it doesn’t have to be a world away
Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Tu prends quelques libertés dans ton récit, t’omets volontairement les pires parties et tu partages les quelques trucs pas trop honteux. T’évites d’évoquer tout ce qui concerne la drogue et à quel point c’est pire qu’avant, t’évites de parler de tes fréquentations, bref. Tu lui épargnes le plus gros. Elle te presse pas, pose pas plus de questions et affirme comprendre. T’as pas besoin de plus. Après un moment, tu désamorce et tu dois bien avouer être d’accord. T’acquiesces en soufflant un rire nerveux. Sydney aurait été carrément mieux, oui. Peut-être qu’un jour t’iras pour de vrai, genre pour faire du tourisme ou quelque chose comme ça. Peut-être avec Mac, même. Quand t’auras de l’argent à dépenser quoi.
Tu t’attardes pas et tu changes rapidement de sujet, tu confesses des trucs évidents sur Margot. Rien de bien surprenant en vérité. Sûrement qu’en tant qu’individu, t’aurais pu l’apprécier, après tout jusqu’à preuve du contraire c’était une fille tout à fait charmante et gentille. Mais t’arrivais pas à voir au-delà de ses mains posées sur Mac, ou de sa façon de la regarder. Alors t’as juste décrété pas l’apprécier pour le principe. « J’ai jamais trop aimé partager, c’est pas ma faute. » tu dis ça le plus naturellement du monde, comme si Mac était ta propriété et que tu te retrouvais à devoir la prêter aux autres. Ça a toujours été assez implicite avec vous. Les échanges de regards qui en disaient long, vos mains qui semblaient toujours se toucher d’une manière ou d’une autre, presque tous les secrets partagés… Alors quand Margot a débarqué, t’as eu l’impression qu’elle prenait ton rôle. Avec le recul tu sais que tu voulais être à sa place, que tu voulais faire plus que juste parfois tenir la main de ta meilleure amie de l’époque. « Je crois… J’étais juste vraiment trop flippée à l’idée de foirer un truc et de prendre le risque de perdre la seule personne qui comptait pour moi. » et au final, c’est bien ce qui s’est passé mais pas pour ces raisons là. Tu fermes les yeux, profitant juste de cette proximité apaisante et tu secoues la tête quand elle dit qu’au pire il est encore possible de stopper là. « T’arriverais à faire comme si de rien n’était ? Parce que moi non. » ou peut-être que si, parce que t’as toujours été douée pour ne pas exprimer tes sentiments et que t’as passé un peu trop de temps à faire comme si tout allait bien alors que t’es juste complètement bousillée à l’intérieur. A son tour, Mackenzie avoue que son plan de base, c’était de te rendre jalouse. Et elle a vraiment réussi son coup. Un peu trop, peut-être. Tu l’écoutes sans l’interrompre, bien mal placée pour juger ses intentions. Sous son haut, tes doigts glissent dans le bas de son dos où ils recommencent machinalement à tracer des motifs aléatoires. Elle a aimé Margot pour de vrai, et si ça fait mal à entendre, tu peux comprendre. « T’as été heureuse avec elle ? » la question sort doucement, presque un peu timidement. « C’est pas une question piège. » tu précises en te rendant compte de quoi ça peut avoir l’air ce genre d’interrogation. Qu’elle réponde oui, c’est vraiment tout ce que tu peux espérer, et tant pis si c’était pas avec toi. Tant mieux aussi, peut-être. « Je t’en veux pas d’avoir eu envie d’aller de l’avant, tu sais ? » tu peux t’en prendre qu’à toi même, t’as eu mille occasions de répondre à ses sentiments et tu l’as pas fait par pure couardise, sous couvert d’excuses bancales. « D’une certaine façon ça me rassurait de savoir que t’étais pas toute seule. » même si c’était dur à accepter. Tu peux prétendre que ça te suffisait de la savoir aimée, mais ça serait mentir encore une fois. Elle avoue que Margot t’appréciait pas trop non plus, et c’est pas tellement une surprise vu la qualité de vos échanges. Tu ris doucement en secouant la tête. « J’m’en remettrai je pense. » y a l’avis que d’une personne qui n'a jamais compté à tes yeux. L’appréciation des uns et des autres, c’est pas tellement ton souci. « Et j’aimais pas tellement mes exs non plus. » aucun d’entre eux n’était intéressant. Aucun d’entre eux n’était la bonne personne pour toi, t’as jamais laissé le temps à de vrais sentiments de se développer. Le coup de la lettre te surprend et te fait rire. T’écartes un peu ton visage pour chercher son regard. « Quoi ? » cette révélation là, tu t’y attendais pas vraiment. Ca te fait sourire en grand et tu trouves l’aveux touchant. « Tu l’as toujours ? Parce que maintenant j’ai très envie de lire. » elle en a trop dit, t’as besoin de savoir du coup. « Promis je dirai rien à ton père. » tu doutes qu’il soit ravi de te revoir traîner autour de sa fille, de toute façon. Pour le moment, vous savez pas trop dans quoi vous vous engagez. Peut-être