C’est avec amour qu’elle la regarde. Son regard est incapable de détourner son attention de Chloe depuis qu’elle l’a retrouvée la veille. Zoya s’est gardée d’annoncer la nouvelle à tout le monde, se gardant égoïstement sa fille pour elle et elle seule dès le moment où elle a refermé la porte de son loft, derrière Freddy. Elle ne sait combien de bisous et d’étreintes elle a offert à sa fille, combien de temps elle a passé avec elle à jouer mais elle a profité de chaque instant. Et elle compte le faire désormais quand elle a pris conscience que le temps était précieux, surtout quand ces deux derniers mois sans elle lui ont paru être une éternité. Même si elle est consciente qu’il y aura tout autant de hauts que de bas, elle veut tout faire pour réussir dans cette responsabilité qu’elle est désormais prête à endosser comme il se doit, cette responsabilité de mère qui, jusqu’à là, elle a été incapable de tenir. Cette nuit, elle a été incapable de fermer l’œil, et s’est endormie sur le rocking chair dans la chambre de Chloe qui dormait paisiblement dans son lit. Sûrement la peur de se réveiller et de se rendre compte, qu’une fois de plus, ce n’était qu’un rêve. La peur de se réveiller et de se rendre compte que Freddy continuait de la priver de sa fille. Pourtant, quand elle a été réveillée ce matin-là avec les pleurs de Chloe, elle s’est rendue compte que ce n’en était pas un… Elle s’est rendue compte que la petite fille de onze mois était bien présente dans son lit, en chair et en os, et d’autant plus quand ses cris sont arrivés jusqu’à ses oreilles. Et si, auparavant, ceux-ci la faisaient grimacer, cette fois, c’est presque avec un fin sourire qu’elle s’est dirigée vers elle pour la prendre dans ses bras et la calmer… Et ça a, semble-t-il, porté ses fruits.

Zoya est installée dans son canapé, avachie dans celui-ci alors que sa fille se trouve sur elle, dans la même position. Et alors que Chloe mâchouille et bavouille sur ce pauvre koala offert par Deklan, Zoya voit justement un post instagram de ce dernier. Un post qui ne manque pas de la faire sourire avant qu’elle ne se redresse, réhaussant Chloe sur ses genoux « Qu’est-ce que tu dirais mon petit cœur si on allait voir tonton Dek ? Hm ? ». C’est un sourire que sa fille lui offre, comprenant très certainement rien à ce que sa mère peut bien lui raconter. Mais Zoya prend ça pour un oui, commente le post de son frère et se lève aussitôt pour quitter le loft et prendre la direction de Spring Hills pour se rendre chez son ainé.

C’est trois coups qu’elle vient à frapper sur la porte et alors qu’elle entend déjà Malibu aboyer derrière, Zoya s’armure d’un fin sourire sur ses lèvres. Elle imagine déjà la réaction de son frère lorsqu’il posera son regard sur elle, et surtout sur Chloe, sa nièce qu’il aime tant et qui lui a tant manqué pendant ces deux longs mois. Zoya est consciente que, malgré tout, Dek’ lui en veut certainement d’avoir agi de la sorte et en venant lui rendre visite, aujourd’hui, elle cherche aussi à lui prouver qu’elle est prête à agir comme une adulte responsable et est surtout prête d’être la mère qu’il se doit auprès de Chloe « Surpriseeee » dit-t-elle doucement alors que son frère vient à ouvrir la porte.

