aussi conscience qu'avoir un autre bébé est un sacré défi et que vous êtes déjà considérés par certains comme une famille nombreuse avec vos quatre enfants et David et tous les défis que génèrent les membres de votre belle famille. De plus, avoir un enfant ne représente pas la même charge lorsqu'il a quatre aînés, même si Jude, Maia, Mila et Jack sont assez autonomes - un argument qui te séduit et est davantage soulignée avec le départ momentané des jeunes de la maison -. « C'est juste que je me faisais la réflexion, » je commence, probablement maladroitement, tant que je marque une pause, soutenant quelques instants le regard de Penny. « On n'a jamais vraiment eu un seul bébé. Les jumeaux sont arrivés peu de temps après Maia et on est passé en moins de deux ans de deux à... six. » Puis sept encore quelques temps après, lorsque David vous avez rejoint. Même si cela faisait des années maintenant, relaté avec ces termes, ça te paraissait toujours aussi dingue comment votre vie avait basculé en si peu de temps. Tu en étais fier et comblé, tu n'y changerais absolument rien, mais Dieu que vous aviez enchaîné les surprises et démontré à quel point votre capacité d'adaptation était développée et solide. Votre foyer était atypique aux yeux de certains, merveilleusement extraordinaire des tiens. « Je dis juste ça comme ça mais... Ca ne te plairait pas... Éventuellement ? » Ton intonation est douce, neutre, même si tu te doutes que de la manière avec laquelle tu as abordée ce sujet, Penny a probablement deviné que tu ne serais pas contre agrandir de nouveau votre famille. Cependant, tu as entièrement conscience qu'avoir un autre enfant invoque beaucoup, au sein d'une famille que vous aviez décidé de plus complète des années plus tôt. Tu sais par ailleurs que tu ne regretteras jamais rien, dont si les jumeaux restent vos benjamins, mais tu ressens tout de même cette envie, cette étincelle, que tu sauras mettre de côté mais que tu ressens le besoin de partager avec ton épouse, comme tu lui confies tout.

Depuis le tout début de votre histoire, le temps file à toute allure. Les grands événements d’une vie de couple qui s’étendent normalement sur plusieurs années sont tous arrivés les uns après les autres dans votre cas, avec certains plot twists que vous n’auriez pas su voir venir. La vérité c’est que vous avez très rarement eu le temps de souffler, depuis l’arrivée de Jude dans vos vies si rapidement suivi de la naissance de Maia. Les jumeaux aussi, se sont rajouté au tout dans un temps record et si plusieurs personnes autour de vous considéraient que vous étiez complètement fous, ça vous semblait tout simplement être le plan que la vie avait pour vous, une famille qui se dessinait à toute vitesse mais qui vous apportait exactement tout ce dont vous aviez besoin. Évidemment, les hauts avaient aussi été accompagné de bas, les épreuves avaient aussi laissé leurs traces, mais auprès d’Isaac, tu avais toujours su trouvé la force d’être la meilleure version de toi-même, pour lui et pour vos enfants. Pour cette famille que tu n’échangerais pour rien au monde.

Famille que tu croyais complète, que vous aviez décidé terminé après la naissance des jumeaux et votre décision de prendre soin de ton frère à temps plein, suite au décès de ton père et la détérioration des capacités physiques de ta mère. Mais ce soir, alors que vous profitiez pour la première fois depuis longtemps d’une maison complètement vide d’enfants, ton mari semble remettre ce fait en question, ce qui ne manque pas de te faire arquer légèrement les sourcils, même si ça vient quand même étirer un léger sourire sur tes lèvres. Repenser à ces années avec 3 enfants en bas de deux ans, ça te rappelle une fatigue intense oui, mais aussi tellement d’amour et de douceur, des souvenirs que tu chéris bien plus que tes premiers commentaires ne le laissent entendre. Tu te reprends rapidement toutefois, la nostalgie bien présente alors que tu repenses à toutes ces petites choses qui rendent ces premiers mois difficiles en quelque chose d’incroyable, d’unique et d’indescriptible. « Plutôt le deuxième volet, je t’avoue. » Tu soupires doucement sous les caresses que te prodigue Isaac dans ton dos, alors que tu plonges dans tes souvenirs pas si lointain de ces premières années, d’abord avec Jude et Maia, et puis celles qui ont suivi avec l’addition de Mila et Jack. Tu te souviens avoir paniqué lorsque l’on vous a annoncé que ce n’était pas qu’un seul bébé qui poussait cette fois dans le fond de ton ventre, mais bien deux alors que Maia n’avait même pas encore terminé sa première année de vie. Mais au delà des nuits sans sommeil, tu te souviens surtout de toutes ces premières fois, les premiers mots, les premiers pas, les liens qui se sont formés au fur et à mesure entre toute votre petite tribu. Non, il n’y avait certainement pas que du négatif dans tout ça. « Je t’ai déjà dit combien je te trouve beau avec un tout petit bébé dans les bras? » que tu te remémores avec un sourire en coin. Le rôle de père était sans aucun doute celui qui allait le mieux à Isaac et si tu adorais le voir s’adapter aux besoins de vos enfants vieillissants, il y avait quelque chose de particulièrement attendrissant au fait de le voir avec un si petit être dans les bras.

« C’est juste que je me faisais la réflexion. » Isaac fait une pause, et si tu devines à peu près quelle direction cette discussion s’apprête à prendre, tu attends patiemment, ayant encore du mal à te faire à cette simple idée pas encore explicitement nommé par l’homme de ta vie. « On n’a jamais vraiment eu un seul bébé. Les jumeaux sont arrivés peu de temps après Maia et on est passé en moins de deux ans de deux à… six. » Tu échappes un rire, peinant toujours autant à y croire. Ça sonne complètement ridicule, dit comme ça. Surtout lorsqu’on sait que ces deux années étaient vos premières ensemble. « On a jamais su faire les choses à moitié, toi et moi. » que tu commentes, amusée, ton regard toujours plongé dans celui de ton amoureux qui n’est pas encore allé jusqu’au bout de sa pensée. « Je dis juste ça comme ça mais… Ca ne te plairait pas… Éventuellement? » Tes yeux s’écarquillent légèrement, même si tu t’y attendais. La vérité c’est que dans le moment, sous le choc de cette idée, tu ne sais pas vraiment comment y répondre. Il y a cinq ans de cela, vous aviez pris la décision que votre famille était complète alors l’idée d’y ajouter un nouveau morceau te déstabilise légèrement. « Je m’attendais pas à ça ce soir. » que tu avoues d’abord et avant tout, avec un léger rire nerveux. « Ça fait longtemps que tu y penses? » que tu demandes curieuse, essayant par la même occasion de gagner un peu de temps pour te faire une propre idée. « On est plus tout jeune. » que tu commentes, toujours cette pointe d’humour dans la voix. Tu as encore quelques années devant toi avant la quarantaine, et même si Isy y a déjà mis les pieds, tu sais que vous êtes tous les deux assez en forme pour cette possibilité. Les jumeaux ne sont pas si vieux que la différence d’âge serait marquante, quoique notable puisque Maia et les jumeaux passent plus souvent qu’autrement pour des triplets. « Ce serait complètement fou, non? Cinq enfants. » Même si Jude n’était pas biologiquement tien, tu n’avais jamais fait la différence entre lui et les autres, encore moins après la disparition de Lucy et le fait qu’il était depuis longtemps avec vous à temps plein. Tu te souvenais encore avec émotion de la première fois que Jude t’avait appelé maman, un nom que tu avais accepté avec honneur et gratitude.

Tu avais eu la chance de concrétiser une splendide quantité de projets du haut de tes quarante-trois ans. Si lorsque tu avais rencontré Penny ton histoire te semblait être composée davantage de regrets que de réjouissances, désormais, l'ensemble de ce tableau qui représentait ton existence te plaisait éhontément. Tu étais heureux d'être en mesure d'exercer un métier qui avait du sens à ton cœur mais tu étais surtout profondément comblé d'avoir fondé une famille dans un environnement débordant d'amour et de bienveillance avec la femme de ta vie. Tu te considérais indécemment chanceux de la vie que tu menais auprès de ton épouse. Penny, vos enfants et son frère constituaient indéniablement tes plus belles raisons de te lever chaque matin, ils t'insufflaient toute la force mais aussi tout le bonheur qui te conduisaient à réellement et sincèrement apprécier la vie et souhaiter sans cesse la continuer, peu importe les difficultés et les tourments qui pouvaient la compliquer.

Vous aviez franchi un nombre impressionnant d'épreuves, Penny et toi, tout comme votre chemin devait sans doute être encore semé d'embûches, la vie immanquablement riche de surprises. Celle-ci n'est pas toujours rose mais aux côtés de la trentenaire, tout est à tes yeux surmontable et tu ne voudrais écrire ton histoire avec personne d'autre qu'elle à tes côtés. Tu étais fier de tout ce que vous aviez bâti, de ce récit que vous composiez à deux, cette tranche de vie authentique et honnête qui vous ressemblait et vous était propre. A chaque fois qu’il t’arrivait de regarder en arrière, de considérer tout ce chemin que vous aviez parcouru, ton cœur se gonflait forcément d’émotions, amoureux de votre cheminement.