dans rien, peut-être dans tout. C’est pas un truc que vous pouvez découvrir ou décider en quelques heures. Si jamais tu doutes un seul instant, c’est plus le cas quand elle t’embrasse. « On verra. » tu répètes dans un souffle en hochant la tête. T’as pas envie de penser à ce qui va se passer si jamais vous vous rendez compte que ça fonctionne pas et que ça mène à rien. T’as pas envie que ça devienne une foutue tragédie à la Roméo et Juliette. « Je demande pas mieux que rester avec toi mais je dois vraiment rentrer ce soir. » en toute honnêteté, t’es pas certaine de fermer l’oeil si jamais tu restes dormir ici. « On peut rester encore un peu comme ça ? J’ai pas envie de repartir maintenant. » tu retrouves ses lèvres, puis sa gorge et tu descends jusque sa clavicule. Toutes ces sensations nouvelles, tu t’en lasseras jamais. « Demain soir ? J’termine genre à vingt-deux. On pourra… J’sais pas, on peut cuisiner un truc et même regarder ton film avec Lohan si tu veux. » ta connaissance cinématographique s’arrête probablement à ce fameux film, d’ailleurs. Tu prends jamais le temps de regarder quoi que ce soit par toi-même. Tu proposes sans doute rien d’extraordinaire, ça ressemble à une soirée de gamines de treize piges, mais tu veux juste pouvoir être avec elle et profiter de la retrouver.

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@Spencer Blackwell & Mac Sutherland  

J'arriverais sûrement, parce que j'ai passé deux ans à faire comme si de rien n'était aux yeux du reste du monde, j'ai ravalé ma peine et ma rage sans rien laisser paraître à quiconque sauf Marlon. Mais je ne te le dis pas, je me contente d'un « ouais, j'sais pas » un peu tiède, parce que je n'ai pas envie de remuer le couteau. Tu t'en veux suffisamment pour que je ramène à nouveau le sujet alors qu'il n'a rien à faire là. Tu me demandes si j’ai été heureuse et je sais pas quoi te dire, honnêtement, parce que je pense pas avoir été autant au fond d’un gouffre que ces deux dernières années, et c’était pas à cause de Margot. Elle a subi plus qu’autre chose. « J'ai pas été malheureuse, quoi », je réponds, toutes mes réponses sont devenues sans saveur parce que la vérité est plus moche et que je n'ai pas envie de la sortir, pas maintenant, pas avec toi. Mais t'enchaînes sur le fait que t'étais contente que je sois pas seule, ou rassurée, j'en sais trop rien ; ça me fait tiquer, parce que toutes ces conneries de mieux vaut seul que mal accompagné, ça m'aurait peut-être servi de les écouter à l'époque. À moins que me faire pousser une paire soit suffisant pour que je revienne en arrière et que j’avoue à Margot que notre relation ne m’épanouissait pas, avant qu’elle tourne au vinaigre et qu’on se rende mutuellement malheureuses. « Écoute, j'ai pas été heureuse avec elle. Je l'ai trompée. Plusieurs fois. » Voilà, c’est dit, au moins tu sais. « Pas mal de fois. » Rajoutons-en même. Sache qu'elle n'était rien comparé à toi et qu'il m'a fallu tromper l'ennui ; sache surtout quel genre de personne j'ai été avec elle parce que je me permettais le pire. Tu n’as rien à blâmer sur elle, ni à lui envier. Ca me fait honte, plus que je ne l’admettrais. Mais, ouais : partons du postulat que je voulais aller de l’avant, que j’ai bien fait d’avancer ; gommons le fait que pas une fois je n’ai été correcte avec elle parce que j'excusais tout sur ma souffrance. Au moins je n'étais pas seule. Elle, en revanche…
Mais oublions : t'es là, après tout, dans mes bras, les mains sur mes hanches et sur mon dos tour à tour, c’est toi que je veux, c’est à toi que je pense. Y a que toi toi toi partout et les astres s’alignent quelque part, je suis sûre. Je te parle de cette fameuse lettre rédigée de ma plus belle plume Diddl qui sent la fraise quand on était gamines et, forcément, tu te marres. « Ca…faudra me passer sur le corps. » Tu pourrais le faire, je m’en fous. Ca m’arrangerait, même. « Ca doit être chez mon père, j’lui demanderai s’il a toujours mes affaires. » C’est le genre de trucs qu’on perd facilement ou alors qu’on a toujours au même endroit dans sa chambre de gamin, jamais touchée, préservée comme un trésor. Fifty/fifty. « T’es beaucoup trop contente de savoir que t’étais mon ultime crush d’ado », je proteste, faisant la moue. Non, mon père t’aime pas ; on est pas le genre de familles à beaucoup communiquer, disons que je communique surtout pour deux parce que je sais pas la fermer et qu’il s’en contente parce qu’il a la flemme. Il a entendu que des bribes sur toi, pas des meilleures j’avoue, mais s’il m’a frappée à l’arrière du crâne plus d’une fois parce que je proférais trop d’insultes, il n’en a jamais rajouté lui-même. Mais comme on le convient, on verra : pas besoin qu’il sache, ni que t’es de retour ni que t’es de retour comme ça dans ma vie.