« Rooh la ferme Mal’ ! » C’est son frère qu’elle entend derrière la porte et cela ne manque pas de la faire sourire. Pourtant, il y a cette boule qui se crée dans le creux de son estomac. Il n’y a pas de raison quand sa visite est porteuse de bonne nouvelle aujourd’hui, mais cette réaction est presque automatique depuis des semaines, depuis cette décision idiote qu’elle a pu prendre. Cette décision qui lui a coûté, manquant de ne plus jamais récupérer sa fille alors que Freddy ne voulait plus lui rendre. « Oh God ! » Il ouvre la porte et, comme elle lorsque l’acteur s’est présenté sur le pas de sa porte la veille, ses yeux sont automatiquement tombés sur la silhouette du bambin. L’étreinte que son frère lui offre, à elle et à Chloe, la font sourire, la soulage aussi quand elle voit à quel point son frère est aussi heureux de retrouver sa nièce « Bah alors ma princesse ! T’es de retour ? Bah voui ! On est bien là ! » La voix qu’il emprunte laisse échapper peut-être un petit son moqueur de la bouche de sa sœur qui reste silencieuse cependant « T’as des choses à me raconter ! Allez, entrez ! » Elle acquiesce machinalement d’un signe de tête, le sourire toujours présent sur ses lèvres et pénètre dans la maison de son frère.

« Tu veux quelque chose à boire ? » Elle prend place alors sur une chaise, Chloe toujours dans ses bras, qu’elle place en position assisse sur ses genoux, face à la table « Un verre d’eau fera l’affaire ». Il fait chaud encore à cette période de l’année et son déplacement train plus bus lui a évidemment donné soif. D’ailleurs, elle tend aussi le biberon de sa fille à son frère pour qu’il lui mette de l’eau fraîche à elle aussi. Lorsqu’il revient, elle le remercie et donne le biberon à Chloe qu’elle admire presque en train de boire son biberon d’eau seule. « Je suis si heureuse, Dek’ » de l’avoir retrouvé s’entend « Freddy est venu chez moi hier… avec Chloe. Il m’a dit qu’elle avait besoin de sa mère malgré tout et c’est pour cette raison qu’il a capitulé » parce que la bataille a été rude et c’est aussi un autre Freddy qu’elle a découvert la veille, des secrets sur son passé révélés mais qu’elle gardera pour elle, par respect pour lui et son histoire « Tu veux la prendre ? » Un sourire apparait sur ses lèvres alors que la petite Chloe sourit continuellement à son oncle qu’elle n’a pas vu depuis plus de deux mois « Je crois qu’elle a très envie de retrouver les bras de son tonton Dek ». Et sans vraiment attendre de réponse de sa part, Zoya se lève alors pour lui donner la petite « Elle était si heureuse de retrouver Mister Koala aussi », sa peluche favorite, celle offerte par Deklan à sa naissance.

« Il a retrouvé la raison le p’tit ! » Il semblerait et Zoya ne peut qu’acquiescer légèrement en ayant sa tête penchée sur le côté alors qu’elle n’a d’yeux que pour sa fille. Elle est heureuse de l’avoir enfin dans ses bras, d’avoir pu retrouver sa présence dans son loft qui paraissait si vide sans elle et évidemment, Zoya est reconnaissante envers Freddy. Ils ont longuement parlé elle et lui, à propos de leur fille mais aussi ce nouveau rôle de parents qu’ils ont désormais la responsabilité d’endosser et surtout de tenir. « Bien sûr ! » Zoya propose à Deklan de prendre sa nièce dans les bras. Elle n’a pas de mal à la laisser dans les bras de son frère, en qui elle fait une confiance aveugle alors qu’elle pourrait craindre qu’on l’éloigne d’elle à nouveau… même si désormais, il n’y a plus aucune raison… « Evidemment, je suis le meilleur ! » Zoya pouffe légèrement de rire, haussant les épaules « Tu as de la chance que Zeke et Cam’ ne soient pas là » parce qu’évidemment, ils ne manqueraient pas à se battre le titre de meilleur tonton pour Chloe. Un problème que Zoya n’a pas puisque, pour Hannah, elle peut s’attitrer le titre de meilleure tata sans craindre une quelconque concurrence et chamaillerie avec qui que ce soit, étant donné qu’elle était la seule fille de la fratrie – bien que Cameron ne manque jamais de la qualifier de pire tante du monde juste pour la faire chier, comme toujours. « Le meilleur doudou pour la meilleure des nièces ! » . Zoya regarde son frère et sa fille d’un air attendri, sourire aux lèvres alors qu’il la fait légèrement sautiller ce qui lui laisse échapper des petits rires par moment. « C’est quoi le plan maintenant ? Avec Freddy ? Et toi, avec Chloe ? Comment tu te sens ? » . Les questions de son frère ne la surprennent pas et si elle pourrait s’en offusquer, elle ne le fait pas, consciente qu’elle doit prouver désormais être capable d’endosser comme il se doit ce rôle de mère. « Avec Freddy, il m’a demandé d’apparaitre désormais sur l’acte de naissance de Chloe. Et c’est ce que je compte faire… » Il fait désormais partie de sa vie et il est normal qu’il le soit officiellement « Et bien sûr, il a tout autant le droit que moi d’avoir Chloe… On va essayer de faire en sorte de trouver un juste équilibre pour elle. Je ne tiens plus à le tenir éloigné de Chloe, de toute façon… ». Un discours qui a bien changé, elle qui pourtant voyait en Freddy un incapable dans ce rôle de père. Mais c’est peut-être la prise de conscience de leurs similitudes évidentes qui pousse Zoya à reconsidérer son opinion sur le père de sa fille « Je ne merderai plus, Dek’ » parce que, finalement, c’est  ce qu’il cherche à savoir quand il lui demande quels sont ses plans à propos de Chloe « Je ne la laisserait plus et je ne fuirai plus devant le moindre obstacle… » elle marque une pause avant d’ajouter « Et surtout… je n’hésiterai plus à appeler à l’aide » parce qu’elle a pu le faire mais de la mauvaise façon, en laissant la petite dans les bras de ses proches et prenant la fuite, comme avec Trent en novembre dernier. Mais désormais, elle assumera ses angoisses, celles qui l’ont longuement animé et qu’elle a gardé pour elle « Je me sens soulagée et à la fois… je ne sais pas… je veux plus décevoir qui que ce soit… » à commencer peut-être par Chloe, sur qui elle pose un regard triste.  