Quelques années plus tôt, tu avais été terrifié à l'idée de demander la main de Penny parce que tu étais tétanisé, si elle acceptait de devenir ta femme, que ta santé mentale puisse malgré toi se dégrader à un point de lui causer du tort. Tu t’étais persuadé que tu protégeais Penny en évitant un mariage, même si vous en aviez tous deux parlé et en rêviez. Tu préférais priver un tel voeu plutôt que de potentiellement heurter la femme que tu aimais plus que tout au monde. Néanmoins, finalement oser mettre ton genou à terre avait composé la plus merveilleuse de tes folies, celle dont tu étais le plus heureux puisque la Stringer t’avait fait l’inestimable honneur de devenir Jensen et avec le recul, tu es convaincu que c’est la meilleure chose que tu aurais pu faire, en aucun cas ne voudrais-tu les choses différentes. Au-delà de l’euphorie que tu avais ressenti lorsque Penny avait accepté ta demande, tu étais heureux de t’avoir accordé assez de confiance pour t’autoriser à devenir son époux, de continuer d’assurer tes missions spontanées de lui donner la vie emplie d’épanouissement qu’elle méritait avec ce rôle favorisé de mari. La plénitude t’étreignait perpétuellement face au fait que vous étiez mari et femme, et cette union te procurait encore plus de force pour tenir à distance tes troubles mentaux, pour elle, pour toi, pour vous tous. C’était assurément l’un des plus beaux jours de ta vie, celui de votre mariage.

Depuis que tu es avec Penny, tu as aussi repris goût à imaginer le  futur. A créer des rêves, à ériger des projets, à formuler des souhaits. Elle t’a rappelé que la roue pouvait tourner, qu’il ne fallait pas perdre espoir, que la réalité pouvait toujours évoluer en la faveur de nos appréciations. Maia possédait la même force de caractère que sa mère et depuis les premiers jours où elle avait montré les traits de sa personnalité, ton intuition que son deuxième prénom lui irait à ravir s’était confirmée. Aujourd’hui, dans l’intimité de votre foyer, à savourer une maison étonnement silencieuse, tu formules une autre folie qui te trotte dans la tête et titille ton cœur depuis plusieurs semaines maintenant, ravivée par une brève escapade au grenier.

Avec un sourire, tu écoutes les premiers souvenirs qui viennent à ton épouse quant à l’évocation de bébés. Avoir plusieurs enfants en bas-âge n’avait assurément pas été de tout repos. Entre autres, les nuits blanches avaient longtemps été de rigueur et les tracas pour le bien-être de vos enfants ne vous quittaient jamais. « Je t’ai déjà dit combien je te trouve beau avec un tout petit bébé dans les bras? » Tu ris légèrement, plongeant dans tes souvenirs à l’époque où Maia, Mila et Jack étaient encore des nourrissons. Votre première-née avait été un véritable pot de colle, désirant toujours demeurer dans vos bras et détestant ardemment être déposée dans son couffin ou dans son lit. Bébé, dormir n’était pas quelque chose que Maia recherchait, elle luttait souvent contre le sommeil comme pour s’assurer qu’elle était toujours dans vos bras à examiner le monde dans lequel elle s’était imposée et de véritables plans et stratégies avaient dû être montés parce que la seule solution avait longtemps demeuré de la poser qu’une fois qu’elle était profondément endormie contre vous. Mila et Jack avaient été différents sur ce volet mais la période succédant leur naissance avait demandé tout autant de réflexions en termes de logistique pour combler vos trésors et vraiment, vous n’alliez pas vous leurrer, vous ne vous êtes jamais réellement plaints d’avoir vos enfants lovés dans vos bras, vous l’appréciez sans nul doute autant qu’eux. « J’ai toujours adoré te voir avec nos bébés dans tes bras, » tu avoues avec admiration, le regard pétillant d’affection. Ces images étaient précieusement gravées dans ton esprit comme dans ta mémoire. Penny était une maman formidable, elle irradiait d’amour avec vos petits êtres, Jude compris. Elle créait inéluctablement cette atmosphère chaleureuse au sein de laquelle ils s’apaisaient toujours.  

Les défis avec vos petits changeaient à mesure qu’ils grandissaient et même si tu adorais chaque âge qu’ils franchissaient et que tu te sentais chanceux de les accompagner dans ces étapes de leur vie, tu étais nostalgique de ces tout premiers instants. Tu étais nostalgique de vos bébés et une partie de toi ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment cette période aurait été si vous n’aviez eu qu’un seul bébé à la fois, ce que tu expliques timidement à Penny. « On a jamais su faire les choses à moitié, toi et moi. » Ton sourire s’élargit avec malice et fierté. « On est un couple exceptionnel, que veux-tu, » tu valorises avec légèreté, déposant un baiser sur la joue de ton amoureuse avant de glisser à son oreille : « Puis on a beaucoup la notion d’overachiever. » Tu avais toujours qualifié ainsi ton épouse, incessamment impressionné par sa vaillance et détermination qui l’incitaient à mener à terme de grands projets. Tu contemples quelques instants le regard de ton épouse, conscient que le sujet que tu abordes est d’envergure et voulant lui laisser du temps supplémentaire pour penser à ce que tu avances, même si tu soupçonnes que Penny se doutait déjà depuis le début de votre conversation vers où tu allais, vu comment elle arrivait à lire très facilement en toi. Doucement, tu finis par formuler la question qui te brûle les lèvres : est-ce que ça plairait à ta femme que vous ayez un nouvel enfant ?

« Je m’attendais pas à ça ce soir. » Elle fait dans un léger rire nerveux et tu te mordilles la lèvres inférieure tout en lui dédiant un sourire désolé. « Ça fait longtemps que tu y penses? » Tu laisses planer quelques secondes. « Mh, quelques temps. » Tu guettes les réactions de Penny, calme et patient, ne souhaitant assurément pas la presser dans ce que tu évoques. Vous aviez décidé cinq ans plus tôt que votre famille était complète et tu étais conscient que remettre cette décision en question pouvait être déstabilisant. « On est plus tout jeune. » Tu échappes un rire, te redressant sur tes coudes pour embrasser Penny sur ses lèvres. « On est plus expérimenté, » tu tentes avec malice. « Ce serait complètement fou, non? Cinq enfants. » Tu as un sourire en coin, ayant l’impression qu’il y ait une possibilité dans la réflexion de Penny, qu’elle n’est pas sur un refus catégorique même si elle n’est pas non plus conquise par ta conséquente invitation. Puis c’était l’une des qualités que tu adorais chez Penny : son attention et son intention à répondre justement plutôt que précipitamment. « Tu trouves ? » Tu questionnes posément. « C’est pas notre marque de fabrique, ça, la folie ? » Tu fais avec un sourire en coin. Certes, vous étiez déjà considérés comme une grande famille avec vos quatre enfants mais est-ce qu’élever ce chiffre à cinq serait peu sérieux de votre part ? « Fou peut-être, mais pas nécessairement déraisonnable… » Tu concilies avec douceur. Tu maintiens le regard de Penny quelques instants puis reprends la parole : « Je sais qu’avoir un autre bébé n’est pas à prendre à la légère. Ça changera notre dynamique, ça demandera de nouveau de l’adaptation… » Sans compter la grossesse qui était un épisode éprouvant même si ton épouse les avait relevés de manière admirable. Tu comprendrais spontanément que Penny ne veuille pas repasser par-là. De plus, comment réagiraient les enfants et David à l’arrivée d’un nouveau bébé ? Il vous faudra préparer la maison à accueillir ce nourrisson, vous remettre dans ce monde mouvementé de bébé que vous aviez quittés à mesure que les jumeaux vieillissaient, vous réorganiser. Autant avoir un nouvel enfant te fait rêver, autant tu sais que cela signifie aussi des sacrifices, sans compter que vous aviez déjà quatre beaux jeunes à la maison. « Et je sais qu’on avait décidé qu’on arrêtait après la naissance des jumeaux… » Cette décision avait été prise de concert et tu avais été entièrement en accord avec Penny. « Et je ne peux qu’imaginer à quel point les grossesses ne sont pas que des parties de plaisir… Je comprendrais entièrement que tu ne sois pas spécialement partante et ça m’irait aussi très bien. On a une vie déjà très chargée avec notre belle marmaille, » tu reconnais. « Je suis déjà comblé par notre famille. » Il n’y avait aucun doute là-dessus même si tu aimerais aussi un autre enfant avec Penny. « Mais juste… Si tu peux y réfléchir un peu ? A temps perdu ? » Tu sollicites doucement. Tu ne veux pas inciter Penny dans une direction. Tu seras tout autant heureux avec votre famille telle qu’elle est et comme vous l’aviez actée cinq ans plus tôt. « J’aime notre famille telle qu’elle est maintenant de tout mon cœur et j’en serais toujours heureux. Mais si jamais toi aussi tu aimerais avoir un autre bébé, juste tu sais que je serais partant aussi... » Tu tentes de présenter les choses aussi candidement que possible. Tu te redresses dans le lit et récupères les deux verres de vin apportés précédemment par ton épouse et lui tends le sien. « A notre soirée en amoureux rien que tous les deux dans notre maison ? » Tu invites, offrant simultanément une occasion de changer de thématique.