« Rentrer ? Pour le taf ? T’as pas besoin de taf. Qui a besoin d’argent ? Personne. » Le slob endormi que je suis marmonne dans tes cheveux alors que je te serre toujours contre moi, pas résolue à te laisser partir. Je t’ai pas dit, en fait, mais c’était un leurre, je comptais jamais te laisser partir. Je suis bien satisfaite que tu veuilles rester, aussi ; instinctivement ma main retrouve ta nuque alors que tes lèvres descendent jusqu’à ma clavicule. Un soupir m’échappe ; j’ai plus jamais envie que tu partes. « Fais pas ça », je proteste, sinon c’est sûr, je vais jamais te laisser rentrer, je force tes lèvres à retrouver les miennes et je tremble presque qu’on ne soit pas plus proches. « Un film. Ok. » J’ai la libido d’un ado en colonie de vacances avec des modèles Victoria’s secret en poster dans sa chambre. « Allez viens, j’te ramène », je me sors de mon état en me secouant, descendant de mon perchoir pour quitter à regret tes bras. « Sinon j’vais jamais te laisser y aller. Tu m’rends dingue. » De la pire à la plus agréable des façons. Je me dépêche de choper une veste et mes clés, je te les balance en pleine gueule pour pas te laisser d'autre choix que de les prendre ; je prendrai mon propre double, je m'en fous, j'ai un super chien de garde pour assurer l'intérim. « Vamos, sinon j'aurai la flemme de te ramener. » Ne te méprends pas : c'est tout sauf de la flemme.
On a à peine parlé sur le chemin du retour, moitié tristes moitié crevées des évènements. Je te dépose en bas de l'adresse que tu m'as indiquée ; ça va pas trop craignos, ça a l'air d'être un coin chic, loin de la périphérie crade, t'as même du double vitrage et un frigo séparé du congélateur, je suis sûre. Je t'ai dit que je voulais pas te fliquer, mais ça me rassure quand même. « Demain, alors ? » Je me tourne vers toi, tête collée à mon appuie-tête, demain ça me paraît si proche et si loin à la fois. « Tu disparais pas avec mon chien, hein. » Et je me penche pour t'embrasser parce que ça fait trop longtemps. Déjà. On est foutues.

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Spencer Blackwell & @Mac Sutherland

Elle a aussi ses démons, Mac. T’as sans doute touché une corde sensible et t’aurais mieux fait de t’abstenir. Si au début elle élude un peu la question en y répondant de façon détournée, elle finit par confesser les tromperies. Surprise, tu l’observes en silence sans savoir quoi lui dire. Pourquoi, avec qui, combien de fois, depuis quand, c’est toutes ces interrogations qui t’assaillent soudainement et si t’as envie de les poser, ce n’est probablement pas le moment. Tu ne vas clairement pas la blâmer d’avoir agi de la sorte, ça serait un peu l’hôpital qui se fout de la charité vu ton pédigrée et surtout vos activités de la journée. Ça ne te fait pas l’aimer moins, ça te pousse seulement à te demander si c’est le genre de chose qui serait arrivée si t’avais pas été aussi fermée à l’époque. Encore un truc que vous ne saurez jamais et que tu préfères enfouir sous le tapis pour ne plus y penser. Elle a pas l’air tranquille avec l’idée de ce qu’elle a fait, son regard se fait fuyant et à défaut de la rassurer avec des paroles incertaines, t’embrasses sa joue. Puis vous faites ce que vous savez faire de mieux, changer de sujet et fuir les sujets qui fâchent. Vous avez chacune vos problèmes et qui sait, peut-être qu’avec du temps vous arriverez à les laisser derrière pour de bon.