« Attendons qu’elle sache parler et la vérité sera rétablie ! » La remarque ne manque pas de faire sourire Zoya, qui tourne doucement la tête de gauche à droite, comme dépitée par cette compétition entre ses frères pour savoir lequel des trois est le meilleur oncle pour Chloe.

« Tu as raison de lui donner une chance, comme tu dis, c’est le père de Chloe et on ne peut pas retirer la chance à Chloe de grandir avec un père. J’espère juste qu’il se foutra pas de ta gueule et qu’il saura prendre ce rôle à cœur. » La deuxième du clan Lewis comprend très bien les réticences de son frère à l’égard de Freddy. Elle en a tout autant, mais elle se sent désormais mal placée pour dire qu’elle vaut mieux que lui, après ce qu’elle a pu faire en décembre dernier. « Je l’espère aussi… Mais ça lui tient à cœur d’être dans la vie de Chloe, il me l’a très bien fait comprendre… et je le crois » Elle espère bien évidemment ne pas se tromper, sait aussi que la tâche de coparentalité quand ils ne se connaissent finalement que très peu ne sera pas aisée, mais, comme elle lui a elle-même dit la veille, elle veut qu’ils fassent tout pour Chloe. Parce qu’il n’y a que son bonheur qui compte, désormais.

« Je suis ravi de l’entendre. » Zoya cherche à rassurer son frère, expliquant qu’elle ne fera plus jamais une telle erreur et qu’elle ne fuira plus les responsabilités qui lui incombent désormais. Parce que la jeune femme en a assez de décevoir ses proches, estimant l’avoir suffisamment fait ces derniers mois, et se promet de ne plus le faire « Personnellement, tu ne m’as pas déçu. » Il a toujours cette voix apaisante, ce ton réconfortant dont Zoya ne pourrait se passer. Il a toujours eu le rôle de ce frère protecteur avec elle, celui qui s’est toujours soucié de son bien-être et avec qui elle ne se souvient pas s’être déjà disputée – si ce n’est pour des broutilles sans importance. Alors, cette remarque qu’il lui fait vaut tout l’or du monde pour elle… C’est un sourire ému qu’elle lui offre en guise de réponse, même s’il y a cette part de gêne car elle estime ne pas le mériter… « J’ai juste eu très peur pour Chloe. ». Elle acquiesce doucement, sait qu’elle n’a pas été prudente avec sa fille, et s’en veut suffisamment. Elle comprend la crainte de son père et s’en veut de ne pas avoir eu ce recul avant d’agir sur ce coup de tête qui lui est bien caractéristique…