Il n’y avait pas de doute possible : malgré les années qui filaient à toute vitesse entre vos projets communs et vos enfants, Isaac savait toujours quoi faire et quoi dire pour te surprendre. La décision que votre famille était complète prise il y a cinq ans de cela avait été faite par deux parents complètement épuisés et en sous-effectif, entre Maia et les jumeaux qui étaient complètement dépendants de vous et de Jude qui, bien que plus grand et indépendant, vivait beaucoup de changements avec la disparition soudaine de sa mère et sa nouvelle vie à Brisbane. D’y repenser aujourd’hui, alors que vous étiez toujours aussi occupés entre vos carrières, les activités et les différents besoins de votre marmaille en plus de ceux de ton frère qui vivait à temps plein avec vous depuis plusieurs années maintenant, ça avait un goût différent malgré tout parce que le manque de sommeil et le manque de temps n’était clairement pas le même. Oui, il t’arrivait encore souvent de te sentir dépassée par le rythme de vie que vous aviez choisi, mais le concept des nuits blanches n’était plus chose du quotidien et elle te semblait loin derrière, l’époque où tu te sentais dépassée par le moindre changement. Tu savais prévenir les coups, vous aviez des systèmes de support en place et vous aviez appris au fil du temps à vous partager la charge mentale qui venait avec une grande famille comme la vôtre. Un nouvel enfant viendrait sans aucun doute chambouler cet équilibre, demanderait que vous trouviez une nouvelle balance et te ferait peut-être même regretter ce moment bien précis où tu te sens presque reposée, mais de l’autre côté, un petit être de plus à aimer, ça valait bien plus que des heures en moins de sommeil, non? L’idée te surprend, te demande de réellement y réfléchir, bien incapable de dire oui ou non sans analyser chaque aspect de la question, mais tu te surprends à ne pas y être complètement fermée. Surtout lorsque tu aperçois dans le fond du regard de ton mari cette petite lueur d’espoir et d’envie qui y régit, qui a toujours su te faire fondre. « J’ai toujours adoré te voir avec nos bébés dans tes bras. » Tu échappes un léger soupir serein, les souvenirs t’envahissant. « Je me souviens pas la dernière fois que l’un d’eux s’est endormi sur moi. » que tu avoues, avec un pincement au cœur. Ils arrivaient encore parfois, surtout avec les jumeaux, les moments où après une journée bien remplie ils arrivaient à trouver sommeil contre toi, refusant d’aller s’étendre dans leurs lits, mais ces moments se faisaient de plus en plus rares et d’autant plus précieux.

« On est un couple exceptionnel, que veux-tu. » Son commentaire t’arrache un rire alors que tu sens ses lèvres qui viennent frôler ta joue, avant de se faire un chemin jusqu’à ton oreille. « Puis on a beaucoup la notion d’overachiever. » Et cette notion, on pouvait dire sans l’ombre d’un doute qu’elle était venue teintée les six dernières années. Ce qui était fascinant entre Isaac et toi, c’est que vous sembliez vous épanouir davantage au milieu du chaos, à gérer crise après crise avec brio, laissant ces dernières vous rapprochez l’un de l’autre plutôt que de vous séparer comme ça semblait souvent être le cas au sein de d’autres relations autour de vous. « On réussit plutôt bien. » que tu glisses avec tout autant de malice avant de lui voler ses lèvres pour un énième baiser. Serait-il si fou de croire qu’une addition de plus à votre clan ne serait pas exactement ce dont vous avez besoin, ce dont vous avez envie? Tu ne l’avais pas considéré avant qu’Isaac ne le mentionne, le sujet clos dans ton esprit depuis plusieurs années maintenant, et pourtant, il serait mentir que de dire que tu ne vois pas l’attrait de cette proposition qu’est en train de te faire ton amoureux. Tu demeures prudente, pragmatique toutefois, consciente que l’arrivée d’un nouvel enfant ne viendrait pas seulement chambouler vos vies, mais celles de vos enfants aussi, et celle de ton frère qui, bien qu’il se soit fait à la vie avec vous demeure toujours plus sensible aux changements dans sa routine. La maison plongée dans le silence, tu es coincée entre l’envie d’enfin pouvoir profiter d’un peu plus de liberté avec Isaac maintenant que vos enfants grandissent, et celle d’ajouter un peu de bruit et d’étirer ce bonheur encore un peu. « Mh, quelques temps. » « Quelques temps du genre… quelques jours, quelques semaines, quelques mois? » que tu demandes d’une petite voix, cherchant des précisions surtout dans le but de savoir vraiment quelle importance ton mari accordait à ce projet qu’il te présentait ce soir. Était-ce une lubie des derniers jours, ou quelque chose de plus réfléchie, qui lui faisait envie depuis longtemps sans qu’il n’ose te le dire? « On est plus expérimenté. » qu’il contre-attaque avec aisance, cet homme plein de sagesse qui sait toujours trouver le mot autant pour te faire rire que pour te forcer à réfléchir. « Touché. » que tu murmures contre ses lèvres après un baiser.

« Tu trouves? » Oui, c’est de la folie de vous imaginer à la tête d’une famille de cinq enfants, mais l’est-ce vraiment plus que de l’être d’une famille de quatre enfants? Après tout, vous avez déjà droit à de nombreux regards et commentaires lorsque vous sortez tous ensemble, sans compter tout ce qui a été écrit à votre sujet dans les dernières années dans les différents médias. Tu refuses toutefois de laisser le regard d’autrui dicter la manière dont tu vis ta vie, surtout que rien ne te rend plus heureuse que cette grande famille que vous avez bâtie, Isaac et toi. « C’est pas notre marque de fabrique, ça, la folie? » Tes lèvres s’étirent, il n’a pas tort après tout. Tout de votre histoire reposait sur la prise de risque dès les premiers instants et pas une fois tu n’avais regretté de donner une chance à cette vie rocambolesque à ses côtés. « Fou peut-être, mais pas nécessairement déraisonnable… » « La ligne est mince. » que tu ajoutes, te voulant l’avocat du diable, quand bien même l’expression sur ton visage trahit ce que tu en penses réellement. « Je sais qu’avoir un autre bébé n’est pas à prendre à la légère. Ça changera notre dynamique, ça demandera de nouveau de l’adaptation… » Tu te redresses légèrement dans votre lit, ton regard planté dans celui de ton amoureux alors que la conversation prend un tournant un peu plus formel, sérieux et tu hoches doucement la tête en approbation. « Et je sais qu’on avait décidé qu’on arrêtait après la naissance des jumeaux… » « Ça semblait juste à ce moment-là. » Ce moment-là, cinq ans plus tôt. Qu’en était-il d’aujourd’hui? Toi-même, tu n’étais plus certaine maintenant qu’Isaac avait planté l’idée dans ton esprit. « Et je ne peux qu’imaginer à quel point les grossesses ne sont pas que des parties de plaisir… Je comprendrais entièrement que tu ne sois pas spécialement partante et ça m’irait aussi très bien. On a une vie déjà très chargée avec notre belle marmaille. Je suis déjà comblé par notre famille. » « Je sais mon amour. » que tu le rassures, n’ayant pas penser un seul instant que cette envie relevait d’une insatisfaction quelconque de sa part. « Mais juste… Si tu peux y réfléchir un peu? À temps perdu? » Tu échappes un léger soupir, tout en hochant de la tête. Tu peux faire ça, oui. Peser le pour et le contre. Prendre le temps de réfléchir à tout ce que ça viendrait changer. Refaire l’image que tu avais des prochaines années, consciente qu’une nouvelle addition changerait inévitablement les plans liés à vos carrières respectives. « J’aime notre famille telle qu’elle est maintenant de tout mon cœur et j’en serais toujours heureux. Mais si jamais toi aussi tu aimerais avoir un autre bébé, juste tu sais que je serais partant aussi… » « Je ferme pas la porte à l’idée. » que tu lui offres pour toute réponse, ayant encore besoin de temps pour te faire une vraie idée sur ce qui se passe présentement dans ta tête. « Je te promets d’y penser rapidement. » Parce que ce n’est pas le genre de choses que tu as envie de laisser dans l’air éternellement, pas non plus envie de lui faire miroiter une possibilité si cette dernière n’existe pas sincèrement dans le fond de ton esprit. Même si tes souvenirs semblent plutôt pousser dans le même sens que ton mari. « C’est vrai que ça me manque parfois, d’être enceinte. De sentir les petits coups. » que tu murmures doucement alors qu’Isaac se redresse à son tour et attrape vos coupes, te tendant la tienne. Si vous aviez quatre beaux enfants aujourd’hui, tu n'avais été enceinte que deux fois. La grossesse avec Maia avait été difficile, constamment malade jusqu’à ton dernier mois et celle avec les jumeaux avaient été plus clémentes, bien que plus exigeante mentalement puisque toute grossesse gémellaire venait avec son lot de risques et de suivis.

« À notre soirée en amoureux rien que tous les deux dans notre maison? » Isaac lève son verre dans ta direction. « À nous deux. » que tu renchéris, ta coupe venant cogner doucement la sienne avant que tu ne viennes en prendre une longue gorgée. « Je sais pas si le silence me plaît ou m’horripile en fait. » que tu avoues dans un rire alors que tu as définitivement vos enfants dans la tête, espérant qu’ils passent tous de beaux moments accompagnés de gens qui les aiment aussi fort qu’Isaac et toi pouvez le faire. « Tout s’est bien passé avec Jude? Il avait l’air un peu inquiet avant de partir. » Son premier camp, ce n’était pas rien après tout, mais quelque chose te disait qu’il y avait peut-être plus qui se tramait dans la tête du grand blond, bien qu’il t’eût assuré le contraire en t’offrant un câlin avant de quitter avec son père, quelques heures plus tôt.