Elle te parle de sa lettre et tu trouves l’idée beaucoup trop adorable pour ne pas réagir. Tu l’imagines très bien venir un matin en cours avec le papier, prête à te le donner avant de voir ta mine renfrognée à propos d’une connerie débile. Tu te moques gentiment en prétendant vouloir la lire si jamais elle remettait la main dessus. T’espères vraiment qu’elle pourra la retrouver et que si c’est le cas, elle ne la fera pas disparaître. Ca te fait d’autant plus rire lorsqu’elle avoue basiquement que c’était toi son crush d’ado. Prends ça, Lindsay Lohan. Toi, tu prends ta fierté où tu peux, même dans des confessions de ce genre là. Alors ouais, t’es contente de savoir ça, aussi. Tu pourras lui ressortir pour l’embêter et tu vas pas te gêner pour le faire à la première occasion.
Tu secoues la tête face à son attitude. Elle est épuisée et fait tout pour rester éveillée et merde, tu t’en veux un peu de la garder debout pour rien. « Déconne pas, pour une fois que j’ai envie de garder un job. » Ça t'arrache le cœur de décliner sa proposition de rester là pour la nuit. Mais c’est sans doute mieux pour vous si vous tenez vraiment à y aller doucement. En attendant de rentrer, tu prends ce que tu peux, tu te rappelles ce que ça fait de l’avoir dans tes bras et surtout, tu mémorises la moindre de ses réactions lorsque tes doigts tracent un endroit ou que tes lèvres en touchent un autre. Elle râle mais pas vraiment, t’invite à revenir à ses lèvres pour éviter tout dérapage vu la zone dans laquelle tu te trouvais juste avant. C’est noté dans un coin de ton esprit. Tu souris contre elle lorsqu’elle se manifeste au sujet de ta proposition pour le lendemain. A tous les coups, vous verrez pas grand chose du foutu film. Tu grommelles à l’instant où elle est prise d’un moment de lucidité et qu’elle trouve même la force de se lever. « J’peux prendre un taxi- » tu marmonnes, surtout histoire d’éviter qu'elle n'ait pas à prendre la route alors qu’elle est crevée, tout ça pour te faciliter la vie. Tu marches encore un peu au radar malgré tout, alors les clés qu’elle te balance se retrouvent forcément à terre après que t’ai pas su les rattraper. Elle te presse presque et toi tu traînes les pieds en allant récupérer ton portable presque pas chargé et tes vêtements de la veille laissés dans un coin. Dans une poche y a tes clés et tu les balotes avec les siennes.
Y a tout un tas de trucs qui te passent par la tête pendant le trajet. Tout ça, t’as encore du mal à y croire. Merde, y a encore moins de vingt quatre heures, vous vous engueliez par messages énervés. Par moments, tu jettes des regards inquiets dans sa direction, te disant que cette situation là est trop belle pour durer. T’es pas tranquille et tu commences à avoir mal au crâne en plus d’avoir trop chaud. Foutu été australien. Puis tu regardes par la fenêtre et tu repenses à cette nouvelle façon que vous avez de vous découvrir, souriant comme une idiote. T’as l’impression d’avoir quinze ans et de pas savoir quoi faire avec ton crush du moment. Trop vite, vous arrivez à destination. Au moins elle peut constater que t’as pas raconté de conneries sur l’appart. Enfoncée dans son siège, elle regarde dans ta direction. « J’t’envoie un message quand je termine mon shift. » le tout étant de savoir si tu vas sortir à l’heure, c’est pas rare de faire un peu d’extra-temps. « La prochaine fois je demande une rançon. » tu plaisantes en détachant ta ceinture, allant à sa rencontre pour lui rendre son baiser. Tu traînes encore un peu sur ses lèvres avant de t’écarter doucement. « Merci pour aujourd’hui. » désolée pour hier. « On se voit demain, fais attention en rentrant. » tu souffles avant d’enfin te décider à ouvrir la porte et sortir. T’as vraiment envie de lui dire de monter, mais tu sais que ça serait pas raisonnable du tout. Alors tu te contentes de lui adresser un sourire en réajustant ton hoodie trop grand et en te dirigeant vers l’entrée de l’immeuble. Tu sais pas dans quoi vous êtes engagées, là. Et ça te fait sacrément flipper l’air de rien.