« Mon ballon ! ». Il s’envole. Il part loin le ballon avec le vent qu’il fait aujourd’hui. Elle était si heureuse Zoya d’avoir eu ce ballon offert par un des serveurs du restaurant dans lequel ils ont mangé avec Deklan, Cameron et ses parents. Imaginez alors sa déception quand elle le voit partir de plus en plus loin. Il a fallu une seconde d’inattention pour que l’unique fille de la fratrie s’échappe. Papa est occupée avec Cameron qu’il change à la vue de tout le monde sur un banc du parc Sea World dans lequel la petite famille se trouve aujourd’hui. Maman est occupée avec Deklan qui lui montre du doigt « C’est pas bien Deklan de montrer du doigt » son surfeur favori qu’il aperçoit au loin. Le dos tourné donc, une seconde d’inattention et c’est suffisant pour que Zoya prenne la poudre d’escampette. Elle ne voit que son ballon rouge qui poursuit sa route, lance des « Hey reviens », pensant sincèrement qu’il va l’écouter et court de plus en plus vite – enfin tout est relatif pour une enfant de cinq ans. Plus elle avance Zoya, moins elle le voit son ballon. Enfin, si elle le voit, mais très haut dans le ciel. Elle finit par s’arrêter, se résigner et… se met à pleurer.  « Qu’est-ce qui ne va pas petite ? Où sont tes parents ? » lui demande alors un employé du parc. « Je… je… mon ballon… il… il… Mamaaaaaaaaaannnnn » entre le ballon qui a disparu totalement et le fait qu’elle prenne conscience qu’elle a perdu ses parents, c’est une Zoya hurlante que l’on entend au loin… Au point que  « Zoya on te cherchait partout avec papa et maman ! Faut pas que tu partes comme ça, tu nous a fait peur… J’ai eu peur » s’exclame alors Deklan, son grand frère de onze ans. Elle se jette dans les bras de son frère qui la serre très fort contre elle «  Pardon, Dek’, je voulais mon ballon. Je le ferai plus » « Ce n’est rien Zozo, je ne t’en veux pas. Aller viens » et c’est main dans la main qu’ils partent retrouver leurs parents qui seront évidemment ravi de retrouver une Zoya saine et sauve… sans ballon.


Les souvenirs d’enfance refont surface et Zoya prend conscience de cette chance qu’elle a eu de grandir dans une famille aimante. La chance qu’elle a d’être aussi bien entourée et sent son cœur se serrer alors qu’elle retrouve le regard de Deklan « Tu sais que je serai toujours là Zozo ? Si t’as besoin d’aide, si t’as besoin de parler, si t’as besoin de te reposer aussi… T’es la bienvenue ici. » . Là encore, elle hoche doucement, laissant un silence s’installer quelques instants avant de finalement le briser « Merci Dek’… », elle est émue et ça s’entend jusque dans sa voix « Merci de toujours croire en moi malgré toutes ces putains de conneries que je peux faire… » parce qu’on ne pouvait pas direle contraire avec la dernière en date, et celle d’avant n’était pas des moindres également, celle où elle a laissé Chloe dans les bras de Trent, disparaissant pendant une semaine sans donner de nouvelles « Je ne voulais pas faire de mal à Chloe… Jamais, je ne lui en ai fait et jamais je ne pourrais lui en faire » C’est la main de sa fille dont elle se saisit délicatement alors que celle-ci regarde sa mère avec un petit sourire « Je veux juste le meilleur pour elle… Mais j’ai peur Dek… J’ai peur de ne pas être à la hauteur… » Ses yeux embuées de larmes finissent par couler le long de ses joues « Je veux être cette mère qu’elle mérite mais… j’ai peur de ne pas y arriver… » c’est dur pour elle de prononcer les mots et pourtant, de la sorte, elle crie à son frère qu’elle a besoin d’aide, qu’elle a besoin d’être épaulé. Mais elle ne veut pas s’imposer, malgré la proposition qu’il vient de lui faire, peut-être aussi qu’il y a une part de fierté qui entre en jeu, ne voulant pas reconnaitre ce besoin urgent d’être entouré afin d’aller de l’avant désormais…