Installés sur votre lit, le silence à votre unique merci, la maison entièrement vôtre dans une bien rare occurrence, c'est en accusant la nostalgie ressentie lors d'un passage dans vos combles que tu confesses à Penny le désir que tu ressens à l'idée de créer de nouveau la vie avec la femme que tu aimes de tout ton cœur. « Je me souviens pas la dernière fois que l’un d’eux s’est endormi sur moi, » t'avoue ton épouse lorsque tu repenses à ces scènes que tu aimais tant pendant lesquelles vos bébés étaient blottis contre leur mère, si épanouis au creux de ses bras, comme s'ils se trouvaient dans le plus merveilleux des cocons, entourés de sa chaleur de son amour. Penny avait été instantanément une mère formidable, forte de caractère, forte émotionnellement. Elle savait défendre et protéger avec expertise, gronder et recadrer avec intelligence, soutenir et motiver avec énergie, aimer et donner confiance sans compter. Tu étais amoureux d'elle sur tous les volets de la femme qu'elle composait et chaque jour qui passait, tu remerciais le Ciel d'être à ses côtés, ton affection exponentielle à son attention.

Tu ne peux t'empêcher de formuler quelques arguments sur un ton léger, plaisantin, malicieux. Tu sens quelques failles dans la raison de Penny quant à ta proposition de nouvel enfant ; tu soupçonnes qu'elle ne soit pas entièrement fermée à cette idée, quand bien même la jeune maman a toujours été d'une écoute infaillible et d'un respect inébranlable même sur des sujets sur lesquels vous étiez en désaccord. « On réussit plutôt bien, » elle glisse alors que tu valorises votre couple et tout ce que vous relevez avec brio, savourant ses lèvres qu'elle dépose contre les tiennes. « Modestement, en plus, » tu qualifies avec complicité. Tu caresses doucement son dos, puis tes doigts naviguent sur son bras alors que vous vous distancez légèrement, Penny t'interrogeant sur la durée pendant laquelle cette idée d'addition à votre portrait de famille germait dans ton esprit. « Quelques temps du genre… quelques jours, quelques semaines, quelques mois? » Elle sollicite plus de précisions et ton sourire s'élargit, tel un enfant coupable qui tourne autour du pot avant d'avouer : « Plutôt la dernière option... » Non pas que tu avais l'habitude de faire des cachotteries à Penny mais tu avais désiré mûrir ce potentiel changement dans vos vies avant de lui en parler. « S'il est réalisé, c'est un projet qui changerait toutes nos vies et je voulais y réfléchir sur tous les aspects avant de t'en parler, » je lui explique, sincère. Tu n'agissais pas sur des coups de tête, tu n'étais pas un homme impulsif. Tu étais plutôt de ceux qui prennent leur temps pour poser le moindre geste parce qu'il était primordial pour toi de t'orienter vers des choix raisonnés et réfléchis, parce que tu avais à cœur d'honorer chacun de tes engagements et d'aller au bout de toutes les démarches que tu entreprenais. Si Penny tombait de nouveau enceinte, tu assumerais naturellement ton rôle de père avec autant de sérieux et d'amour que pour tes autres enfants. Néanmoins, ici, vous disposiez du choix de cette possible grossesse, elle ne vous surprendrait pas et ainsi, tu avais pris le temps d'étudier tous les paramètres qu'une telle arrivée invoquerait dans votre quotidien déjà bien mouvementé, duquel vous aviez su trouver un équilibre qui serait alors à redéfinir de nouveau, même si tu avais entièrement confiance en vous pour y parvenir, si addition à votre foyer il y avait. Vous étiez expérimentés, désormais, ce que tu soufflais à Penny qui te gratifiait d'un « Touché » avec un autre délicat baiser.

Tu inspirais profondément, attirant un peu plus ton épouse contre toi dans une étreinte. Avec raison, elle parlait de folie, et  bien que tu puisses la rejoindre, tu te permettais quelques arguments comme celui que cette fameuse folie était maître mot dans votre duo. Même si cela pouvait être surprenant que vous retombiez dans les couches, vous déteniez toutes les ressources pour accueillir un nourrisson. Toutefois, tu as conscience qu'accueillir un nouveau membre à votre famille déjà grande constituerait un défi de taille à relever. Tu sais aussi que prendre une telle décision revient sur celle que vous aviez pris de concert à la naissance des jumeaux. D'autre part, tu n'oublies pas la dureté que peuvent avoir les grossesses. Tu gardes en mémoire les nombreuses nuits blanches, l'exténuation, les tracas, les challenges, les nerfs à rude épreuve et tu l'exprimes avec sérieux à ton épouse. Cependant, toute la magie d'être parent de nouveau avec Penny occulte ce que tu considères tel le revers impératif de la merveilleuse médaille que représente chacun des enfants que tu chéris de manière inconditionnelle. Tu sais et saurais toujours te combler du foyer que vous avez bâti avec ton épouse mais tu oses lui demander de réfléchir, sans pression, à temps perdu, à ce que vous le chambouliez de nouveau pour créer de nouveau un fruit de votre amour.

« Je ferme pas la porte à l’idée, » t'annone Penny après avoir soupiré longuement, ce qui te fait hausser les sourcils, témoignant de ton plaisir à entendre cette réponse, certes timorée, de sa part. « Je te promets d’y penser rapidement. » Soucieux de ne pas être trop évident dans la voie que tu favorises sur cette décision, tu glisses tes lèvres dans son cou pour y dissimuler le sourire qui croît sans retenue sur tes lèvres. « Merci, » tu glisses doucement en baisant sensuellement sa chaire, appréciant qu'elle t'accorde d'y songer. « C’est vrai que ça me manque parfois, d’être enceinte. De sentir les petits coups. » Tu te redresses pour attraper les deux coupes de vin précédemment versées par Penny, en tend une à ton épouse. « T'es sublime dans toutes les situations, de plus, » tu complimentes avec franchise, gardant des souvenirs précieux de ta femme enceinte. Les grossesses n'étaient pas toujours des parties de plaisir mais tu te souvenais de ce ventre qui grossissait, témoignant de la vie qui s'épanouissait au chaud sous son nombril. Tu revisualisais les échographies révélant peu à peu vos trésors, clichés que vous aviez conservés précieusement. Tu ressassais ces petits mouvements sous l'épiderme de l'actrice que tu avais eus la chance de sentir pour chacun de vos enfants. Tu choyais le souvenir de Penny qui t'avait toujours paru rayonner à chacune de ses grossesses, malgré les maux, les nausées, les soucis, la fatigue. « Ce serait le premier bébé qu'on planifierait autant, » tu remarques avec amusement. L'arrivée de Maia rimait avec magnifique surprise. Quant aux jumeaux, si vous sachiez que vous encourriez le risque d'une nouvelle grossesse, vous n'aviez pas soupçonné qu'elle arrive si tôt.

Tu proposes de trinquer à cette soirée en amoureux. « À nous deux, » honore Penny et tu lui souris tendrement avant de boire une gorgée de la boisson. « Je sais pas si le silence me plaît ou m’horripile en fait. » Ton rire rejoint le sien et tu proposes, caressant doucement la cuisse de ton interlocutrice. « Tu veux que je mette de la musique ? » Tu réfléchis quelques instants, observant : « Eh, on peut faire tout le bruit qu'on veut. On n'a personne qu'on risque de réveiller ou d'intriguer. » Pas d'enfant curieux attiré à votre porte ou de petits endormis à ne pas réveiller. « Je suis sûr que je peux trouver des moyens de te faire apprécier le fait qu'on est les seuls maîtres du silence, » tu engages sur une intonation joueuse.

« Tout s’est bien passé avec Jude? Il avait l’air un peu inquiet avant de partir. » Un léger sourire en coin nait sur tes lippes, celui que tu offres lorsque tu ne veux pas alarmer mais que tout ne va pas spécialement comme sur des roulettes. Tu prends une nouvelle gorgée de vin avant de relater : « Je crois que la séparation des parents d'un de ses copains le travaille. Il m'a demandé ce qui se passerait pour lui si jamais on divorçait et s'il pourrait toujours te voir si on se séparait. » Tu expliquais à Penny sur une voix calme et posée. « Je me suis permis de parler en ton nom et de lui assurer qu'il pourrait toujours te voir, » tu avoues, persuadé que la Stringer ne rejetterait jamais Jude qu'elle avait toujours aimé et élevé comme s'il était son fils. « Et qu'on ne comptait pas se quitter. » tu fais avec cette malicieuse complicité que tu arbores dès que tu t'autorises à parler pour Penny lorsque tu ressens n'avoir le choix de faire autrement et tu penses ne pas mentir. « Ca l'a rassuré. Il était soulagé quand il est parti pour le camp avec ses copains. » Tu affirmes et prends une nouvelle gorgée de vin durant laquelle tu sélectionnes soigneusement les bons termes pour poursuivre la transmission de cet échange à ton épouse : « Jude m'a annoncé qu'il ne voulait plus voir Lucy. Il m'a demandé si elle ne pouvait plus être sa mère, officiellement... » Tu déclarais avec transparence. « Il te l'a déjà dit lui-même : il sait que Lucy est sa mère sauf que pour lui c'est toi sa mère, dans son cœur, » tu reprenais les propos et l'image utilisés par l'enfant. « Il m'a laissé comprendre qu'il aimerait que tu sois sa mère officiellement aussi. » Si ton ex avait assuré son rôle pendant plus de trois ans auprès de Jude, elle avait abandonné son enfant par la suite. Penny et toi aviez tout fait pour protéger le garçonnet et qu'il traverse ce nouveau bouleversement dans sa vie de manière aussi sereine que possible, quand bien même le choc avait été brutal. Vous aviez eu à cœur que l'enfant s'épanouisse dans votre foyer au sein duquel il avait toujours eu toute sa place et Penny était rapidement apparue telle une figure maternelle pour Jude. Sincèrement, tu voyais aussi les choses de la même façon que ton fils : Lucy avait certes donné la vie à Jude, Penny était celle qui avait pris soin de lui depuis ses quatre ans, sans interruption. Vous aviez tous deux su lui apporter la stabilité en tant que parents et tu éprouvais autant de fierté que de gratitude à ces épreuves que vous aviez surmontées, Penny et toi, tout comme ce que vous aviez accompli en tant que famille atypique mais soudée. « Je l'ai invité à y réfléchir pendant le camp et je lui ai dis qu'on en parlerait à son retour, » tu conclus, plongeant tendrement ton regard dans celui de ton amoureuse, mesurant la puissance des aveux de Jude que tu venais de partager avec elle.