« J’espère qu’il saura être à la hauteur. » et j’espère que je le serai aussi… a presque-t-elle envie de rétorquer en retour. Mais c’est de Freddy dont ils parlent, et Zoya acquiesce alors mollement. Elle espère aussi qu’il sera à la hauteur, qu’ils le seront finalement tous les deux pour être des parents, si ce n’est exemplaire, au moins apte à porter cette étiquette et surtout, méritée, de Chloe. Mais pour le moment, la confiance en elle et surtout dans ce rôle est loin d’être gagnée chez Zoya. Ce n’est pas au sujet de Freddy qu’elle se fait du souci, mais à son sujet. Elle ne sait pas si elle parviendra à être cette mère que son bambin mérite même avec toute la bonne volonté qu’elle a désormais à l’être « Arrête, tu veux ? C’est tout nouveau tout ça pour toi, c’est normal que tu sois perdue, mais il ne faut pas que tu aies peur de demander de l’aide. » Tout nouveau… elle n’est pas nécessairement d’accord, quand sa fille arrive sur ses un an. Elle aurait dû apprendre avec les mois qui défilaient… Zoya est peut-être dure avec elle-même mais c’est parce que c’est la culpabilité qui s’exprime. C’est rare qu’elle soit ainsi mais il semblerait que cet épisode l’ait marqué et lui ai fait comme un électrochoc, prenant ainsi conscience qu’elle ne pouvait plus penser qu’à elle… Pourtant, en être conscience ne veut pas dire y arriver pour autant… « Si tu le veux, tu as déjà fait la moitié du chemin Zozo. Maintenant il faut juste que tu restes présente… » Non, Zoya n’a pas besoin de plus de précision pour comprendre ce que veut dire son frère par là. Elle sait qu’elle ne peut plus se permettre de partir du jour au lendemain, qui plus est en laissant sa fille derrière elle « Je le serai, Dek’… Je ne referai plus cette erreur, je te le promets » Elle a presque cet air implorant, comme si elle cherchait à le convaincre et peut-être aussi à se convaincre elle-même. Ses larmes sont difficilement contenues, celles-ci roulant sur ses joues alors qu’elle joue doucement avec la petite main de Chloe. « Installe-toi ici avec Chloe, Malibu vous adore et il ne risque pas d’être trop chiant avec la petite, de toute façon je l’ai à l’œil. » Les mots de son frère lui font relever son regard sur lui, un peu plus quand il pose sa main sur la sienne « Dek’, je … » Elle s’interrompt. Elle s’interrompt d’elle-même parce qu’elle se rend compte de la main tendue, celle qu’elle n’a jamais voulu saisir quand bien de nombreuses fois on a pu lui proposer, la raison pour laquelle elle s’est sentie au bord du précipice au point de prendre la décision qu’elle a prise quelques semaines plus tôt. Elle laisse échapper un soupir, reporte son regard quelques secondes sur sa fille qui s’amuse avec monsieur Koala, sa main s’étant libérée de la sienne « Tu es sûr ? » demande-t-elle alors en premier lieu « Je veux bien… Le temps de quelques jours au moins… » Elle ne souhaite pas s’éterniser, juste retrouver ses marques avec sa fille, peut-être aussi d’avoir quelqu’un pour l’épauler et peut-être avoir un œil sur elle… « Merci, infiniment Dek’ » Sa main se saisit de la sienne qu’elle serre doucement avant de venir l’étreindre pour le remercier davantage. En se reculant, elle sèche ses dernières larmes alors que Chloe commence à manifester un intérêt particulier pour Malibu, ce qui fait sourire la jeune mère « Et toi comment tu vas sinon ? » Ces dernières semaines, l’attention a toujours été tournée sur elle. Malgré les nombreux appels de Dek’ tous les jours, si ce n’est plus, Zoya n’a jamais pris le temps de prendre des nouvelles de son frère, ne serait-ce que lui demander comment il allait. Désormais, le cœur un peu plus apaisé, l’esprit aussi, elle voulait se focaliser non seulement sur sa fille mais aussi sur ses proches qui ont été là pour elle.

« Tu n’as pas à me remercier. » Bien sûr qu’elle se doit de le faire. Elle se doit de le faire parce qu’il a toujours été là pour elle, et ça depuis toujours. Il a toujours eu ce rôle de grand frère protecteur envers elle, bienveillant, toujours là pour l’écouter ou pour panser ses plaies quand elle s’était faite une égratignure dans la cour de récréation de l’école. Il a toujours été là aussi quand elle a connu ses premières peines de cœur, comme ces dernières un peu plus récentes. Il n’a jamais cherché à la juger sur ses choix parfois bien discutables ou n’a jamais cherché à lui dire ce qu’elle avait à faire. Le fruit de leur éducation sûrement qui ont fait de Dek’ qui il est aujourd’hui.

Et si Zoya ressent un amour infini pour son frère – et pour ses deux autres frères aussi, c’est certain, même si un en particulier peut en douter parce qu’ils préfèrent proclamer haut et fort leur haine l’un pour l’autre plutôt que reconnaitre qu’il s’aime -, celui qu’elle ressent envers ses parents est incommensurable. Ce père et cette mère qui ont toujours voulu que leurs enfants s’épanouissent pleinement dans leur vie, sans leur imposer une voie ou un chemin à suivre. Ces parents qui ont toujours été à l’écoute des envies de leurs enfants, sans en faire des enfants capricieux – bien que cela soit discutable à propos de Zoya, il faut le reconnaitre -, les poussant ainsi à se dépasser pour atteindre leur rêve. Foncer, se donner les moyens d’y arriver voilà les valeurs que les parents Lewis ont voulu inculquer à leurs enfants. Et pour ça Zoya leur en est reconnaissante, parce qu’elle ne serait pas autant épanouie personnellement et professionnellement parlant sans eux. Et malgré les erreurs qu’elle a pu faire, les soucis qu’elle a pu leur causer ou qu’elle leur cause encore à l’heure actuelle – et pour ça, elle s’en veut terriblement – ils sont malgré tout toujours là pour elle tout en ayant su se montrer plus ferme à certains moments avec elle sans pour autant la blâmer entièrement. Que ce soit son père ou sa mère, les deux ont pris le temps de lui parler pour la comprendre, pour l’aider du mieux qu’ils le pouvaient surtout ces dernières semaines où le chaos était le maitre mot de la vie de leur fille. Bref, pour Zoya, ils sont cet exemple qu’elle rêve secrètement de suivre, que ce soit cet amour qu’ils se portent après tant d’années passées ensemble ou que ce soit à propos de l’éducation qu’ils ont su offrir à leurs progénitures. Evidemment, cela fait écho à ce modèle qu’elle aimerait être elle-même pour sa fille c’est certainement cette voie qu’elle souhaite emprunter désormais.

Et pour se faire, elle doit accepter les mains tendues, et c’est ce qu’elle fait aujourd’hui avec son frère ainé. « Tu restes autant de temps que tu le souhaites. Vous êtes les bienvenues ici, et puis tu connais les lieux, vous aurez votre chambre, votre salle de bain, la maison est assez grande pour tout le monde. ». Elle retient un énième remerciement, se contente d’un hochement de tête alors qu’elle reporte son attention sur sa fille et lui adresse ces quelques mots « Tu entends ça, Chloe ? On va rester chez tonton Dek’…» Même si elle ne comprend pas les dires de sa mère, Chloe sourit tout en serrant fortement son koala contre elle. Le regard attendrit de sa mère se reporte alors sur son frère à qui elle demande un peu de ses nouvelles…« Plutôt bien, comme d’hab tu sais. Le boulot, les events sportifs, bref, rien d’exceptionnel. » Uhm, Zoya arque un sourcil en s’installant un peu plus confortablement sur la chaise «  Plutôt bien… Ca pourrait être mieux donc… » Elle se risque alors à ajouter, une certaine hésitation détectable dans sa voie « La gestion du DBD se passe comment ? » Elle sait le sujet délicat, surtout après le décès de son meilleur ami dont elle sait que Deklan préfère éviter. Un événement parallèle à celui de leur frère, Cameron, qui aurait pu d’ailleurs les rapprocher et qui, finalement, n’a fait que creuser un peu plus le fossé déjà présent entre eux… « Je sais que tu n’aimes pas en parler … Mais tu sais que je suis là pour toi, Deklan. Ca ne va pas que dans un sens ». Parce qu’il n’y a pas de raison qu’il soit présent pour elle mais qu’elle ne le soit pas en retour.