« Plutôt la dernière option… » Ton souffle te manque temporairement à cet aveu. Ce n’est pas que tu lui en veux de ne pas t’en avoir parlé pendant tout ce temps, c’est plutôt la surprise de comprendre que ce projet lui trotte dans la tête depuis des mois. Des mois que ça mijote, que parmi la folie de votre quotidien, il trouve tout de même la place et le temps de s’imaginer avec un nouvel petit être à aimer, à cajoler, négligeant peut-être volontairement le fait que c’est aussi un petit être à s’occuper, qui sera à son tour complètement dépendant de vous, pour quelques années du moins. Des années qui passeront bien trop vite, des années dont tu garderas de précieux souvenirs au travers des passes difficiles, des années que tu te retrouves à vouloir revivre, ralentir, toi qui aurais pourtant jurer que tu avais mis tout ça derrière toi après les jumeaux, que ces années à jongler entre trois enfants en bas de deux ans en plus de Jude qui était en pleine adaptation t’avaient pleinement immunisé à l’envie d’un jour remettre le nez dans les couches. Il faut croire que même les décisions que tu pensais prises à cent pour cent ne sont pas à l’abri d’un changement d’avis. « S’il est réalisé, c’est un projet qui changerait toutes nos vies et je voulais y réfléchir sur tous les aspects avant de t’en parler. » « Toujours aussi sage. » que tu réponds dans un murmure, un sourire sur les lèvres. « Et j’imagine que si tu m’en parles ce soir, c’est que tu juges que l’idée vaut la peine d’être revisité? » Qu’il l’a analysé dans tous les sens et de tous les côtés et qu’il en est venu à la conclusion que c’est quelque chose qu’il souhaite, qu’il désire, qui lui apporterait un bonheur certain qui saurait aller bien au-delà de toutes les difficultés qu’un nouvel enfant pourrait apporter à votre famille déjà bien remplie. Et ça te fait sourire, comme ça te force à réaliser que ce n’est pas une lubie, pas quelque chose qu’il mentionne simplement parce que la maison est vide un soir et que ça lui fait tout drôle.

Ça force à une réflexion que tu ne pensais pas ravoir, mais sur laquelle tu promets de t’attarder rapidement. La réponse semble satisfaire ton mari qui vient glisser ses lèvres dans ton cou, t’arrachant une foulée de frissons au passage. « Merci. » Tu peux entendre dans sa voix l’importance qu’il porte à cette idée, à ce possible projet, et si tu es pleinement consciente qu’Isaac ne te forcerait jamais à prendre une décision avec laquelle tu n’es pas à cent pour cent à l’aise, le simple fait de savoir que cela lui tient autant à cœur suffit à laisser une large impression sur ta réflexion à venir. Tes doigts glissent le long de ton ventre plat, s’attardent sur tous les endroits où tu te souviens vaguement avoir senti les coups de tes enfants. De Maia qui était hyperactive jour et nuit, jusqu’aux jumeaux qui eux avaient des rythmes complètement différents l’un de l’autre. Jack qui s’activait en même temps que toi, alors que Mila elle, s’animait le soir et la nuit, réveillant souvent son frère au passage, tu en es certaine. C’est quelque chose qui arrive encore aujourd’hui d’ailleurs, quand Mila se réveille au beau milieu de la nuit et décide d’aller rejoindre son frère dans son lit. Les découvrir ensemble au petit matin à toujours su te mettre un baume au cœur, de voir leur lien si puissant, de savoir que cela s’étend tout autant à chacun des membres de la fratrie, tu sais qu’un nouvel enfant viendrait se glisser aisément entre eux, pour tisser les liens encore plus serrés qu’ils ne le sont déjà. Tu es incroyablement fière de tes enfants, de ce qu’ils sont, de l’amour qu’ils ont entre eux et pour les autres. « T’es sublime dans toutes les situations de plus. » Tu secoues la tête, un large sourire sur les lèvres alors que tu portes ton verre de vin à tes lèvres. « Ce serait le premier bébé qu’on planifierait autant. » La réflexion t’arrache un rire franc. « Le premier bébé qu’on planifierait tout court. » que tu ne peux t’empêcher de rectifier. Maia avait été une totale surprise, un accident (bien que tu détestais ce terme) dû à une simple étourderie de ta part avec la prise de ta pilule contraceptive. Les jumeaux eux s’étaient installés sans crier garde, alors que tu allaitais encore Maia et que vous aviez décidé sans réellement vous concerter qu’arrivera que pourra, et ils étaient arrivés bien plus vite que vous n’auriez pu l’imaginer. Et même si la surprise avait accompagné la vie de chacun de vos enfants, même l’arrivée de Jude dans vos quotidiens, tu ne regrettais absolument rien à cette histoire rocambolesque qui accompagnait la formation de votre famille. « On pourrait peut-être leur demander, aux enfants. Savoir ce qu’ils en pensent, avant de prendre une décision. » Bien qu’il semblait de plus en plus évident que ton cœur s’apprêtait à flancher dans la même direction que celui de ton mari.

Vos verres de vin cognent l’un contre l’autre, la soirée uniquement vôtre quand bien même il semblait impossible que vos enfants ne s’y glissent pas inévitablement, même en étant tous absents. « Tu veux que je mette de la musique? » Tu secoues négativement la tête. Même si le silence est étrange, tu ne doutes pas que tu vas finir par t’y habituer dans les minutes à venir. Et puis tu veux pleinement te concentrer sur ton amoureux, sur ce qu’il a à te dire, sur tout ce que ton corps cherche à te dire aussi, sans autre distraction. « Eh, on peut faire tout le bruit qu’on veut. On n’a personne qu’on risque de réveiller ou d’intriguer. » Tu te mordilles légèrement la lèvre, tes yeux s’attardant sur le visage d’Isaac, plus particulièrement sur ses lèvres que tu te retiens d’embrasser avec trop d’empresse. « Je suis sûr que je peux trouver des moyens de te faire apprécier le fait qu’on est les seuls maîtres du silence. » Tu glousses doucement, refusant d’attendre une seconde de plus avant de poser à nouveau tes lèvres contre les siennes dans un baiser qui se veut passionner, enflammé, qui rappelle inévitablement vos premiers mois ensemble, quand vous étiez incapable de vous lasser l’un de l’autre et que vous aviez tout le temps du monde pour vous découvrir, encore et encore. Et ce soir, c’est une bulle dans le temps qui vous permet de faire ça, à nouveau. Pour une soirée, pour une nuit, pour un retour dans le temps dont vous aviez terriblement besoin. « J’aime beaucoup ce plan. » que tu murmures contre ses lèvres alors que tu te détaches à contre-cœur de ces dernières.

Tu viens porter une nouvelle fois ton verre contre tes lèvres, et avant que ton esprit ne s’embrume trop de l’alcool et des sensations que seul Isaac sait t’apporter, tu lui demandes si tout s’est bien passé avec votre aîné, qui ne semblait pas tout à fait dans son assiette à son départ. « Je crois que la séparation des parents d’un de ses copains le travaille. Il m’a demandé ce qui se passerait pour lui si jamais on divorçait et s’il pourrait toujours te voir si on se séparait. » Tes lèvres s’ouvrent légèrement sous la surprise, ne t’attendant pas à ce que la conversation prenne un tel tournant. « Je me suis permis de parler en ton nom et de lui assurer qu’il pourrait toujours te voir. Et qu’on ne comptait pas se quitter. » « Tu as bien fait, oui. » Il n’avait jamais été question qu’Isaac et toi divorce, et même si jamais cette terrible décision venait à être prise, tu considérais Jude comme étant ton fils au même titre que Maia, Mila et Jack et jamais tu ne pourrais imaginer le moindre scénario dans lequel tu ne chercherais pas à le voir autant que ses frères et sœurs. « Ça l’a rassuré. Il était soulagé quand il est parti pour le camp avec ses copains. » Tu soupires légèrement, heureuse de l’entendre. Tu détestes le fait que de telles pensées puissent venir lui pourrir la vie d’une telle façon. Et tu détestes encore plus le fait que tout soit relié à des facteurs extérieurs à ton contrôle, comme la séparation des parents de l’un de ses amis. Il sait que vous êtes heureux, Isaac et toi, mais voilà que le doute que cela ne dure pas éternellement existe dans son esprit de garçon encore trop jeune pour s’en faire avec de telles choses et tu voudrais simplement pouvoir l’effacer, sans savoir exactement comment faire. « Jude m’a annoncé qu’il ne voulait plus voir Lucy. Il m’a demandé si elle ne pouvait plus être sa mère, officiellement… » Officiellement? « Il te l’a déjà dit lui-même : il sait que Lucy est sa mère sauf que pour lui c’est toi sa mère, dans son cœur. » Tu hoches doucement la tête, des larmes faisant briller tes yeux. Il te l’avait dit oui, à plusieurs reprises même et tu choyais le fait qu’il t’appelait maman depuis plusieurs années maintenant. Tu n’avais jamais souhaité retirer le rôle à Lucy, mais elle avait elle-même choisi la fuit, elle avait pris la décision de ne plus être une part de la vie de Jude. « Il m’a laissé comprendre qu’il aimerait que tu sois sa mère officiellement aussi. » Il y a ce mot qui revient encore une fois. Officiellement. Il y a ton cœur qui menace de sortir de ta poitrine tant il cogne fort. « Jude voudrait que je l’adopte? » que tu formules après quelques secondes, encore sonnée par cette révélation. L’idée de le faire t’avait traversé l’esprit à de nombreuses reprises, tu en avais même parlé avec Isaac, il y a un peu plus d’un an de cela, mais vous aviez jugé important d’attendre, de voir si Lucy ferait un retour, si elle chercherait à reprendre contact avec son fils, ou alors d’attendre que la demande vienne du garçon. Tu ne pensais juste pas que cela arriverait si vite, tu n’étais même pas certaine que la demande viendrait un jour, bien honnêtement. « Je… Wow. Je m’attendais pas à ça. » que tu avoues à ton mari, te redressant de manière à ce que ton dos presse contre le mur. Ton verre de vin se vide à une vitesse hallucinante soudainement et si tu es tentée de sortir du lit pour aller le remplir à nouveau, tu es encore trop choquée pour oser tant de mouvements. « Je l’ai invité à y réfléchir pendant le camp et je lui ai dit qu’on en reparlerait à son retour. » Tu hoches la tête. « Peut-être qu’il va changer d’idée. » que tu t’empresses de dire, incertaine de la réponse qui te rassurerait réellement. Pas parce que tu ne souhaites pas accepter cette demande, bien au contraire. Tu es juste effrayée qu’il vienne à le regretter, qu’il réalise que non, malgré tout, tu n’es pas sa mère et qu’il en vienne à t’en vouloir d’avoir accepter un tel changement. « Tu sais que j’aime Jude exactement comme j’aime Maia ou les jumeaux, pas vrai? » que tu ajoutes après quelques instants à peine, parce que tu ne veux pas qu’Isaac en doute, pas même une seule seconde. « Et que rien ne me ferait plus plaisir que d’être officiellement sa mère. Mais je veux pas… Je voudrais pas qu’il vienne à le regretter. » que tu avoues d’une toute petite voix, ton regard fuyant soudainement celui du Jensen. « Ou que toi tu le regrettes. » Pour une raison ou une autre, bien que ça ne fasse pas grand sens. C’est bien là le plus grand problème avec les peurs, elles sont souvent irrationnelles.

Être père représente depuis le plus tôt que je m'en rappelle le rôle qui m'a toujours fait rêver. Si certains garçons ambitionnent de devenir astronaute, pompier ou médecin, pour ma part, j'ai toujours désiré fonder ma propre famille avec la femme de mes rêves. Je jouis de la chance inouïe de concrétiser cet idylle auprès de Penny que je considère comme mon âme sœur depuis le début de notre relation et que j'aime inconditionnellement. Les années m'ont également inculqué la notion qu'il est nécessaire de se méfier de ce que l'on souhaite et prudent, j'ai appris à considérer toutes les éventualités de chaque projet initié. J'ai conscience qu'accueillir un nouveau membre de notre famille va en altérer indubitablement la dynamique, tout comme j'ai pris en compte tous les risques que cela peut générer. Peut-être que ce bébé ne serait pas en si bonne santé que Jude, Maia, Mila et Jack. Peut-être que Penny souffrirait davantage de cette grossesse que des précédentes qui lui avaient déjà mené la vie dure, sans compter que les accouchements n'avaient pas été des plus aisés non plus : j'avais été terrifié à l'idée de perdre Maia à sa naissance, j'avais été terrorisé de perdre Penny à celle des jumeaux. Aujourd'hui, toutefois, j'ai beau peser équitablement le pour et le contre, cette volonté d'avoir un autre enfant avec mon épouse perdure, se consolide. Cette flamme au fond de moi remporte en intensité et cette soirée en amoureux m'apparaît comme un contexte idéal pour en glisser quelques mots à ma moitié.

« Toujours aussi sage, » commente Penny lorsque je lui explique que ma réflexion silencieuse résulte du fait que je tenais réellement à analyser chaque point avant de lui soumettre mon désir. « Et j’imagine que si tu m’en parles ce soir, c’est que tu juges que l’idée vaut la peine d’être revisitée ? » J'acquiesce doucement, sourire retenu aux lèvres. « Je sais que c'est revenir sur notre décision de s'arrêter après les jumeaux et que c'est bouleverser de nouveau notre quotidien, » je reconnais posément. On avait durement souffert de cet équilibre bancal durant des années, où notre quotidien n'était que montagnes russes et que nous haletions sous les surprises qui mettait toujours à rude épreuve notre capacité d'adaptation. Je n'oubliais pas les difficultés rencontrées, le sentiment de crouler sous les charges, la culpabilité et l'exténuation mêlées parfois à des défauts de communication. « Mais notre situation est bien différente de celle qu'on avait à l'époque, » je note factuellement. Notre routine, bien que chargée et rythmée de surprises ici et là, était tout de même posée. Le cadre était fixé, bien les enfants se plaisent à vouloir rendre ses bords plus souples chaque jour. Des habitues sont rodées et intègrent une certaine sérénité à notre foyer en plus de cet amour qui jamais n'a manqué chez nous. « Je sais que c'est prendre des risques aussi parce qu'on ne sait pas comment se passerait la grossesse ni comment irait le bébé ni comment il serait accueilli par les enfants, » j'ajoute en mordillant distraitement mes lèvres. La dernière chose que je souhaite est que l'on force le destin et qu'on le subisse, en quelque sorte. « Mais les enfants sont plus grands et nous avons l'expérience derrière nous. On est différemment équipés pour accueillir éventuellement un autre bébé. » Puis, réellement, le vœu ne s'éteindrait pas tant que Penny ne me signifiait pas qu'elle ne vibrait pas sur le même désir que moi. Dans ce cas-là, comme je lui précisais, il était évident que je respecterais et accepterais entièrement son choix, déjà comblé par cette famille extraordinaire que nous avions fondée.

Mes lèvres se déposent amoureusement dans le cou de l'actrice tandis qu'elle promet d'y réfléchir, ce qui est uniquement ce que je sollicite de sa part. Je ris doucement lorsqu'elle rectifie avec raison que cet enfant serait le seul planifié tout court si nous venions à tenter de nouveau d'agrandir la famille. « On bousculerait l'équilibre garçon-fille, sauf si tu nous fais encore des jumeaux, » je taquine gentiment, bien que conscient que cette notion-là ne constitue pas réellement un argument en faveur d'une nouvelle grossesse. « On pourrait peut-être leur demander, aux enfants. Savoir ce qu’ils en pensent, avant de prendre une décision. » Je réfléchis quelques instants, prenant une gorgée de mon verre de vin. « Tu n'as pas peur qu'ils puissent influencer le choix qu'on aurait peut-être fait à deux ? » Je glisse, songeur. S'ils s'y opposent, je soupçonnais que nous resterions six sous ce toit. S'ils y sont favorables, cela pourrait nous conforter mais aussi insuffler une légère pression vers l'ajout d'un autre Jensen. S'ils sont mitigés, la décision créera forcément des déceptions. Si je valorise toujours l'avis des enfants et que je juge important qu'ils soient en phase pour un tel bouleversement dans la famille, en aucun cas ne voudrais-je leur imposer un cadet s'ils y sont férocement contre bien que je doute d'une opposition si marquée de leur part, j'appréhende aussi leur réaction à la présentation d'un tel projet et je suis incertain de comment gérer leurs émotions face à ce genre d'éventualité.

Quoi qu'il en soit, la soirée est jeune et je compte assurément en profiter avec mon épouse. Mon corps comme mon âme sont irrésistiblement attirés par la jeune femme, les années n'ayant qu'entériné à quel point elle m'était irrésistible, l'amour que je lui voue croissant chaque jour davantage, quand bien même il demeure immuable. Le baiser passionné que nous échangeons érige instantanément plaisir et désir en moi et je ne peux m'empêcher de déposer une myriade de baisers dans son cou, sur son épaule puis sur sa clavicule avant que ma conjointe ne valide toutes les indécences du plan libre de toutes restrictions liées à la présence des enfants à proximité que je lui formule. Je presse ensuite amoureusement les lèvres de Penny des miennes puis la sens se distancer, soucieuse du départ de Jude dont les états d'âme n'étaient pas au beau fixe.