« Lily et moi arrivons à trouver un terrain d’entente, -- il serait temps, tu vas me dire ! » Effectivement, surtout quand ils sont désormais dans l’obligation de travailler ensemble et gérer le DBD. « J’espère que ça durera » parce que de ce qu’elle a pu comprendre de cette Lily, c’est qu’elle n’est pas forcément des plus commodes et Zoya n’a aucun doute quant au fait que, si mauvais ambiance il y a, ce n’est clairement pas du fait de son frère qui est plus du genre baba cool que  bad guy à chercher les conflits. En réalité, ce n’est pas ce qui inquiète le plus Zoya, se disant que, quoi qu’il en soit, Dek’ parviendra toujours à supporter la pire des personnes sur cette terre du fait de son calme légendaire. En revanche, là où elle s’inquiète un peu plus, c’est concernant la disparition soudaine de son meilleur ami, sujet épineux sur lequel elle sait que son frère ne veut pas s’attarder. Elle tente quand même…« Tout va bien Zozo. Je suis très heureux, et d’autant plus que vous allez venir ici quelque temps et je ne peux que m’en ravir ! Parce que… » Dans le genre je contourne le sujet et je réponds à côté il peut prétendre à la palme d’or. Elle n’insiste pas alors, laissant échapper un soupir de résignation « Tonton Dek va pouvoir prouver que c’est le meilleur tonton, hein ? pas vrai Chloe ? mei—yeur—ton—ton » Un rire s’échappe d’entre ses lèvres, moqueur « Tu sais qu’elle n’est pas débile, hein ? » Zoya attrape la main de sa fille, venant y déposer un petit bisou sur celle-ci avant de reporter son attention sur son frère « Tu sais bien que ça va, ça va toujours. Que nous ont-appris papa et maman ? A ne jamais baisser les bras, à croire en nos rêves. Je leur dirai jamais assez à quel point je les admire, et je les aime pour nous avoir éduqué de la sorte. Ce n'est clairement pas donné à tous les parents de le faire... Papa est l'homme que j'admire le plus au monde, autant de détermination dans son travail que d'amour pour maman. Il est complet, en tout. Et il n'a jamais rabaissé l'un de nous, toujours à croire en nous. On doit s'inspirer d'eux, pour... eux. » Et ce discours ne manque pas de faire baisser le regard à Zoya, qui acquiesce mollement. Non pas parce qu’elle ne partage pas l’opinion de son frère, bien au contraire, mais parce qu’elle ne peut s’empêcher de s’en vouloir pour ces derniers mois « Je sais que je les ai déçus, même s’ils ne me le diront jamais. Ils sont l’exemple parfait, ayant réussi autant professionnellement que personnellement. Ils ont réussi à nous éduquer tous les quatre avec d’aussi belles valeurs… ils nous ont jamais empêché de poursuivre nos rêves et pourtant… » elle retrouve le regard de son frère « Et pourtant j’ai l’impression de ne pas leur faire honneur… » Zoya attrape son verre  d’eau, en boit une grande gorgée et grimace « Ce n’est pas avec ça que ça ira mieux je crois » dit-t-elle avec ce sourire amusé au bout des lèvres, reposant le verre sur la table « Ou alors on arrête de s’apitoyer sur nos sorts ? Tiens, je sais, raconte moi tes dernières rencontres… Je veux TOUT savoir ! J’ai besoin de vivre par procuration, ma vie amoureuse et sexuelle est proche du néant donc… », elle vient à poser ses deux coudes sur la table, pour écouter attentivement son frère.