Je lui souris tendrement puis me redresse sur le lit, relatant aussi fidèlement que possible mes échanges récents avec mon fils : de ses peurs sur notre couple et son avenir à sa volonté de ne plus être lié à une mère qui est absente de sa vie depuis cinq ans maintenant. Si j'avais toujours compris que Jude était un enfant réfléchi, intelligent mais aussi anxieux, il m'avait surpris par le développement de ses pensées qui l'avaient poussé à des conclusions drastiques comprenant des inquiétudes qui ne devraient pas à mes yeux émouvoir un enfant de même pas dix ans. J'explique la manière dont laquelle je l'ai rassuré, osant parler au nom de Penny sur le fait qu'elle ne couperait pas les ponts avec lui et ne l'abandonnerait pas même si nous venions à divorcer elle et moi. Puis, je lui dévoile la réflexion de Jude que sa belle-mère devienne officiellement sa mère. « Jude voudrait que je l’adopte? » Penny me répète, avec raison sur le choc. Je hoche lentement la tête à l'affirmative. « Je… Wow. Je m’attendais pas à ça. » « Moi non plus. Enfin, pas si tôt, » j'avoue. « Je comprends sa démarche. Il veut que tu sois sa mère sur tous les niveaux, et peut-être qu'il veut aussi être comme son frère et ses sœurs, » je conjecture. Bien que Penny n'ait jamais effectué la moindre différence entre Jude et ses cadets, administrativement, le fait qu'elle ne soit pas légalement sa mère revient ponctuellement sournoisement : lors des changements d'école où des procurations doivent être de nouveau signées pour autoriser mon épouse à récupérer l'enfant, lors des sorties extrascolaires où Penny doit obtenir de nouveau mon autorisation vis-à-vis de Jude qu'elle élève pourtant tout autant que moi, lors des paperasses administratives où seule ma signature - et celle d'une femme quasiment devenue étrangère - compte. Ces occurrences sont bien heureusement rares mais Jude s'est parfois retrouvé sur le carreau, contrairement à nos autres enfants, simplement parce que Penny ne jouit pas des mêmes droits vis-à-vis de lui et que j'étais absent, pris au travail. Bien entendu, ce point ne devait pas constituer un argument, surtout que nous faisions tout pour être aussi prévoyants que possible, mais je soupçonne qu'il s'additionnait au volet émotionnel qui prévaut. Dans tous les cas, cette décision ne doit pas être prise à la hâte. J'avais invité Jude à la réflexion, tout comme je prévenais Penny pour qu'elle-même puisse se préparer à une potentielle demande de la part du garçon.

« Peut-être qu’il va changer d’idée, » fait Penny et je ne peux m'empêcher de sourire, attendri, soupçonnant que mon épouse parle davantage sur le coup de la surprise. « Peut-être, » je concède bien que j'y crois à moitié. Je ne sais pas quand Jude abordera ce sujet avec Penny mais quelque chose me dirait qu'il pourrait éventuellement le faire. Peut-être cette année, peut-être dans cinq ans, mais je sens que ce projet mûrira en lui. « Tu sais que j’aime Jude exactement comme j’aime Maia ou les jumeaux, pas vrai? » Je hoche spontanément la tête à l'affirmative, prenant la main de Penny dans la mienne. « Bien sûr. Tu n'as jamais fait de différence entre les enfants, » j'affirme sans équivoque. Il s'agit là d'une vérité indétrônable. « Et que rien ne me ferait plus plaisir que d’être officiellement sa mère. Mais je veux pas… Je voudrais pas qu’il vienne à le regretter. Ou que toi tu le regrettes. » Je considère quelques instants mon interlocutrice, songeur. « Je t'aime Penny et tu as toujours été une mère formidable pour Jude. Jamais je ne regretterais que tu le deviennes officiellement, si c'est quelque chose que toi et Jude voulez vraiment. Au contraire, je vous soutiendrais et j'en serais très fier et heureux pour Jude. » Aussi, je serais plus rassuré que l'autorité parentale revienne à mon épouse qu'à mon ex, Dieu seul savait où elle se trouvait et ce qu'elle fabriquait dans la nature. « Et si jamais vous vous lancez dans cette adoption, je ne sais pas du tout comment ça se passerait. Il faudrait que Lucy renonce à son autorité parentale, et même si je préfère infiniment que ce soit toi qui l'aies et non Lucy, je ne sais pas comment elle réagirait face à une telle demande. » Ecouterait-elle enfin les désirs et besoins de son fils qu'elle a ignoré durant tant d'années ? « Il y a encore du temps pour y penser, » je remarque, rassurant, plaçant sous silence mon inquiétude que tenter de reprendre contact avec mon ex chamboule périlleusement notre quotidien. Je ne lui fais pas confiance et clairement, je juge notre foyer plus sain sans elle dans les parages. J'ai bien entendu réclamé ardemment qu'elle reste dans la vie de Jude les premiers temps suivants son départ aux Etats-Unis, la femme ayant été la personne la plus importante pour le garçonnet, mais confronté à son silence radio, et à force d'adaptation et de soutien pour Jude, j'avais fini par concevoir qu'il était peut-être mieux qu'elle reste à distance. Penny et moi avions construit la stabilité du quotidien de Jude sans elle et je craignais qu'elle puisse tout mettre en péril. Dans un sens, peut-être que mon fils le redoute ainsi et est-ce pour cela qu'il souhaite que Penny devienne officiellement sa mère. « Ca fait des années que je n'ai plus fait de recherches sur Lucy, » j'avoue à Penny. « Au début j'essayais d'obtenir des informations sur elle pour Jude. Je cherchais surtout à savoir si elle était correcte et peut-être où elle travaillait ou où elle habitait exactement. » Bien vite, son numéro australien avait été désactivé et il n'avait appartenu qu'à Lucy de reprendre contact avec son fils. « Puis à force de ne jamais rien trouver, et voyant que Jude se faisait, par la force des choses et avec tout ce qu'on a mis en place pour lui, à son absence, j'ai lâché l'affaire. » Je hausse les épaules dans un geste d'excuse. Je n'ai jamais voulu faillir à mon fils en cessant de rechercher sa mère mais j'ai échoué à cette tâche. « Ca a toujours tenu qu'à Lucy finalement de revenir vers lui sauf qu'elle ne l'a jamais fait. » Etait-elle encore en vie ? Avait-elle refait sa vie ? Apparaîtrait-elle de nouveau dans nos existences par surprise ou croiserions-nous-la inopinément comme il avait pu se produire le jour où j'avais compris qu'elle avait été enceinte de moi et qu'elle élevait notre enfant en m'évincant ? « Mais j'imagine que la justice la retrouverait au besoin. » Je conçois. On ne peut pas disparaître totalement de la surface de la Terre, n'est-ce pas ? « Je pense que si Jude t'en parle, c'est qu'il y aura réfléchi sérieusement, » je reprends après une pause. « Mais il est encore jeune et il ne connait pas la vie comme on la connaît, » je fais avec un sourire en coin. « S'il t'en parle, on pourra voir quels sont ses arguments et s'il mesure bien tout ce que cela implique, au-delà de faire de toi officiellement sa mère, pour être sûr qu'il ne regrette pas, comme tu dis. On l'accompagnera, on fera ce qui est le mieux pour nous tous, si c'est ce que vous voulez et ce qui vous semble juste. » Je promets en entremêlant suavement mes doigts des siens. « Comme toujours. » Nous avions du prendre une quantité incalculable de décisions difficiles Penny et moi au cours de notre vie de couple et de famille mais ultimement, armés de l'objectif premier de faire au mieux pour le bien-être des membres de notre famille, elles nous avaient toujours semblé justes et nous en avions assumé toutes les conséquences. Je ne doute pas que si Jude revient de son camp décidé d'évoquer ce voeu avec Penny, nous saurions aviser avec la même stratégie.

Un simple moment de silence, c’est ce que tu pensais pouvoir partager avec ton mari aujourd’hui, la maison étant vide de tout petit humain âgé de moins de douze ans. Ce à quoi tu as droit plutôt, c’est une discussion que tu ne pensais pas avoir un jour : le désir d’avoir un autre enfant. Tu ne mentais pas à Isaac, le désir d’ajouter à votre tribu n’était pas quelque chose à quoi tu avais pensé dernièrement, mais maintenant que l’idée était plantée dans ton esprit, tu devais admettre que ça ne te paraissait pas aussi fou et insensé que tu l’aurais cru. « Je sais que c’est revenir sur notre décision de s’arrêter après les jumeaux et que c’est bouleverser de nouveau notre quotidien. » Un léger rire t’échappe alors que les souvenirs de vos premières années en tant que parents te reviennent. Les nombreuses nuits sans sommeil, l’équilibre précaire entre votre vie de famille et vos métiers respectifs, le peu de temps qu’il restait réellement pour vous deux, pour votre couple. Mais au travers de ces souvenirs plus hasardeux se cache évidemment tous les merveilleux moments de première fois, les premiers pas de Maia, les premiers mots de Jack, la première dent perdue de Jude et la première fois que Mila t’a dit je t’aime en déposant un baiser bruyant contre ta joue. Toutes ces petites choses qui ne vivent désormais que dans tes souvenirs, tes petits bébés désormais de grands enfants. « Mais notre situation est bien différente de celle qu’on avait à l’époque. Je sais que c’est prendre des risques aussi parce qu’on ne sait pas comment se passerait la grossesse ni comment irait le bébé ni comment il serait accueilli par les enfants. » Tu hoches doucement la tête, laissant chacun des mots de ton amoureux se faire un chemin dans ton esprit. Il y avait beaucoup d’inconnus qui accompagnaient l’idée d’ajouter un autre enfant à votre famille nombreuse, et avec chaque année qui passait, tu étais consciente que les risques de complications augmentaient, autant pour toi que pour un potentiel bébé, mais l’énumération que faisait Isaac n’était pas aussi effrayante que tu l’aurais cru. « Mais les enfants sont plus grands et nous avons l’expérience derrière nous. On est différemment équipés pour accueillir éventuellement un autre bébé. » « C’est vrai. On est rendu des pros du chaos. » que tu laisses entendre avec un léger rire. Vous aviez appris sur le tas, entre les besoins différents de vos quatre enfants, en plus d’ajouter David à votre quotidien dans les dernières années.