. « Je le sais très bien ! C’est une Lewis ! » Zoya lève les yeux au ciel, et ne peut s’empêcher de lâcher un « Le nom ne fait pas tout » laissant sous-entendre évidemment que niveau débilité, certains dans la fratrie – les frères en l’occurrence – n’était pas en reste « Seules les filles font honneur…En l’occurrence, moi. Et Chloe maintenant » Et elle a ce sourire narquois sur les lèvres, se doutant que son frère ne manquera pas de redire quelque chose là-dessus. La conversation revient alors sérieuse, les deux enfants Lewis parlant de leurs parents, ceux qui leur ont permis d’être qui ils sont désormais. Mais Zoya a l’impression de faillir et de décevoir ses parents du fait de ses erreurs qu’elle a pu faire ces dernières semaines. . « Plus tard, plus tard… » Elle grimace quand son frère ne lui autorise pas un verre de quelque chose de plus fort, mais laisse apparaitre un mince sourire, comprenant très bien pourquoi il le fait « Ne dis pas ça, tout ce qu’ils veulent c’est ton bonheur. » Zoya se contente alors d’hausser les épaules, les mots de son frère ne parvenant pas à la rassurer pour autant, sachant très bien que même si déception il y a, elle ne le saurait jamais.

« C’est le genre de trucs que j’veux pas savoir »   « Oh ça va décoince-toi un peu » Il est vrai que sur le sujet, Zoya n’est pas du genre à se retenir d’en parler, que ce soit avec ses proches ami(e)s ou que ce soit avec ses frères. Zoya n’entre pas non plus dans les détails, ce serait clairement bizarre, mais en parler librement ne lui dérange pas, n’hésitant pas parfois à faire quelques commentaires sur la conquête qu’elle a pu voir la veille au soir, notamment si c’était un bon coup ou pas - entre autres détails. « Je n’ai rien à te raconter… Lily m’a improvisé un date en début du mois, et c’était en réalité une fille que j’avais déjà fréquenté à court terme il y a plus de dix ans, c’était drôle. » « Woh, pour que Lily en vienne à t’organiser un date, elle qui t’aime pas spécialement, c’est que vraiment, mon pauvre Dek’, ton cas est désespéré… » Zoya voit alors sa fille lui tendre les bras, ce qui ne manque pas de la faire sourire alors qu’elle la reprend sur ses genoux et la serre doucement contre elle « Et alors, cette nana ? Vous avez remis le couvert ou… ? ». A part lui dire que c’était drôle, il ne lui dit rien de bien croustillant ou intéressant à son goût « C’est moi qui vis par procuration normalement, à ce niveau-là… Qu’est ce qui t’arrives toi ? » « C’est bien que les rôles s’inversent un peu non ? » Non pas vraiment parce que, concrètement, pour elle en ce moment, c’est le néant. Ca la désespère même « Ces derniers mois, comme tu le sais, j’avais autre chose en tête. Alors trouver de la compagnie, même pour un soir… C’était loin d’être ma priorité » Elle reporte son regard sur sa fille, venant lui déposer un baiser sur le front « Puis je veux en faire ma priorité. Et même, de toute façon, vu que je ne suis pas faite pour les relations amoureuses… D’ailleurs, Elijah semble être de retour définitivement à Brisbane » Un détail pour elle et pourtant qui l’avait surprise le jour où ils se sont retrouvés dans les locaux de l’organisation pour laquelle il travaille. « Je m’en serai passée, tu imagines bien » ajoute-t-elle en levant les yeux au ciel. « Tu sais qu’il va falloir qu’on arrange ça… » elle voit son air ahuri et ajoute « Le fait que tu sois toujours célibataire et que tu ne sembles même pas au moins prendre ton pied de temps en temps… Faudrait pas que tu te chopes une tendinite », un sourire taquin se dessine alors sur ses lèvres avant qu’elle ne rit doucement.