Tu n'as pas de réponse à lui offrir dans l’immédiat, ayant besoin de réfléchir à tous les arguments que ton mari venait de délicatement placer dans ton esprit. Tu échappes un soupir lorsque tu sens ses lèvres dans ton cou, tes mains l’agrippant pour le ramener vers toi encore un peu plus, toute distance entre vous te semblant insupportable. « On bousculerait l’équilibre garçon-fille, sauf si tu nous fais encore des jumeaux. » « Techniquement, l’équilibre est déjà chamboulé depuis que David est avec nous. » que tu lui rappelles, votre unité familiale divergeant légèrement de ce qui était considéré comme étant la norme. Mais tu ne changerais absolument rien à ce que vous aviez bâti, Isaac et toi. Quand la question de prendre David en charge s’était présenté à vous, Isaac n’avait eu aucune hésitation, acceptant ton idée de le prendre chez vous comme s’il s’agissait de l’évidence même, t’offrant par le fait même l’un des plus cadeaux qu’il aurait pu te faire, la chance de voir ton frère vieillir à tes côtés. « Tu n’as pas peur qu’ils puissent influencer le choix qu’on aurait fait peut-être fait à deux? » Isaac a un point et tu le lui accordes d’un léger hochement de la tête. « Tu as sûrement raison. Peut-être qu’on pourrait simplement leur en glisser un mot, évaluer leur réaction? » que tu suggères, comme si ta propre décision était déjà faite sans même que tu ne le réalises. Les baisers et les caresses reprennent de plus belle entre Isaac et toi, mais tu es incapable de te laisser pleinement porter par le moment alors que tu continues de t’inquiéter pour l’état de Jude qui semblait émotif avant de partir ce matin.

Tu ne t’attendais pas à ce que les échanges entre Jude et Isaac ne t’impliquent de manière aussi drastique. Jude n’était pas encore un adolescent, mais il avait grandi et vieilli de manière incroyable depuis qu’il faisait partie de vos vies, un petit garçon allumé et brillant, et d’entendre ton mari te témoigner de l’envie du garçon que tu l’adoptes te mettait sous le choc, parce que tu savais que ce n’était pas quelque chose qui avait été dit sans réfléchir. « Moi non plus. Enfin, pas si tôt. Je comprends sa démarche. Il veut que tu sois sa mère sur tous les niveaux, et peut-être qu’il veut aussi être comme son frère et ses sœurs. » Ton cœur se serre à l’entendre. Tu sais que même si vous faites absolument tout pour qu’il n’y ait aucune différence entre Jude et ses cadets, il y a certaines situations qui sont tout simplement hors de votre contrôle. Ces moments rappellent que tu n’as pas les mêmes droits décisionnels sur Jude comme tu les as sur tes enfants biologiques, et tu détestes qu’il puisse se sentir exclus à cause de ces petites choses que tu ne peux pas changer pour lui. Ça se bouscule dans ton esprit, les deux grosses nouvelles faites par ton amoureux ce soir te laissant sans voix. « Peut-être. » réitère ton amoureux lorsque tu mentionnes que Jude pourrait changer d’idée et tu ne sais pas si tu te sens mieux ou pire face à cette possibilité. « Bien sûr. Tu n’as jamais fait de différence entre les enfants. » Tu échappes un soupir, soulagée de l’entendre confirmer dans la bouche de ton mari, même si sur ce point-là, tu ne t’inquiétais pas réellement. Mais ça n’effaçait pas tes doutes, et ce sentiment trompeur que tu n’avais peut-être pas droit à ce titre dans la vie de Jude, puisque quelque part, tu ne savais plus vraiment où, il avait une mère. Celle qui l’avait mis au monde, celle qui avec qui il avait passé les trois premières années de sa vie et dont il ne gardait probablement plus aucun souvenir. Mais elle existait, et peut-être bien qu’un jour elle voudrait revenir, même si de ça, tu doutais un peu plus avec chaque année qui filait à toute vitesse. Et si Jude regrettait que tu l’adoptes? Et si Isaac le regrettait aussi? Tes craintes t’échappent dans un murmure peu assumé, ton regard fuyant temporairement celui de ton amoureux. « Je t’aime Penny et tu as toujours été une mère formidable pour Jude. Jamais je ne regretterais que tu le deviennes officiellement, si c’est quelque chose que toi et Jude voulez vraiment. Au contraire, je vous soutiendrais et j’en serais très fier et heureux pour Jude. » Un mince sourire s’étire sur tes lèvres à l’entendre, rassurée et éternellement reconnaissante du soutien qu’Isaac savait te donner dans toutes les sphères de votre vie. « Et si jamais vous vous lancez dans cette adoption, je ne sais pas du tout comment ça se passerait. Il faudrait que Lucy renonce à son autorité parentale, et même si je préfère infiniment que ce soit toi qui l’aies et non Lucy, je ne sais pas comment elle réagirait face à une telle demande. Il y a encore du temps pour y penser. » « Comme tu dis, il faudrait déjà retrouver Lucy pour pouvoir se permettre de se lancer dans un tel processus. » Et vu le silence radio des six dernières années, ce n’était pas une chose gagnée d’avance avec la Ersley.

« Ça fait des années que je n’ai plus fait de recherches sur Lucy. Au début, j’essayais d’obtenir des informations sur elle pour Jude. Je cherchais surtout à savoir si elle était correcte et peut-être où elle travaillait ou où elle habitait exactement. » Il y a longtemps que le nom de Lucy n’était pas venu se glisser dans vos discussions. Elle qui avait chamboulé vos premières années de couple par ses mensonges et son abandon, son absence était devenue une constante dans vos vies depuis plusieurs années maintenant. « Puis à force de ne jamais rien trouver, et voyant que Jude se faisait, par la force des choses et avec tout ce qu’on a mis en place pour lui, à son absence, j’ai lâché l’affaire. Ça a toujours tenu qu’à Lucy finalement de revenir vers lui sauf qu’elle ne l’a jamais fait. » « Même après tout ce temps, ça me brise le cœur de penser à ça. À tout ce qu’elle a manqué depuis qu’elle est partie. » Des tas de premières fois, des tas de souvenirs que Jude a dû créer sans la présence de sa mère. Autant tu avais adoré jouer un rôle primordial dans la vie du petit garçon, jamais tu n'aurais pu lui souhaiter de grandir sans sa mère, sans cette présence si essentielle dans la vie de tout enfant. « Mais j’imagine que la justice la retrouverait au besoin. » Un soupir t’échappe, tu imagines déjà la paperasse infinie que cela pourrait être, si vous décidiez de mettre ce plan en branche. « Est-ce que Jude réalise, que si on fait cette demande, on risque de ramener Lucy dans le portrait? » À quel effet? Il était impossible de le prédire. Allait-elle accepter de céder son autorité parentale sans faire de vagues, ou bien allait-elle décider de revenir dans vos vies de la même manière dont elle en était sortie, en créant des séismes partout sur son passage? « Je pense que si Jude t’en parle, c’est qu’il y aura réfléchi sérieusement. Mais il est encore jeune et il ne connaît pas la vie comme on la connaît. S’il t’en parle, on pourra voir quels sont ses arguments et s’il mesure bien tout ce que cela implique, au-delà de faire de toi sa mère, pour être sûr qu’il ne regrette pas, comme tu dis. On l’accompagnera, on fera ce qui est le mieux pour nous tous, si c’est ce que vous voulez et ce qui vous semble juste. Comme toujours. » Pour toute réponse, tu lui offres un sourire reconnaissant, avant de délier vos doigts pour mieux venir passer tes mains derrière son cou, te redressant dans le lit de manière à venir passer une jambe autour de ses hanches, te retrouvant assise à califourchon sur lui. « Qu’est-ce que je ferai sans toi et ta sagesse infinie? » que tu viens murmurer contre ses lèvres avant de l’embrasser tendrement. Ta bouche dévie légèrement, venant laisser une traînée de baisers contre sa mâchoire avant descendre le long de son cou, savourant chaque parcelle de peau mise à ta disposition. « Ça s’arrête jamais chez les Jensen, hein? » Ton rire vient vibrer contre le cou de ton mari, alors que tes doigts viennent se s’entremêler dans ses cheveux, tirant légèrement pour lui témoigner ton envie grandissante de reprendre là où vous vous êtes arrêtés avant que tu ne mentionnes votre aîné. « Peut-être qu’il faudrait qu’on pratique, au cas où l’on voudrait vraiment s’essayer pour un autre enfant. » que tu lui offres d’une voix pleine de malice, capturant à nouveau ses lèvres d’un baiser passionné.